-Maman ! Agatha m'a brulé le bras !

Le petit Georges déboule en criant dans la cuisine où sa Mère est occupée à préparer le repas.

-Georges, calme toi et arrête d'embêter ta sœur. Et fais-moi voir cette atroce blessure.

-M'man, moi c'est Louis. Et tu prétends encore être notre Mère. Regarde, elle m'a brûlé, j'ai le poignet tout rouge !

-Encore du cinéma, je me demande ce que vous avez tous les trois aujourd'hui. Et votre grand-mère qui va arriver d'une minute à l'autre. D'ailleurs je l'entends qui se gare. Va lui ouvrir, soit gentil, Louis.

-D'accord, mais en fait moi c'est Georges – fait il en éclatant de rire.

Allison reste un instant les bras ballants tout en se demandant ce qui va bien encore pouvoir ce passer.

Pétunia a à peine le temps de passer la porte que Louis et Agatha dévalent l'escalier pour se joindre à leur frère pour lui sauter au cou et l'étouffer de baisers

Le temps qu'Allison prépare le thé, Pétunia s'est assise dans le salon, dos à l'entrée et au placard sous l'escalier qu'elle a regardé un bref instant avant de détourner le regard, gênée. Une fois le plateau posé sur la table basse du salon, et le thé servi, Pétunia reste silencieuse de longues minutes, tournant machinalement son thé, oubliant qu'elle ne l'a pas sucré. Elle va pour ouvrir la bouche quand son attention est attirée par une chouette qui vient de se poser sur le rebord de la fenêtre.

-Cette chouette est magnifique, n'est-ce pas ? C'est drôle qu'elle sorte en plein jour, et si proche des humains – Puis elle se tait comme plongée dans ses souvenirs. Après quelques instants, elle prend une grande inspiration comme avant de plonger et commence.

-J'aurais peut être dû te parler de tout çà bien plus tôt, peut-être même avant votre mariage, mais je ne voulais pas détruire votre bonheur. Et maintenant c'est encore plus dur, parce que c'est vous et les enfants que cela concerne. – Elle fouille dans son sac et sort un petit album relié de cuir rouge et l'ouvre sur la photo de Lily tenant un petit garçon dans ses bras, un jeune homme à ses côtés, les cheveux en bataille. Elle écrase une larme avant de poursuivre – Je la traitais de monstre alors que c'était moi le monstre. J'étais jalouse d'elle, folle de jalousie. Lui – montrant le jeune homme aux cheveux en bataille – c'est James. Il était comme elle. Et le bébé, c'est Harry.

-Harry ? C'est drôle, mais dans les jours qui ont suivi l'incident d'Agatha qui a quitté son centre aéré pour arriver devant votre porte, Dudley a eu un sommeil très agité, beaucoup de cauchemars. Vous me direz qu'il y avait de quoi. Mais à plusieurs reprises, même s'il s'en défend, il a appelé un certain Harry dans ses rêves. Ce Harry, est-ce que, ….. ?

C'est Pétunia qui finit la phrase.

-Est-ce qu'il l'a connu ? – Elle se mord la lèvre avant de poursuivre. – Oui, il l'a bien connu. Harry était comme ses parents et, j'ai honte de moi, je me suis pas comporté comme j'aurais dû le faire. Et aujourd'hui, …

-Calmez-vous Pétunia.

-Vous allez me détester. Ce placard, ….

-Le placard ? Celui-de l'escalier ? Celui que Duddy a condamné il y a des années. Il était pourtant bien pratique. Je n'ai jamais bien compris pourquoi il avait fait çà. En rigolant, je lui ai dit que cela pouvait être pratique pour enfermer les enfants quand ils n'étaient pas sages, mais, …

Elle est interrompue dans sa phrase par Pétunia qui éclate en lourds sanglots.

-Je ne sais pas s'il m'a pardonné ce que nous lui avons fait subir. Le Professeur Dumbledore nous l'avait confié et nous – Elle s'arrête un instant pour s'essuyer les yeux – nous l'avons fait dormir là pendant toutes ces années.

