Bonjour à tous,
Tout d'abord, je vous souhaite une merveilleuse année! J'espère qu'elle sera remplie de joie, de succès et de belles surprises. Je tiens à m'excuser pour l'absence d'updates ces dernières semaines. Entre les fêtes, le travail et ma vie de famille, il m'a été difficile de trouver le temps de me consacrer pleinement à l'écriture.
Ce chapitre, je ne vais pas vous mentir, a été un vrai défi à écrire. L'inspiration n'était pas forcément au rendez-vous, et il m'a donné du fil à retordre! Cela dit, j'ai de nombreuses idées pour la suite qui me motivent énormément, et j'ai hâte de les partager avec vous.
En attendant, j'espère de tout cœur que ce chapitre saura vous plaire malgré tout. Merci infiniment pour votre patience et votre soutien, qui me donnent la force de continuer cette histoire!
Bonne lecture à tous
Chapitre 12: "Le poids des choix"
Le lendemain matin, le visage marqué par une nuit sans repos, Cameron arpentait les couloirs désertés du Grayslake Hospital. House était reparti pour Princeton après leur conversation au café, la laissant seule avec un tourbillon de pensées qui la tenaillait sans relâche.
Son regard, voilé par une fatigue bien plus profonde que celle du manque de sommeil, se perdait dans le vide. Chaque pas, résonnant sur le carrelage, martelait ses pensées. Comment en était-elle arrivée là? Jamais elle n'aurait imaginé qu'une discussion avec House, quelques heures plus tôt, bouleverserait ainsi son monde et précipiterait la fin de son aventure ici, à Chicago.
Était-ce la fatigue? Les hormones? Ou quelque chose de plus insidieux, qu'elle n'osait pas encore nommer, qui l'avait poussée à accepter si facilement de tout abandonner?
À Chicago, elle avait trouvé ce qu'elle cherchait: une carrière prestigieuse, la reconnaissance de ses pairs, un rôle de leader. Mais ce matin-là, alors qu'elle longeait les couloirs baignés des premières lueurs du jour, une petite voix s'insinua dans son esprit : et si tout cela n'avait été qu'un leurre? Une tentative désespérée de prouver qu'elle pouvait exister seule?
Elle avait tout quitté pour venir ici, persuadée que c'était ce qu'elle devait faire. Se reconstruire. Tourner la page. Fuir Princeton, ses souvenirs lourds et ses fantômes. Fuir son mariage raté et, surtout, fuir House. Lui et ses sarcasmes tranchants, son regard perçant, toujours capable de la mettre à nu.
Il était dur, frustrant, parfois cruel, et pourtant… Il restait probablement le seul à vraiment la comprendre.
Elle s'arrêta devant une grande baie vitrée, observant la ville s'éveiller sous un éclat doré. Les silhouettes des médecins et infirmiers semblaient flotter dans ce décor lumineux. Chicago lui avait offert beaucoup, c'était certain. Elle avait grandi en quelques mois, appris à s'affirmer. Mais à quel prix? Les longues heures de travail, les sacrifices personnels, l'épuisement constant… Était-ce vraiment la vie qu'elle voulait pour elle et pour son enfant?
Son enfant
D'un geste instinctif, Cameron posa une main sur son ventre. Ce contact léger, presque fragile, la ramena au présent. Si cet enfant existait aujourd'hui, c'était en partie à cause — ou grâce — à House. Rien qu'à cette pensée, son cœur accéléra et sa respiration se fit hésitante.
Il n'y avait rien de romantique entre eux. Elle se le répétait comme un mantra. Leur relation était tout sauf un conte de fées : toxique, destructrice par moments, un enchevêtrement de tensions, de blessures et d'attirances impossibles à nommer.
Il avait été clair, brutalement clair. Il ne voulait pas de cet enfant. Ces mots résonnaient encore en elle, tels des éclats de verre brisé. Mais cela n'effaçait pas ce qui subsistait entre eux, ce lien étrange et inébranlable. Indéfinissable. Persistant. Brûlant.
Elle avait cru pouvoir l'enterrer en mettant des centaines de kilomètres entre eux, en se reconstruisant ailleurs. Mais c'était peine perdue. Cette connexion était là, enracinée, indélébile. Elle le détestait parfois pour cela. Mais elle ne pouvait le nier.
Et puis House lui avait dit.
