DEUXIEME CHAPITRE – No Connexion [X]
Février 1987
« Yume-chan, arrête ça ! Tu m'énerve ! »
La jeune femme leva des yeux surpris en direction de l'impromptu qui l'interpellait, à savoir son frère. Hide la regardait, les sourcils froncés dans l'encadrement de la porte fenêtre, près à la disputer comme une enfant d'un instant à l'autre. Pourtant, malgré l'air menaçant de son ainé, Yume n'esquissa comme geste que celui d'amener sa cigarette à ses lèvres.
Sur le minuscule balcon de l'appartement, la jeune femme avait passé une jambe par-dessus la rambarde, se tenant à moitié en équilibre au-dessus d'un vide de cinq étages. Vide terriblement sombre à cette heure si matinale et hivernale.
« Mais je me tiens ! Répliqua-t-elle sur le ton de l'évidence.
- Je veux rien savoir ! Descends de là ! Et couvre-toi, il gèle grave ! »
Elle soupira bruyamment en levant les yeux au ciel, avant de passer la jambe par-dessus la rambarde, pour lui faire retrouver le ferme sol du balcon, sous le regard attentif de son ainé qui, soulagé de la voir revenir les pieds sur terre, littéralement, s'apaisa en secouant la tête.
« Arrête de me faire des frayeurs pareilles à cinq heures du matin ! C'est infernal, je viens juste de me réveiller, moi.
- Tu panique pour rien, espèce d'hystérique.
- Hé ! Tu me répondras que quand j'aurais bu mon café, avant tu risquerai de te prendre ma tasse dans la gueule vue comme tu agis ce matin, bougonna-t-il en se mettant à nouveau au chaud dans le confort de l'appartement.
- Des menaces, et le soleil n'est même pas encore levé, marmonna-t-elle en le suivant à l'intérieur, refermant la porte derrière elle.
- Tu parles. Venant de la fille qui se penche au-dessus du vide, ça me fait mal. »
Elle répondit par une grimace enfantine en singeant à mi-voix les paroles de son frère, qui se contenta de la fusiller du regard, après s'être servit une tasse de café, trop occupé qu'il était à déguster sa boisson matinale encore fumante. Hide s'adossa au plan de travail de la petite cuisine tout en la regardant, alors qu'elle errait maintenant dans l'appartement, tranquillement, l'air de rien.
Une fois la caféine courant dans ses veines et un peu mieux réveillé, il put se sortir de la frayeur qu'elle lui avait fait. Il avait pourtant la désagréable habitude de la voir faire ce genre de chose, s'asseyant souvent à califourchon sur la rambarde du balcon, pour fumer sa cigarette. Depuis des années, maintenant. Il avait beau lui répéter que c'était foutrement dangereux, elle n'écoutait rien. Véritable tête de mule. Très franchement, il se serait bien passé de ce spectacle au réveil.
« Au fait, hier soir, c'était comment ? Demanda-t-il, soudainement.
- … »
Absence de réponse totale. La jeune femme continua de se balader dans l'appartement innocemment. Mais c'était sans compter sur son frère qui pouvait être aussi tête de mule qu'elle quand il le voulait.
« Yume-chan ?
- Hm ?
- Hier soir ? La répétition à laquelle tu devais assister. Comme c'était ?
- C'était à Ikebukuro.
- Je ne t'ai pas demandé où c'était, je t'ai demandé comment c'était.
- Ah. Pardon. »
Elle fit quelques pas dans le salon, avant de passer son doigt sur le dessus du boîtier cathodique du téléviseur en grimaçant.
« Va falloir faire la poussière, grommela la jeune femme, en observant son doigt.
- Yume-chan !
- Quoi !?
- Tu sais que j'ai horreur que tu fasses ça ! Comment ça s'est passé ?
- Bien, lâcha-t-elle finalement.
- C'était si compliqué de me répondre ?
- Oh non, tu vas encore me faire la morale ?
- T'as dix-neuf ans, t'es plus une gamine, je te fais plus la morale.
- Première nouvelle, marmonna Yume, levant les yeux au ciel.
- Oh non, il est trop tôt pour que tu joues les ados rebelles.
