Bonjour à tous ! Le moment tant attendu approche à grands pas... ;) J'ai pris un immense plaisir à écrire ce chapitre! j'espère que vous l'apprécierez.
Chapitre 10 : Chips et faux-semblants
Princeton Plainsboro
Cuddy referma le dossier qu'elle étudiait et le posa avec un soupir sur le coin déjà encombré de son bureau. La convention à Chicago quelques jours plus tôt avait été intense, certes, mais globalement fructueuse. De retour à l'hôpital et à son bureau, elle se retrouvait plongée dans le tumulte familier : jongler entre réunions, autorisations en attente et urgences médicales qui semblaient surgir comme par enchantement.
Elle attrapa sa tasse de café – tiède, comme toujours – et en but une gorgée avant de pianoter sur son clavier, concentrée sur un email important.
Un coup discret à la porte la tira de ses pensées.
— Entrez, lança-t-elle machinalement, sans lever les yeux de l'écran.
Wilson passa la tête, un dossier sous le bras et une expression mêlant hésitation et curiosité. Cuddy releva enfin le regard, et lui fit signe d'entrer.
— Dr Wilson, que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle tout en signant rapidement un formulaire à moitié oublié.
— J'ai besoin de votre approbation pour un protocole… Disons, un peu inhabituel, dit-il en lui tendant le dossier.
Elle attrapa le document, ses yeux passant rapidement sur les lignes avec l'aisance d'une femme habituée à décortiquer les détails. Après un léger froncement de sourcils, elle hocha la tête avec approbation.
— Cela me paraît tout à fait en ordre. Vous avez mon accord, répondit-elle en apposant sa signature avant de lui rendre le dossier.
Wilson sourit en guise de remerciement, mais ne bougea pas. Cuddy plissa les yeux, intriguée.
— Comment c'était, Chicago ? Demanda-t-il, tentant une légèreté qui semblait cacher une réelle curiosité.
Elle s'adossa à son fauteuil, croisant les bras sur sa poitrine.
— Intéressant. Fatigant. Un mélange de présentations interminables et de rencontres protocolaires. Vous savez, ce genre d'événements où l'on se rappelle pourquoi on aime notre métier… Et pourquoi on le déteste, plaisanta-t-elle, un sourire en coin.
— Tant mieux. Il se retourna s'apprêtant à partir quand elle dit.
— Vous avez le bonjour de Cameron. Lâcha-t-elle finalement, d'un ton presque nonchalant tout en réorganisant une pile de dossiers naturellement.
Wilson redressa la tête, visiblement surpris.
— Cameron ? Comment va-t-elle ?
Cuddy haussa un sourcil, un sourire énigmatique flottant sur ses lèvres.
— Très bien. Radieuse, même nous avons dîné ensemble après la convention.
— Radieuse ? Répéta-t-il, intrigué.
— Oui, confirma-t-elle avec une pointe de malice. Disons qu'elle affichait une forme olympique… Pour quelqu'un qui termine son second trimestre.
Wilson resta figé, l'information mettant quelques secondes à pénétrer son esprit.
—Quoi ? Cameron… Est enceinte ?
— Exactement. Curieux, non ? D'autant plus que personne ici ne semble être au courant. Habituellement, ce genre de nouvelles circule plus vite qu'une épidémie de grippe ! Surtout que Chase travaille ici, ajouta-t-elle, son regard perçant scrutant la réaction de Wilson. Je sais qu'ils sont divorcés, mais Chase n'est pas le genre à ne pas assumer ses responsabilités. C'est étrange qu'il n'en ait pas parlé.
Il passa une main nerveuse dans ses cheveux, clairement étonné.
— Oui, en effet… C'est étrange. Je sais que Chase voit quelqu'un depuis quelque temps. Et il n'a jamais mentionné la grossesse de Cameron. Pas un mot.
Cuddy inclina légèrement la tête, ses doigts tapotant machinalement le bord de son bureau.
— Intéressant… Murmura-t-elle, presque pour elle-même, un éclat de curiosité dans les yeux.
Wilson sembla lui aussi en train de chercher une explication. Finalement, il sortit de ses pensées après plusieurs secondes.
— Je ferais mieux de retourner voir mes patients, lâcha-t-il avec un sourire crispé. Merci pour votre temps.
— De rien, répondit-elle, son sourire malicieux toujours accroché à ses lèvres. Bonne journée,
Il quitta le bureau, mais son esprit restait embrouillé par ce qu'il venait d'apprendre. Tandis qu'il s'éloignait dans les couloirs.
Quelques heures plus tard
Wilson était assis à son bureau, concentré sur le dossier d'un patient complexe. Le silence de son bureau n'était perturbé que par le froissement des pages qu'il tournait et le grattement rapide de son stylo.
