3:00h du matin, Quartier du Colonel O'Neill
Le Colonel Jack O'Neill se réveilla en sursaut dans ses quartiers, le cœur battant encore des échos de son rêve. Où était-il ? Quelle année était-ce ? Le vide à ses côtés lui était insupportable. Il ferma les yeux, tentant de repousser les souvenirs qui affluaient. Sara… il aurait juré qu'elle était là, à ses côtés, ses yeux pétillants de vie, la tendresse de ses caresses réchauffant son âme. Ils avaient partagé un moment de pure intimité, comme autrefois, et tout semblait si réel. Le parfum de l'herbe fraîche flottait encore dans l'air, et le vent caressait sa peau comme un doux souvenir.
Il avait entendu le rire de Charlie, ce son si pur, si innocent. La sensation du corps de son fils contre le sien lui revenait en mémoire, le poids léger de son petit être qui illuminait ses journées. L'espace d'un instant, Jack avait retrouvé son identité – celui de l'homme comblé, le père et le mari qui avait tant aimé. Mais cette illusion s'effondra brutalement lorsqu'il se leva, se dirigeant vers la salle d'eau. Jack alluma le néon blafard, se pencha au-dessus du lavabo et se passa de l'eau froide sur le visage, espérant chasser les ombres de la nuit.
Lorsque son regard se posa sur le miroir, la vérité le frappa comme une décharge électrique. Charlie était mort, et Sara l'avait quitté. La douleur s'insinua en lui, tranchante et implacable, le faisant vaciller sous le poids de la souffrance. Il s'assit sur le rebord des toilettes, laissant échapper des sanglots incontrôlés. Les larmes coulaient depuis peut-être cinq, dix, ou même vingt minutes, un torrent de désespoir qui ne semblait jamais s'arrêter.
Finalement, le calme revint, mais la douleur demeurait, sourde, omniprésente. Jack se leva avec une détermination fébrile, attrapant l'ordinateur sur le petit bureau. Ses doigts dansèrent sur le clavier, un instant avant de le refermer. L'instinct de fuite l'animait, une nécessité de quitter cet endroit.
Il chaussa ses rangers, le bruit du cuir contre le sol résonnant comme un appel à l'action, puis claqua la porte de sa chambre derrière lui. Il s'engouffra dans l'ascenseur, le cœur lourd, mais son esprit en quête de quelque chose.
9:00h Quartier résidentiel
Il resta un moment dans sa voiture a regarder un moment la maison qui avait été la sienne. Pourquoi avait-il ressenti le besoin de conduire jusqu'ici ? Il était avec Sam maintenant et avant de faire ce rêve il n'avait jamais réalisé qu'une part de lui culpabilisait. Il s'était menti à lui-même, il ne pouvait effacer les souvenirs de son passé. Leurs rires résonnaient encore dans son esprit, les moments partagés avec Sara et Charlie l'accompagnant à chaque instant. Il avait essayé de tourner la page, de se reconstruire, mais la douleur de la perte demeurait ancrée en lui. Cette nouvelle relation le forçait à faire face à des sentiments qu'il avait soigneusement enfouis.
Il frappa à la porte, le cœur battant la chamade. Les secondes s'étiraient, et il se surprit à imaginer comment sa vie aurait pu être différente. Des visions de soirées paisibles en famille, de rires échangés, d'une vie simple mais remplie de bonheur, lui venaient en tête. Son cœur se brisa, réalisant que si cette vie existait, alors Sam n'en faisait pas partie. L'un ne pouvait exister avec l'autre.
Sara apparut devant lui. Les années avaient laissé leur empreinte, et il pouvait voir dans ses yeux un mélange d'étonnement et de tendresse, comme si elle avait trouvé sa voie après tant de douleur. Elle avait refait sa vie, il le savait. Loin des yeux mais certainement pas loin du cœur, il s'était assuré que le nouvel homme qui partageait sa vie la méritait.