- Et il est trop tôt pour que tu m'emmerdes avec tes questions. »
Il la fixa longuement, se demandant s'il allait devoir insister ou non pour en savoir plus. Mais visiblement, elle était trop occupée à inspecter le niveau de poussière de l'appartement.
Yume avait toujours été ce genre de personne à ne rien dire tant qu'on ne l'interrogeait pas intensément. Aussi bien qu'il s'en souvienne, ça avait toujours été ainsi. Mais Hide connaissait bien sa petite-sœur et savait qu'errer ainsi dans l'appartement n'était pas dans ses habitudes. Elle avait envie d'en parler, voulait-elle ne rien en laissait paraître, n'y changeait rien.
« Et donc, ça s'est bien passé ?
- Oui.
- Super conversation, ironisa le jeune blond en constatant qu'elle ne faisait pas l'effort de faire des phrases. On se refait ça quand tu veux.
- Oui, quand tu veux, répliqua Yume en haussant les épaules.
- Du coup, le groupe, c'était bien X ?
- C'est ça.
- Ils sont sympas ?
- Ça va.
- T'es d'une loquacité qui force le respect, tu le sais ça ?
- Je sais.
- Tu comptes y retourner ou pas ?
- J'ai accepté de rejoindre le groupe. »
Hide manqua de lâcher sa tasse. Déjà parce qu'il avait eu le droit à une phrase complète. Ensuite, parce que la nouvelle le surpris. Très franchement, il aurait cru que l'affaire serait plus difficile que ça. Il se voyait déjà monter de savant stratagème pour la convaincre de rejoindre le groupe. Il avait même secrètement récupéré le numéro du fameux Yoshiki sur la carte de visite que le batteur avait laissé à la jeune femme, et qu'elle avait laissé trainer un soir, prêt à l'appeler pour monter un plan d'action. Yume était loin d'être un mystère pour lui, et il la connaissait par cœur, il savait qu'elle aurait fini par vouloir rejoindre le groupe. Plusieurs fois, elle avait montré de l'intérêt pour le sien, mais avait toujours refusé l'offre quand Hide lui avait proposé de le rejoindre, à plusieurs reprises et quand il était amené à chercher de nouveau membre. Elle avait parfois accepté de se joindre à eux lors de répétitions, par pur plaisir et juste pour s'amuser à jouer un peu de guitare avec son ainé. Que X y soit parvenu avec autant de facilité était déroutant. Mais dans le milieu, Yoshiki avait la réputation d'être quelqu'un de particulièrement convainquant. Mais aussi exigent et difficile. Hide l'avait déjà rencontré à quelques reprises et il devait reconnaître que l'impression qu'il avait eu de ce jeune homme allait dans le sens de la réputation. Quand Yoshiki était venu lui faire la même offre que celle qu'il avait faite à Yume quelques mois plus tôt, il était revenu plusieurs fois à la charge. Déterminé. Yoshiki n'avait lâché l'affaire que quand Hide avait indiqué qu'il n'abandonnerait jamais le groupe qu'il avait monté à bout de bras au profit d'un autre. Yoshiki avait respecté cela. D'un leader à un autre, le batteur de X avait compris que le guitariste de Saver Tiger ne céderait pas et n'abandonnerait pas son groupe, quoi qu'il en coûte.
« Tu… Et ben, tu vois…
- Je t'en supplie, me sors pas un "je te l'avais bien dit" ou un truc du genre, parce que je peux encore changer d'avis.
- Non, j'allais dire que je m'attendais pas à ce que ce soit aussi simple.
- Ne te moque pas de moi, Onî-chan.
- Non, c'est vrai. Qu'est-ce qu'ils ont bien pu faire ou dire pour que tu acceptes à la première répétition de les rejoindre ? »
Elle se planta au milieu de la pièce de vie et le regarda un instant, penchant la tête sur le côté. Et puis, elle s'approcha de lui, toujours adossait au plan de travail de l'espace cuisine.
« Bouge-toi, faut que je prépare le petit-déjeuner, dit-elle, en le poussant un peu, comme il la gênait.
- Ne change pas de sujet, Yume-chan.
