Bonjour à tous,

Voici le 2e chapitre. J'espère que cette suite vous plaira. Harry rencontre enfin Tom. Pour ceux qui avaient déjà lu le chapitre 1, sachez qu'il y a eu quelques petites retouches. J'espère que vous aimerez l'atmosphère entre nos deux sorciers.

Bonne lecture!

SeverusRiddle


CHAPITRE 2

Au matin du premier septembre, Harry se réveilla tôt. Il avait profité des derniers jours pour acheter ses effets scolaires et renouveler son matériel de potions. Il était certain que la reprise des cours l'aiderait à se changer les idées. Après tout, il n'avait pas étudié lors de sa septième année, voyageant avec Ron et Hermione à la recherche des Horcruxes et des Reliques de la mort. Il avait fort évolué malgré tout, augmentant son pouvoir magique à un niveau que jamais il n'aurait pensé atteindre à 17 ans. Mais se faire guider par des professeurs l'aiderait à remettre ses pendules à l'heure. Recommencer la sixième année n'était d'ailleurs pas une si mauvaise idée. Il allait ainsi pouvoir se concentrer sur le moyen de terrasser Tom Jedusor. Il ne connaissait pas son niveau en magie, mais il était certain de sa grande puissance malgré son jeune âge: il avait, après tout, étudié son passé. Harry ne pouvait pas se permettre de faire des bêtises sans l'analyser et réfléchir.

Il s'étira longuement et sortit des couvertures. Il se changea et rassembla tous ses effectifs qu'il fourra dans le sac d'Hermione. Il l'étreignit un moment, imaginant qu'il s'agissait d'elle et de Ron. Son cœur se serra et sa gorge se contracta. Ils lui manquaient tellement.

— Je vais tout faire pour que vous ayez un meilleur futur, leur promit-il.

Il rangea le sac en sûreté dans la poche de son pantalon d'uniforme et descendit dans la salle à manger de l'auberge. Il s'installa à une table seul – il faut dire qu'il y avait peu de clients – et commanda un simple gruau comme repas. Il mangea quelques bouchées, mais repoussa bien vite son plat, l'appétit coupé. Sur la table, un peu plus loin, un exemplaire de la Gazette du sorcier traînait en solitaire. Harry s'en empara et la parcourut des yeux.

MEURTRE DE LA FAMILLE JEDUSOR

Avec l'ascension de Grindelward, de nombreux Moldus périssent sous les assauts sorciers. Il faut dire que le peuple Moldu lui-même est en guerre pour une question de pureté de gêne, augmentant la violence dans les pays. Toutefois, la famille Jedusor réside en Grand-Bretagne depuis des lustres. Il est donc inquiétant d'affirmer que la violence transgresse les frontières jusqu'à nous. Sommes-nous en sécurité?

Selon les accusations, le meurtrier ne serait autre que Morfin Gaunt, ancêtre de Salazar Serpentard. Nous connaissons tous les idéaux de cette famille et leur obsession pour le sang pur. Est-ce une façon pour eux de soutenir les idéologies de Grindelward? Grindelward a-t-il des sbires en Grande-Bretagne qui commencent à agir? Je ne saurais vous le dire, mais je ne peux que vous suggérer fortement d'assurer vos arrières. La guerre est à nos portes, chers sorciers. Ce n'est qu'une question de temps.

Rina Polurma

Harry froissa le journal, le regard noir. Comment avait-il pu oublier un détail aussi important? Il savait pourtant que Tom Jedusor assassinait sa famille lors de l'été 1942… Ses pensées tourbillonnaient. Il devait faire un récapitulatif. Jedusor avait donc déjà ouvert la Chambre des Secrets, ce qui signifiait que Mimi Geignarde était déjà un fantôme. Le premier Horcruxe de Jedusor était donc créé à partir de son journal. Il avait donc déjà mutilé son âme. Harry avait longuement discuté des Horcruxes avec Dumbledore et ils avaient convenu que la folie de Tom Jedusor avait pris de l'ampleur en fragmentant plusieurs fois son âme. Qu'en était-il de la première fois? Harry reposa sa tête contre la table, les yeux fermés. Il fallait déjà être un psychopathe pour assassiner une personne par plaisir. Tom Jedusor n'était pas un enfant normal. La cruauté coulait déjà dans ses veines depuis l'orphelinat, mais à quel point? Et maintenant que son âme était fragmentée, possédait-il encore une parcelle d'humanité en lui? Avait-il seulement déjà eu une telle parcelle?

Les poings serrés, Harry se redressa. Il alla régler son ardoise des Trois Balais, puis entreprit de suivre le chemin jusqu'à Poudlard. Ce soir, il participerait à la répartition des nouveaux élèves. Ensuite, il analyserait doucement qui était Tom Jedusor.

