(L'Ordre du Phénix) Le département des Mystères


« J'ai faim. », déclara Ron.

« Et alors ? » rétorqua sauvagement Warrington.

« Et alors, je veux prendre un bonbon. », répliqua le roux en plongeant sa main dans sa poche. Le grand gaillard attrapa son bras, le tira vers lui, et saisit les bonbons.

« Et tu comptes manger ça ? »

« Bah, ouais. »

« Ben non. »

« Tu nous en files ? » proposa Pansy.

« T'attrapes ? »

Le septième année lança quelques bonbons aux différents Serpentard. Théodore les observa avec grand scepticisme, et releva la tête vers le roux tandis que ses camarades dégustaient les friandises. Le regard souriant et provocateur que le roux lui lançait était assez significatif. Rapidement, tous les autres Serpentard se mirent à vomir, heureusement pas sur les Gryffondor qui étaient parvenus à s'écarter lorsque la nausée remontait des entrailles des victimes.

« Et en plus, tu m'as épargné de donner un coup de coude dans le ventre à Crabbe. », félicita Harry à l'intention de Ron.

Ils récupérèrent rapidement leurs baguettes. Théodore n'avait pas lâché Luna, et observait les autres d'un œil méfiant, sa baguette dirigée vers eux tout en gardant la fille près de lui. Il murmura à l'oreille de la Serdaigle un peu lunatique. Elle hocha la tête. « Compris. », déclara-t-elle de sa voix claire. Il la lâcha, et elle sautilla en quelques pas vers ses amis. Théodore n'abaissait pas sa baguette, même s'il était tenu en joue par trois Gryffondor.

« Très clairement, je ne suis pas en position de force. Je vous conseille de filer de ce bureau avant qu'on décide de vous lancer des sorts ou de vous poursuivre pour ça. » Il désigna de sa main libre ses camarades vomissant et se tordant.

Luna se tournait vers lui avec un léger sourire, et Harry attrapa la fille par le poignet pour l'entraîner à l'extérieur avec eux. « Allons-y. », ordonna-t-il tout en fuyant la salle, accompagné de Ron et Ginny.

« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? » s'enquit Ginny alors qu'ils couraient avec l'intention de rejoindre Neville et Hermione.

« Qu'est-ce… », commença Ron, sans comprendre, avant d'entendre Luna parler rêveusement.

« Une petite plaque en or indique le numéro 97. Les rangées d'étagères s'effondrent dans un bruit sonore de verre se brisant. La chute sera longue. Le Voile indique la salle de la Mort. Draco appelle son père. La lumière verte du sort mortel. La face de serpent crache des flammes. Attention à la poussière de verre. Longbottom au sol. C'est l'essentiel, vous devriez vous en suffire. »

« Ça fait beaucoup. Il a eu le temps de dire tout ça ? »

« Ooh, il avait commencé avant les pastilles de gerbe. »

« Nott murmure des mots doux à l'oreille de Luna ! » s'exclama Ron, à moitié moqueur.

« J'aimerais plutôt comprendre la signification de tout ça. », trancha Harry.

« Il a évoqué qu'il ne faisait que transmettre le message, et qu'on devrait bien prendre garde aux petits détails. »

« Mais c'est un charabia son truc ! » râlait Ron.

« C'est du bouche-à-oreille, ça change d'un individu à l'autre tellement qu'à la fin, plus personne ne comprend le résultat. »

« Tu lui as dit que tu avais compris. », dénota Harry, légèrement confondu par la remarque de la belle blonde.

« Oui, j'ai compris. Il avait un message à communiquer, et a sélectionné les indices les plus importants à son sens. On devrait garder ça à l'esprit dans un coin de nos têtes, ça pourrait servir. »

Ron demeurait sidéré. « En quoi ça servirait ?! »

Soudainement, une idée absurde germa dans le crâne de Harry. « Ne me dis pas que Parvati est allée voir Théodore Nott ! »

« Pourquoi Parvati ? » demanda Ginny.

