Salle de Débriefing 08h30
En bout de table, comme habituellement se tenait le Général Hammond, sur sa droite s'était positionné le Colonel O'Neill. Entre Jack et Teal'c se trouvait le Major Carter et le Dr Jackson. Ils formaient ainsi une barrière protectrice.
A sa gauche, l'équipe SG1 Beta s'était installé de la même manière et aussi surprenant soient-ils, les deux équipes s'étaient assis dans la même configuration en même temps.
A présent, SG1 et SG1 Bêta se jaugeaient silencieusement du regard, se posant certainement la même question : les protagonistes face à eux, étaient-ils dignes de confiance ? Ils avaient trop de fois, eu de mauvaise surprise.
Désireux de rompre le silence glacial présent dans la salle, le Général Hammond se tourna vers son O'Neill.
- O'Neill, savez-vous où se trouve le Sergent Wells ?
Au nom du Sergent, le Colonel se crispa et répondit sarcastiquement :
- Certainement en train de faire son rapport au Sénateur Kinsey, Mon Général.
Le Général soupira, lors de la dernière visite du Sénateur, tous les membres du SGC avaient découvert que le Sergent Wells était la fille de leur principal ennemi. Depuis tous étaient persuadés qu'elle était un traître parmi les rangs. Une espionne tenue d'informer le Sénateur des agissements au sein de la base et d'en renverser l'ordre établit.
- Mon Colonel, Général Hammond, si Wells n'est pas là c'est simplement parce que je lui ai confié une expérience au laboratoire. J'avais besoin qu'elle vérifie l'une de mes théories, les résultats pourraient nous aider pour le débriefing.
Les traits du Général Hammond se détendirent devant l'explication du Major Carter. Jack regarda son second. De son regard interrogateur, il lui demandait silencieusement si celle-ci était en train de la protéger ou si elle disait la vérité ?
Carter fronça les sourcils, était-il est train de l'accuser de mentir ?
Leurs joutes silencieuses furent interrompues par le Général O'Neill :
- Souhaitez-vous l'attendre avant de commencer ?
- Non Général O'Neill… débuta Hammond en souriant comme si le grade de son second était une blague. Une idée d'où pourrait venir le bruit que nous avons entendu lors de l'ouverture de la porte ? Demanda-t-il en regardant les deux Carter présente dans la pièce.
- Non Monsieur, nous avons entré les coordonnéeset ouvert la porte comme à notre habitude. Répondit le docteur Carter.
- Et cette planète ?
-Rien d'inhabituel, les habitants ont bien reçu la visite d'un prêcheur i peine deux semaines. La routine, rendre la vue à un aveugle et soigner quelques malades sans oublier de leur laisser leur carte de visite. Déclara le Général O'Neill en déposant le livre des Origines sur la table de conférence.
- Je peux ? Demanda le docteur Jackson d'SG1 en pointant du doigt le livre.
- Faites-vous plaisir Danny Boy.
Daniel leva les yeux au ciel en prenant le livre dans ses mains pour parcourir son nouvel objet de recherche.
- Les habitant de PX7-455 sont des proies faciles, ils se sentent abandonnée par leur déesse Amaterasu. La Tokra surveille de loin la progression des Oris dans cette partie de la galaxie mais…
- PX7 ? Questionna le Colonel O'Neill.
- J'ai vérifié hier, aucune équipe n'a visité cette planète. Déclara Daniel
- Alors comment expliquez-vous que l'équipe Bêta vienne de là ? Demanda Hammond
- Il est possible qu'ils viennent de PX7 mais pas de celle que nous connaissons. Indiqua le major Carter.
Hammond plissa les yeux, sachant pertinemment qu'il ferait semblant de comprendre les prochaines explications qui serait donné par son Major.
- La théorie quantique du multivers suggère l'existence d'univers parallèles. Il y aurait un nombre infini de réalité alternative qui coexisterait avec la nôtre. Selon cette théorie tous les évènements possibles se produisent effectivement dans notre univers ou dans un autre.
Jack se pinça l'arête du nez en grognant.
- Carter !
- Nous vivons dans un metavers au sein duquel de petit sous univers sont constamment générés. Nous en avons eu la preuve avec le miroir quantique. Il existe donc des univers où : le SGC n'existe pas, nous n'avons pas vaincu les Goaul'd…
- Où je suis Général. Déclara hilare le Colonel O'Neill en pointant du doigt son double.
