Du sommet le plus élevé de la ville, il contemplait le coucher de soleil, les yeux perdus dans l'immensité de l'horizon. En quatre ans, ses pensées n'avaient jamais été aussi limpides. Pour la première fois de sa vie, il agissait selon sa propre volonté, affranchi des injonctions de son père, de ses professeurs ou de la Garde. Il détourna la tête en entendant la porte s'ouvrir, accueillant d'un signe son beau-père, venu à leur rendez-vous.
— Désolé de vous avoir fait attendre. Vous savez ce que c'est : on salue quelqu'un dans l'ascenseur, et ça finit en réunion improvisée dans le couloir, s'excusa Inoïchi avec un sourire.
— Je profitais de la vue,répondit Sasuke pour le rassurer.C'est sans doute la plus belle de Neo-Tokyo. Vous êtes un homme chanceux.
— En effet, concéda le Yamanaka avec une pointe de fierté. Peut-être qu'un jour, ce bureau sera le vôtre, qui sait ? ajouta-t-il, son regard scrutant la réaction du jeune, avez-vous déjà envisagé de quitter la Garde ?
La question surprit le colonel, qui haussa légèrement les sourcils avant de répondre :
— Pas vraiment…
Inoïchi fronça les lèvres, comme pour contenir une pointe d'agacement.
— Vous êtes brillant, Sasuke. C'est un gâchis de vous voir perdre votre potentiel à pourchasser des monstres de bas étage.
Un sourire en coin se dessina sur le visage du jeune Uchiha.
— Merci pour le compliment. Mais chez les Uchihas, on devient général de père en fils, vous le savez.
Le Yamanaka esquissa un sourire calculé.
— Et vous avez un frère aîné qui, à mon avis, s'en sortira très bien.
Sasuke sentit une ombre traverser son expression, mais il se reprit vite.
— Vice-général me conviendra, j'imagine, répondit-il, un brin amer.
Inoïchi s'approcha de la baie vitrée, les mains croisées dans le dos.
— Je sais que vous n'avez connu que cela, la Garde, mais il y a une vie au-delà des armes, vous savez ?
Sasuke le fixa, perplexe.
— Vous voudriez que je rejoigne le groupe Yamanaka ?
— Pourquoi pas ? Après tout, vous allez épouser ma fille. Et ce n'est pas le salaire d'un colonel qui suffira à ses besoins, croyez-moi.
Sasuke plissa les yeux, feignant l'offense.
— Je n'avais pas l'impression que cela lui posait problème.
Inoïchi haussa légèrement les épaules, un sourire énigmatique aux lèvres.
— Non, bien sûr que non. Pas pour l'instant. Mais vous apprendrez vite, cher gendre, que dans ce monde, il vaut mieux avoir le portefeuille bien fourni pour être tranquille. Je veux m'assurer que ma fille soit protégée, même après ma disparition.
Un rire bref échappa à Sasuke.
— Vous parlez comme si vous n'aviez plus que quelques mois à vivre.
Le Yamanaka lui lança un regard amusé.
— Vous avez raison. Je dramatise sans doute. Une mauvaise habitude. Bref, que diriez-vous d'une visite de l'entreprise ? Cela pourrait bien éveiller une vocation insoupçonnée.
Sasuke inclina légèrement la tête, un sourire sincère sur les lèvres.
— Ce serait un honneur.


—Où tu as eu ces plans?s'interrogea Sakura, tandis que Karin lui tendait le plan détaillé de la tour Yamanaka.
—C'est vraiment important? répliqua Karin, agacée.
La rose scruta son expression, et un tic nerveux fit vibrer sa paupière.
—Karin? Ne me dis pas que tu as fait ce que je pense que tu as fait ?
L'irritation dans sa voix était à peine dissimulée. Karin leva les yeux au ciel.
—Quoi? Je te rappelle qu'il est le gendre d'Inoïchi Yamanaka. On serait stupide de ne pas en profiter, se justifia-t-elle.
