Je suis de retour, mais je ne peux pas promettre pour l'instant un retour des publications régulières. Je vais essayer quand même !
Bonne lecture et merci de votre patience !


C'est bon, ça enregistre ? (Affirmatif, Zen'kan.) Cool ! Hello, Lili ! Hello, Rory ! Je vais aller incognito sur un monde humain avec Jiu et Morgal, pour rencontrer des Unas esclaves et essayer de trouver un moyen de les ramener chez eux... Morgal et sa famille, pas les esclaves... Quoique, si y en a qui viennent avec, j'ai cru comprendre que c'était pas un problème... Enfin bref, ça va être trop bien ! Et regardez l'espèce de cape de Dracula que je vais devoir mettre ! Elle est ouf, hein ? J'espère juste qu'il fait doux là où on va, ça tient méga chaud, cette merde ! Oh, et on va traverser la Porte des étoiles. En Jumper, mais je vais passer la porte. Ça va être trop cool ! Je vous raconte ça dès que je serai revenu ! Tchô, à plus !

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« Tiens, prends ça. »

Un peu perplexe, Zen'kan prit le blaster que Jiu lui tendait.
« J'croyais qu'il n'y avait pas de risques ? »
L'homme fit une petite grimace.

« Mieux vaut être trop prudent que pas assez. »

Zen opina.

Jiu tendit un second blaster à Morgal.

« Si danger. Pas tuer. Juste dormir. D'accord ? »

L'Unas opina, attrapant l'arme avec un geste qui trahissait une certaine familiarité – sans aucun doute acquise au cours des longues soirées ennuyeuses passées avec Markus dans la cave de la ferme.

Le blaster eut tôt fait de disparaître entre les couches de fourrures.

Décidant de l'imiter, Zen'kan tâcha de glisser le sien dans la poche de son pantalon. Tâche bien ardue sous les plis étouffants de la lourde cape qu'il portait.

« Quelle merde, ces gants ! » pesta-t-il, tâchant de retirer une des pièces de cuir pour retrouver un peu de dextérité.

Il se figea à mi-geste, frappé par sa propre stupidité.

« Maiiiis suiiiis coooooon ! » siffla-t-il, arrachant presque rageusement les gants, qu'il lança avec la cape à un Jiu perplexe. « J'ai pas besoin de cette merde ! Je reviens ! Deux minutes ! » cria-t-il, partant en courant dans les couloirs.

Une minute quarante-cinq secondes plus tard, il était de retour dans la baie à Jumpers, enfilant avec un sourire prédateur son collier holographique.

« Y a des jours, suis vraiment teubé... M'a suffi de dix jours sans ce truc pour que j'oublie son existence. Chuis con, hein ? » nota-t-il, constatant que ses paumes avaient repris leur si familière apparence humaine.

Jiu, qui avait proprement replié la cape sur son avant-bras, eut un hochement de tête approbateur.

« Ne te dénigre pas. Je n'y ai pas pensé non plus. » nota-t-il, avant de se tourner vers les deux soldats humains qui allaient les accompagner. « Tout le monde est prêt ?»

Ils opinèrent, ce qui sonna l'embarquement à bord du petit vaisseau lanthien, sur la banquette duquel Jiu abandonna le déguisement devenu inutile.

Le jeune homme se glissa aux commandes, faisant signe à Zen'kan de le rejoindre dans le cockpit.
Presque timide, l'adolescent s'assit au poste de copilote.

Avec l'indifférence née d'une absolue familiarité, Jiu fit glisser le Jumperhors du ventre de l'Utopia.

« Ton gène n'est pas encore exprimé, je suppose ? » demanda l'homme.
« Hein ? »
« Ton gène lanthien. Comme tes
schiitarsne sont pas encore ouverts, je suppose qu'il ne s'est pas encore exprimé ? »

« Heu... j'crois pas. »

« Pose tes mains sur les commandes. Oui, comme ça... et maintenant ferme les yeux. Essaie de te concentrer pour trouver la connexion du Jumper. »

Sceptique, Zen'kan obéit néanmoins.

« Je risque pas de nous faire nous écraser ? »
« Aucun risque, j'ai les commandes. »

Avec un hochement de tête dubitatif, le jeune wraithferma les yeux.

«Ça ressemble à quoi, cette... connexion ? »

« Mmmh... (Jiu réfléchit un peu.) C'est un peu comme un lien télépathique mais qui serait... décalé ? Sur une fréquence différente ? C'est en tout cas comme ça que Markus me l'a décrit... »

Pas certain de comprendre ce qu'il devait chercher, Zen'kan tenta néanmoins de trouver quelque chose pouvant s'apparenter à une « fréquence » dans le monde obscur et plein de vide qu'était la Toile de l'Esprit.

