(Le Prince de Sang-Mêlé) Concours de potion


L'appel avait vite été terminé, avec seulement Blaise Zabini, et Ron mais ce dernier n'était pas sur la liste. Slughorn ajouta les noms des deux nouveaux arrivants, et demanda ensuite à tous de s'avancer vers l'avant de la salle, proche de sa table où Lily avait fait léviter tous les chaudrons en un trajet pour les poser dessus avant de partir. Il s'agissait de trois potions qu'ils devraient être capables de brasser à la fin de l'année.

« Quelqu'un peut-il nous dire ce qu'il y a dans chacun de ces chaudrons ? »

« Des potions. », ricana Blaise alors qu'Hermione levait immédiatement la main. « Tiens, Potter participe pas, aujourd'hui ? Surprenant. Snape te manque ? »

Harry le foudroya du regard. « Absolument pas. » Pour prouver le contraire, il leva à son tour la main. « Tu as l'impression qu'on s'entend bien lui et moi ? » ajouta-t-il.

« J'ai l'impression que ta mère et lui s'entendent bien. »

« Qu'ai-je dit tout à l'heure ? » questionna Slughorn. « Je ne veux plus entendre ces badinages sur Severus et Lily. Si le père de Harry entendait ça, il se retournerait dans sa tombe. »

« Il ne peut pas en sortir pour l'entendre, professeur. », traîna Harry. « Et s'il pouvait, y retourner ne serait pas sa première réaction. »

Draco, désespéré de faire oublier à la classe la bavure de Slughorn avec un Harry qui imitait encore le ton de Severus, leva à son tour la main. « Je suis pleinement qualifié pour expliquer en détail ce que sont toutes ces potions. »

Slughorn détacha son regard étonné de Harry comme s'il revenait à la réalité en se tournant vers le Serpentard. « Bon, eh bien, puisque vous êtes plusieurs, partagez-vous le travail. Qui veut commencer ? »

Les trois s'échangèrent un regard qui dit tout ce dont il avait besoin au professeur : les trois voulaient commencer.

« Harry, alors ! Choisis-en une, et laisse les autres à tes camarades. »

Harry s'avança pour observer les trois potions. Celle du milieu était une évidence absolue. Donc pas celle qu'il dirait. La troisième dégageait un mélange d'odeur attirante. Il valait mieux s'en éloigner. Si c'était ce qu'il pensait, jamais Severus n'aurait accepté une telle chose dans sa salle de classe. Il jeta un œil au professeur qui l'observait avec un sourire encourageant. Toujours devant cette potion, il haussa un sourcil, juste un, avant de décider de se détourner pour le premier chaudron. Il ne remarqua pas l'étonnement de Slughorn à sa petite mimique devant le troisième chaudron.

« Celui-ci contient du Veritaserum. Son usage est soumis à une réglementation du ministère de la magie, bien que certains individus notamment un peu trop roses jugent adéquat de l'employer sur des élèves. »

Quelques ricanements s'élevèrent, de certains membres de l'AD tout comme de Théodore, Draco et Ron. Et il était visible que Pansy ne se retenait que parce que Potter l'avait dit, et non un Serpentard. Le garçon poursuivit avec un sourire narquois.

« Reconnaissable à son aspect incolore semblable à de l'eau, elle est également inodore, ce qui est bien pratique pour parvenir à la faire avaler à n'importe qui d'assez stupide pour ingérer un breuvage offert par quelqu'un d'indigne de confiance qui chercherait à l'interroger. »

« Il peut être avalé de force, aussi. », commenta Neville.

« Il peut. Il s'agit en fait d'un puissant sérum de vérité, dont trois gouttes suffisent à pousser le buveur à révéler ses plus terribles secrets avec une voix monocorde, et l'incapacité de mentir. Il n'est toutefois pas infaillible. En effet, quelqu'un conscient de son utilisation sur lui, et apte en occlumancie pourrait s'en protéger. De plus, un contre existe, et rien n'exclut des méthodes plus imaginatives, comme se sceller la gorge. Quant à sa préparation ; cette potion doit mûrir durant un cycle lunaire complet. Ce qui me fait me demander : quand allons-nous la préparer ? Il me semble me souvenir que nous aurons une pleine lune un mardi en avril… »

« Tu apprends la liste des pleines lunes par cœur ? » s'étonna Slughorn.

« C'est… utile. Pour les potions. »

« Très bien, très bien. 15 points à Gryffondor pour cette très belle explication, très exhaustive. »

« Quinze ? » souffla Ron, impressionné.

« Merci, professeur. », sourit l'adolescent avant de retourner auprès de ses amis.

« Si on m'avait dit un jour qu'apprendre par cœur les potions rapporteraient des points… », chuchota Ron avant que Harry ne lui donne un coup de coude.

« Tais-toi un peu. », souffla le garçon aux yeux verts.

