Hello,
Voici le dernier chapitre en date, j'espère qu'il va vous plaire. Et je remercie Shelan Anarae pour ton commentaire de la dernière fois. Je suis contente que tu sois prête pour les prochains chapitre.
Bonne lecture,
Bises,
XCheschireCat
Chapitre 52:
Si un peintre avait du personnifier le sentiment de culpabilité, l'artiste aurait certainement pu choisir Bill Weasley comme son modèle parfait. Assis la tête basse sur une chaise inconfortable, le dernier année s'était installé au chevet de la petite Fell pour veiller sur elle. Car son sommeil se prolongeait dans les quartiers de l'infirmerie.
Bill se disait que c'était de sa faute si la petite Slytherin s'était retrouvée dans les cachots à ce moment-là. Il aurait dû lui dire oui quand elle lui avait montré la salle de classe pour en faire son repère. Si Bill et elle avaient parlé plus longtemps, les autres ne lui auraient peut-être pas tendu une embuscade. Ou bien s'ils avaient un peu moins traîné ensemble alors elle n'aurait peut-être pas été prise pour cible…
Et Bill n'avait rien fait car le préfet avait eu bien d'autres choses en tête à ce moment-là. Il trouvait l'idée du repère inutile, voire carrément stupide. Pourtant en y réfléchissant, la salle de classe abandonnée était un lieu parfait pour échapper à Leighton. Mais maintenant, cela faisait trois jours que Daniella était à l'infirmerie de Poudlard après avoir été trouvée inanimée dans les couloirs des sous-sols. Trois jours que Bill se rongeait les ongles jusqu'au sang et restait assis sur une chaise à côté du lit de la fillette. Et trois jours que Leighton savait parfaitement où le trouver.
Pour ajouter au malaise du préfet, Madame Pomfresh avait expliqué que Fell ne réagissait pas bien aux potions de soin, une sorte d'allergie. L'infirmière avait dû faire appel à Snape pour la soutenir dans la recherche d'un traitement efficace, avec un succès mitigé.
- "Re-bonjour M. Weasley." Fit la femme avec le tablier blanc alors qu'elle venait vérifier l'état de sa patiente. Le préfet l'avait déjà vu le matin avant le début des cours. "Vous savez que les visites ne durent pas si longtemps normalement?
- Oui mais faut bien que quelqu'un veille sur elle, non ?" Bill posa une main sur le front moite de la petite sorcière. Sa peau était crayeuse sous l'éclairage des bougies alors un bleu s'étendait le long de sa mâchoire mais le plus inquiétant était sa respiration sifflante.
"-Et c'est pour ça que je suis là. " Dit Madame Pomfresh en le coupant dans son inspection.
" -Mais vous c'est pour les soins alors que moi … je suis plus un ami."
L'infirmière ne dit plus rien, mais Bill l'entendait distinctement râler sur les avantages de préfets en chef dont il abusait sans vergogne. Bill ne le nia pas. D'ailleurs, le rouquin ne quitta la pièce qu'à l'extinction des feux, laissant derrière lui le reste d'un repas que Charlie lui avait monté.
Bill se glissa silencieusement dans les ombres du couloir pour rentrer directement dans le dortoir. Il n'y aurait pas de ronde pour lui cette nuit. Ce soir, il n'était pas de taille à affronter Leighton. La salle commune des rouges et or avait encore du monde dont son petit frère qui guettait la porte d'entrée. Le préfet pinça les lèvres dans une parodie de sourire avant de monter directement dans sa chambre.
Mais Charlie le suivit, malgré le message tacite de ne pas le suivre.
" -La vieille McGo est encore passée pour nous poser des questions. "Annonça le plus jeune depuis le seuil de la porte. "Comme si un Gryffindor allait s'en prendre à une petite d'année au point de la mettre dans le coma.
- Elle veut juste couvrir ses arrières. Si elle voulait vraiment des réponses, elle interrogeait tous les slytherin.
- Whaou, ravi de voir Bill le cynique. Ça faisait longtemps. Ceci dit c'est assez satisfaisant de te voir enfin critiquer les professeurs." Charlie s'installa sur le lit de son frère sans demander la permission. "Tu ressembles enfin à un élève normal.
