Une fois la porte d'entrée refermée, tout le monde se dirige vers le salon. Tout le monde ? Non. Car si Harry, Ginny, Dudley et Allison ont bien rejoint Pétunia dans le salon, Vernon, lui, reste immobile de longs instants dans le hall d'entrée avant d'ouvrir à nouveau la porte et ressortir sur le pas de la porte. Comme hanté par ce qui c'est passé quelques minutes auparavant, il laisse la porte entrouverte, regardant alternativement sa voiture puis l'escalier par où a déboulé Agatha. Les yeux dans le vague, il se remémore le fil des évènements. La lame de couteau qui brille à la lueur des lampadaires, le hurlement d'Agatha, les lampadaires qui s'éteignent soudainement et Piers Polkiss qui se retrouve propulsé contre un arbre, la main inexplicablement collée au manche de son couteau.

Après quelques instants passés à errer entre le porche de la maison et la clôture, il entreprend d'examiner le tronc de l'épicéa marqué de la profonde encoche laissée par le couteau. Il s'accroupit et passe la main sur le tronc tout en marmonnant : « C'est quand même bizarre que la lame se soit plantée dedans comme si c'était du beurre. »

Son comportement parait suffisamment inhabituel pour qu'un voisin l'interpelle.

-« Vernon ? Vous allez bien ? Ma femme m'a dit ce qui c'est passé tout à l'heure. Ce petit salopard de Polkiss a encore fait des siennes à ce qu'il parait. En tout cas, il a eu ce qu'il méritait. Et si son Père avait rempli son rôle, nous n'en serions pas là, moi j'vous l'dit. ….. »

Pour la première fois de sa vie, Vernon, qui pourtant était toujours le premier à commenter les mœurs et turpitudes réels ou supposés de ses contemporains, n'a aucune envie d'entendre le discours moralisateur de son ex-voisin.

-« Ah, et puis ma femme m'a dit que vous aviez de la visite, et qu'il lui a semblé que c'était votre neveu que vous disiez qu'il était perturbé, …. »

Et là, cette fois Vernon n'en peut vraiment plus et coupe brusquement son voisin qui d'un coup lui devient proprement insupportable.

-« Ecoutez, mon vieux ! Mon fils reçoit qui bon lui semble. Et en l'occurrence, oui il s'agit de mon neveu ! Et pour votre gouverne, il n'est pas perturbé ! Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, suis-je assez clair ? Maintenant, bien le bonsoir ! Et il rentre brusquement, plantant là le voisin et ses commentaires »

Une fois la porte refermée sur le voisin qui reste interdit sur le trottoir, Vernon s'appuie un instant contra le porte, ferme les yeux et respire profondément. Dans sa tête, les évènements qui viennent de se produire se bousculent. Et pour tout dire, il sent bien que toutes les certitudes qu'il avait jusqu'à présent sont en train de voler en éclats, les unes après les autres. Et, plutôt que de rejoindre tout le monde dans le salon, c'est à un peu de calme qu'il aspire et il monte à l'étage où ses pas le mènent à la chambre d'Andrew. Le silence de la chambre est seulement troublé par le doux bruit de la respiration de l'enfant qui dort paisiblement dans son petit lit. Après avoir regardé de longs instants son petit-fils, Vernon approche doucement le fauteuil du lit et s'y installe. Confortablement callé dans les coussins, il ne tarde pas à s'assoupir, bercé par le rythme paisible de la respiration de son petit-fils.

Il a l'impression d'avoir dormi toute une nuit lorsqu'un toc-toc-toc et la voix de Pétunia le réveillent. Un bref coup d'œil à sa montre lui apprend qu'il a dormi près de deux heures et il se sent un autre homme, en pleine forme pour affronter ce qu'il sait maintenant être inéluctable.

-« Si tu veux bien descendre au moins pour manger le dessert, Vernon, les jumeaux ont déjà mangé le leur et Allison vient de les envoyer se coucher. Demain ils se lèvent tôt, ils ont leur match. »

Sur le palier, il croise sa belle-fille et à Ginny qui palabrent à voix basse.

-« Je pense qu'ils vont s'endormir en trente secondes. Ils ont fait les fous toutes la journée et demain ils se lèvent tôt, mais j'ai si peur qu'ils comprennent ce qui se passe. Ils s'entendent si bien tous les trois que je m'en voudrais si le fait qu'Agatha est une sorcière les sépare »

A côté d'elle, Ginny sort sa baguette et tapote doucement la poignée de la porte sous le regard incrédule de Vernon qui s'est arrêté entre deux marches avant de secouer doucement la tête puis descendre rapidement les dernières marches.