La porte s'ouvrit brusquement sans préavis, et House fit irruption dans la pièce comme une tornade.
— Wilson ! s'exclama-t-il joyeusement. Tu peux me planquer pour la journée ? Cuddy est revenue de sa convention et je n'ai absolument pas envie de la voir. Dommage parce que ses seins eux m'ont manqué. Ajouta-t-il avec un sourire narquois.
Sans attendre l'invitation, House se laissa tomber lourdement dans la chaise face au bureau de Wilson, balança ses pieds sur celui-ci avec une désinvolture caractéristique, et saisit le paquet de chips posé à côté du téléphone.
— Je vois que tu continues de maintenir ta diète à base de graisses saturées et de sodium. Bonne stratégie pour tenir face aux cancéreux déprimants, plaisanta-t-il en déchirant l'emballage.
Wilson, imperturbable, releva à peine les yeux.
— Je t'en prie fais comme chez toi. Vraiment, ne te gêne pas, dit-il d'un ton plat tout en poursuivant son travail.
— Merci, c'est exactement ce que je fais, répondit House, la bouche déjà pleine de chips. Alors, c'est quoi le drame du jour ? Qui est sur le point de passer l'arme à gauche ?
Wilson soupira et préféra changer de sujet, habitué aux provocations de son ami.
— Au fait, je suis passé voir Cuddy pour une autorisation de traitement, lança-t-il, espérant capter son attention.
House haussa un sourcil, intrigué, mais ne répondit pas immédiatement. Il tendit simplement sa main droite pour attraper une autre poignée de chips.
— Une nouvelle technique expérimentale pour traiter le cancer métastatique du foie, précisa Wilson, comme s'il parlait à un étudiant inattentif. Cuddy a donné son feu vert. Avec un peu de chance, je pourrai l'essayer sur un patient dès la semaine prochaine. Ça t'intéresse ?
House hocha la tête sans grand enthousiasme, avant de lancer un chips en l'air et de la rattraper avec sa bouche.
— Fascinant, marmonna-t-il avec un sarcasme mal dissimulé.
Wilson secoua la tête, exaspéré, mais résignée. House sembla vaguement intéressé, mais son regard restait flou.
Wilson continua sur sa lancée :
— Pendant que j'étais dans son bureau, elle m'a aussi parlé d'autre chose. Elle a croisé Cameron à la convention de Chicago.
House arrêta soudain de mâcher, son attention complètement captée.
— Cameron ? Répéta-t-il, le ton neutre, mais les yeux plus perçants.
— Oui, répondit Wilson, surpris par cette soudaine réaction. Et figure-toi qu'elle n'était pas seule.
— Qu'est-ce que tu veux dire ? Elle s'est déjà remariée avec quelqu'un sur le point de mourir ?
— Non pas vraiment, disons que l'invité se trouvait plutôt au niveau de son abdomen répondit Wilson.
House resta immobile pendant une fraction de seconde, il arrêta de manger ses chips. Ses traits s'étaient figés, son regard fixé quelque part au-delà de Wilson.
— Enceinte ? Dit-il, sa voix à peine audible.
— Oui enceinte , confirma Wilson avec une légèreté apparente. C'est assez étrange, non ? Chase travaille ici, et malgré leur divorce il y a six mois, il n'a jamais laissé entendre quoi que ce soit concernant cette grossesse. Ce genre de nouvelles a pourtant tendance à circuler rapidement.
House cligna des yeux, tentant de reprendre une contenance, mais Wilson, qui le connaissait mieux que quiconque, remarqua un éclair d'émotion passer dans son regard.
— De combien ? Demanda House d'une voix un peu trop contrôlée.
Wilson fronça les sourcils, intrigué par la question.
— Je ne sais pas. Cuddy m'a dit qu'elle terminait son deuxième trimestre. Pourquoi ?
— Tu en es sûr ?
— Je n'en sais rien House. Cuddy m'a dit qu'elle avait l'air en pleine forme. Radieuse, même. Mais pourquoi toutes ces questions ? Répliqua Wilson, essayant de masquer sa propre curiosité derrière une pointe d'ironie.
House se força à sourire, mais cela sonnait faux.
— Non, non. Juste… Intéressant, répondit-il vaguement, en reprenant une posture désinvolte. Sûrement l'immaculée conception connaissant Cameron.
Wilson secoua la tête, incrédule.
— Franchement, House, j'aurais pensé que le traitement expérimental aurait été la seule chose capable de t'intéresser dans cette conversation. Mais apparemment, non, c'est la grossesse de Cameron qui te captive.