Le visage de Sakura se crispa.
—Si quelqu'un de leur Guilde apprend qu'il nous a aidées, il sera en danger, Karin.
—Et il est assez grand pour se défendre. Comme nous tous. Il a fait son choix, Sakura. Laisse-le vivre comme il l'entend,répliqua sèchement la rousse.
Sakura fronça les sourcils, son irritation grandissante.
—Quoi encore ?
—Rien du tout,trancha Karin, laconique.
La rose soupira, exaspérée.
—Karin, ça fait quatre ans qu'on passe nos journées et nos soirées ensemble. Je sais quand tu m'en veux pour quelque chose.
—Tu n'avais pas besoin de lui faire ça,s'emporta Karin, sa voix trahissant une colère n'avait pas besoin de savoir pour sa mère. Je ne comprends pas pourquoi tu lui as dit.
—C'est son père qui lui a dit,répliqua froidement Sakura.
—Ne joue pas sur les mots, Pinky. Tu sais très bien ce que je veux dire.
Sakura détourna le regard, lasse.
—Parce qu'il m'aime encore, Karin. Il n'a pas réussi à m'oublier. Il aurait fini par revenir...Elle marqua une pause, le regard moins, Maintenant, il me déteste pour de bon.
Karin serra les poings, la colère montant.
—Sakura. Tu as détruit sa relation avec son père ! Tu n'avais pas le droit !
—J'ai tous les droits, Karin, répondit calmement Sakura.C'est moi qui meurs à la fin de l'histoire, je te rappelle.
Le silence retomba, lourd. Karin ouvrit la bouche, hésita, puis soupira.
—Il lui pardonnera. Je le sais. Il lui pardonnera…murmura Sakura, comme pour se convaincre elle-même.
Cherchant à éviter une dispute, Karin changea de sujet.
—Bon, comment on s'y prend pour accéder aux serveurs ?
—Aucune idée…souffla Sakura, dépitée. Ça doit être un des endroits les mieux protégés de la ville. Merde ! s'emporta-t-elle, frappant violemment la table du poing.
—Du calme, on va trouver une solution. On trouve toujours, réfléchit Karin à voix haute.
—On n'a plus beaucoup de temps avant le tournoi… Putain, je pensais que le réseau piraté suffirait, ragea Sakura contre elle-même.
—Il va nous falloir ton hacker, Pinky,suggéra Karin.
—Non. On doit faire sans. Si quelque chose lui arrive, on n'aura plus rien,refusa Sakura catégoriquement.
—Alors il nous faut quelqu'un à l'intérieur, quelqu'un qui connait ce genre d'équipement...souffla Karin, , on n'a pas le choix.
—C'est hors de question, trancha la rose, sa voix tranchante comme une lame.
—Il est déjà impliqué, Sakura. Autant l'utiliser, répliqua l'Uzumaki, une détermination implacable dans ses mots.
—Nous avons les plans, Juugo pourra très bien s'en occuper.
—Juugo ? Hacker un serveur ? Il ne sait même pas comment conduire une voiture autonome !s'écria Karin, exaspérée.
—Toi alors...lâcha Sakura, visiblement agacée.
—Oui, tu as raison, rétorqua la rousse avec un sourire acerbe. C'est vrai que je suis une experte en corps à corps, soupira la rousse, un éclat de cynisme dans la voix. On n'a pas le choix Pinky. Il est hors de question qu'on te mette en première ligne, ou un membre du clan Uzumaki. C'est la meilleure solution, malgré tout.
La jeune Haruno se prit la tête entre les mains, accablée par le poids de la situation.
—Ça ne devait pas se passer comme ça...pensa-t-elle tout haut, la voix marquée par une profonde frustation. Pourquoi faut-il toujours qu'il mette son nez partout ?