Lorsqu'il arriva aux portes de Poudlard, le soleil bien visible dans le ciel, Harry fut accueilli par Albus. Fidèle à lui-même, il portait une robe colorée couverte d'astres lunaires et de lucioles. D'un sourire, Dumbledore lui proposa de visiter les environs, ce qu'Harry ne put refuser. Il aurait été impoli de le faire. Il suivit alors son professeur parmi les couloirs et observa les alentours. Il y avait peu de différence. Des draperies ornaient les fenêtres et quelques entrées, alors que des tapis s'amusaient à faire trébucher les piétons. Les tableaux médisaient et leurs murmures tournaient autour d'Harry et de sa cicatrice. Le concerné roula des yeux. Même s'il n'était plus le survivant ici, sa cicatrice en forme d'éclair restait une curiosité pour les autres. D'ailleurs, comme s'il répondait aux chuchotis des tableaux, Dumbledore se tourna vers lui.

— Votre cicatrice ne me semble pas anodine, est-ce indiscret de vous demander son origine?

Harry solidifia sa barrière mentale et réfléchit à toute allure. Devait-il répondre? Il pouvait dire un mensonge, mais la vie lui avait appris à plusieurs reprises que l'accumulation de tromperies finissait par provoquer votre perte. Il devait s'en tenir à la même histoire toutes les fois et il doutait de se souvenir de tous les mensonges rapportés. Ses papiers d'identité l'avaient aidé pour un passé inexistant, mais il n'était pas entré dans les détails. Plus il réfléchissait et plus l'envie de ne pas répondre augmentait.

— Pardonnez-moi, professeur, mais oui, c'est indiscret, lâcha-t-il. Je n'aime pas parler de mon passé.

Voilà. Pourquoi devait-il se sentir mal de refuser de répondre à une question? C'était sa vie privée. Harry n'osa pas le regarder dans les yeux, mais il put sentir le regard d'Albus pétiller son front.

— Vous me semblez un jeune homme bien particulier et mystérieux, M. Evans. Un peu renfermé, je dois le dire.

Harry ne répondit pas. Ce n'était, après tout, pas un mensonge. La bataille de Poudlard avait fait de nombreux dommages en lui. Il n'était plus le même qu'à ses 11 ans.

— Sachez, M. Evans, que malgré vos réticences à mon égard, je vous fais confiance.

Surpris, Harry s'arrêta et observa Dumbledore. Comment pouvait-il dire cela alors qu'ils ne se connaissaient pas? Enfin, techniquement.

— Vos papiers d'identité, révéla alors Albus, j'y ai reconnu ma propre signature magique. Et cette signature me dictait de vous faire confiance. Je ne comprends pas comment cela est possible, mais ce qui est sûr, c'est que vous êtes un jeune homme bien particulier.

Le visage d'Harry blêmit. Il aurait dû s'en douter: Dumbledore avait fait exprès pour créer une telle situation. Maintenant, il allait davantage porter attention à ses faits et gestes. Harry devrait donc rester prudent s'il comptait assassiner Tom Jedusor. Il soupira toutefois fortement, ce qui provoqua un rire chez Dumbledore.

— Merci de respecter ma vie privée, répondit poliment Harry. Si l'envie de me confier survient, j'irai vous voir. Pour le moment, je suis le seul maître de mon destin.

Sa voix devint plus ferme. Il fixa alors Dumbledore avec dureté, et celui-ci hocha la tête sans animosité.

Le reste de la journée se déroula lentement. Harry avait profité de ce moment pour parcourir le parc de l'école, mais aussi pour retourner sur le lieu du meurtre de Rogue. En fait, le futur lieu du meurtre. Il y resta de longues heures, s'excusant auprès de son ancien professeur d'avoir brisé la fiole de ses souvenirs. Quoiqu'il eût envie de lui partager, cela resterait à jamais un mystère. Le soleil déclina à l'horizon et Harry alla dans un coin ombragé du Grand Hall pour attendre la venue des premières années. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Encore une fois, il allait être observé par l'école entière. Heureusement, c'était pour une autre raison que celle d'être celui qui a survécu.

Dumbledore arriva finalement avec les premières années, qui étaient effrayées et agitées. Harry, bien qu'il soit plus âgé, se sentit dans le même état d'esprit. Après tout, il passait par le même rituel, et ce, pour une deuxième fois. Serait-il le premier à subir deux répartitions? Sa vie n'avait plus aucun sens. Existait-il un autre sorcier ayant le même parcours que lui? Un voyageur temporel ayant survécu sans se détruire en modifiant le passé? Cette pensée le fit renifler. C'était tout bonnement impossible. Il se pinça la peau des mains pour diminuer son angoisse et sortit de l'ombre afin de rejoindre son professeur. Ils échangèrent un regard et Harry comprit qu'il devait se mettre à l'arrière du groupe. Il serait réparti en dernier, ce qui annonçait un long moment à se faire scruter par les autres étudiants de Poudlard.

Étonnamment, les jeunes élèves ne remarquèrent pas Harry. Du moins, le considérait-il comme un membre du personnel enseignant. Finalement, le moment redouté arriva. Dumbledore poussa les portes de la Grande Salle et un grand vacarme s'insinua dans les oreilles d'Harry. Il ne pouvait le nier, un sentiment de nostalgie l'étreignit. Seulement, les têtes qu'il voyait alors qu'il avançait entre les tables étaient toutes inconnues. Aucun de ses amis ne figurait parmi les élèves. Une grande mélancolie mêlée à un vide abyssal se creusa en lui. Son visage se ferma. Il entrait en scène, maintenant. Il ferait profil bas et plus jamais il ne se laisserait mener comme un pion. Ce temps était révolu.