Avec un grognement défait, il rouvrit les yeux.
« Ça marche pas. »

Jiu eut un sourire qui se voulait encourageant.

« Ne t'en fais pas. Tom n'a pas réussi non plus avant que son gène ne s'exprime. Ça le rendait dingue. »
« Ah ? »
« Oui. Avec ma sœur, j'étais le seul à pouvoir utiliser pleinement la technologie lanthienne, en dehors de Rosanna et Markus. »
« Il était jaloux ? »
« Comme un Garik. »

Aucune idée de ce qu'était un Garik. Mais ce n'était pas nécessaire pour comprendre le sens de la phrase. Il opina, retirant ses mains des commandes. Un peu déçu, mais pas humilié d'avoir échoué.

« On arrive à la Porte » nota Jiu. « Tu veux composer les coordonnées ? »

« Je peux ? »
« Oui. Tiens, je t'affiche la séquence sur l'écran. »

Une série de symboles apparut en transparence sur le pare-brise.
Zen'kan prit quelques instants pour les repérer sur le pavé tactile devant lui, puis il pressa le premier bouton, ce qui fit s'animer le grand anneau de pierre devant lequel ils lévitaient, invisibles.
Deux Jaffas qui somnolaient à moitié à l'ombre d'un bosquet rabougri voisin se redressèrent, soudain en alerte, pointant leurs armes en direction de l'artefact antique.

« Ils pensent que c'est un vortex entrant. Les vaisseaux invisibles qui passent les Portes ne semblent pas être communs dans cette galaxie. » anticipa Jiu.

Opinant, Zen'kan poursuivit la séquence d'engagement, le puissant jaillissement d'énergie le faisant reculer instinctivement dans son siège.

Jiu rit, faisant avancer doucement le Jumper.

« C'est impressionnant hein ? »

« Putain, ouais ! »
« Et c'est extrêmement dangereux. Tout ce qui se trouve pris dans le vortex de formation de l'horizon des événements est immédiatement désintégré. »
« Ooook... j'oublierai pas. »
L'homme pouffa.

« Si tu oublies, ce ne sera qu'une seule fois. »

Il hocha la tête, fixant avec une appréhension nouvelle le mur miroitant qui s'approchait furieusement. Instinctivement, il inspira à fond.

« Ne retiens pas ton souffle, ça rend les choses plus douloureuses. » nota Jiu.
Zen eut à peine le temps de vider ses poumons avant que le liquide qui n'en était pas ne l'engloutisse.

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La télépathie avait l'avantage de rendre les radios inutiles. Et les communications, silencieuses et quasi instantanées.

Jialym n'était pas formé aux opérations de terrain. Son seul travail pour l'instant était de le suivre aussi silencieusement que possible, et de se tenir prêt.

Les quatre autres en revanche étaient des guerriers. Le plus jeune avait quatre-cents ans. Le plus vieux, dix fois plus. Ils savaient agir de manière coordonnée sur le terrain.
Tom avait été vaguement formé à ce genre de manœuvres. Il les avait surtout pratiquées, par la force des choses. Avoir simultanément cinq champs de vision complets avait toujours quelque chose de vomitif. Mais c'était redoutablement efficace pour n'avoir aucun angle mort. Et savoir à chaque instant où était qui.

Il escortait l'atout. Il était donc au centre arrière de la petite formation.

Les autres étaient répartis. Sur sa gauche, sur sa droite, et devant.

Le village Jaffa était calme. Paisible. Et invraisemblablement facile à infiltrer. Les maisons étaient proches, les ruelles les séparant formant un merveilleux labyrinthe d'ombres prêt à les dissimuler dans les lueurs du soleil couchant. C'était à peine s'ils avaient croisé cinq patrouilles depuis leur arrivée.

Dalak avait placé des hommes tout le long du chemin menant à leur vaisseau. Mais il avait négligé les autres directions. Comme s'il leur était impossible d'échapper à la surveillance de la troupe postée sur une butte à même pas deux-cents mètres du vaisseau, pour ensuite rejoindre le village par monts et par vaux.

Ils arrivèrent bientôt sur l'arrière de la maison du seigneur des lieux. Dans une cour de pierre, deux femmes étendaient du linge en chantonnant.

D'un geste négligent de la main, il envoya une ombre argentée danser entre les draps humides.

