Qui est revenue d'entre les morts pour publier la suite d'un one-shot posté y'a 8 ans ? C'est moi...
Comme l'a dit Taylor Swift : honey i rose up from the dead i do it all the time
Vous devez cette fic à la best des best j'ai nommé Catharshizaya, qui a fait un pacte avec moi : elle regardait l'intégralité de la série Yellowjackets et en échange je terminais la suite de ma fic kuroshou inspirée du diable s'habille en prada. Si vous savez pas de quoi je parle vous pouvez chercher "le serpent s'habille en prada" sur mon profil, c'est quand même utile pour avoir le contexte de cette fic !
Comme ça ne serait pas une vraie note d'auteur made in Aeliheart974 si je ne racontais pas ma vie, je suis très heureuse de vous dire qu'en postant ma première fic kuroshou je me suis faite 3 amies incroyables j'ai nommé liuannes, Catharshizaya et eating-flowers et tout ça c'est grâce à ce ship merveilleux. Amen. Imaginez écrire une fic random en 2017 et 8 ans plus tard réserver un vol pour le Japon avec votre bestie que vous avez connu grâce à votre amour pour le kuroshou... juste imaginez ... Bref tout ça pour dire qu'il faut DM vos auteurs préférés you never know. On passe littéralement toute notre vie ensemble depuis tout ce temps i can't make this shit up
anyway c'est pour Catharshizaya avec qui je vais prochainement passer 15h dans un avion mais aussi pour VOUS qui m'avez encore en notif ffnet (probablement) j'espère que ça vous fait plaiz de revoir du kuroshou en 2025 ! j'en ai encore dans mes placards mais i won't make promises i can't keep lol
Le chat s'habille en Prada
La première fois que Kuroo avait mis les pieds dans cet appartement en plein cœur des beaux quartiers, il avait manqué de se perdre dans le dédale de pièces. Armé d'une pile de dossiers aussi massive que l'égo de son patron, il avait désespérément ouvert plusieurs portes à la recherche de la fameuse «table avec des fleurs» sur laquelle il devait la déposer, avant de repartir sans que Daishou ne s'aperçoive de sa présence. Miya avait été formel: si Daishou trouvait les dossiers ailleurs que sur cette table, il entrerait dans une colère noire.
«Il m'a frappé avec une agrafeuse, quand je me suis trompé. J'ai encore la cicatrice.»
Malheureusement pour Kuroo, il y avait bien plus qu'une seule table sur laquelle son taré de patron posait des vases regorgeant de fleurs. Ce qui avait évidemment mené au fait qu'il avait ouvert la porte de son salon par erreur et l'avait trouvé en train de se vernir les ongles des pieds, vêtu de rien d'autre qu'un peignoir en satin vert foncé.
Heureusement – ou malheureusement, cela dépendait des jours – Kuroo n'avait plus à se préoccuper de savoir où il poserait ces dossiers, car il lui arrivait souvent de rentrer avec Daishou. En revanche, expliquer au reste de ses collègues pourquoi il était en retard certains matins sans que Daishou lui hurle dessus était une autre question.
Ce matin en particulier, alors qu'il dormait à poings fermés dans un lit immense et si confortable qu'il semblait être rembourré avec l'intérieur d'un nuage particulièrement doux, Kuroo ne savait pas quoi raconter à Oikawa lorsqu'il lui téléphona à 7 heures du matin.
— Allô? marmonna t-il d'une voix ensommeillée. T'as vu l'heure?
— Rien a foutre, rapplique au bureau tout de suite. Et prend nous des cafés. Daishou a avancé notre réunion pour l'édito.
Kuroo se retourna vers ce dernier, dont les bras l'enlaçaient possessivement, et qui semblait n'avoir aucune envie de bouger.
— Il a fait quoi?
— J'ai fait quoi, murmura Daishou, contre la nuque de Kuroo.
— T'es sourd ou quoi? s'agaça Oikawa.
— Dis lui d'aller se faire foutre, marmonna Daishou.
— Très bien, j'arrive, répondit Kuroo. A tout de suite Oikawa.
Kuroo avait à peine amorcé un geste pour se lever que Daishou se colla un peu plus contre lui pour l'en empêcher.
— Tu l'as entendu, soupira Kuroo, tentant d'ignorer le souffle qui chatouillait son cou. Il m'attend.
— Qui lui donne des ordres, à ton avis? ricana Daishou.
Kuroo haussa les épaules.
— Je sais pas mais apparement cette personne a avancé sa réunion pour l'édito.
— Et al-
Le téléphone de Daishou se mit à sonner à son tour et il soupira d'agacement avant de décrocher.
— Ouais, Oikawa. Non, tu me décales la réunion de vingt minutes. Je m'en fous. Tu le fais, c'est tout.
Kuroo profita d'avoir détourné son attention pour l'embrasser dans le cou.
Chacun son tour.
— Ok, disons quarante, murmura Daishou en fermant les yeux.
Kuroo entendit vaguement Oikawa protester dans le combiné, mais Daishou lui raccrocha au nez bien rapidement avant de passer une main dans ses cheveux pour l'embrasser furieusement.
Cette fameuse réunion édito eut lieu très exactement une heure plus tard que prévu et étant donné que Daishou était le plus en retard des deux, personne n'osa s'en plaindre. Kuroo avait pris soin de partir avant lui et avait servi à Oikawa une histoire très convaincante d'altercation avec un SDF dans le métro.
Kuroo ne s'expliquait vraiment pas que le reste des employés de RUNWAY n'aient toujours rien deviné de sa liaison avec leur patron. Qu'il s'agisse des regards qu'il lui lançait parfois à travers la pièce, sans écouter un traitre mot de ce que disait la personne qui exposait ses idées à cet instant, ou de toutes ces fois où ils étaient montés dans le même taxi alors que Daishou se moquait en général de savoir comment ses assistants allaient d'un endroit à un autre, ils devaient être aveugles.
Il fallait avouer qu'ils prenaient tout de même soin de le cacher, mais Kuroo avait du mal à croire que quelqu'un d'aussi observateur et perspicace qu'Oikawa n'ait toujours rien remarqué. Atsumu était stupide alors ça n'avait rien d'étonnant, mais il n'en était pas de même pour le styliste. Que leur auraient-ils dit, de toute façon? Lui-même n'avait pas su ce qu'il y avait réellement entre Daishou et lui pendant des mois.
Lorsque Kuroo lui avait demandé, après l'avoir attendu chez lui près de trois heures, ce que leur relation était à ses yeux, il avait été très étonné que Daishou lui réponde qu'il n'avait jamais été aussi sérieux à propos d'une relation depuis des années. Et que s'il voulait être autre chose que son petit-ami, il pouvait retourner dormir dans son appartement miteux. Ce qui, en langage Daishou, voulait sans doute dire l'équivalent de je t'aime bien, ce qui suffisait amplement à Kuroo. Pour le moment.
Les tabloids se seraient fait un plaisir de le suivre partout s'ils avaient officialisé leur relation, mais Kuroo n'entendait pas vivre de cette façon toute sa vie. Il préférait se dire que tout ça pouvait attendre. Notamment après l'échéance de sa première année en tant qu'assistant de Daishou. Après tout, il n'entendait pas occuper ce poste toute sa vie, loin de là, même si Daishou était considérablement moins odieux avec lui depuis qu'ils sortaient ensemble. Ce qui ne signifiait pas non plus qu'il était devenu agréable – Miya et Oikawa n'auraient pas eu d'autre choix que de se poser des questions, à ce stade.
