Chapitre 9 : Noël aux cachots

Après son passage à l'infirmerie, James avait officiellement présenté ses excuses à Hermione et bien qu'elle les ait acceptées, elle avait depuis un peu plus de mal à se montrer détendue à ses côtés. Il n'avait pas un mauvais fond et le savait, ce n'était donc pas le problème, mais la présence du jeune Potter la rendait tout simplement triste depuis son malaise.

Elle avait d'ailleurs presque la même sensation quand elle était avec Sirius, même si ce n'était pas vraiment pareil. Elle adorait passer du temps avec lui, elle était plus détendue avec ce dernier qu'avec James, mais elle s'était étonnée à quelques reprises à se sentir sur le point de pleurer, juste en le regardant dans les yeux. Peut-être était-ce en lien avec la déception qu'elle ressentait en sachant que c'était tout de même lui qui avait lancé le cognard sur Severus… mais cela restait une réaction viscérale très étrange.

Néanmoins, tout semblait s'être calmé et même si la défaite des Gryffondors restait en travers de la gorge de plusieurs personnes, le fait qu'ils restaient devant les Serpentards dans la course aux points pour le trophée des quatre maisons les aidait à relativiser. Le mois de novembre continua ainsi, dans un calme tout relatif, les fêtes de Noël approchant avec, par la même occasion, les sorties autorisées pour Pré-au-lard. C'était un village sorcier non loin du château, l'occasion parfaite pour les élèves de troisième année ou plus de prendre l'air et de faire des emplettes pour les fêtes.

- Tu vas venir avec nous Hermy ? demanda Lily en souriant.

- Je ne sais pas…

- Bin pourquoi ? s'étonna Sirius. C'est le village sorcier le plus cool qui soit, y'a tellement de choses à voir et à faire.

- Surtout des boutiques, et c'est bientôt Noël, ajouta James qui avait clairement une fièvre acheteuse.

Le souci principal résidait néanmoins dans les boutiques en question. Elle ne voyait clairement pas l'intérêt de faire le tour des boutiques qui lui donneraient envie de dépenser de l'argent qu'elle n'avait pas.

- J'aimerais beaucoup m'acheter une nouvelle robe, dit alors Lily.

- Tu n'en as pas déjà assez ? se moqua Sirius.

- Si, admit-elle. Mais j'ai envie d'avoir quelque chose de neuf pour le bal du club cette année. Tu ne veux pas venir en essayer Hermy ?

Hermione avait oublié ce détail. Elle allait participer à une soirée organisée par le professeur Slughorn pour les fêtes. Elle était pressée, l'idée de pouvoir s'amuser en groupe pour Noël lui donnait espoir de ne pas être trop déprimée. Elle avait l'impression d'avoir plusieurs souvenirs heureux à cette période et ne voulait pas sombrer dans plus de nostalgie alors qu'elle avait la possibilité d'être avec des amis. Après tout, le présent et l'avenir étaient le plus important, non ?

- Je vais plutôt utiliser une de mes tenues, dit-elle en souriant, je pourrais même en améliorer une par magie.

Ses amis se souvinrent alors qu'Hermione, n'ayant pas de famille, n'avait pas non plus l'opportunité de dépenser de l'argent. L'état lui donnait l'équivalent d'une bourse, qui lui avait permis de payer ses fournitures et ses robes, mais le montant ne permettait pas de folie. Surtout si elle voulait faire des études après Poudlard, elle ne comptait pas dépenser le peu qu'elle avait.

- Je t'en achèterai une de robe, ne t'en fais pas !

- C'est gentil Sirius, mais non, ça ira je t'assure.

- Mais ce sera ton cadeau de Noël comme ça, insiste-t-il en souriant.

- Le sien ou le tien ? s'amusa James.

- Les deux ! admit-il.

Hermione secoua la tête, exaspérée, mais aussi un peu gênée.

- Je ne veux pas de cadeaux de Noël.

- Pardon ? s'offusqua cette fois Lily. Tu crois que tu as le choix ? J'ai déjà prévu de t'offrir quelque chose, je te signale !

- Je n'ai pas de quoi vous en offrir, alors je ne compte pas vous en demander, fit-elle remarquer.

- Mais ce n'est pas ça l'esprit de Noël, dit James en la regardant avec sérieux. On n'offre pas des cadeaux dans le but d'en avoir en retour. On veut seulement faire plaisir à l'autre et passer du temps avec ses proches.

- Eh bien justement, passer du temps avec vous sera mon plus précieux cadeau.

- Mais nous ne serons pas à Poudlard pour les fêtes, fit remarquer Peter.

Les autres lui lancèrent un regard noir alors qu'Hermione se souvint. Ils rentraient tous chez eux pour les vacances… ils lui avaient dit, elle avait seulement oublié. James et Sirius allaient chez les Potter, Lily partait dans le sud de l'Angleterre avec ses parents, Remus rejoignait ses parents chez eux et même Peter rentrait chez lui.