— Et toi, tu es incapable de raconter une histoire palpitante tout en fournissant les détails croustillants ! Répliqua House avec un sourire forcé.
Il se redressa brusquement, laissant le paquet de chips à moitié vide sur le bureau de Wilson, et marcha vers la porte.
— Où tu vas ? Demanda Wilson, interloqué.
— Rafler un autre paquet de chips à la cafétéria, lança House sans se retourner.
Mais une fois dans le couloir, son masque de nonchalance se fissura. Il s'appuya brièvement contre le mur, ses pensées tourbillonnants dans sa tête. Il repassait en boucle les paroles de Wilson. Second trimestre... Cela correspondait… À sa venue sur Chicago. Il n'en était pas certain et une sensation de trouble profond s'installa en lui, mêlée à une pointe de panique qu'il ne s'avouerait pas.
Sans un mot, il tourna les talons et prit la direction de son bureau. Une fois arrivé, il resta debout un moment son regard fixant le vide.
Il ne pouvait pas rester là, pas avec cette incertitude qui le rongeait.
— Bordel... Murmura-t-il pour lui-même.
Quelques minutes, plus tard, il attrapait sa veste et sortait en trombe, sous les regards étonnés de son équipe qui travaillait sur un cas dans la salle d'à côté.
— Où il va ? Demanda Foreman, fronçant les sourcils.
— Probablement chercher un autre prétexte pour éviter de bosser, répondit Taub en haussant les épaules.
House avait une destination précise en tête. Et ça ne pouvait pas attendre.
Collisions
Quelques heures plus tard au Grayslake Hospital de Chicago l'hôpital vivait son agitation quotidienne. Médecins, infirmiers et patients allaient et venaient dans un ballet orchestré, mais tout ce tumulte sembla se figer lorsqu'une silhouette claudicante franchit les portes principales.
House avançait d'un pas déterminé, sa canne frappant le sol à un rythme méthodique. La réceptionniste, alertée par son allure décontractée et son absence de badge, s'interposa aussitôt.
— Monsieur, vous ne pouvez pas passer sans vous enregistrer.
House la dévisagea brièvement, puis reprit sa marche comme si elle n'existait pas.
— Oh si, je le peux. Regardez, je marche et hop! je passe, dit-il en désignant ses jambes avec un sourire narquois.
— C'est le règlement ! S'indigna-t-elle.
House, déjà à plusieurs mètres, se retourna à moitié et lança :
— Oh, désolé. J'ai laissé mon badge "infiltration" dans ma cape d'invisibilité.
Paniquée, elle attrapa son téléphone et prévenu la sécurité.
Mais il était trop tard. House atteignit l'ascenseur et appuya sur le bouton avec sa canne, ses yeux fixant la porte qui se refermait sur l'agitation derrière lui. Dans l'ascenseur, il ajusta son manteau, jetant un regard furtif à son reflet. Il avait l'air fatigué, même pour lui, mais ça n'avait pas d'importance. Il était là pour une raison, et rien d'autre ne comptait.
Quelques étages plus hauts
Dans la salle de conférence, Cameron dirigeait une discussion avec ses internes. Un cas particulièrement ardu monopolisait leur attention, et elle avait cette manière unique d'écouter chaque hypothèse avec sérieux tout en encourageant la réflexion critique.
— Une endocardite ? Proposa une interne, hésitante.
— Peu probable. Les hémocultures sont négatives, répondit Cameron, en effaçant une partie de leurs hypothèses sur le tableau blanc.
— Peut-être une sarcoïdose atypique ? Risqua un autre.
— Si c'était ça, il y aurait des granulomes visibles. Dit elle. Quelqu'un d'autre ?
Un silence tomba, jusqu'à ce que la porte s'ouvre brusquement. House entra, sans frapper, sans s'excuser, et avec toute la subtilité d'un éléphant dans une bibliothèque.
— Oh, ne laissez pas le vieil homme vous déranger. Continuez à lancer des diagnostics aléatoires, dit-il en s'appuyant sur sa canne.
Les internes échangèrent des regards confus et tendus, certains visiblement intimidés par la réputation qui le précédait.
Les internes échangèrent des regards incrédules. Cameron, elle, resta figée, sa main encore levée vers le tableau. La bouche ouverte, décontenancée. Elle le savait. Elle savait pourquoi il était là.
— House... Sa voix calme mais chargée de tension. Elle baissa les yeux. Elle n'était pas du tout dans la même dynamique que la fois dernière où il avait débarqué dans son bureau. Elle n'était clairement pas en position de force, pas cette fois. Elle se sentait en cet instant déstabilisé.
Les yeux de House balayèrent la pièce s'arrêtant brièvement sur chacun des internes.
