Chapitre 9 : Le piège se referme

Isabella s'éveilla doucement, bercée par la lumière filtrant à travers les rideaux du loft d'Edward. Elle réalisa rapidement qu'elle était allongée dans un lit qui n'était pas le sien. Le parfum subtil et masculin des draps la ramena à la réalité : Edward lui avait laissé son lit pour la nuit et avait pris le canapé.

Elle s'assit lentement, ses pensées encore embrumées par le sommeil, et remarqua un léger bruit venant de la cuisine. Curieuse, elle se leva, passa une main dans ses cheveux en bataille, et se dirigea vers le bruit.

Dans la cuisine, Edward était déjà debout, vêtu d'un t-shirt noir ajusté et d'un pantalon de jogging, une image presque trop parfaite. Devant lui, une assiette de pancakes dorés trônait fièrement à côté d'un bol de fruits frais et d'un pot de sirop d'érable.

- « Bonjour, » dit-il avec un sourire chaleureux en la voyant arriver. « Je me suis dit que tu pourrais avoir besoin d'un bon petit déjeuner après tout ce stress. »

Isabella sentit une chaleur monter en elle, à la fois pour l'attention qu'il lui portait et pour la simplicité de ce moment.

- « Tu as fait tout ça toi-même ? » demanda-t-elle en s'approchant, impressionnée.

- « Je ne suis peut-être pas un chef étoilé, mais je sais me débrouiller, » répondit-il avec une pointe de fierté. « Assieds-toi, c'est prêt. »

Elle s'installa à la table, observant Edward sous un nouveau jour. Ce n'était plus seulement l'homme mystérieux et stratège qu'elle avait appris à connaître, mais aussi quelqu'un de profondément attentionné.

« Bien dormi?. »

« Oui. Ton lit est … confortable. »

Edward lui sourit simplement et elle mangea dans le silence réconfortant.

Après le petit déjeuner, Edward lui proposa d'aller prendre une douche pour se rafraîchir.

- « Je vais te trouver quelque chose de plus confortable à porter, » dit-il avant de disparaître dans une autre pièce.

Isabella, bien que légèrement hésitante, se rendit dans la salle de bain. Sous l'eau chaude, elle sentit une partie de son stress se dissiper. Mais lorsqu'elle sortit de la douche, elle remarqua une pile de vêtements féminins soigneusement pliés sur le comptoir : un jean, un t-shirt en coton doux, et des sous-vêtements, tous manifestement neufs.

Son esprit s'emballa. Avait-il quitté l'appartement ce matin pour aller les acheter ? se demanda-t-elle. Puis une autre pensée la frappa : Était-il entré pendant qu'elle était sous la douche ? L'avait-il vue ?

Une légère rougeur monta à ses joues, et, bien qu'elle sache que c'était probablement improbable, l'idée de cette possibilité l'émoustilla légèrement.

En s'habillant, elle sentit le tissu doux contre sa peau et ne put s'empêcher de sourire. Edward était toujours une énigme, mais il avait un talent indéniable pour la faire se sentir en sécurité et… spéciale.

Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, Edward était de nouveau dans la cuisine, une tasse de café à la main. Il leva les yeux vers elle et lui sourit.

- « Les vêtements te vont parfaitement, » dit-il, son regard l'appréciant discrètement mais respectueusement.

Isabella se sentit rougir à nouveau, mais elle ne répondit rien, se contentant de s'asseoir à la table où il avait déjà préparé une deuxième tasse de café pour elle.

Alors qu'ils discutaient des plans pour la journée, Isabella ne put s'empêcher de penser que, malgré la complexité de la situation, il y avait quelque chose de profondément réconfortant dans cette connexion qui se tissait entre eux.

Edward proposa calmement, une fois le petit déjeuner terminé :

- « Je dois passer au bureau ce matin, » dit-il en déposant sa tasse de café sur la table. « Si tu veux, je peux t'y emmener. Tu n'es pas obligée de rester seule, et je crois que tu pourrais trouver l'endroit intéressant. »

Isabella hésita un instant. Elle appréciait l'idée de passer du temps avec lui, mais une partie d'elle se demandait si elle ne s'imposait pas. Pourtant, le regard d'Edward, mêlant sincérité et curiosité, la convainquit rapidement.

- « D'accord, » répondit-elle avec un léger sourire. « Pourquoi pas. »

Ils quittèrent l'appartement peu après, montant dans la voiture d'Edward, une berline noire élégante et sobre, à son image. Alors qu'il démarrait et que le moteur ronronnait doucement, Isabella, installée confortablement dans le siège passager, sentit sa curiosité grandir.