« Alors, à qui le tour ? » s'interrogea Slughorn. « Harry, veux-tu désigner toi-même qui de tes camarades répondra à la suivante ? »

« Volontiers. », accepta Harry avec un ton rusé. Il tourna un regard vers Draco. « Seras-tu capable de décrire aussi bien que moi, Draco ? »

« Harry ! » s'indigna Hermione, jalouse. Draco s'avançait déjà vers l'avant, vantant qu'il pouvait sans le moindre doute répondre tout aussi bien sinon mieux que Harry, puisqu'il était le meilleur de la classe en potion.

« Oh. Pardon, Hermione. Mais tu sais toutes les reconnaître de toute façon. », s'excusa le Gryffondor.

Le blond se penchait au-dessus du chaudron le plus proche de lui. Cette odeur… hors de question. Il se tourna plutôt vers celle du milieu… sérieusement ?

« Alors celle-là… puis-je répondre comme je l'ai fait lors de mon examen de BUSE ? »

« Si vous pensez l'avoir reconnu, oui, bien sûr. », accorda Slughorn.

Draco sourit, très fier, et se retourna vers l'assemblée d'élèves. Il prit un malin plaisir à se positionner comme son parrain le faisait, et lança un clin d'œil provocateur à Harry. Il détailla chaque aspect du polynectar qu'ils connaissaient, et étant donné à quel point ils l'avaient étudié en deuxième année, théorie comme pratique, il en savait beaucoup. Il ponctua son discours de petites références au professeur Snape, comme le fait qu'un rappel leur serait utile, ou qu'ils devraient le savoir s'ils avaient un tant soit peu travaillé et toutes autres sortes de remarques. À la fin, il se tourna vers Harry.

« Alors, ai-je fait mieux, Potter ? »

« Vous l'avez brassé. », conclut Théodore, une affirmative irrévocable bien que sidérée.

« Severus vous en a fait préparer ? » s'exclama Slughorn.

Harry nia. « Bien sûr que non, nous avons seulement vu la théorie. »

Hermione décida d'avouer. « Je l'ai brassée. En deuxième année. »

Slughorn était époustouflé. « Deuxième année ?! Mais la plupart… beaucoup refusent de la préparer à l'âge adulte, vous savez. »

« S'il s'agit d'une potion d'ASPIC, la plupart des adultes n'ont pas les compétences, en effet. », commenta Harry avec sarcasme.

Slughorn semblait extatique en regardant Hermione. « C'est incroyable, et vous l'avez réussi ? »

« Plusieurs personnes peuvent en témoigner. »

« Fabuleux. C'est brillant ! Rappelez-moi votre nom ? »

« Hermione Granger, monsieur. »

« Fantastique. À 12 ans ! »

« Elle en avait treize. », commenta Draco.

« Vous êtes peut-être la meilleure de cette classe. 25 points ! »

Draco protesta cette fois-ci. Autant il préférait ne pas recevoir de punitions, autant découvrir que loin de sévir, l'homme glorifiait et donnait des points, lui donnait envie de rétablir sa fierté. « Ah, pardon, mais nous l'avons brassé. On l'a fait à deux. »

« Toi et Granger ?! » s'exclama Pansy, rouge.

« Qu'est-ce qui te surprend ? » questionna Théodore. « Je devrais être vexé. Je les ai aidés à faire les recherches sur la recette, sans savoir qu'ils comptaient s'en servir. »

Draco s'amusa. « Pour une fois, c'est toi l'idiot. Et tu le dis devant tout le monde, en plus. »

Slughorn intervint. « Par curiosité, qu'en avez-vous fait ? Ce n'était sûrement pas pour jeter dans les égouts. »

Draco demeura muet, tranquille. Hermione, Harry et Neville cachaient plus difficilement qu'ils étaient tous dans le coup.

Harry décida de prendre la parole. « Je l'ignore, professeur, j'ai dû oublier lorsque Lockhart tentât de nous infliger un charme d'amnésie. »

Le professeur ne semblait pas y croire, mais décida de ne pas insister, et même de ne pas parler de Lockhart à qui il avait certainement enseigné. « Bien, 25 points à Serpentard pour cette prouesse également. Hermione, venez nous présenter la troisième potion. »

Draco quitta enfin l'avant de la classe, et Hermione vint s'approcher du dernier chaudron.

« Il s'agit de l'amortentia, le plus puissant philtre d'amour au monde. On la reconnaît à son éclat nacré et irisé, ainsi qu'aux volutes de vapeur en spirales qui s'en élèvent. Elle a une odeur différente pour chacun. On sent ce qui nous attire. Par exemple, moi je sens l'herbe coupée, le parchemin neuf,… » Elle semblait plus hésitante à mesure qu'elle cherchait à identifier les odeurs. « … le dentifrice à la menthe, et… » Elle rougissait même. « … les… les pommes. »

Draco pouffa. « Les pommes ? Franchement ? T'en manges jamais ! » À côté de lui, il ne remarquait pas la rougeur absolue de Pansy, ni son regard noir vers Hermione.

La Gryffondor se retourna vivement. Sa voix monta dans les aigus indignés. « Si ! Ça m'arrive ! »

« Ah oui ? Et quand, exactement ? »

« Bien sûr, je fais attention à varier mon alimentation, moi. Tout le monde ne peut pas en dire autant. », riposta-t-elle, offensée.

