Chapitre 41 : La Poursuite

Le froid nocturne s'abattait rapidement sur le désert Aiel, transformant l'étendue de sable brûlant en un océan de glace. Arno regarda autour de lui, son souffle formant de petites volutes de vapeur dans l'air sec. Il murmura pour lui-même, le ton sarcastique qu'il aimait tant adopter revenant sans effort :

« Bon, le désert en journée, c'est le sauna. La nuit, on passe au congélateur. Manque plus qu'un petit cocktail et je me croirais en vacances ! »

Il brisa le quatrième mur avec un clin d'œil invisible pour le lecteur : « Remarque, les créatures nocturnes doivent sûrement apprécier ce petit climat. Vous pensez qu'elles ont un système de chauffage intégré ? » Il soupira, ajustant son sac sur ses épaules et repérant un endroit un peu plus bas dans les dunes.

Sans se presser, il commença à creuser une cavité dans le sable, juste assez pour y glisser son corps. S'enfouir dans le sable froid n'était pas l'idée la plus glamour, mais il savait que cela le protégerait du vent glacial qui allait bientôt souffler. Avec sa main, il tâta le pommeau de Paulette, son épée en argent, avant de la poser à ses côtés dans le sable. Arno avait appris, au fil de ses innombrables périples, que chaque environnement, aussi hostile soit-il, pouvait offrir des solutions pour survivre.

« Allez, le sable, montre-moi ce que t'as dans le ventre », murmura-t-il en s'installant. La froideur du sable s'infiltra rapidement sous ses vêtements, mais avec son facteur autoguérisseur, il savait que son corps s'adapterait rapidement. Cela lui permettrait de dormir sans risquer de geler sur place. En s'allongeant, il tourna les yeux vers le ciel étoilé, admirant l'immensité silencieuse du désert.

« Triss... » murmura-t-il, l'image de la magicienne rousse apparaissant brièvement dans son esprit. Il repensa à leurs dernières retrouvailles, à ses conseils qu'il avait ignorés, et à son air sévère chaque fois qu'il revenait avec des blessures qu'il aurait pu éviter. « Si je rentre vivant de tout ça, elle va encore me broyer les testicules... avec délicatesse, bien sûr. »

Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres à cette pensée. Il la voyait déjà, les bras croisés, lui lançant un regard perçant, à moitié amusée, à moitié exaspérée. Arno avait une manière bien à lui d'attirer les ennuis, et il savait qu'elle en avait assez de le voir s'engager dans des batailles qu'elle estimait inutiles.

« Elle ne comprendra jamais que c'est mon charme. C'est quoi une aventure sans quelques membres en moins, hein ? »

Se calant un peu plus profondément dans sa petite fosse de sable, il ferma enfin les yeux. Son corps, déjà habitué aux pires conditions, s'adapta au froid environnant, son esprit sombrant rapidement dans un sommeil léger, mais réparateur. Ce n'était pas le genre de sommeil où l'on rêvait de vastes contrées ou de mondes lointains, mais plutôt un repos fonctionnel. Même dans son sommeil, Arno restait aux aguets.

Un bruit sourd, un souffle de vent plus fort, et ses yeux s'ouvrirent instantanément. Il se redressa d'un geste vif, Paulette à la main, prêt à toute éventualité. Mais rien. Seulement le vent qui hurlait doucement à travers les dunes. Il soupira.

« Le froid m'a réveillé avant les monstres. Quel manque de professionnalisme », plaisanta-t-il en se redressant.

Arno étira ses muscles, ressentant la tension disparaître dans ses épaules. Son sommeil avait été court, mais suffisant. Avec un dernier regard autour de lui, il ramassa ses affaires et sortit de son abri de sable, prêt à continuer sa route.

« Eh bien, Paulette, on dirait que l'aventure continue. Rhuidean n'est pas près de venir à nous. »

Sans attendre, il reprit son chemin à travers le désert, ses pas légers, malgré la fatigue. Le froid mordant de la nuit commençait déjà à céder la place à une fraîcheur plus douce, signe que le matin ne tarderait pas à poindre.

Arno avançait à travers le désert, ses pas réguliers et assurés malgré la fatigue qui aurait dû peser sur ses épaules. Son facteur autoguérisseur fonctionnait en silence, réparant son corps de l'intérieur, régénérant ses muscles et effaçant toute trace d'épuisement. C'était à la fois une bénédiction et une malédiction. Il avait survécu à des situations où d'autres seraient morts, mais cela signifiait aussi qu'il ne pouvait jamais vraiment se permettre de s'arrêter, de lâcher prise, de prendre le temps de réfléchir. Pas de pause pour les sorceleurs immortels.