Trois jours s'étaient écoulés depuis que Karin avait posé son ultimatum. Trois jours pendant lesquels Sasuke tournait en rond, enfermé dans une spirale de réflexions stériles. Comment convaincre son beau-père de lui accorder les accès tant convoités ? Lors de sa visite à l'entreprise, il avait pris soin de noter chaque détail des multiples niveaux de sécurité : empreinte énergétique, analyse rétinienne, reconnaissance faciale… Un véritable rempart technologique, où rien n'avait été laissé au hasard.
Il savait qu'il pouvait contourner les deux derniers systèmes sans trop de difficultés. Mais l'empreinte énergétique ? C'était une tout autre affaire. Et sans ces accès, il n'avait aucune chance de mener à bien son plan.
Perdu dans ses pensées, il sursauta en entendant des coups frappés contre la porte de son appartement. Une première fois, puis une deuxième, plus insistante. Il fronça les sourcils. Il n'attendait personne.
— Je sais que tu es là, petit frère…lança une voix lasse, presque agacée.
Sasuke soupira. Itachi. Encore lui. Comme s'il n'avait pas déjà assez de problèmes à gérer. Résigné, il se leva et ouvrit la porte avant de se diriger vers le salon, sans un mot.
— Bonjour à toi aussi. Comment je vais ? Super, merci de t'en inquiéter. La mission a été un succès, et Izumi a enfin accepté de venir dîner avec moi,ironisa Itachi en refermant la porte derrière lui.
Sasuke ne prit même pas la peine de répondre. Il se contenta d'un souffle exaspéré.
— Tu veux boire quelque chose? demanda-t-il, par pure politesse.
— Un verre d'eau, merci, répondit son frère en s'affalant sur le canapé. Puis, son ton changea, devenant plus grave. Père ne va pas bien.
Sasuke s'immobilisa un instant dans la cuisine, son esprit bousculé par ces mots. Il revint avec le verre demandé et le posa sur la table basse.
— Et qu'est-ce que tu veux que j'y fasse ? répliqua-t-il sèchement.
— Il a fait ce qu'il pensait être le mieux pour nous. Tu ne peux pas lui reprocher ça, murmura Itachi, le regard baissé.
Un sourire amer se dessina sur les lèvres de Sasuke.
— Bien sûr… Et toi, tu savais tout, n'est-ce pas ? Pourquoi il te dit tout et à moi rien?! s'emporta-t-il.
— Je l'ai découvert seul, répondit calmement Itachi. J'étais en colère, moi aussi. Mais avec le temps, j'ai compris pourquoi il avait agi ainsi.
— Elle a été assassinée, Itachi ! Et ses meurtriers sont toujours en liberté ! Il n'a même pas essayé de les retrouver! hurla Sasuke, la voix brisée par la rage.
— Qu'est-ce que tu en sais ? rétorqua son aîné. Il a essayé. Mais il s'est vite rendu compte que son adversaire était bien plus puissant. On ne commence pas un combat qu'on sait perdu d'avance. Tu devrais le savoir, toi aussi. Il a préféré s'assurer que nous ne soyons pas complètement orphelins. Tu ne peux pas lui en vouloir pour ça.
Sasuke détourna le regard, les poings serrés.
— Je m'en rappelle à peine… son visage, sa voix… Je suis en train de l'oublier…
Itachi se leva, traversa la pièce, et posa une main sur l'épaule de son frère avant de l'attirer dans une étreinte.
— Tu es son portrait craché, petit frère. Avec moins de cheveux, bien sûr, plaisanta-t-il. Il suffit de te regarder dans le miroir pour la voir.
Il sortit son téléphone et fit défiler quelques fichiers avant de lancer une musique. Sasuke écarquilla les yeux, frappé par une vague de souvenirs.
— C'est… c'est la berceuse qu'elle nous chantait, souffla-t-il.
— Elle l'avait enregistrée pour les jours où elle partait en mission. Je te l'enverrai,dit Itachi, un sourire triste sur les lèvres.
