(Le Prince de Sang-Mêlé) Le Prince des potions


En l'absence du livre du Prince de Sang-Mêlé, Harry considérait qu'ils devaient se dépêcher d'interroger Slughorn avant que le professeur ne réalise la baisse de leur niveau. Neville insistait pour qu'il n'y aille pas, qu'il ne tente pas ce plan déraisonnable d'aborder directement Slughorn au sujet des horcruxes, mais son meilleur ami l'ignorait et persistait dans sa conviction. Ils devaient se hâter, avant leur cours de potions de mardi soir. Harry n'attendit pas 24 h après la confiscation de son ouvrage préféré. Il se rendit, seul, jusqu'aux cachots. Il se promena tranquillement aux alentours de la pause midi, proche du terme de la dernière plage horaire du matin, afin de localiser la salle où Slughorn dispensait sa leçon. L'avantage avec ce professeur était que ce dernier gardait la porte ouverte quand il enseignait.

Il arrivait à la fin d'un cours de première année de Gryffondor et Serpentard, juste au moment où le bonhomme congédiait sa classe. Harry attendit que les élèves commencent à ranger leurs affaires et que les premiers soient partis avant d'entrer sans bruit dans la pièce. Slughorn le repéra rapidement approcher.

« Mais c'est le prince des potions en personne. Que me vaut ce plaisir ? »

Au nom de Prince, Harry se sentit soudainement bien plus curieux, et irrémédiablement attiré dans sa quête d'information. Il devait rebondir aussitôt, délaissant à plus tard la question fondamentale concernant Voldemort.

« Y aurait-il une signification particulière à m'appeler "Prince des potions", professeur ? D'où vient cette expression ? »

Slughorn ne semblait pas s'être attendu à cela. « Eh bien, c'est un peu comme appeler Merlin "le prince des enchanteurs". C'est d'autant plus intéressant qu'il existait une famille de Sang-Pur du nom de Prince. Elle a disparu, mais à l'époque, ses derniers membres étaient tous des prodiges en potions. »

« Savez-vous ce qu'elle est devenue ? »

« Si je le savais, je ne te le dirais pas, Harry. »

« Je ne vois pas pourquoi, à moins qu'il reste en fait un membre de cette famille qui n'apprécierait pas que leurs affaires soient dévoilées. Est-ce que celui qui a obtenu le prix du Felix Felicis était un "prince des potions". »

« Oh, certainement. », acquiesça Slughorn. « Mais tu n'es pas venu me voir pour cela, n'est-ce pas. »

« En effet. En fait, je faisais quelques recherches dans la bibliothèque, pour un devoir de défense contre les forces du mal, et je suis tombé sur une forme de magie… étrange, que je n'ai pas bien réussi à comprendre. Je n'avais jamais vu quelque chose comme ça, alors je me demandais… s'il y avait des genres de magie que vous n'êtes pas autorisé à nous enseigner ? »

Slughorn l'étudiait d'un air soupçonneux. « Je suis votre professeur de potions, Harry. Vous devriez voir ça avec le professeur Snape. »

Harry hésita. « C'est que… comme je vous l'ai dit avant la rentrée, nous ne nous entendons pas très bien, lui et moi… »

« Je pensais avoir cerné le contraire. », rétorqua le bonhomme.

« Je ne sais pas ce que vous pensez avoir compris, professeur, mais je vous assure que dernièrement, Se-le professeur Snape et moi avons un léger différent. Et puis, il n'est pas comme vous. Il pourrait se méprendre. Il pourrait penser que je m'aventure dans la magie maléfique un peu trop profondément, ou que je cherche à tricher sur mon devoir. Ce n'est pas le cas, je vous le certifie. »

Harry avait la nette impression que Slughorn ne lui faisait pas entièrement confiance non plus, ou plutôt que le vieil homme commençait à se douter de quelque chose. « Oui, bien sûr. », dit-il doucement. « Mais si vous connaissez déjà la magie maléfique, vous devriez savoir qu'il s'agit là de savoirs bien sombres. Je ne vois pas ce que vous attendez de moi, Harry, vous savez sans doute d'avance que personne ne vous enseignerait quelque chose d'aussi maléfique. »

« Bien sûr, je le sais. Mais… j'ai déjà entendu parler de domaines tels la nécromancie ou la manipulation des âmes. Je ne connais que ces termes génériques, bien sûr, rien de bien poussé. Néanmoins, je n'avais jamais vu ce mot étrange avant. Je me demandais ce que c'était. »

Le ton de Slughorn devenait prudent. « Quel était ce mot ? »

« Oh, je ne sais pas, je ne m'en souviens plus vraiment… »

« Inutile de chercher à vous rappeler, dans ce cas. Vous devriez rester éloigné de la magie maléfique. »

Alors que le petit professeur semblait sur le point de partir, Harry tenta sa dernière chance. Plan B.