- Après, je peux demander à mes parents si…

- C'est gentil, une fois encore, mais ne t'en fais pas Lily, je serai très bien à Poudlard pour les vacances ! J'en profiterais pour réviser et prendre encore plus d'avance, ajouta-t-elle en souriant. Mais on sera ensemble jusqu'aux vacances et c'est déjà bien. J'insiste donc, je ne veux pas de cadeaux.

- J'ai une idée, intervint cette fois Remus.

Hermione aurait espéré, surtout venant de lui, qu'il n'insisterait pas. Mais elle le regarda tandis qu'il proposa :

- Et si cette année, on fabriquait nous-mêmes nos cadeaux ?

- Tu veux dire… genre faire une activité manuelle ? demanda Sirius, perplexe.

- Ouais, c'est une super idée ! s'exclama Lily.

- Mais je ne sais rien faire !

- Ouais ça, c'est clair, se moqua James en tapant l'épaule de Sirius.

- Mais si, souffla Lily. Pas la peine que ce soit ultrasophistiqué, tu es quand même capable de faire des trucs, même Peter est capable de faire des choses de ses dix doigts ! Hein Peter ?

- Je… je suppose oui, couina-t-il.

Hermione réfléchit alors et ne trouva rien à redire sur cette idée qui, au final, était plutôt bonne :

- Je pense que c'est faisable, en effet.

- Et si jamais, on peut se mettre à plusieurs pour faire les cadeaux, ajouta James qui fit un clin d'œil complice à Sirius.

Cela n'augurait rien de bon quand il avait une idée en duo avec lui, mais cette fois pourtant, Hermione sentait que ce n'était pas dangereux.

- Alors parfait, tu es vraiment trop fort, Lunard !

Oui, l'idée était parfaite, Hermione était débrouillarde et elle savait qu'elle pourrait au moins avoir la satisfaction d'offrir des cadeaux à ses amis. Puis, Lily la regarda :

- En revanche, tu seras obligée d'accepter d'emprunter une de mes robes pour le bal de Slugh ! Je sais déjà laquelle tu devras prendre.

Avait-elle réellement son mot à dire ? Non, probablement pas, mais ce n'était pas grave, elle était contente après tout. Ne restait qu'un petit détail qui, maintenant, la mettait mal à l'aise. Avec qui allait-elle aller à ce fameux bal ?

En réalité, elle savait très bien avec qui elle voulait y aller, mais elle aurait surtout préféré que ce soit lui qui le lui demande. Pourtant, les jours passèrent sans qu'il ne le fasse. Elle en venait à se demander si elle ne ferait pas mieux de demander elle-même, après tout, les femmes aussi pouvaient prendre les devants dans ces moments-là, et puis c'était simplement pour inviter un ami à une soirée, rien de plus ! Mais pouvait-elle réellement le faire ? La courageuse Gryffondor en doutait légèrement.

Quand le jour de la sortie à Pré-au-lard arriva, ses amis la laissèrent à contrecœur pour aller profiter sans elle du village sorcier. Hermione n'en était pas vraiment déçue, elle avait lu tant de choses sur ce dernier qu'elle avait l'impression de l'avoir déjà visité plus d'une fois ! Elle décida donc d'aller travailler un peu, se dirigeant machinalement vers le deuxième étage, préférant le calme de « leur salle de classe désaffectée » plutôt que la bibliothèque.

En réalité, elle le savait, le château entier était tranquille. La quasi-totalité des élèves de plus de 13 ans étant de sortie, comme Lily et les maraudeurs. Mais les premières et deuxièmes années étaient infernales du fait de ne pas pouvoir eux-mêmes profiter du village.

- Oh… tu n'es pas allé à Pré-au-lard ? s'étonna-t-elle en voyant Severus assit à sa place.

- Je n'ai pas encore inventé de sort pour être à deux endroits en même temps, donc… je suppose que je n'y suis pas allé, et toi non plus !

Hermione sourit, amusée, et alla s'installer en face de lui :

- Je n'avais pas très envie de sortir, commença-t-elle avant d'ajouter face au regard perplexe de Severus, ou du moins, je ne voulais pas faire de dépenses inutiles.

- Je pensais que tu irais acheter une robe avec Lily, avoua-t-il.

- Oh eh bien… je lui en emprunterai une, je n'ai pas besoin d'en avoir une nouvelle.

- Tu as raison, ce n'est clairement pas nécessaire. Je n'ai jamais compris l'intérêt d'avoir des centaines de tenues différentes. C'est un peu jeter l'argent par les fenêtres !

- Oui, tout à fait, dit-elle en souriant volontiers.