Sasuke hocha la tête, incapable de parler.
— Allez, sèche tes larmes,reprit son frère. Ta fiancée ne voudrait pas te voir dans cet état.
— Pfff… Elle a vu bien pire, répondit Sasuke dans un rire amer.

Ils atteignirent le QG avec de l'avance, mais l'esprit de Sasuke était ailleurs. Absorbé par l'affaire de la Tour Yamanaka, il peinait à s'arracher à la tempête de ses pensées. Sans l'intervention de son frère, il se serait peut-être laissé emporter, s'éloignant du monde tangible, prisonnier de ses propres réflexions.
À mesure qu'ils approchaient de la salle de conférence, son pas ralentit imperceptiblement. Ses sourcils se froncèrent légèrement. Au bout du couloir, une lueur de rose attira son regard. Itachi, attentif au moindre de ses changements d'humeur, poussa un soupir d'exaspération.
Leurs yeux se croisèrent. L'espace d'un instant, une lueur d'anxiété traversa le regard vert de Sakura, avant qu'elle ne détourne rapidement la tête. D'un salut mesuré, elle s'inclina devant son supérieur, puis disparut au détour d'un corridor. Sasuke suivit sa silhouette du regard jusqu'à ce qu'elle ne soit plus qu'un souvenir, réalisant alors seulement la tension qui s'était insinuée dans ses épaules.
— Si tu continues comme ça, les gens vont finir par poser des questions, murmura Itachi en reprenant leur marche.
Sasuke lui lança un bref regard en biais.
— Je te rappelle que tu es fiancé à l'héritière Yamanaka, reprit son frère, le ton faussement détaché. Fixer ton ex de cette manière n'est pas des plus avisés…
— Je ne la fixais pas, rétorqua Sasuke, une pointe d'agacement dans la voix.
— Que tu la surveilles comme un faucon ou que tu la foudroies du regard, la nuance est mince. Et les rumeurs vont bon train. Certains murmurent même que vous avez une liaison.
Sa mâchoire se contracta.
— Les gens feraient mieux de s'occuper de leurs affaires.
Un silence s'étira entre eux. Puis, avec son calme dérangeant, Itachi reprit, presque trop doucement :
— Est-ce le cas ?
Sasuke lui décocha un regard acéré.
— Occupe-toi des tiennes.
Itachi laissa échapper un léger rire, ce qui lui valut un soupir d'exaspération de la part de son cadet. Lorsqu'ils franchirent enfin les portes de l'auditorium,
Sasuke marqua un bref arrêt sur le seuil.
— Ne t'inquiète pas pour moi, murmura-t-il. J'ai coupé les ponts… pour de bon, cette fois.
Itachi l'observa s'éloigner vers l'estrade, une lueur indéfinissable assombrissant fugacement son regard avant qu'il ne le suive en silence.


7 jours plus tard

—Alors ? s'impatienta Karin, les bras croisés, le regard perçant.
Sasuke resta silencieux un instant, les mâchoires serrées, avant de répondre d'un ton renfrogné :
—Il va falloir faire autrement.
—Merde...souffla Karin, crispée. Elle passa une main tremblante dans ses cheveux, cherchant à contenir sa frustration.
—On va devoir passer par les sous-sols, ajouta Sasuke, son ton grave.
Karin releva la tête, surprise.
—Les sous-sols ? répéta-t-elle. Il y a des sous-sols ? Pourquoi tu ne nous l'as pas dit avant ?
—Parce que c'est plus risqué. Sasuke planta son regard dans le sien, on se fait piéger à l'intérieur, c'est terminé. Juugo devra nous couvrir en permanence. Si une seule empreinte énergétique est détectée, on est cuit.
Il se tourna alors vers Juugo, son expression dure.
—Ton aptitude, elle peut nous couvrir quand on utilise les nôtres ?
Juugo hocha lentement la tête, l'air concentré.