- « Alors, » dit-elle, jouant avec la ceinture de sécurité entre ses doigts, « tu as mentionné hier que tu avais travaillé avec des agences gouvernementales. C'est un peu vague, non ? »

Edward, les mains sur le volant, tourna légèrement la tête vers elle, un sourire discret aux lèvres.

- « C'est parce que certains détails ne sont pas très… partageables. »

Isabella roula des yeux, amusée mais insatisfaite par sa réponse.

- « Allez, tu peux m'en dire un peu plus. Par exemple, pourquoi as-tu quitté ce genre de travail ? »

Edward sembla réfléchir un instant avant de répondre.

- « J'ai découvert que les bureaucraties sont souvent plus intéressées par leur propre survie que par la vérité. Je voulais être libre de mes choix, ne plus être lié par des chaînes invisibles. »

Isabella hocha la tête, fascinée par son ton direct.

- « Et c'est comme ça que tu t'es retrouvé à construire ton entreprise ? »

- « Oui. J'ai pris les compétences que j'avais acquises et je les ai appliquées au monde des affaires. » Il marqua une pause avant d'ajouter, avec une lueur de malice dans les yeux : « Et crois-moi, ce monde est tout aussi impitoyable que celui du renseignement. »

Elle sourit légèrement, mais sa curiosité n'était pas satisfaite.

- « Tu as dû rencontrer des gens fascinants, non ? Peut-être même dangereux. »

Edward éclata de rire doucement.

- « Des gens fascinants, oui. Des gens dangereux, certainement. Mais toi, Isabella, tu pourrais rivaliser avec eux. »

Elle haussa un sourcil, sceptique.

- « Moi ? »

- « Absolument, » répondit-il avec sérieux. « Regarde-toi : tu t'es retrouvée mêlée à une situation incroyablement complexe, mais tu tiens bon. C'est une qualité rare. »

Ses paroles touchèrent Isabella, mais elle détourna les yeux vers la fenêtre pour cacher le léger rougissement qui montait à ses joues.

- « Donc, » reprit-elle pour changer de sujet, « ton entreprise. Tout ce travail que tu fais, est-ce uniquement pour l'argent ou il y a autre chose derrière ? »

Edward sourit à nouveau, mais cette fois, il sembla plus introspectif.

- « L'argent n'est qu'un outil, Isabella. Ce que je cherche vraiment, c'est le contrôle. Pas pour dominer, mais pour protéger les gens que je tiens à cœur. »

Isabella ne répondit pas tout de suite. Elle sentit qu'Edward était sincère, et cette facette plus humaine de lui la troublait autant qu'elle l'intriguait.

Lorsque la voiture s'arrêta enfin devant l'immeuble moderne abritant l'entreprise d'Edward, Isabella était encore perdue dans ses pensées, impressionnée par les réponses de cet homme qui, peu à peu, dévoilait une complexité qui la captivait.

Edward sortit de la voiture et fit le tour pour ouvrir la porte d'Isabella. Une attention simple mais inattendue qui la fit sourire légèrement.

- « Bienvenue chez moi, » dit-il en désignant l'imposant immeuble de verre et d'acier.

Ils traversèrent le hall d'entrée, lumineux et accueillant, où des employés semblaient tous concentrés mais décontractés. Isabella sentit immédiatement l'énergie vibrante du lieu, une atmosphère de dynamisme et d'innovation.

Edward, saluant quelques visages familiers, guida Isabella vers un ascenseur privé. Pendant la montée, il lui expliqua brièvement :

- « Nous avons plusieurs projets en cours, mais l'un des plus intéressants en ce moment concerne la sécurité des données. Mon équipe travaille sur une technologie capable de repérer les cyberattaques avant même qu'elles ne se produisent. »

Isabella haussa un sourcil, impressionnée.

- « Donc, en gros, tu crées un bouclier numérique ? »

- « En quelque sorte, oui, » répondit Edward, un sourire en coin. « Mais ne t'inquiète pas, je ne vais pas te noyer dans les détails techniques aujourd'hui. »

Ils arrivèrent à son étage, un espace ouvert rempli de bureaux modernes, de murs ornés d'écrans interactifs et de zones de réunion informelles. Edward l'emmena dans son bureau, une pièce spacieuse et minimaliste avec une vue imprenable sur la ville.

- « Fais comme chez toi, » dit-il en lui indiquant un canapé confortable près de la fenêtre.

Isabella s'assit, admirant la vue tout en réfléchissant aux mots d'Edward. Il semblait être dans son élément ici, un leader naturel qui inspirait confiance et respect.