Il n'était clairement pas du genre à se soucier de ça, c'était indéniable, mais c'était surtout agréable de constater que certaines personnes pouvaient encore ne pas être totalement matérialistes. Néanmoins, ce fut plutôt l'occasion de pouvoir aborder un sujet important qui la mettait de bonne humeur, autant qu'il lui donnait envie de vomir. Espérant que le choixpeau ne se soit pas trompé sur son courage, elle continua :

- J'en déduis que tu n'as pas acheté de costume pour la soirée du club…

- Si, je l'ai commandé en août, dit-il avant de se justifier rapidement, mais c'est simplement que j'ai encore un peu grandi par rapport à l'année dernière et je savais que j'en aurais besoin un jour ou l'autre. Et puis, je suppose que c'était le dernier centimètre que je vais prendre dans ma vie, alors c'est sûrement le dernier costume que je m'achète.

C'était presque amusant de le voir se justifier, comme s'il craignait presque qu'elle ne le juge superficiel. Mais il savait pourtant que ce ne serait jamais le cas, du moins, l'espérait-elle.

- Peut-être pas le dernier, tu exagères un peu, plaisanta-t-elle.

- Oui, enfin vu le prix que c'est, même si c'est une collègue de travail qui me l'a fait, je ne vais pas en acheter des neufs tous les jours. Il y a plus important à financer.

- Une collègue de travail ? Parce que tu travailles toi ? Tu n'es pourtant pas majeur encore.

- J'ai travaillé cet été et je vais retravailler pendant les vacances, dit-il sans s'expandre.

Il n'avait pas très envie de parler de ça, elle le sentit sans difficulté. Elle se contenta donc de ces quelques explications, cachant sa déception en comprenant qu'il ne lui disait pas toujours tout, encore aujourd'hui. Pire encore, elle comprit qu'il ne serait pas là pendant les vacances.

Néanmoins, elle avait plus important à penser et, comme si elle devait retirer un pansement, elle se lança d'un coup :

- Même si je n'ai pas une nouvelle tenue, moi, dit-elle sur le ton de l'humour pour se donner contenance, est-ce que tu voudrais bien aller à la soirée avec moi ?

Elle était assez fière d'elle, d'avoir enfin osé lui demander, mais elle déchanta assez vite face au silence de son ami. Il était comme sous le choc, ne bougeant plus et se contentant de la regarder sans savoir que dire… c'était donc ça, se prendre un râteau ? Non, finalement, la définition exacte, c'était ce qui arriva après ce silence qui dura une éternité aux yeux de la jeune femme :

- Je… j'y vais avec Lily…

Elle eût l'impression désagréable que son cœur venait de s'arrêter, ce qui était stupide, elle le savait.

- Je suis désolé…

- Non, ce n'est rien ! le coupa-t-elle en arborant le sourire le plus naturel possible. Ne t'excuse pas, c'est bien que tu y ailles avec elle.

Elle le pensait sincèrement, ou en tout cas, elle essayait de s'en persuader. Elle ne pouvait quand même pas être jalouse de sa meilleure amie, d'autant qu'elle connaissait Severus depuis plus longtemps qu'elle et il était clair qu'ils s'entendaient de nouveau très bien. Hermione pouvait peut-être même s'enorgueillir d'avoir aidé à leur rapprochement après une dispute sans queue ni tête. Pourtant, cela lui faisait affreusement mal…

- Oh, zut, j'ai oublié de prendre mon livre de défense contre les forces du mal, changea-t-elle de sujet en regardant dans son sac. Bon, eh bien, je n'ai plus qu'à retourner à la salle commune.

Elle se leva alors et Severus en fit autant :

- Tu veux que je vienne avec toi ? Enfin, à ta salle commune… enfin, je veux dire, je t'attendrai devant, je ne vais pas y rentrer…

La question était bizarre, mais elle était certaine qu'il faisait ça pour s'excuser. Pourtant, il n'avait rien à se faire pardonner au fond. Elle se contenta de sourire à nouveau comme elle put :

- Non, ça va aller, ne t'en fais pas.

- Tu reviens ici après ?

Son cerveau chercha une excuse à toute vitesse :

- Je ne pense pas, c'est un peu loin et j'avoue être fatiguée d'avance à l'idée de devoir monter toutes ses marches pour les redescendre directement après. Je vais plutôt réviser là-bas cette fois, après tout, il n'y aura pas de Gryffondor surexcités pour me distraire.

C'était une bonne excuse, d'autant que les escaliers fous de l'école ne facilitaient pas toujours le trajet jusqu'à la tour des Gryffondor. Pourtant, elle fut certaine que Severus allait encore chercher un contre-argument, si bien qu'elle prit les devants et prenant simplement la fuite :

- À plus tard Severus…

Puis, elle s'empressa de s'en aller. Elle se sentait nauséeuse et lasse. Elle ne voulait qu'une chose, se mettre dans son lit et y rester jusqu'au lendemain. Jamais elle ne grimpa tous les étages aussi vite et, heureusement, la salle commune était totalement vide et silencieuse. Hermione se dirigea jusqu'au dortoir et se jeta sur son lit avant de fermer les rideaux de son baldaquin. Ce fut sa façon à elle de disparaitre un peu, là, plus ou moins cachée du monde extérieur, dans un lieu familier.

