CW : Mort d'un ou plusieurs personnages
CHAPITRE 4 – Le refuge
Cause you disappeared and that's all that's missing
The Earth is loose under my shoes
There's an angel
And he's shaped like you, and I thought I knew him
There's a window
And it's dark inside, but the light was in it
This can't be love if it hurts so much
I need to let go
I will survive and be the one who's stronger
I will not beg you to stay
I will move on and you should know I mean it
Wild horses run in me
I remember
How we danced so close, I would stand on your feet
And the phone calls
That would last all night, they were lifeboats to me
Our fading scars just shooting stars
They're here, then go
Birdy – Wild horses
3 août 1997, Trafalgar Square
Les rayons du soleil réfléchissaient sur les lions de bronze. Plus brillants, plus royaux qu'à l'ordinaire. De nombreux britanniques – mais surtout un afflux de touristes, venus du monde entier – admiraient l'emblématique place de Londres. Trafalgar Square ne dérogeait pas à sa réputation. Olivier pivota d'un quart pour éviter un appareil photo, qui manqua de gifler sa joue.
Il se faufila à travers la foule tumultueuse, en constatant qu'il était plus simple pour lui de zigzaguer avec un balai et d'éviter les cognards. Toucher la peau d'autres personnes n'avaient comme résultat que le faire grimacer. Il s'adossa à un des lions, celui marqué des initiales de Godric Gryffondor, et attendit les Gardiens du Secret.
Ces deux derniers jours avaient été intenses et tous n'avaient que très peu dormi. Le Ministère avait chuté tout comme leur espoir de paix. Parmi l'agitation des personnes amassées autour de lui, Olivier parvenait à saisir les inquiétudes des Moldus. Des événements étranges se produisaient et ils n'étaient pas épargnés. Les Moldus ne comprenaient simplement pas les causes.
— Olivier.
Interpelé, il se tourna et reconnut Bill Weasley – le tout nouvellement marié. Les autres Gardiens ne tarderaient pas. Olivier salua l'aîné des Weasley d'un hochement de tête. Malgré son teint pâle et ses cicatrices, Bill gardait ce même air cool comme ne cessaient de répéter Erine et Violet. Le plus marquant était qu'il paraissait heureux, le mariage portait ses vifs d'or.
Il n'eut pas le temps d'engager la conversation que Remus, puis monsieur Weasley les rejoignirent. Ils étaient au complet. Il ne manquait que Kingsley, mais son apparition dans un lieu aussi public était beaucoup trop risquée. Un seul d'entre eux recevrait son parchemin secret.
Monsieur Weasley étreignit avec force son aîné, rassuré de le trouver ici et en pleine forme. Olivier fut surpris par la distance de Remus, qui se contenta d'une légère poignée de mains. Olivier l'analysa, prêt à déployer un compte-rendu détaillé à Violet. S'il en était capable, car Olivier n'était pas en mesure de poser des mots sur l'état de Remus. Celui-ci semblait voir son état se dégrader. Olivier devait relativiser. La nouvelle loi sur les loups-garous, la montée de Vous-Savez-Qui au pouvoir et l'inquiétude de Remus à l'égard de sa fille et d'Harry étaient un sacré chaudron.
Tous les quatre tendirent des morceaux de parchemins sur lesquels étaient annotés les différents lieux protégés.
Sans surprise, monsieur Weasley restait au Terrier avec madame Weasley et Ginny. Bill et Fleur gardaient leur maison : La chaumière aux coquillages. Quant à Remus et Tonks, les nouvelles étaient moins réjouissantes.
— Tonks et moi allons nous réfugier chez ses parents à La rivière, expliqua-t-il. Ted et Andromeda ont subi le Sortilège Doloris après le mariage. Ils se portent bien, mais Tonks se sent rassurée d'être près d'eux. Ce sera mieux pour elle.
— Ted n'est pas Né-Moldu ? demanda Olivier.
— Si. Depuis la loi du 1er août sur l'enregistrement des Né-Moldus, il est d'autant plus en danger. Je crois qu'il pense à partir.
La voix de Remus était rauque et manquait de son habituelle douceur. Cette nouvelle loi effrayait tous les Né-Moldus qui n'avaient jamais été autant stigmatisés. Une boule se creusa dans l'estomac d'Olivier qui craignait pour l'avenir d'Erine et d'Holly. Il donnerait corps et âme pour les protéger, mais il n'avait jamais eu la main sur le destin du monde.