Alors qu'Edward s'installait à son bureau pour vérifier quelques documents, Isabella ne put s'empêcher de poser une autre question.

- « Edward, » dit-elle doucement, attirant son attention. « Tout ce que tu fais, tout ce que tu es… est-ce que c'est toujours toi, ou y a-t-il une part de toi que tu gardes cachée ? »

Il releva les yeux, intrigué par sa question.

- « On garde tous une part de nous-même cachée, Isabella. La vraie question est : est-ce qu'on trouve quelqu'un qui mérite de la voir ? »

Son ton était sérieux, presque introspectif, et Isabella sentit un frisson lui parcourir l'échine. Avant qu'elle ne puisse répondre, un employé frappa doucement à la porte, interrompant leur moment.

Edward se leva pour discuter brièvement avec lui, laissant Isabella seule avec ses pensées.

Elle regarda autour d'elle, observant chaque détail du bureau. Les étagères étaient remplies de livres sur la technologie, le leadership et, à sa grande surprise, quelques romans classiques. Une photographie en noir et blanc d'un paysage de montagne était accrochée au mur, ajoutant une touche personnelle à l'espace.

Quand Edward revint, il portait deux tasses de café.

- « Je ne savais pas si tu voulais autre chose, mais celui-ci est vraiment bon, » dit-il en lui tendant une tasse.

Isabella le remercia, appréciant son attention.

- « Alors, » reprit Edward, s'asseyant en face d'elle. « Si tu devais choisir, entre ce que tu fais maintenant et quelque chose de totalement différent, qu'est-ce que tu ferais ? »

Isabella le regarda, surprise par sa question. Mais elle sentit qu'il ne posait pas cette question par hasard. Edward semblait vouloir la connaître, vraiment, au-delà de tout ce qui les avait amenés là.

Et pour la première fois depuis longtemps, Isabella se sentit en sécurité pour répondre honnêtement.

Isabella réfléchit un instant, observant le café dans sa tasse avant de relever les yeux vers Edward.

- « Je ne suis pas sûre, » admit-elle, sa voix douce mais honnête. « J'aime ce que je fais, mais parfois, j'ai l'impression que ça ne me définit pas vraiment. »

Edward hocha la tête, comme s'il comprenait parfaitement ce qu'elle voulait dire.

- « Ce n'est pas toujours évident, » dit-il, sa voix empreinte de sagesse. « Mais il y a une liberté dans le fait de se réinventer. Tout le monde n'a pas le courage de le faire. »

Isabella sentit une chaleur monter en elle, un mélange d'encouragement et d'inspiration. Edward avait une façon de poser des mots sur des choses qu'elle n'avait jamais su verbaliser.

Elle reprit une gorgée de café avant de poser sa tasse sur la table basse entre eux.

- « Et toi ? » demanda-t-elle avec curiosité. « Si tu n'avais pas tout ça — » elle fit un geste vers le bureau luxueux et la vue impressionnante « — qu'est-ce que tu ferais ? »

Edward sourit, mais cette fois, c'était un sourire teinté de nostalgie.

- « J'ai toujours été fasciné par l'idée de construire quelque chose de mes propres mains. Peut-être que dans une autre vie, j'aurais été architecte. Créer des choses tangibles, durables. »

Isabella inclina légèrement la tête, essayant d'imaginer Edward dans un casque de chantier, plan en main. La pensée la fit sourire.

- « C'est surprenant, » dit-elle doucement.

- « Pourquoi ? » demanda-t-il, ses yeux pétillants d'une curiosité sincère.

- « Parce que tu sembles être quelqu'un qui construit déjà des choses. Pas seulement des entreprises, mais des relations, des idées. »

Edward la fixa un instant, clairement touché par ses mots.

- « C'est peut-être la chose la plus gentille qu'on m'ait dite depuis longtemps, » dit-il finalement, son ton sérieux.

Un silence confortable s'installa entre eux, rempli d'une tension douce mais palpable. Isabella se sentit à la fois exposée et connectée d'une manière qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps.

- « Edward… » commença-t-elle, mais elle fut interrompue par la vibration du téléphone d'Edward sur son bureau.

Il le saisit rapidement, son expression se durcissant en lisant le message qui venait d'arriver.

- « Qu'est-ce qui se passe ? » demanda Isabella, remarquant le changement dans son attitude.

Edward posa le téléphone, croisant son regard.

- « C'est un nouveau développement sur Emmett. Il a prévu une réunion demain avec des partenaires dont je soupçonnais déjà l'implication. On peut l'intercepter. »

Isabella sentit son cœur accélérer.