Le groupe s'arrêta devant l'estrade où le Choixpeau reposait sur un tabouret. Lentement, Dumbledore retira un parchemin de sa robe de sorcier et commença à énumérer les noms pour la répartition. Harry observait d'un coup d'œil rapide les premières années rejoindre leur maison, ignorant les murmures à son égard et les doigts pointés dans sa direction. Il concentrait toute son attention sur le Choixpeau et sur le Directeur Dippet, qui le salua d'un mouvement de tête.

— Harry Evans, entendit-il alors que le dernier étudiant de première année allait rejoindre la table de Gryffondor.

Harry s'avança vers l'avant, observa un moment le sourire malicieux de Dumbledore et prit place sur le tabouret. Il sentit le Choixpeau toucher sa tête, mais contrairement à sa première répartition, le chapeau ne tomba pas devant ses lunettes. Ce furent plutôt ses cheveux emmêlés qui le plongèrent dans l'obscurité.

— Eh bien, eh bien, qu'avons-nous là, entendit-il. Harry Potter, de Gryffondor, maintenant un voyageur temporel. Je t'avoue que c'est la première fois que j'assiste à un tel exploit. Et il semblerait que tu sois maintenant Harry Evans, le Maître de la mort. Ce titre te donne maintenant une grande puissance, ça ne fait aucun doute.

« Oui, tu as raison, mais ceci doit rester secret. » pensa avec force Harry.

— Mais, dis-moi Harry, comment vas-tu faire pour t'inscrire dans les registres de naissances du Ministère, puisque tu n'es pas né à cette époque? Oh! Albus Dumbledore s'en est chargé, je le lis dans ta tête, je le sens sur toi. Tu as des alliés particulièrement forts et bien placés, jeune Harry. Mais je m'égare. Je suis seulement ici pour te répartir, Harry Evens. Tu as bien changé depuis ta première répartition. Où dois-je t'envoyer?

Harry ne put s'empêcher de recréer ses pensées d'autrefois.

« Pas Serpentard, pas Serpentard! »

Mais il s'arrêta bien vite. En fait, c'était peut-être là qu'il devait aller pour mieux espionner Tom Jedusor. Et même s'il allait à Serpentard, il resterait au fond de lui un Gryffondor. Après tout, Dumbledore lui avait dit un jour que c'était nos choix qui faisaient de nous ce que nous sommes. Et là, il devait sauver son futur. Il devait sauver Ron, Hermione et Ginny. Et plus encore.

— J'écoute toutes tes pensées, tu sais? Tu es un sorcier courageux, fort déterminé, avec un esprit brillant qui s'est aiguisé avec les années. Serdaigle serait bien pour toi, mais ton ambition engloutit toutes tes autres qualités en ce moment. Tu vas devoir être rusé pour ce que tu projettes de faire. Tu ne pourras pas rester à Gryffondor.

Malgré la voix du Choixpeau dans son esprit, Harry entendit des murmures s'élever dans la Grande Salle. Les exclamations lui indiquèrent que son temps de répartition devenait anormal. D'ailleurs, depuis combien de temps était-il assis là? Ses mains s'engourdissaient à force de se tenir au tabouret. Alors qu'il déglutit, il entendit:

— Serpentard!

La lumière revint, le Choixpeau absent de sa tête. Harry ne put éviter tous les yeux étonnés devant lui. Les murmures continuaient et son malaise augmentait. Voilà pourquoi il aurait préféré une répartition intime… Il osa jeter un coup d'œil à Dumbledore, qui l'étudiait de ses yeux plissés, mais lui offrit un sourire rassurant.

— Vous êtes sur le tabouret depuis 10 minutes, M. Evens. Un vrai record.

Harry avala de travers et se leva. Il épousseta ses vêtements par réflexe alors que les applaudissements se firent finalement entendre. Il les ignora et se dirigeait vers une table qu'il avait dédaignée depuis de nombreuses années. Il profita de ce moment pour camoufler son aura magique. Où devait-il s'asseoir? Avec les premières années? En fait, il enviait l'extrémité de la table afin de rester à l'écart de tout le monde. Alors qu'il se dirigeait vers son objectif, un étudiant l'interpella. Harry s'arrêta un moment, réfléchissant sérieusement à l'invitation, s'il devait ou non l'accepter. Il balançait les pour et les contre. Plusieurs yeux l'observaient étrangement, alors il bougea. À contrecœur, Harry se dirigea vers le jeune homme au regard pincé. Son air suffisant lui rappelait Percy Weasley.

— Viens t'asseoir avec moi, je répondrai à tes questions. La maison Serpentard est différente des autres. Au fait, je me nomme Arthur Declan, je suis en septième année.

Harry prit place à ses côtés.