- Exactement ! S'exclama le Major Carter, heureuse de s'apercevoir qu'il comprenait pour une fois ses explications.
Des pas résonnèrent dans la salle de débriefing, le Sergent Wells apparut essoufflé en haut des escaliers métalliques.
- Major Carter j'ai terminé les tests. Elle s'arrêta net devant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Deux équipes SG1, celle à gauche du Général semblait toutefois plus âgé que l'équipe de cette réalité.
Elle les scruta un à un. Ses yeux se posèrent en premier sur le docteur Carter. Ses yeux s'embrumèrent, et d'un bleu océan ils devinrent gris clair. Comme à son habitude elle mordait l'intérieur de sa joue pour empêcher les larmes de couler.
Maya regarda ensuite Teal'c, elle remarqua que de toute l'équipe, il était celui qui ressemblait le plus au Teal'c de leur réalité. Le Jaffa ferma les yeux et inclina la tête vers elle en signe de respect.
Le Daniel de l'autre réalité avait les cheveux plus courts, dévoilant un peu plus ses yeux verts. Il avait l'air également plus sûr de lui bien qu'une certaine fragilité continuât d'émaner de sa gestuelle.
En dernier lieu, elle porta son intention sur le Général O'Neill et ce qu'elle lût dans ses yeux la déstabilisa. Elle s'attendait aux émotions habituelles tel que la colère, le dégout ou encore la déception. Trois émotions que le Colonel ressentait à son égard depuis qu'il avait appris la vérité à son sujet.
Alors quel ne fût pas sa surprise quand la première émotion qu'elle vit apparaître fût l'amour, un amour inconditionnel, paternel. Elle ressenti un pincement au cœur, car son Colonel l'avait un jour regardé comme un père regarde sa fille. Il baissa les yeux mal à l'aise et son regard changea. Plus elle le regardait et plus les émotions apparaissaient par petite lueur qui tentait de survivre à chaque barricade dressée. L'amour, la bienveillance, la fierté, la colère et la plus présente de tout le désarroi. C'est elle qui prédominait.
Mal-à-l'aise de l'échange qu'il y avait entre son double et son subalterne, le Colonel Jack O'Neill se racla la gorge.
- Sergent Wells asseyez-vous. Ordonna-t-il en pointa la dernière place de libre en bout de table entre les deux Daniel Jackson.
Maya s'installa à son siège tout en commençant son discours.
-Vous aviez raison Major Carter. Contrairement à ce que l'on pensait, le transfert d'une porte à une autre n'est pas instantanée. Le voyage dure en moyenne 0,3 secondes mais pour vous. Dit-elle en désignant équipe Beta. Le compte rendu de la porte montre un temps de transfert supérieur de 3,1 secondes. Ils ont donc voyagé plus longtemps.
-Admettons qu'ils soient bien des versions alternatives de nous venu d'un autre univers parallèle au notre. Comment ont-ils atterri ici ? Demanda le docteur Jackson
La question était plus que pertinente et tout le monde se tourna vers leur version de Samantha Carter certains qu'elles auraient une réponse à leur donner. Car si elles savaient comment ils étaient arrivés ici, elles sauraient forcément les renvoyer dans leur univers.
Elle se regardèrent l'une comme l'autre avant de déclarer fatalement.
-Je n'en sais rien.
Hammond soupira.
- Je suis navré mais tant que nous ne serons pas certains que vous n'êtes pas l'ennemi vous resterez dans vos quartiers sécurisés le temps d'un interrogatoire.
Hammond fit signe aux Airman pour ramener l'équipe Beta dans leur cellule.
Salle d'interrogatoire N1 - Daniel SG1 Beta et le Colonel O'Neill
- Ça ne me plait pas plus qu'à vous Daniel, mais nous devons comprendre ce qu'il se passe. Dit le Colonel O'Neill en s'accoudant sur le dos de sa chaise. Vous savez quoi, je pense que deux scénarios peuvent expliquer la situation :
A) Carter a raison et votre équipe et vous venez d'une sorte d'univers parallèle. Dans ce cas nous ferons tout pour que vous puissiez rentrer
B) Vous nous racontez des histoires et nous devrons découvrir vos intentions véritables
- Il y a un troisième scénario.
- Oh vraiment ? Questionna O'Neill intrigué
- Le C) Vous nous racontez des histoires et ce serait plutôt à nous de découvrir quels sont vos intentions.
