(Le Prince de Sang-Mêlé) Liens de famille
Harry dîna tard lundi soir, après avoir passé un long moment à discuter avec Severus, il se retrouva en fait à avaler un sandwich apporté par un elfe de maison avant de filer à sa salle commune, ou plutôt sur le chemin jusqu'à la tour Gryffondor, et il termina au coin du feu.
Le lendemain matin, Parvati attirait tous les regards, de la salle commune jusqu'à la grande salle durant le petit-déjeuner. Elle avait tressé ses cheveux différemment qu'à leur habitude, plus lâches, parés de divers ornements, et en diagonale pour porter sa tresse sans gêne sur le côté au lieu de dans son dos. Elle s'était maquillée élégamment, pas trop, et souriait de manière particulièrement enjouée, chantonnant même doucement. Elle s'installa même à la table de Serdaigle, auprès de sa sœur, et non loin de là où se trouvait le groupe de "l'élu". Hermione la fixa durant un long moment en silence avant que Harry ne lui en fasse la remarque. Draco décida alors d'interpeller les jumelles Patil, et en particulier la Gryffondor.
« Tu t'es apprêtée pour aller à un rendez-vous, Parvati ? »
« Absolument pas. », nia la belle adolescente.
C'est alors qu'un paquet de "marques des ténèbres comestibles" atterrit devant Draco. Surpris, tout le groupe tourna le regard vers Théodore Nott, à l'air blême et glacial.
« Tu trouves ça drôle ? » questionna froidement le frêle Serpentard.
Draco, observé avec choc par les jumelles Patil, souriait à son camarade. « En fait, oui. Particulièrement hilarant. Comment as-tu deviné ? »
« Que ça venait de toi ? » Aucun, pas même Draco, n'avait déjà vu Théodore aussi enragé. Sa voix demeurait contenue mais tremblante, et son regard transperçant comme s'il désirait couper ou brûler le blond sur place. « Il n'y a que toi pour m'envoyer ça. » Il fit un mouvement de bras en arrière pour désigner la place de la table Serpentard qu'il avait quittée, où un grand tas de ces sucreries formait une petite colline. « Tu ne trouves pas cette quantité totalement déraisonnable, par ailleurs ? À quoi tu joues, Draco ? »
« Tu fais toute une scène, Théodore. Tu aurais pu éviter d'attirer toute l'attention dessus. Maintenant, ce n'est plus vraiment entre toi et moi. »
« Toute l'attention ? » Sous sa colère, de la sidération germait. « Une montagne multicolore s'est renversée devant moi, et c'est moi qui attire l'attention ? Ce n'était pas discret, Draco. Et tout le monde a été choqué à Serpentard. »
« Tout le monde, tu exagères peut-être un peu. »
« Tout ceux qui pouvaient voir ça, et je t'assure qu'ils sont nombreux. »
« Allons allons, qu'est-ce qui se passe ici, les garçons ? » demanda une voix sympathique qu'ils ne connaissaient pas encore, celle du professeur Slughorn arrivé auprès d'eux.
Hermione décida d'expliquer. « Nott a reçu un "cadeau" de Draco, qu'il n'a pas beaucoup apprécié. »
Ron renifla. « J'comprends pas pourquoi, tout le monde aime les marchandises de Fred et George. »
Ginny le fixa. « Ron, est-ce que tu comprends le concept de "message implicite" ? »
« Ouais. Pourquoi ? »
« Parce que c'en est un. », lui expliqua Harry avant de se tourner vers les deux Serpentard. « Vous vous envoyez souvent ce genre de fleur tous les deux ? »
« Quel est le cadeau ? » questionna amicalement Slughorn.
« Voyez vous-même. », répondit Draco en désignant l'échantillon posé devant lui.
Slughorn perdit quelques couleurs. « Oh, oui, je vois, très spirituel en effet, jouer à se faire peur, je vois ? Ce n'est pas encore Halloween, les garçons. » Il se tourna vers les deux Serpentard, et replaça son sourire. « Dites-moi, Nott, c'est ça ? »
« C'est moi. », acquiesça Théodore.
« Tu es le fils de Théodore Nott ? C'est un de mes vieux amis. »
« Vos amis sont des Mangemorts incarcérés à Azkaban ? » nargua Draco. « Je croyais que vous étiez professeur de Potion, pas de défense contre les forces du mal. »
« J'ignorais qu'il… qu'il était un Mangemort. Et surtout pas pour Azkaban. »
Parvati fixait Draco. « Et moi, j'ignorais que ton camarade était actuellement à Azkaban. »
Théodore tourna son regard vers l'adolescente. « J'ai le même nom que mon père. Il est senior, je suis junior, c'est tout. Un peu comme Bartemius Crouch. Ça n'arrive pas si rarement, ce genre de répétition dans les noms, surtout quand… » Il se tut, choisissant de lui-même de ne pas en dire plus.