Le paysage défilait lentement autour de lui : d'immenses dunes dorées qui s'étendaient à perte de vue, chaque colline de sable étant un défi à part entière. Il traversait le désert Aiel avec la même ténacité qu'il avait dans chaque bataille, mais le rythme était bien plus lent qu'il ne l'aurait souhaité.

« Le désert n'est pas fait pour un type en solo comme moi, » marmonna-t-il tout en se parlant à lui-même. « C'est comme essayer de draguer une magicienne : t'y mets tout ton cœur, tu sues, tu te bats, et à la fin, c'est le désert complet... ou pire. »

Il sourit à sa propre blague et continua à avancer, le sable crissant sous ses bottes. Il jeta un coup d'œil autour de lui, notant les vastes étendues vides et les rares reliefs rocheux qui se dessinaient à l'horizon. Le désert, dans son immensité, était une sorte de solitude incarnée, et cela commençait à peser sur lui, même avec son humour constant pour alléger l'ambiance.

« J'aurais peut-être dû emmener un compagnon avec moi... ou une marionnette. Hé, Paulette, t'aurais pas envie de tenir la conversation ? » dit-il en tapotant le manche de son épée en argent.

Bien sûr, Paulette ne répondit pas. Mais cela ne l'empêcha pas de continuer à parler comme si elle était une vieille amie récalcitrante. « Oh, allez, fais pas la timide. Je sais que tu m'écoutes. Tu pourrais au moins me dire si t'as remarqué quelque chose d'intéressant dans ce foutu désert. »

Arno marchait sans relâche, mais il commençait à se rendre compte que sa solitude le ralentissait. Quand il était avec ses compagnons dans le passé, ou même avec ses ennemis à ses trousses, il se mouvait plus vite, poussé par une urgence ou un sens du défi. Mais seul, il n'avait que ses propres pensées pour compagnie, et cela donnait l'impression que chaque pas était plus lourd que le précédent.

« C'est pas que je sois pas fait pour le désert, » réfléchit-il à voix haute, « c'est juste que j'ai l'impression que le désert me met au défi d'une manière différente. Il me fait ralentir, il m'oblige à penser. Et croyez-moi, la réflexion, c'est pas toujours mon fort. »

Il secoua la tête en souriant, songeant à tous les combats qu'il avait livrés. Chacun avait été une danse mortelle, une séquence rapide de décisions instantanées, d'esquives, de coups d'épée et d'intuition brute. Mais ici, dans ce vide immense, il n'y avait pas d'adversaire immédiat, pas de monstres à terrasser, juste lui et l'étendue infinie du désert. Cela lui donnait du temps pour penser, peut-être un peu trop.

Il reprit sa route avec un air plus pensif. « Peut-être que ce désert essaie de me dire quelque chose. Peut-être qu'il me demande ce que je veux vraiment. » Il fit une pause dramatique, se tournant vers un horizon vide. « Bah, non. Je veux juste sortir d'ici, retrouver une auberge avec un lit moelleux, une chope bien fraîche et... ah, qui je trompe. Tout ce que je veux, c'est finir cette foutue quête. »

Il n'avait aucune idée qu'on le traquait, que les Faucons des Dunes étaient sur ses talons. Mais même s'il l'avait su, cela n'aurait probablement rien changé. Arno avait appris à se méfier de la facilité apparente des routes désertiques. Ici, chaque pas pouvait cacher un piège, et chaque silence pouvait dissimuler un ennemi. Pour l'instant, sa seule préoccupation était de continuer à avancer, un pied devant l'autre, toujours avec ce sourire en coin et cette réplique prête à jaillir au moindre obstacle.

« Après tout, » dit-il en lançant un dernier clin d'œil au désert, « si y'a pas d'aventure à chaque coin de dune, c'est pas un vrai voyage, non ? »

Les Faucons des Dunes avancèrent en silence, leurs pieds s'enfonçant à peine dans le sable sous la lumière pâle du matin. Rhuarc Serein-Eclair, à la tête du commando, menait le groupe avec une détermination tranquille, ses yeux scrutant l'horizon désertique. Ils étaient sur les traces d'un homme, un guerrier dont ils ne connaissaient pas l'identité, mais dont les actions laissaient perplexes même les plus aguerris d'entre eux. Tarak Sables-Dansants, toujours aussi vigilant, vérifiait les alentours à intervalles réguliers, tandis que Shael, la plus sensible du groupe, marchait en retrait, les traits crispés par une inquiétude qu'elle ne parvenait pas à dissimuler.