Allongée sur le dos, elle observa le plafond de son lit, dont le bois était sculpté de manière fine et élaboré pour donner l'impression de voir un ciel étoilé. Elle aurait aimé pleurer, mais n'y parvint pas. La jeune femme resta là, couchée, en silence, sans rien faire.

« Personne n'est jamais mort de s'être pris un râteau » relativisa-t-elle alors.

Puis, elle se sentit fatiguée et ferma les yeux, préférant sombrer dans le sommeil plutôt que de ruminer son erreur.

« Qu'est-ce que ça te fait Harry ? Quand tu vois Dean avec Ginny ? Je le sais, je le vois quand tu la regardes, tu es mon meilleur ami… »

« Tu as la capacité émotionnelle d'une petite cuillère Ron ! »

« Tu y vas avec Luna ? Je pensais qu'on irait ensemble ! »

- Hermy, tu es là ?

Difficilement, Hermione ouvrit les yeux.

- Hermy, tu dors ?

- Moui, marmonna-t-elle sans avoir vraiment envie de parler.

Bien qu'elle eût hésité, elle n'avait pu se résoudre à ne pas répondre à Lily. Son amie n'avait rien fait de mal après tout. Encore un peu dans les nuages de ses songes quand elle se frotta les yeux, Hermione ouvrit son rideau.

- Ça va ? s'inquiéta la rouquine.

- Oui, je dormais juste, ne t'en fais pas.

- Tu es sûre ?

- Oui, je ne suis pas encore tombée dans les pommes, promis.

Même si elle avait en effet retrouvé quelques souvenirs, de façon aussi fouillis que floue, elle savait au fond d'elle que son esprit ne l'avait pas fait délirer cette fois-ci. Mieux encore, dans ce méli-mélo de mémoire, en plus de ne pas avoir fait de malaise, elle n'avait pas mal à la tête. En revanche, le poids sur sa poitrine était plus lourd encore alors qu'elle comprit qu'elle avait déjà vécu une déconvenue pour un bal… ou peut-être même plus !

- Vous êtes rentrés il y a longtemps ?

- Non, il y a à peine dix minutes, expliqua Lily. Tu viens avec nous dans la salle commune ?

- Oui, bien sûr.

Hermione sourit légèrement et se redressa tout en s'étirant :

- Oh attends, avant, regarde, qu'est-ce que tu penses de ma robe ?

Lily lui sortit d'une boîte une élégante robe noire et blanche, à la coupe cintrée et aux manches mi-longues en dentelle. Elle n'avait pas besoin de la passer pour qu'Hermione sache qu'elle lui irait à merveille :

- Tu seras magnifique…

- J'espère bien, s'amusa Lily. Mais toi aussi, tu seras resplendissante, tu verras ! J'ai trois tenues à te faire essayer d'ailleurs. Enfin, on verra ça plus tard, les garçons nous attendent en bas avec Alice.

Hermione acquiesça et descendit avec Lily, non sans toujours autant s'en vouloir de ruminer sur le fait que cette dernière aille à la soirée avec Severus. Heureusement, les maraudeurs avaient fait le plein de sucreries et de farces et attrapes pendant leur sortie, redonnant à la jeune femme le sourire alors que les bruits et les chamailleries reprenaient leur place dans la tour des Gryffondors. Son moment de déprime prenait fin avec la mort du calme, ce n'était pas si mal que ça.

Au moment de partir au repas, Sirius attrapa sa main, la faisant se stopper alors que les autres prenaient déjà la route jusqu'à la grande salle. C'était curieux, comme si tout le monde savait qu'il ne fallait pas les attendre.

- Hermy, je peux te parler ?

- Oui, bien sûr, tu peux toujours le faire !

Sirius était aussi gêné qu'elle n'était perplexe face à la mine incertaine de son camarade.

- Eh bien… en fait… je me disais… enfin, c'est juste…

Jamais le jeune Black n'eut été aussi peu loquace et Hermione se sentit bizarre. Elle était en train de comprendre ce qu'il essayait de faire, elle n'en avait pas le moindre doute…

- Je veux bien aller à la soirée du Club avec toi, dit-elle machinalement.

Sirius garda le silence un moment, cherchant à comprendre ce qu'il venait de se passer, puis il sourit avec une joie non feinte. Vraiment heureux, et peut-être moins charmeur que d'habitude, il se contenta pour une fois d'être lui-même en demandant doucement :

- C'est vrai ? Tu es d'accord ?

- Oui, ce sera avec plaisir.

Le jeune Gryffondor passa une main dans ses cheveux, soulagé :

- Ça fait des jours et des jours que je voulais te le demander, avoua-t-il. Je suis content que tu aies accepté.

Hermione se contenta de le regarder, étonnée par cet aveu :

- Je sais que j'ai une réputation de Don Juan, je ne suis pas bête et, surtout, je l'étais avant. Mais j'ai changé, je crois, et je t'assure… j'ai l'impression que tout devient plus compliqué aujourd'hui ! Enfin, en tout cas, je suis content.