— Harry Evans, dit-il. Sixième année.

Il se tut, observant discrètement les personnes tout près de lui. Aucun visage n'était celui de Jedusor. Où se trouvait-il?

— Comment se fait-il que tu viennes à Poudlard seulement maintenant? questionna Declan, réellement curieux.

La nourriture apparut au centre de la table et Harry observa tous les plats sans se servir. Il avait très peu d'appétit.

— Oui, explique-nous, Evans, somma une autre voix à sa gauche.

Il s'agissait d'une jeune fille, les cheveux aussi blonds que les blés. Elle avait un visage de poupée et Harry ne douta pas un seul instant de sa popularité au sein de ses camarades. Seulement, son sourire dédaigneux lui enlevait cette part de beauté.

— J'ai toujours fait l'école à la maison, mais… depuis cet été, je suis orphelin, dit-il, sans ajouter de détails.

— Oh… Ça doit être dur, répliqua-t-elle, les sourcils froncés. Je m'appelle Anita Greengrass.

Une Sang-Pure, pensa Harry. Il hocha la tête pour signifier qu'il avait bien entendu, mais ne s'épancha pas davantage. Il se servit plutôt de la salade, un petit pain et un morceau de fromage. Il déchiqueta son pain et commença à en faire de minuscules boulettes. Il fit tout pour s'occuper l'esprit. Mais une part de sa rationalité lui soufflait de profiter de ce moment pour mieux comprendre sa nouvelle maison.

— Alors, que dois-je savoir sur Serpentard? marmonna-t-il d'une voix traînante.

Il sentit les élèves près de lui échanger des regards. Il était une anomalie au sein de ce groupe. Harry le savait, les Serpentards le sentaient. Les temps allaient être durs.

— Ici, à Serpentard, nous sommes unis. Notre maison se doit d'être la meilleure et la plus noble. Nous devons tous être sur la même longueur d'onde. Avoir de bonnes notes et rapporter des points avec nos succès. Et, éviter de fraterniser avec la racaille.

Harry fronça les sourcils. Eh bien, Declan venait de se rayer de sa liste. Il releva alors la tête et lui fit un sourire hautain.

— Il n'y a rien ici que je ne savais pas déjà.

Declan eut un air satisfait. Manifestement, il n'avait pas saisi l'effronterie derrière ses mots. Harry fut convaincu qu'il serait bientôt interrogé sur ses origines afin de déterminer s'il était un Sang-Mêlé – après tout, le nom Evans ne figurait pas parmi les Sang-Purs – ou autre et s'il méritait le respect de sa maison. Il ressentit une grande lassitude à la constatation qu'il pouvait prédire les prochains mouvements des Serpentards, ce qui fit qu'il n'avait qu'une hâte : s'isoler. Jamais il ne pourrait se sentir à l'aise dans cette maison. La froideur des Serpentards était si grande qu'il avait l'impression de frissonner depuis sa répartition. Et le fait que Greengrass le regardait avec suspicion depuis un moment, retenant sa langue de lui cracher des questions, ne l'aidait pas.

Une grande exclamation survint au centre de la table des Serpentards. Du coin de l'œil, Harry vit un jeune homme, d'une beauté à couper de souffle, voire terrifiante, sourire avec prétention à un groupe tout en montrant une bague à son doigt. Harry se figea. Un long frisson d'effroi lui parcourut l'échine pour finalement se terminer près de sa cicatrice. Tom Jedusor se trouvait à quelques mètres de lui, là, en chair et en os. Il semblait grand et ses traits étaient si parfaits qu'Harry en oubliait le futur visage de Voldemort, bien loin de cette perfection. En fait, c'était ce qui le troublait. Comment un être pouvait-il se défigurer à ce point? Sa peau pâle rappelait celle d'un fantôme alors que ses cheveux, aussi noirs que ceux d'Harry, retombaient sur son magnifique visage.

Sans prévenir, Jedusor leva les yeux et croisa ceux d'Harry. Ils étaient d'un noir abyssal. Mais une teinte rougeâtre s'y enflammait parfois. Instinctivement, Harry porta la main à sa cicatrice et dévia le regard. Sa cicatrice resta indolore, à son grand étonnement, lui réchauffant seulement le front. Il regrettait son action : il l'avait observé pendant un trop long moment et Jedusor l'avait noté. Il devait se tenir continuellement aux aguets. Et Harry devait faire attention. Jedusor ne devait pas s'intéresser à lui.

— Tu remarques enfin le leader de notre maison, ricana Greengrass en bousculant ses cheveux d'un coup de tête. Habituellement, les yeux se tournent automatiquement vers lui, mais toi, tu as été plus long à la détente. Sa magie et sa perfection n'éveillent-elles pas une envie en toi, l'envie de le suivre? Le contraire serait contre nature. Il s'appelle Tom Jedusor. Mais ne te permets aucune familiarité avec lui, sinon, nous te truciderons.

— Charmant, marmonna Harry dans un souffle.

Greengrass plissa davantage les yeux devant les propos incohérents. Elle n'avait pas entendu, ce qui n'était pas plus mal.

