Se déroule à peu près en même temps que les événements des chapitres 21, 22, 23 de Vers l'avenir
Journal de bord du capitaine Giacometti. Jour 235, an 14.
Pfff... Donc... on vient de quitter la Terre. On en a encore pour quarante-huit heures et quelque avant d'arriver en bordure du système.
Cette fois, j'ai prévu le coup. Delleb nous accorde un délai d'exploration de la Voie lactée.
Faut dire que ce qu'on a ramené du vaisseau Goau'ld, il y a deux ans, lui a été très utile. Apparemment, ces malades font pas de l'or massif, mais du naquadah plaqué or ! Déjà que si c'était de l'or, ça aurait valu une fortune, mais là... Donc bon. J'avoue que je ne me réjouis pas exactement de retourner sur cette épave, mais on va y aller, et on va remplir nos soutes. Léonard me tanne pour qu'on embarque ce sarcophage, afin qu'il puisse l'étudier. Il a passé les deux dernières années à se pencher sur les technologies qu'on a ramassées la dernière fois, et il a une théorie intéressante qu'il aimerait prouver. Apparemment, ce machin l'y aiderait. Moi, cette fois, j'aimerais surtout aller jusqu'à la planète. On ne sait même pas comment elle s'appelle. Taremu, peut-être, si le vaisseau était presque arrivé à sa destination ? En tout cas, cette fois, je suis venu équipé. Quand on était sur Terre, j'ai demandé toute la documentation sur l'Égypte et tous les écrits du Dr Jackson possibles. Et le brigadier Schmid m'a trouvé une vraie perle ! Moi, je lui ai juste demandé de me trouver un expert en langue égyptienne pour les inévitables décodages et traductions, et lui, il me trouve la personne parfaite. Le docteur Emma Bürstein. Cette charmante dame n'est plus toute jeune, mais elle a été l'élève d'une certaine Catherine Langford. La mentor du Dr Jackson, et la femme qui a redécouvert la Porte sur Terre. Le Dr Bürstein n'était bien entendu pas au courant pour la Porte des étoiles. Elle sait juste que son ancien professeur a découvert un artefact rare dans le désert et qu'il a « disparu » de la circulation. Le brigadier Schmid m'a montré la vidéo d'un entretien qu'elle a passé. Elle a qualifié le Dr Jackson de « théoricien du complot ridicule avec ses histoires de petits hommes verts » et déploré cet état de fait. Aaaaahhh... Sa tête quand on s'est rencontrés ! Pfff... Elle m'a à moitié arraché la joue en essayant de me retirer mon masque. Apparemment, le fait que j'existe a suffi à la convaincre de venir. Elle a même pas négocié de salaire avec le brigadier.
Quelle drôle de dame. Elle a dit quoi exactement, Ubris ?
(« J'ai passé ma vie a étudier une civilisation que je croyais morte depuis des millénaires et vous me dites qu'ils pullulent dans le reste de la galaxie ?! Qu'est ce qu'on attend ?! Je ne suis plus assez jeune pour passer outre une telle opportunité ! »)
Oui, c'est ça ! Merci Ubris. Bref, je l'aime déjà bien.
Prochaine entrée de journal quand j'aurai quelque chose à raconter. Donc probablement dans quelques jours...
Tom Giacometti, fin d'enregistrement.
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« Pourquoi c'est aussi lent ? » marmonna la femme aux cheveux grisonnants, fixant d'un air mauvais les lueurs bleutée au travers de la baie du pont de commandement.
Jiu lui jeta un regard vaguement outré, comme si sa remarque remettait ses compétences de pilote en question.
« Nous allons à plusieurs fois la vitesse de la lumière, Dr Bürstein. » nota Tom.
« Justement, pourquoi c'est aussi lent ?! Ça fait des jours qu'on voyage !»
« Madame, nous devons parcourir quelques milliers d'années-lumière. On ne peut aller plus vite. »
« Avec toute votre technologie alien, vous ne pourriez pas nous téléporter ? »
Tom soupira avec un sourire patient.
« Non. La téléportation tend à devenir peu fiable passé quelques centaines de kilomètres. Dépasser le millier serait suicidaire. »
Jiu toussota.
« Il y a bien les Portes des étoiles. Mais même là, ce n'est pas instantané. Il faut de quelques secondes à quelques minutes pour arriver à destination, selon la distance entre deux Portes. »
« Ce serait mieux que tout ce voyage ! Puisqu'il y en a une sur Terre, pourquoi on ne l'a pas prise ? »
« Une fois encore, parce qu'elle n'est pas en notre possession, et que on ne désire pas mettre ses propriétaires au courant de notre présence. »
L'humaine enfonça ses mains dans ses poches d'un air grincheux.