Alors Harry leur conta comment, en première année, la fille avait raconté à Draco qu'elle possédait un don de voyance, et elle lui avait soufflé quelques visions qu'elle avait sur ce qu'ils affrontèrent ensuite au troisième étage, oui celui-là même qui était interdit comme Ron le savait fort bien. Elle était parvenue à leur trouver la date exacte où Quirrell, ce professeur génial pour la théorie qui avait juste un petit problème : il avait Voldemort à l'arrière de la tête ; bref, le jour où cet homme irait chercher la pierre philosophale pour son maître. Le jour où ils iraient l'affronter en somme. Raison pour laquelle ils avaient écopé de nombreuses retenues et pourquoi ils devraient éviter de recommencer. À la demande de Ginny, il expliqua ensuite ce qui s'était passé avec Ombrage pour qu'ils se retrouvent dans une telle situation, et il parla de la disparition de Draco et de la vision de Neville.

Les deux groupes se croisèrent à l'extérieur de la forêt interdite. Les baguettes furent restituées à leurs justes propriétaires, et les explications furent brièvement données sur ce qui s'était passé de chaque côté.

« Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? » requit Ginny.

Neville hésita. « Eh bien, je ne sais pas si Severus… »

« Il a compris. », coupa Harry. « Beaucoup plus que ce que tu lui as dit, d'ailleurs. »

« Mais il ne peut pas intervenir ! » contra Hermione. « C'est un Mangemort, et il n'a pas plus de moyens que nous pour prévenir l'Ordre. »

« Ombrage n'est plus au château pour surveiller. », rappela Neville.

« Et pour Drac, alors ? On fait quoi ? » participa Ginny. « On va juste laisser l'Ordre s'en occuper ? C'est un fils de Mangemort ! Vous pensez qu'ils feront tous la différence ? »

« Ils verront bien… », commença Harry avec hésitation.

Ron le coupa. « Voir quoi ? Qu'il est avec, oui. Laissons Vous-savez-qui et les Mangemorts à l'Ordre, mais évacuons Draco. Et puis, il faudrait leur transmettre les stupidités de Nott. »

« De Parvati. », corrigea Harry.

Neville tourna la tête vers son meilleur ami. « Elle a dit quelque chose. »

« Il paraît. Enfin, aucune idée. Nott a dit des choses bizarres à Luna, et ça m'a rappelé la première année. Le présage sonne plutôt mauvais. J'ai l'impression que ça plane autour de la mort. »

Le groupe tomba dans le silence sépulcral.

Enfin, Neville le perça.

« Allons-y. »

« Où ça ? » demanda Hermione d'une petite voix.

« Dans le département des mystères. »

« Mais c'est insensé. », s'étrangla Ron. « On n'en revient pas. Papa en a beaucoup parlé, c'est… mystérieux. On se perdrait. »

« Voldemort m'a envoyé une vision, intentionnellement ou non. Je doute qu'il apprécie qu'on lui envoie l'Ordre au lieu de s'y rendre par nous même. Draco sera au milieu, et la première victime de la colère de Voldemort. J'ai déjà vu Cédric mourir sous mes yeux parce qu'il était inutile à Voldemort. Je ne laisserais pas Draco mourir parce que j'aurais choisi l'inaction et la passivité. »

« Alors comment on s'y rend ? » questionna Harry. « Severus ne nous laisserait pas y aller, il ne nous aiderait pas pour ça. »

Luna souriait. Sa voix cristalline rendit la solution limpide. « En volant bien sûr. »

« Tu veux monter les Sombral ? » devina Harry.

« Ils sont le transport le plus sûr. », approuva Neville.

« Tu n'aimes pas voler. »

« Au moins, je les vois. », rétorqua-t-il avec un coup d'œil espérait-il discret vers Hermione. « Suivez-moi. Pour ceux qui veulent venir. »

Tous lui emboîtèrent le pas.

« Bien sûr qu'on vient ! » déclara Ron, à l'arrière du groupe. « On est tous ensemble, tu te souviens ? »

Neville souriait en tête de l'expédition. « Évidemment. »

Ils se hâtèrent de rejoindre le troupeau de Sombral de la forêt interdite, où Neville et Luna aidèrent chacun à approcher, monter et s'installer sur un Sombral.