«Reviens.»
Simple. Direct. Terriblement puissant.
Cette demande la hantait.
Lorsqu'elle atteignit enfin son bureau, elle s'assit lentement, le regard perdu. Cameron prit son portable, cherchant le nom de Cuddy. Elle fixa le numéro, ses doigts suspendus au-dessus des touches, et son esprit divagua de nouveau.
Était-ce la bonne décision? Devait-elle revenir à Princeton?
Depuis son dîner, quelques jours auparavant, avec Cuddy, la phrase prononcée par la doyenne tournait en boucle dans son esprit:
«Vous seriez parfaite pour ce poste, Allison. Réfléchissez-y.»
Au début, elle avait ri, croyant à une plaisanterie. Mais le regard sérieux de Cuddy ce soir-là avait balayé toute ambiguïté.
Et puis, House avait de nouveau débarqué. Sa visite impromptue dans son bureau, la veille, avait été un véritable raz-de-marée dans son quotidien soigneusement orchestré.
Il n'était pas passé par quatre-chemins. Ce n'était pas son genre.
«Tu ne devrais pas être enceinte, mais visiblement, nous faisons tous des erreurs.»
C'était dit froidement, sans détour, comme s'il posait un simple diagnostic. Cameron était restée figée, incapable de répliquer. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait enfoncé le clou:
«Je suis vieux, Cameron. Vieux, drogué et instable. Je ne veux pas de cet enfant.»
Ses mots avaient laissé des entailles nettes, précises, dans l'armure qu'elle portait depuis des mois.
Quelques heures plus tard, au café, les tensions s'étaient apaisées, juste assez pour qu'elle puisse retrouver un semblant de maîtrise. Cette fois, elle avait parlé, calmement, posément. Mais comme toujours, House avait gardé le dessus, noyant ses propos dans une couche de sarcasmes.
« Vu tes cernes, ton teint blafard et tes ongles, tu es clairement carencée. Tu ne prends pas assez soin de toi, c'est évident. Si tu veux que je te fiche la paix, et si tu tiens vraiment à mener cette grossesse à terme, il va falloir que tu changes ça. »
Elle avait cru percevoir une pointe d'inquiétude dans sa voix, bien dissimulée. Mais il avait conclu, comme pour s'assurer qu'elle ne se fasse pas d'illusions:
« Je ne veux pas de cet enfant. Mais toi, tu es brillante. Douée. Et visiblement, tu t'es perfectionnée dans l'art de la manipulation et du mensonge...»
Était-ce vraiment pour ses compétences qu'il voulait qu'elle revienne? Où y avait-il autre chose?
Ces paroles, aussi maladroites soient-elles, avaient trouvé un écho en elle.
Cameron baissa les yeux vers son téléphone. Le nom de Lisa Cuddy s'affichait toujours sur l'écran. Elle inspira profondément. Était-elle prête à affronter tout ce qu'un retour impliquerait?
Son pouce effleura l'écran.
Le téléphone sonna. Une fois. Deux fois.
— Allô ? Dr Cameron ?
La voix familière de Lisa Cuddy résonna à travers le combiné, mais Cameron était à nouveau happée par ses pensées, comme suspendue dans le vide qu'elle avait elle-même créé.
— Allô ? Allison... Vous êtes là ? Tout va bien ?
Cameron cligna des yeux, ramenée à la réalité. Elle se redressa légèrement, serrant son téléphone comme un ancrage.
— Oui, pardon, Lisa. Bonjour. Je... J'étais dans mes pensées, balbutia-t-elle en se massant les tempes. Je voulais vous parler du poste de chef des urgences. Est-ce que l'offre tient toujours ?
Un silence s'étira, assez long pour que Cameron commence à douter. Puis, la voix de Cuddy s'éleva, teintée d'une légère surprise :
— Oui, bien sûr que c'est toujours d'actualité. Mais... j'avoue que je suis un peu étonnée. La dernière fois, vous sembliez certaine de ne pas vouloir de ce poste. Qu'est-ce qui a changé ?
Cameron inspira doucement, cherchant les mots justes, pesant chaque phrase.
— J'avais besoin de temps, Lisa. De recul. Pour réfléchir à ce que je voulais vraiment. Elle marqua une pause, sa voix plus ferme en reprenant : et aujourd'hui, je sais que ma place est à Princeton. Il est temps que je cesse de fuir. J'accepte votre offre.