« Foutus Amerloques, ils se croient vraiment meilleurs que tout le monde... Gnagnagna... je vais vous en foutre, du « Make America Great Again » ! »
Il soupira. Inutile de lui dire qu'il avait été élevé par une ressortissante de la Côte ouest, au sein d'une mission internationale – mais somme toute très américaine, jusque dans ses valeurs.
« Dr Bürstein, pourquoi n'iriez-vous pas étudier les artefacts goa'uld que nous avons à bord ? »
« J'aimerais bien, mais votre molosse grincheux ne me laisse pas les approcher ! »
Molosse grincheux ? Oh... Il tendit son esprit vers celui de l'ingénieur.
« Léonard, est-il exact que vous ne laissez pas le Dr Bürstein examiner les machins goa'ulds ? »
L'esprit du vieux wraith scintilla farouchement.
« Ce ne sont pas des « machins », mais des reliques technologiques ! Et cette humaine n'est pas ingénieure. Elle n'est même pas technicienne. Que pourrait-elle bien en faire ? Décorer sa cabine avec ? »
« Elle est archéologue et spécialisée en la version terrienne de leur culture. (Tom tenta d'étouffer la lueur d'ironie dans son esprit, sans grand succès.) Peut-être qu'un mode d'emploi est gravé dessus, et qu'elle pourra vous le lire. » balança-t-il.
Léonard gronda, son esprit vexé se gonflant comme un crapaud outré.
« Je n'ai pas besoin de l'aide d'une Terrienne pour trouver comment fonctionne cette technologie ! J'ai réussi à hybrider tout seul notre technologie avec celle des Lanthiens. »
« Oui... bien sûr. Rosanna Gady est votre amie imaginaire, je suppose ? »
« C'est ma reine ! » rugit l'ingénieur, à présent furieux.
A trop plaisanter, voilà qu'il l'avait fâché.
« Et son aide vous a été précieuse. Ce qui ne diminue en rien l'exploit que vous avez accompli. Personne, dans l'univers, et surtout pas à bord de ce vaisseau, ne pourrait nier les innombrables miracles que vous avez réalisés sur l'Utopia et sur le reste de notre flotte, Léonard. » offrit-il avec sincérité, en guise de présent de paix.
Le vieux wraith, un peu apaisé mais toujours vexé, resta claquemuré derrière son ire, lui refusant l'honneur d'une réponse. Il continua donc.
« Vous avez raison, le Dr Bürstein n'est pas ingénieure, mais il parait que c'est une pointure dans son domaine. Laissez-la examiner les objets. Elle pourrait trouver des choses qui nous ont échappé. »
« Les deux autres Terriens les ont déjà examinés, il y a deux ans. » bougonna sèchement le manchot.
Tom soupira ostensiblement, s'attirant les regards des plusieurs officiers de pont.
« Ils n'étaient pas spécialisés dans cette culture, et n'ont eu que les deux semaines de notre voyage retour pour les examiner : c'est peu. Laissez-la examiner ces objets ! »
Même pas besoin d'être dans la même pièce que l'ingénieur pour sentir son grondement boudeur.
Il détestait donner des ordres comme ça à quiconque, et encore plus à Léonard, mais là, il n'avait pas le choix.
« Léonard, laissez-la examiner les objets goa'ulds et partagez avec elle vos recherches, c'est un ordre ! »
« ... Bien, capitaine Giacometti. Sachez néanmoins que je n'ai pas le temps de la superviser. S'il lui arrive malheur, ce sera de votre faute.» siffla ce dernier avant de lui fermer l'accès à son esprit.
Il prit le temps de se redresser et de relâcher ses mains avant de se tourner vers la femme.
« L'affaire est entendue. Vous pouvez y aller, il vous donnera accès aux artefacts. »
« Ah ! Fantastique ! Vous avez eu une conversation télépathique, c'est ça ? »
Il opina.
« Que ce serait pratique ! Je vous envie. Ne pas avoir à perdre de temps à aller chercher quelqu'un ou à devoir lui téléphoner pour communiquer. Voilà qui me ferait gagner du temps. »
Ne sachant que répondre, ignorant même si elle attendait une réponse, il lui offrit un demi-sourire, avant de se tourner vers un de ses officiers de pont.