- « Cà, c'est un autre problème, même si je pense que Pétunia, Dudley et toi saurez comment gérer la situation. Vous n'êtes pas comme n'importe quelle famille moldue. Vous savez ce qu'est la magie. Et puis, je pense que Pétunia a réalisé ce qu'elle a perdu quand sa sœur est morte. Pour ce qui est de tes sportifs, je vais faire en sorte qu'ils n'entendent rien et qu'il ne leur vienne pas l'idée de descendre. « Assurdiato ». Avec çà ils n'entendront rien de ce qui ce passe en dehors de la chambre. « Footbalisto repellio ». Cà, c'est au cas où il leur viendrait l'idée de sortir de leur chambre. J'aurais pu jeter un classique sort repousse-moldu, mais toute ta famille aurait été ciblée. Là, j'ai fait une variante d'un sort que j'utilise quand les enfants doivent impérativement se coucher »

Arrivé dans le séjour, la première chose que remarque Vernon Dursley, c'est la connivence qui semble s'être installée entre Agatha et Lily. Les deux fillettes se sont installées devant la cheminée et sont en pleine discussion. Les quelques mots que Vernon arrive à saisir ne lui laissent guère de doutes sur la suite des évènements.

-« Moi aussi, j'ai comme dit ton Père des talent spéciaux. Regarde ! ». Du coin de l'œil, Vernon voit le vase de fleurs posée sur la table du salon se déplacer.

-« Ca veut dire quoi ces ces talents spéciaux ? », fait Agatha quelques peu inquiète. « Tu sais, depuis cet été et la fois où je me suis retrouvée soudainement devant la porte de Papy et Mamy, à 300 kilomètres d'ici, Papa n'est plus le même. Oh, pas dans le mauvais sens, non. Il fait vachement plus attention à moi, à sa petite sorcière bien-aimée comme il dit. C'est drôle ce surnom qu'il m'a donné, hein ? Ma sorcière bien-aimée, c'est le nom d'un vieux film, çà je le sais. Mais bon, je sais pas pourquoi il m'appelle comme çà. Et puis, les horribles, je sais pas. D'après toi, eux aussi ils peuvent avoir ses talents spéciaux ? »

Autour de la table de la salle à manger, Dudley, Pétunia, Harry et Ginny sont eux aussi en grande discussion. Une fois Vernon installé, Dudley et Harry se regardent un instant avant que ce dernier ne face un discret signe de la tête, l'air de dire « Maintenant, c'est à toi de jouer, Big D ». Dudley prend une profonde inspiration avant d'appeler les filles à revenir à table. Une fois tout le monde installé autour de la table où trône une superbe charlotte aux violettes, spécialité de Pétunia, Dudley reste un instant silencieux puis il se jette à l'eau.

-« Agatha, avant tout, je voudrais te dire combien je suis fier, combien nous sommes tous fiers de toi, de ce que tu as fais ce soir quand Piers a essayé de voler la voiture de Papy. Je voulais te dire,… »

-« Moi ? » fait Agatha qui se sent rougir jusqu'à la pointe des cheveux « Mais C'est Majestic qui m'a prévenu. Après j'ai juste alerté Papy, j'ai rien fait d'autre de spécial. Mais pourquoi vous me regardez tous comme çà ? ».

C'est au tour de Lily de prendre le relais.

-« Non, c'est vrai, il ne c'est rien passé de spécial, oh non ma vieille. T'as juste éteint la moitié des réverbères de la rue en criant et fait voler ce M. Piers jusque contre un arbre et si j'ai tout bien suivi, il ne pouvait plus défaire sa main du manche de son couteau. » Fait-elle avec un grand sourire. « Il va falloir t'y faire, tes talents spéciaux comme dit ton Papa, c'est de famille. Tu es, ….. »

Sur un regard impératif de Harry, la petite Lily se tait, mais à l'éclat qui brille dans ses yeux, tout le monde sent qu'elle est on ne peut plus heureuse de se qui se passe. Dudley enchaine enfin.

-« C'est simple, ma chérie. Tout comme ta grand-tante Lily a qui tu ressembles tant. Comme son fils, mon cousin Harry, comme son épouse Ginny comme sa fille ici présents », il marque une pause tout en se disant pour la millième fois que tout ce qui lui arrive est quand même un drôle de retour de bâton après tout ce qui c'est passé, puis il se lance finalement « Voilà, tu es une sorcière. Ce qui c'est passé l'été dernier, ta capacité à te transporter instantanément d'un endroit à l'autre, le fait que tu comprennes les chats quand ils te parlent et qu'ils te comprennent, tout ce qui c'est passé ce soir, …. »