Draco reprit la parole. « Théo, je ne m'excuserais pas pour ça. Tu peux voir à quoi ça ressemble, maintenant. C'est impressionnant à quoi point elles sont ressemblantes. Les jumeaux font du travail admirable… »
« Oui. », répondit sombrement Théodore. « C'est à croire qu'ils avaient un modèle pour le faire. Mais toi, pour reconnaître si bien les détails, tu as bien dû le voir quelque part aussi. Ton père ? Ou ta tante peut-être. »
Slughorn sembla voir que la tournure prenait un chemin inquiétant. « Les garçons… »
Parvati se leva soudainement. « Je vais en cours d'histoire. Il ne faudrait surtout pas manquer le début du discours du professeur Binns. »
« T'as cours d'histoire, toi ? » s'étonna Draco. Et tout le monde semblait aussi surpris que lui, Hermione, Neville, Théodore, tous sans exception. En dehors, bien sûr, de Padma qui se levait aussi.
« Nous avons cours d'histoire. », déclara la Serdaigle.
Parvati sourit à Draco. « Tout le monde ne peut pas être nul en histoire. Il se trouve que j'ai une bonne affinité avec ce qui est rattaché au temps. » Elle regarda Théodore. « Nous allons être en retard. »
Sur ce, les deux adolescentes partirent. Théodore les suivait du regard, totalement incrédule. Draco rit.
« Parvati mérite mes applaudissements juste pour cette tête que tu tires, Théo. » Il se calma. « Attends, comment sait-elle que tu as cours d'histoire ?! Même moi je ne savais pas ! »
Théodore l'observa. « Tu es vraiment un crétin, Draco. Tout Serpentard sait. »
« Tu n'as pas besoin de Binns ! »
« Crois-le ou non, écouter le professeur Binns peut procurer certains avantages. De plus, si je veux la mention Optimale à l'ASPIC, il faut bien que je commence par m'inscrire à l'ASPIC. Parfois, tu me désespères. Patil a raison, notre cours va commencer. Aucun de vous ne l'a pris ? » Il fixait particulièrement Hermione.
L'adolescente ne tarda pas à lui répondre. « Je suis d'accord qu'écouter le professeur Binns est la moindre des choses à faire, et je suis contente de voir qu'il y a au moins une personne pour ne pas critiquer un professeur, ce dont certains préfets devraient prendre exemple. Mais je ne vais pas suivre toutes les matières. Il y a une limite à la charge de travail. Mais j'ai eu O, bien sûr. »
Il roula des yeux. « Bien sûr. »
Il commença à partir, mais Draco le saisit par le poignet pour le retenir. « Attends. Parvati n'est pas Serpentard, ni Padma, et elles ne parlent plus avec Pansy, certainement pas de toi. Alors, comment savait-elle ? »
Il le regarda froidement. « Draco. J'ai un cours. »
Le blond le lâcha, et le presque orphelin s'enfuit.
« Bon, eh bien je vais vous laisser. », déclara Slughorn. Il se tourna vers Neville et Harry. « J'ai hâte de vous voir en cours tout à l'heure, tous les deux. »
Il partit à son tour, et les autres observaient les deux comparses dans l'attente d'une explication. Neville expliqua que Dumbledore les avait emmenés pour aller recruter l'homme, et qu'ils n'avaient pas vraiment évoqué qu'il n'était personnellement pas compétent en potions. Il faut dire qu'ils ne savaient pas de quoi il était professeur. Encore une fois, ils n'avaient pas cours jusqu'à la troisième période, et même Hermione avait tout ce temps libre. Prévoyant que les cours allaient être très chargés, comme les devoirs et le travail personnel attendu, ils décidèrent d'attendre le cours de potions en rédigeant le devoir demandé par Severus. D'autant qu'à la fin du cours de défense contre les forces du mal, il avait redonné la consigne de manière plus sophistiquée, et attendait une bonne quantité de rouleaux. Et le connaissant, la qualité de rédaction devrait être excellente.
Enfin, l'heure du cours de potion arriva. Harry, Draco et Hermione s'y rendirent, abandonnant Neville et Ron à leur triste sort d'emploi de leur rêve inatteignable. Ils se dirigèrent tous les trois à la table la plus proche du bureau du professeur. Premiers arrivés, ils installèrent leurs affaires, pendant que d'autre entraient. Les préfets de Poufsouffle, Ernie et Hannah, se placèrent à la table du fond. Puis Théodore entra, et jeta un œil à la table proche du mur, intermédiaire entre les deux autres. Il rencontra le regard de Draco, avant de décider d'aller y prendre place, seul. Draco récupéra rapidement ses affaires.