— Dauphy's Sea ? l'interrogea Remus.
— Oui, confirma Olivier. Juste après notre départ, je me suis rendu chez mes parents. Je les ai informés de la chute du Ministère et ils ont tout de suite pris la décision de se rendre chez mon oncle et ma tante en France. Ils ne désirent pas retrouver leur poste et le déserter ne leur attirerait que des ennuis. Mes parents m'ont donc proposé la maison quand je leur ai évoqué notre dilemme.
— Erine ? poursuivit Remus et Olivier était certain qu'il cherchait à se rassurer sur la mise en sécurité de toutes les personnes qui l'entouraient.
— Elle a envoyé ses parents et grands-parents dans le sud de la France. Holly reste avec nous à Dauphy's Sea, elle a refusé de suivre leur famille. Fred et George sont là aussi.
Bill et Monsieur Weasley hochèrent la tête, satisfaits d'apprendre que les jumeaux ne resteraient pas qu'à deux et qu'ils avaient un abri sûr.
— Il faut qu'Holly comprenne qu'elle ne retournera probablement pas à Poudlard, dit Remus. Elle sera plus en sécurité avec ses parents qu'en Angleterre avec vous.
— Allez lui dire ! ricana nerveusement Olivier. On entend parler d'Athéna tous les jours. Holly n'a pas pour ambition d'agir à contre-courant de sa déesse favorite.
Remus n'insista pas plus, il savait l'obsession de la cadette des Green pour Athéna et il n'était pas surpris qu'elle fasse ce choix. Il espérait simplement qu'elle ne soit pas plus impliquée dans cette guerre qu'elle ne le devrait. Ginny et elle étaient encore trop jeunes, beaucoup trop jeunes pour vivre de tels temps.
— Bien, conclut Remus.
Ils rangèrent le morceau de parchemin, caché tel le trésor le plus précieux au monde. Bill et monsieur Weasley disparurent en empruntant un chemin différent. La main de Remus trouva l'épaule d'Olivier sans s'accorder un regard, Remus l'interrogea :
— Comment va Violet ?
— Elle n'a pas encore eu le temps de penser, réfléchit Olivier. Mais on sera ensemble, aucun de nous ne se laissera tomber.
— Je n'ai aucun doute à ce sujet. Prends soin d'elle et de toi, embrasse-la pour moi.
Il n'y eut aucun mot supplémentaire. Simplement un dernier regard lourd de sens, ils se sourirent difficilement et retrouvèrent leur lieu secret.
7 août 1997, Dauphy's Sea
L'aurore pointait ses premiers rayons quand Violet s'installa sur le canapé de Ruth et Sebastian. Une tasse de thé à la main, elle observait l'extérieur ensablé dans lequel elle aurait aimé profiter de l'été, mais ils avaient interdiction de sortir – elle particulièrement.
Voilà maintenant près d'une semaine qu'ils avaient élu domicile à Dauphy's Sea : un cadre idéal pour réfléchir à la dépression du monde des sorciers. Ils avaient rapidement trouvé leurs marques. Olivier et elle dormaient dans la chambre d'Olivier, Erine et George avaient pris la première chambre d'ami autrefois celle d'été d'Antonin, Fred celle qui partageait la même salle de bain, qui avait été celle de Diane. Quant à Holly, elle avait envahi la chambre du rez-de-chaussée. Holly était celle qui s'était adaptée le plus rapidement. A peine arrivée, elle s'était jetée sur le grand lit comme la première nuit d'une semaine de vacances.
Violet avait une hypothèse à ce sujet. Holly était une réaliste idéaliste, elle gardait espoir et était une vraie combattante. Elle refusait de se laisser abattre. A cela s'ajoutait qu'elle découvrait la merveille de la maison des Dubois et ses extérieurs.
Les jumeaux et Holly étaient les plus joyeux, ceux qui redonnaient le sourire chaque jour. Erine luttait pour ne pas sombrer, elle qui se relevait petit à petit depuis un an. Violet avait confiance, sa meilleure amie tiendrait bon, mais elle peinait à illuminer comme à son habitude. Olivier était très nerveux, le manque de Quidditch et d'air étaient insupportables pour lui. Il valait mieux lui laisser son espace si personne ne voulait le rendre exécrable.