- Je ne change pas de sujet, je prépare le petit-déjeuner, répondit-elle avec agacement, en sortant une poêle d'un placard.
- Alors ?
- J'en sais rien, Hide… C'était un tout.
- Un tout ?
- J'avais sérieusement l'intention de venir et de partir ensuite au boulot, sans rien dire. Histoire de te clouer le bec une bonne fois pour toute. J'étais vraiment partie dans cette optique. Et puis, ils ont joué une chanson qui s'appelle X. C'était… Incroyable. Ça bourdonnait dans ma poitrine ! C'était comme si la musique s'infiltrait dans mes entrailles, dans chaque cellule de mon corps. Je… Je ne saurais pas t'expliquer. Mais tu vois ce que je veux dire, n'est-ce pas ? »
Il acquiesça quand elle se tourna vers lui pour l'interroger du regard. Le nez plongé dans sa tasse de café, il la regardait avec attention. Ecoutant chacun de ses mots, qui semblaient maintenant jaillir tout seul. Il avait vu juste, elle avait besoin d'en parler, de comprendre ce qui lui était arrivé. Et mieux que personne, il pouvait la comprendre. La musique lui faisait toujours ce même effet puissant, émouvant. Capable de déchainer toute son énergie ou de lui tirer toutes les larmes de son corps.
« J'avais envie de sortir ma gratte et de les rejoindre. Mais j'ai résisté, je ne sais trop comment. Je crois que c'était plus parce que j'étais complètement abasourdie, figée sur place. C'est à peine si j'ai respiré tout au long de la chanson. Jusqu'au solo…
- Le solo ? »
Yume s'affairait sagement à sa tâche en même temps qu'elle parlait. Ça avait au moins le mérite de lui permettre de poser ses yeux sur quelque chose pour concentrer son attention et son énergie, et d'occuper ses mains qu'elle se tripoterait nerveusement sinon. Et puis, elle était réveillée depuis des heures. Pour elle, il était presque l'heure de se coucher, mais pourtant, elle avait une telle vigueur, un tel dynamisme en elle, qu'elle ne parvenait plus à se poser, ne serait-ce que cinq minutes. Complètement retournée par la soirée qu'elle avait passé. Jusqu'à présent, elle n'était plus du tout à ce qu'elle faisait. Même lorsqu'elle était à son travail, elle était tellement ailleurs, qu'elle n'avait même pas prit la peine d'envoyer la moindre pique à son enfoiré de patron. Ça la mettait dans tous ses états, vraiment.
« Oui, le solo de guitare. Hide, il était mauvais ! »
Le guitariste pouffa de rire en entendant l'effroi dans sa voix. Comme si elle parlait d'un affront terrible.
« Une catastrophe. Rien à faire là et clairement incohérent avec le reste de la chanson. Le guitariste est bon. Techniquement, il est incroyable, et il peut jouer plus vite que toi et moi. Mais niveau musicalité, ce type ne touche pas une bille, franchement. T'en aurais pleuré autant que moi ! »
Yume avait toujours trouvé que Hide avait un talent certain pour les solos. Les imaginer, les créer, les placer. Il était tout bonnement un pur géni du point de vue de la jeune femme. Elle avait évolué avec les solos de son frère depuis que celui-ci s'était lancé dans un groupe de musique quelques années plus tôt. Hide avait toujours été un garçon talentueux, avec une notion de la musicalité et de la mélodie toute particulière qui lui était propre. Avant, Hide était un garçon en colère, terriblement en colère, spécifiquement après lui-même. La musique avait été son seul moyen de se canaliser un tant soit peu. Pouvoir dépenser son énergie, et tout sa rage… Monter un groupe et en être le leader, l'avait encore plus aidé. Il avait pris plus confiance en lui, et avait appris à se gérer en tant que personne et en tant qu'homme.
Hide, lui, croyait dur comme fer que Yume avait besoin du même traitement. La musique l'apaisait autant que lui, et il était persuadé qu'autant que lui, elle s'épanouirait sur une scène. Plus encore, il la trouvait tout aussi doué que lui. Il l'avait vu jouer, et créer des solos. Ils leur étaient même parfois arrivé de composer ensemble, une fois ou deux, et il ne doutait pas que sa petite-sœur possédait le même talent.