Un autre silence suivit, mais cette fois, il n'avait rien d'inquiétant. On devinait que Cuddy mesurait ses mots, comme si elle cherchait à répondre avec le sérieux et la bienveillance qui la caractérisaient.
— Je suis ravie de l'entendre, Allison, vraiment. Sa voix était douce, mais empreinte d'un enthousiasme sincère. Peu importe ce qui vous a retenue jusqu'ici, que ce soit votre situation personnelle, ce qui s'est passé avec Chase, ou même votre peur de revenir... Ce qui compte, c'est que vous soyez prête. Et je n'ai aucun doute : vous serez exceptionnelle dans ce rôle.
Cameron sentit une chaleur apaisante se répandre en elle, comme un baume sur ses doutes. Les mots de Cuddy, toujours justes et dépourvus de jugement, avaient cette capacité unique à lui insuffler une force nouvelle.
— Merci, Lisa, murmura-t-elle, sa voix légèrement rauque. Votre soutien signifie beaucoup pour moi. J'ai conscience que ce ne sera pas simple, mais je suis prête. Prête à revenir.
Cette fois, le silence qui s'installa n'était ni gênant ni hésitant. Il était chargé d'une sorte de compréhension mutuelle, presque palpable. Quand Cuddy parla à nouveau, son ton était plus doux, presque chaleureux.
— Parfait. Je vais m'occuper de tout pour que votre retour se passe dans les meilleures conditions possibles. Et Allison...
— Oui ?
— Bon retour parmi nous.
Ces mots, simples mais chargés de sens, touchèrent une corde sensible chez Cameron. Elle sentit sa gorge se nouer, une vague d'émotions montantes qu'elle tenta de contenir.
— Merci, Lisa. Merci pour tout, parvint-elle à articuler, sa voix tremblante mais sincère.
Quand elle raccrocha, Cameron resta un moment immobile, son téléphone toujours dans la main. Une lourdeur semblait s'être dissipée, remplacée par une étrange légèreté. Pour la première fois depuis des semaines, elle ressentait un semblant de paix, comme si une partie d'elle s'était enfin trouvée. Quand elle raccrocha, le silence de la pièce sembla presque assourdissant. Elle resta immobile, les yeux fermés, laissant la conversation s'installer dans son esprit, comme un baume apaisant sur ses angoisses. Ça y était. Elle avait dit oui. Ce n'était pas qu'une décision professionnelle, mais un choix de vie: revenir à Princeton, affronter ses souvenirs, ses erreurs, et saisir cette chance de tout recommencer.
Le silence qui avait suivi la conversation avec Cuddy s'interrompit par des bruits lointains – un chariot, un ascenseur. Le monde s'éveillait. Et bientôt, son équipe arriverait.
Elle allait devoir leur annoncer son départ. L'idée lui semblait insurmontable, mais une étrange sérénité l'envahit. Cette décision, aussi folle qu'elle paraissait, lui semblait finalement juste.
Prenant son courage à deux mains, elle quitta son bureau et se dirigea vers celui d'Elena espérant que cette dernière soit déjà arrivée. Elle frappa doucement à la porte avant d'entrer.
Elena était bien là. Elle leva les yeux de son écran et lui adressa un sourire, mais celui-ci s'effaça rapidement lorsqu'elle vit l'expression sérieuse de Cameron.
« Salut Allie, qu'est-ce qui se passe ? Tout va bien ? » Demanda-t-elle, croisant les bras sur son bureau. « C'est à propos de House, pas vrai ? »
Cameron hésita un instant avant de s'asseoir en face d'elle.