Jack regarda le double de son meilleur ami, cherchant à sonder un quelconque mensonge de sa part.
- Toujours se méfier de ce que l'on voit, c'est vous qui me l'avez appris Jack. Jackson remonta ses lunettes sur son nez avant de faire face à son «ami». Surtout lorsque l'on sait que nous avons déjà eu à faire à des Goaul'd en capacité de répliquer notre base.
- Un point pour vous Danny Boy !
Salle d'interrogatoire N3 – Docteur Samantha Carter & Major Carter
Le major entra dans la salle d'interrogatoire de son sosie. Elle se dirigea sans un mot vers la petite table pour servir deux verres d'eau. Elle était terriblement mal à l'aise, elle avait d'innombrable question la concernant. Elle avait remarqué les regards, les effleurements à peine cachés entre elle et le Général ONeill, elle était certaine que le Docteur entretenait une relation avec son supérieur en totale liberté. Avait-elle quitté l'armée? En avait-elle-même fait partie un jour? Son père était-il toujours en vie dans sa réalité? Elle ferma les yeux. Les seules questions qu'elle devait lui poser pour le moment devait concerner la mission. Sa relation avec Jack n'était pas la priorité. En tout cas pas à cet instant.
Elle posa les deux verres d'eau sur la table en même temps qu'elle s'installait aux côtés du Docteur Carter. Celle-ci prit la parole.
-Nous n'avons pas pu empêcher les Orris d'ouvrir une deuxième porte géante et malheureusement le temps qu'on intervienne leurs vaisseaux ont traversés. Si ça s'est produit dans notre réalité…
-Il y a de grande chose que cela se produise dans la nôtre.
-Ils ont détruit Chulak, Dakara et presque toute les places fortes Jaffa, je pense que ce sera bientôt le tour de la terre. Il faut absolument que l'on rentre chez nous.
-Le sergent Wells et moi on s'en charge. Nous avons bien étudié toutes les données et…
- Et?
- Une surcharge énergétique s'est produite juste avant votre arrivée. Elle correspond au son qu'ils ont entendu ici mais je n'ai pas fini les analyses.
-Nous avons passé environ 24H sur PX7 or vous n'avez jamais mis un pied là-bas. Ça implique que notre point de départ se trouvait dans notre univers. Donc quoi qu'il se soit passé…
-Ça devait être entre le moment où vous avez franchis la porte dans votre univers et le moment où vous êtes arrivés ici.
-Mais la porte n'a jamais été conçu pour permettre les transferts d'un univers à un autre.
-Ni les voyages temporels et pourtant on en a fait plusieurs. Le regard du major s'illumina. Justement est-ce qu'il y a eu…
-Non! Le docteur avait compris où son sosie voulait en venir. Il n'y a eu aucune éruption solaire ni phénomène climatique inhabituel.
Le Major soupira, sa théorie mourait avant même de pouvoir être vérifier.
-Pourtant quelque a dû perturber le vortex au moment où vous avez traversé.
-Mais aucune force ne peut faire dévier à ce point un flux de matière subspatiale.
A ses mots, les deux scientifiques trouvèrent la clé de leur énigmes et sexclamèrent à l'unisson:
-A part un trou noir!
Le major secoua la tête incrédule, elle avait enfin un premier élément de recherche. Elle se leva précipitamment de sa chaise. Elle devait faire des simulations afin de valider sa théorie. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce son double l'avertie:
-Protégez-la.
-Qui ça?
-Maya… souffla-t-elle le regard emplit de larmes.
Voyant que le Major Carter s'était levé, les Airman étaient rentrés dans la salle d'interrogatoire agrippant de chaque côté le docteur Carter et la dirigeait vers la sortie.
-Attendez! La protéger de qui? De quoi? Docteur Carter, dîtes-moi ! La protéger de qui? Du Sénateur Kinsey?
Son double tenta de se tourner vers elle malgré l'emprise des Airman.
-De Jack. Indiqua-t-elle le regard désolée.
Le docteur Carter disparût dans les couloirs du SGC et le Major resta planté là, confuse de la confidence qui venait de lui être faîte.
Elle ne pouvait parler que du Général O'Neill, pourquoi insinuerait-elle que son Colonel puisse représenter un danger pour le Sergent? Carter tritura ses méninges, ne venait-elle pas à l'instant d'émettre l'hypothèse que tout ce qui se passait dans un univers parallèle pouvait se reproduire dans l'autre. Mais pourquoi son Jack serait une menace?