- Merci... je suppose. " L'ainé s'était assis sur sa malle, les coudes sur les genoux pour soutenir sa tête. Il était fatigué par les derniers événements et n'avait pas le courage de convaincre le plus jeune de partir.
- " Elle n'est toujours pas réveillée ? "Fini par demander l'attrapeur sur un ton plus sérieux.
- "Non, Pomfresh a dit demain, peut-être. Mais ses blessures sont graves..."
Charlie se leva pour poser une main rassurante sur l'épaule de son grand frère.
"-Je suis certain qu'elle ira mieux très bientôt. L'infirmière sait ce qu'elle fait."
Puis il quitta la pièce laissant Bill avec ses pensées, des pensées qui n'avaient rien de réconfortantes. Entre l'agression de Fell, Leighton et sa culpabilité… Le sommeil du préfet fut léger et entrecoupé de cauchemars.
Par Merlin, comment allait-il sortir de ce bourbier?
— — —
Martin était anxieux à l'idée de passer les célébrations de Noël dans une vraie famille. Si l'on pouvait considérer un prêtre, un orphelin, un ami des parents morts dudit orphelin et un chat errant soviétique, comme une famille.
Ceci dit Harry avait l'air très heureux dans ce nouvel environnement, plus que dans l'appart miteux dans lequel ils avaient passé leur premier noël ensemble. Cependant, il y avait quelque chose en Martin qui préférait quand même fêter Noël dans un studio au-dessus d'un bordel plutôt que dans cette charmante église en Irlande. Le Père Cunningham avait même commencé à la décorer alors qu'ils n'étaient qu'au premier décembre.
Perdu dans ses pensées, l'argentin ne fit pas attention au Père qui s'installa sur le fauteuil à côté de lui. Ils étaient face à la cheminée, une tasse de café en main pendant qu'Harry travaillait sur ses runes sur la table basse à côté d'eux.
C'était terriblement domestique.
"- Tu sais," commença le Père avec un sourire un peu crispé. "J'ai eu une idée pour toi, mais tu n'es pas obligé d'accepter." En entendant ça, Martin s'attendait au pire, comme finir expulsé. Le père Cunningham l'hébergeait depuis des semaines, alors l'argentin se mentirait à lui-même s'il disait qu'il ne s'y attendait pas. Après tout, quand on a 15 ans on doit pouvoir se débrouiller tout seul, mais ça faisait mal quand même.
Alors Martin serra ses doigts autour d'une tasse de café, prêt à recevoir la mauvaise nouvelle." Alors voilà, je pensais que.. "Reprit le plus âgé après un silence interminable. "Que si tu voulais, on pourrait ensemble aller au lycée du coin pour t'inscrire en dernière année.
- Heu... Quoi !" Répondit intelligemment le blond.
Face à lui, le Père Cunningham avait les lèvres pincées et un air soucieux. Comme s'il avait l'impression de se mêler de quelque chose qui ne le regardait pas.
- Et bien oui, je me suis dit que c'était une bonne idée. Tu es un garçon intelligent et je sais que tu es intéressé par l'ingénierie et si tu veux aller plus loin tu devras t'inscrire à l'université.
- Tu... tu veux que j'aille à la fac ?"
Demanda Martin abasourdi par la nouvelle. Pas encore certain qu'il ne se fasse pas expulser. Le prêtre se gratta la barbe, comme s'il doutait maintenant de l'intelligence du garçon.
- "Oui, la faculté ce serait bien, mais tu dois déjà obtenir ton diplôme de fin d'études. Tu pourras entrer au lycée en janvier et à la faculté en septembre. Si c'est ce que tu veux.
- Mais la fac ça coûte super cher. Je ne vais pas vous demander une chose pareille mon Père."
L'homme d'église lui fit un sourire, que Martin aurait pu qualifier de narquois avant qu'il ne réponde.
"Tu es en Irlande ici, Martin, l'université ne coûte pas aussi chère qu'en Argentine. Si je demande à Killian de te faire un passeport nord-irlandais tu en aurais pour moins de 5000 livres par an. Et c'est sans les bourses que tu pourrais obtenir.
- 5000 livres et un nouveau passeport, c'est pas rien."
Le prêtre posa une main sur le bras de Martin qui commençait à avoir la tremblote.
"- Il y a plein de solutions, mais déjà que penses- tu de ton diplôme de fin d'étude ?" Martin acquiesça avant de répondre.