Ils étaient sur le point de traverser un espace où le sable semblait plus lourd, comme s'il portait encore le poids d'un événement récent. Le vent qui soufflait la nuit dernière avait épargné cette portion du désert, et quelque chose d'étrange régnait ici.

Soudain, Shael s'arrêta net. Un frisson glacé parcourut son échine, la laissant figée sur place. Elle n'avait jamais ressenti une telle présence, une telle accumulation d'énergies spirituelles auparavant. Un poids invisible semblait peser sur ses épaules, comme si les âmes tourmentées qu'elle percevait murmuraient encore dans l'air. Elle porta une main tremblante à son front, fermant les yeux pour mieux se concentrer. Ce n'était pas une simple trace de combat, c'était autre chose. Une confrontation entre un homme et des esprits, un affrontement surnaturel qui ne pouvait s'être déroulé sans conséquences.

« Shael ? » La voix grave de Rhuarc brisa le silence.

Elle ouvrit les yeux et inspira profondément avant de répondre. « Il s'est passé quelque chose ici, Rhuarc. Je... je ressens des résidus. Des énergies spirituelles qui ne devraient pas être là. Ce sont les Spectres des Sables... je peux presque les sentir encore. »

Rhuarc hocha la tête, ses yeux perçant fixés sur l'horizon désertique comme s'il cherchait à déceler un autre danger caché. Il n'était pas du genre à montrer ses émotions facilement, mais il avait appris à faire confiance aux instincts de Shael. « Que peux-tu dire d'autre ? »

Shael ferma les yeux à nouveau, concentrée, essayant de capter des bribes de ce qui s'était passé. « Ces esprits... ils ne partent jamais. Ils errent, tourmentés, et détestent les vivants. Personne ne peut les vaincre. C'est impossible. Pourtant... »

Elle s'interrompit, troublée par l'intensité des énergies résiduelles qu'elle percevait. Il y avait ici une dissonance, comme une rupture dans le tissu même de la réalité, causée par une force qu'elle ne comprenait pas.

« Pourtant ? » demanda Rhuarc, toujours calme.

« Pourtant quelqu'un les a affrontés... et les a vaincus. »

Le silence qui suivit ses mots pesa lourd sur le groupe. Même Tarak, habituellement enclin à une remarque légère pour briser la tension, se contenta d'un regard vers Daeva, les sourcils froncés de perplexité. Rhuarc, quant à lui, semblait pensif, évaluant les implications de ce qu'il venait d'entendre.

« Ça n'a aucun sens, » intervint Daeva, sa voix basse et mesurée. « Seul un fou ou quelqu'un de surpuissant tenterait de combattre des esprits de cette nature. »

Shael hocha lentement la tête. « Je suis d'accord. Mais je le sens. Il a dû utiliser quelque chose... un métal rare, peut-être. Une arme en argent. » Elle marqua une pause, pesant ses mots. « Le métal argenté a toujours eu des propriétés contre les créatures surnaturelles. Mais ce genre d'arme... c'est presque légendaire. Peu de guerriers en possèdent. »

Rhuarc réfléchit en silence un moment, ses traits se durcissant légèrement. Il n'était pas homme à croire aux légendes facilement, mais les faits devant lui étaient indéniables. « Une lame en argent... » Il répéta doucement les mots, comme pour les tester sur sa langue. « Cela expliquerait comment cet homme a réussi à vaincre des esprits. »

Tarak s'avança, son expression moins amusée que d'habitude. « Ça voudrait dire qu'on chasse quelqu'un qui n'est pas qu'un simple guerrier. Ce type sait ce qu'il fait, et il n'a pas peur de se frotter aux créatures surnaturelles. J'imagine qu'on va devoir être encore plus prudents que prévu. »

Rhuarc hocha la tête. « On est face à un adversaire hors du commun. Il maîtrise son environnement, il sait comment survivre dans ce désert, et maintenant, on sait qu'il peut affronter des créatures que même nous évitons. »

Daeva, toujours pragmatique, posa les yeux sur les traces restantes dans le sable. « Si c'est bien une lame en argent qu'il utilise, ça pourrait nous poser problème. Ce métal est rare, et si cet homme en est équipé, cela signifie qu'il pourrait avoir d'autres ressources auxquelles nous ne sommes pas préparés. »

Shael regarda le sol, ses doigts effleurant le sable comme pour sentir encore une fois les énergies résiduelles. « Cet homme... il est différent. Et je pense qu'il n'a pas encore montré tout ce qu'il est capable de faire. »

Un silence pesant s'installa sur le groupe. Leurs regards échangés étaient emplis de détermination mais aussi d'une prudence accrue. La traque allait devenir plus difficile, et l'adversaire qu'ils poursuivaient devenait de plus en plus insaisissable.