—Dans une certaine mesure, répondit ce dernier. Je ne peux pas vous couvrir tous en même temps. Il faudra que je me focalise sur l'un de vous à la fois.
Karin expira bruyamment, les mains sur les hanches.
—Donc on ne peut y aller qu'à deux…
—J'irai avec Juugo, déclara Sasuke sans hésitation.
Karin le fixa, incrédule.
—Elle ne va pas aimer ça…murmura-t-elle, presque pour elle-même.
—Ce n'est pas mon problème, répliqua Sasuke, la mâchoire contractée.
Karin haussa un sourcil, son regard devenant plus incisif.
—Tu es conscient que la seule raison pour laquelle je te parle en ce moment, c'est parce que tu veux éviter de t'en mêler avec elle ? Mais c'est elle qui dirige, Sasuke. Elle sera là pendant la mission.
L'Uchiha fronça les sourcils, l'air agacé, mais ne répondit pas immédiatement. Il croisa les bras, visiblement en plein dilemme.
—Je peux gérer, finit-il par lâcher, sa voix plus dure qu'il ne l'aurait voulu.
Karin l'observa longuement, jaugeant son obstination. Finalement, elle poussa un soupir résigné.
—Bien. Si c'est ce que tu veux.


3 jours plus tard

—Je n'aime pas ça, je n'aime pas ça du tout…murmura Sakura, le regard fixé sur l'écran et les dents mordillant nerveusement ses ongles. Elle attendait à l'arrière de la fourgonnette, les jambes repliées contre elle, aux côtés de Karin.
—Du calme, Pinky. Il est avec Juugo. Tout va bien se passer. Il est entraîné pour ça, tenta de la rassurer la rousse, bien qu'elle-même ne parvienne pas à masquer l'inquiétude dans sa voix.
Le grésillement d'un appareil rompit le silence tendu.
—Karin, on est encore loin ?demanda Juugo à l'autre bout de la ligne, sa voix grave légèrement étouffée par l'interférence.
—Prochaine à gauche, répondit Karin, les yeux rivés sur l'écran GPS. Puis, d'un ton plus vif :Stop ! Vous êtes pile en dessous.
—Débarrassez-vous des GPS, ordonna froidement Sakura, son ton tranchant laissant peu de place à la discussion.
—Pinky, t'es sérieuse ? On va faire comment pour les retrouver ?protesta Karin, les sourcils froncés.
—Elle a raison, admit Sasuke à contrecœur, sa voix calme mais empreinte de gravité. Ils pourraient repérer le signal.
Un à un, les points lumineux disparurent de l'écran de Karin, laissant une carte vierge et silencieuse.
—Et les oreillettes, ajouta Sasuke, laconique.
—C'est hors de question, trancha Sakura avant qu'il ne puisse aller plus loin. Elle l'entendit soupirer à l'autre bout de la ligne, mais elle ne céda pas.
—Sakura, c'est trop risqué, finit-il par dire, un ton plus bas, agacé.
—Je ne te laisse pas entrer là-dedans sans oreillette, répliqua-t-elle, la voix ferme malgré le nœud qui lui serrait l'estomac. S'il t'arrive quelque chose, on ne pourra pas intervenir.
Elle attendit, le silence s'étirant entre eux comme une corde tendue. Puis, d'un ton plus autoritaire, elle lâcha :
—C'est un ordre, Sasuke.
Un long soupir lui répondit.
—Très bien,céda-t-il enfin, sa résignation ne masquant pas l'agacement dans sa voix.

Il monta agilement sur les épaules de Juugo, sa silhouette s'effaçant dans la pénombre du plafond. D'un geste précis, il traça une trappe dans la structure métallique, la flamme bleue de son doigt illuminant brièvement l'espace avant de s'éteindre. Sans hésitation, il s'introduisit dans la salle des serveurs. L'endroit était aussi froid et aseptisé que prévu, baigné dans une lumière bleutée, presque surnaturelle. Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'il ne repère enfin le serveur central, sa lumière pulsant avec une intensité presque hypnotique. Ses doigts glissèrent sur les connecteurs, cherchant un port d'accès. Lorsqu'il sortit la boîte que Juugo lui avait confiée et l'ouvrit, ses yeux s'écarquillèrent, une vague d'incompréhension traversant son esprit.