Pour Violet, le temps était interminable. Elle aimait Dauphy's Sea, cet endroit si paisible qui l'avait tant de fois accueillie. Aujourd'hui, elle gardait un goût amer. Elle appréhendait d'y rester trop longtemps : des semaines, des mois, des années ? Violet ne voulait pas rester enfermée avec tant d'impuissance. De plus, elle pensait souvent à Harry. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait et s'il se portait bien. Il avait promis de la prévenir quand il devrait partir. L'attaque au mariage les avait tous saisis, Harry n'avait pu tenir sa promesse.
Elle n'avait pas eu d'au revoir, peut-être n'en aurait-elle jamais. Ils étaient toujours inaccessibles, toujours en retard.
Des grincements dans l'escalier l'extirpèrent de ses pensées. Olivier la rejoignit, suivi d'Erine. Depuis la nuit du 1er août, le sommeil n'était que très peu présent. Seule Holly avait gardé Morphée près d'elle. La chanceuse.
— Des nouvelles ? demanda Erine, assise en posant la tête sur son épaule.
— Oui, soupira Violet en lui caressant ses cheveux noirs. Ce qui devait arriver est arrivé.
Elle désigna la Une de la Gazette du Sorcier. Autrefois peu objective, la Gazette du Sorcier était désormais entre les mains des forces obscures et cela était d'autant plus critique pour eux.
SEVERUS ROGUE, DIRECTEUR DE L'ECOLE DE SORCELLERIE POUDLARD
Une grimace de dégoût marqua leur visage, une parfaite réaction pour masquer l'inquiétude. Violet tourna les pages jusqu'à leur pointer une ligne précise : « Les Né-Moldus n'ont plus leur place parmi les sorciers. Leur entrée leur sera refusée à Poudlard. »
— Elle va supporter la nouvelle ? s'assura Violet.
— Elle s'en doutait, mais cela risque de ne pas être simple…, répondit Erine. Pour le moment, elle dort à poing fermé je préfère ne pas la déranger.
— Elle était avec toi cette nuit ?
— Fred et George avaient besoin d'un temps jumeaux, expliqua Erine compréhensive de cet instant vital aux deux frères. J'ai saisi l'occasion de profiter de ma petite sœur.
Le temps de chacun était compté, rythmé par un tictac silencieux, oppressant. Chaque moment était aussi riche qu'une pierre précieuse. Violet et Olivier auraient aimé profiter de leur famille. Ils se consolaient, ils étaient tous les six, c'était déjà une grande chance.
Leur envie dut être entendue car une personne tambourina à la porte. Ils se levèrent précipitamment pour accueillir Remus Lupin. Si agité, qu'il ne posa aucune question de sécurité, au contraire de Violet.
— Sur quoi dont-on se focaliser lorsque tombe la nuit ?
— Oh oui, bien sûr, réalisa son père en se frottant le front. Les étoiles. Parce que même si la nuit te fait peur, il y aura toujours les étoiles pour l'embellir.
— Que se passe-t-il ? demanda Violet en inspectant son père.
— Rien, tout va bien, répondit-il avec une précipitation qui trahissait ce qu'il assurait mais il trouva vite son échappatoire. J'ai vu Harry, Ron et Hermione. Ils sont en sécurité et se portent bien.
Et en effet, ils s'en trouvèrent tous soulagés. Violet extériorisa ses craintes d'un soufflement. Cela ne restait pas suffisant, car elle parvenait à ressentir l'anxiété de son père. Il ne leur disait pas tout. Elle en était certaine. Alors elle croisa les bras et plissa les yeux vers lui. Il croisa son regard et elle vit à quel point il était désespéré.
— Tonks est enceinte, annonça-t-il avec un sourire qu'il tentait de dissimuler.
Erine sauta de joie et Violet s'empressa de serrer son père dans les bras. Il n'était pas épanoui, mais cette nouvelle lui apportait tant de bonheur qu'elle ne pouvait se contenir.
— Est-ce que je peux rester avec vous ? Juste… Il reste bien une chambre ?