« Veril, trouvez une tablette avec un logiciel de traduction wraith-atlante et un technicien disponible pour assister le Dr. Bürstein. »
Quelque chose lui disait que son ingénieur en chef n'allait pas lui faciliter les choses en traduisant ses notes.
L'ancien guerrier du nom de Veril se redressa et le salua d'un bref mouvement de tête, avant de faire signe à la Terrienne de le suivre – ce qu'elle fit, la perspective d'avoir de quoi s'occuper l'esprit la rendant soudain grincheuse.
C'est avec soulagement que Tom écouta le chuintement de la porte se refermant.
Est-ce que tous les génies étaient d'une manière ou d'une autre des divas excentriques ?
Il sourit, secoua la tête et pouffa.
« Lente. Notre Utopia, trop lente. On aura tout entendu ! »
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L'immense épave spatiale était semblable à ses souvenirs. Maintenant qu'ils étaient au courant de ses dangers, ils avaient pris leurs précautions, et tous les examens préliminaires des trésors ramenés par les récupérateurs furent faits dans une pièce fermée, par une équipe en scaphandre. Si un autre parasite se cachait quelque part, pas question qu'il infeste un autre membre de son équipage. Gual'kan avait survécu, mais il en était sorti amoindri. Pas physiquement, mais mentalement. Le guerrier avait un temps envisagé de quitter l'équipage. Tom ne pouvait pas l'en blâmer. Le guerrier avait partagé des flashes de ce qu'il avait vécu lors de son débriefing. Même Delleb avait frémi d'horreur. Pendant des jours, tout le temps que le parasite avait été en lui, son âme avait été violée, torturée, mise à nu par la créature, sans qu'il puisse en aucune manière lui cacher ses pensées. Le Goa'uld était cruel et vicieux, et avait pris un malin plaisir, en un interminable monologue mental, à appuyer sur toutes les failles, toutes les craintes et toutes les limites du guerrier.
Pendant des semaines, ses nuits et ses méditations avaient été hantées de cauchemars glaçants, et plus d'une fois, tous les wraiths de bord avaient été réveillés en sursaut par ses hurlements télépathiques de terreur.
Tom avait proposé à son soldat d'abordage de prendre des vacances, mais avait renoncé lorsque sous ses mots, l'esprit du guerrier se ratatina, désespéré et honteux que son capitaine se sente obligé de le mettre de côté. Il n'avait jamais considéré Gual'kan comme incapable ou incompétent, mais c'était ce que ce dernier avait compris de ses paroles. Le guerrier était donc resté à bord et, finalement, ce fut Obadan'kan, un de ses frères de ruche et de sang, qui parvint à ramener un semblant de paix à bord.
Les deux guerriers étaient nés de et avaient servi la même reine, mais ne se connaissaient pas plus que ça pour autant. Presque trois mille ans les séparaient, et ils n'avaient jamais travaillé dans les mêmes unités. Ils avaient trahi leur ruche et rejoint les Ouman'shii séparément et dans des circonstances différents, et c'était par hasard qu'ils s'étaient retrouvés à bord.
Ils n'en restaient pas moins liés par le sang, et certains souvenirs ataviques propres à leur lignée.
L'artilleur avait donc pris l'initiative de se rapprocher de son congénère et de littéralement lui prêter sa psyché et ses rêves paisibles, ce qui avait permis à tout le monde – Gual'kan en tête – de retrouver un sommeil réparateur.
Depuis, deux ans s'étaient écoulés, et le guerrier lui avait assuré qu'il était capable de participer aux missions de récupération à bord de l'épave. Tom avait sondé son esprit et avait cru en sa sincérité.
Et depuis trois jours, les événements attestaient de la justesse de sa décision.
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Le Dr Bürstein avait été installée dans une salle remplie d'écrans, sur lesquels se trouvaient retransmis en direct les retours caméra des équipes de récupérateurs, mais également les images de la salle de triage.
Une des dernières pièces qu'ils devaient récupérer était le sarcophage, qui allait demander une logistique énorme pour être ramené à bord.
Deux des techniciens de Léonard avaient fait le voyage pour superviser l'enlèvement de la massive relique. Une fois certains qu'elle n'était ni soudée, ni boulonné au sol d'une quelconque manière, l'équipe se mit en devoir de bricoler un chariot propulseur sur lequel ils pourraient la hisser pour faciliter les manipulations dans le vide spatial. A la troisième tentative, il devint évident que, aussi forts et musclés que soient les manutentionnaires wraiths, en apesanteur, ils n'avaient aucune chance de parvenir à faire bouger la machine. Les techniciens se mirent donc en quête de la cause de cette anomalie gravitique, pendant qu'un soldat filmait soigneusement chaque millimètre des parois d'or gravé pour l'archéologue, qui traduisait approximativement au fur et à mesure.