« Ça m'a rendu verte de rage, ce solo qui gâchait cette chanson incroyable.
- Et du coup ?
- Je les ai laissés enchaîner. Endless Dream, je crois. Une balade. Et là, même atroce et terrible constat. Trop lourd le solo, trop… Bref, rien n'allait dans ce solo, encore une fois. Cette fois, j'ai pris les devants. Je leur ai demandé de la rejouer et j'ai sorti ma gratte.
- Et ce fut ta première erreur de ton point de vue, si je comprends bien ?
- … »
Elle se figea une seconde, comme si elle réfléchissait alors qu'elle était en train de faire cuire des œufs. Et puis, elle se tourna vers son ainé, plongeant son regard noir dans celui noisette de son frère.
« En fait… Honnêtement… Je crois qu'il est possible que j'ai rendu les armes dès la première note de X… Avoua-t-elle, doucement. »
Il avala la dernière gorgée de son café et posa sa tasse dans l'évier, avant de venir ébouriffer les cheveux de la demoiselle affectueusement se retenant tant bien que mal de lui hurler un "je te l'avais bien dit" qui aurait pu la braquer.
« Enfin, bref, reprit-elle. Ils m'avaient filé les partitions, et pendant qu'ils jouaient la chanson, je travaillais dessus. Pour le gros de la chanson, c'est une suite d'arpège. Rien de très compliqué, c'est assez lent, alors il est facile à suivre. Et quand ils ont eu fini, je leur ai demandé de la refaire, en jouant avec eux. Je me suis mise en guitare jumelle et j'ai fait le solo. C'était loin d'être parfait, ni ce que j'aurais rendu comme produit fini, mais…
- Ils ont adoré ?
- Yoshiki-san… Il a dit que… J'en sais rien… Je suis même plus sûr de ce qu'il a dit en fait… Mais il a dit quelque chose comme "vous êtes plus que ce que je chercher pour le groupe". Il m'a dit qu'il refusait d'entendre un non après ça. Et… J'ai accepté… Un peu comme quand tu parles sans réfléchir, tu vois ?
- Non, moi je réfléchis toujours avant de parler.
- Mais oui, bien sûr ! Répondit la jeune femme presque ironique. Onî-chan, est-ce que t'es sûr qu'on va pouvoir gérer ?
- Bien sûr. T'inquiète pas.
- Si jamais t'as le moindre doute, s'il te plaît, dis-le-moi maintenant, tant que je peux encore me raisonner.
- J'ai aucun doute. On se débrouillera. On s'est toujours débrouillé jusqu'à présent, non ? Même quand on était dans la plus sombre merde, non ? Tous les deux, comme toujours ! »
Elle le fixa quelques instants, tout en mélangeant machinalement les œufs en train de cuir dans sa poêle.
« T'es encore plus emballé par tout ça que ce que je ne l'aurais imaginé, dit-il en l'observant.
- Il a dit que j'étais brillante… Il croit en moi…
- Mais moi aussi ! Depuis toujours.
- Mais c'est pas pareil ! Toi, tu es mon grand-frère. Tu m'aimes envers et contre tout ! Tu me protège. Tu n'es pas objectif, Onî-chan.
- C'est ça, c'est ça. À d'autre, marmonna le Saver Tiger en partant à la recherche d'un paquet de cigarette posé sur la table afin de s'en allumer une. »
Yume avait l'impression que c'était la première fois que quelqu'un croyait en elle, en dehors de son frère. Que quelqu'un croyait réellement en elle, au point que ça en était palpable. Pour Yume, ça signifiait quelque chose. C'était peut-être bien le point qui l'avait complètement fait basculer vers cette décision insensée qu'elle avait prise quelques heures plus tôt et qui l'avait mise sur un petit nuage depuis. Elle n'avait jamais eu conscience d'à quel point la confiance des autres pouvait avoir un impact sur une personne. Mais ça faisait du bien. Ça faisait un bien terrible.
« En tout cas, je suis content que tu ais acceptés la proposition.
- Hm… Je ne sais pas encore ce que je dois en penser.
- Promets-moi juste de ne pas regretter et de ne pas changer d'avis après avoir dormi.