- « Tu veux dire, demain pourrait être le moment où tout bascule ? »

Edward hocha la tête.

- « Oui. Mais ça signifie aussi que les choses vont devenir beaucoup plus dangereuses, Isabella. »

Elle inspira profondément, sachant qu'ils étaient à un tournant critique. Mais elle n'hésita pas.

- « Alors, faisons-le. Je ne reculerai pas maintenant. »

Edward observa son visage, une admiration visible dans ses yeux.

- « Très bien. Mais sache une chose : quoi qu'il arrive, je serai là pour toi. Toujours. »

Et avec ces mots, une résolution silencieuse passa entre eux. Ils étaient prêts à affronter la tempête ensemble.

Un peu après midi, Isabella rejoint Angela pour finalisé un projet avant un grand événement. Le restaurant où elles se retrouvent est cosy, décoré de touches bohèmes qui contrastent avec l'agitation intérieure d'Isabella. Angela, fidèle à son habitude, est déjà installée avec un cappuccino devant elle, un sourire bienveillant sur les lèvres.

- « Isa, tu es en retard, mais je te pardonne, » plaisanta Angela.

Isabella s'assoit, son sourire crispé trahissant son état d'esprit. Elle passe distraitement une main dans ses cheveux, comme pour se composer une contenance.

- « Désolée, Angela. La matinée a été… compliquée. »

Angela plisse les yeux, visiblement intriguée.

- « Isa, qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air tendue, et ce n'est pas la première fois que je le remarque. »

Isabella hésite, jouant avec le coin de la serviette en papier devant elle. Elle soupire finalement, décidant de confier une version édulcorée de ses préoccupations.

- « Disons que ma relation avec Emmett est… compliquée en ce moment. Il y a des choses que je découvre sur lui, et… quelqu'un d'autre entre en jeu, d'une certaine manière. »

Angela écarquille les yeux, surprise.

- « Attends. Tu es en train de me dire que tu as un triangle amoureux sur les bras ? Et avec Emmett, en plus ? »

Isabella secoue la tête, un sourire sans joie aux lèvres.

- « Ce n'est pas aussi romantique que ça en a l'air, crois-moi. C'est plus… compliqué et franchement épuisant. »

Angela sirote son cappuccino, réfléchissant un instant avant de poser sa tasse.

- « Isa, écoute-moi. Peu importe à quel point les choses sont compliquées ou difficiles, tu dois te demander ce que toi tu veux. Pas ce que les autres attendent de toi, pas ce que tu penses devoir faire pour éviter des problèmes. Toi. »

Ces mots touchent Isabella plus profondément qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle reste silencieuse, fixant son amie avec reconnaissance.

- « Ça n'a pas l'air d'être une simple dispute de couple, » continue Angela. « Mais quoi que ce soit, ne perds pas de vue ta propre valeur. Emmett, cet autre homme, quiconque… ils ne définissent pas qui tu es. »

Isabella hoche doucement la tête, laissant ces paroles résonner en elle.

- « Merci, Angela. Je crois que j'avais besoin d'entendre ça. »

Angela lui prend la main à travers la table et la serre doucement.

- « Tu sais que je suis là, pas vrai ? Peu importe à quel point c'est chaotique, tu peux toujours venir me voir. »

Isabella sourit pour la première fois depuis des jours, un sourire sincère.

- « Merci, vraiment. »

La conversation dérive ensuite vers des sujets plus légers, offrant à Isabella une pause bienvenue dans son tourbillon émotionnel. Mais au fond d'elle, Angela a planté une graine de réflexion. Isabella sait qu'il est temps de commencer à se demander ce qu'elle veut vraiment… et qui elle veut être dans tout cela.

La nuit tombe doucement sur la ville, et Isabella se tient devant la porte de l'appartement d'Alice. Ses bras sont chargés d'un sac contenant quelques affaires de rechange, et une fatigue émotionnelle pèse lourdement sur ses épaules. Lorsqu'Alice ouvre la porte, son visage s'éclaire immédiatement d'un sourire sincère.

- « Isa ! Entre, allez. Laisse-moi t'aider avec ça. »

Alice attrape le sac et le dépose près du canapé avant de refermer la porte. L'appartement d'Alice est un véritable cocon : des lumières tamisées, des coussins éparpillés, et une odeur de bougie parfumée flottant dans l'air.