Salle d'interrogatoire N2 - Général O'Neill et Général Hammond
Le sergent Wells se trouvait derrière la vitre teintée. Elle avait fermé la porte à clef derrière elle. Un premier secret avait éclaté, elle devait s'assurer que le gros et le plus important reste intact. Sinon elle signerait certainement la fin de sa carrière.
Hammond entra dans la salle où le double de son second était déjà installé.
- Je comprends votre méfiance mais sachez que nous sommes aussi impatients que vous de découvrir le fin mot de cette histoire. Déclara Hammond
- Sans vouloir offenser nos Carter national, cette histoire de monde parallèle est farfelue. De plus rien pendant notre mission sur PX7 machin chouette, vient soutenir cette thèse. Aucun miroir quantique ou artéfact Aliens. Une mission de routine total.
- Et pourtant, vous voilà ! Mais voyez-vous Jack moi je crois que c'est vous qui nous cachez des informations. Parce qu'il va falloir m'expliquer, ce qu'un Général fait sur une mission dite de «routine». Gronda Hammond.
O'Neill rencontra le regard dur de celui qui fût autrefois son Général. Hammond pencha la tête sur le côté pour faire comprendre qu'il exigeait une explication.
- Cette mission me touchait personnellement…
-A quel point?
- Comme vous le savez les Oris ont infecté la terre de leur maladie mystérieuse mais nous avons trouvé grâce au Docteur Frasier, un remède. Le regard de Jack changea à ce moment-là. Une désolation profonde, une inquiétude. Hammond crut presque apercevoir une larme au coin de son œil.
Hammond avait le sentiment de le Général face à lui le prenait pour un idiot.
-Si vous avez déjà le remède pourquoi vous déplacer sur PX7?
-L'un de nos Major est revenue d'une reconnaissance de cette planète avec un nouveau virus. Le temps d'incubation a été beaucoup plus long que le précédent, au check up post mission, elle n'avait aucun signe de contamination. Elle a donc pu partir comme prévu en permission.
-Mon dieu…Le Général Hammond comprenait la situation, ils avaient laissé échapper un virus extraterrestre de la base. Toutefois, il ne comprenait toujours pas l'implication personnel du Général.
- Son frère est dorénavant contaminé. Pour une raison que nous ignorons le traitement actuel ne fonctionne pas. C'est comme si le virus était encodé génétiquement.
- Qui a été contaminéGénéral O'Neill? Qui est ce Major? Demanda Hammond impatient.
-Ma fille! Le Major Maya O'Neill et maintenant Charlie. Alors laissez-nous franchir cette putain de porte. Cracha O'Neill.
Hammond sursauta sur sa chaise en apprenant l'aveux du Général. De l'autre côté du miroir, Maya ferma les yeux. Ça y est, son dernier secret s'échappait de la boite de pandore et bientôt le Colonel serait au courant. C'était la fin.
* Juin 1994 *
C'est la chevauchée de deux corps qui dansent dans la balade de l'amour et de la passion. Des caresses et des baisers à en prendre haleine. Deux corps trop longtemps séparées qui viennent enfin de retrouver leurs essences.
-Jack. Gémit d'extase une voix féminine
-Sara…grogna l'homme dans les cheveux de sa femme.
Jack O'neill embrassa sa femme dans une dernière râle avant de s'allonger à ses côtés.
-Pas trop mauvais pour un vieux couple. Plaisanta-t-il.
Seulement, les rires ne furent pas partagés et son sourire s'effaça. Il savait que sa femme ne supportait plus ses longues absences secrètes, l'inquiétude constante qui flottait sous son toit et la question qui émergeait de son esprit à chaque départ : me reviendrait-il ?
Il avait compris que le point de non-retour était arrivé. Celui où la douleur était plus forte que l'amour. Jack vit une larme perler au coin de son œil. Il vint la chasser, de son pouce, en effleurant délicatement la peau fine de son visage.
-Tu n'a pas besoin de me le dire… murmura-t-il.
- Pardonne-moi… sanglota Sara
- De quoi ? Le questionna-t-il en la regardant droit dans les yeux.
Il n'était pas sûr de la direction que prenait cette discussion. Non, au plus profond de son âme il savait. Il n'avait pas pu ignorer le changement dans son regard, sa voix et ses caresses mais il ne voulait pas l'entendre. Ça ne pouvait pas être cela.