- Jack… murmura-t-elle, son regard se posant sur lui avec une curiosité mêlée à de l'incrédulité.
-Sara, je…commença-t-il, les mots se coinçant dans sa gorge. Que pouvait-il dire ? Je ne sais pas pourquoi je suis ici. Avoua-t-il finalement, la voix tremblante. Peut-être que je voulais juste…Il mit ses mains dans ses poches et baissa la tête, sentant que le malaise le gagnait. Il releva la tête. Je dérange ? Réalisant soudain qu'il avait débarqué dans sa vie sans prévenir.
- Jamais Jack. Elle posa un regard attendrissant sur son ex-mari.
Combien d'année avait-elle attendu ce moment ? Celui où Jack O'Neill oserait enfin revenir la voir. Il était là aujourd'hui, planté devant sa porte d'entrée totalement perdu. Sara réfléchissait calmement à la façon de l'aborder. Un mot ou un geste de travers et il repartirait.
- Un café ? Proposa-t-elle en lui indiquant la petite balancelle nouvellement installée sous le perron. Noir sans sucre.
Sara s'éclipsa un instant laissant le militaire partir dans ses pensées. Son téléphone vibra de nouveau. Le nom de Sam s'afficha à l'écran quelques instants avant le l'icône du téléphone rouge apparaisse en indiquant qu'il avait 5 appels manqués de ce même contact.
Bon sang, qu'est-ce qu'il foutait là. Avait-il seulement pensé à Sam ?
Sam, sa lumière au bout du tunnel.
Elle le détesterait d'être parti, sans un mot. De ne pas lui avoir parlé. Il s'en voulait, il avait le sentiment de la tromper mais comment lui expliquer sans lui faire de la peine. Comment lui dire qu'elle n'aurait peut-être jamais Jack O'Neill dans son entièreté, seulement les débris d'une âme meurtris. Le reste, il l'avait enterré avec son fils.
-Attention c'est chaud ! Prévenait Sara en lui tendant une tasse fumante avant de s'assoir à ses côtés.
-Merci Sara. Il en bu un gorgé puis regarda dans le vague. Je n'aurais pas dû venir. Je m'excuse.
Sara soupira, elle avait espéré, ce jour où il viendrait à sa porte pour enfin parler. Elle y avait cru et c'était encore une fois trompé. Bien alors si lui refusait de parler, il allait écouter. Il entendrait tout ce qu'il n'avait pas voulu écouter à l'époque. Elle ne laisserait pas passer sa chance.
-Si tu savais comme j'ai attendu…Souffla-t-elle en regardant son ex-mari
Jack se retourna vers elle. Elle haussa la voix plus que souhaité.
-J'ai attendu que tu viennes me revoir pour me dire, je suis désolé ou je veux qu'on revive ensemble, enfin quelque chose. Je voulais simplement que tu me parles.
-Tu es en colère contre moi ? Demanda-t-il incertain du ton de Sara.
-En colère ? Contre toi ? Non je ne suis pas en colère. S'offusqua-t-elle
-Mais tu l'étais ?
-Quand ?
-Quand Charlie est mort. C'est pour ça que je suis parti.
Sara se leva de la balancelle, alors celle-ci elle ne s'y attendait pas
-Tu n'as pas le droit de dire ça ! Tu es parti parce que tu croyais que je t'en voulais ? Non mais je rêve. Ses yeux s'embuèrent. Tu essais de dire que c'est ma faute ?
Jack soupira, il n'aurait pas dû venir la voir, rouvrir ses plaies. Voilà maintenant qu'elle pensait qu'il l'accusait de l'échec de leur relation
-Non ! Comment peux-tu croire que c'est ce que je pense ?
-Pourquoi tu ne m'as rien demandé ? Il suffisait d'en parler !
