Chapitre 13 : Les petits bonheurs viennent de l'effort.


Il était prévu que le matin serait consacré aux entrainements et que nous ne repartirions qu'en début d'après-midi en direction de la ville de Kebou. Elle est notamment connue pour ses sardines bleues.

Une nuit réparatrice plus tard, j'étais prête pour la remise en forme.

Katara avait touché deux mots de mes bonnes résolutions à notre frère. Il s'en était donné à cœur joie et m'avait organisé un programme de premier choix.

Nous étions à présent tous rassemblés pour un échauffement commun. Sauf Toph se tenait à l'écart et préférait « observer ».

Dans un second temps, Aang et Zuko s'écartèrent. Ils enchainaient différentes postures, j'étais très intriguée mais je n'en su pas plus, car Sokka m'interpella:

- Eh oh ! On arrête de rêvasser petit limace ! Tu vas voir, ces quelques exercices c'est du sur-mesure. Ils vident la tête et renforce les muscles.

- Ne m'appelle pas comme ça !

- Allez, concentre-toi! Si tu suis le rythme, j'y réfléchirais peut-être…

Le défi était lancé, je devais me concentrer et m'appliquer sur mes propres exercices.

Gainage et équilibre. Rien de vraiment facile, surtout pour moi. J'étais vite essoufflée. Le temps me paraissait si long. Apres être tombée une fois de plus, j'hésitais à rester au sol… Le nombre de série à faire était interminable. Je dus concentrer en moi toutes mes tripes et toute ma volonté pour en venir finalement à bout.

Mon corps était en feu et il luisait de sueur.

Je finissais, enfin, ma dernière répétition de la séance.

- Tu t'es surpassée, je suis fier de toi ! me félicita Katara.

Ravie mais épuisée, je m'étalais au sol sans délicatesse. Ma tête tournait à cause de l'effort. Je pris un instant pour moi, un instant pour souffler et retrouver mes esprits.

Quand je relevais la tête, ils me regardaient. Mon frère, mais aussi ma sœur, me souriaient. Je pouvais voir de la fierté dans leurs yeux. Bien qu'également essoufflé par leur propre entrainement, ils ne s'étaient arrêtés qu'un court instant et reprirent leurs exercices avec discipline.

Je finis par me redressée, prenant une position plus confortable. Je laissais mon regard survoler notre zone d'entrainement. Un peu plus loin, mon attention fut captée en direction des deux garçons.

Zuko semblait à l'écoute de notre chez Avatar. Je n'arrivais pas à comprendre grand-chose d'où j'étais et Aang semblait également peu talentueux dans ce nouvel apprentissage. Heureusement Zuko pouvais être patient et répétait, plusieurs fois, les même explications. Il donnait ses indications d'une voix forte et assurée.

Pour son entrainement, il n'avait gardé que son pantalon, laissant ses épaules et son torse apparent. Sa blessure bien que maintenant guérie avait laissé une cicatrice dessinant une ombre sur sa peau pale.

Je voulais lui poser des questions, m'immiscer dans leur conversation, mais j'avais peur de déconcentrer notre jeune professeur. J'étais captivée par ses expressions. Elles variaient sans cesse : de la détermination à la confusion. Je remarquais même une pincée d'agacement lorsqu'il fronça un sourcil. Toute mon attention était fixée sur le haut de sa silhouette en mouvement. Lorsque soudain, son regard dériva vers moi.

Mon souffle se coupa net. Ses yeux d'or me fixaient avec une intensité dévorante. Le temps semblait s'être arrêté. Personne ne semblait s'en être rendu compte, à part, peut-être, nous deux. Il était si loin mais semblait à présent très proche. S'il avait pu, son regard de braise, m'aurait embrasé. J'étais pris de bouffées de chaleur, mon visage, je le sentais, s'empourprait.