- « J'ai commandé une pizza, » dit Alice en lui tendant une bière déjà décapsulée. « Je savais que tu viendrais tôt ou tard. Alors, raconte. C'est Emmett, n'est-ce pas ? »

Isabella s'installe sur le canapé, prenant une gorgée de sa bière pour se donner du courage.

- « Oui, c'est lui. Les choses ont… dérapé. Je ne peux plus rester dans la maison avec lui. Il ne veut pas partir, et honnêtement, je ne me sens pas en sécurité. »

Alice hoche la tête avec une expression qui mélange exaspération et empathie.

- « Isa, tu sais ce que je pense d'Emmett depuis le début. Ce type est un égocentrique insupportable. Mais là, ça dépasse tout. »

Isabella sourit faiblement.

- « Je sais, tu avais raison. Je crois que j'ai fermé les yeux sur beaucoup de choses, mais maintenant, tout me semble tellement clair. »

Alice s'appuie contre le dossier du canapé, croisant les bras.

- « Donc, tu veux rester ici jusqu'à ce qu'il dégage ? Tu es la bienvenue aussi longtemps que tu veux, tu le sais. »

La porte d'entrée grince légèrement lorsque le livreur arrive avec la pizza. Alice règle rapidement avant de revenir avec la boîte fumante.

- « Bon, mange un peu, ça te fera du bien. Et oublie ce type pour ce soir. »

Assises côte à côte, les deux amies dégustent leur repas, entre quelques gorgées de bière. Isabella se sent étrangement apaisée dans cet environnement.

- « Merci, Alice, vraiment. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »

Alice lui tapote l'épaule avec un sourire.

- « Isa, c'est à ça que servent les amis. Maintenant, concentre-toi sur toi. Mets de l'ordre dans ta vie. Et si Emmett essaie de te pourrir la vie, tu sais que j'ai ton dos. »

Alors qu'Alice et Isabella sont confortablement installées sur le canapé, une comédie romantique défile à l'écran. L'atmosphère est légère, ponctuée des rires d'Alice à certaines scènes absurdes, mais Isabella ne parvient pas totalement à se détendre.

Son téléphone, posé sur la table basse, vibre soudainement. Le nom d'Emmett s'affiche en lettres lumineuses, accompagné de sonneries insistantes.

Alice jette un coup d'œil vers Isabella, une grimace sur le visage.

- « Sérieusement ? Il n'a pas encore compris que tu as besoin d'espace ? »

Isabella soupire profondément. Elle décroche le téléphone, mais au dernier moment, elle change d'avis et raccroche. Quelques secondes plus tard, une nouvelle vibration retentit. Puis une autre.

- « Ça devient pathétique, Isa. » Alice se penche pour attraper le téléphone et le lui tendre. « Si tu veux, je peux lui dire de te laisser tranquille. »

Isabella secoue la tête.

- « Non, ça ne ferait qu'empirer les choses. » Elle ouvre le téléphone pour consulter les messages :

"Isa, rentre à la maison."

"On doit parler."

"Arrête de m'ignorer, c'est ridicule."

La mâchoire d'Isabella se contracte alors qu'elle verrouille l'écran et repose le téléphone, le cœur battant plus vite. Une dernière vibration retentit, mais cette fois, elle prend une décision. Elle éteint complètement l'appareil et le pose sur le côté.

- « Voilà, problème résolu pour ce soir. » dit-elle avec une voix plus ferme qu'elle ne se sent réellement.

Alice sourit avec approbation.

- « Bien joué. Il ne mérite pas que tu gâches ta soirée pour ses appels incessants. Concentre-toi sur toi, Isa. »

Le film continue, mais l'épuisement de la journée commence à rattraper Isabella. Ses paupières deviennent lourdes, et avant qu'elle ne s'en rende compte, elle s'endort contre l'accoudoir du canapé.

Alice remarque son amie assoupie et baisse le volume de la télévision. Enveloppant Isabella d'un plaid, elle murmure doucement :

- « Tu as fait le bon choix, Isa. »

Dans ce petit cocon d'amitié et de sécurité, Isabella trouve enfin un semblant de repos, malgré le chaos qui continue de rôder en arrière-plan.

Au petit matin, la lumière douce du soleil traverse les rideaux épais de l'appartement d'Edward, baignant la pièce d'une lueur dorée. Isabella, un café à la main, fixe la clé USB que Edward vient de lui remettre. Son poids minuscule semble disproportionné à l'impact qu'elle pourrait avoir.

Edward, assis en face d'elle, déploie une série de croquis et notes sur la table basse, expliquant son plan avec une précision chirurgicale.