— Il est donc le leader de Serpentard.

— Bien entendu, c'est l'héritier de Salazar en personne! souffla alors Declan. Il n'y a pas élève plus modèle et grandiose que lui à Poudlard. Il excelle dans tous les domaines. Tu comprendras lorsque tu ressentiras son aura magique. Jedusor est très solitaire – accepte peu de personnes autour de lui –, il lui arrive parfois de nous offrir sa présence et nous faire la conversation dans le dortoir. C'est un excellent orateur. Il sait comment soulever les troupes.

Harry en était convaincu. Après tout, il connaissait un peu son passé et surtout son futur. Il mâchouilla quelques feuilles de salade et quelques boulettes de pain. Le fromage, quant à lui, lui roula dans la bouche. Il le reposa donc dans son assiette, à peine touché. Il réfléchissait. La bague qui avait provoqué tant d'exclamations provenait des Gaunt, son héritage familial. Harry l'avait mainte fois observée auparavant, dans les souvenirs concernant Voldemort. C'était son prochain Horcruxe, celui qui avait provoqué plus rapidement la fin de Dumbledore. Peut-être qu'Harry devait tenter de lui voler la bague pour retarder sa création en Horcruxe? En même temps, il savait que son premier Horcruxe avait été formé sans réellement connaître le processus. C'est Slughorn qui lui donnerait les informations pour le faire… Il devait réfléchir et agir comme un Serpentard maintenant, et non réagir comme un Gryffondor.

À cette pensée, Harry scruta la table des professeurs. Il vit justement Slughorn près de Dumbledore en grande conversation. Il devait mettre ce professeur dans sa poche et, lentement, lui insuffler des idées dangereuses à propos de Jedusor. Satisfait de cette première ébauche de plan – il avait plutôt l'habitude d'improviser –, il se permit de laisser traîner ses oreilles.

— Avez-vous lu la Gazette de ce matin? La guerre semble se rapprocher de la Grande-Bretagne! chuchota un élève plutôt jeune.

Un deuxième année, peut-être.

— Si tu es un Sang-Pur, tu n'as aucune inquiétude à te faire, roucoula Greengrass. Après tout, Grindelward est du bon côté, n'est-ce pas?

Elle avait terminé sa tirade en haussant le ton, s'assurant ainsi de se faire comprendre par Jedusor. Harry en aurait mis sa main au feu. Il vit le jeune élève rougir d'embarras devant les propos de Greengrass, révélant ainsi qu'il était un Sang-Mêlé. Quelques ricanements s'élevèrent de la table. En quoi était-ce amusant de rire de la peur d'un enfant face à la guerre? Qu'y avait-il de plaisant à voir les gens mourir pour une cause aussi idiote que la pureté du sang? Ron, Hermione, Ginny, Remus, Dobby… Une colère sans nom afflua dans son sang. Il serra les poings et, pendant un bref instant, perdit le contrôle de son aura magique. Celle-ci explosa, assez pour faire vibrer les assiettes, les ustensiles, les gobelets et les plats de service sur la table. Harry cligna des yeux et reprit rapidement le contrôle : il endormit au mieux sa puissance magique dans son noyau. Il y eut un silence alors qu'un verre, renversé par la vibration magique, se brisa au sol. Harry sentit de nombreux regards le fixer avec étonnement et certains, avec crainte. Il tenta de les ignorer, répara son dégât d'une formule magique et ne put s'empêcher de croiser à nouveau le visage de Jedusor. Il le fixait, sans ciller. Ses iris changeaient continuellement de couleur, ne sachant guère si elles devaient être abyssales ou bien rougeâtres. Harry soutint alors son regard, le courroux grondant à nouveau en lui. Meurtrier, pensa-t-il.

Soudain, il sentit une poussée contre son esprit. Jedusor cherchait à lire ses pensées. D'instinct, Harry fortifia ses barrières mentales, sans oublier d'assassiner son assaillant du regard. L'intrusion de pensée était interdite! Écœuré, Harry repoussa son repas à peine touché, n'attendit pas le dessert et se leva de table d'un claquement de langue. Il sortit alors de la Grande Salle alors que le festin battait encore son plein.

Comment pouvait-il croire un seul instant qu'il passerait inaperçu? Les valeurs de cette maison venaient anéantir toute sa volonté de calme et de retenue. Les Serpentards étaient si exécrables, si hautains! Ses pas se dirigèrent vers la Salle commune de Serpentard. Une fois devant l'entrée, il se rendit compte qu'il ne connaissait malheureusement pas le mot de passe. Il devrait donc attendre l'arrivée des Préfets afin de pouvoir entrer. Il fit toutefois quelques essais, dont Sang-Pur, Grindelward, Guerre, Suprématie, mais sans succès. Il s'installa donc dans l'ombre, au sol, à un endroit qui lui permettrait de se faire remarquer à retardement et compta les minutes.

Au bout d'une trentaine, des pas résonnèrent dans les cachots. Leur roulement alerta Harry, qui se releva avec prudence.