« Qu'est-ce que tu fais ? » s'étonna Hermione.
« Je vais à côté de Théo. Juste pour cette fois, j'ai une question à lui poser. »
« Mais… »
Draco partait déjà prestement à la table de son camarade de Serpentard, au même moment où Slughorn entrait. Le nouveau et ancien professeur regarda cette fuite d'un blond de Serpentard qui quittait le duo de Gryffondor pour rejoindre son camarade de maison, une partie de ses affaires dans un bras, son sac dans l'autre main. D'autres élèves se faufilèrent à côté du professeur pour aller jusqu'à leurs tables : Pansy et Blaise rejoignaient Théodore et Draco, tandis que les Serdaigle Michael Corner et Terry Boot rejoignaient les Poufsouffle. Enfin, Padma décida de prendre une autre table inoccupée.
« Tout le monde est là ? » demanda le professeur.
Harry le dévisagea. « Eh bien, nous ne savons pas qui participe au cours, alors le mieux serait de faire l'appel. »
« Oui, oui, bien sûr, bien sûr. Alors… » Le petit homme alla fouiller son bureau à la recherche de la liste des élèves, qu'il trouva assez rapidement. « Ah, voilà. Donc… Hannah Abbott. On commence tout de suite par une famille des vingt-huit sacré ! » Il semblait impressionné.
La blonde le regarda avec hésitation. « Je suis Sang-Mêlé, professeur. »
« Oh. Pardon. »
Elle l'observa encore plus curieusement. Ce n'était pas une insulte de croire qu'elle appartenait à une famille de Sang-Pur.
Le professeur reprit. « Ensuite… Terry Boot. »
Le Serdaigle aux cheveux châtain se signala par un « Présent. »
« Michael Corner. »
Son ami fit de même.
« Hermione Granger. »
Hermione leva la main. « Présente. »
Il la regarda avec intérêt. « Êtes-vous apparentée à Hector Dagworth-Granger ? Le fondateur de la Très Extraordinaire Société des potionnistes. »
« Je ne crois pas, monsieur. Je suis née-moldue. »
Théodore chuchota de sorte que seul Draco puisse l'entendre. « Elle ne sait pas que les vrais nés-moldus sont très rares ? »
Draco choisit de ne pas répondre, pendant que Slughorn, dont tout intérêt s'était envolé à la réponse, reprenait l'appel. « Alors… Draco Malfoy. » Il se tourna vers le blond platine sans avoir besoin que le garçon ne se manifeste. « Dites-moi, comment va ce cher Abraxas ? »
« Je dirais que prendre le thé avec les asticots ne doit pas trop lui plaire. Il est mort. »
« Quel dommage. Ernie McMillan ? »
Le Poufsouffle se manifesta, et il en fut ainsi pour toute la liste, Théodore Nott, à qui Slughorn ne jeta même pas un coup d'œil, Pansy Parkinson, Padma Patil… « Harry Potter ! Le fils de Lily, je suppose que tu seras aussi merveilleux en potions que ta mère. Tu sais qu'elle doit venir, n'est-ce pas. C'est étrange, d'ailleurs, je penserais qu'elle devrait déjà être là… Elle m'assiste cette année, tu vois. J'ai été absolument ravi ! »
« Pardon ?! » lâcha Théodore. Il n'aurait jamais pensé que la femme assiste le nouveau professeur de potion. Il lui apparaissait comme une évidence qu'elle continuerait de rester avec le professeur Snape.
Slughorn se tourna vers lui. « Y a-t-il un problème, jeune homme ? »
« Non, rien… », répondit-il en signe d'excuse, son regard allant vers ses différents camarades, dont tous paraissaient estomaqués, qu'ils soient de Serpentard, Poufsouffle ou Serdaigle. Bien sûr, Draco demeurait impassible, et les deux Gryffondor semblaient plus gênés, surtout Harry.
« Attendez, la mère de Potter ?! » répéta Pansy.
« Putain de merde. », lâcha Blaise. « C'était vraiment sa mère ?! Ombrage avait raison ? »
« Vous parlez de Mademoiselle Evans ? » s'étonnait Padma. Et tous, Poufsouffle et Serdaigle, commençaient à s'exclamer. Pansy et Blaise en particulier regardaient d'un air sombre et contrarié vers Théodore qui haussa les épaules.
« Si vous croyez tous les mensonges et fausses excuses que je vous fais, aussi. »
« Mais c'était crédible ! » riposta Pansy pendant que Draco ricanait en réponse.
