(Le Prince de Sang-Mêlé) La tour d'astronomie


Draco quitta le bureau de son chef de maison pour se diriger directement vers le septième étage, par ce chemin si connu à présent, qu'il avait tant emprunté durant l'année, malgré quelques variations de temps à autre aux indications de Dobby afin de s'assurer que nul ne le verrait. Après ce soir, l'elfe de maison saurait ce qu'il préparait, et ne lui accorderait plus sa confiance, ni ces traitements de faveur. Pour ce soir, pour la première fois, Draco ne demandait pas l'aide de Dobby. L'heure tardive lui garantissait de ne croiser que peu de monde, et de toute manière, cela n'avait guère plus d'importance. Quelques élèves encore s'attardaient dans les couloirs, calmes toutefois. Le ciel qui pouvait percer par les fenêtres était noir depuis bien longtemps, couvert par d'épais nuages d'où grondait l'orage qui, pour l'heure, les épargnait. Le préfet pouvait deviner que McGonagall circulait dans les corridors afin de signifier aux élèves de retourner dans leurs salles communes, mais elle se promenait sans doute à quelques étages plus bas, bien loin de ce septième étage qu'il cherchait à atteindre, ou même des détours prudents qu'il prenait. Avec ce ciel et cette atmosphère lugubre, peu parvenaient à situer le temps du couvre-feu, et le clocher ne sonnerait pas pour l'annoncer ; alors, quelques professeurs dévoués, la directrice adjointe en première, devaient bien rappeler gentiment à leurs étudiants que l'heure approchait.

Quand il arriva devant ce mur, il le scruta un moment, considérant qu'il s'agissait du dernier rempart entre la paix protectrice de Poudlard, et ce tournant fatidique qui verrait venir la guerre jusque dans l'enceinte du château. Une école devait être un lieu d'apprentissage, de tranquillité, et de sécurité. Ce ne devait pas être un endroit souillé par la guerre et ses ravages, par la peur, la mort, le désespoir. Dès qu'il ouvrirait les portes, l'enfer pour lui et tous les autres pourrait entrer en accès libre dans cette place jusqu'à présent épargnée. Il ne voulait guère ouvrir ce passage. Mais le choix ne lui appartenait pas. Draco n'avait jamais été un héros. Il ne sacrifierait pas sa vie pour autrui, ni celle de sa famille. De toute manière, la lumière et les ténèbres attendaient la même chose de sa part ce soir. Qu'il ouvre ces portes. Qu'il se jette de lui-même dans cet engrenage qui sans cesse mettrait à rude épreuve ses émotions, et qui le tourmenterait jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un parvienne à mettre fin à cette guerre. Pour qu'il retrouve sa liberté, l'autoproclamé bien devait vaincre. Avec ou sans lui.

Il ferma les yeux, et se concentra sur la simple pensée qui lui permettait de requérir l'apparition de la salle des objets cachés. Quand il ouvrit les yeux, la grande porte se présentait devant lui. Il pouvait encore revenir en arrière. Mais rien de bon n'en résulterait, et il le savait. Son parrain non plus, ne devait pas s'éloigner du chemin qu'ils avaient décidé ensemble.

Draco s'avança vers la porte, et l'ouvrit, dans un mouvement si souvent répété, si souvent effectué, et qui pourtant, en ce soir d'été, lui semblait posséder une nuance nouvelle, une condamnation plus terrible que jusqu'alors, quand bien même avait-il toujours éprouvé ces sensations en venant en ce lieu, sans cesse avec le même objectif, celui de réparer l'armoire à disparaître afin de permettre aux Mangemorts de pénétrer dans Poudlard. D'une manière ou d'une autre, ce dernier parcours du chemin, car nul doute qu'il ne le ferait jamais plus, apportait une singularité plus funeste encore qu'auparavant. Ce n'était pas tant l'idée qu'il n'aurait plus à remplir cette tâche et à s'en inquiéter qui lui faisait ressentir cela ; mais plutôt la perception du nouveau tournant dans sa vie et celle des autres. Finalement, peut-être aurait-il souhaité prolonger la mission, indéfiniment, qu'il n'y ait jamais une dernière fois, un dernier parcours de couloir, une dernière ouverture de porte.