— Serpentard est votre nouvelle maison et vous devez l'honorer. Nous sommes depuis des années la performance à Poudlard, passant devant Serdaigle, ce qui prouve la noblesse de nos valeurs. Si vous avez des questions, les Préfets sont là pour y répondre. Je me nomme Nicolas Lestrange. Vous pouvez venir me voir à tout moment tant que c'est raisonnable.

Lestrange passa près d'Harry sans le remarquer, ce qui lui permit de le scruter. C'était un beau jeune homme, aux cheveux châtains et aux yeux noisette. Sa bouche, quant à elle, soulevait régulièrement un rictus. Cette caractéristique semblait être un prérequis pour entrer à Serpentard. Hormis les premières années dont la majorité semblait effrayée – constat rassurant pour Harry –, plusieurs étudiants suivaient Lestrange, le menton haut. Près de lui se tenait Jedusor, le nez fixé sur un livre. Il se déplaçait avec aisance pour quelqu'un qui se plongeait dans une lecture à n'en point douter, obscure. Il ne parlait pas, ignorait les commentaires autour de lui. Malgré cela, sa présence écrasait celle de tous les autres. Et pour cause : sa puissance magique engloutissait avec plaisir la magie qui l'entourait.

Harry se mordit la lèvre. Que se passait-il? Cette magie semblait l'appeler tout doucement, comme une mère hélant son enfant à venir manger un bon repas chaud à la maison. Harry se pinça la main. Il devait l'ignorer. Il se savait lier à Jedusor puisqu'il était son Horcruxe. C'était une malédiction. Il le savait. Mais ce qui le choquait davantage, c'était que la sensation était plus forte dans ce passé que dans son véritable présent. Voldemort n'avait jamais créé un tel appel en lui. Alors pourquoi maintenant? Son aura magique chercha à se faufiler jusqu'à Jedusor, mais Harry enferma son pouvoir avant qu'il ne soit trop tard. Il ferma ensuite les yeux afin de faire le vide de son esprit. Une fois le calme revenu, il se faufila parmi la foule avec l'espoir que sa petite taille l'aiderait à passer inaperçu. Mais ce fut peine perdue, les élèves chuchotèrent à sa vue et Harry ne put s'empêcher de rouler les yeux.

— Le mot de passe est: Venus Flytrap.

L'entrée s'ouvrit pour laisser passer les étudiants. Les Préfets restèrent sur le côté, s'assurant que tous suivaient les règles de la maison. Alors qu'Harry était sur le point de franchir l'ouverture, Lestrange le retint.

— Evans, enchanté, dit-il en lui tendant la main.

Harry fixa ladite main, avant de regarder son propriétaire et l'ombre derrière lui. Jedusor, le nez hors de son livre, le scrutait avec une attention malaisante, le disséquant de ses yeux alors que son visage restait d'une neutralité inquiétante. Mais cette neutralité était un masque, un masque qui cachait le meurtrier de quatre personnes. Il ne parlait pas, mais Harry savait pertinemment que Lestrange agissait sous ses ordres.

— Je n'aime pas toucher les gens ou que l'on me touche, dit Harry pour expliquer son refus d'empoigner sa main alors que le dernier étudiant pénétrait la Salle commune.

C'était une demi-vérité: il n'aimait pas que ses ennemis le touchent. Et en ce moment, Lestrange en était un. Ce dernier baissa la main, le visage dur.

— Écoute, Evans, continua-t-il. Je sais que tu es nouveau parmi nous. J'ai cru comprendre que tu avais été scolarisé à la maison, mais cela ne te donne pas le droit d'agir comme bon te semble.

Lestrange jeta un coup d'œil à Jedusor, qui hocha à peine le menton. Ce fut si léger qu'Harry crut avoir rêvé ce mouvement.

— Quitter la Grande Salle comme tu l'as fait, en plein milieu du banquet, c'est intolérable. Cela donne une mauvaise image à Serpentard.

Harry ricana un moment, puis renifla.

— Je croyais que ça me donnait une mauvaise image, lâcha-t-il en insistant sur le « me », et non à Serpentard. Je ne comprends pas pourquoi cela vous affecte tant que je me sois levé. Et s'il s'agissait d'un besoin urgent à évacuer, devrais-je le faire en plein milieu de la table afin d'éviter de quitter la salle?

Le visage de Lestrange blêmit. Harry pouvait lire l'horreur sur ses traits : Lestrange se demandait s'il avait bien entendu son impudence. Étrangement, sa répartie ne réjouissait pas plus que ça Harry. Son vide intérieur était de nouveau là, absorbant toutes ses émotions négatives comme positives. Il l'observa alors, les yeux en demi-lune.

— Que… que viens-tu…

Jedusor leva la main, coupant le sifflet de Lestrange. Puis, d'une lenteur calculée, il s'avança vers Harry, le dominant de toute sa taille. Il avait assurément une tête de plus que lui. Harry dut lever le menton pour affronter son regard.

— Impertinent comme un Gryffondor, à ce que je vois, souffla Jedusor d'une voix étrangement suave. Est-ce la raison de ton interminable répartition? Le Choixpeau semble avoir fait une terrible erreur en t'admettant à Serpentard.