C'était agréable de le voir si joyeux, mais sa bonne humeur mit Hermione mal à l'aise. Peut-être que Lily avait eu raison depuis le début en parlant de Sirius et de son comportement envers elle… mais était-elle prête à voir son ami de cette manière ? Elle n'en était pas persuadée.

Durant les semaines suivantes, Hermione réussit à se faire à l'idée que Severus irait au bal avec Lily et qu'elle irait avec Sirius. Ce dernier était encore plus avenant qu'auparavant et même si elle ne se sentait toujours pas prête à le voir autrement qu'en ami, elle devait avouer qu'elle appréciait ces moments passés avec lui. Elle arrivait même à envisager de s'amuser pendant la soirée qui allait avoir lieu quelques jours plus tard, surtout qu'elle était tombée raide dingue de l'une des robes de Lily !

- Tu pourrais m'aider ?

Hermione redressa la tête de son livre alors que Severus semblait exaspéré. Elle continuait de travailler avec lui, se sentant toujours un peu triste en sa présence, elle se l'avouait volontiers, mais elle préférait de loin ressentir cela en travaillant avec lui, plutôt que de l'éviter.

- Oui, tu travailles sur quoi ? demanda-t-elle avec curiosité.

- Je cherche à créer un sort pour statufier quelqu'un, mais je ne trouve aucune solution passable.

Hermione haussa un sourcil étonné :

- Eh bien, tu devrais peut-être essayer « petrificus totalus », je suis certaine que cette formule ferait un tabac !

- Très drôle, souffla Severus.

- Je ne comprends pas ce que tu cherches à faire, admit-elle.

- Quand on pétrifie quelqu'un, la personne ne peut plus bouger ni parler, mais elle reste consciente de ce qui se passe autour de lui, expliqua le sorcier. Moi, je cherche un sort capable de transformer la personne visée en statue pure et dure, incapable de bouger, mais aussi d'entendre !

Toujours aussi surprise, la jeune femme le sonda du regard :

- Pourquoi veux-tu créer un sort comme ça ?

- Eh bien, ce serait un sortilège vachement utile ! Imagine, tu veux te faire discret, mais quelqu'un bloque le passage, bin hop, tu lances ce sort et tu peux passer et faire ta vie tranquille, avant de lui rendre sa forme normale comme si de rien n'était !

- Tu t'es pris pour un espion Severus ?

- Peut-être que je le suis déjà et que tu ne le sais pas ! ironisa-t-il.

Cette idée, loin de lui paraître stupide, sonna vrai dans son esprit… encore une fois, elle se laissait avoir par son imagination débordante.

- Hum… tu pourrais sûrement l'être, vu ta capacité à paraître toujours aussi stoïque.

- Je serais le meilleur, à n'en point douter, se venta-t-il cette fois avant de sourire avec malice. Tellement bon que je serais capable de duper les plus grands.

Oui, il serait capable de surpasser James Bond, elle le savait en son for intérieur.

- Et sinon, blague à part, pourquoi tu cherches à créer un tel sort ?

- Eh bien, par envie de faire une nouvelle découverte. Et puis… depuis que j'ai entendu parler d'un mythe de Poudlard qui m'a intrigué, j'ai cette idée en tête.

- C'est-à-dire ? demanda Hermione, maintenant aussi intéressée qu'amusée.

- J'étais en cours de musique…

- Tu fais partie du club de musique ? s'étonna-t-elle.

- Tu me laisses finir mon explication ou tu changes déjà de sujet ?

- Désolée… continue !

- Donc je disais, j'étais en cours de musique et là, Jack, un des membres du club, m'a parlé d'un tableau magique qui serait apparemment caché quelque part dans le château. C'est une œuvre qui représente Médusa, et une légende dit que quiconque regarde ce tableau se transforme en statue pendant quelques secondes. Je ne suis pas certain que ce soit vrai, mais tout étant possible à Poudlard, je me suis dit qu'il serait intéressant de reproduire ce sortilège sans pour autant être un tableau maudit… et encore moins une créature démoniaque aux cheveux serpents !

- Tu n'aimes pas les serpents ? plaisanta Hermione qui, au fond, trouvait l'histoire et idée passionnantes.

- Je suis fier de ma maison, mais je n'irais pas jusqu'à avoir un serpent de compagnie. Même si les poisons me passionnent, je ne suis pas fan des morsures qui vont avec !

Hermione ricana tout en secouant la tête :

- T'es bête parfois, Severus. Allez, montre-moi tes recherches !

Au lieu de lui donner son carnet de note, qui était un manuel d'histoire cette fois-ci… il se leva et vint s'installer à côté d'elle pour travailler sur ce potentiel sortilège. Au fond d'elle, Hermione sentait qu'un tel sort pouvait être utile, comme si elle avait déjà vécu des épreuves qui auraient pu le nécessiter.

Créer un sortilège était intéressant, mais long. Quoique, investiguer auprès de Severus lui semblait toujours passer trop vite. Heureusement avait-elle pris de l'avance sur ses devoirs et autres révisions.