Il s'avançait sans s'arrêter, sans ralentir non plus, au milieu des objets depuis longtemps abandonnés, jusqu'à atteindre, comme à chaque fois, cette vieille armoire. Il posa ses doigts sur le bois, et le caressa jusqu'à atteindre la poignée qu'il serra dans sa main. Le drap n'avait pas été remis. Il se souvint du moment où Ginny lui parla de sa découverte, avec Harry, du petit moineau noir, et de la libération de l'animal. Après cela, Draco était revenu ici pour récupérer l'oiseau et le lâcher par une fenêtre. Il l'avait contemplé prendre son envol, sans regret, sans crainte non plus que le volatile soit incapable de se débrouiller dans la vaste nature, avec seulement un léger pincement au cœur, car cet oiseau était libre. Lui, non.

Il n'ouvrit pas l'armoire. Elle devait rester fermée. Il libérait juste le passage. Il enleva sa main, et s'écarta de plusieurs pas. Il observa l'artefact qu'il avait réparé pendant tant de mois. Vêtu du plus beau costume de Regulus Black, de celui qui symbolisait le mieux la mort aussi, le plus approprié pour le deuil, son propre deuil et celui de Dumbledore comme de son parrain, Draco attendait l'arrivée des Mangemorts à Poudlard.


Severus se tenait droit, debout, à l'endroit discret qu'il s'était choisi. Un balcon, semblable à celui qu'on pourrait trouver en haut de la tour d'astronomie, un lieu plus fermé et sombre cependant. Dans la pénombre de son point d'observation, il pouvait contempler l'horizon par l'ouverture. Cette soirée noire était comme tant d'autres, et pourtant plusieurs sorciers l'associeraient bientôt à une obscurité provoquée, magique, due aux ténèbres, à leur avancée et à leur victoire partielle. Ce n'était rien de plus qu'un ciel tragique comme Severus en avait vécu tant d'autres.

Il avait choisi cet endroit isolé du château, comme il avait choisi quantité d'autres choses dans sa vie. Comme il avait choisi Serpentard, à la fois en tant qu'élève et en tant que professeur. Comme il avait choisi les forces des ténèbres, tant par soif de connaissance que par volonté de maîtriser l'ennemi. Comme il avait choisi de combattre la lumière puis les ténèbres. Comme il avait choisi de transmettre cette prophétie, et de mettre ces familles en danger. Comme il avait choisi d'implorer pour la vie de potentielles victimes avant même que Voldemort ne décide de les tuer. Comme il avait choisi de protéger Lily au détriment de toute sécurité pour lui-même. Comme il avait choisi de repousser l'enfant qui s'accrochait si désespérément à lui depuis si longtemps. Comme il avait choisi de toujours se tenir aux côtés de Lily tout en conservant un mur intangible entre eux alors que pourtant, il ne désirait rien de plus que de le franchir. Tout cela n'avait plus d'importance.

Il regrettait ses paroles de tantôt, celles que Draco avait pu entendre et qui avaient causé tant de désarroi à l'adolescent, tout comme il regrettait quantité d'autres choses. Le regret était certainement si ancré dans sa vie qu'il faisait partie de lui, et ce depuis longtemps. Il ne l'avait réalisé qu'après avoir mis la vie de Lily en danger, mais il savait qu'il regrettait avant cela ce mot abject qu'il avait prononcé et qui avait tout brisé. Il avait cru, à l'époque, que tout ne se résumait qu'à ce mot, car c'était tout ce qu'il voyait. Il avait été un adolescent stupide comme tant d'autres. Il savait que cette amitié s'effritait déjà depuis plusieurs mois. Quand cela avait-il vraiment commencé ? Ni lui ni Lily n'auraient la réponse. Malgré tout, alors que Lily se souvenait à présent, alors qu'elle savait les atrocités qu'il avait commises, elle lui pardonnait. Et plus loin que de lui pardonner, elle voulait lui retourner son amour. Severus regrettait, certes d'être devenu un Mangemort, d'être resté obsédé par la magie noire et son étude, d'avoir choisi le mauvais camp, et d'avoir fait tant d'erreurs de jeunesse, de graves erreurs. Mais il ne regrettait pas d'avoir choisi Serpentard, il ne regrettait pas d'accumuler assez de connaissances en magie noire pour la défaire, il ne regrettait pas, malgré tout le dégoût qu'il en avait, de pouvoir s'acquitter de ce rôle d'espion.

Il ne voulait pas le faire. Il ne voulait pas être cet espion. Mais il le fallait, et nul autre que lui ne le pouvait. Il ne permettrait pas non plus à Draco de prendre sa place, qu'importent les propos qu'il avait pu tenir devant Albus.