Kuroo s'était presque attendu à ce que Daishou lui propose un autre poste à la seconde où l'anniversaire de sa date d'entrée à RUNWAY, arriverait, mais il s'était lourdement trompé. Son patron – et petit-ami – semblait à peine s'en souvenir, et lorsque Kuroo le lui avait fait remarquer, il s'était contenté de lui dire «dis à mon assistant d'aller t'acheter des fleurs. Ah mais suis-je bête, c'est toi mon assistant…»
Kuroo l'avait compris comme un ne t'attends pas à avoir droit à un traitement de faveur sous prétexte qu'on couche ensemble. Ce qui était parfaitement normal, après tout. Même s'il avait passée une année entière à se tuer à la tâche et qu'il avait parfaitement conscience d'avoir fait ce travail mieux que n'importe qui d'autre.
Il pouvait se montrer patient. Surtout qu'il se montrait un peu moins exécrable qu'au début de son job.
Cependant, lorsqu'un an et cinq mois après son entrée à RUNWAY, Kuroo reçut une proposition d'entretien chez Vogue, un dilemme s'imposa à lui. Devait-il attendre que Daishou se décide à lui proposer un job du même acabit chez RUNWAY, ou aller à cet entretien pour tâter le terrain?
Miya dû remarquer son air pensif car il le fixa derrière son ordinateur avant de lui lancer:
— On peut savoir ce que t'as?
— Le nouveau sac Marc Jacobs est en rupture de stock. Je suis dévasté, soupira t-il d'un air faussement déçu.
— Quoi? s'écria Miya. Pas possible. Je connais quelqu'un là bas, il devra forcément m'en réserver un…
Il se leva de son bureau, téléphone en main, l'air plus paniqué que la fois où il avait oublié d'acheter la nourriture de Nagini, le serpent domestique de Daishou. Miya allait sans doute l'étriper lorsqu'il se rendrait compte qu'il avait menti, mais c'était un problème pour plus tard. Il venait de donner à Kuroo dix minutes de plus pour réfléchir à la proposition du chargé de recrutement de Vogue.
La rédactrice en chef avait apparement entendu parler de ses talents et souhaitait lire quelques uns de ses articles avant un potentiel entretien. Kuroo se demandait bien qui avait pu lui en parler, mais il n'allait certainement pas cracher sur une occasion pareille. Décidant qu'il en parlerait à Daishou quand l'occasion se présenterait, il répondit au mail des ressources humaines de Vogue en annonçant qu'il se présenterait pour leur entretien une semaine plus tard.
— Hé, Kuroo.
Kuroo sursauta et manqua de faire tomber sa tasse de café en voyant Daishou se pencher au dessus de son bureau.
— Ça va? s'enquit Daishou en haussant les sourcils. Tu m'as pas entendu t'appeler.
— Désolé, sourit Kuroo en fermant hâtivement la fenêtre contenant le mail de Vogue. Je suis un peu fatigué.
— Prend de la coke, Miya en a dans son tiroir.
Devant l'air perplexe de Kuroo, un sourire étira les lèvres de Daishou.
— Je déconnais. On déjeûne ensemble à midi?
Kuroo fut incapable de réprimer le sourire qui s'épanouit sur son visage. Si Miya s'était trouvé dans la pièce à cet instant précis, Daishou lui aurait simplement ordonné de se lever pour le suivre. Mais étant donné qu'il n'était pas là, personne ne pouvait voir le sourire que Daishou lui adressait, ni la promesse du déjeûner romantique qui les attendait.
— Avec plaisir, répondit-il en éteignant son écran. Où est-ce qu'on va?
— Près de Central Park. J'ai réservé.
Pendant que Daishou allait chercher son manteau, Kuroo resta figé sur place une bonne dizaine de secondes. Daishou ne réservait jamais lui-même au restaurant. En général, il demandait à Kuroo ou à Miya de s'en charger.
— Tu te bouges? bâilla Daishou après avoir enfilé le dernier manteau de la collection hiver de Prada.
Il lui allait divinement bien. Comme à peu près tout ce qu'il choisissait.
— J'arrive, répondit Kuroo en réprimant un sourire.
Ces derniers temps, la seule chose qui faisait réellement défaut à Kuroo était de pouvoir ne serais-ce que prendre la main de Daishou sans risquer qu'un quelconque journaliste les aperçoive. Ces derniers étaient déjà suffisament sur son dos comme ça. Pour le reste du monde, Kuroo était son assistant et rien d'autre. Et bien que Kuroo ait longtemps cru qu'il en allait de même pour Daishou, il lui avait maintes fois prouvé que ce n'était pas le cas.
Ils déjeûnèrent à une charmante terrasse et Kuroo ne trouva pas une seule fois le courage de lui parler de son entretien.
— J'ai quelque chose à te dire, finit par lui lancer Daishou une fois qu'ils eurent terminé le dessert.
— Je t'écoute, répondit Kuroo, en faisant en sorte de masquer la tension qui s'était soudainement emparée de tous ses membres.
Peut-être avait-il eu raison de ne pas lui parler de son entretien. Après tout, il était possible que Daishou ait enfin décider de lui proposer un autre poste. Il avait bien fait d'attendre.
Daishou croisa les mains sous son menton et étudia Kuroo du regard.
— Je dois aller voir mes parents dans trois semaines.
Perplexe, Kuroo arqua un sourcil.
— Je sais, c'est moi qui ai réservé tes billets d'avion.
— Je voudrais que tu viennes avec moi.
Kuroo s'était attendu à tout, mais pas à une chose pareille. Daishou voulait qu'il rencontre ses parents? Le souffle coupé, il ne sut quoi répondre pendant près de trente secondes, qui durent paraître une éternité à Daishou, puisqu'il s'empressa d'ajouter:
— Seulement si tu en as envie.
— Bien sûr que j'en ai envie, répondit Kuroo au quart de tour. Je m'attendais vraiment pas à ça, c'est tout.
Il sourit à Daishou, dont l'expression était difficile à lire derrière ses lunettes de soleil. Il se pencha pour les lui enlever.
— Ce serait avec plaisir.
Daishou détourna le regard, mais il ne pouvait pas lui cacher son sourire.
— Pourquoi maintenant? lui demanda Kuroo.
Daishou haussa les épaules.
— Ça fait presque un an qu'on sort ensemble. J'y réfléchis depuis un moment.
— Ça passe vite, commenta Kuroo.
Même si le temps lui semblait long ces derniers temps, à force d'attendre une nouvelle opportunité. Mais rien n'aurait pu lui faire plus plaisir que l'idée de rencontrer la famille de Daishou. Cette idée ne lui avait encore jamais effleuré l'esprit.
— Ecoute, reprit Daishou. Je sais que c'est pas simple de sortir avec moi pour un nombre de raisons évidentes. J'en ai assez qu'on s'inflige ça. Mais je veux d'abord en parler à ma famille, qu'ils n'apprennent pas avec qui je sors dans les tabloïds.
Kuroo posa une main sur la sienne.
— C'est vraiment ce que tu veux?
Daishou acquiesça.
— Absolument.
Kuroo n'aurait pas pu avoir le cœur plus léger qu'à cet instant précis. Ils se promenèrent dans Central Park avant de rentrer au siège de RUNWAY, et cette fois ci, la frustration de ne pas pouvoir saisir sa main et l'embrasser au milieu d'une allée fut grandement atténuée par l'idée qu'il pourrait très bientôt le faire.