-« Une sorcière ? » fait Agatha d'une petite voix tandis que son regard interrogatif se pose sur tous les visages tournés vers elle. Sa cousine Agatha dont le sourire rayonnant la rassure quelque peu. Harry et Ginny tout sourire, Pétunia qui ne peut s'empêcher d'écraser une larme avant de se lever et la serrer très fort dans ses bras. Ses parents, tout sourire eux aussi, et surtout son père dont le regard rempli de fierté la rassure définitivement. .Mais ce qui la surprend et qui surprend tout le monde, c'est Vernon qui semble gêné, qui ne sait pas comment réagir et qui finalement esquisse un sourire avant de faire un clin d'œil à sa petite fille qui, la voix un peu plus assuré ne peut s'empêcher de poser la question qui lui brule les lèvres : « Mais, les sorcières, je croyais que c'était méchant. Comme la belle-mère de Blanche-Neige. Pourtant, ta sœur Mamy, elle était pas méchante, non ? Et toi Lily, t'es une sorcière mais je m'entends déjà mieux avec toi qu'avec mes autres cousins que je connais depuis toujours, et tes parents, si papa les a invités, c'est qu'ils ne sont pas méchants, non ? »

C'est Harry qui lui répond : « Les sorciers, vois-tu, ne sont pas différents des non sorciers. Tu en rencontreras aussi bien des gentils que des méchants. Tous différents avec leur caractère, leur personnalité. Mais plus que tout, les sorciers font en sorte que les moldus, les gens qui n'ont pas de pouvoirs magiques si tu préfères, ignorent leur existence.

-« Donc, mes cousins, …. ». Elle s'interrompt d'un coup. « Mince ! Et mes frères, qu'est-ce qu'on va leur dire si c'est censé rester secret que je suis une sorcière ».

-« Vos parents » fait Pétunia qui a finit de sécher ses larmes « Vos parents vous expliquerons que vous êtes nos trésors et que vous avez tous vos qualités. Et que sorcier ou pas, nous vous aimons tous, çà je peux te l'assurer. Et puis ce sera un sacré secret que tu partageras avec tes frères. Et çà, je suis sur que inséparables comme vous êtes, cela renforcera encore plus votre lien. »

Vernon reste un instant silencieux avant de finalement se lever et de marmonner à Dudley un « je reviens de suite. Autant faire les choses dans les règles ». Puis il se dirige fers la porte qui mène à la cave. Quelques instants plus tard, il est de retour avec une bouteille poussiéreuse à la main. Une fois dans la cuisine, il sort un saut à champagne d'un placard, le rempli de glace et y pose délicatement la bouteille puis apporte le tout sur la table.

-« Piper Heidsick demi-sec 1981. Je savais bien qu'il en restait une bouteille. C'est mon cousin Hugh qui m'en avait ramené une caisse quand il vivait en France. Je pense que l'occasion est tout indiquée pour l'ouvrir et boire à la santé de ma petite-fille, à la santé de – il marque un pause – de notre petite sorcière. »

En face de lui, Harry est cette fois vraiment décontenancé. Que son oncle lui ait demandé de protéger toute la famille, il avait réussi à le comprendre. Mais là, il est sonné pour le compte et reste bouche-bée. Pendant ce temps, Vernon a débouché la bouteille, rempli les coupes des adultes, et servi un fond de verre aux deux fillettes

-« A Agatha » fait Vernon en levant sa coupe à l'adresse de sa petite fille, aussitôt imité par tout le reste de la famille. « Oui, à Agatha, ma petite sorcière. Tu es une Dursley, Tu sais, je ne suis pas fortiche pour les discours mais je voudrais dire quelques mots. Mais donc, tu es une Dursley, alors quoi que tu fasses, fait le bien pour faire honneur à ton nom. Vois-tu, quand j'ai commencé à fabriquer des perceuses, mon Père m'a dit que je prenais des sacrés risques à vouloir fabriquer ces machines que les chinois fabriquaient pour une poignée de pois chiches. Il m'a dit que je pouvais échouer. Mais il m'a surtout dit qu'il ne me reprocherait jamais un éventuel échec, sauf si je n'avais pas donné le meilleur de moi-même. Ton Père, même si je n'approuvais pas sa décision, je lui ai tenu à peu près le même discours quand il s'est engagé dans l'armée. Idem quand après avoir quitté l'armée pour venir travailler avec moi, il a voulu a tout prix qu'on se mette à faire toutes ces machines pour salle de sport. Alors toi aussi, fait honneur à ta famille et donne le meilleure de toi-même ». Il s'arrête alors un instant, comme s'il cherchait les mots exacts pour exprimer les pensées qui se bousculent dans son esprit. Son regard croise alors celui de Pétunia qui lui sourit doucement. « Et puis fait aussi honneur à, ….., Lily, à ta grand-tante. Elle serais fière de toi, enfin c'est ce que je pense ».