« C'est ce que vous avez dit à Tom Jedusor quand il est venu vous voir ? »

L'homme se retourna vers lui, horrifié. « Pourquoi… Dumbledore vous en a parlé, n'est-ce pas ? Pourquoi l'aurait-il fait ? »

« Oh, non, il ne m'a rien dit. », réfuta-t-il honnêtement, bien que de mauvaise foi. « Mais vous avez été son professeur. Je voulais savoir si vous aviez déjà eu ce genre de conversation. Vous le confirmez juste. »

Slughorn semblait offensé, et irrité. « Je ne lui ai jamais rien dit, pas plus que ce que je vous dirais, Potter. Comment pourriez-vous penser cela de moi ? »

« Ce n'était qu'un élève comme un autre à l'époque… », tenta encore Harry.

« Cette conversation est terminée. », décréta durement le vieux professeur avant de partir.

Neville n'en serait certainement pas content.


Harry n'avait pas eu le courage d'avouer son erreur à son meilleur ami. Aussi, ce dernier fut-il surpris de voir Slughorn jeter un étrange regard au fils de Lily et ne guère lui adresser un sourire ou la parole au début du cours de potion le lendemain. Neville se pencha vers son camarade dès les explications du professeur terminées, et la consigne pour la potion à préparer donnée.

« Tu lui en a parlé, n'est-ce pas ? » chuchota-t-il.

Harry grimaça. « J'ai essayé. Tu savais que je le ferais. »

« Je t'avais demandé de ne pas le faire ! »

« Je sais… »

Hermione les interrompit. « Tu ne sors pas ton livre, Harry ? »

Draco les observait également d'un air neutre mais attentif. « Cela fait presque trois jours qu'on ne t'a pas vu avec. »

Harry devint gêné. « Et bien… si si, je le sors. » Il se pencha vers son sac pour en extraire son manuel et le poser entre lui et Neville. « Voyez, je l'ai. »

« Ce n'est pas celui du Prince de Sang-Mêlé. », commenta le blond.

« Quelle brillante observation, Draco, bravo. », rétorqua Harry avec sarcasme. « C'est mon livre. »

« Et Neville n'a plus le sien, alors ? »

Le garçon-qui-avait-survécu hésita. « Comme Harry m'avait, disons, prêté le sien, et qu'il utilisait l'autre… »

Harry le coupa. « Non, on va faire un livre pour deux. » Il ouvrit rapidement à la page demandée, et y trouva la recette de la potion d'euphorie. Il se souvenait qu'elle avait été grandement annotée, l'une des pires. Il était incapable de s'en rappeler totalement. Alors que Neville ne perdait pas un instant pour commencer la décoction, Harry décida de risquer le tout pour le tout, et de retrouver par lui-même les améliorations. Il ne préparait pas avec autant d'assurance que lorsqu'il suivait les indications du Prince de Sang-Mêlé, mais tentait d'expérimenter au mieux avec ses propres connaissances. Il savait que ce n'était pas raisonnable d'improviser ainsi. Cependant, il n'avait pas songé avant à lire en détail la recette vierge d'annotations pour ajouter les siennes. Après quelques étapes incertaines, il sortit son matériel d'écriture, et commença à griffonner à côté de certaines étapes où il pensait voir une étrangeté flagrante.

À la fin du cours, le livre de Harry ne contenait que bien peu de notes par rapport à celui du Prince de Sang-Mêlé, laissant au garçon la sensation que son ouvrage était neuf et vierge. Neville, en revanche, commençait déjà à être gêné par les quelques ratures. Il voulait avoir confiance en Harry, bien sûr, mais ne savait que trop bien qu'une différence en potion pourrait être dramatique, et il se demandait s'il n'aurait pas mieux fallu s'assurer que la modification améliorait la recette avant de l'écrire. Harry prétendait qu'écrire l'aidait à réfléchir, et qu'au besoin, il barrerait ce qui n'allait pas.