Une autre solution s'imposa à lui. S'il acceptait ce poste chez Vogue, personne ne remettrait en cause la manière dont il avait bâti sa carrière. Il ne serait pas le petit-ami du rédacteur en chef de RUNWAY pour le restant de ses jours. Sans compter que les bureaux de Vogue étaient à peine à deux rues. Ca ne changerait pas grand-chose – même s'il avait fini par s'habituer au caractère de ses collègues de RUNWAY.
— A quoi tu penses? lui lança Daishou une fois dans l'ascenseur. T'as rien dit depuis qu'on a quitté le restaurant.
Sans crier gare, Kuroo l'embrassa comme il en avait eu envie depuis des heures déjà.
— C'est à ça que je pensais.
— T'es malade, murmura Daishou.
— Personne n'ose jamais prendre l'ascenseur quand ils te voient monter dedans, ricana Kuroo. Embrasse moi.
Daishou leva les yeux au ciel mais s'éxécuta sans plus de protestations.
Le hall d'entrée de Vogue était au moins aussi impressionnant que celui de RUNWAY. Dans un style différent. Là où Daishou exigeait d'avoir des tableaux et des bouquets de fleurs partout, la personne qui avait décoré ces bureaux était visiblement friande de marbre beige et de statues étincelantes. Kuroo s'en moquait complètement, tant qu'on lui proposait un travail qui ne consistait pas à aller chercher des serpents tous les jeudis ni à s'en occuper quand Daishou partait en voyage d'affaires.
Il avait vingt minutes d'avance et donc largement le temps d'étudier toute la décoration ainsi que les employés qui passaient. Leur réceptionniste semblait bien plus aimble que celle de RUNWAY, mais d'un autre côté, Kuroo n'avait pas débarqué à cet entretien là habillé n'importe comment. Il n'avait nul doute sur le fait que les gens l'auraient regardé très différement s'il s'était présenté de la même façon que lors de son arrivée à RUNWAY, un an et demi plus tôt.
— Madame la directrice va vous recevoir, lui fit savoir la réceptionniste alors que Kuroo était occupé à regarder son reflet dans un vase. Veuillez me suivre.
L'employée l'emmena à travers un couloir où les murs alternaient entre fresques abstraites et miroirs, jusqu'à un bureau qui était au moins aussi grand que celui de Daishou. La vue qu'il apercevait derrière la baie vitrée n'avait rien à envier à la sienne non plus.
En revanche, la vue était loin d'être comparable à la rédactrice en chef de Vogue, qui était encore plus élégante que sur les photos que Kuroo avait vues d'elle. Le soleil de ce début d'après midi allumait des reflets cuivrés dans ses cheveux bruns. Kuroo se demanda brièvement si tous les rédacteurs en chef de grands magazines avaient ce regard terrifiant qui lui donnaient l'impression qu'ils allaient le dévorer tout cru.
— Bonjour, lui lança Mika Yamaka. Merci à vous d'être venu.
Kuroo lui serra la main et pris place dans le fauteuil en cuir qui faisait face à son bureau.
— Vos chaussures, remarqua Kuroo. C'est la dernière collection Marc Jacobs, pas vrai?
Mika haussa les sourcils et considéra Kuroo avec un sourire.
— Vous avez l'œil.
— Seulement un collègue qui m'en parle du matin au soir. Merci à vous de m'avoir fait cette proposition.
— C'est bien naturel. Je n'ai entendu que des éloges concernant Kuroo Tetsurou, l'assistant de Suguru… Normal que j'ai envie de le lui piquer.
Suguru? pensa Kuroo. Il n'avait pas le souvenir que Daishou lui ait un jour parlé d'elle. Mais en y repensant, il connaissait une quantité assez impressionnante de grand noms de la mode.
— Vous connaissez mon patron? lança t-il en mettant un point d'honneur à garder une voix totalement neutre.
Mika croisa les jambes et fit légèrement tourner son fauteuil pivotant, un sourire moqueur aux lèvres.
— Oui, on peut dire ça. Vous survivez, après un an et demi chez lui?
— C'est quelqu'un de très doué.
— Je le sais, acquiesça Mika. Mais je sais aussi qu'il peut se montrer…difficile.
Elle est gentille, pensa Kuroo. J'aurai plutôt dit insupportable.
— Quand on apprend à le connaître, ça devient beaucoup plus facile.
Mika inclina la tête sur le côté et entortilla une des mèches qui s'échappaient de son chignon sophistiqué autour de son index.
— Ah oui? D'aussi loin que je m'en souvienne, il n'avait jamais vraiment cherché à connaître ses assistants.
Kuroo déglutit. Il fallait qu'il change de sujet. Maintenant.
— C'est vrai, les gens ne s'éternisent pas à ce poste, en général.
— Vous y êtes depuis un an et demi.
Kuroo haussa les épaules.
— Le temps passe vite. Je dois dire que je me plais à RUNWAY alors je n'étais pas pressé de partir.
— Vous aimez avoir Suguru sur le dos toute la journée? s'exclama Mika en éclatant de rire. Là, y'a une arnaque, vous couchez ensemblec'est ça ?
Kuroo était presque certain que son cœur s'était arrêté de battre, jusqu'à ce que Mika éclate de rire devant son expression scandalisée.
— Me regardez pas comme ça, je plaisante, évidemment. Personne de sain d'esprit ne ferait une chose pareille.
Je vous le confirme, pensa Kuroo. Je prend rendez vous chez un psy dès que je sors d'ici.
— Je serai directe avec vous…commença t-elle, alors que Kuroo se demandait à quel moment elle ne l'avait pas été depuis qu'il était entré dans ce bureau. Une place se libère dans mon équipe, et vous êtes le premier sur ma liste. J'ai besoin de quelqu'un qui puisse s'adapter, et qui sache écrire convenablement. J'ai lu les articles que vous m'avez envoyés. C'est tout à fait ce que je cherche.
Kuroo acquiesça.
— Je suis flatté par votre proposition, mais vous devez savoir que même si j'ai beaucoup appris à RUNWAY, je suis loin d'être un expert en matière de mode.
Mika se leva de son bureau sans prononcer un mot et s'approcha de lui d'un pas lent, le détaillant sous toutes ses coutures. Tournant autour de son fauteuil comme une couturière qui chercherait une épingle, elle posa une main sur son épaule pour en toucher l'étoffe.
— Votre costume, c'est un Yves Saint Laurent? Et cette chemise…bien sûr, la dernière collection Kenzo. Vos chaussures viennent de chez Kenzo aussi.
Kuroo se racla la gorge et s'empressa de répondre avant qu'elle ne se mette à deviner la marque de ses sous-vêtements.
— Comme je vous le disais, j'ai appris un ou deux trucs.
Mika se rassit à son bureau et lui sourit d'un air convaincu.
— Vous vous sous-estimez. Tous les collègues de Suguru que je connais m'ont dit que vous vous étiez adapté à une vitesse fulgurante. Si on y rajoute vos impressionnantes qualités rédactionnelles et vos diplômes, vous me paraissez parfaitement qualifié.
Kuroo ne sut pas quoi lui répondre. Peut-être avait-elle raison.
— Mais peut-être que ce travail de vous intéresse pas, déclara Mika en croisant les bras. Si vous ne voulez pas quitter Suguru, je ne compte pas insister.