- Vous savez que la fac est gratuite en Argentine ? N'est-ce pas ? Ce n'est plus une dictature, et les fac ne sont plus considérées comme des foyers marxistes. "
Le père en un rire un peu crispé.
"- Je suis content de savoir que ce n'est plus la junte fasciste. Mais j'espère que tu voudras rester ici pour faire tes études parce que Belfast est une chouette ville quand on est jeune.
- Tu veux dire quand aucune bombe ne saute." Plaisanta Martin avec hésitation car après tout le père Cunningham soutient les indépendantistes ouvertement.
- " C'est malheureux qu'on doive en arriver là, en effet, mais tout ça n'est pas sans raison. Je sais que tu n'es pas en Irlande depuis longtemps mais tu comprendras."
Le père se releva et tapota l'épaule du garçon avant de le laisser à ses pensées.
Le blond prit une grande inspiration, il allait faire des études. C'était bien plus que tout ce qu'il avait pu espérer au cours des dernières années. En fait, depuis qu'il avait quitté Castelobruxo avec tellement de précipitation qu'il n'aurait pris qu'une poignée de pesos que sa grand-mère lui avait donnée et son passeport moldu. Alors oui, Belfast n'avait pas la grandeur de Rome à ses yeux mais ça restait une ville incroyable. Et il avait un peu d'argent de côté, alors oui. Martin De La Serna avait un avenir, s'il jouait bien ses cartes.
Trop plongé dans ses pensées, il ne remarqua pas le sourire filou d'Harry. Ce dernier semblait mettre toutes les chances du côté de Martin pour qu'il reste le plus longtemps possible sur les terres celtes.
L'instant fut brisé par l'arrivée fracassante de Piotr qui claqua la porte d'entrée avec suffisamment de force pour faire vibrer les fenêtres.
- "Ça caille dehors les enfants, pensez à sortir couvert." S'exclama le soviétique en se frottant les bras.
- Toujours pas habitué à l'humidité de l'Irlande ?
- Parce que toi, oui l'argentin ?"
Piotr secoua la neige de son manteau sous les yeux hilares d'Harry, surtout dans les flocons atterrirent directement sur Martin. Piotr lui vola aussi une tasse de café avant de s'installer sur le tapis à côté d'Harry.
"- Ho non, ne me dis pas que tu es encore sur tes foutues runes, Kiddo?" S'exclama théâtralement le soviétique, simulant un malaise à la vue des parchemins. "Aller, file me ranger tout ça dans ta chambre avant que ça me rende malade."
Piotr donna un peu coup du bout du pied pour encourager le gamin à bouger. Ce qu'il fit promptement et dans un éclat de rire. Cependant, dès que Harry fut hors de vue, Piotr se tourna vers Martin avec une expression bien plus sérieuse.
- " Tu as eu des nouvelles de Daniella, récemment?"
La question prit l'argentin de court. Il se préoccupait de beaucoup de choses ces derniers temps mais il est vrai que Dani n'avait pas été en haut de la liste.
"- Heu, une lettre portée par Macha la semaine dernière pourquoi ?"
Piotr se mordit les lèvres, ses yeux bleus voilés par l'inquiétude.
"-On devait se voir hier, à Pré-au-lard mais elle n'est pas venue.
- Elle a dû avoir un empêchement comme un professeur, ou un camarade un peu trop collant."
L'adolescent fronça les sourcils, visiblement pas convaincu pour un sou.
"- C'était la première fois qu'on devait se voir au village depuis que Remus lui a donné le truc du passage secret. Je suis certain qu'elle avait bien préparé son coup, j'veux dire tu l'as connu. Elle est du genre à repérer trois ou quatre solutions d'avance pour tous les coups qu'elle prépare. Et là ? Rien ?
- Je n'en sais rien... Tu n'as eu aucun mot ou lettre ?"
Un hochement négatif de la tête accueillit la question de Martin. Ce dernier ouvrit la bouche pour poser une autre question mais Harry était de retour dans le salon.
Piotr et Martin échangèrent un regard lourd de sens, ils savaient tous les deux qu'il ne fallait rien dire au petit garçon pour le moment.