Puis le jour du bal arriva enfin, une semaine avant Noël, mais surtout la veille des départs en vacances. Hermione se prépara avec l'aide de Lily qui, malgré sa joie encore la semaine précédente, paraissait ce soir un peu plus agacée. Pendant qu'elles se coiffaient, la jeune femme osa demander :

- Quelque chose ne va pas Lily ?

- Tout va bien !

Hermione garda le silence et la rousse soupira :

- Désolée, je vais bien, mais James m'a énervée tout à l'heure !

- Pourquoi ça ? s'étonna Hermione.

- Monsieur Potter vient de comprendre que je ne plaisantais pas quand je lui ai dit, il y a plusieurs semaines de ça, que j'avais déjà un cavalier pour le bal ! Il est insupportable quand il s'agit du club de potion et après, il s'étonne que je ne l'invite pas lui et, pire encore, il ose s'étonner que quelqu'un m'ait demandé avant lui.

Plus qu'énervée, Lily était donc vexée et Hermione la comprit pleinement. Les garçons étaient vraiment incompréhensibles, ou stupides, voire ou les deux ! Néanmoins, elle eût du mal à la plaindre pour autant en sachant qu'il lui avait demandé de l'accompagner justement. Enfin bon, la discussion sur la modestie intellectuelle des jeunes hommes les tint toutes les deux jusqu'à l'heure du départ.

Sirius attendait Hermione en bas, avec Remus et Peter qui étaient dans le canapé habituel alors que James était porté disparu. Cela ne surprenait pas Hermione qui, en revanche, se sentit rougir devant le regard de son cavalier et des deux autres maraudeurs. Dans la robe bleu nuit que Lily lui avait prêtée, elle se sentait presque un peu trop féminine.

La tenue lui tombait sur les chevilles et les motifs bleu clair formaient des volutes discrètes qui mettaient en valeur les formes de la jeune femme, aidées par un décolleté léger et des manches arrivant à mi-biceps. Pour compléter le tout, Hermione avait ensorcelé ses chaussures pour avoir des talons qu'elle aurait aimés plus courts, si Lily n'avait pas tant insisté.

- Wow Hermione, tu es tellement belle ! ne put retenir Sirius en s'approchant d'elle.

- Tu es très classe, toi aussi, répondit-elle en souriant.

Son costume de couleur foncée à rayures lui allait à merveille et tombait parfaitement devant un gilet au motif stellaire. Il avait coiffé ses cheveux qui tombaient en boucle bien définie sur ses épaules, lui donnant quasiment l'air d'un mafieux, ce qui lui allait bien. Il avait une classe certaine qui était attirante, il fallait l'avouer et Hermione se demanda si elle ne pourrait pas, finalement, avoir quelques vues sur lui.

Puis le tout petit groupe descendit enfin pour se rendre jusqu'aux cachots, mais s'arrêta d'abord dans le hall, où Severus attendait Lily. Il était habillé avec son nouveau costume, comme il l'avait dit à Hermione, ce qui l'interpella pourtant. Sa chemise blanche n'était presque pas visible sous la veste noire, longue et aux nombreux boutons, et la cravate au style ancien qui étaient par-dessus. Son pantalon, tout aussi noir que ces deux derniers éléments, avait une coupe droite et retombait sur des chaussures de cuir semblant, elles aussi, neuves.

Hermione eut l'impression bizarre d'avoir déjà vu cette tenue, mais heureusement pour elle, aucun flash et aucune douleur ne l'assaillirent. Elle devait se tromper et simplement souffrir d'une impression de déjà-vu. Quoi qu'il en soit, avec ses cheveux attachés en une queue de cheval simple, elle ne put que le trouver beau. Son cœur se serra hélas à ce constat, confirmant les craintes qu'elle avait commencé à avoir depuis quelque temps : elle était totalement éprise de lui.

- Je me demande où il a pu trouver l'argent pour s'acheter une tenue de croquemort comme celle-ci, murmura Sirius à Hermione.

- Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es jaloux de lui, murmura-t-elle à son tour à son cavalier.

- Non, répondit-il discrètement tout en la regardant, je trouve juste surprenant qu'un gars qui n'a pas une tune puisse s'acheter ce genre de fringue.

Severus venait donc d'une famille avec peu de moyens ? Si c'était le cas, il était en effet surprenant de le voir vêtu de la sorte. Néanmoins, il semblait ne pas être très dépensier, cela devait donc lui avoir permis de se faire plaisir, surtout s'il comptait garder ce costume longtemps.

Quand elle reporta son attention sur lui, il faisait un baise main à Lily, puis celle-ci lui prit le bras. Il n'était pas très bavard et hormis une salutation rapide, il se contenta de marcher avec la rousse jusqu'au lieu de réception. Là, la fête commençait à peine, mais le décor était encore plus fabuleux que pour Halloween !

