Le lendemain matin, Vernon et Dudley se sont levé aux aurores pour accompagner Georges et Louis. Aujourd'hui est une grande journée pour eux. L'équipe des U9 de Little Winging joue la finale retour du championnat U9 du Surrey, contre l'équipe d'Effingham Junction et la victoire est synonyme de qualification pour le Tournoi National qui se jouera au printemps. Mais hélas, Georges et Louis ne sont pas titulaires et les Dursley père et fils se morfondent dans la petite tribune qui les protège plutôt mal que bien de la pluie qui tombe doucement.

-« Je voulais te dire. Hier soir, quand je me suis occupé de faire manger Andrew, il s'est produit quelque chose de bizarre. Je sais qu'il est patraque, ta chère et tendre me la redit parce que çà m'inquiétait. Mais quand j'ai voulu le faire manger, pas moyen. Je veux dire, on aurait dit que la fourchette refusait de s'approcher de sa bouche. Un coup à gauche, un coup à droite. Elle m'a même glissé entre les doigts pour finir par terre. Et pourtant je te garantis que je la tenais serré cette damnée fourchette. Et le bougre, çà le faisait rudement rigoler. Alors, tu vois, je me demande si lui aussi par hasard, il aurait pas attrapé çà ».

-« Calme-toi, Papa. Combien de fois faudra qu'on te le répète. » Il s'interrompt un instant afin de s'assurer que personne n'entend leur conversation. « La magie n'est pas une maladie. C'est simplement dans les gênes, il va falloir que tu t'y fasses. Simplement, à un moment, il y a eu des sorciers du côté Evans. Pour des raisons qu'Harry serait plus à même de t'expliquer, cette magie se perd pour réapparaitre quelques générations plus tard. Cette magie a simplement refait surface deux générations plus tôt chez la sœur de Maman, c'est tout ».

-« Que je m'y fasse. Facile à dire. J'ai pas encore fini de digérer le fait qu'Agatha soit » il marque un pause comme si les mots avaient du mal à passer « qu'Agatha soit une sorcière. J'ai pas fermé l'œil de la nuit tellement j'ai repensé à tout ce qui c'est passé. Et pas seulement ce qui s'est passé hier soir. Marge parlait toujours d'histoires de gênes avec ses clébards. Quand je pense aux horreurs qu'elle a dit à, qu'elle à dit à ton cousin. Tu sais, je ne suis pas fier de moi ». Il s'arrête un instant et regarde le terrain en grommelant. « Il faut dire que ce James, le mari de Lily, il avait une conception de l'humour assez spécial » puis comme si de rien n'était il enchaine. « J'aimerais quand même que ce bon à rien d'entraineur fasse entrer les artistes. Après tout, ils ont super bien joué au match aller »

-« Oui, mais vu qu'ils ont raté les derniers entrainements à cause de la gastro, logiquement il a fait jouer je jeune Tennison au poste d'avant-centre et le petit Llewellyn dans les cages. Note que pour l'heure, ils se défendent plutôt bien ».

-« Ouaih » fait Vernon en regardant sa montre. « N'empêche qu'il ne reste que six minutes. Il faudrait qu'ils songent à marquer un but s'ils veulent gagner ».

Pendant ce temps, les jumeaux se sont levé du banc de touche et semble s'échauffer tout en se concertant à voix basse.

En quelques instants, le jeu s'est fixé dans la surface de réparation de Little Winging où les joueurs d'Effingham Junction semblent être à deux doigts d'ouvrir le score.

Nouveau corner, et cette fois deux joueurs de Little Winging tombent au sol le visage ensanglanté. Au milieu des joueurs des deux équipes qui luttaient pour reprendre le ballon de la tête, Tennison et Llewellyn se sont cognés violement la tête l'un contre l'autre. Dans la confusion générale, un des défenseurs expédie le ballon en corner afin d'arrêter le jeu tandis que les soigneurs entre précipitamment sur le terrain.

Sur le banc de touche, les jumeaux exultent et défont en vitesse leur survêtement. Louis se tourne vers la tribune et cherche son Père du regard, lui fait un grand sourire ponctué des deux pouces en l'air, puis se tourne vers son frère et lui tape dans la main avant et d'entrer sur le terrain, vite rejoint par ce dernier.

Dudley regarde machinalement sa montre et fait signe à son Père.

-« Plus que deux minutes, çà va se jouer aux tirs aux buts »

Pendant ce temps, les joueurs de Little Winging ont enfin réussi à desserrer l'étau offensif de leurs adversaires et repasser la ligne médiane. Mais la passe qu'un de ses co-équipiers fait à Georges est si imprécise qu'elle file tout droit dans la direction d'un défenseur adverse. Soudain, à la grande surprise de Dudley et Vernon, le ballon fait un brusque écart, comme détourné par le vent et fini dans les pieds de Georges qui met toutes ses forces dans un furieux coup de pied. Le ballon slalome littéralement entre trois défenseurs avant de filer droit sur le gardien qu'il esquive au dernier instant pour aller se loger dans la lucarne.

Sur le banc et autour du terrain, les spectateurs ovationnent Georges qui traverse le terrain en courant pour sauter dans les bras de son frère. Dans la tribune, Dudley et Vernon se regardent un instant.

-« Joli frappe » fait Vernon avant de continuer un brin gêné « Euh, en plus le vent à donné une trajectoire plutôt vicieuse au ballon. En tout cas, cette fois c'est bon. A moins que Louis n'encaisse un but casquette dans la petite minute qui doit rester ».

Dudley n'a pas fait attention à la remarque de son Père et s'époumonent pour encourager ses fils. Sa voix monte d'un cran lorsqu'il réalise que Louis s'est posté très en avant des ses cages, trop même, presque à l'entrée de la surface de réparation.

-« Recule-toi, andouille ! Tu vas te faire lober »

Et ce qui devait arriver arrive. Les joueurs d'Effingham Junction se jettent à l'attaque avec l'énergie du désespoir. S'ils arrivent à marquer, ils sont assurés d'être qualifié grâce au but marqué à l'extérieur et un de leur joueur a levé la tête et remarqué le mauvais positionnement de Louis. Des 40 mètres, avec, lui, l'aide du vent qui souffle dans son dos, il donne un grand coup de pied dans le ballon pour lober Louis.

Le ballon prend inexorablement le chemin des cages de Little Winging lorsque Louis se décide à réagir. Après avoir reculé de deux pas et alors que le ballon semble devoir finir à coup sur sa trajectoire au fond des filets, il se jette en arrière, et comme en lévitation, capte le ballon du bout des doigts a une poignée de centimètres de la ligne de but.

Tandis que l'arbitre siffle la fin de la partie et que tous les joueurs de Little Winging se congratulent, Dudley regarde son Père avec un sourire en coin.

-« Bon et là, P'pa, qu'est-ce qu'on dit ? Que c'est le vent qui a fait voler Louis sur dix mètres, ou bien, …. » fait Dudley.

-« Ou bien » fait Vernon qui ne sait plus trop comment réagir « On va dire que tu as fait un grand chelem et que moi, et bien, je suis le roi des cons et que je ne sais pas s'il reste des bouteilles de Piper Heidsick demi-sec de 1981 à la cave »