Les deux femmes sont interrompues par l'arrivée de Dudley

-Comment vont les deux femmes de ma vie ? - Il embrasse son épouse et reste un instant à l'arrêt avant de serrer Pétunia dans ses bras– je fais vite avec le menuisier et après, j'ai beaucoup de chose à vous dire à toutes les deux. Mais au fait, je n'entends pas les enfants.

-Partie de cache-cache. Et je crois qu'une fois de plus Agatha donne du fil à retordre aux jumeaux.

Derrière lui, un homme en bleu de travail attend dans le hall.

-Entre M. Granville, entrez ! Vous connaissez déjà mon épouse et, si vous avez travaillé sur le chantier lorsque mes parents ont acheté, vous devez vous rappeler de ma Mère.

-Avec quelques années en plus – fait Pétunia – comme heureuse de cette interruption.

De retour dans l'entrée, suivi par Allison et une Pétunia livide, Dudley explique au menuisier ce qu'il a prévu.

-Donc comme je vous disais, je fais une ouverture entre les deux logements. C'est Avery & Gladstone qui s'en occupe. Ils posent créent deux piliers et un IPN, et ensuite on abat le mur. J'ai prévu çà pendant les congés de la Toussaint. Mon épouse et les enfants seront chez ses parents. Ce sera moins gênant et comme çà je suis tranquille pour faire les finitions.

-Avery & Gladstone. Oui, choix judicieux M. Dursley. Ils sont peut-être un peu plus chers que leurs confrères, mais vu le travail à faire, on peut être sûr qu'ils ne vont pas mégotter sur la marchandise. Mais passons à ma partie.

-Oui, donc, en même temps que l'ouverture du mur, on refait l'escalier et j'avais prévu de l'élargir en condamnant le couloir qui n'aura plus d'utilité.

-Bon, çà me parait pas insurmontable. Par contre, il faudrait que vous m'ouvriez le placard que je vois comment on avait monté çà à l'époque. J'ai à peu près une idée de la chose, mais je ne voudrais pas vous dire de bêtises.

Dudley va pour se tourner vers son épouse pour réclamer la clé quand il réalisé que, la clé, il y a belle lurette qu'elle a disparue et que la porte est condamnée par deux lambourdes solidement clouées.

-Radical pour fermer un placard – fait le menuisier – J'espère que vous n'avez pas dissimulé un cadavre ou enfermé un enf…. –Le reste de sa phrase lui reste coincé dans la gorge lorsque Dudley lui jette rien de moins qu'un regard assassin.

-Vous disiez ? - fait Dudley tout en prenant un arrache-clou dans sa caisse à outils.

-Moi, euh, rien – fait M. Granville qui se sent rougir jusqu'à la pointe des cheveux et détourne le regard pour croiser celui de Pétunia qui est devenu on ne peut plus glacial.

Dudley s'escrime de longs instants avec le premier clou qui semble vouloir faire de la résistance. Enfin, celui-ci cède dans un grand craquement, Dudley se retrouvant propulsé contre le mur par la force de réaction.

-Un clou de 10, vous n'aviez pas fait les choses à moitié – fait M. Granville.

En quelques instants, les autres clous cèdent les uns après les autres et Dudley ouvre le placard, prend une inspiration, passe la tête et tâtonne un instant pour trouver l'interrupteur et allumer la vieille ampoule qui éclaire faiblement le placard. Ce qu'il découvre dans le placard lui fait pousser un hurlement d'horreur. L'espace d'un instant, il croit voir Agatha se retourner vers lui, comme terrorisée, puis disparaître soudainement.

-Aaaargh ! Le hurlement que pousse Dudley fait sursauter Allison, Pétunia et M. Granville et débouler les jumeaux tandis qu'il jaillit précipitamment du placard, se cogne violemment au passage contre le linteau, trébuche et s'affale contre le mur, reste prostré un instant avant de se diriger d'un pas incertain vers le salon où il ouvre le bar, prend la bouteille de Mac Allan, s'en verse une généreuse rasade et vide le verre cul-sec. Il va pour s'en servir un second verre lorsqu'il réalise que tout le monde le regarde d'un air inquiet.