—Sakura...grimaça-t-il, les sourcils froncé me dis pas que...
—Très bien, je ne te dis rien, répondit-elle, une touche d'amusement perceptible dans sa voix.
Un sourire ironique se dessina sur ses lèvres. Heureusement qu'il était seul. Il inséra la clé, ses sens désormais tendus à l'extrême. Le vigile ne tarderait pas à faire sa ronde, et il n'avait plus beaucoup de temps. Ces quelques secondes lui parurent interminables, comme si l'air autour de lui se densifiait. Puis, enfin, le petit objet s'illumina d'une lueur verte. Il l'arracha précipitamment, mais aussitôt, une alarme stridente déchira le silence, un cri métallique si perçant qu'il dut se boucher les oreilles, les tympans presque transpercés par la détonation sonore.
—Sasuke !paniqua Sakura, sa voix brisée par la peur , Réponds-moi ! SASUKE !
—Tais-toi ! J'essaye de me concentrer ! grogna-t-il, le bruit résonnant dans sa tête comme un marteau. Les vigiles seraient là dans un instant. Juugo, activant son armure, le tira vers la trappe.
—Tu peux courir ?demanda-t-il, une note d'inquiétude dans sa voix.
Sasuke secoua la tête, reprenant lentement ses esprits malgré le bourdonnement aigu qui persistait dans ses oreilles. Il hocha finalement la tête, et se mit à suivre Juugo. Mais la situation s'était déjà précipitée. Trop tard. Les gardes avaient repéré leur position. Il serra les dents, la tension montant. La priorité c'était la mission et Juugo était le seul donc l'aptitude avait un aspect défensif. Il tendit la boîte à son coéquipier.
—Amène-leur. Je te couvre, ordonna-t-il, sa voix tranchante.
Juugo n'hésita pas, la mission passant avant tout.
—Sasuke, n'y pense même pas une seconde, supplia Sakura, sa voix emplie de terreur.
—Trop tard, répondit-il avec un sourire sarcastique, retirant son oreillette. Il se plaça en position de combat, prêt à affronter ce qui allait suivre. Les souterrains étaient étroits, et ils devraient se battre un contre un. Il sortit un boîtier de sa ceinture. Dans le noir, ils penseront que c'est un taser, songea-t-il, se préparant à l'inévitable.
Les premiers gardes tombèrent rapidement sous ses coups, mais les suivants étaient plus coriaces. Armés de grappins spéciaux, des armes conçues pour absorber l'énergie de tout ce qu'elles touchaient, ils représentaient une menace réelle. Sasuke se crispa. S'il se faisait toucher, il serait fichu. Il lança une grenade fumigène et s'échappa en courant. Le réseau souterrain était un véritable labyrinthe, et il perdit la sortie par laquelle ils étaient venus. Mais alors, un bruit d'eau s'écoulant attira son attention. Les égouts. C'était sa seule chance. Il fonça dans cette direction, mais avant qu'il n'atteigne son objectif, il fut rattrapé.
—Ne bougez plus, vous êtes cuits !hurla un garde, une lueur triomphante dans les yeux.
L'homme avait raison. Sous ses pieds, un gouffre béant se déversait dans les profondeurs de la ville, une chute vertigineuse qu'il ne pouvait évaluer. Il n'avait aucune idée de ce qui se trouvait en bas. Des rochers, peut-être… ou pire encore. Il activa son "faux" taser, prêt à envoyer une décharge à distance. Mais le garde, plus rapide, tira un grappin directement dans son épaule, le faisant tomber en arrière.