« Entre autres choses, oui, » répondit-elle, cherchant ses mots. « Je voulais te parler… De ce qui s'est passé hier, au café… »
Elena l'interrompit avec un sourire malicieux. « Tu veux dire, de la révélation de l'année ? Celle où j'ai appris que House, LE Gregory House, est le père de ton enfant ? Oh, crois-moi, ça, je ne l'avais pas vu venir. »
Cameron se mordit la lèvre, un mélange d'embarras et de soulagement. « Je suis désolée que tu l'aies appris de cette manière. J'aurais dû te l'annoncer par moi-même. C'est juste que... C'était… Compliqué. »
Elena hocha la tête, toujours taquine. « Compliqué ? Cameron, tu portes l'enfant de l'homme le plus sarcastique et imprévisible de la planète. Ça dépasse le stade de « compliqué ». Mais sérieusement, pourquoi tu ne m'as rien dit ? »
« Parce que je ne savais pas comment, » avoua Cameron en haussant les épaules. « Tout ça… C'est arrivé si vite. Je ne l'avais pas prévu. Cette nuit avec House, c'était… Un moment d'égarement. Et quand j'ai découvert que j'étais enceinte, il était déjà trop tard pour tout rationaliser. »
Elena pencha la tête sur le côté, une lueur de compréhension dans les yeux. « Tu as encore des sentiments pour lui ? »
Cameron ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. C'était une question qu'elle évitait de se poser à elle-même depuis des mois.
« Ce n'est pas aussi simple, » finit-elle par murmurer.
Elena ne poussa pas davantage, mais son regard disait qu'elle comprenait plus qu'elle ne laissait entendre. Après un bref silence, Cameron prit une profonde inspiration.
« Écoute...J'ai pris la décision de retourner à Princeton, » annonça-t-elle.
Cette fois, Elena fut réellement surprise. « Quoi ? Tu veux dire… Pour de bons ? »
Cameron hocha la tête. « Cuddy m'a proposé le poste de chef des urgences, » expliqua Cameron. « Je pensais qu'elle plaisantait, mais pas du tout. Sa proposition m'a travaillé pendant plusieurs jours et puis House a débarqué hier... Et maintenant, à force d'y réfléchir, je crois réellement que ma place est là-bas.»
Elena resta silencieuse un moment, digérant la nouvelle. « Wow. Je dois te dire que je ne m'y attendais pas du tout... Mais j'imagine que rien de ce que je pourrais dire ne te fera changer d'avis, n'est-ce pas ? »
Cameron esquissa un sourire désolé et secoua lentement la tête. « Non. Je suis désolée. C'est ce qu'il faut que je fasse. Pour moi, et pour… » Elle posa une main sur son ventre, comme pour compléter sa phrase sans avoir besoin de mots.
Elena sourit tristement. « Tu vas me manquer, tu sais ? Qui va écouter mes plaintes à propos de la machine à café qui tombe toujours en panne ? Qui me remettra les pieds sur terre à chaque fois que je m'emporte pour un oui ou pour un non ? »
Cameron éclata d'un rire léger. « Tu trouveras quelqu'un d'autre, j'en suis sûre. »
Elena la regarda avec plus de sérieux cette fois. « Mais tu sais, House… Même s'il est doué pour cacher ses émotions, je pense qu'il tient beaucoup plus à toi que tu ne le crois. Hier, au café, je l'ai vu. La façon dont il te regardait… . »
Cameron secoua la tête, esquissant un sourire incrédule. « House est House. Je ne crois pas qu'il puisse… Vraiment s'attacher. »
« Peut-être, » répondit Elena. « Mais tu devrais garder ça en tête. Parfois, les gens nous surprennent. »
Cameron lui offrit un sourire sincère. Puis, se levant pour partir, elle ajouta doucement : « Avant de partir… J'aimerais te demander quelque chose. »
Elena arqua un sourcil, intriguée.
« Tu as été une amie incroyable, Elena, » dit Cameron d'une voix presque tremblante, ses yeux brillants d'émotion. « Je ne sais vraiment pas comment j'aurais traversé tout ça sans toi. Les meilleurs moments que j'ai passés ici à Chicago, je les ai vécus en grande partie grâce à toi. Tu as été d'un soutien inébranlable, toujours présente pour m'aider et notamment avec ma grossesse. » Elle marqua une pause, la gorge nouée. « Et j'ai besoin de toi dans ma vie que ce soit ici à Chicago ou là-bas à Princeton, Elena. J'aimerais te demander… » Ses mots hésitants semblaient lourds de sens. « Serais-tu prête à venir à Princeton pour mon accouchement ? J'ai besoin de quelqu'un en qui j'ai une confiance totale pour m'accompagner dans cet événement. Et rien de mieux que la future marraine de mon enfant. » Cameron baissa les yeux, comme si elle craignait d'imposer trop.