« Tenebrus, mon beau, on va en balade. », souffla le garçon-qui-avait-survécu à l'oreille du premier né sur le territoire de Poudlard, le préféré de Hagrid.

Harry s'extasiait de la balade aérienne. Luna, couchée sur l'animal confortablement, appréciait aussi l'enivrement. D'une manière ou d'une autre, Neville était plus rassuré sur le dos de Tenebrus que de Buck. Ron, bien qu'il aimât le vol sur balais, se rebutait bien davantage à l'expérience de traverser le pays sur le dos d'une créature invisible de ses propres yeux. Hermione voulait descendre, ou monter sur le balai d'un attrapeur en compagnie de ce dernier pour s'accrocher, ce qui en soi n'était pas très rationnel, puisqu'il n'y avait pas de raison pour que la maîtrise du balai soit plus sécuritaire que la chevauchée d'une créature. Néanmoins, il s'agissait là d'une créature invisible. Ginny profitait de recevoir le vent sur le visage et dans ses cheveux. Elle n'avait pas pu voler depuis bien longtemps. Elle préférerait nettement monter son propre balai que ce squelette indécelable à l'œil, mais elle pourrait bien s'en accommoder, non ? Ou pas. Les idées de Luna étaient bonnes pour les lunatiques.

Ils arrivèrent à Londres, et traversèrent les neuf étages nécessaires du ministère, en pleine nuit à présent, pour courir au département des mystères. Glacés jusqu'aux os dans la salle des prophéties qui ressemblait en tout point à la vision de Neville, ils parcoururent rapidement les rayonnages. De petites plaques dorées indiquaient le numéro de la rangée d'étagères.

« Il a dit le 97. », rappela doucement Luna.

Harry prit alors la parole pendant que leurs yeux à tous cherchaient à repérer le bon nombre. « Quelqu'un a déjà pensé à l'idée qu'il ne répétait pas les visions de Parvati, mais plutôt un ordre de Voldemort pour conduire Neville dans un piège ? »

« C'est possible. », confirma Luna sans inquiétude. « Alors on tombera sur ce qu'on cherche. »

« Vu de la sorte, c'est imparable. »

Leurs Lumos n'étaient pas les seules lumières, mais demeuraient absolument nécessaire pour s'éclairer. Si certains globes émettaient une pâle lueur issue d'une espèce de brouillard opaque blanc, d'autres restaient aussi sombres que l'horizon de chaque allée.

« Je pense que j'ai trouvé. », annonça Neville à un croisement. « Celle-ci a mon nom. », ajouta-t-il alors qu'il saisissait la sphère dans sa main. Elle faisait partie de celles qui possédaient une petite lumière, presque grisâtre.

« Comment est-ce possible ? » s'étonna Harry en rejoignant son meilleur ami. Une vieille étiquette jaunâtre était accrochée au socle de la petite boule de cristal, et le nom "Neville Longbottom" y était en effet écrit.

« Vous… vous entendez ça vous aussi ? »

« Entendre quoi ? » questionna Ginny.

« Je… je crois que c'est… la boule. »

Neville gardait son visage rivé sur la petite chose intrigante, dont s'échappait une voix depuis qu'il l'avait placée dans le creux de sa main. On aurait dit la voix du professeur Trelawney, comme la fois où elle avait annoncé le retour de Voldemort deux ans plus tôt.

Celui qui a le pouvoir de vaincre le Seigneur des Ténèbres approche…

Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié, il sera né lorsque mourra le septième mois…

Et le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal, mais il aura un pouvoir que le Seigneur des Ténèbres ignore…

« Neville ! »

La voix, soudaine, urgente, de Ginny, le rappela à la réalité. Il releva le regard, et vit enfin, il entendit aussi, le Mangemort masqué s'approcher, le bruit d'une canne sur le sol assez caractéristique. Ce n'était pas une cane qu'on utilise comme bâton de vieillesse. C'était celui de la noblesse qu'un seul Sang-Pur employait à sa connaissance. Lucius Malfoy arrivait.