- « Voici comment ça va se passer. Le journaliste, un ami de confiance, sera à l'événement ce soir. Je lui donnerai la clé directement. Une fois qu'il aura les informations, il lancera une enquête indépendante. Ça commencera petit, mais ça montera rapidement en puissance. »

Isabella reste silencieuse, observant le plan méthodique se dessiner. Mais malgré la clarté des étapes, une ombre de doute envahit son regard.

- « Edward, » commence-t-elle, sa voix hésitante, « et si tout cela… n'était pas nécessaire ? Si je fais une erreur ? »

Edward relève les yeux, ses traits calmes mais fermes.

- « Ce n'est pas une erreur, Isabella. Emmett a pris des décisions qui le conduisent à cela. Tu ne fais que révéler ce qu'il a déjà mis en place. »

Isabella secoue la tête, la gorge nouée.

- « Mais j'ai aimé cet homme. Peut-être que, d'une certaine manière, je l'aime encore. Ce que nous faisons pourrait le détruire complètement. »

Un silence pesant s'installe. Edward, d'ordinaire pragmatique et implacable, s'adoucit. Il pose une main légère sur celle d'Isabella, capturant son regard.

- « Tu es incroyablement forte, Isabella. Mais cette force ne doit pas te faire oublier une chose : ce n'est pas toi qui le détruis. C'est lui-même. Ce genre d'homme… Il laisse une traînée de destruction partout où il passe. Ce que tu fais, c'est protéger les gens qui pourraient être ses prochaines victimes. »

Les mots d'Edward pénètrent profondément, mais ne dissipent pas totalement les hésitations d'Isabella. Un moment de silence suit, où leurs regards restent fixés, comme si un échange invisible se produisait.

Edward finit par retirer sa main, rompant le moment de tension.

- « Je comprends si tu as peur. Moi aussi, je le serais. Mais il faut se rappeler pourquoi on fait ça. Pas pour se venger, mais pour faire ce qui est juste. »

Isabella hoche doucement la tête, son regard se durcissant légèrement. Elle sait qu'il a raison, mais l'ombre du doute persiste.

Ils retournent à leurs plans, chacun reprenant un rôle clair dans cette mission. Malgré la complexité de la situation, ils s'accordent sur une chose : il n'y a pas de place pour les erreurs. Leur priorité reste la vérité, quoi qu'elle puisse révéler.

Isabella fit une entrée remarquée, traversant les grandes portes vitrées du luxueux hôtel où se tenait le dîner de charité. La lumière des lustres en cristal se reflétait sur sa robe d'un bleu profond, choisie par Edward. Ajustée à la perfection, la tenue sublimait sa silhouette tout en dégageant une élégance discrète. Un collier minimaliste et des talons argentés complétaient son allure sophistiquée.

Chaque regard semblait se tourner vers elle, que ce soit par admiration ou par curiosité. Isabella, pourtant, restait calme. Son cœur battait plus vite que d'habitude, mais elle dissimulait son trouble derrière un masque de sérénité.

En prenant un verre de champagne offert par un serveur, elle parcourut la salle du regard, observant les convives et leur gestuelle. Chaque sourire, chaque poignée de main semblait calculé, tout comme le luxe ostentatoire du décor : des colonnes de marbre, des arrangements floraux impressionnants, et une scène ornée pour les discours.

Elle aperçut Emmett de loin, en pleine discussion animée avec des hommes en costume, probablement des associés ou des partenaires d'affaires. Son rire éclatant traversa la salle, mais Isabella remarqua immédiatement quelque chose : une tension sous-jacente dans ses mouvements, un éclat nerveux dans son regard.

Faisant un effort pour ne pas le croiser immédiatement, elle se dirigea vers un groupe de femmes élégamment vêtues, échangeant des banalités sur le gala. Tout en écoutant distraitement, elle guettait du coin de l'œil Edward, qui devait déjà être dans la salle, bien que presque invisible dans la foule.

Isabella se força à sourire et à converser avec une naturelle apparente.

- "C'est toujours un événement si bien organisé, n'est-ce pas ?" dit-elle à une femme à ses côtés, en espérant que cela paraisse crédible.

La soirée ne faisait que commencer, et elle savait qu'elle jouait un rôle crucial. Mais malgré les regards admiratifs et les sourires autour d'elle, Isabella sentait le poids de l'incertitude peser sur ses épaules.

Finalement, Emmett l'intercepta rapidement. Trop vite à son goût. Son sourire éclatant, mais ses yeux trahissant une pointe de méfiance.

- « Tu es absolument magnifique ce soir, Isabella. »

Elle incline légèrement la tête, masquant son agacement derrière un sourire poli.