-Euh -fait-il d'un air hagard - Agatha ? Elle est où exactement ?

Une petite voix se fait entre de derrière le canapé.

-Je suis là, Papa. Je joue à cache-cache.

Dudley se retourne et attrape sa fille qu'il sert fort dans ses bras avant de lui demander à voix basse, suffisamment basse pour que seule Agatha entende.

-çà reste entre nous. Mais j'ai eu des visions ou bien tu étais cachée dans le placard sous l'escalier ?

-Oui – fait Agatha d'une petite voix - mais je pensais pas que tu allais ouvrir et je n'arrivais plus à repartir, c'est pour çà que tu m'as vu. Mais dit moi, pourquoi tu l'avais fermé comme çà le placard ? Et puis, comment çà se fait que moi, j'arrive à faire çà, et pas mes frères?

A sa voix, Dudley peut sentir l'inquiétude de sa fille.

-Ce placard, je vais le supprimer, mais pas à cause de toi, je te le jure mon amour. Pour ce qui est de d'arriver à entrer dans ce placard et en repartir, disons que tu as certains talents. Mais pour l'heure, cela reste entre nous, d'accord ? Maintenant, remonte dans ta chambre et ne t'inquiètes pas. Il y a des choses que je dois expliquer à ta Mère et à Mamie.

-Ah propos de quoi ? De moi ? – fait-elle d'un air inquiet.

-Oui, à propos de ma fille adorée, de ma petite fée – puis après une pause – de ma sorcière bien-aimée. Allez, fait moi confiance mon trésor et monte dans ta chambre.

Une fois le menuisier parti, suivi par les jumeaux qui rejoignent d'autres enfants de leur âge en train de jouer au football, Dudley se retourne à temps pour apercevoir Majestic descendre les escaliers en catimini et aller se tapir sous le buffet. Une première tentative pour l'extirper de sa cachette se conclue par un coup de griffe. Après une autre vaine tentative pour amadouer l'animal, il réalise qu'il va falloir ruser. Avisant son épouse qui est retournée s'assoir dans le salon, il lui revient à l'esprit la peur qu'elle avait éprouvée à la vue d'un minuscule scarabée, et surtout la réaction de Majestic qui avait évacué l'animal illico-presto.

-Chérie, fais attention, tu as un scarabée sur ton épaule

Sa réaction ne se fait pas attendre, un cri strident qui résonne et Majestic qui jaillit de sa cachette avant de se faire attraper au vol par Dudley.

-Désolé de te cravater de la sorte, mon gros – fait Dudley au chat qui se débat furieusement – mais je n'ai pas besoin que tu ailles tout répéter à Agatha. Maintenant, dehors ! -Et il dépose le chat devant la porte qu'il referme aussitôt.

De retour dans le salon, Dudley reste un instant sur le seuil pour réfléchir à comment présenter la chose à son épouse. Il voit aussi le regard de sa Mère, lourd d'angoisse et d'inquiétude. Il s'assoit dans le canapé et va pour ouvrir la bouche mais c'est Pétunia qui le devance.

-Lily était une sorcière. Ils étaient tous les trois des sorciers, elle, son mari James et leur fils Harry. Et tout ce qui c'est produit avec Agatha ne doit rien au hasard. – elle éclate en sanglot - Je paye pour tout. Pour ma jalousie envers Lily, pour ma méchanceté envers Harry.

Dans son coin, Dudley baisse les yeux et se remémore toutes ces années où Harry était son souffre-douleur. De son côté, Allison regarde l'un et l'autre alternativement d'un air incrédule.

-Le placard que veux supprimer Dudley, c'est là que nous faisions dormir Harry. Et puis il y a eu toutes ces histoires à l'école et puis l'année de ses onze ans, nous avons reçu une lettre de l'école ou Lily avait fait ses études, Poudlard. Et maintenant, ma petite file adorée est une sorcière. Non ne faite pas cette tête Allison et laissez moi finir et après je m »en irais.