Et voilà. L'incompréhension se lut sur tous les visages. Violet essaya de rester impassible mais cela était difficile. Son père ne prononça pas un mot de plus, tous discernaient qu'il les suppliait d'accepter ce que Violet ne comptait pas faire.
— Et Tonks ? Et cet enfant ? l'interrogea-t-elle avec fermeté.
— Ils se porteront bien mieux sans moi, chuchota-t-il. Je ne peux pas leur infliger cela.
— C'est ridicule ! s'emporta Violet les joues rouges. Tu ne peux pas faire cela !
— Et si c'est un loup-garou ?
Elle grogna avec férocité, si féroce qu'un lion et les yeux de son père s'écarquillèrent de tristesse. Elle ne souhaitait pas savoir ce qui traversait son esprit, car elle se doutait que cela avait à voir avec sa mère et elle ne voulait pas faiblir en pensant à leur ressemblance. Elle se contentait de fixer son père, espérant qu'il retire ses derniers mots.
Il avait tant de fois utilisé cette excuse, beaucoup trop de fois. Elle avait toujours compris le handicap que cela était dans sa vie, mais elle avait toujours refusé qu'il l'utilise pour se défiler. Elle détestait quand il fuyait les problèmes au lieu de les affronter.
— Tonks a besoin de toi ! reprit-elle car il s'agissait du meilleur argument pour le convaincre et pourtant elle en avait tout un chaudron.
— Non je ne peux pas, répondit son père en hochant la tête. J'en suis incapable.
— Tu l'as été avec moi, s'efforça-t-elle de le rassurer. Tu en seras capable avec cet enfant aussi.
— C'est différent, répondit-il trop spontanément au goût de Violet.
— Parce que je ne suis pas vraiment ta fille, c'est ça ?
Il dût se rendre compte de la portée de ses paroles car il resta bouche bée. Erine et Olivier, qui avaient pris un peu plus de distance, se rapprochèrent d'un même mouvement d'elle. Violet les repoussa. Elle refusait qu'ils la modèrent. Son père devait comprendre ce qu'elle voulait dire ou elle devait comprendre qu'elle n'avait jamais été réellement sa fille. Elle ravala ses larmes refusant de craquer, elle n'avait pas à être le centre de l'attention.
— Ce n'est pas ce que…, voulut-il se rattraper, elle l'en empêcha.
— Tu demandais s'il restait une chambre, la réponse est oui. A ta demande de rester, la réponse est non, trancha-t-elle.
— Essaie de comprendre ! C'est beaucoup trop difficile.
— Je t'aime. C'est pour cette raison que tant que tu n'auras pas pris la bonne décision, je ne veux plus te voir. Papa, maman et Sirius n'auraient jamais accepté cela ! C'est lâche ! cria-t-elle essayant de toucher un point sensible.
— Harry m'a dit la même chose, mais vous ne comprenez pas. Vous…
— Non mais je rêve ! s'offusqua-t-elle. Tu as eu des nouvelles d'Harry simplement car tu es allé les trouver pour leur faire cette même demande ? Nous sommes ton dernier espoir c'est cela ? Ou bien tu avais honte de venir me voir avant et tu es tellement à court d'option que tu t'es décidé ? Je suis vraiment déçue. Harry et moi avons perdu nos parents parce qu'ils se sont battus pour nous. Cet enfant pourrait avoir ses deux parents, mais tu l'en empêches. Tu ne te bats pas pour lui. Non. Je ne peux pas l'accepter.
Elle fit volte-face pour quitter cette pièce qui l'étouffait. Ses larmes s'engouffraient dans sa gorge, elle ne les retiendrait pas.
— Violet, s'il te plaît, la pria-t-il.
— NON !
Ce fut le dernier mot qu'elle prononcerait à son père avant un long moment.
Violet ne se retourna même pas pour le regarder une dernière fois, car sinon, elle reviendrait sur ses pas. Elle devait lui faire peur. Elle espérait égoïstement que rien que pour elle, il retournerait vers Tonks. Elle espérait qu'il s'accroche à eux au lieu de choisir de devenir un loup solitaire. Elle croyait en lui.
Toujours debout dans le salon, Olivier et Erine suivirent du regard Violet jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans les escaliers. Leur attention retrouva Remus dont l'apparence se faisait vieillissante.
— Vous ne pouvez pas…, commença Remus sans savoir où se diriger sa phrase.