Neville se fraya un chemin entre ses amis pour faire face au couloir d'où provenait l'homme. Ils étaient à un croisement, en croix, de quatre chemins. Tous les adolescents se concentraient sur l'individu à la venue théâtrale. Les autres étaient deux à deux derrière Neville. D'abord Harry et Ginny, puis Hermione et Ron, et enfin Luna fermait la formation à côté de là où Neville s'était tenu peu avant.

« Où est Draco ? » exigea le garçon-qui-avait-survécu.

La voix vint d'abord déformée, à cause du masque, mais elle avait une pointe familière. « Il faudrait que tu apprennes à faire la différence entre les rêves… » D'un coup lent de baguette, il fit disparaître son masque, et sa voix redevint égale à elle-même. « … et la réalité. » L'homme s'arrêta devant eux, bien qu'éloigné de plusieurs pas. « Tu as vu ce que le Seigneur des Ténèbres voulait que tu voies. »

Neville leva bien haut sa baguette, menaçant et sérieux. « Il n'est pas à Poudlard. Nous avons vérifié. Ce n'est pas Voldemort qui a décidé de ce que je verrais à l'école. »

Une voix, en colère, féminine, enragée, s'éleva de l'ombre derrière Lucius. « Tu oses prononcer son nom ?! » Elle se montra à droite de l'homme, et il semblait que son courroux l'avait fait pousser l'adolescent blond surpris par le mouvement furieux de sa tante. « Infect traître à son sang ! »

Les apprentis sorciers l'ignoraient, leurs regards rivés sur Draco. Le jeune Serpentard se remettait bien droit après le coup de coude de la femme dans son dos. Il avait une tenue sombre, une allure parfaite, et pas la moindre égratignure. Il allait parfaitement bien, si ce n'était ce calme inhabituel, cette absence totale de sourire et de provocation, cette impassibilité qu'il portait à merveille dans un sens, mais qui ne lui correspondait pas. Situé entre son père et sa tante, il observait ses "amis" sans un mot. Il n'avait même pas sourcillé au hurlement de la mage noir, au contraire de son père qui avait relevé son bras de baguette, le plaçant entre la femme en colère et les adolescents, et qui appela au calme.

« Ce n'est rien, il voulait voir ce que ça faisait. »

Seuls les yeux de Harry ne s'arrêtèrent qu'un instant sur Draco avant de remonter sur la femme. « Bellatrix Lestrange ? » demanda-t-il.

Elle rit, d'un rire aigu et dément qui semblait exaspérer son beau-frère. « Oh, mais qui voilà ? Le tout petit bébé Potter, n'est-ce pas ? Comment vont tes parents ? »

Ginny remarqua la mâchoire de Draco se contracter.

« Mieux que tu le seras bientôt. », rétorqua Harry sombrement, avec une menace claire dans sa voix.

« Si tu veux jouer avec moi, tu vas perdre, Potter. », nargua-t-elle.

Il leva sa baguette d'un coup. « On peut toujours vérifier. »

Aussi vite qu'il avait agi, Bellatrix avait pointé la sienne, et Lucius avait relevé les bras en signe de paix. « Essayons de conserver notre calme. », réclama l'homme. « Tout ce que nous voulons, c'est cette prophétie. »

« Qu'est-il arrivé à Draco ? » exigea durement Neville, son regard fixé sur ledit Draco comme s'il attendait la réponse directement de lui. Le jeune Serpentard demeura silencieux, et son père répondit pour lui.

« Absolument rien, voyons. Pensais-tu vraiment que je laisserais mon propre fils dans des ennuis que je pourrais lui éviter ? »

Harry regardait Malfoy avec haine. « Vous êtes assez lâche pour préférer votre vie à la sienne, oui ! »

Une expression de grande colère passa dans les yeux de l'homme noble qui s'efforçait de garder son flegme.

« Je suis juste là. », rétorqua impassiblement Draco. D'aucuns pourraient le croire vexé. « Tu pourrais me parler directement. »

Neville regarda prudemment le père de son ami, afin de juger de sa réaction, alors qu'il prenait la parole. « Que s'est-il passé ? Pourquoi n'es-tu pas à Poudlard ? »

« Nous avons parlé. De mon projet d'avenir. »

« Je sens que je ne vais pas aimer. », marmonna Harry.