Et il ne regrettait pas d'avoir agi comme il l'avait fait avec Lily depuis son réveil dans cette chambre d'hôpital. Il ne regrettait pas de l'avoir repoussée, ni de lui avoir avoué son amour pour elle. Pourtant, en cette soirée, dans l'attente de ce moment terrible, ses pensées retournaient toujours à elle, et à quel point il aurait souhaité rester à ses côtés, et lui épargner le mal que cela lui causerait de découvrir pour qui il se battait, même si ce n'était qu'un mensonge.

Il ne se sentait pas prêt, et ne le serait d'évidence jamais assez. Alors qu'il observait cet horizon, il tentait de se préparer, mentalement, comme c'était sans cesse le cas depuis longtemps. En serait-il capable ? Sans doute pas. Le vaudrait-il ? Non. Le ferait-il ? … seule la suite le dira.

Pour Draco, pour Lily et Harry, pour Albus même, et pour tous ces étudiants, pour le reste du monde sorcier peut-être, pour lui-même. Mais pas pour Neville.


Dès qu'ils le purent, Dumbledore transplana avec Neville à la tour d'astronomie, revenant au même endroit sûr qu'ils avaient quitté avant leur recherche de l'horcruxe. Le directeur n'en pouvait plus, et pouvait à peine tenir sur ses jambes. Neville l'aida à s'asseoir sur un banc, et Harry sortit de nulle part, se précipitant à leurs côtés pour participer.

« Que s'est-il passé ?! »

Neville lui jeta un petit coup d'œil, mais s'adressa plutôt au directeur qui lui-même observait d'un air désapprobateur le préfet, bien qu'il semblait à la fois rassuré à la présence de Harry comme si cela l'arrangeait. « Pouvez-vous aller jusqu'à l'infirmerie, professeur ? »

La voix brisée et épuisée du centenaire surprit Harry quand l'homme répondit. « Non… pas l'infirmerie. C'est de Severus que j'ai besoin. »

« Vous avez besoin de Madame Pomfresh. », insista Neville. « Je peux aller la chercher. »

« Non, Severus, seulement Severus, j'ai besoin de Severus, vous comprenez ? Allez le chercher, ne parlez à personne d'autre. »

Neville ne comptait pas aller à l'encontre d'un ordre du directeur. L'homme avait sans nul doute ses raisons. Aussi tourna-t-il prestement les talons pour courir quérir le professeur, quand soudain un grincement se fit entendre de l'escalier. D'urgence, Dumbledore chuchota aux deux adolescents.

« Cachez-vous. Dépêchez-vous. »

Harry riposta d'une voix discrète. « Mais, et Sev… »

« Faites ce que je vous dis. », enjoignit-il d'un ton impératif, puis pivotant son regard vers Neville. « Faites-moi confiance. Et pas un son. »

Neville hocha la tête, et les deux élèves se hâtèrent de descendre par une cache que le garçon qui avait grandi sur le terrain de Poudlard connaissait. L'endroit, juste en dessous de là où se tenait Dumbledore, permettait d'observer tout ce qui se passerait par les lattes de parquets sans se faire repérer, dissimulés parmi tous les outils d'astronomie rangés en attente d'utilisation. Par précaution supplémentaire, Harry les recouvrit de sa cape. Ils possédaient également une vue sur une partie de l'escalier de bois, afin de regarder qui montait les marches. Draco.

Le jeune sorcier blond, dans ses vêtements sombres accordés au thème dont il s'était paré toute l'année, se présenta doucement devant le directeur, contournant l'imposante maquette du système solaire.

« Vous parliez. », déclara-t-il doucement.

« Bonsoir, Draco. », répondit l'ancien professeur.

Le Serpentard pouvait entendre à quel point le vieillard était épuisé. Par réflexe, il abaissa un instant ses yeux sur la main noire du mourant avant de se rappeler vivement qu'il devait regarder l'homme dans les yeux.

« Personne n'a descendu l'escalier. », insista l'étudiant.

« Pourquoi dis-tu cela ? »

« Qui était avec vous ? Neville ? Avec la cape de Harry ? »

« Il n'y a personne, Draco. Je me parlais à moi-même. Je fais souvent cela. »

« Vraiment ? » répondit l'adolescent d'une voix persuadée du contraire. Il leva sa baguette. « Alors, si j'accio la cape de Harry, rien ne viendra ? »

« Tu pourrais attirer un objet situé à l'autre bout du château. »

« En effet. Et ainsi m'assurer que je ne verrais pas deux de mes amis apparaître sous nos yeux. Deux ou un. »

Sans un mot, il effectua l'accio qui arracha la cape aux deux adolescents. Draco tourna la tête vers là d'où venait la cape, sans parvenir à trouver la réelle origine. Cachés, Harry et Neville pouvaient observer l'air attentif et le regard scrutateur du Serpentard qui s'assurait vraiment de s'ils étaient présents ou non.