Rhuarc finit par briser le silence. « Nous devons continuer à le traquer, mais en restant vigilants. S'il a une lame en argent, cela veut dire qu'il se prépare à affronter d'autres menaces que nous. Cela signifie aussi qu'il est peut-être plus que ce qu'on pensait. Nous ne devons pas le sous-estimer. »

Le groupe hocha la tête en silence, resserrant les rangs. La traque allait devenir plus intense, et leur cible devenait plus mystérieuse à chaque nouvelle découverte.

« Alors, résumons, » dit Tarak en se frottant les mains, brisant le silence avec une pointe d'ironie. « On traque un type qui a battu des esprits. Rien que ça. » Il lança un regard amusé à Daeva, puis haussa les épaules. « Peut-être qu'il est un spectre lui-même, un genre de fantôme qui tue des fantômes. Vous savez, pour garder un certain équilibre cosmique. »

Daeva ne répondit pas immédiatement, se contentant de scruter le sable, les yeux plissés, comme s'il cherchait des indices supplémentaires enfouis sous les dunes. « Fantôme ou pas, ce qu'on sait, c'est qu'il est bien réel. Ces traces dans le sable, cette quantité de sang, ce n'est pas le travail d'un esprit. C'est celui d'un homme. Et un homme qui manie une lame en argent, ce qui le rend encore plus dangereux. »

Tarak, bien qu'amusé, n'était pas totalement à l'aise. Son sourire effacé trahissait une certaine inquiétude. Même lui, avec son attitude généralement désinvolte, comprenait la gravité de la situation. « Une lame en argent, hein ? Je savais que ce métal avait ses histoires de légende, mais je pensais que c'était plus pour les vieilles dames et leurs contes à effrayer les enfants. »

« Ce n'est pas une légende, Tarak, » intervint Shael, d'une voix basse mais ferme. « J'ai senti les énergies résiduelles. Ce ne sont pas les contes d'une vieille dame. Les Spectres des Sables sont réels, et ce qu'il a fait... il les a libérés. Il a mis fin à leur tourment. »

Rhuarc, jusque-là silencieux, acquiesça doucement. « Une lame en argent... » Il se tourna vers Shael, ses traits marqués par la réflexion. « Penses-tu qu'il pourrait en avoir d'autres ? Des outils, des armes ? Si cet homme a accès à ce type de métal, il pourrait être plus que ce qu'on pensait. »

Shael fronça les sourcils, ses mains effleurant le sable, toujours attentive aux résidus spirituels. « Il a peut-être plus d'un tour dans son sac, oui. S'il a des lames en argent, il pourrait bien être préparé à affronter d'autres créatures. Il sait ce qu'il fait. »

Daeva intervint, sa voix grave et tranchante. « Si c'est le cas, nous devrons être prêts. Ce n'est pas un simple guerrier que nous poursuivons. S'il peut affronter des esprits, il pourra nous affronter nous aussi. Il ne faut pas le sous-estimer. »

Tarak hocha la tête, bien que l'ironie dans ses yeux ne disparût jamais complètement. « Je ne sais pas pour vous, mais je commence à aimer ce type. Un homme qui peut battre des spectres ? C'est le genre d'histoire que je pourrais raconter au coin du feu, quand tout ça sera terminé. »

« Si tout ça se termine bien, » murmura Shael, son regard toujours troublé par ce qu'elle avait ressenti. « Ce genre de pouvoir, de force... ce n'est pas naturel. Pas même pour les Aiels. »

Rhuarc se redressa, faisant signe à Tarak de garder un œil sur les alentours. « Quoi qu'il soit, homme ou autre chose, nous devons rester concentrés. » Sa voix, bien que calme, portait la gravité d'un chef de guerre qui savait à quoi ils étaient confrontés, même si l'adversaire restait flou. « S'il a réussi à vaincre ces esprits, c'est qu'il est préparé pour quelque chose de plus grand. Peut-être qu'il a un objectif précis, et peut-être que cela dépasse simplement de survivre dans ce désert. »

Daeva serra les poings. « Il faut être plus rapides, Rhuarc. Chaque heure qui passe, il nous distance. S'il continue à avancer, il pourrait atteindre son but avant que nous ne soyons en mesure de l'arrêter. »