- « Merci, Emmett. Tu es toujours si attentif. »

Emmett continue, sa voix basse mais teintée d'un ton possessif.

- « Je sens que quelque chose a changé. Tu sembles... différente. Que fait tu ici ? »

Isabella, maîtrisant son expression, plante son regard dans le sien.

- « Peut-être que j'ai simplement décidé de voir les choses sous un autre angle. »

Emmett reste interdit un instant, sa façade parfaite vacillant légèrement. Mais avant qu'il ne puisse répondre, un groupe d'associés s'approche pour discuter affaires, détournant son attention.

Isabella en profite pour s'éloigner, parcourant la salle avec une démarche naturelle mais alerte. Elle aperçoit Edward, vêtu d'un élégant smoking noir, dans un coin discret de la pièce. Bien qu'il reste en retrait, il capte son regard, un échange silencieux qui lui donne du courage.

Au fil de la soirée, Isabella joue son rôle à la perfection, discutant avec des invités et feignant un intérêt pour le but du gala. Elle évite soigneusement de rester trop longtemps près d'Emmett, consciente que chaque mot échangé pourrait révéler ses véritables intentions.

De son côté, Edward analyse la salle. Il identifie le journaliste, un homme d'une quarantaine d'années au regard aiguisé, et s'approche de lui discrètement. À cet instant précis, il remet la clé USB dans la poche intérieure du manteau du journaliste, un geste si fluide qu'il passe inaperçu.

Alors qu'Edward revient à sa position initiale, Isabella le rejoint brièvement sous prétexte de prendre un nouveau verre de champagne.

- « C'est fait ? »murmure-t-elle.

- « Oui. Maintenant, on attend. » répond Edward, son ton calme mais empreint de tension.

Le reste de la soirée se déroule sans encombre en apparence, mais Isabella sent une lourdeur croissante dans l'air. Elle sait que tout pourrait basculer d'un instant à l'autre.

Un quart d'heure plus tard, Emmett revient vers Isabella. Emmett la guida vers un un coin plus tranquille de la salle. Les conversations et la musique semblaient s'éloigner à mesure que la tension montait entre eux.

Emmett la regarda, les yeux plissés, comme s'il tentait de lire en elle.

- "Tu me caches quelque chose, Isabella. Et je ne sais pas si je peux encore te faire confiance," dit-il d'un ton froid mais chargé d'émotion.

Isabella, forte de sa détermination et des vérités qu'elle avait découvertes, planta son regard dans le sien, refusant de se laisser intimider.

- "C'est drôle que tu parles de confiance, Emmett. Depuis combien de temps joues-tu à ce petit jeu ? Combien d'autres secrets caches-tu encore ?"

Emmett se redressa, légèrement pris au dépourvu.

- "De quoi tu parles ? Si tu insinues quelque chose, dis-le clairement," rétorqua-t-il, mais son ton manquait de conviction.

- " Tu le sera bientôt. Mais sache, que j'ai ouvert les yeux sur toutes les soirées où tu était absent, mais que tu ne peux jamais expliquer. Et cette femme blonde au gala…" Isabella laissa sa phrase en suspens, observant la manière dont les mots semblaient frapper Emmett comme des coups.

Son visage se ferma, et son ton devint plus dur.

- " Tu ne comprends toujours pas. Je fais tout ça pour nous, Isabella. Pour que nous ayons la vie que nous méritons."

- "La vie que tu veux, Emmett," répliqua-t-elle avec amertume. "Tu ne te préoccupes pas de ce que je veux. Tu t'es servi de moi pour te donner une image parfaite, mais tout ça, c'est une façade."

Un silence tendu s'installa. Emmett, déconcerté, chercha une réponse, mais Isabella ne lui laissa pas le temps.

- "Tu sais quoi ? Je ne joue plus à ton jeu. Profite de ta soirée, Emmett. Elle pourrait être la dernière où tu te tiens aussi droit."

Elle tourna les talons, le laissant seul, son verre de champagne à moitié vide dans la main, un mélange de colère et de confusion sur le visage. Traversant la salle avec une élégance froide, Isabella sentit une vague de libération la submerger. Edward, posté près de l'entrée, croisa son regard et lui adressa un léger hochement de tête, signe que leur plan avançait comme prévu.

Peu après l'échange tendu entre Isabella et Emmett, un murmure commence à se répandre dans la salle luxueusement éclairée. Les invités, habillés de tenues élégantes, se regroupent en petits cercles, chuchotant de manière animée. Le journaliste d'investigation, visiblement agité, contemple l'écran de son téléphone. Il vient de recevoir un message d'un expert technique confirmant l'authenticité des preuves sur la clé USB qu'Edward lui a remise.