Dumbledore interrompit sa fouille.

« Comme tu peux le constater, nous sommes seuls. »

« Vous croyez ? »

Le ton de Draco laissait penser qu'il ne parlait ni de Neville ni de Harry, mais d'une autre compagnie dont le directeur ne devrait pas suspecter la présence. Le Serpentard lança la cape dans les airs, et pointa sa baguette avant que l'étoffe ne retombe. Par lévitation, il la rapprochait du balcon devant lequel Dumbledore se tenait. Il ne semblait toutefois absolument pas apporter l'objet magique au centenaire. Il le gardait haut, et Dumbledore ne tenta aucun mouvement pour le récupérer en vol. Le tissu passa au-dessus de l'homme, et sortit en dehors. Une fois totalement suspendue dans le vide de l'autre côté de la rambarde, la cape chuta d'un coup, l'emprise du sort de Draco enlevé.

Voyant Harry sur le point de s'offusquer, Neville lui lança subitement un charme de silence. Le préfet de Gryffondor se l'ôta, et jeta un œil énervé vers son meilleur ami. Neville secoua la tête de droite à gauche. Harry opta pour rester discret et inaperçu.

Dumbledore observa curieusement le Serpentard. « Pourquoi avoir fait cela ? »

Draco semblait prêt à ne pas répondre où à inventer une fausse excuse, un "j'ai mes raisons" aurait été parfait et amplement suffisant, mais sachant le vieil homme sur le point de mourir, le jeune Sang-Pur choisit d'être honnête. Il satisferait toutes curiosités d'un condamné, voyant cela comme les volontés des dernières minutes de vie.

« Je ne voulais pas qu'ils la trouvent. » Il pointa sa baguette vers le directeur. « Vous savez pourquoi je suis là. », déclara-t-il très sérieusement, sa voix se fissurant. Il lâchait soigneusement, peu à peu, le contrôle de son occlumancie sur ses émotions. Il gardait ses pensées protégées, mais permettait à ses nerfs de craquer. C'était ce qu'on attendait de lui après tout, et son état d'esprit actuel s'y prêtait parfaitement.

« Pourquoi, Draco ? Tu n'es pas un assassin. »

Draco perdit le contrôle sur la surprise un instant, l'affichant contre son grès. « Pas un… » Ainsi, ils devraient jouer la pièce entièrement. Le Seigneur des Ténèbres devait pouvoir voir, s'il le désirait, comme s'étaient déroulés ces instants. Pourtant, le plus important aurait lieu lorsque les Mangemorts arriveraient enfin. Lorsque Bellatrix aurait fini de se divertir dans les couloirs. « Vous ne savez rien de ce que je suis ! Vous ne savez pas tout ce que j'ai dû faire ! »

Draco lâchait ses mots avec tout son cœur et ses reproches. Car, certes, le directeur savait peut-être quels événements il avait causés, et aussi que ce n'était que partie du plan, mais l'homme ignorait à quel point cela avait été dur pour lui. Finalement, même si la proposition venait du chef de la lumière, même s'ils étaient trois à faire part de ce complot, seul son parrain l'avait épaulé vraiment.

Dumbledore parut désolé. « Je sais ce que tu as fait, Draco. Que tu as ensorcelé Katie Bell pour qu'elle me remette ce collier, et que tu as injecté ce poison dans l'hydromel que Horace Slughorn me réservait. Mais devant ces veines tentatives si peu convaincantes, je ne peux m'empêcher de penser que tu n'y as pas mis beaucoup de cœur. Tu aurais pu plus essayer, si tu l'avais vraiment voulu. »

Draco n'en revenait pas qu'avec tout cela, le sorcier séculaire trouvait à lui reprocher le peu d'effort qu'il aurait soi-disant mis pour persuader les Mangemorts qu'il essayait. La colère, autant que le désespoir, prenait place sur le visage du jeune espion. « Vous… »

Dumbledore reprit sans lui permettre de parler davantage. « Tu ne le veux pas, Draco, alors baisse cette baguette. » Le directeur levait la sienne.