- J'aurais dû c'est vrai ! Et je ne l'ai pas fait. Il plongea son regard dans le sien et y lût de la surprise. Elle ne devait pas s'attendre à e qu'il l'admette aussi vite. A son tour de dire la vérité pensa Jack. Alors tu étais en colère ?
- Non !
Jack pencha la tête sur le côté, cherchant au plus profond d'elle la vérité.
-D'accord oui je l'ai été. Avoua-t-elle en détournant le regard de son ex-mari, peu fière de ce sentiment. Qu'est-ce que tu espérais ? Ça s'est passé dans notre maison avec ton arme.
A ses mots Jack baissa la tête, tel le coupable d'un crime, essayant avec difficulté de garder la face devant Sara. Celle-ci se posa à ses côtés et délicatement prit le visage de Jack entre ses mains pour le tourner vers elle. Elle posa son front contre le sien.
-Je sais que tu te sens responsable mais si tu t'étais confié à moi, au moins une fois. Si tu avais ôté cette maudite carapace. Nous aurions pu nous aider.
-Je le comprend à présent, si tu savais comme je m'en veux de ne pas t'avoir donné ce dont tu avais besoin.
Il embrassa la paume de la main qui se trouvait sur sa joue. Quand il regarda derrière elle il aperçut une petite tête blonde derrière la fenêtre. Sara se retourna et celle-ci disparût rapidement.
-Comment s'appelle-t-il ?
-Will. Je lui avais pourtant demandé de monter dans sa chambre.
-Non ne t'inquiète pas je suis heureux pour toi. Il regarda de nouveau son ex-femme. Tu sais je me suis souvent demandé, et si…Et si j'avais fait les choses correctement est-ce que nous aurions eu un autre enfant ?
Sara s'éloigna rapidement, comme si soudainement être à ses côtés était une torture. Elle se leva pour mettre plus de distance entre eux.
-Sara ? L'interpella Jack, surpris de son changement de comportement.
-Tu devrais rentrer maintenant. Répondit-elle sèchement.
Il se leva et lui attrapa le bras.
-Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Il l'implorait du regard de lui dire ce qu'elle lui cachait.
Les larmes coulaient à présent le long de ses joues. Jack fût surpris, pourquoi pleurait-elle ?
-Je suis désolée ?
-De quoi ?
-Je n'avais pas la force d'assumer. Tu étais parti et j'étais seule. Je devais l'abandonner ! Tenta-t-elle de le convaincre.
-Qui ça elle ? Son instinct était en alerte, il n'allait pas aimer sa réponse. Non impossible, elle n'était pas en train de lui annoncer ce qu'il pensait.
-Notre fille…confessa-t-elle.
Jack eu un moment de recul tant le choc de l'annonce fût puissant. La révélation le frappa comme un coup de poing, le laissant sans voix.
- Comment as-tu pu ? Où est-elle ? Comment s'appelle-t-elle ? Tu lui as parlé de moi. Tout se bousculait dans sa tête. Puis un éclair de colère surgit dans son regard.
- Il l'a élevé à ma place ? Ragea-t-il en pointant du doigt son nouveau mari a l'intérieur de la maison.
- Non ! J'ai pris la décision de le faire adopter. J'ai fait ce que je pensais le mieux pour nous deux.
- Pour nous ou pour toi ? L'accusa-t-il.
- Tu es injuste. C'est toi qui es parti
-J'avais besoin de temps et toi tu m'as quitté !
-J'avais besoin de toi et tu as préféré une mission plutôt que ta femme ! Se défendit-elle.
Le monde de Jack s'effondra autour de lui. Une vague de colère, de tristesse et de confusion l'envahit. Il avait toujours cru que leur histoire s'était arrêtée avec la mort de Charlie, mais il réalisait maintenant qu'il y avait eu un autre chapitre, un chapitre dont il n'avait jamais eu connaissance.
-Tu m'as privé d'une partie de moi, Sara. dit-il, sa voix teintée de chagrin. J'aurais voulu savoir. J'aurais voulu être là.