« T'es pas l'seul. », approuvait Ron à voix très basse. Il remarqua alors l'approche discrète et silencieuse de Mangemorts masqués par l'allée latérale. Il le signala silencieusement, d'un discret mouvement, à Hermione et Ginny.

« Neville. », appela Draco, ses yeux clairs rivés sur le garçon, tout en s'avançant lentement. Les autres découvraient l'approche des Mangemorts par tous les côtés et commençaient à se mettre en position. « Tu peux me la donner ? » Il tendit doucement la main.

« Approche davantage et je la lâche. »

Draco s'immobilisa, et abaissa son bras. Son père posa une main sur son épaule, et lui fit faire quelques pas en arrière, autant qu'il en avait fait pour avancer.

« Pourquoi faire cela ? » questionna Lucius. « Ce ne serait d'aucune utilité. N'as-tu jamais voulu savoir pourquoi ? Pourquoi le Seigneur des Ténèbres a voulu te tuer quand tu n'étais qu'un bébé ? Pourquoi as-tu survécu ? »

Ron était en place avec Ginny, dos à dos à eux, Hermione mettait en joue, seule, les Mangemorts de l'allée opposée, et Luna surveillait les arrières de Neville et Harry, tout deux concentrés sur le duo non masqué et leur ami. Au contraire de chacun des autres individus présents, Bellatrix semblait n'avoir aucun intérêt pour l'uniforme des mages noirs. Elle était, bien sûr, toute de noir vêtue, mais dans une robe gothique bien plus suggestive.

« Je n'aurais qu'à demander au professeur Dumbledore. », rétorqua Neville avec conviction.

« Maintenant ! » cria Harry. « Stupéfix ! » lança-t-il sur Bellatrix, sort malheureusement contré par Lucius. Aussitôt, tous les autres lancèrent le sort à leurs cibles respectives, Neville se retournant d'un coup pour attaquer un autre Mangemort sur l'allée de Luna. Les adolescents s'enfuirent par le chemin le mieux dégagé, et s'engagea la course-poursuite entre eux et les Mangemorts dans ce dédale heureusement pas si magique. Ils se retrouvaient séparés, se regroupaient à nouveau en petits groupes, et toujours luttaient pour mettre les Mangemorts hors d'état de nuire avec leurs sorts non létaux. Luna utilisa même un Levicorpus dont Draco aurait été fier.

Le jeune Serpentard n'en avait rien vu. Il était traîné dans une allée par sa tante, tiré par le poignet. Son père l'avait poussé vers elle avec un « Occupe-toi de mon fils. », avant de se joindre à la bataille.

La folle rouspétait. « Lucius ne veut pas que je joue apparemment. » Elle sourit, malicieuse, après quelque temps. « Oh, mais ça te dirais de jouer avec moi, Draco ? Je suis ta tante, je dois te montrer. Nous allons chasser tes camarades, ça va être amusant. »

Le jeune sentait la panique remonter jusque dans son cœur. Il devait discipliner sa réaction. « Euh, tu sais, après nous retournerons tous à Poudlard. Et ils seront plus nombreux que moi. Je veux dire, je ne voudrais pas qu'ils décident de se venger. »

« S'ils meurent ici, il n'y a plus de problèmes. »

Draco ne répondit rien. Il avait reçu la consigne stricte d'aider les Mangemorts. Mais comment pouvait-il se résoudre à attaquer ses amis, ou juste les regarder se faire battre sans rien faire ? Et pourtant… quelle autre option s'offrait à lui ? Si sa tante s'approchait du conflit, si elle voulait qu'il lance des sorts, il serait obligé de s'y conformer.

Les membres de l'AD, à l'exception évidente de Draco, parvinrent à se rejoindre, et crurent même avoir semé les Mangemorts.

« Du coup, on fait quoi pour Draco ? » s'enquit Ron.

« Ça me paraît compromis, de toute évidence. », commenta Harry.

« Ils arrivent. », prévint Luna en désignant le bout d'une allée où elle avait aperçu la lumière d'un transplanage.