- De ne pas t'aimer comme je le devrais. Sara brisa le contact visuel, elle n'avait pas le courage de le regarder en face.
Jack soupira, c'était trop tard. Il aurait souhaité garder l'illusion d'un bonheur conjugal quelques instants encore. Il se rallongea sur le dos et mit son bras sur son visage. Il ferma les yeux. Ce n'était qu'un cauchemar, il n'était pas avec elle. Les mots de sa femme étaient encore plus douloureux que toute les tortures qu'il avait endurées jusqu'à aujourd'hui.
- Qu'essaies-tu de me dire ?
Jack n'était pas dupe, il savait pertinemment ce que signifiait ses dernières paroles.
- J'ai peur ! déclara Sara d'une voix tremblante.
Il se redressa sur le côté, surpris par la réponse de sa femme. Ce n'était pas ce à quoi il s'attendait. Jack détailla Sara du regard. Celle-ci était sur le ventre, soutenue par ses coudes. Le haut de son corps était nu puisque les draps étaient tombés sur sa chute de reins. Il fronça les sourcils et l'incita à poursuivre le fond de sa pensée. Il ne voulait pas avoir de faux espoirs.
- Je ne veux pas cesser de t'aimer Jack.
Sara, sa femme, sa bouée. Elle l'aimait toujours. Mais malgré elle, cette distance et cette inquiétude avaient pris tellement d'ampleur, qu'elles grignotaient peu à peu son amour. Elles étaient les vagues qui assaillaient la digue par temps de tempête et qui, année après année, gagnait toujours un peu plus de terrain. Lorsque Jack aperçut la terreur et le désespoir dans les yeux de son amour, son cœur se brisa en mille morceaux. Il s'en voulut de ne pas avoir compris plus tôt que chaque nouveau départ était pour elle une nouvelle bataille à mener contre ses tourments.
Il caressa tendrement le corps de sa femme puis l'encercla de ses bras puissant, l'obligeant à coller son dos contre son torse.
- Pardonne-moi ! murmura-t-il au creux de son oreille
- Pourquoi ? Elle tourna la tête vers son amant une lueur d'incompréhension dans son regard.
- De ne pas l'avoir compris plus tôt. Il déposa un baiser sur sa tempe puis plongea ses yeux noisette dans ses yeux verts. Sara, je te fais la promesse que demain sera mon dernier départ.
Il sentit le corps de sa femme tressaillir au rythme de ses sanglots. Des mois de tension et de charge mentale s'évaporaient enfin de son esprit. Elle savait qu'à compter de ce jour elle n'avait plus à s'inquiéter de son avenir. Parce que Jack O'Neill tenait toujours ses promesses.
- Aime moi Jack… supplia Sara avant de prendre d'assaut les lèvres de son mari.
* Septembre 1994 *
« Il ne pouvait exister une meilleure journée que celle d'aujourd'hui » pensa Jack O'Neill.
Voilà maintenant deux semaines qu'il était rentré de sa mission Black Ops, la dernière qu'il avait effectuée. Était-ce pour cela qu'il l'avait trouvé la plus difficile de toute ? Les secondes paraissaient des heures, les minutes des jours et ainsi de suite. Jamais il n'avait autant souffert de la séparation avec son fils et sa femme. Il se languissait de les retrouver. Dans les moments les plus durs, il fermait les yeux et les voyait. Son petit garçon châtain au rire contagieux se trouvait dans son jardin avec une batte à la main.
- Envoie de toute tes forces papa ! criait le petit garçon
Jack envoya la balle à une vitesse raisonnable et son fils quant à lui frappa du mieux qu'il pût. Après avoir percuté la masse de bois celle-ci s'élança à pleine vitesse dans le ciel.
Charlie lâcha sa batte et sauta les bras en l'air, acclamant un Home Run imaginaire.
Quand ce n'était pas à son fils qu'il pensait c'était à sa femme. Il se concentrait pour l'imaginer à ses côtés.
Les traits de son visage apparaissaient en premier, ses yeux verts en amandes, puis son nez fin et ses lèvres qui s'étirait en un fin sourire. Qu'est-ce qu'il aimait ses lèvres. Tout de suite les effluves de son parfum lui revinrent en mémoire. C'étaient des notes chaudes et pétillantes : la vanille, l'agrume et un soupçon de bergamote. Les notes parfumées titillaient sa mémoire, il pensait à leur amour, leurs caresses et leurs baisers. Oui, aujourd'hui Jack O'Neill était heureux, car il n'aurait jamais plus besoin d'imaginer.