Slughorn se montra surpris que la meilleure potion soit celle de Draco, et non de Harry qui arrivait toutefois en seconde place. Il fut d'autant plus étonné par le résultat de Neville qui était tout juste au-dessus de la moyenne de la classe, sans savoir que cela restait un exploit pour le garçon-qui-avait-survécu. S'il semblait pouvoir admettre une légère baisse d'un élève à un moment, il était de toute évidence déçu par une telle régression de l'élu. Hermione demeura frustrée, et demanda vivement, dès que le professeur eut le dos tourné, comment Harry pouvait encore avoir une meilleure potion qu'elle. Harry commenta qu'il n'était peut-être pas si mauvais que ça pour modifier ses manuels. Draco appuya que Harry avait eu beaucoup plus de cours de soutien sur la théorie en potion qu'elle. Harry assura qu'il n'avait pas appris par cœur la recette du Prince de Sang-Mêlé, et qu'il venait de tenter ses propres expériences. Hermione hésita un instant à croire son honnêteté, avant de reconnaître que si tel était vraiment le cas, elle pouvait accepter qu'il soit meilleur qu'elle. Elle ne manqua pas, en revanche, d'affirmer qu'expérimenter était dangereux, et elle entama un discours quand ils eurent quitté le laboratoire pour expliquer qu'ils ne devraient pas le faire, pour des raisons de sécurité. Draco et Harry tentèrent pour leur part de justifier qu'ils ne pourraient jamais être considérés comme des maîtres de potion s'ils ne commençaient jamais à voir comment ne serait-ce que modifier une recette. Ils étaient en niveau ASPIC, à défaut d'inventer une recette de toutes pièces, ils devraient au moins pouvoir expérimenter sur une recette à la qualité douteuse.


Les élèves de Poudlard aimaient beaucoup les ragots, et s'intéresser à ce qui ne les regardait pas. C'est ainsi qu'une fois encore, certains adolescents remarquèrent les nouvelles interactions entre Mademoiselle Evans et Snape, notamment que la femme ne participait plus au jeu de fuite qui avait été établi entre elle et Snape en début d'année. Si lui l'esquivait, la réciproque n'était pas vraie. Ces petites remarques d'observations restèrent discrètes et n'atteignirent pas les oreilles du groupe de sixième année. En revanche, une autre rumeur, bien plus grande, arriva jusqu'à eux.

Apparemment, Lily serait intervenue, mardi matin, durant les cours de défense contre les forces du mal des troisièmes années pour proposer son concours à l'étude des épouvantards au professeur. Elle ne s'était pas gênée pour parler à Severus devant les élèves et expliquer qu'elle avait connaissance d'un épouvantard quelque part dans le château, et qu'elle pourrait aider à gérer l'activité pratique du Riddikulus. L'homme avait rejeté sa proposition d'aide comme inutile. Elle avait alors insisté, et il lui aurait demandé si elle avait un mot du directeur pour justifier son intrusion dans la salle de classe ou si elle s'immisçait de manière totalement inappropriée. Là-dessus, elle s'était détournée pour partir, abandonnant l'affaire. Mais au moment où elle atteignait la porte, Severus l'avait rappelé, pour lui signifier que puisqu'elle était si motivée pour s'occuper de cette classe, il lui laissait l'entière surveillance des deux cours de troisième année de la journée, et était parti lui-même à sa place.

Quand la semaine suivante, elle revint dans la salle en début d'après-midi du vendredi, afin de proposer d'encadrer un cours de patronus pour les cinquièmes années selon la certitude que le professeur n'enseignerait pas ce sort à ses élèves, la rumeur circula qu'il aurait cette fois cédé rapidement en décrétant qu'il commencerait par expliquer la théorie et qu'elle n'aurait qu'à reparaître en début de semaine pour superviser, seule, la séance pratique.

Surtout, certains ragots se propageaient de plus en plus, généralement loin des oreilles d'Harry. Au fil des années, plusieurs éléments avaient permis à un certain nombre d'étudiants d'imaginer qu'une sorte de relation existait entre Snape et Mademoiselle Evans. De plus en plus, des élèves pensaient que les deux formaient un couple. Lorsque l'information selon laquelle Evans serait en fait la mère d'Harry, Madame Potter, eut bien circulé et s'ancra dans l'imaginaire collectif, la supposition qui en découlait vint aisément : Harry Potter ne serait Potter que de nom, et en réalité le fils de Snape. Tous n'allaient pas dans ce sens, bien sûr, il y avait un grand nombre d'hypothèses différentes. La seule certitude était qu'Evans voulait attirer l'attention de Snape.