Le murmure devient une rumeur, puis une onde de choc : des preuves impliquant Emmett McCarty dans un vaste réseau de corruption et de transactions illégales circulent parmi les invités.

Au centre de la salle, Emmett, toujours impeccable dans son smoking noir, sent la pression monter. Il scrute la pièce avec nervosité, ses yeux cherchant Isabella, qu'il ne trouve pas. Son père, un homme imposant et habitué à contrôler les situations, intervient rapidement.

- "Mesdames et messieurs," commence le patriarche McCarty d'une voix forte et autoritaire, captant l'attention des convives. "Il semblerait qu'une rumeur infondée circule ce soir. Je tiens à rappeler à chacun que nous devons nous concentrer sur les objectifs nobles de cette soirée de charité. La vérité, comme toujours, triomphera."

Son ton est ferme, mais la tension est palpable. Emmett tente de garder un visage impassible, mais sa mâchoire serrée trahit son stress.

Pendant ce temps, Isabella, observant discrètement la scène depuis une galerie en hauteur, se détourne et se dirige rapidement vers la sortie. Edward l'attend dans un coin plus sombre, près d'une porte latérale.

- "Tout se déroule comme prévu," murmure Edward lorsqu'elle le rejoint, ses yeux cherchant à lire ses émotions. "Tu vas bien ?"

Isabella hoche la tête, bien qu'elle sente son cœur battre à tout rompre. "Oui. Je vais bien. Mais je ne veux plus rester ici une seconde de plus."

Edward pose une main légère sur son dos pour la guider hors de la salle. Ensemble, ils quittent discrètement l'événement, laissant derrière eux un chaos naissant.

Dans la voiture, Isabella fixe la route devant elle, un mélange de soulagement et de tristesse dans les yeux.

- "C'est fait," murmure-t-elle.

Edward, assis à ses côtés, répond avec une calme assurance.

- "Oui. Et bientôt, le reste suivra. Il n'y a pas de retour en arrière, Isabella. Mais tu es plus forte que tu ne le penses."

Elle tourne la tête vers lui, cherchant du réconfort dans son regard.

- "Merci," dit-elle doucement.

Edward répond par un léger sourire.

- "C'est toi qui as fait tout ça. Moi, je ne fais que t'accompagner."

La voiture s'enfonce dans la nuit, laissant derrière elle un chapitre de la vie d'Isabella prêt à exploser sous les projecteurs de la vérité.

Le silence enveloppe l'habitacle de la voiture d'Edward, seulement perturbé par le ronronnement du moteur et le cliquetis discret des clignotants. Isabella, assise à côté de lui, regarde les lumières de la ville défiler à travers la fenêtre. Un mélange de soulagement et d'appréhension se dispute en elle, comme si un poids immense venait de se lever, mais à un prix qu'elle n'a pas encore tout à fait assimilé.

Edward, les mains posées avec assurance sur le volant, jette un regard vers elle. Il est calme, presque serein, mais ses yeux, eux, trahissent une certaine vigilance.

- « C'est fini pour Emmett, » dit-il doucement, comme pour apaiser l'agitation qu'il devine encore en elle. « Mais pour toi, c'est un nouveau départ. »

Isabella, les yeux rivés sur les reflets des réverbères, murmure dans un souffle.

- « Peut-être. Mais à quel prix ? »

Un silence dense s'installe, lourd de sous-entendus. Isabella tourne légèrement la tête pour le regarder, ses traits empreints d'une fatigue émotionnelle, mais aussi d'une détermination nouvelle. Elle cherche ses mots, mais au lieu de parler, elle laisse une pensée instinctive prendre le dessus.

Edward, sentant son regard, brise doucement ce silence.

- « Je te ramène chez Alice ? » demande-t-il avec une neutralité qui masque un soupçon d'inquiétude.

Isabella reste silencieuse un instant, un sourire léger se dessinant sur ses lèvres. Puis, dans un murmure presque inaudible, elle répond.

- « Non. Allons chez toi! »

Surpris, Edward marque une pause, mais il n'insiste pas. Il hoche la tête, change de direction sans un mot. L'atmosphère dans la voiture se transforme, passant de la tension à une intimité presque palpable. Isabella croise ses bras contre elle, non pas par inconfort, mais comme pour se protéger de ce qu'elle ressent. Edward, lui, reste concentré sur la route, mais son esprit est ailleurs.