Kuroo considéra réellement la question pour la première fois. Daishou risquait de ne pas apprécier la nouvelle, au premier abord. Vogue était le premier concurrent de RUNWAY. Mais il prendrait le temps de lui expliquer les raisons de son choix, et en quoi c'était sans doute la meilleure solution pour eux deux. Mélanger travail et relations personelles ne fonctionnerait peut-être pas éternellement. Et la leur comptait beaucoup trop aux yeux de Kuroo pour qu'il prenne le risque.
— Vous le connaissez bien, n'est-ce pas? demanda t-il à Mika.
— Assez bien pour savoir qu'il risque de ne pas apprécier que vous partiez chez la concurrence.
— Je lui expliquerai. Mais je vous demanderai de bien vouloir ne rien lui dire, si vous le croisez. Je veux qu'il l'apprenne par moi.
— C'est élégant de votre part. Quand pouvez-vous me donner une réponse? Je n'attendrai pas éternellement. La Fashion Week à lieu dans deux mois, et je veux que vous m'y accompagniez si vous acceptez cet emploi.
Kuroo acquiesça. Miya ne parlait que de ça depuis des semaines. Savoir qu'il n'irait pas à cet évènement avec l'équipe de Daishou lui fit un pincement au cœur, mais c'était mieux que de risquer l'avenir de sa relation, et de laisser passer une opportunité telle que celle-ci.
— Combien de temps vous me donnez pour y réfléchir?
— Une semaine. Passé ce délai, si je n'ai pas d'appel de vous je considérerai que vous n'êtes pas intéressé.
— Merci, répondit Kuroo.
— J'espère vite avoir de nouvelles, lui dit Mika en le raccompagnant à la porte.
— Ne vous inquiétez pas, je ferai au plus vite.
— Réfléchissez bien.
Kenma haussa les sourcils lorsque Kuroo eut achevé son récit.
— Daishou va péter un câble, tu t'en rends compte?
— T'étais censé me donner du courage, soupira Kuroo.
— Désolé, avec moi t'auras que la vérité, déclara son meilleur ami. Même si je pense que tu devrais accepter ce poste.
Kuroo s'adossa à son fauteuil et soupira avec lassitude. Sa semaine avait été exténuante et il ne lui restait plus que trois jours pour donner sa réponse à Mika. En outre, il n'avait toujours rien dit à Daishou.
— C'est aussi ce que je pense, mais et si je me trompais? Si je devais simplement être plus patient en attendant que Daishou me propose un autre poste?
— Pourquoi tu lui demandes pas directement?
Kuroo secoua la tête.
— On sort ensemble. Je veux pas qu'il pense que je lui demande un traitement de faveur.
— Ça serait pas un traitement de faveur que de te donner un autre poste à ce stade. Mais c'est ce qui arrive quand tu sors avec ton patron.
— Peut-être que c'est toi qui a raison. Peut-être qu'il me dira de rester si je lui en parle.
— Et si vous vous disputez? Il se passera quoi si vous vous séparez et qu'il te jette dehors?
— Il ferait jamais ça.
Kenma fit la moue comme pour lui indiquer qu'il en doutait très fortement.
— Si tu le dis. Mais ça vous éviterait ce genre de problèmes si t'allais travailler chez Vogue.
— Et s'il le prend mal?
— Tu sortiras avec Mika Yamaka. Elle est mille fois plus belle que lui et elle n'a pas l'air aussi insupportable.
— Kenma.
— Réfléchis-bien.
Je ne fais que ça, songea Kuroo. Réfléchir.
Il n'eut pas le luxe d'y réfléchir beaucoup plus longtemps.
— Quand est-ce que tu comptais me le dire? lui demanda Daishou à la seconde où il passa la porte de son bureau le lendemain.
Kuroo connaissait cette voix et ce regard – il les avait affrontés pendant des mois lorsqu'il avait rejoint RUNWAY – ceux qui signifiaient, sans avoir besoin de l'aide d'une quelconque parole: tu me déçois.
— Hier soir, soupira Kuroo. Mais j'ai pas pu.
— Comment tu peux me faire ça, siffla Daishou. Vogue, sérieusement?
— Ça a vraiment de l'importance, que ça soit Vogue?
— A part le fait que c'est notre principal concurrent? Tout va très bien. Dans le meilleur des mondes.
— Je l'ai même pas encore accepté, ce poste, soupira Kuroo. On peut en parler calmement?
— Je t'écoute.
— Tu veux vraiment faire ça ici?
— La porte est fermée. Je me fous qu'ils nous voient nous disputer.
Kuroo haussa les épaules. Si c'était ce qu'il voulait…
— Tu penses pas que ça serait plus simple, nous deux, si je travaillais pas pour toi?
— C'est ça, le problème? T'as peur de ce que les gens vont penser de toi? Parce que dans cette industrie, tu pourras jamais échapper aux bruits de couloir.
— Ce poste dans l'équipe de Mika m'intéresse. Vraiment.
— Tu penses que j'aurai pas fini par te faire changer de poste?
— J'en sais rien, lui avoua Kuroo. Ca fait un bail que je suis là, quand même. Et tu n'évoques la question que parce que tu sais que je songe à aller ailleurs.
— Tu crois que je donnes des promotions à mes assistants pile un an après le début de leur contrat? Ça fonctionne pas comme ça.
Kuroo ne put s'empêcher d'être vexé par le ton qu'il avait utilisé pour formuler cette phrase, comme s'il n'était qu'un assisant parmis tant d'autres. Lui-même avait admis qu'il faisait mieux son travail que la majorité des autres.
— Ouais, et t'en a eu des milliers qui étaient comme moi, évidemment.
— Tu crois que t'es le premier à bien faire ton travail, Kuroo?
— Tu vois, en fait t'as pas vraiment envie de me le donner, ce job.
— T'as pas le droit de dire ça. T'as aucune idée de ce que je comptais faire ou pas. Aucune.
Kuroo soupira.
— Quoi qu'il en soit, ta réaction me fait penser que j'aurai raison d'accepter ce poste. Ca veut pas dire que ça doit changer quoi que ce soit entre nous, loin de là –
— Attends, l'interrompit Daishou. Tu crois que ça changera rien que tu me poignarde dans le dos pour aller travailler pour Mika?
— Suguru, Mika, dis-donc, vous êtes en guerre mais vous avez l'air de bien vous connaître. Je peux savoir ce qui se passe, exactement?
— Si tu songes à accepter ce job, Kuroo, sors de mon bureau tout de suite. Et sache que si c'est fini entre RUNWAY et toi c'est aussi fini entre nous.
— T'es obligé d'être aussi dramatique? Vraiment? Notre relation compte si peu que ça a tes yeux?
Daishou le fusilla du regard.
— Tu te fous de moi, là? J'allais parler de toi à mes parents. Je t'ai dit exactement ce que je ressentais et –
— Non, pas exactement, répliqua Kuroo.
Daishou enleva ses lunettes et s'essuya le front. Puis, lentement, il releva les yeux vers Kuroo et lui lança d'une voix glaciale:
— Dégage de mon bureau. Et ne te donne pas la peine de revenir si tu acceptes ce poste.
Kuroo songea un instant à répondre, mais Daishou l'en dissuada d'un geste de la main, exactement comme il avait l'habitude de le faire avec les gens à qui il n'accordait pas une once de considération.