Habillé d'une chemise grise à manche longue par-dessus son tee-shirt noir, d'un jean et la casquette offerte par son fils à noël, Jack sortit en courant de sa Jeep pour rejoindre le plus rapidement sa femme. Sara portait une magnifique robe, de la même couleur que les magnolias qui étaient en fleur à la bordure de leur jardin, rose. Elle était assise sur le perron profitant de la chaleur sur son visage. Il faisait un grand soleil, aucun nuage à l'horizon. Le temps idéal pour une virée en famille dans leur chalet du Montana.
Il attrapa entre ses mains le visage de sa femme pour lui voler sur ses lèvres un délicat baiser. Il enroula ses bras autour de ses épaules et enfoui sa tête au creux de son cou. Il huma son parfum : vanille, agrume et bergamote. Enivrant... Il n'aurait plus jamais besoin de chercher dans sa mémoire puisqu'il en profiterait chaque jour
- Comment…s'est…passé…ta journée ? A chaque mots Jack déposait un baiser le long de son cou.
Sara rigola à chacun d'entre eux.
- Bien ! Mais Charlie était impatient que tu rentres.
Jack colla son front à celui de sa femme et se perdit dans son regard.
- Je suis là maintenant et…
Un coup de feu coupa le militaire dans son discours. Dans une synchronisation quasi parfaite le couple se tourna en direction du bruit, leur maison.
D'épais nuage se formait dans le ciel maintenant devenu ténébreux. La tempête menaçait de s'abattre à tout moment.
- CHAARLIIE ! s'égosilla Sara.
Le cri déchirant de sa femme dans ses oreilles fût la dernière chose qu'il entendit. Cette voix, ce hurlement meurtri résonnerait à jamais dans son esprit.
Jack gravit les escaliers deux par deux le plus rapidement possible et pourtant il avait l'impression qu'il avançait au ralentit. Plus il s'approchait, plus les battements de son cœur résonnait dans ses tempes.
Il poussa la porte de son bureau, elle lui avait parût s'ouvrir dans une lenteur extrême. Où était-ce lui qui ne souhaitait pas voir ce qu'il se trouvait derrière ?
Sara s'effondra au sol en poussant un hurlement comme si nous cherchions à arracher son cœur et son âme de son corps encore en vie. A quatre pattes, elle s'approcha de son fils et le berça dans ses bras tout contre elle.
Son fils, sa toute petite tête châtains arborait à présent un trou béant. Les sirènes retentirent au loin. Quand avait-il appelé les secours ? Sara l'avait-elle fait ?
Planté là au milieu de son bureau à genoux il regardait sa femme, effondré en larmes et chantonnant, berçant son fils immaculé de sang.
*Mars 1995*
Colorado Springs, Colorado
Il ne fût pas surpris de retrouver sa maison vide en rentrant de sa mission d'Abydos. Il était quasiment sûr qu'elle l'avait quitté peu de temps après lui. La lettre qu'il trouva sur la table de la cuisine confirma sa pensée. Il la déplia, sachant pertinemment les mots qui s'y trouverait.
Jack,
Je pars.
Sara
Rien de plus. Rien que deux petits mots après quinze années de mariage. Il soupira. Le mot n'était pas la seule chose à son intention. Il trouva une enveloppe kraft de forma A4 sur laquelle avait été posé le petit mot. Il secoua l'enveloppe pour en faire glisser le contenu. En premier tomba une clé. Les doubles de Sara. Puis s'ajouta des documents. Il vit apparaître en lettre capitale : PROCEDURE DE DIVORCE.
Il contourna l'îlot centrale, ouvrit son frigo et attrapa une bière. Jack la siffla, debout au milieu de sa cuisine, les yeux rivés sur le pavé. Il posa la bouteille vide sur le plan de travail avant de partir en direction de son frigo. Il attrapa un pack de 6 pour le poser sur la petite table basse situé dans le salon. Il retourna dans la cuisine et prit avec lui la paperasse.
Après s'être avachit dans son canapé, il parcourût les pages les unes après les autres. Que du jargon juridique encore et encore. Elle lui laissait la maison et le chalet dans le Montana mais réclamait d'autres biens communs. Il acceptait volontiers le chalet mais la maison ? Il tourna la tête en direction des escaliers.