Allison va pour ouvrir la bouche mais Pétunia poursuit.

-Agatha est mon trésor et j'avoue que pendant toutes ces années, j'ai eu peur de comment j'allais réagir si elle était comme Lilly, James et Harry. Et puis l'hiver dernier, il y a eu la carte d'anniversaire qu'elle a faite pour Vernon avec les dessins qu'elle avait fait et qui s'animait quand la carte s'ouvrait. Vernon est totalement aveugle à la magie aussi je n'ai eu aucun mal à lui faire croire que la carte avait été faite avec un circuit électronique gérant l'affichage des dessins – Elle secoue la tête un instant. – Même après ce qui c'est passé pendant toutes ces années, il n'a toujours rien compris, le pauvre. Quand Harry a reçu sa lettre d'inscription à Poudlard, la visite d'un géant, et puis Harry qui a transformé Marge en ballon et puis le professeur Dumbledore qui nous a mis sous la protection d'un groupe de sorcier. Il aurait dû comprendre.

En tout cas, maintenant, il sera bien obligé d'accepter. Ma petite fée est une sorcière. Je suis fière d'elle et je suis sûre que Lilly aurait été fière d'elle.

- Alors, tous ces mystères, tous ces blancs que j'ai trouvé du côté Evans, c'est çà. Tenez, regardez pour Lily, il y avait quelque chose qui m'intriguait depuis un moment. Fatalité, j'ai une de mes cousines qui travaille à l'état civil à la mairie de Cokeworth Elle m'a fait une copie de son acte de naissance. Tenez, regardez ! C'est curieux, vous m'aviez bien dit qu'elle était morte dans un accident de voiture ? Et pourtant, il n'y a aucune mention marginale de son décès.

Pétunia reste un instant silencieuse avant de poursuivre.

-Et pou cause, les sorciers sont leur propre état civil. – Elle sort un parchemin frappé de divers sceaux – mes parents ont reçu ce document quelques semaine après leur mort. Assassinés, Lily et James ont été assassinés le soir d'Halloween 1981. Seul Harry a survécu, avec une cicatrice au front. Il a quitté notre maison le jour de ses 17 ans. Les sorciers qui nous protégeaient nous ont dit par la suite qu'il avait tué leur assassin. Et je ne sais même pas ce qu'il est devenu après tout çà.

Allison reste songeuse de longues minutes, sonnée de ce qu'elle vient d'apprendre, de tout ce qu'elle comprend, de ce qu'elle croit comprendre et aussi de tout ce qu'elle craint. Tous aussi sonnée, Pétunia c'est levée et est passée sur la terrasse. Perdue dans ses pensées, comme bercée par le bruissement des feuilles, elle suit machinalement du regard deux jeunes chatons qui font les fous.

-C'est donc çà – fait Allison qui l'a rejoint. Elle tient dans ses mains un des albums de photos avaient apportés lors de sa précédente visite, et un petit livre relié de cuir noir – « Histoire de la magie en Angleterre expliquée aux moldus ». On y parle de Harry, c'est bien Potter son nom, et de l'assassin de ses parents, un certains Lord Voldemort. Au départ, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un livre d'Héroïc-Fantasy, et puis je suis tombé sur cet album parmi ceux que vous nous avez apporté le jour où Agatha a quitté le centre aéré pour se retrouver devant votre porte, à 300 km de Little Winging.

- Ebenezer Marmaduke Evans, le magicien et sa tournée chez les moldus. – Elle ouvre l'album et sort la coupure de la Gazette des Sorciers – Les moldus, c'est nous quoi. Les gens norm…. – Elle s'interrompt devant l'horreur de ce qu'elle allait dire – Non non non, ma fille est normale. Nous sommes tous normaux, elle a simplement certains talents, c'est çà, hein, elle a certains talents – fait elle dans un éclat de rire quasi hystérique avant de fondre en larmes – C'est ma fille, et sera une excellente sorcière j'en suis sûr, tout comme l'était Lily.