Slughorn intervint. « Très bien, 10 points pour une bonne analyse, Hermione. Retournez auprès des autres. Ah, et j'oubliais, 20 points à Serpentard pour ce magnifique cours sur le polynectar. »

« Vingt points pour suivre le programme de deuxième année ? » commenta le préfet de Poufsouffle.

Le professeur l'ignora pour poursuivre l'explication sur l'amortentia. « Bien sûr, l'amortentia ne créée pas un sentiment d'amour véritable, ce serait impossible. Elle provoque seulement un puissant engouement et une obsession. Et c'est pour cette raison que c'est probablement la plus puissante potion dans cette salle. »

Il ferma alors le chaudron avec un couvercle, comme pour ponctuer son discours.

Pansy, curieuse, interpella le professeur. « Professeur, est-ce qu'on pourrait… tous sentir l'odeur de l'amortentia ? Pour savoir ce qui nous attire, vous voyez. »

Le professeur sembla réfléchir un peu. « Eh bien… est-ce que quelqu'un est prêt à dire devant tout le monde ce qui l'attire ? »

« Moi, je veux bien. »

« Alors venez. »

Il souleva à nouveau le couvercle, et la Serpentard s'approcha.

« Mmmh… Je sens Draco. »

Le jeune Malfoy sembla blasé pour toute réponse, tandis que les deux autres Serpentard ricanaient. « Pansy, est-ce que c'est vraiment ce que tu sens, ou tu cherches juste à faire ton intéressante ? »

Elle le foudroya du regard. « Et toi, pourquoi tu refuses de sortir avec moi ! »

Slughorn pouvait voir que toute la classe, en particulier les Gryffondor et plus encore Harry et Hermione, se montrait plutôt agacée quant à l'attitude de l'adolescente. Même les Serpentard paraissaient lassés, comme le montraient le soupir ennuyé de Théodore et l'énervement de Draco. L'expression de Blaise, pour sa part, tournait au mépris.

« Pansy, comporte-toi un peu plus dignement ! Tes parents auraient honte de toi. », réprimanda Draco. « Et tu es préfète ! »

« Et toi, alors, qu'est-ce que tu sens ? »

« Si tu crois que j'ai envie de te le dire… »

« J'ai envie que tu me le dises. »

« Allez, fais-la taire. », lui glissa Théodore à l'oreille. « Dis-lui quelque chose qu'on en finisse. N'importe quoi, mens-lui si tu veux. »

Slughorn referma la potion. « Nous allons arrêter là-dessus. Apparemment, c'était une mauvaise idée. Quand je vous disais que c'était la potion la plus dangereuse de cette salle. »

« Excusez-moi, professeur. », appela Padma.

« Oui, mademoiselle… ? »

« Padma Patil. Il y a un flacon suspendu sur votre bureau… qu'est-ce que c'est ? »

« Ah, ça… » Le professeur s'approcha du flacon au contenu semblable à de l'or fondu, et le décrocha délicatement de son présentoir. « C'est du félix felicis, aussi appelé sous le nom de… » Il laissa volontairement un peu de temps afin de voir qui aurait la plus grande réactivité pour répondre. Hermione gagna.

« Chance liquide. »

« Tout à fait. Encore 5 points à Gryffondor. Extrêmement difficile à préparer, et désastreuse quand elle est mal faîtes, mais quand elle est correctement brassée, comme c'est le cas de celle-ci, une petite gorgée permet à son buveur de réussir tout ce qu'il entreprend… » Il marqua une pause énigmatique, afin de laisser miroiter à ses élèves l'envie d'une telle potion. Aucun, mis à part Théodore Nott junior, ne sembla indifférent. « … jusqu'à ce que ses effets se dissipent. », conclut-il. « J'en ai pris moi-même deux fois : une lorsque j'avais vingt-quatre ans, l'autre à cinquante-sept ans. Ces deux jours ont été les plus fantastiques de ma vie. Mais attention, à haute dose, il provoque en effets secondaires des étourdissements, une tendance à l'imprudence, et un excès de confiance en soi. »

« Va-t-on en préparer aussi ? » questionna Ron.

« Oh, non. Elle est beaucoup trop complexe même pour des septièmes années, je le crains. Et elle prend six mois à préparer. Ce petit flacon sera efficace pour douze heures… et c'est ce que j'offrirais à la fin de la séance à celui qui préparera le meilleur philtre de Mort Vivante. Toutefois, je dois vous prévenir que dans toute ma carrière, aussi longue que celle d'Albus Dumbledore lui-même, un seul élève a réussi à préparer un philtre de Mort Vivante de qualité suffisante pour obtenir cette récompense. »

« Comment s'appelait-il ? » demanda Harry soudainement. « Et qu'est-il devenu ? »

Slughorn le regarda attentivement avant de répondre. « Oh, je ne pense pas que… eh bien, ce sera un secret à moins que vous deviniez correctement. Vous trouverez la recette à la page 10 de votre manuel. Vous avez une heure. »