Très bien, songea t-il. J'imagine que je travaille chez Vogue, maintenant.
— Tu vas où, comme ça? brailla Miya en le voyant attrapper sa veste.
— Travailler chez Vogue, rétorqua t-il. Salut.
Il n'écouta pas ses vociférations avant de s'engouffrer dans l'ascenseur, le cœur lourd.
Comment les choses avaient-elles pu dégénérer de cette façon?
Kenma l'avait prévenu, mais il avait tout de même espéré que Daishou le laisserait s'expliquer. Il le connaissait de toute évidence moins bien que ce qu'il pensait.
Une heure après avoir appellé Mika Yamaka pour lui confirmer qu'il acceptait le poste, Kuroo entendit la sonnerie de sa porte d'entrée. Il caressa un instant l'espoir de trouver Daishou derrière la porte, mais il n'y recontra que le regard furieux d'Oikawa.
Ce dernier entra dans son appartement sans y avoir été invité et pointa un doigt accusateur vers Kuroo.
— Toi. Est-ce que t'as une seule idée de ta connerie?
— Ah, super. soupira Kuroo en levant les yeux au ciel. Il t'envoie me faire la morale, bien joué.
— Il m'a rien dit du tout, siffla Oikawa.
— Alors qu'est-ce que tu fais là?
— T'as rien trouvé de plus intelligent d'aller travailler pour son ex?
Les paroles de Mika Yamaka lui revinrent en mémoire. Comment va Suguru? Et il habite toujours dans cet appartement?
Quel imbécile.
— Comment tu voulais que je le sache?
— T'aurais pu m'en parler.
— Ose me dire que t'aurais rien dit à Daishou.
— Tu me prends pour qui, Kuroo? Je sais bien que c'est mon patron et mon ami, mais je me serai pas mêlé de vos histoires.
— Et qu'est-ce que tu fais, actuellement?
— Tu me tapes sur les nerfs, tu le sais ça? Je suis venu t'expliquer à quel point t'as été stupide de faire ça.
— Je t'écoute.
— Le mois dernier, Daishou et moi on a parlé de la Fashion Week de cette année. Et il m'a dit qu'une fois qu'elle serait passée, tu prendrais la place de Shirofuku. Elle va travailler dans un autre service.
Kuroo ne répondit rien, assomé par la culpabilité.
— Comment tu voulais que je le sache, murmura t-il. Ca fait six mois que –
— T'aurais eu à attendre deux mois de plus. J'espère que t'es content de toi.
— Pas vraiment, non. Mais s'il m'avait seulement laissé m'expliquer…
— Vos petites histoires c'est pas mes affaires. Pour ce que ça vaut, il t'aimais beaucoup, sache le.
L'entendre utiliser le passé lui fit si mal qu'il manqua de passer à côté d'une information essentielle.
— Tu savais? murmura Kuroo.
Oikawa le regarda comme s'il avait le pire des demeurés en face de lui.
— Pitié, Kuroo. Je sais tout. Et vous n'étiez pas aussi discrets que ce que vous le pensiez. Je te le garantis. Bon courage chez Vogue. Tu passeras mon bonjour à Mika, elle me déteste.
Sur ces mots, il repartit aussi vite qu'il était arrivé.
En refermant la porte, Kuroo songea que puisque les choses pouvaient difficilement être pires, il ne lui restait plus qu'à faire ce qu'il savait le mieux faire: s'adapter.
Un mois après son arrivée chez Vogue, Kuroo avait très bien compris comment les choses fonctionnaient. Mika donnait des ordres, gentiment et avec le sourire, et les gens s'exécutaient avec autant d'empressement que les employés le faisaient chez RUNWAY quand Daishou leur hurlait dessus. Et s'ils avaient le malheur de la décevoir, elle se montrait bien plus intransigeante que Daishou, ce que Kuroo n'aurait jamais cru possible s'il ne l'avait pas vu de ses propres yeux.
Son assistant, Futakuchi Kenji, était une version légèrement moins insupportable de Miya, mais tout aussi sûre de lui et prompte à parler à Kuroo comme s'il était totalement stupide, et à tomber dans les pommes à l'annonce d'une collaboration entre ses deux marques préférées.
Quant au poste que Mika lui avait confié, il était infiniment plus intéressant que celui qu'il avait occupé chez Runway. Il suivait Mika et Futakuchi aux défilés et s'occupait de coordonner tous les évènements importants du magazine. Sans oublier que le salaire qu'il avait obtenu lui avait permis de déménager dans un appartement bien plus grand et près de son travail. Ça ne changeait rien à sa solitude lorsqu'il rentrait du travail, mais c'était toujours mieux que rien.
Les premières semaines, il avait essayé d'appeler Daishou un nombre incalculable de fois, sans obtenir la moindre réponse. Il fallait croire que les paroles d'Oikawa à propos de la patience ne fonctionnaient pas pour ce qui était de récupérer le cœur de son patron.
Kuroo ne regrettait pas sa décision d'accepter ce poste. Il regrettait simplement que les choses se soient passées de cette façon, et que Daishou ait refusé d'écouter ce qu'il avait à lui dire.
— Tu penses encore à ton ex? lui lança Futakuchi en le voyant fixer la vue par la fenêtre.
— Quelque chose comme ça, soupira Kuroo. Ça va me passer.
Futakuchi était doué dans beaucoup de domaines, mais se mêler de ses affaires n'en faisait pas partie. Kuroo avait fini par céder au bout d'une dizaines de déjeuners où ce dernier l'avait copieusement cuisiné pour savoir ce qui le rendait triste. Il n'avait en revanche pas besoin de savoir que son ex en question était le rédacteur en chef de RUNWAY.
— Il l'a mal pris, pas vrai? lui avait dit Mika lorsque Kuroo s'était présenté le premier jour.
— Je préfère ne pas en parler, avait répondu Kuroo. Mais oui, il était loin d'être ravi.
— Il s'en remettra, lui avait assuré Mika. On ira le saluer à la Fashion Week et on en rigolera.
La fameuse Fashion Week avait lieu dans un mois et Kuroo n'avait toujours aucune envie d'en rire. Les seules nouvelles qu'il avait eues de Daishou venaient de la presse à scandale – qu'il achetait comme le pathétique homme au cœur brisé qu'il était simplement dans l'espoir de savoir comment il allait.
Mais à part plusieurs photos de lui dans les «looks de la semaine» et un article agrémenté de photos de lui avec Oikawa à Paris, il n'avait rien appris de très intéressant. Ça n'avait rien d'étonnant: Daishou avait l'habitude que ces requins le suivent partout. Jamais il ne laisserait paraître la moindre émotion qu'il n'aurait pas volontairement voulu montrer au reste du monde.
Il aurait simplement voulu savoir s'il allait mieux que lui. Malgré la montagne de travail sous laquelle il était quotidiennement enseveli, chaque seconde de répit que Kuroo parvenait à trouver était passée à repenser à ce qu'il avait perdu. Daishou pensait-il à lui aussi souvent que l'inverse était vrai? Depuis son bureau surplombant Central Park, regrettait-il les mots qu'il lui avait jetés à la figure avant qu'il parte? Regrettait-il sa décision?
— Kuroo, j'ai besoin de toi, lui lança Mika en sortant de son bureau précipitamment.
Elle parvenait difficilement à mettre son manteau avec une seule main, l'autre tenant son sac à main qui pesait toujours une demi tonne. Kuroo se leva pour l'aider et elle le remercia par un sourire.