- Je ferais de mon mieux… »
Hide s'approcha et coinça sa cigarette entre ses dents, avant de lui prendre poêle et spatule des mains fermement.
« Bon allez, laisse-moi m'occuper de ça. Toi, va le réveiller, ça va être l'heure. »
Elle avisa l'heure un court instant, pour constater qu'il avait raison. Elle le laissa reprendre sa tambouille, avant de se détourner, et alla se glisser dans une des chambres de l'appartement à pas feutré. Dans l'obscurité la plus complète, elle s'avança dans la petite pièce doucement, connaissant de toute façon chaque recoin par cœur. Elle alla s'asseoir sur le rebord du petit lit, et vint caresser l'épaule du petit corps qui était allongé dedans. Minuscule, et perdu dans un sommeil profond, elle observa ce petit être quelques instants, caressant ses cheveux noirs du bout des doigts avec un léger sourire. Avant de se décider à le sortir de ses rêves.
« Kazuki-chan ? Mon chéri, réveille-toi. »
Le petit corps fit semblant de dormir encore, avant de grommeler quand elle l'appela à nouveau. Il finit par se tourner et ouvrit un œil noir, à peine.
« Allez bonhomme, réveille-toi, il y a école aujourd'hui. »
Le petit corps se contenta de gémir, avant de se décider à se redresser, venant se serrer contre elle, pourtant près à se rendormir là, contre elle, alors qu'elle l'enlaça tendrement. Elle attrapa la peluche qui trainait dans le lit, et elle le prit dans ses bras pour le soulever, alors qu'il posa sa tête au creux de son épaule.
Elle rejoignit la pièce principale de l'appartement, Kazuki poussa un bâillement et fut installé sur le canapé. Yume alluma la télé sur la chaîne des dessins-animés pour enfant. Il se roula presque en boule dans le sofa, pour se réveiller tranquillement. Elle disparu un instant un peu plus loin dans la cuisine, et revint avec un verre de lait chocolaté qu'elle lui apporta.
« Allez mon grand, assieds-toi, dit-elle en l'aidant à se redresser, alors qu'il se saisit du verre. Et qu'est-ce qu'on dit ?
- Merci, maman… »
Yume observa son petit garçon, âgé d'un peu plus de trois ans, les cheveux ébouriffés et les yeux encore gonflés d'un réveil toujours difficile pour lui. Le petit bout se mit à boire, tenant son verre des deux mains, se réveillant peu à peu au fur et à mesure qu'il avalait les gorgés de la boisson qui avait toujours le don de lui donner de l'énergie. Hide débarqua alors à son tour, avec une assiette en plastique dans laquelle il y avait un peu de riz blanc, un morceau de poisson et des morceaux d'omelettes roulées qu'il vint tendre à l'enfant, avec une paire de baguette, sa cigarette toujours au coin des lèvres.
« Tiens, crapule, mange tout !
- Merci tonton !
- Il y a pas de quoi, crapule, répliqua Hide en le débarrassant de son verre déjà presque fini. »
Kazuki ressemblait terriblement à Hide quand il était petit. Le même visage, les mêmes mimiques . Peut-être parce que les deux garçons passaient beaucoup de temps ensemble. Hide adorait s'occuper de son neveu, et ne rechignait jamais à être la figure paternelle dont il avait besoin.
« Bon, moi je trace, il faut que j'aille bosser, déclara Hide. Je finis à quinze heures, donc je serais rentré un peu avant seize heures. C'est bon pour toi, Yume-chan ?
- C'est parfait.
- Super. Bon, je file. »
Hide vint poser un baiser sur la joue de sa sœur, puis sur la tête de son neveu, absorbait par les dessins-animés, et alla enfiler chaussure et manteau avant de s'éclipser presque aussitôt.
Tous les trois vivaient ensemble dans ce minuscule appartement de ce quartier malfamé depuis des années. Pourtant, malgré la promiscuité, cette petite famille un peu atypique s'organisait et se gérait à la perfection depuis la naissance du bambin. Mais aujourd'hui, Yume espérait ne pas avoir mis de coup de pied dans la fourmilière d'un équilibre difficilement trouvé et acquis.