— — —
Le réveil fut douloureux, c'est du moins le souvenir que Dani en gardait. Bien que flou, le passage de l'état de sommeil à celui d'éveil n'avait pas été agréable. La fillette avait un mal de tête des plus atroces qui l'obligeait à garder les yeux clos car la lumière lui donnait l'impression de se faire poignarder la rétine par un fer chauffé à blanc. Ses côtes étaient aussi endoloris, comme après son accident de voiture donc probablement cassées.
La fillette pouvait entendre une personne, probablement l'infirmière tourner autour du lit. Il y avait aussi des conversations menées à voix basse et de temps en temps une personne posait une main sur la sienne. Bill. C'est avec surprise que Dani reconnut la voix du préfet dans tout ce brouillard. Entre deux sommeils agités, les paroles de Bill se firent plus distinctement, probablement qu'elle émergeait davantage.
" ... lie on est allé s'entraîner toute la matinée. Je ne suis pas aussi doué que lui sur un balai, mais je me défends." Attendez! Bill lui racontait sa journée? N'avait-il personne d'autre avec qui discuter ou bien voulait simplement s'entendre parler ? Dani devrait lui dire qu'elle n'était pas prêtre et qu'il devrait s'adresser à quelqu'un d'autre pour ses confessions. "On est aussi allé dans la forêt interdite, avec Hagrid." Poursuivit le préfet imperturbable. "Charlie veut en connaître le plus possible avant de quitter l'école. Le garde-chasse est aux anges à chaque fois qu'il aperçoit mon frangin, j'en serais presque jaloux
"- Tu... "crachota Dani avec difficulté" ... tu m'étonnes."Elle fit une pause, le temps de reprendre son souffle laissant Bill bouche bée. "Il a l'air bien plus sympa que toi.
- Tu... tu es réveillé?! Bouge pas je vais chercher Madame Pomfresh!
- Aucun risque." Murmura l'iranienne mais Bill était déjà loin.
L'adolescent revint accompagné d'au moins deux personnes si les oreilles de Dani ne lui faisaient pas défaut.
"- Miss Fell, pouvez-vous ouvrir les yeux. S'il vous plaît ?"
La fillette tenta de s'exécuter mais ses paupières se refermèrent d'elles-mêmes dès que la lumière atteignit sa rétine. "Essayez encore Miss." Insista l'infirmière pendant qu'elle posait ses mains sur les joues de la jeune fille.
"- Il y a trop de lumière ici." Se plaignit Daniella d'une petite voix, rendue rauque par le manque d'utilisation.
- "Avez-vous mal à la tête ?" Questionna son professeur de potion, l'autre adulte de la pièce.
- "Oui surtout à la lumière. Et aux côtes, quand je respire."
D'autres mains se posèrent sur elle à son grand déplaisir.
" -Nous allons voir pour faire quelque chose pour ça. Avec des sorts." Précisa l'infirmière.
"-Vous ne supportez pas un certain nombre de potions Miss Fell." Fit Snape avec un ton professoral." Comme une allergie, ce qui est assez étrange... Par conséquent, nous n'avons pas pu vous soigner comme nous l'aurions souhaité.
- Je comprends, mais maintenant je vais mieux. Non ?
- En effet." Madame Pomfresh avait pris le relais dans les explications, le visage froissé par les inconvénients qu'elle avait rencontrés. Elle était penchée au-dessus de son lit avec Snape, leur visage étant peu visible par le manque de lumière. Quelqu'un aurait fermé les rideaux." Ça ne veut pas dire que vous êtes complètement remise. Un sort vous a projeté contre un mur, d'où votre mal de tête.
"-Comme une commotion ? "Questionna avec difficulté la fillette,avec sa langue pâteuse qui avait bien du mal à coopérer.
- " Oui, entre autres choses. Malheureusement, comme nous vous l'avons dit, vous ne supportez pas les potions même celles contre la douleur."
Dani poussa un grognement, elle sentait bien sa migraine et n'avait pas de doute quant à l'inefficacité des médications que les sorciers lui avaient donné. "J'ai aussi mal dans la poitrine, comme si quelqu'un la serrait. C'est normal ?"
Pomfresh donna plusieurs coups de baguette au-dessus de Dani sous le regard soucieux de son professeur de potion. Les deux restèrent silencieux un long moment, scrutant les lumières et les phrases révélées par le sort qu'avait lancé l'infirmière.