— Alors la crème de Chicago, comment ça va ? Lança-t-il en claquant sa canne contre la table. Est-ce qu'on joue à "trouve la maladie imaginaire", ou est-ce que quelqu'un ici sait vraiment diagnostiquer ? D'après mon dernier souvenir ici, vous êtes censés être les plus doués de cette ville. Pour ce que j'en vois maintenant, ce n'est clairement pas le cas. Les hormones en ébullition de votre cheffe doivent ralentir vos réflexions. Vous savez, grossesse et cerveau, un duo rarement gagnant.
David voulu ouvrir la bouche pour répondre, mais Cameron se ressaisit, renfila son masque de cheffe de service et intervint rapidement en levant la main signe de ne pas rentrer dans son jeu.
Cameron inspira profondément et regarda ses internes.
— Vous pouvez partir. On reprendra plus tard.
Les internes ne se firent pas prier. Ils se levèrent précipitamment, leurs regards oscillant entre leur cheffe et House qui sen cet instant était à la fois captivant et terrifiant.
Quand la porte se referma derrière eux, un silence pesant s'installa. Cameron fit face à House, croisant les bras.
— Tu ne devrais pas être ici.
House s'avança, son regard s'arrêtant ostensiblement sur son ventre légèrement arrondi.
— Et toi, tu ne devrais pas être enceinte, mais visiblement, nous faisons tous des erreurs, répliqua-t-il avec un sarcasme mordant.
Elle cligna des yeux, visiblement touchée par la brutalité de ses mots, mais elle ne recula pas.
Cameron ouvrit la bouche, mais il leva une main pour l'interrompre.
— Alors, soyons honnêtes pour une fois. Je suis bien le père, n'est-ce pas ? Pas un autre médecin de ton charmant service ?
— Tu sais très bien qu'il est de toi, House.
— Bien. Au moins, je peux également rayer "membre de la mafia de Chicago" de la liste des suspects.
Il ricana, mais son sourire s'effaça rapidement.
— Tu aurais dû me le dire, Cameron.
— Comment tu l'as su ? Demanda-t-elle enfin, presque à voix basse.
— Wilson, répondit House, son ton acerbe. Après que Cuddy lui ait vendu la mèche. Sympa, non ? Apprendre que je suis peut-être le géniteur d'un enfant à travers un jeu de téléphone arabe.
— House… j'avais l'intention de te le dire, murmura-t-elle, et sa voix se brisa légèrement.
House s'arrêta, surpris par son ton.
— Oh, génial ! Tu attendais peut-être ses 18 ans ?
— Je… j'ai fait une erreur. Dit elle en soufflant et en abaissant les épaules. Je ne savais pas comment te l'annoncer, avoua-t-elle, son regard fuyant. Tu as toutes les raisons d'être en colère.
Elle leva les yeux vers lui, la colère et la douleur mêlée dans son regard.
— Je l'ai appris tard. À huit semaines. Et j'ai eu beaucoup de mal à l'accepter. Je... J'étais bouleversée, perdue, seule et…
Elle inspira profondément, comme pour se donner du courage.
— Je savais que je devais te le dire. Mais j'ai eu peur.
— Peur de quoi ? Que je réagisse mal ? Félicitations ! Tu as eu raison.
Il ricana, mais il y avait moins de malice dans son ton.
Un silence s'installa à nouveau. Beaucoup plus lourd et beaucoup plus sérieux.
— Je suis vieux, Cameron. Vieux, drogué, et instable, dit-il finalement, sa voix étrangement calme. Je ne veux pas de cet enfant.
Elle ferma les yeux, comme si ces mots étaient un coup physique.
— Je le sais, murmura-t-elle. Et je le respecte comme tu devrais respecter mon choix.
La tension était si intense qu'elle semblait remplir la pièce.
Un silence s'étira. Cameron prit une grande inspiration, ses yeux brillants de colère et de tristesse.
— Cet enfant est là, House. Quoi que tu veuilles.
House détourna le regard, sa mâchoire serrée.
— Alors c'est ton problème, pas le mien, dit-il, sa voix presque tremblante.
Un coup sec à la porte rompit le silence. Deux agents de sécurité apparurent, visiblement mal à l'aise devant la scène.
— Tout va bien ici ?
Cameron hocha la tête.
— Oui. Tout va bien.
House récupéra sa canne, jeta un dernier regard à Cameron, puis s'avança vers la porte. Et il s'en alla, la porte se refermant derrière lui. Quelques minutes, plus tard, il était assis dans le bar en face de l'hôpital, un verre de whisky à la main, essayant de noyer la tornade d'émotions qui tourbillonnait en lui.