« Le génie politique de Théo est incroyable. », se moqua Draco. « Pansy, tu devrais savoir que ce mec est fourbe, franchement. »
Slughorn observait toute l'assistance en silence, béat, sans comprendre comment tout cela pouvait avoir dégénéré de la sorte. Seuls Hermione et Harry restaient silencieux, mortifiés.
« Mais que se passe-t-il ici ? » s'exclama une voix à l'entrée. Mademoiselle Evans, qui venait d'arriver avec Neville et Ron, regardait les élèves avec une sévérité incrédule. Tous se turent, ou presque.
« Est-ce que vous êtes la mère de Potter ? » questionna Michael.
Elle se tourna vers le professeur. « Horace, voici deux élèves manquants que Minerva vient de rajouter, comme tu as baissé l'exigence à Effort exceptionnel, et qu'ils voulaient prendre potion… »
« Non, pas moi. », râla Ron.
« Pour leurs projets de carrières. », insista-t-elle avec un regard lourd vers le roux avant de retourner vers Slughorn. « En bref, voici Neville Longbottom et Ronald Weasley. »
Le professeur, dont les yeux observaient Neville avec grande joie, les encouragea à entrer. « Merveilleux, rejoignez-nous. Je commençais à m'inquiéter, Neville. Allez vous asseoir, les garçons. Et sortez vos livres. »
Neville protesta. « Monsieur, nous ne savions pas que nous pouvions suivre le cours, donc… nous n'avons pas nos manuels. »
« Eh bien, prenez dans la réserve, juste là, en attendant que Fleury et Bott vous livre vos exemplaires. »
Les deux garçons se dirigèrent vers l'endroit désigné, tandis que Lily rejoignait le professeur. « Que s'est-il passé ? » lui chuchota-t-elle.
« J'ai parlé de toi à Harry. »
« Ah. Ça risque de poser problème. »
« Désolé, je ne pensais pas… »
« Ce n'est pas grave. »
Elle regarda l'assemblée d'élèves dont la plupart disputaient à nouveau. La table des Gryffondor, que Neville et Ron avaient rejoints en silence, demeurait la seule vraiment calme. Dans le meuble, les deux garçons avaient trouvé deux manuels. L'un semblait vieux, mais parfaitement bien conservé si bien qu'on aurait pu le croire neuf. L'autre se trouvait dans un état pitoyable, encore plus vieux, usé, à la couverture si abîmée qu'on pouvait se demander à quel élève peu soigneux il avait appartenu, et s'il ne tomberait pas en morceau une fois dans les mains. Ron s'était immédiatement saisi du premier, et Neville avait ensuite pris le second avec un soupir. Il devrait prendre garde à ne pas étudier ce manuel à la bibliothèque : Madame Pince ne le supporterait pas.
« Dois-je aller chercher le professeur Snape pour qu'il voie comment vous vous comportez dans une salle de potions ? » menaça Lily.
« Mademoiselle… Madame, il faut qu'on sache : quelle est votre relation avec le professeur Snape ? » demanda impoliment Pansy.
« Cela ne vous regarde pas, mais pour votre gouverne nous n'étions que collègues, rien de plus. »
Blaise roula des yeux. « Oh, oui, bien sûr… "si vous aviez un fils, vous voudriez que son père soit comme le professeur Snape", mais il n'y a rien. »
« Tu as dit ça ? » demanda Slughorn avec les yeux brillants d'excitations.
Elle grimaça. « Ça a pu m'échapper. », chuchota-t-elle.
Au même moment, Draco lança un regard noir à Théodore, pendant que Harry les observait, rouge de honte. « Tu te rends compte de ce que tu as fait ? » murmura Draco.
« C'est la faute de Potter. Il a demandé. », rétorqua l'autre. Il tourna les yeux vers ledit Potter, et haussa les épaules. Ce n'était absolument pas son problème.
Les Poufsouffle et Serdaigle restaient cois.
Lily trancha durement. « Il n'y a absolument rien entre moi et le professeur Snape. Même si rien ne m'empêchera d'aller lui parler de votre conduite si vous continuez tous. Respectez votre nouveau professeur, un peu ! Horace Slughorn est ici pour vous faire cours. »
Le professeur s'avança. « Merci, Lily. Je pense que pour ce cours-ci, ce serait mieux si tu partais… »
« Je comprends très bien, Horace. De toute manière, j'ai encore des potions à préparer pour l'infirmerie. À tout à l'heure. »
« Oh, euh, Lily ! » rappela-t-il.
« Oui, Horace ? »
« Pourrais-tu juste aller chercher les potions que j'ai préparées ce midi ? Elles sont bien au chaud dans la salle juste à côté. »
Elle sourit. « D'accord. »
Sur ce, elle partit, et le professeur observa tous ses élèves. « Plus un mot sur le sujet, compris ? Bon, reprenons l'appel… »