— Ce serait malhonnête de notre part, Remus, s'excusa Olivier avec un triste sourire. Je dois aller voir Violet.
A son tour, il quitta la pièce faisant confiance à Erine pour ne pas accepter qu'il reste.
Remus était si désemparé et Erine en était désolée. Il lui murmura un au revoir et fit demi-tour vers la porte. Elle aurait aimé lui offrir un refuge si Olivier et Violet avaient eu tort. Le fait était là, ses meilleurs amis avaient raison. Ils ne le pouvaient pas. La place de Remus n'était pas ici. Erine ne pouvait rien faire de plus pour lui, sauf lui offrir des mots.
— C'est effrayant, n'est-ce pas ?
— Pardon ? demanda Remus en se tournant.
— La peur d'être responsable et que du mal arrive aux personnes qu'on aime. Par notre faute.
Il était figé, comme perdu, alors elle développa. La situation de Remus était bien différente de la sienne, elle en avait pleinement conscience. Cependant, elle aussi avait repoussé les personnes les plus chères à ses yeux pour les protéger. Elle savait que cela n'arrangeait rien, bien au contraire.
— On ne peut pas t'en vouloir de craindre le pire. Tu l'as vécu, expliqua-t-elle avec un sourire compatissant. Mais tu n'es pas une malédiction, loin de là ! J'ai cru comprendre qu'en premier lieu, tu avais refusé de recueillir Violet. Tu l'as fait et regarde où elle en est ! Tu avais peur de t'engager avec Tonks et maintenant, vous êtes heureux ! Tu as peur pour cet enfant et la peur n'a jamais évité le danger. Au mieux, cet enfant ira parfaitement bien ! Au pire, il sera atteint de lycanthropie. Ce ne sera pas la seule chose qu'il aura de toi. Tu es courageux et fort, tu lui transmettras aussi cela. Et il sera toujours accompagné. Par toi, par Tonks, par Vio, par Oli, par moi, par n'importe qui ! Personne ne l'abandonnera.
— Je…, chercha ses mots Remus, en vain.
— Réfléchis bien. Tonks et toi vous aimez, ce serait bien dommage de finir seul. Nos temps sont comptés, autant profiter des personnes que nous aimons.
Remus inclina sa tête pour confirmer qu'il avait entendu les mots et elle ne doutait pas qu'il y réfléchirait. Erine retourna à l'étage et s'arrêta devant la porte ouverte de la chambre d'Olivier et Violet.
— Il est parti, je pense qu'il va revenir sur sa décision, conclut-elle pour rassurer Violet qui avait craqué à en croire la rougeur de ses yeux.
Sa meilleure amie acquiesça. Ils en auraient discuté plus longuement si une porte ne s'était pas ouverte. Holly les rejoignit, les yeux encore à moitié fermés. Elle bâilla pendant des secondes non mesurables, la bouche si grande ouverte qu'Erine eut envie de lui faire remarquer, mais les prochaines nouvelles ne seraient pas bonnes et elle ne souhaitait pas vexer sa sœur avant cela.
— Questcequisepasse ? demanda Holly dans un nouveau bâillement.
Tous les trois se regardèrent se demandant par où il valait mieux commencer. Erine s'en chargea. Elle préférait aller droit au but pour répondre aux besoins de sa sœur, l'histoire de Remus pouvait attendre.
— Tu ne retourneras pas à Poudlard, déclara-t-elle et les yeux océan de Holly la fixèrent. Les Né-Moldus ne sont plus acceptés.
— Mais… Mais… Je dois retourner à Poudlard, balbutia sa sœur. J'ai mes ASPIC l'année prochaine. Et… Et… Luna… Luna va être seule. Je ne peux pas la laisser seule là-bas.
Des tremblements parcoururent Holly et Erine se contenta de prendre sa sœur dans les bras. Holly tenait rarement en place, mais elle était souvent calme d'esprit. Elle se battait de tout son être et de tout son cœur pour les bonnes causes. Holly ne laissait jamais ses émotions prendre le dessus. Cependant les dernières semaines étaient angoissantes et il s'agissait de la nouvelle de trop.