Harry ne put retenir un sourire en coin. Son sang se mit à bouillir.

— Lorsqu'une personne possède de nombreuses qualités, je crois qu'il est tout à fait normal que le Choixpeau prenne le temps de les décortiquer afin de faire un choix judicieux. Il a dû longuement lire en moi, répliqua-t-il avec insolence. Mais qu'en est-il de toi? Je suis certain que le Choixpeau a seulement effleuré le sommet de ton crâne avant de s'exclamer : Serpentard!

Les yeux de Jedusor s'enflammèrent. Il n'était certainement pas habitué à se faire rétorquer de la sorte. Harry devait se calmer. Son attitude envenimaitle climat et cela ne l'aiderait guère à mieux analyser Jedusor dans l'optique de l'assassiner. Il pencha alors la tête pour donner une impression de regret, de soumission.

— Mais vous avez raison, j'ai beaucoup à apprendre, marmonna-t-il. Je vais devoir m'acclimater. J'ai vécu des événements particulièrement traumatisants dernièrement... Je connais très peu les règles sociales. Et j'avoue être quelque peu perdu.

Il se retint de renifler. Il détestait son attitude actuelle, mais il devait marcher sur sa fierté afin de ne pas ruiner ses chances de mieux comprendre son ennemi. Il releva lentement la tête et surprit Jedusor à l'étudier une fois de plus avec une attention troublante, comme s'il cherchait à décomposer chacune de ses cellules. Harry ne put s'empêcher de détourner le regard, préférant fixer à nouveau le sol. Il en profita pour solidifier ses barrières mentales. Jedusor ne devait pas pénétrer son esprit. Sans s'y attendre, de longs doigts fantomatiques glissèrent sous ses yeux, comme s'ils voulaient lui agripper le menton. Jedusor cherchait-il à relever son visage afin de mieux le scruter? Afin de mieux utiliser la Legilimens? L'horreur lui noua le ventre. Harry se recula, évitant tout contact. C'est comme si un feu venait de le brûler.

— Je n'aime pas être touché, répéta-t-il, les dents serrées.

Un long silence s'installa, comblé par la colère sourde de Jedusor. Sa magie s'anima et Harry serra les poings afin de résister à cet appel puissant.

— Très peu de chances sont accordées à Serpentard, Evens, menaça alors Jedusor d'une voix sifflante. Sache que tu en as perdu une ce soir avec ton attitude méprisante.

Harry serra davantage les poings, se mordit l'intérieur de la joue. Pour qui se prenait-il? À sa grande surprise, il réussit à maintenir son silence.

— Tu peux disposer, soupira-t-il d'un balayage de main.

Incroyable… Jamais Harry n'avait subi ce genre d'insulte auparavant. Vraiment, Jedusor congédiait des comparses de Serpentard d'un mouvement de main? Harry entra dans la Salle commune avant de commettre une autre provocation stridente. Il marcha d'un pas rapide, sans examiner le décor, ignorant les visages qui se fixèrent sur lui. Il savait déjà la pièce froide et lugubre, puisqu'il l'avait visité en deuxième année pour interroger Malefoy, et chercha plutôt le chemin menant aux dortoirs, ce qui fut un peu plus compliqué. Contrairement à Gryffondor, aucune tour n'accueillait les chambres, mais plutôt de longs corridors verdâtres où la luminosité rappelait de la vase. Il laissa sa magie le guider afin de retrouver la trace de ses effets scolaires. Il s'arrêta devant une porte sombre au bois massif, où l'inscription argentée 6A y figurait. Derrière elle se trouvait son dortoir. Il devait agripper la poignée et la tourner afin d'y entrer, mais quelque chose l'en empêchait. Ce dortoir ne serait pas celui de Gryffondor, il ne détiendrait pas les couleurs chaleureuses qu'il affectionnait tant. Son estomac se tordit. Puis une grande fatigue l'envahit.

Les derniers mois avaient été épouvantables. Entre les attaques des Mangemorts, la mort de Dobby, la recherche des Horcruxes, la bataille de Poudlard, les cadavres de ses amis, il ne comprenait plus ses émotions. Celles-ci étaient emmêlées, s'empiétaient les unes sur les autres, un peu comme une pile de linge sale que l'on doit laver, sans savoir par où commencer. Et s'il n'avait pas d'émotions, un grand vide l'avalait. En y réfléchissant bien, seule l'idée d'en finir avec Tom Jedusor maintenait un semblant de vie en lui, une faible petite flamme qui titubait d'un léger espoir. Cette flamme, aussi minuscule qu'elle fût, le poussait à avancer. C'est ce qui l'avait entraîné dans le train blanchâtre de la Gare King's Cross.

Il échappa un soupir. Dumbledore avait encore réussi à exercer son influence sur lui, sur ses choix. Et maintenant qu'il était ici, à Poudlard en 1942, il ne pouvait qu'avancer avec l'espoir d'empêcher la mort de ses êtres chers. Certes, ceux-ci n'étaient même pas nés en 1942, mais ne rien changer apporterait le même résultat en 1998: un tapis de cadavres entre les murs de Poudlard.