"-Tout ira bien, Miss Fell. Ce n'est rien de bien grave. "Tenta de rassurer Snape mais son mensonge sonnait bien peu convaincant aux oreilles de l'enfant. "Vous avez déjà eu ce genre de résultats pendant que vous dormiez.
- Mais ce n'est pas normal ? N'est-ce pas ?" Insista la fillette auprès de son directeur de maison car la femme était partie dans son bureau, un parchemin issu des sorts de diagnostic entre les mains et un air de plus en plus inquiet sur les traits.
"- Vous avez déjà eu des problèmes de santé dans le passé ?" Eluda le professeur.
Dani resta plongé dans ses pensées un moment. Des problèmes de santé ? Oui, et même un peu trop pour un âge aussi jeune. Trois fois déjà la faucheuse s'était approchée d'elle. Lors de son accident de voiture au nouvel an, le jour où sa mère est partie laissant la fillette sous la neige et la pire de toute… Lors de la révolution en Iran, le jour où elle avait perdu son cœur. Instinctivement, Dani porta sa main sur son plexus où elle avait toujours la cicatrice de son opération. Snape qui avait suivi le mouvement de sa main, comprit que la réponse à sa question était oui.
" -Bien, je vois. "Murmura l'homme. "Quelle opération avez-vous eu ?
- Quelle différence ça peut bien faire ?" Intervient l'infirmière qui avait suivi la conversation de loin. "Les moldus ont de ces pratiques barbares. Charcuter une enfant comme ça, surtout au niveau du cœur."
Daniella aurait voulu la couper pour lui dire que les moldus lui avaient sauvé la vie mais elle n'en fit rien. Elle était juste surprise que les sorciers connaissent l'emplacement du cœur au vu de leurs médiocres connaissances en anatomie.
- Mon père était médecin." Dit simplement la fille dans un silence. "Chirurgien." Face au regard perplexe de l'infirmière, elle ajouta. "Ceux qui charcutent les gens." Ça eut le mérite de faire taire la femme car Madame Pomfresh n'était du genre à blesser intentionnellement les autres. Et il était probable que si elle avait su plus tôt la profession du père de Dani, alors elle n'aurait fait aucun commentaire. La femme en blanc se pinça de nouveau les lèvres, contrariée par la situation. " Vous pouvez continuer, Madame, ça fait longtemps qu'il est mort." Dani se disait qu'il était préférable d'avoir un père mort plutôt qu'un comme le sien. Ceci dit, Pomfresh prenait déjà tous les médecins moldus pour des fous, si elle lui disait que le sien l'était vraiment, Dani avait peur qu'elle fasse un AVC.
"-Parfois." Intervient Snape en se mettant entre les deux femmes, pour diminuer la tension. " Les interventions chirurgicales de grandes ampleurs peuvent fragiliser la façon dont est distribuée la magie dans votre corps. Les canaux magiques suivent le même schéma que les nerfs, parfois lorsque le schéma est perturbé alors de nouvelles routes se créent. Ça peut rendre votre magie différente ou instable.
- Et le noyau magique peut exploser ?" Demanda la fillette en pensant à Martin et à l'horreur qui avait dû être la sienne lorsqu'il avait perdu sa magie.
"- C'est rare mais ça peut arriver mais je vous rassure Miss, vous êtes très loin de ce cas. Il faut tout de même que vous sachiez que vos canaux ne peuvent probablement pas utiliser la route classique et ils ont dû créer une nouvelle route. Pour en être certain, nous devrions vous admettre à St Mangoust.
- Non. " Le professeur avait à peine fini sa phrase que la réponse avait fusé.
- Très bien. " Soupira-t-il avec lassitude. "De toute manière, il aurait fallu l'accord de vos tuteurs."
Dani grimaça sachant comment l'interpréterait son professeur, après tout Snape était loin d'être un idiot. "Essayez de vous reposer encore un peu, la douleur devrait bientôt s'estomper."
C'est ce qu'elle fit après plusieurs jours qui parurent extrêmement longs à la fillette. Pomfresh finit par la relâcher, après moult examens et un interrogatoire des professeurs. Mais Dani ne se rappelait de rien, c'est du moins ce qu'elle leur dit, parce qu'elle entendait la voix de Killian. " Face à n'importe qui d'autre que nous, tu gardes la bouche fermée et les yeux baissés."
Et après ?
Après, tu te venges.