— Où est-ce qu'on va? demanda t-il en décrochant son propre manteau de la penderie derrière son bureau.
— Aux essayages Chanel. Je veux m'assurer que les tenues seront parfaites pour la séance photo de demain.
— Je vous suis.
Ce n'était visiblement pas aujourd'hui qu'il trouverait une autre minute pour se morfondre en pensant à son ex-petit ami.
La Fashion Week de New York était la semaine préférée de Daishou dans toute l'année. Il avait encore plus de travail que d'ordinaire et dormait encore moins, mais cette semaine à elle seule valait tous les sacrifices que sa carrière l'avait forcé à faire depuis le début. Tous les défilés les plus extraordinaires et toutes les personnalités les plus influentes du monde de la mode valaient bien quelques nuits blanches.
Cette année, en revanche, Daishou n'avait jamais été aussi peu enthousiasmé par l'idée de se rendre à la Fashion Week. Ces dernières semaines avaient été les plus horribles qu'il avai eues à vivre ces dernières années, mais il s'était accroché à l'idée que la Fashion Week lui remonterait le moral. Et pourtant, malgré l'approche grandissante de cette date, Daishou ne ressentait toujours rien d'autre que la profonde tristesse qui était devenu son quotidien depuis qu'il avait ordonné à Kuroo de quitter son bureau et de ne jamais revenir.
Et il n'était véritablement jamais revenu, parce que Daishou avait été trop lâche pour décrocher son téléphone à chaque fois qu'il avait essayé. Quelle ironie. En général, c'était plutôt les autres qui avaient peur de décrocher lorsqu'ils voyaient son nom s'afficher.
Il n'avait pas d'autre choix que de se ressaisir. S'il débarquait à la soirée d'ouverture de la Fashion Week avec cette tête de déterré, il était sûr et certain d'être le sujet préféré des tabloids. Il s'imaginait leurs titres sans le moindre mal. Le serpent en pleine déprime! Qu'arrive t-il à Daishou Suguru?
Oikawa frappa trois coups à la porte de sa chambre d'hôtel et Daishou se leva pour lui ouvrir avec un soupir agacé.
— Un problème?
Oikawa entra sans y avoir été invité et désigna Daishou de la tête aux pieds.
— Oui, faut que te secoues. La soirée d'ouverture est dans deux heures et t'es encore en peignoir.
— Comment tu le savais?
— Je sais tout. Va t'habiller.
— Depuis quand tu me donnes des ordres, siffla Daishou. J'ai le temps.
— Toi et moi on sait très bien qu'entre ton brushing et ta routine beauté, on est déjà en retard.
— Les gens ont l'habitude que j'arrive en retard, grogna Daishou. C'est la soirée d'ouverture, pas le défilé Chanel.
— On s'en cogne. Tu veux pas que Kuroo te voie avec cette tête là, si?
— J'en ai rien à –
— Epargne moi tes salades. Tu sais que s'il te manque tant que ça, il te suffit de l'appeler.
Daishou eut un rire sans joie.
— Tu penses tout savoir, pas vrai?
Oikawa croisa les bras et hocha la tête d'un air assez convaincu.
— Ouais, c'est bien ça.
— Tu te trompes. Tu crois qu'il suffit que je prenne mon portable et que je lui dise, oh Kuroo, je suis désolé de t'avoir foutu à la porte et d'avoir ignoré tes appels pendant deux semaines, pardonne moi?
— J'en sais rien, t'as qu'à essayer.
Daishou décida qu'il valait encore mieux qu'il aille s'habiller plutôt que de continuer à discuter avec un crétin tel qu'Oikawa. Même s'il avait peut-être raison.
La réception d'ouverture de la Fashion Week était tout aussi somptueuse que les années précédentes. Des chandeliers en cristal pendaient du plafond et tous les mannequins, stylistes et journalistes les plus éminents déambulaient dans des vêtements magnifiques avec une – voire deux - coupes à la main. Et comme c'était le cas depuis des années, tout le monde voulait serrer la main de Daishou Suguru, le rédacteur en chef de Runway. Ce dernier n'avait envie de voir personne, de discuter avec personne, et encore moins de s'extasier devant la décoration.
— C'est qui, lui? demanda t-il à Miya en avisant un mannequin démesurément grand qui s'approchait de lui à grands pas.
— Lev Haiba. Le frère d'Alisa Haiba, une mannequin russe qui –
— Je sais qui est Alisa Haiba, espèce de crétin.
Il s'empressa de saluer Lev avec toute l'hypocrisie qu'il lui était possible de fournir dans son état de nerfs et lui assura qu'il avait adoré son dernier photoshoot dans Vogue.
— En parlant de Vogue, dit Oikawa d'une voix nerveuse. On devrait peut-être s'éloigner parce que –
— Suguru! l'interpella une voix féminine qu'il aurait pu reconnaître entre mille.
Daishou se retourna lentement, le cœur battant, prêt à faire face à Kuroo pour la première fois depuis leur rupture. Cependant, Mika était seule, cette fois-ci. Où plutôt, accompagnée d'une femme blonde à l'air intimidée qu'il n'avait jamais vu. Vêtue d'une robe à paillettes magenta et d'un rouge à lèvres qui étincelait tout autant, Mika aurait pu faire de l'ombre à n'importe quel mannequin de dix ans sa cadette.
— T'as l'air déçu de me voir, dis-donc, le taquina t-elle. T'espérais que je sois avec Kuroo?
Cette sorcière lisait en lui comme dans un livre ouvert. Il se pencha pour lui faire la bise et haussa les sourcils.
— Kuroo? Tu peux me rappeller qui c'est?
— C'est ça, ricana Mika. Tu vas me dire que tu ne te souviens pas du nom de ton dernier assistant?
— A vrai dire, intervit Oikawa, avant-avant-dernier. Il a viré les deux derniers.
— C'était des incapables, marmonna Daishou.
— Tu changeras jamais, rit Mika. Je te présente Yachi, ma fiancée.
Daishou salua la dénomée Yachi, qui avait l'air d'être adorable. Exactement le genre à faire craquer Mika.
— Tu te fiances et tu préviens même pas tes vieux amis? s'offusqua Oikawa à la place de Daishou, alors qu'il n'était pas son ami.
— Ça fait à peine trois semaines, dit Yachi avec un sourire. Ne lui en voulez pas trop.
— T'es trop gentille de lui trouver des excuses, lui répondit Daishou. Bon courage à toi pour la suite, tu vas en avoir besoin.
Après un clin d'œil à Mika, Daishou s'éloigna avec Miya et Oikawa.
— Elle a des goûts variés, commenta Oikawa.
— Qu'est-ce que t'insinues? grogna Daishou.
— Qu'elle est sortie avec toi, puis avec une fille qui a l'air parfaitement innofensive. T'as dû la traumatiser.
— Crois moi, c'est plutôt l'inverse, ricana Daishou. Elle cache bien son jeu.
Daishou scanna la pièce entière à la recherche de Kuroo. Une coiffure comme la sienne ne devrait pas être très difficile à repérer et pourtant, il mit un moment avant de le reconnaître.
Accoudé à un bar, il semblait en grande conversation avec un homme qui devait avoir quelques années de moins que lui, vêtu d'un élégant costume d'une nuance très sombre de bleu-vert. Un sourire moqueur ne quittait pas ses lèvres tandis qu'il regardait l'ex-petit-ami de Daishou comme s'il s'agissait de son prochain repas.