Draco avait conscience de ces rumeurs depuis un certain temps, tout comme Ron. Aucun n'en avait parlé avec le groupe, ni même le concerné. Luna, toujours attentive, ne jugeait pas important de communiquer les racontars, et Ginny les gardait pour elle, faisant mine de les ignorer. Il fallut du temps avant que les premières prémices de ouï-dire atteignent les oreilles de Neville et Harry. Le premier tombait des nues, et le second ne parvenait à déterminer comment il devrait réagir. Il trouvait l'idée que Severus soit son père biologique des plus absurdes. Certes, il considérait aussi que sa mère et Severus formaient un couple, mais bien sûr le concept où l'homme représentait sa figure paternelle ne pouvait effleurer les esprits des élèves qui croyaient pour la plupart que Snape ne le supportait pas. Il manqua de s'énerver lorsqu'il saisit des médisances sur son professeur préféré dans toute cette histoire. Fort heureusement, Neville intervint discrètement au début pour signifier à son meilleur ami de les ignorer, et lui rappela en privé qu'ils devraient éviter de donner l'impression qu'ils appréciaient le professeur. À contrecœur, Harry décida de ne pas commenter les fois suivantes. En revanche, il n'hésita pas à exposer son indignation lorsque les commérages attaquèrent la vertu de sa mère. Il abandonna totalement l'idée de cacher l'identité de Mademoiselle Evans, et proclama à qui voulait l'entendre — ou plutôt à qui osait critiquer la femme — qu'il s'agissait de sa mère et qu'il ne tolérerait aucun mauvais bavardage à son sujet.

Au fil des cours de potions, Slughorn se montrait de moins en moins enthousiaste au sujet de Neville dont les potions ne se démarquaient plus au-dessus du reste de la classe. Grâce aux conseils discrets d'Harry, il n'était pas dernier, mais plafonnait dans la moyenne. Pour compenser, il entreprenait de répondre au mieux à toutes les questions théoriques, et quand cela concernait un ingrédient d'origine botanique, seule Hermione tentait aussi de répondre. Pour ce qui était des autres questions, d'autres dans la classe s'efforçaient de se présenter, mais ni Harry ni Draco.

En revanche, les deux élèves préférés du terrible professeur Snape travaillaient intensément leurs recettes, et se faisaient un honneur de trouver une meilleure amélioration que l'autre. Slughorn le repéra, et émit à un moment qu'il était étrange qu'Harry ne parvienne plus à surpasser aussi aisément son camarade. Le fils de Lily justifia qu'il avait eu de l'avance pour un temps sur quelques potions car il les avait étudiées avec sa mère, ce qui n'était pas le cas des nouvelles décoctions vues depuis les vacances de Noël. Il remarqua un regard quelque peu froid de sa mère, dans les parages à ce moment-là. Elle acquiesça que c'était la vérité auprès de Slughorn, mais Harry pouvait deviner que Severus lui avait parlé du livre. Étrangement, il avait dû prétendre qu'il l'avait déjà puni pour cela, ou alors elle le supposait, sinon elle aurait elle-même fait une leçon de morale qui ne vint jamais.

En dehors des cours de potions, Slughorn continuait d'esquiver Harry, même s'il l'acceptait encore aux soirées mensuelles qu'il organisait pour le club. En revanche, il ne toléra aucun attardement du garçon après le revoie des élèves à leurs salles communes respectives. Il ne semblait pas avoir associé Neville à l'événement, ce qui pouvait paraître très singulier, mais aucun ne signifia l'erreur au professeur. Ginny et Hermione interrogèrent Harry après la soirée de janvier sur la raison pour laquelle Slughorn agissait si curieusement avec lui. L'adolescent expliqua sommairement qu'il avait contrarié l'homme avec une question déplacée, et refusa de s'étendre sur le sujet.

Malgré l'absence de Katie, une fois encore, Gryffondor s'illustra à merveille face aux Poufsouffle durant le match de début février. Harry se rattrapa pour sa défaite face à Draco, et récupéra le vif, assurant la victoire à son équipe. Lavande se précipita vers Ron à la fin du match pour embrasser celui qu'elle considérait comme le vainqueur. Harry se trouvait à deux doigts de faire remarquer à la fille et à Ron qu'ils devraient rompre puisque le roux ne ressentait que de la lassitude pour l'adolescente. Il se retint toutefois, et préféra s'éloigner d'eux avec Ginny, une compagnie bien plus agréable.