Piotr s'était résolu à traîner à Pré-au-lard faute d'avoir des nouvelles de Daniella. Après plusieurs jours de silence radio, le garçon hésitait à emprunter lui-même le passage secret jusqu'au château. Ceci dit, il devait y avoir des protections qui signeraient la présence d'un intrus et Piotr tenait très peu à se faire remarquer par les autorités qu'elles soient magiques ou non. Alors Piotr traînait près de la cabane hurlante où se trouvait une première de marchandise que Dani aurait dû écouler à Poudlard. Rien de bien méchant là-dedans, des cannettes de soda, des bonbons, une ou deux bouteilles d'alcool et des cigarettes. Piotr avait déjà fumé une bonne partie du stock de cigarettes quand une tête rousse émergeait du passage secret.
- Par merlin! Tu sais depuis combien je t'attends? Dix jours ! Tu sais comme c'est long dix jours ?
- Bonjour à toi aussi Piotr. Tu es un rayon de soleil comme d'habitude."
Il s'amusa un instant du visage renfrogné de son amie, car maintenant il dépassait enfin la fillette. A 15 ans, il était temps qu'il ne laisse plus Dani le toiser. Toutefois son amusement ne dura pas longtemps à la vue de Dani une main sur ses côtes en protection. Elle avait aussi un hématome qui virait au jaune au niveau de la machoire, pas bien joli tout ça.
-Il s'est passé quoi ? Demanda abruptement le soviétique.
La plus jeune poussa un soupir avant de s'asseoir lourdement sur une chaise branlante.
-"Rien de bien grave. Une embrouille d'écolier.
-Tu n'es pas très douée pour te faire des amis. Je dirais bien que je suis surpris mais en fait, pas tant que ça. Tu es maligne mais tu ne sais pas te détendre, essaie, tu devrais trouver un truc. Le yoga ou la méditation ça t'aiderait.
-Hum.
-Tu vois, tu as l'air à peu près aussi sympathique qu'un chien sauvage."
La jeune fille lui jeta un regard noir qui n'affecte nullement le garçon qui était trop heureux de savoir Daniella sur pied.
"- Je me passerai de tes conseils en amitié si tu veux bien. Dans ce domaine tu es encore moins doué que moi, les gens te détestent."
Piotr grimaça à son tour, conscient que les paroles de la rouquine étaient trop proches de la vérité.
"-Dans ce cas, laisse-moi te parler d'un sujet que je maîtrise bien mieux, la vengeance." À ces mots Dani lui fit un sourire tordu. " Dis-moi ce que tu as prévu pour tes camarades? Les tuer ? Non, même à moi ça semble un peu extrême. Les faire virer?
-Non! Pourquoi tu veux toujours prendre les solutions les plus extrêmes en premier?"
Le soviétique haussa les épaules, que pouvait-il dire ? C'était dans sa nature ? Ou alors c'était la façon dont sa famille de taré l'avait élevé ? Les Romanov n'étaient pas connus pour leur grande tendresse et lui ne faisait pas exception.
"- Tu veux faire quoi alors ?
- Je pensais... je pensais à une potion. Un truc qui les rendrait bien malades. Histoire qu'ils passent autant de temps à l'infirmerie que moi."
Piotr hocha la tête avec satisfaction, ça lui paraissait bien. Dani avait plus de retenue que lui mais sa famille avait dû être moins tarée que la sienne.
- "Tu as besoin de quoi pour ta potion?
- Une potion de confusion..
- De confusion, ça ne paraît pas bien méchant. " Marmonna Piotr un peu déçu, mais le sourire malin de la fillette lui disait qu'il y avait assise sur sa chaise branlante, Dani se pencha en avant avant de se redresser, comme si pendant un temps elle avait oublié la douleur de ses côtes. C'est donc lui qui s'approcha et elle dit sur le ton de la confidence.
"-Tu imagines le genre de dégât que peut faire cette potion si elle est ingérée juste avant un cours ou tu manipules des choses dangereuses... comme des potions."
A la fin de son explication elle avait un sourire, grand comme celui du chat de Cheshire. Oubliez ce qu'il avait dit plus tôt, elle aussi avait dû être élevée par des tarés.
Un sourire similaire à celui de la jeune fille naquit sur les lèvres de Piotr. Il l'aimait de plus en plus, celle-là.
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