Daishou donna un coup de coude à Oikawa.
— C'est qui, ce type qui drague mon mec?
— Futakuchi Kenji. Il travaillait chez Fashion Magazine l'année dernière, c'est l'assistant de Mika. Et aux dernières nouvelles, c'est toi qui l'a largué.
— C'est pas une raison.
— Ça marche. Continue à te morfondre, c'est comme ça que tu vas le récupérer.
Sur ces mots, Oikawa s'éloigna en direction du buffet.
— Où tu vas comme ça? siffla Daishou.
Oikawa se retourna, le regarda droit dans les yeux et lâcha:
— Boire. Tu devrais essayer, peut-être que tu te détendrais.
A côté de lui, Miya laissa échapper une exclamation scandalisée. Il était rare qu'Oikawa se permette de lui parler de cette façon. Après quelques secondes de silence, il posa une main sur l'épaule de Daishou.
— Vous voulez que j'aille vous chercher un verre?
Daishou se dégagea vivement et lui lança:
— Non, laisse-moi tranquille.
Après avoir demandé au bar leur cocktail le plus alcoolisé, Daishou se mit à la recherche d'un endroit tranquille. Un balcon, n'importe quel lieu qui lui permettrait de respirer. Il finit par repérer un balcon qui donnait sur la vue new-yorkaise, en retrait de la salle principale où avait lieu la soirée. Il s'accouda à la rambarde et laissa son regard se perdre au dela des gratte-ciels et des lumières étincelantes.
Il aurait dû être en train de serrer des mains et d'épanouir plus encore son réseau déjà conséquent. L'année passée, Oikawa et lui étaient restés jusqu'à cinq heures du matin à s'enfiler des margaritas avec une poignée de créateurs russes. C'était ce genre de moment qui définissait une année entière, le soleil d'un début de matinée sur la terasse d'une salle de réception.
Et pourtant il n'avait envie de rien de tout ça – seulement de rentrer dormir. Mais même cette perspective ne lui disait rien. Il ne trouverait probablement pas le sommeil, en sachant que Kuroo était avec cet espèce de bellâtre, plutôt qu'avec lui.
C'est toi qui l'a largué.
Pendant des années, Daishou avait tout mis en œuvre pour que les gens l'apprécient. Brique par brique, il avait construit son nom dans l'univers impitoyable de la mode. Serrer des mains dégoûtantes, sourire à des imbéciles, tout ça l'avait mené là où il était. Il s'en sentait parfaitement incapable ce soir. Ce qui était pourtant une seconde nature chez lui lui demandait désormais un effort colossal.
Le bruit d'une paire de talons le fit se retourner. Ses épaules se relâchèrent en aperçevant la fiancée de Mika.
— Ça vous dérange si je me joins à vous?
Daishou désigna son verre vide.
— Vu ce que j'ai bu, je risque de ne pas être de très bonne compagnie, mais c'est vous qui voyez.
Son rire, clair et mélodieux, lui rappela celui de sa sœur. A quand remontait la dernière fois qu'il avait appelé sa sœur? Sans doute quelques semaines auparavant, quand il avait dû prévenir sa famille qu'il ne les rejoindrai finalement pas pour les vacances.
Trop de boulot, je viendrai à Noël, avait-il dit, pour éviter les Quand est-ce que tu nous présentes quelqu'un, Suguru?
Tout ça aurait été au-dessus de ses forces.
— Qu'est-ce que vous faites là? Mika s'étonnait de ne plus vous voir à l'intérieur.
— Et elle vous a envoyé me parler? En se disant, Suguru ne se méfiera jamais de mon adorable fiancée?
Yachi fronça les sourcils et Daishou soupira.
— Je suis désolé. Mika aurait dû vous prévenir que je suis imbuvable.
— Mais ça ne vous empêche pas de boire comme un trou.
Sa blague le surprit tellement qu'elle parvint à le faire sourire.
— Bien vu.
Il regarda à nouveau la vue.
— Comment vous supportez tout ça? La foule, tous ces gens insupportables et prétentieux à qui Mika doit parler à longueur de journée…
— Et vous? lui lança Yachi à son tour.
— J'ai l'habitude.
— Mais vous vous êtes éloigné.
— Oui.
— Parce qu'il y a quelqu'un à l'intérieur que je ne supporte pas de regarder avec quelqu'un d'autre.
Il était grand temps qu'il arrête de boire, avant de dire d'autres choses qu'il n'avouerait jamais sous la torture en temps normal.
Yachi s'accouda à son tour à la rambarde et l'étudia du regard.
— Pourquoi vous êtes là, alors? Si vous n'en avez pas envie.
Daishou considéra la question. Pourquoi? Parce que l'élite du monde de la mode se trouvait sous ce toit, en train de boire ce champagne hors de prix. Parce qu'il avait choisi cette vie. Et parce qu'il était le rédacteur en chef de RUNWAY, et que son absence aurait fait désordre.
— C'est une très bonne question. Et vous?
— Parce que j'aime Mika, déclara simplement Yachi. Parfois, toute cette atmosphère me fait perdre mes moyens dont j'ai besoin de respirer, mais je m'y fais. Je savais à quoi m'attendre quand j'ai décidé de l'épouser.
Un sourire étira les lèvres de Daishou.
— Je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Si Mika y parvenait, pourquoi pas lui? Pourquoi avait-il décidé de tout gâcher?
— Cette personne que vous ne voulez pas voir avec quelqu'un d'autre. Vous devriez aller la voir, plutôt que de boire cet alcool dégoûtant.
— Vous avez raison.
Après environ trente secondes de réflexion, il se tourna vers elle d'un air parfaitement sérieux.
— Vous connaissez le numéro de la chambre de Kuroo Tetsurou, par hasard?
Yachi avait d'abord refusé – elle était parfaitement saine d'esprit, contrairement à Daishou, qui avait l'esprit légèrement embrumé par la triple vodka martini qu'il avait avalée avant de quitter la réception. Puis il lui avait avoué, dans un accès de faiblesse absolument pathétique, qu'il était follement amoureux de Kuroo et qu'il fallait qu'il répare les choses, et elle avait craqué.
Kuroo n'était nulle part, et il fallait absolument que Daishou lui parle. Même s'il ne séjournait pas dans le même hôtel, même s'il n'avait dit à personne où il allait et qu'Oikawa l'égorgerait sans doute de sang froid le lendemain matin.
La réceptionniste fut plutôt facile à convaincre. Après tout, lui promettre de glisser son CV aux ressources humaines de RUNWAY l'avait rendue beaucoup plus encline à le laisser passer bien qu'il n'aie aucune clé provenant de l'hôtel.
Il se dirigea vers l'ascenseur et appuya sur l'étage correspondant à celui que Yachi lui avait indiqué. Mais une seconde avant que la porte ne se referme, il entendit le bruit caractéristique du flash d'un appareil photo. Un photographe se précipitait vers l'ascenseur.
Fort heureusement pour Daishou, il ne parvint pas à l'atteindre à temps. Le choc le fit dessaouler quasiment immédiatement.
Il n'avait plus le temps d'y réfléchir. Ce journaliste ne mettrait pas longtemps à le retrouver. Il se précipita vers la porte de la chambre indiquée par Yachi et tambourina de toutes ses forces dessus.
— Kuroo! s'écria t-il sans une once de dignité. Ouvre moi!