Le repas sous forme de buffet était une fois de plus servi par d'autres élèves et la musique mettait une ambiance festive dans les cachots d'ordinaire si moroses. Les couleurs verte et rouge des décorations donnaient au lieu une vie nouvelle et presque fascinante. Tout était réuni pour que la soirée soit réussie, même si les pensées d'Hermione ne pouvaient s'empêcher d'aller vers Severus et Lily.

Alors que Sirius discutait Quidditch avec Slughorn, qui voulait sûrement connaître les chances de Serpentard de gagner la coupe, Hermione observa le sorcier qui prenait tant de place dans son cœur, avec la terrible sensation d'avoir déjà vécu ça. Il dansait pour l'heure avec Lily, semblant réellement prendre plaisir à la valse de salon qui raisonnait.

- Ne fais pas cette tête, dit alors doucement Sirius qui passa sa main dans son dos. Il nous a tous bien eu, tu sais, tu ne dois pas t'en vouloir.

- Plaît-il ? demanda-t-elle en se tournant vers lui, qui était maintenant de nouveau tout à elle.

- Rogue, cracha-t-il presque. On se doutait tous qu'il y avait un truc bizarre dans le fait qu'il était devenu ton « ami » ! Mais c'est un Serpentard, on aurait dû savoir qu'il faisait ça pour avoir Lily.

- De quoi tu parles ?

Sirius la regarda comme si elle ne comprenait rien, ce qui était hélas le cas. Il expliqua alors calmement :

- Il n'avait aucune chance de se rapprocher à nouveau de Lily après ce qu'il avait fait l'an dernier. Sauf en devenant ami avec une proche de celle-ci…

- Tu insinues qu'il m'a utilisée ? s'offusqua-t-elle.

- Eh bien, il est rusé, Hermione, regarde-le. Grâce à toi, il a pu de nouveau être proche d'elle, et faire un putain de pied-de-nez à James ! Franchement, comme je te disais, on ne l'a pas vu venir le coup de l'invitation au bal.

Hermione se sentit mal, la nausée la prenant comme la dernière fois au dépourvu. Sirius sembla inquiet et s'approcha plus d'elle pour la soutenir :

- Hermy, ça va ?

- Oui… oui ça va…

- Tu veux que je t'accompagne à l'infirmerie ?

- Non… j'ai juste besoin de prendre l'air…

Elle se recula alors et posa sa main sur le torse de Sirius et ajouta :

- Seule !

- Mais…

Elle ne le laissa pas protester et se dirigea vers la sortie, le plus calmement possible malgré son envie de courir. Une fois dans le hall d'entrée, elle s'assit un instant sur les marches du grand escalier et observa la porte et les sabliers géants donnant le décompte des points, une fois encore avec une sensation de déjà-vu.

« J'étais amoureuse de mon ami Ron… j'en suis sûre. Mais il en a choisi une autre lui aussi. Je n'ai jamais été une femme à ses yeux, je ne le suis aux yeux de personne. »

L'image furtive d'un garçon massif aux cheveux noirs et aux allures de mannequin lui vint en tête. Si, une fois, elle avait été femme pour quelqu'un. Viktor, elle se souvint de ce nom, mais elle se souvint aussi n'avoir vécu qu'une idylle de courte durée avec ce jeune homme. Il était beau et gentil et… doué dans certains domaines.

Rougissante à cette idée, elle se remémora néanmoins qu'elle ne l'avait choisi que par dépit, là où il l'avait choisi, car elle ne s'intéressait pas à lui comme toutes les autres. N'était-ce pas ce qu'elle reproduisait avec Sirius ?

Dépitée, son envie de pleurer revint au galop. Elle était si jalouse…

- Oh… heu… Miss Watson ?

Hermione se redressa d'un coup et regarda le professeur Nid qui venait de sortir de l'escalier en colimaçon menant vers la tour d'astronomie.

- Vous ne devriez pas être là, s'étonna la professeure en pleine ronde.

- Je suis invitée à la fête du club du professeur Slughorn, expliqua la jeune Gryffondor qui ne voulait pas perdre de points.

- Mais c'est dans les cachots, pas dans l'entrée, fit remarquer l'enseignante. Vous allez bien ?

- Oui Professeur… j'y retourne tout de suite.

- Attendez, la stoppa-t-elle. Je dois faire le tour des jardins, vous aimeriez vous joindre à moi ?

Surprise, elle constata le regard bienveillant de son enseignante qui, au fond, revêtait une sorte de triste nostalgie. L'espace d'un instant, Hermione eut la sensation que plus que quiconque, cette femme pouvait la comprendre et donc, savait le besoin viscéral qu'elle avait de prendre l'air.

- Avec plaisir, répondit alors Hermione.

Le professeur Nid prit sa propre écharpe et, d'un coup de baguette, la transforma en un magnifique manteau de laine noir :

- Enfilez ça ! La vue depuis la tour d'astronomie est fabuleuse, mais j'ai pu constater qu'il fait froid dehors.

- Merci, dit-elle en l'enfilant.