Tarak renchérit, plus sérieux cette fois. « Il se déplace comme un Aiel, même si ce n'en est pas un. Ses traces, son endurance... cet homme sait comment survivre dans des conditions extrêmes. C'est presque comme s'il avait été élevé ici. Ça me trouble. »

Rhuarc réfléchit à ces paroles. Il avait l'habitude d'évaluer les situations rapidement et de prendre des décisions précises. « Alors nous devons changer notre approche. Nous ne traquons pas un simple guerrier. Cet homme est plus... que ce qu'il semble. »

Shael acquiesça, toujours en proie à un malaise qu'elle ne parvenait pas à dissiper complètement. « S'il continue à progresser comme ça, il pourrait nous attirer dans quelque chose de plus dangereux encore. Quelque chose qui dépasse les légendes. Nous devons être prêts. »

« On est à combien de temps derrière lui, tu penses ? » demanda Tarak en se redressant, l'air sérieux pour une fois. Il s'était rapproché de Rhuarc, ses yeux plissés sous l'éclat du soleil.

Rhuarc calcula rapidement dans son esprit. « Quatre heures, peut-être moins. » Il serra les dents, repensant aux traces qu'ils avaient suivies. L'homme qu'ils pourchassaient ne laissait presque plus de traces, comme s'il s'était fondu dans le désert, devenant partie intégrante de cet environnement inhospitalier. Mais ce qui l'intriguait le plus, c'était cette mystérieuse capacité à combattre des esprits. Ce n'était pas quelque chose qu'un simple guerrier pourrait faire.

« Ce gars a tout pour nous surprendre, » murmura Daeva, s'approchant à son tour, sa voix grave perçant le calme matinal. « Chaque trace, chaque détail... c'est comme s'il savait exactement ce qu'il faisait. Et il est seul. »

Rhuarc hocha la tête. « C'est ce qui rend la situation plus complexe. Il ne fait pas que survivre. Il avance avec un but. Et ça, c'est inquiétant. »

Shael ouvrit les yeux, terminant sa méditation, et s'approcha du groupe, visiblement encore affectée par les résidus spirituels qu'elle avait perçus plus tôt. « Il ne s'agit pas d'un simple guerrier, » déclara-t-elle doucement, son regard toujours empreint d'une inquiétude difficile à cacher. « S'il a réussi à détruire des Spectres des Sables, cela veut dire qu'il est soit préparé pour ce genre de créatures, soit qu'il possède des compétences surnaturelles. Peut-être une lame en argent, comme je l'ai dit... mais ça ne fait que compliquer les choses. Qui est cet homme ? Et pourquoi est-il ici ? »

Rhuarc croisa les bras, fronçant les sourcils. « On le saura bientôt. On est assez proches. Mais il va falloir être plus prudents à partir de maintenant. » Il se tourna vers Daeva. « On ne sait pas encore ce dont il est capable, mais nous devons nous attendre à tout. Il ne faut pas le sous-estimer. »

Daeva acquiesça, sa main sur la garde de son arme. « On le traite comme une véritable menace alors. Pas de demi-mesure. »

Tarak, toujours prompt à alléger la tension, même dans les moments critiques, haussa les épaules. « Eh bien, s'il a vraiment une lame en argent, il va peut-être vouloir tester nos aptitudes contre les esprits. Si on est chanceux, il nous donnera une petite démonstration. »

« Ne sois pas imprudent, Tarak, » répliqua Rhuarc, son ton plus ferme cette fois. « Il y a quelque chose de plus profond ici. On ne traque pas un simple combattant, et on ne sait pas encore quelles autres capacités il pourrait cacher. Reste vigilant. »

Tarak leva les mains en signe de reddition, bien conscient que Rhuarc avait raison. Ce n'était pas le moment pour des plaisanteries excessives. Ils étaient en territoire inconnu, et leur adversaire semblait les devancer à chaque étape.

« Rassemblez-vous, » ordonna Rhuarc. « On ne le laisse pas prendre plus d'avance. Pas cette fois. »

Rhuarc regarda ses hommes une dernière fois avant de donner l'ordre de départ. « En avant. Soyez prêts pour tout. »

Chaque pas qu'ils faisaient les rapprochait de leur cible, mais aussi d'une vérité qu'ils n'étaient pas certains de vouloir découvrir. Leur proie n'était pas ordinaire, et, dans les profondeurs du désert, ils réalisèrent que l'ombre qui les précédait avait bien plus de secrets qu'ils n'auraient jamais pu imaginer.

Le désert Aiel, silencieux et implacable, observait, témoin silencieux de la traque qui se poursuivait.