Le coup de feu résonna à nouveau dans ses oreilles comme au premier jour. Jack descendit sa bouteille d'une traite comme si cela aiderait à faire taire l'écho dans sa tête. Mais rien n'y faisait, ça tournait en boucle encore et encore. L'écho, puis les cris, le sang et les pleurs. Plus il enchaînait les bières plus l'écho se faisait lointain. Il garderait le Montana mais il vendrait la maison d'ici. Sara avait déjà signé, il ne manquait plus que la sienne. Il observa un long moment l'encart blanc avant de sortir un stylo noir de son pantalon. Jack releva la tête pour porter son regard sur le petit cadre au-dessus de la télé. C'était une photo d'eux trois. Son ancien lui l'observait.
- Ne me regarde pas comme ça ! Cracha-t-il.
Il retira le capuchon à l'aide de ses dents et apposa sa signature. Lui en voulait-il ? Non. Il la comprenait. Qui pourrait aimer un homme qui avait tué son fils ? Se fût là sa dernière pensée avant de sombrer dans un état comateux sur un canapé jonché bouteille en verre.
San Diego, Californie
A deux états de là, plus à l'ouest du Colorado, un cri strident retentit dans la petite salle d'un hôpital.
- Le col est dilaté. Constata l'infirmière.
- Madame Williams à trois il va falloir pousser ! S'exclama le médecin.
- Non non non ! Je ne suis pas prête. Paniqué la tension de la jeune femme augmenta au monitoring dans un bip incessant.
- Calme toi ma chérie tout va bien se passer. Dit l'homme en prenant la main de la jeune femme dans la sienne.
- 1. Compta le médecin
- Je ne peux pas faire ça ! Implorait la mère en regardant l'homme à ses côtés.
- 2.
- Tu vas y arriver. Je crois en toi. Il la soutenait autant qu'il le pouvait. Que pouvait-il bien faire d'autre ?
- 3 !
Dans un hurlement de douleur, elle se mit à pousser de toute ses forces.
- C'est très bien, nous voyons sa tête. Souvenez-vous inspirez…et…expirez. Une jeune infirmière se tenait maintenant à la droite de la femme. Là…continuez.
- Allez Madame Williams encore une fois à mon signal. 1... Cria le médecin.
L'homme aux cheveux grisonnant déposa un délicat baiser sur la tempe de la mère.
-2…
- Souviens-toi, tout cela est bientôt terminé. Murmura-t-il au creux de son oreille.
- 3 !
Dans un cri de désespoir elle poussa à nouveau de toute ses forces. Depuis 6h00 du matin elle avait souffert le martyr à cause de ses contractions. Et ce machin avait décidé de sortir uniquement à 19h00. Elle était épuisée. Elle se sentait à bout de force. Pourquoi lui faisait-on endurer cela ? Pourquoi avait-elle fait un déni de grossesse ? Pourquoi l'obliger à mettre au monde ce bébé maudit. Elle aurait préféré avorter. Alors qu'elle s'apprêtait à abandonner elle entendit l'obstétricien s'exclamer :
- ça y est le voilà. C'est une magnifique petite fille.
Tout se passa ensuite très rapidement. Les infirmières s'éloignèrent avec l'enfant pour s'en occuper sur une petite table à leur côté. Dans les secondes qui suivirent, les pleures du nouveau-né remplirent la salle.
- C'est un beau bébé en très bonne santé de 2 Kg 7 ! S'émerveilla une interne dont cela devait être le premier accouchement. Alors que celle-ci s'apprêtait à mettre l'enfant dans les bras de sa mère, elle fût stoppée net par celle-ci.
- Mettez-le à la pouponnière. Elle ne daigna même pas le regarder.
- Mais enfin…. Balbutia l'homme à ses côtés
Ne voyant toujours pas l'infirmière bouger, la femme éleva un peu plus la voix.
- Vous ne m'avez pas comprise. Je ne veux pas la voir. Je ne repartirais pas avec elle.
Déconcerté dans un premier abord, la jeune interne s'exécuta et emporta le bébé loin de sa mère. Après avoir été ramené dans sa chambre, elle s'endormit affaiblit par les efforts de l'accouchement, le corps endolori. L'homme aux cheveux grisonnant et à l'âge avancé qui l'accompagnait sortit d'un pas léger et partit en direction de la pouponnière. Ici, planté devant la vitre il observa sa magnifique petite fille.
- Vous voulez la pendre ? lui demanda-t-on.
Il sursauta ayant été tiré de ses songes. Il reconnut, cependant, la jeune interne présente dans la salle d'accouchement.