— Luna ne sera pas seule, tenta-t-elle de l'apaiser. Et c'est grâce à toi qu'elle ne le sera pas. Tu as toujours tout fait pour inclure Luna, pour l'ouvrir aux autres et vice versa. C'est pour cela qu'elle ne sera pas seule. Il y aura Emilia, Leo, Ginny, Neville et bien d'autres. Luna s'en sortira, j'en suis certaine.
— Pour tes ASPIC, se leva Violet pour la rassurer à son tour, nous pouvons t'aider. Oli a laissé ses notes et livres chez ses parents, tu pourras t'en servir. Je ne doute pas qu'il y a plein de notes à ajouter, elle fronça les sourcils vers Olivier qui préféra regarder ailleurs. Et on pourra commencer la pratique à tes dix-sept ans, si nous sommes toujours coincés ici. Cela nous occupera.
Les yeux d'Holly fixaient le bois du sol, pensive et perdue. Elle acceptait sans doute les solutions bien que celles-ci ne lui plaisaient pas. Elle souffla comme pour extérioriser les pensées qui lui brouillaient le peu de positif qu'il restait. Elle se détacha de sa sœur pour descendre les escaliers.
— Toutes ces nouvelles m'ont donné faim. Je vais petit-déjeuner.
11 août 1997, La Rivière
Quatre jours que Remus vadrouillait dans les forêts britanniques luttant contre ses pensées. Il était désormais exténué après cette pleine lune. Elles lui étaient toujours fatales, emportant avec elles une partie de lui à chaque fois. Elles l'étaient d'autant plus quand il était torturé psychologiquement et quand il était seul. Que lui resterait-il alors qu'il n'avait plus rien ?
Il vivait à nouveau l'année 1981 quand il avait eu la sensation d'avoir tout perdu. La douleur l'assenait, il boitait légèrement plus de fatigue que de blessures. Il avait atteint sa destination et espérait pouvoir s'y reposer. Il espérait surtout que sa décision soit la bonne.
Il était en 1997. La guerre n'était pas encore terminée. Remus n'avait pas encore tout perdu. Il lui restait une chance, la dernière.
Hésitant et tremblant, Remus toqua à la porte d'entrée des Tonks. En moins de quelques secondes, celle-ci s'ouvrit laissant apercevoir Ted Tonks aussi épuisé que lui. Le regard de son beau-père était menaçant. Remus ne pouvait rien contre cela. Ted Tonks était un Poufsouffle, la loyauté était son trait de caractère principal et Remus était allé à l'encontre de cela. Sans compter qu'il avait blessé sa fille et Remus non plus n'aurait jamais apprécié cela, bien au contraire.
— Déclinez votre identité le plus précisément possible, le menaça Ted en pointant sa baguette sur lui alors que l'ombre d'Andromeda apparaissait sur le mur derrière lui.
— Remus John Lupin, père de Violet Hope Lupin et mari de Nymphadora Andromeda Tonks, votre fille – enceinte –, que j'ai lâchement abandonnée.
Cela suffit à Ted qui ouvrit plus largement la porte pour le laisse entrer. Malgré son visage fermé, Remus crut discerner un soulagement qu'il ne comprit pas. Andromeda se montra encore plus percutante que Ted, ses yeux étaient assombris par de la méfiance. Andromeda n'avait jamais autant ressemblé à sa sœur qu'à cet instant. Ses iris étaient aussi noires que Bellatrix Lestrange. Le sang des Black revenait toujours comme mécanisme de protection, il l'avait souvent remarqué chez Sirius.
Andromeda s'approcha de lui, d'un air sévère, elle ne paraissait plus aussi douce que les autres fois.
— Dora est dans sa chambre, déclara-t-elle sèchement. J'espère que tu reviens avec de bonnes intentions, Remus.
— Elles le sont.
Ses beaux-parents acquiescèrent et il monta les marches pour retrouver Nymphadora Tonks. La porte était entrouverte, laissant filtrer un faisceau de lumière. Il sourit quand il entendit la musique du groupe Moldu Nirvana. Elle lui avait tant de fois dit qu'elle avait été dévastée quand elle avait appris le décès du chanteur il y avait trois ans de cela.
D'une main, il poussa la porte pour tenter de la regarder. Il avait imaginé la surprendre. Ce fut loin d'être le cas. Dora était juste derrière la porte, les bras croisés. Ses cheveux étaient marron, mais se teintait progressivement du rouge.