Je sentais des fourmillements au plus profond de moi. J'en avais oublié de respirer depuis un long moment déjà. Mon cœur cognait contre ma poitrine et je me forçais à prendre de grandes inspirations pour ne pas suffoquer.

Ça n'avait duré qu'une fraction de seconde en réalité, mais déjà je le savais, son regard s'était gravé en moi, ravivant une flamme déjà présente. Ses yeux et leurs couleurs chaudes et mielleuses allaient hanter mes nuits.

Aang lança un regard furtif dans ma direction, mais Zuko ce reconcentrait sur lui et l'interpela avec une nouvelle directive. De mon côté, les lèvres sèches, je me forçais à me remettre debout.

Mes jambes, encore flageolantes de leurs efforts physiques et des émotions fortes de l'instant précédent, me portèrent d'un pas mal assuré jusqu'à l'eau du ruisseau.

Je me penchais pour étancher ma soif et finalement décidait de plonger la tête toute entière sous la surface de l'eau. Le contact froid du liquide me fit le plus grand bien, raccrocha mon esprit au moment présent et le calma petit à petit au gré du courant.


Le programme était chargé et nous dûmes repartir sans trop tarder. Le voyage par les airs était particulièrement éprouvant aujourd'hui. Mes muscles étaient déjà si raides de leur entrainement de ce matin et la position assise dans la nacelle ne faisait que rajouter à mon inconfort.

Intérieurement, je maudissais cette promesse que j'avais fait plus tôt à ma sœur. Mais surtout, je maudissais mes faibles capacités physiques et sportives, j'aurais dû tenter d'y remédier bien plus tôt.

L'écart qui me séparait de mes camarades était déjà si grand que je ne les égalerais jamais en combat. Mais je voulais m'améliorer, rien qu'un peu. Je repensais encore à l'attaque de la milice de la terre. Si Zuko n'avais pas été là pour me protéger, je ne m'en serais pas sorti indemne. Lui aussi s'en serait bien mieux sorti sans moi. Il faut absolument que je trouve une technique pour parvenir à me défendre seul, mais comment ?

Je laissais échapper un soupir las.

Heureusement, la nuit n'était pas encore tombée quand le village étape fut enfin en vue.

Mon poncho était lourd à porter et la fluidité de mes anciens habits me manquait. J'avais été chargée du ravitaillement au village avec mon grand frère mais il ne tenait pas en place.

Nous avions déjà arpenté les rues marchandes, deux fois, quand il souffla une fois de plus et se mit à rouspéter :

- Oh mais c'est pas possible … pas une seule échoppe de viandes !

On pouvait parler de passion chez lui pour la viande. Et bien que ça ne m'étonnait plus, j'étais toujours aussi amusée par ce trait de caractère.

- Oui Sokka. On a trouvé plein de marchands de légumes et ils ne proposent aussi que du poisson. Ses sardines ont l'air délicieuses. Et puis on a déjà acheté les légumes pour ce soir.

- Mais ce n'est pas du tout la même chose ! Je veux de la viande !

Têtue, il refit le tour de toutes les échoppes, espérant trouver le moindre morceau de viande disponible. Exacerbée, je levais les yeux au ciel. Moi, je voulais rentrer et me reposer.

- Sokka, c'est un village de pécheur, il faut te faire une raison, il n'y a pas de viande ici !

Bredouille, il attrapa le lot de poissons que je venais de choisir. Après avoir payé, nous repartîmes vers le campement.

Lorsque nous arrivions, tout avait été installé, il ne manquait plus que nous. On avait pris plus te temps que prévu, entre les recherches de Sokka et ma petite trouvaille.

J'avais flashé sur un service à thé. L'ensemble était certes rudimentaire mais conçu pour le voyage. Il était compact et résistant. C'est comme ça que le vendeur me l'avait présenté et ce dernier m'avait offert un échantillon de thé. J'avais hâte de pouvoir tester et découvrir la saveur de ce dernier. Mais pour l'heure, il fallait d'abord diner.