Une poignée de secondes plus tard, la porte s'ouvrit sur le visage médusé de Kuroo. Daishou s'engouffra à l'intérieur et referma aussitôt la porte, le cœur battant.
— Bonsoir. déclara t-il très dignement.
Kuroo l'observait toujours d'un air incrédule, comme s'il se demandait s'il n'était pas le fruit de son imagination.
— Qu'est-ce qui se passe?
Daishou soupira et colla son œil contre le judas de la porte. Il était arrivé pile à temps, car le journaliste remontait le couloir. Daishou fit signe à Kuroo de ne pas faire de bruit et de se rapprocher.
— Tu m'expliques? murmura Kuroo après avoir regardé à travers le judas. C'est qui, ce type?
— J'en sais rien, un journaliste. Il me suit depuis que j'ai quitté la fête. Je…excuse moi. Je m'en irai dès qu'il sera parti.
Kuroo haussa les épaules. Loin de la foule, il paraissait bien plus fatigué.
— T'es pas obligé, soupira t-il avec un demi-sourire. C'est pas comme si on avait jamais dormi dans le même lit.
Daishou aurait voulu pouvoir répliquer quelque chose. Expliquer ce qui l'amenait. Où étaient passées toutes ces choses qu'il avait voulu lui dire depuis ces dernières semaines?
Il était comme paralysé. Kuroo lui servit un verre d'eau, comprenant sans doute qu'il lui faudrait quelques instants pour reprendre ses esprits.
— Oikawa m'a dit que je te manquais, dit cet enfoiré de Kuroo.
Daishou termina son verre d'eau cul sec avant de déclarer:
— Oikawa devait apprendre à fermer sa gueule.
Kuroo n'avait visiblement pas envie de parler d'Oikawa.
— Tu me manques aussi, tu sais.
Daishou retint un grognement. Pourquoi tout cela était-il si facile pour lui?
En le dévisageant à nouveau, Daishou se rendit compte de son erreur. Au vu de l'expression de Kuroo, il n'avait pas été le seul à souffrir ces dernières semaines.
— Daishou, murmura t-il. Pourquoi t'es venu jusqu'ici?
Daishou posa son verre vide sur la table.
— Parce que j'en ai plus qu'assez de ne penser qu'à toi du matin au soir. Tu sais le nombre de choses que j'ai à faire dans une journée? D'habitude les gens ne me manquent pas. Donc –
Kuroo haussa les sourcils.
— Donc?
Daishou laissa échapper un soupir exaspéré comme si Kuroo venait de lui demander d'épeler Dolce & Gabanna. Il était peut être le pire petit-ami et le pire patron du monde, mais Kuroo était le pire liseur de pensées de toute la planète.
— J'aurai jamais dû te dire de dégager, ni ignorer tes appels. J'étais tellement en colère que…je me suis dit que ça irait. Que comme d'habitude, je m'en remettrais. Mais toi, poursuivit t-il en pointant un doigt accusateur en direction de Kuroo, toi…
— Moi, l'encouragea Kuroo les bras croisés, avec un léger sourire aux lèvres.
— Toi, je n'arrive pas à t'oublier. Et là, ce soir, c'était encore plus insupportable que d'habitude. Parce que je savais que t'étais pas loin. Et que j'ai vu cette pétasse de Futakuchi te draguer. Et aussi parce que je suis assez con et assez bourré pour demander à la copine de Mika quel est le numéro de ta chambre. Et –
Kuroo se pencha et ses lèvres effleurèrent les siennes. Lentement, d'abord, jusqu'à-ce que Daishou passe ses mains derrière sa nuque pour lui rendre son baiser.
— Quand je t'ai dit de dégager de mon bureau, je voulais pas dire pour toujours, bredouilla Daishou.
— Et moi j'aurai dû te parler de ce poste avant, répondit Kuroo. Je voulais pas que tu soies obligé d'avoir peur des journalistes à chaque fois que tu sors de chez toi, c'était –
— Embrasse moi, grogna Daishou.
— On devrait arranger les choses entre nous d'abord, non? suggéra Kuroo, tout en regardant sa bouche.
— C'est très simple, dit Daishou en lui caressant la joue. Tu peux travailler chez la sorcière si ça te chante. Et quand tu finiras par réaliser qu'elle est pire que moi en réalité, j'accepterai de te donner le poste que tu veux à condition que tu te mettes à genoux.
— Très bien, ricana Kuroo. Et pour nous deux?
— On part au ski cet hiver chez ma famille. Non négociable. Maintenant enlève cette affreuse chemise.
Sa chemise était loin d'être affreuse, mais personne n'avait besoin de le savoir.
Lorsque le portable de Kuroo sonna le lendemain matin, Oikawa lui dit d'un ton très calme:
— Bonjour Kuroo. Passe-moi Daishou, s'il te plaît.
Kuroo était trop fatigué pour se demander comment Oikawa avait deviné ce que Daishou faisait dans son lit. Avant même qu'il ne réponde, Daishou lui prit le téléphone des mains.
— Quoi?
Kuroo n'entendit pas ce qu'Oikawa disait, mais il reposa sa tête sur son oreiller. A ce stade, il n'était même pas sûr de vouloir savoir.
— J'applique tes conseils, comme tu peux le constater, rétorqua Daishou. Ouais. Non. Pas celle là. Non, tu te débrouilles. A plus. Non, on se retrouve pour le défilé Valentino. Encore une fois, c'est pas mon problème. C'est ça. Bye.
Il rendit son téléphone à Kuroo avant de pester:
— Depuis le temps on pourrait croire qu'il aurait appris à se débrouiller tout seul…
Kuroo se pencha pour l'embrasser.
— C'est officiel, alors?
— Oui, murmura Daishou. Il était temps. Maintenant on va enfin avoir la paix.
Le téléphone de Daishou choisit cet instant précis pour sonner à son tour. Il poussa un soupir exaspéré avant de le récupérer sur sa table de chevet et de répondre tout aussi poliment qu'à Oikawa:
— Quoi, encore?
— Passe moi Kuroo, lui dit Mika à travers le haut-parleur. J'ai besoin de lui.
— C'est une blague. Appelle le toi-même.
— Je n'ai pas besoin de lui, je voulais juste vérifier une hypothèse. Bien joué, Suguru. Je te défends de me le piquer, par contre.
— C'est toi qui me l'a piqué en premier.
— Eh, c'est le jeu.
— Va rôtir en enfer.
— Je t'aime aussi. On se voit au défilé.
Daishou jeta son téléphone à travers la pièce.
— Où en étions nous?
— Tu disais à ma patronne d'aller rôtir en enfer, il me semble.
— C'est notre façon à nous de communiquer. Embrasse-moi.
Comme toujours, Kuroo s'exécuta.
ET VOILA !
J'ai encore une anecdote avant de vous laisser enfin tranquilles. Quand Daishou dit "D'habitude les gens ne me manquent pas" c'est directement une citation de Renée dans Desperate Housewives. Cette fic est dans mes brouillons depuis 2020 et il me restait 500 mots à écrire pour la terminer. Cette année, je vais voir la comédie musicale inspirée du diable s'habille en prada et devinez qui joue le rôle de Miranda ? L'actrice qui joue Renée dans Desperate Housewives. J'ai le don de prophétie, merci pour votre attention.
c'est toujours medecinpoivre sur twitter et je ne finis toujours pas mes fics dans des délais raisonnables
Aeliheart974