- Vous voulez la prendre ? Répéta-t-elle souriante.
- Je…Je peux ? demanda-t-il, un large sourire sur ses lèvres.
- Bien sûr ! Mais avant tenez. Vous devez mettre la charlotte, la housse et les protèges chaussures.
- Oh oui bien merci. Il s'exécuta sans perdre de temps. D'un instant à l'autre sa fille allait se réveiller et elle lui demanderait où il était passé.
Une fois le bébé dans ses bras il ressenti une peine immense. Trois heures seulement qu'elle avait vu le jour et la voilà qui portait le fardeau de ses parents. Pauvre petite.
- Vous avez une magnifique fille. Félicitation ! Souri la jeune interne.
- Non, ce n'est pas ce que vous croyez. Je suis le grand-père.
- Oh pardonnez-moi je ne voulais pas vous offensez.
- Ne vous inquiétez pas. Il tenta de sourire franchement mais son cœur lui saignait à l'idée d'être séparée de sa petite fille.
- Les familles qui viennent, ce sont des couples sérieux ? demanda-t-il.
La jeune infirmière lui sourit tendrement et lui répondit :
- Nous faisons une enquête approfondit sur chacun d'entre eux. Puis inspection une fois l'enfant à domicile.
- Ah oui quand même. Murmura-t-il.
Il porta à nouveau son attention sur sa petite fille. Qu'elle était belle. Enfin aussi beau que puisse l'être un nouveau-né. La petite avait les yeux fermés et la bouche replié dans une toute petite moue boudeuse. L'homme reconnaissait bien là le portait de son père. Il soupira en y repensant. Aussi délicatement qu'il pût, il reposa l'enfant avant de se trouver vers Camille d'après ce qu'affichait le badge de la jeune interne. Un fois face à elle il lui demanda :
- Je crois avoir compris que ma fille devra remplir des documents ?
Elle attrapa sa serviette et en sorti les documents nécessaires :
- J'allais justement les apporter à votre chambre.
Le père posa un regard lourd de sens sur la pochette qu'elle lui tendait. Il s'installa sur les chaises mises à disposition et étudia un à un les papiers. L'homme se mit alors à écrire.
- Monsieur vous ne pouvez pas…s'indigna l'interne
Il porta un regard sur elle et lui sourit avant de retourner son intention sur cette feuille.
Question n1 :
Prénom de l'enfant:
Maya
Acceptez-vous que les parents adoptifs renomment l'enfant?
OUI – NON
Question n2 :
Souhaitez-vous accouchez sous x ?
OUI – NON
Question n3 :
Si non, veuillez nous indiquer votre identité :
Mère : Sara O'Neill
Père : Jonathan Jack O'Neill
Question n4 :
Souhaitez-vous renoncer à vos droits parentaux ?
OUI – NON
Signature
Sara O'Neill & Jack O'Neill
Il rangea à nouveau les documents dans la pochette et les tendit à l'infirmière. Alors que celle-ci allait protester il la regarda droit dans les yeux et lui implora :
- Ma fille vient de vivre la perte d'un enfant. C'est une femme endeuillée qui fait le choix d'abandonner sa fille. Un jour, son deuil sera fait et elle réalisera son erreur. Ce jour-là je veux qu'elle puisse retrouver son enfant. Je ne veux pas que ma famille se brise.
La jeune interne baissa la tête.
- Monsieur…
- S'il vous plait !
- Pourquoi vous ne la gardez pas ? demanda-t-elle.
C'était une question légitime et il se l'était posé plusieurs fois. Lui un vieil homme en serait-il capable ? Non ce n'était pas la vraie raison. Il sourit tristement puis se leva.
- J'ai déjà une fille à sauver.
Elle soupira, que pouvait-elle répondre à ça. Devant la détermination de l'homme en face d'elle, elle récupéra les documents.
-Pourquoi lui avoir donnée ce prénom?
-Charlie …Il fît une pause, l'émotion le gagnait. Il demandait sans cesse«quand est-ce que Maya arrive?». Un jour fatigué par cette question récurrente, ses parents lui ont demandé qui était Maya. Une larme roula le long de sa joue. Un sourire rayonnant apparut sur son visage avant de simplement répondre «Ma petite sœur».
Émue par le discours du grand-père et consciente de l'erreur qu'elle commettait, l'infirmière tamponna les documents du sceau officiel de l'hôpital.