La première sursauta avec un petit cri. Sa collègue la rejoignit bientôt. Il créa davantage d'ombres.

Inquiètes, les lavandières reculèrent, s'approchant sans le savoir des deux guerriers embusqués derrières le muret.
Elles n'eurent pas le temps de hurler. Pas avec leur parfaite coordination. Un seul être dans cinq corps.

En un instant, elles furent tirées à l'abri du mur. Les deux guerriers coupèrent le lien télépathique le temps de terminer leur sale besogne, puis le lien revint.

Tom laissa sa rage noyer la culpabilité qui menaçait de le ramener à de meilleurs sentiments. Dalak voulaient qu'ils massacrent des innocents ? Il allait être servi.

D'une pensée, il remercia les deux guerriers de leur délicate attention puis, à croupetons, les suivit alors qu'ils sautaient dans la cour, profitant de la lessive pour rester à couvert.

Il y eut encore un homme portant un panier de fruits, et un garde en armure qu'il égorgea proprement, tandis que Ninaï'kan, pour faire bonne mesure, enfonçait sa lame dans le ventre du Jaffa, là où devait se trouver le symbiote.

Puis une femme les vit, et avant qu'ils n'aient le temps de la neutraliser, donna l'alerte de son cri perçant.

Le hurlement résonna comme un appel à la curée. La parfaite connexion mentale éclata.

Tom se recentra sur son objectif et sur son binôme qui, clairement terrifié, le suivait comme un caneton perdu.

Les deux paires de guerriers s'élancèrent avec une joie cruelle pour semer mort et chaos dans la demeure.

D'une pensée, il galvanisa Jialym puis, sortant son fusil-mitrailleur, se mit à avancer. Si les lieux n'avaient pas trop changé, le bureau de Dalak était droit devant eux, après la salle de réception.

Et avec un peu de chance, c'est là qu'ils le trouveraient.
Un garde se dressa devant lui. Il ne réfléchit pas. Ne visa même pas vraiment, et tira une salve sur l'humain qui s'effondra en hoquetant.

Après s'être assuré qu'il n'était plus une menace, il poursuivit son avance. Un tir de plasma brûlant désintégra le chambranle qu'il venait de passer. Il vida la moitié de son chargeur sur le tireur, qui s'effondra également.

Un glapissement de douleur retentit derrière lui, alors que la souffrance de son congénère baignait sa psyché. Il se retourna vivement, pour trouver Jialym à genoux, fixant avec horreur la plaie carbonisée sur son flanc. Avec un rugissement, il termina son chargeur sur le garde qui, les ayant pris à revers, avait fait feu.

Du coin de l'œil, il avisa un adolescent qui, un Zatnik'tel tressautant inutilement dans ses mains tremblantes, tentait de se cacher derrière une colonne.

En deux pas, il était devant lui. Le jeune homme tenta de lui tirer dessus, mais il tremblait tellement qu'il le rata alors qu'il n'était pas à un mètre.

Tom le souleva par l'avant de sa tunique, détaillant avec dégoût le tatouage noir qui ornait son front.

« T'as quel âge ? »
« Dix... dix... se... se... »
« QUEL AGE ?! »
« Dix-sept ans... » parvint-il à cracher d'une voix faible.

« Et les tiens te considèrent comme un homme ? »
L'intéressé opina sans comprendre, trop terrifié pour parler.

« Alors tu es assez âgé pour mourir. » statua-t-il, avant de le jeter en direction du technicien qui, pantelant, tentait vainement de se redresser.

Jialym lui jeta un regard étrange. Interrogateur et presque aussi effrayé que celui de l'humain.

Avec un grondement mauvais, Tom détourna le regard. Le scientifique n'hésita pas, et dans le relatif silence de la pièce, le gémissement pitoyable de souffrance du jeune homme s'éleva, lancinant, assourdissant et porteur d'une volonté de vivre aveuglante.

Inspirant et expirant à fond, Tom se força à décrisper un peu ses mains sur son arme, tandis qu'il faisait le guet le temps que son congénère régénère.

Il n'avait pas faim, et pourtant, l'appel de la chasse résonnait en lui. La soif de vie était comme un chant de sirène pour lui.

Un liquide chaud coula sur son poignet gauche. Avait-il était blessé sans s'en rendre compte ?
Non, il n'avait pas mal, et ce n'était pas du sang.

Il mit quelque secondes à réaliser.

De l'enzyme. C'était de l'enzyme.
Ses schiitars s'étaient écartés. Crocs à vif, prêts à percer la chair et à aspirer la vie.