Les sixièmes années virent enfin une intervention de Mademoiselle Evans en cours de défense contre les forces du mal un peu plus d'une semaine plus tard, le 10 février. Elle avait apparemment obtenu d'organiser une séance d'entraînement au duel, avec l'accord du directeur. Les élèves d'ASPIC découvrirent avec satisfaction que ce cours de duel se présenta bien mieux que celui qu'ils avaient eu en deuxième année avec Lockhart, et s'accompagnait d'un rappel de nombreux sorts d'attaques et surtout de défense. Ils ne passèrent pas du temps à apprendre chacun des sorts, mais la liste s'avérait utile à acquérir, et les plus doués pouvaient peut-être réussir de nouveaux sorts simples auxquels ils n'auraient pas pensé autrement. Ils ne se contentèrent pas de s'entraîner chacun en binôme. Après quelque temps, ils furent séparés en trois groupes, et durent s'improviser tous adversaires des équipes adverses.

Neville, Harry, Hermione, Draco et Ron formaient la première équipe, Théodore, Seamus, Parvati, Padma et Dean la seconde, et enfin, Pansy, les trois Serdaigle et les deux Poufsouffle la dernière. Les adultes ne leur accordèrent aucun temps pour s'organiser. Ils décrétèrent les équipes, sans même leur dire de changer de place après avoir interrompu leurs duels, et annoncèrent l'instant d'après le début de "l'attaque". Ce fut aux plus rapides, les plus vifs à comprendre que le jeu commençait. Théodore se positionna aussitôt en défense, attentif, tandis qu'Harry, et Draco lancèrent immédiatement des sorts, suivis par Hermione, Dean et Parvati. Les autres réagirent plus tard, Anthony en tête.

Ils trouvèrent bientôt des adversaires particuliers, et seuls Neville et Théodore adoptèrent une tactique plus défensive qu'offensive, à la différence près que le Serpentard se plaçait en retrait alors que le Gryffondor restait en avant, prêt même à s'engager en défense de ses équipiers plus agressifs et en conséquence moins protégés. Le dur rappel de Snape où il n'y avait pas lieu de copinage entre les groupes fut pris très au sérieux. Alors qu'Harry, Draco ou Hermione auraient pu s'entraîner amicalement face aux jumelles Patil, ils s'en abstinrent dans l'optique où seule la victoire de l'équipe était valable, et tous les moyens étaient permis pour ce faire.

Aussi, Padma attaqua-t-elle sans gêne Ron, furieusement, au plus grand étonnement de l'adolescent éberlué et même déboussolé par cette hargne visible. Harry et Draco combattirent sans trop tarder côte à côte, se coordonnant aisément en travail d'équipe pour s'en prendre à Théodore, que Parvati rejoignit. Alors qu'Hermione comptait ignorer Pansy et s'en prendre aux autres de la troisième équipe, la Serpentard ne lui laissa pas le choix. Seamus et Dean se retrouvèrent à affronter deux des Serdaigles et les Poufsouffle ; aucun des six garçons ne se coordonna avec les autres membres de leur équipe. En revanche, Michael, le dernier Serdaigle, décida de combattre Ron, soutenant par la même occasion Padma alors même qu'ils n'étaient pas en équipe ; respectant l'objectif de victoire, il ne la défendit toutefois pas. Hermione n'avait aucun problème à vaincre Pansy, et s'orienta vers un combat contre les quatre garçons de l'équipe de la fille, aux côtés de Seamus et Dean.

C'était un chaos absolu, un chaos où les regards attentifs des deux encadrants voyaient des traces d'organisation de la part de certains, que ce fût conscient ou inconscient, et une remise totale au hasard de la part de d'autres. À la fin de la séance, le professeur lista les échecs et les points négatifs dans leurs démarches, et ajouta quelques valorisations positives de certaines attitudes adoptées. Après que Lily ait ajouté tous les compliments qu'elle trouva pour motiver tout le monde, Severus commença à disserter sur le sujet pour expliquer notamment les différentes réactions usuelles à des situations de conflits, les erreurs à éviter, et les comportements à choisir selon les circonstances. Il prétendit pour conclure qu'ils ne devraient pas s'attendre à pouvoir renouveler une telle séance particulière, et laissa planer l'information qu'Evans ne reviendrait pas. Toutefois, provocante, la femme signifia qu'elle reviendrait certainement.