« Expelliarmus ! » épela l'adolescent. Le vieil homme lui-même, bien qu'il n'avait que peu de force pour tenir sa baguette en l'état, contempla la chute de celle-ci sur le sol avec étonnement, et un petit autre chose dans le regard que Draco ne repéra même pas tant il se concentrait sur la tâche qu'il devait accomplir et ces émotions qu'il laissait aller pour la première fois depuis longtemps et la dernière pour peut être plus encore. Et le Serpentard concluait qu'apparemment le directeur aurait espéré l'écarter de force jusqu'à l'arrivée de Severus pour en finir. Cela avait du sens d'un côté, car il fallait expliquer que Draco n'ait pas achevé le puissant sorcier avant, et tous s'attendaient à ce qu'il échoue la mission qui avait été donnée dans ce but précis. Mais le jeune Serpentard se sentait outragé, fortement insulté, que le mourant choisisse de l'exclure comme cela.

Dans leur cachette, les deux Gryffondor restèrent stupéfiés par la tournure des événements. Ils ne savaient que fixer : la baguette envolée, le directeur impuissant, ou leur ami qui agressait l'homme qui éloignait les ténèbres et les protégeait tous. Ils assimilaient à peine les accusations de Dumbledore orientée vers Draco, au sujet de Katie et de la bouteille de Slughorn. Pourtant, dans l'esprit de Harry, les pièces s'assemblaient. Il avait eu tous les éléments en main, depuis le début. Il avait choisi de ne pas les voir.

Le vieillard rompit le silence. « Bravo, Draco. Que comptes-tu faire, à présent ? Me tuer ? Tu n'es pas obligé de le faire. »

Malgré la faiblesse du directeur, et le regard compatissant, sage et rassurant que le centenaire dirigeait vers l'élève, Draco ne pouvait qu'y entendre un nouveau reproche, celui de ne pas s'être laissé faire, celui qui lui indiquait qu'il devait assumer son choix et trouver un moyen pour retarder l'échéance d'une autre manière, car Draco ne devait pas porter le coup. Severus devait le faire.

Avec dégoût et haine, Draco releva sa manche. Sa tante prendrait plaisir à le voir quand elle arriverait enfin. Draco appréciait le répit loin d'elle, d'autant qu'il ignorait encore si Dumbledore savait comme il avait fait entrer les Mangemorts, mais il savait reconnaître que plus le temps s'écoulait, plus jouer cette mascarade s'avérerait difficile. Et il espérait bien ne pas avoir à compter sur la modification des souvenirs. Il ne pensait pas en être capable avec assez d'expertise pour que Voldemort n'en sache rien. « Je n'ai pas le choix ! Il m'a choisi ! Si je ne le fais pas, il me tuera. »

Malgré lui, sa voix implorait, car Draco doutait encore. Il craignait toujours que s'il n'était pas celui qui le faisait, si son parrain s'en chargeait à sa place, alors Voldemort décide de le tuer comme si la mission était un échec. Il savait pourtant que le plan incluait que Severus plaide sa cause. Et puis, sa tante l'adorait, aussi folle soit-elle, et le défendrait également… du moins espérait-il qu'elle ne le haïsse pas pour ne pas y parvenir lui-même.

Dumbledore le contredit, et pour une fois, Draco n'y entendit pas un reproche, mais une réelle tentative de le rassurer et de lui montrer qu'il pouvait encore suivre la lumière. « Tu te trompes, Draco, tu as encore le choix. »

« Disons alors que j'ai choisi ma famille. », trancha Draco d'une voix brisée, totalement désemparé.

« Draco… »

Soudainement, un bruit se fit entendre dans la cage d'escalier.

« Tu n'es pas seul. », conclut le directeur. « D'autres Mangemorts ? Comment t'y es-tu pris ? »

Draco savait que Dumbledore jouait la comédie. L'homme était au courant de tout le plan. Le seul détail, dû à la requête personnelle de Draco, était l'absence d'information sur le comment. « Vous ne voyez vraiment pas ? »

Draco attendait une réponse honnête. Il fixait le directeur avec tout le désir de connaître la vraie réponse à cette question. L'homme secoua la tête.

« Non, je l'ignore vraiment. Je sais que les protections sont encore en place, et même les passages secrets entre Pré-au-Lard et le château sont tous protégés par le sort que nous avons lancé. »

« J'ai réparé l'armoire à disparaître dans la salle des objets cachés. Seul. »

« Ingénieux. Vraiment, Draco, félicitations. Et je suppose que cette armoire a une jumelle. »

Vraiment, quel vieil homme curieux. Mais aux portes de la mort, on pouvait lui accorder les réponses. « Oui, chez Barjow et Beurk. »

À cet instant, la porte soigneusement refermée par Draco s'ouvrit.