— Tu pensais peut-être que je n'avais pas entendu la porte ? Que je ne vous ai pas entendus parler ?
— Je…, tenta-t-il.
— Tu pensais, Remus, l'interrompit-elle en s'avançant vers lui et en posant son index sur ses lèvres, que tu allais me découvrir déprimée allongée sur mon lit en train de pleurer en écoutant des chansons déprimantes ? Eh bien oui, je l'ai fait ! Mais est-ce que cela allait t'offrir un cerveau ? Non. Est-ce que cela allait offrir une vie à mon enfant ? Encore moins. Tu es un trouillard Remus Lupin et j'espère que ta fille te l'a bien fait comprendre.
Il resta bouche bée, incapable de répondre et de réagir. Remus aurait pu avaler des Billywig le temps qu'il se rende compte que sa bouche était ouverte. Tonks avait été résolument franche avec ses paroles, et… Comment pouvait-elle savoir qu'il était allé voir Violet ? Son moment d'égarement, bien que gênant, eut le mérite de faire rire Tonks. Elle eut un regard provocateur, le même que Sirius, son ancien meilleur ami avait eu le temps d'apprendre cette mimique aux personnes qui l'avaient entouré pendant deux ans.
— Oui, Remus, s'expliqua-t-elle. Je te connais. Tu as beau essayer de me fuir ou de me faire fuir depuis deux ans, cela ne m'a pas empêché de t'observer et de te cerner. Tu es une personne forte, mais tu sais également prendre la poudre de cheminette à la moindre appréhension. Je n'ai aucun doute sur le fait que tu sois allée trouver refuge auprès de Violet et ta présence ici me convainc qu'elle t'a rejeté. Je me trompe ?
— Non, murmura-t-il encore plus honteux et elle le laissa parler. J'ai tenté de rester auprès d'Harry, puis de Violet.
— Bien sûr, répondit-elle en haussant les épaules. Violet n'aurait jamais pu être ton premier choix, tu as tenté d'y échapper d'abord. Je marque plus de points que je ne l'avais pensé.
— J'ai commis une erreur en partant.
— Ravie que tu le reconnaisses.
— Je n'aurai pas dû. C'était idiot. Mais j'ai peur pour vous deux ! Je ne supporterai pas que tu sois malheureuse ou qu'il le soit ! Mais… Je t'aime Nymph… Dora, se corrigea-t-il quand il vit sa chevelure s'enflammer. Je t'aime. J'espère être capable de me faire pardonner.
Elle avait toujours ses cheveux rouge foncé, il voyait qu'ils s'éclaircissaient, peut-être retrouveraient-ils leur couleur rose chewing-gum qui lui allait si bien. Dora s'approcha et un discret sourire illumina son visage.
— Je vais t'apprendre à affronter tes peurs et tu m'apprendras à être un bon parent. Sois un aussi bon père que tu l'as été avec Violet et tout te sera pardonné. Je t'aime, Remus.
Il ne tint plus et posa ses deux mains sur les joues de Tonks afin de pouvoir l'embrasser comme elle le méritait. Il avait été riddikulus et elle avait été formidable.
— Tu devrais prendre une douche et manger un morceau, commenta-t-elle. Je pense que cela ne te ferait aucun mal.
Il ne chercha pas à étouffer son rire. Il l'embrassa encore et encore. Elle avait tant à lui apprendre. Remus était enfin prêt à accepter que cette nouvelle famille ne remplacerait jamais celle qu'il avait eue avec ses amis, mais qu'elle aurait tout autant d'importance.
La douche brûlante eut plus qu'un effet de propreté sur Remus, elle lui apporta aussi une importante détente. Les deux dernières semaines avaient été intenses, bien qu'il en était en partie responsable. L'eau contre sa peau lui avait permis de détendre tous ses muscles et de réchauffer tout son corps.
Il n'avait pas tardé, après le conseil de Dora, il était vrai qu'il dégageait une odeur épouvantable. Il se devait de se montrer exemplaire désormais. Il était bien beau d'être un bon soldat dans cette guerre, mais de nouvelles attentes reposaient sur lui. Il avait promis de prouver qu'il en était capable, à lui-même principalement.