Il poussa finalement la porte de son dortoir et observa les environs. Il y avait quatre lits à baldaquin, en noyer, aux rideaux argentés et tapissés de filaments émeraude. Des draps lustrés recouvraient l'ensemble des lits dans une symétrie parfaite, presque irréelle. Chaque lit possédait une table de chevet, une commode et un coffre, qui agrémentait l'ensemble de l'œuvre aux pieds du sommier. Tout en rondeur, un immense tapis moelleux aux teintes typiques de Serpentard égayait le sol de pierres. C'était l'élégance même.

La luminosité, quant à elle, était quelconque. Harry avait une fois de plus l'impression de naviguer dans une bulle d'air verdâtre, sous l'eau. Même ses oreilles saisissaient les sons ambiants de façon étouffée, comme lorsqu'il avait plongé dans le lac lors du Tournoi des Trois Sorciers. Sur un mur se trouvait une baie vitrée qui laissait apparaître une vision tout à fait incongrue pour un paysage sous-terrain : un banc de poissons. Hébété, Harry cligna des yeux. Il s'avança doucement vers la vitre et l'étudia avec attention. La salle commune de Serpentard se trouvait réellement sous le lac! Du moins, les dortoirs. S'il plissait les yeux, il devinait l'ondulation de quelques algues. Cette vision provoqua une nouvelle émotion en lui: la fascination. Il ne pouvait nier qu'il y avait une certaine beauté à visualiser comme bon lui semblait les fonds marins. Mais ce sentiment disparut tout aussi rapidement, laissant le vide un peu trop connu l'envahir à nouveau.

Alors qu'il se retourna afin d'inspecter les lits pour déterminer le sien, la porte s'ouvrit. Declan pénétra les lieux d'un pas conquérant et alla immédiatement trier ses effets personnels sur son lit afin de tout bien ranger selon un ordre particulier.

— Nous sommes dans le même dortoir? questionna Harry, les sourcils froncés. N'es-tu pas en septième année?

— Oui, et alors? répondit-il comme si Harry était un idiot. À Serpentard, nous mélangeons les années afin de continuer à maintenir notre esprit d'unicité. Et si la discorde survient dans un dortoir, nous n'hésitons pas à en changer. C'est comme ça.

Étrange comme façon de fonctionner, mais Harry ne trouvait pas l'idée tout à fait insensée. Après tout, rester avec les mêmes camarades de chambre pouvait occasionner des divergences d'opinions difficiles à gérer. Et lorsque la situation dégénérait, l'ambiance entière du dortoir s'assombrissait et impactait l'ensemble des locataires. De plus, chaque personne évoluait. On pouvait très bien s'éloigner après un rapprochement ou vice-versa. Par contre, ce fonctionnement avait ses aspects négatifs: il était peut-être un peu trop facile de fuir lorsqu'un problème se présentait.

Harry trouva finalement son lit, près de la baie vitré se sentit léger à l'idée de pouvoir se plonger à tout moment dans les fonds marins. Les elfes de maison avaient rangé ses effets personnels dans son coffre. Il changea certains objets d'endroit, préférant mettre ses volumes scolaires dans sa table de chevet et ses vêtements dans la commode. Il possédait peu de choses dans ce passé, mais certaines demandaient une protection particulière pour éviter de se faire voler ou bien détruire. Pour le moment, il garderait le sac d'Hermione sur lui et s'occuperait éventuellement de mettre des protections sur le coffre au pied de son lit afin d'en assurer la sécurité. Personne ne devait trouver les reliques, surtout pas Jedusor.

La porte s'ouvrit de nouveau sur un jeune homme aux cheveux presque blancs. Il pénétra le dortoir d'un air suffisant. Il salua Declan d'un hochement de tête, puis renifla avec dédain lorsqu'il vit Harry.

— J'espérais ne pas partager mon dortoir avec un Sang-de-Bourbe, mais il faut croire que cet espoir n'est qu'une partie remise.

Harry fit la sourde oreille. Répondre à cette provocation ne lui apporterait rien de bon, surtout après sa dernière confrontation avec Lestrange et Jedusor. Que ce soit à son époque ou maintenant, il jouait de malchance: il devait se coltiner un autre Malefoy… Il s'installa sur son lit et tira plutôt les rideaux pour protéger son intimité. Après quelques sorts de protection et un Silencio, son corps se détendit enfin. Il enfila son pyjama et retira le sac d'Hermione. Il y plongea la main afin de partir à la recherche d'un élément particulier: l'album photo de ses parents. Il le feuilleta, la gorge nouée, jusqu'à tomber sur un souvenir de Ron, Hermione et lui, sous le Saule pleureur du lac. Leur visage était illuminé par la joie et l'insouciance. Cette époque lui manquait. Cette époque de bonheur avant les grandes tragédies.

Ce fut avec les larmes aux yeux qu'il sombra dans le sommeil.


Et voilà! On se revoit au chapitre 3.