Il frissonna et, ouvrant et fermant alternativement ses paumes, se força à reprendre contrôle de son corps. Il n'était pas une bête. Il ne s'abaisserait pas à ça.

Avec un gémissement de douleur, Jialym se releva.

« On peut continuer, capitaine. »

La plaie avait commencé à régénérer. Tom acquiesça, et reprit sa progression. Ils s'étaient arrêtés moins d'une minute.

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« C'est le fameux village ? » demanda Zen'kan, alors qu'ils quittaient l'ombre du bois dans lequel ils avaient dissimulé le Jumper.

« C'est la même planète, mais je doute que ce soit le même village. » répondit Jiu.

« En tout cas, il y a des Unas. » nota Marik'ka, désignant du doigt deux petites silhouettes qui, penchées sur un champ de tubercules, en arrachaient les mauvaises herbes.

« Allons les voir.» décida le jeune homme.

Ils obliquèrent donc, prenant toutefois soin de ne pas piétiner les cultures.

Ils n'avaient pas fait la moitié du chemin que les deux paysans écailleux s'enfuyaient craintivement en direction d'un petit bâtiment de pierre en bordure du champ.

Bâtiment duquel sortit un homme ventripotent armé d'une cravache, qui hurla un peu sur les deux Unas en gesticulant, avant d'aviser la source de leur crainte.

De quelques coups de cravache bien placés, qui firent gronder de colère Morgal, il expédia les travailleurs dans la remise, avant de s'avancer vers eux, pouces dans la ceinture, la démarche propriétaire.

Après s'être assuré d'un regard que Morgal n'allait pas broncher, Jiu accrocha un sourire commerçant à ses lèvres et leva un bras en un large salut.

« Bien le bonjour ! » lança-t-il alors qu'ils arrivaient à vingt mètres.

« Z'êtes qui ? » demanda l'homme, méfiant.

« Nous sommes des voyageurs. Je m'appelle Jiu. »

L'homme les dévisagea tous avec soin.

« Z'avez pas vraiment l'air de voyageurs... » nota-t-il, faisant un geste vague dans leur direction.

« Nous voyageons léger. »

« Mouais, à d'autres... Vous voulez quoi ? »
« Juste discuter... faire connaissance... »

L'homme ne sembla pas convaincu.

Prit d'une inspiration soudaine, Zen'kan fit un pas en avant.

« OK. On est, heu... des marchands ? »
Les sourcils de leu interlocuteur s'élevèrent.

« Des marchands ? Sans rien à vendre ? »
Jiu lui jeta un regard furieux. Zen'kan lui répondit d'un regard signifiant « J'essaie d'aider ! » avant de se tourner à nouveau vers l'homme.

«En fait... on est venus acheter... »

« Pour refaire notre stock. » renchérit Jiu, qui avait retrouvé sa langue.

A la méfiance, dans le regard de l'homme, s'était ajoutée une pointe d'intérêt.

« Vous voulez acheter quoi ? »
« UNAS ! » beugla Morgal, les faisant tous sursauter.

L'homme recula, les phalanges soudain blanches autour de sa ridicule cravache.

« C'est un sauvage ? »
« Qui, Morgal ? » demanda Jiu, perplexe, une main apaisante posée sur le bras de la chasseresse.
« Votre Unas. C'est un sauvage ? »

Morgal gronda, semblant mettre du poids dans la question de l'homme.
« Heu... Dépend de ce que vous appelez sauvage... » éluda Jiu..

« Vous n'avez pas besoin de l'enchaîner ?! Comment faites-vous pour dompter un Unas sauvage ? »
Enfin certain que Morgal n'allait pas sauter à la gorge de l'homme, Jiu se reprit.

« Nous avons nos méthodes, et nous aimerions parler à quelqu'un avec qui nous pourrions faire affaire. Seriez-vous assez aimable pour nous indiquer où nous pourrions trouver une telle personne ? »

« Heu... oui... au village. Demandez Kirma. C'est lui qui achète les esclaves pour les exploitations. Il pourra vous renseigner. »

Avec un sourire poli, Jiu salua.

« Merci monsieur. Vous êtes trop aimable. »

Ils se remirent en route, sous le regard prudent de l'homme et de ses deux esclaves – qui avaient épié tout l'échange depuis les ombres de la bâtisse.

« Sac à merde. »

L'injure sifflée entre les dents serrés de Jiu surprit Zen'kan.

« Ça va ? »
« Non, mais ça ira mieux quand on partira d'ici. Ne traînons pas. »

Opinant, Zen allongea le pas.