Après s'être habillé d'une tenue propre et confortable, il sortit de la salle de bain pour rejoindre les Tonks dans la cuisine. Il était l'heure du repas et il pourrait manger n'importe quoi tant il avait faim. Cependant, il comprit qu'il devrait attendre encore quelques minutes avant de se rassasier.
Ted Tonks l'attendait sur le palier. Remus craignit que le père de Dora n'ait changé d'avis sur sa présence ici.
— Je ne vais pas faire un long discours pour expliquer mon choix, déclara Ted. J'attends encore de voir les agissements de Tu-Sais-Qui, mais je ne pourrai pas rester indéfiniment ici. Les Né-Moldus sont chassés et leur famille l'est aussi. D'autant plus que je refuse de m'enregistrer comme Né-Moldu au Ministère. C'est inimaginable.
— Mais s'ils vous trouvent, ils vous tueront, raisonna Remus.
— Ils le feront, oui, répondit Ted avec assurance. Mais des tas de personnes seront dans mon cas. Je me dois d'être là pour ceux qui ont besoin d'aide, à plusieurs nous pourrons tenir.
— Dora est au courant ?
— Dromeda l'est. Elle n'est pas pour, mais elle comprend. Je compte juste sur toi pour le faire comprendre aussi à Dora et de rester auprès d'elle. Ma femme et ma fille sont indépendantes, les plus fortes personnes que je connaisse. Je préfère juste m'assurer qu'elles ne seront pas seules si… quoique ce soit m'arrivait.
Remus acquiesça, il ne comptait plus partir.
— Est-ce que vous pouvez me promettre quelque chose aussi ? Il n'y a aucune raison pour que, mais…
— Nous serons là pour Violet, le devança Ted. Je te promets que nous ne l'abandonnerons pas.
C'était tout ce dont Remus avait besoin.
— Vous êtes sûr de votre choix ?
— Plus que jamais.
Ted était poursuivi et la meilleure solution était qu'il vadrouille pour corrompre les pistes. L'impact de cette guerre se ressentait un peu plus chaque. Cela rappelait tristement à Remus la première fois qu'il l'avait vécue. Lily et Mary avaient quitté leur famille pour se cacher, toutes les deux avaient perdu leurs parents. Tués des mains des Mangemorts.
— Attendez le dernier moment, dit Remus alors qu'ils descendaient les escaliers. Ne prenez pas trop de risques. Avec le Sortilège Fidelitas, vous êtes en sécurité ici.
— Je n'en doute pas, répondit Ted. Mais je te l'ai dit, d'autres personnes n'ont pas cette chance.
Il lui sourit avec détermination et empathie. Alors, Remus ajouta à sa liste des personnes les plus courageuses le nom de Ted Tonks.
Hello ! :D
Le chapitre sort aujourd'hui au lieu de la fin de la semaine, parce que... C'est l'anniversaire d'Olivier ! Alors un joyeux anniversaire, à notre joueur de Quidditch préféré !
Est-ce que ce chapitre vous a plu ?
Les cinq prochains chapitres seront de ce style, vous imaginez bien qu'en cette période de confinement pour le quintet et Holly, c'était plus simple pour moi d'agir ainsi. La protection de Violet est primordiale, il m'était inconcevable qu'elle soit mise en danger en ayant le droit de sortir.
Le quintet et Holly, ce n'était pas une surprise étant donné que je vous l'avais teasé. Mais trouver refuge à Dauphy's Sea, vous vous en doutiez ?
Par rapport à Holly, qui veut lui faire un câlin ? Qui commence à capter le fonctionnement de son cerveau ahah, si non, c'est pas grave. C'est Holly, petit coeur.
Et notre bon vieux Remus... Qu'avez-vous pensé des réactions de Violet, Olivier et Erine ? Ainsi que des moments à La Rivière , (Tonks, notre Reine) ? J'avais vraiment envie d'écrire sur ce moment, même s'il ne s'est probablement pas déroulé de cette manière ahah. Et enfin, Ted Tonks. (coeur)
Au prochain chapitre "L'éclipse" (le titre va sûrement changer) : La Gazette du Sorcier sort un nouveau numéro, un article qui n'apporte pas de bonnes nouvelles et questionne notre quintet et Holly. Chez Potterveille, l'émission permet des retrouvailles malgré les tristes événements. C'est le pire teaser que j'ai écrit, mdr.
Bref, à bientôt.