« Sekhmet... Reine de je-sais-pas-quoi... Seigneur des Carnages... Gnagnagna... Dieu Vivant... Je-sais-pas-quoi... Là, ça parle de ses conquêtes... Allez plus à gauche... Oui, voilà... Isfet... Khépri... Shou... Je crois que c'est une liste d'ennemis vaincus ?... Continuez... Ah, encore des titres... Maîtresse des Miasmes... Bras Vengeur de Râ... Manquent pas d'air, vos Goa'ulds... Quand vous disiez qu'ils se sont fait passer pour des dieux auprès des Égyptiens, je pensais pas que c'était aussi littéralement ! »
Tom pouffa, suivant et coordonnant le tout depuis son poste de commandant.
Aussi exaspérante que soit la Terrienne, il appréciait son aplomb, et son manque total de crainte mystique face à l'inconnu. Personnellement, il ne pouvait qu'apprécier les trop rares humains à ne pas reculer avec épouvante face à un wraith, ni avant ni après qu'on lui ait expliqué leur nature.
Et non seulement, c'était le cas du Dr Bürstein, mais en plus, elle avait l'audace, malgré sa spécialisation, de se moquer des Goa'ulds au lieu de tomber en pâmoison devant leurs œuvres.
« Ah ! »
Le cri de la femme le tira de ses songes.
« Arrêtez de trembler comme un papy qui sucre les fraises ! » siffla-t-elle au pauvre soldat en scaphandre, qui se figea. « Là ! Sur la gauche ! En bas. Approchez-vous ! »
Il obéit.
« ... Connecter à la source de... vie ? Non... lumière ? Source de lumière divine, je dirais... Les ailes du scarabée sacré... abritent ?... cachent ?... accueillent ? L'immortel blessé... Le soleil... radiant... apporte force... et... éternité... Je crois que j'ai trouvé le mode d'emploi ! Ce truc doit pouvoir s'ouvrir. Heu... attendez... Si, voilà... Il doit y avoir une commande d'ouverture cachée quelque part vers le gros cristal rouge... Cherchez un oiseau aux ailes ouvertes, ou un scarabée peut-être. »
« Docteur, on ne cherche pas à l'ouvrir, mais à le déplacer. » nota Liu, qui supervisait la manœuvre sur place.
« Ah, oui, c'est vrai... alors... Gnagnagna... Apparemment, y a différents réglages... Ce truc... semble pouvoir soigner... et même... Non... C'est impossible... Bon, c'est peut-être une périphrase... mais ça dit que ça pourrait ramener les morts à la vie... Heu... Don de Râ... Santé... Jeunesse... Ah ! Heu... Je connais pas ce mot... Heum... Légèreté de l'oiseau ?... Envol comme un oiseau ? Je sais pas trop. »
« Léonard, ce truc pourrait avoir des antigravs ? » demanda Liu.
« Possible. » gronda l'ingénieur depuis sa salle de tri.
« OK. Docteur, dites-nous quoi faire. » exigea la jeune femme.
« Heu... je ne sais pas. Y a juste ce cartouche bizarre avec ce mot bizarre. »
« Ok. J'appuie dessus. » annonça Liu.
Pendant quelques instants, il ne se passa rien. Puis, dans un éclat blanchâtre, le sarcophage décolla du sol.
« Oui ! Bravo, Docteur ! Virez-moi ce chariot, qu'on ramène cette grosse brique de kitsch au Jumper. », ordonna Liu.
« Il faudra que j'examine ce sarcophage de plus près. C'est une mine d'informations. » nota le Dr Bürstein sur la radio.
« Quand on sera sûrs qu'il ne contient rien de dangereux, Docteur. » répondit mécaniquement Tom.
Un vague grincement frustré lui répondit.
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Même avec un sarcophage lévitant, le transbordement prit plusieurs heures.
Il en fallut presque autant à Léonard pour parvenir à ouvrir le sarcophage, qui se révéla vide, et le déclarer sécurisé.
Temps que mit à profit Liu pour ramener avec son équipe trois pleins Jumpers de statues en or et autres vases couverts de joyaux.
L'horloge indiquait cinq heures du matin – heure d'Oumana – lorsque enfin, ils eurent fini de remplir leur soute et que, prudemment occultés, ils se mirent en route en direction de la planète si prolixe en signaux subspatiaux.