« Reducto ! » lança Ginny.

Un bruit lointain, d'abord ténu, leur parvint. Du verre qui se brisait. Oh, non, pensèrent tout les cinquièmes années. Les Reducto de Ginny étaient rarement… sans effets. Ils ne tardèrent pas à apercevoir la chute des étagères, et les boules de cristal chuter. Et la dégringolade se rapprochait d'eux.

« Courrez ! » hurla Harry. Ils se précipitèrent tous vers l'opposé de l'effet domino. Neville attrapa Luna, qui contemplait le spectacle sans bouger, pour la tirer avec eux. Elle revint au monde présent pour courir avec eux.

« Il avait dit que les rangées d'étagères s'effondreraient dans un bruit sonore de verre se brisant. », répéta Luna d'une voix presque admirative.

« Quoi ? » s'étonna Neville.

« L'annonce de Nott ne semble pas être un montage de Voldemort. », dénota Harry.

« La retransmission de Parvati alors ? » se questionna Hermione. « Mais pourquoi elle l'aurait prévenu lui ? »

« Qu'est-ce qu'elle… il a dit ensuite ? » demanda Neville.

« La chute sera longue. », répéta Luna.

« Quelle chute ? »

« Celle-là ? » proposa Ginny avec un vague mouvement de la main vers l'arrière.

Harry réfuta. « Non, il n'aurait pas indiqué deux fois la même chose. »

« Il a dit que c'était l'essentiel. », rappela Luna.

« Ça me paraît essentiel ! » commenta Ron.

Harry reprit les choses en main. « Ça suffit. Retournons simplement à la porte initiale, et partons. Plus rien n'arrivera. »

« Si Parvati a prédit… », chuchota Neville sans terminer sa phrase, convaincu que leur péripétie ne pourrait être aussi simple. Au moins, ils n'étaient plus poursuivis par les Mangemorts.

Ils atteignirent une porte, l'ouvrirent, et se précipitèrent au travers… dans le vide. Ils comprirent ce que signifiait l'avertissement tandis qu'ils hurlaient de surprise puis de terreur.

Harry mit fin à l'inquiétude la plus profonde de mort imminente. « Il y avait autre chose après ! Ce n'est pas terminé ! »

« Ouais, y'a que pour Draco qu'il y aura une suite. », lâcha Ron, se demandant si ce serait encore long. Il eut la réponse une fraction de seconde plus tard, lorsqu'un sort les stoppa soudainement dans les airs avec un bon amortisseur avant de les laisser tomber à plat ventre les derniers trente centimètres. Ils se relevèrent douloureusement.

« Neville était aussi mentionné. », évoqua Harry, son bras gauche endolori, le regard vers Ron.

Après la bataille dans la salle des prophéties, ils avaient tous subi des blessures, et leurs visages contusionnés avaient encore pour la plupart des traces de sang. Ils étaient dans une vaste salle rectangulaire, juste un peu moins sombre que celle qu'ils venaient de quitter. Les Lumos n'étaient plus nécessaire. Le sol semblait en roche brute, et un socle de pierre montait telle une colline au centre de la pièce. Tout à fait au milieu, une antique arcade s'élevait. Neville s'en approchait contemplatif, alors qu'il voyait comme un fin rideau onduler entre transparence et nuances grisâtres.

« Vous comprenez ce qui est dit ? » demanda-t-il à ses amis.

« De quoi tu parles ? » s'enquit Hermione.

« Il y a des voix étranges… »

« Quelles voix ? » Elle fixait la construction qui semblait hypnotiser son camarade. « Neville, c'est une simple arcade. »

« Moi aussi, je les entends. », contra Luna.

« Il n'y a rien. », insista Hermione.

« Pas d'accord. », riposta Ron. « Y'a des Mangemorts quelque part ! »

Harry hocha la tête. « En formation ! » appela-t-il. Tous se positionnèrent, leurs baguettes et leurs yeux rivés vers le haut, au-dessus du point de chute. Ils espéraient parvenir à assommer quelques Mangemorts pendant qu'ils tomberaient. Ils patientèrent. Un long moment.