Alors qu'elle lança un sort à sa propre veste, l'enseignante ouvrit la porte du hall et sortit avec elle. Il neigeait, comme souvent en décembre dans les Highlands, mais le paysage n'en était que plus magnifique. Hermione avait un peu froid aux jambes, mais surtout aux pieds. Se souvenant qu'elle avait changé ses bottines en talons, elle retira son sortilège et se sentit beaucoup mieux :

- Vous êtes vraiment très douée Miss Watson !

- C'est gentil, je m'entraine dur pour ça.

- Et vous avez raison, le travail apporte la réussite à ceux qui ne lâchent rien ! Vous irez loin dans la vie, j'en suis certaine.

- Merci Professeur.

Hermione sourit à ce compliment qui la ragaillardit. Il n'y avait en effet rien de plus important que les études et la connaissance, elle n'avait besoin que de ça pour réussir sa vie.

- Vos parents seraient sûrement fiers de vous.

À ces mots, la jeune femme se sentit un peu moins bien, mais elle constata rapidement que son enseignante semblait elle-même bien triste. Elle eut cependant un léger sourire nostalgique et dit en regardant son élève :

- Je sais ce que c'est de ne plus avoir ses parents, je les ai moi-même perdus, il y a bien longtemps de ça maintenant.

- J'en suis désolée.

- Ne le soyez pas, miss Watson, je sais qu'ils seraient heureux de voir ce que je suis devenue aujourd'hui.

Le professeur Nid leva la tête un moment et regarda le château avec tendresse :

- Je suis certaine qu'ils aimeraient être là avec moi, et dans un sens, ils le sont. Dans chacun de mes gestes, dans chacune de mes paroles, ils raisonnent en moi. Je suis certaine qu'il en est de même pour vous.

- Je me souviens un peu de leur visage aujourd'hui, mais je me souviens surtout de l'amour qu'ils me portaient.

- C'est de ça qu'il faut se rappeler justement ! L'amour est la magie la plus puissante qui soit.

- Ce n'est pas la magie ancienne ? s'amusa Hermione.

Le professeur Nid rit de bon cœur à cette remarque :

- Vous marquez des points, j'en donne 5 à Gryffondor d'ailleurs ! Néanmoins, n'oubliez jamais l'important, Hermione, n'oubliez jamais l'amour de ceux qui comptent, quand bien même cela peut faire mal. C'est ce qui permet d'avancer et de faire les bons choix, même ceux qui sont difficiles. Promettez-le-moi !

Regardant son enseignante avec sérieux, Hermione prit note en elle de chacun de ses mots. Oui, l'amour était le plus important, et tant pis qu'il soit réciproque ou non. Savoir aimer était le principal et, elle le savait, son cœur était immense et lui donnait son lot de force malgré les épreuves. Avec un sourire franc, la jeune femme regarda les yeux marrons de son aînée :

- Je vous le promets.

Cette dernière allait lui dire quelque chose, mais un bruit dans les serres non loin la coupa dans son élan. Soupirant, elle secoua la tête :

- Eh bien, je suppose que je vais encore devoir mettre des retenues. Je ne vous fais pas venir avec moi, Miss miss Watson, je vous laisse retourner au château par vous-même. Je compte néanmoins sur vous pour retourner à vos quartiers ou à la fête, mais ne trainez pas seule dans les couloirs trop longtemps, c'est bien trop mélancolique !

Toujours avec le même regard bienveillant, elle salua son étudiante et partit faire son rude travail de professeur. Hermione, un peu plus joyeuse, mais toujours aussi fatiguée, se redirigea vers l'entrée pour retourner à la fête, prévenir Sirius de son intention de rentrer au dortoir et dormir. Elle ne pouvait quand même pas le laisser sans le prévenir après tout et tant pis si elle voyait encore Severus avec Lily.

Il l'avait peut-être utilisé comme le pensait Sirius, elle ne pouvait pas le savoir. Cependant, il n'en demeurait pas moins qu'elle avait des sentiments pour lui et, réciproque ou non, elle n'avait pas l'intention d'en avoir honte. Ne voulant pas ressentir le même désarroi qu'elle se souvenait d'avoir vécu avec son fameux ami Ronald, elle se promit de simplement se réjouir pour Severus s'il était heureux.

Elle n'eut pas à aller jusqu'aux cachots pour retrouver son cavalier qui arrivait au niveau du hall quand elle-même y entra. La porte de l'école se refermait après l'avoir laissé passer et Sirius la regarda avec stupeur :

- Tu étais dehors ? Comment es-tu sortie ?

- J'ai croisé le professeur Nid, elle m'a laissé prendre l'air.

- Ça va mieux ? s'enquit le jeune Black.

- Je vais bien, oui, ne t'en fais pas. Je pense juste que je suis plus fatiguée que je ne voulais bien me l'avouer. Je pense qu'il est temps que j'aille me coucher.

- Je vais te raccompagner alors.

Sirius s'approcha d'elle et lui prit la main :

- Merci beaucoup, Sir…

Sans crier gare, ce dernier se pencha vers elle et, l'instant d'après, il déposait déjà ses lèvres contre les siennes.