Elena resta un instant sans voix, les mots de Cameron flottant dans l'air. Un lourd silence s'installa entre elles, puis, lentement, le visage d'Elena se fendit d'un sourire radieux. Elle se leva d'un bond, sa chaise grinçant en arrière, et contourna son bureau en quelques pas précipités. Sans un mot, elle prit Cameron dans ses bras, la serrant fort contre elle, comme si cette demande touchait chaque fibre de son être.
« Bien sûr, Allie ! » S'exclama Elena, son rire clair emplissant la pièce. Elle recula légèrement, toujours la tenant par les épaules, ses yeux brillants de sincérité. « Attends, tu me demandes de devenir la marraine de ton bébé… En plus de t'aider lors de l'accouchement ? »
Cameron sourit, une chaleur douce envahissant son cœur. « C'est bien ça, » répondit-elle, sa voix teintée de tendresse.
« Ce serait un honneur, Allie, vraiment. Merci. » Les mots étaient simples, mais leur vérité éclatait dans la sincérité de sa voix.
Touchée au plus profond d'elle-même, Cameron se laissa envelopper par l'étreinte d'Elena. Elle ferma les yeux un instant, absorbant l'affection de son amie, puis se détacha doucement. Son regard rencontra celui d'Elena, une émotion profonde passant entre elles. « Merci, à toi, » murmura-t-elle, le cœur lourd d'une gratitude infinie. Elle quitta le bureau d'Elena avec un mélange de tristesse et de soulagement. Mais elle n'avait pas fini. Il lui restait encore une annonce à faire, une dernière étape avant de se tourner vers l'avenir.
Traversant les couloirs de son service, elle se dirigea vers la salle de réunion où son équipe l'attendait. Elle serra les poings, prête à affronter ce dernier au revoir.
Cameron quitta le bureau d'Elena, un nœud dans la gorge. La conversation venait de raviver une chaleur apaisante en elle, mais la prochaine étape s'annonçait bien plus difficile. Les couloirs du service lui semblaient plus longs qu'à l'accoutumée, chaque pas résonnant comme un compte à rebours. Elle croisa quelques collègues, des visages familiers, certains souriants, d'autres absorbés dans leurs tâches. Elle leur rendit un léger signe de tête, mais son esprit était ailleurs.
Arrivée devant sa salle de réunion, Cameron s'arrêta un instant. À travers la porte vitrée, elle aperçut son équipe. Ils étaient tous là, plongés dans une discussion animée, des rires éclataient de temps à autre. La scène lui tira un sourire mélancolique. Combien de fois avait-elle été à leur place, partageant des moments semblables ? Ces visages représentaient bien plus que de simples internes.
Prenant une inspiration profonde, elle serra les poings pour rassembler son courage et poussa la porte. Le bruit de son entrée interrompit la conversation, et toutes les têtes se tournèrent vers elle. Un silence perplexe s'installa, mais il n'était pas hostile. Plutôt curieux.
« Bonjour à tous, désolée pour mon retard, » commença-t-elle, sa voix légèrement tremblante. « Je dois vous parler de quelque chose d'important. »
Des regards échangés dans la pièce, mais personne ne parla. Cameron ferma la porte derrière elle et fit un pas en avant. Elle posa les mains sur le dossier d'une chaise pour se donner un point d'ancrage, cherchant ses mots.
« Depuis que je suis arrivée à Chicago, vous avez été une équipe incroyable. Vous m'avez soutenue dans mes débuts en tant que chef de service, et c'est grâce à vous que ces mois ont été une expérience aussi enrichissante. Mais… » Elle marqua une pause, ses yeux balayant la salle. « Il est temps pour moi de partir. »
Un murmure d'étonnement parcourut l'assemblée. Une interne fronça les sourcils, et David se redressa légèrement sur sa chaise, le visage tendu.
« J'ai pris une décision importante. Après une proposition qui m'a beaucoup fait réfléchir, j'ai décidé de quitter Chicago pour retourner à Princeton Plainsboro. »
L'effet fut immédiat. Une onde de murmures parcourut la salle. Certains semblaient surpris, d'autres visiblement déçus. « Vous partez vraiment ? » Demanda une jeune interne, visiblement secouée.
« Oui, » répondit Cameron avec un sourire contrit. « C'est une opportunité que je ne pouvais pas refuser, et qui correspond à ce que je souhaite pour ma carrière et… pour ma vie personnelle. »
Elle posa instinctivement une main sur son ventre, un geste discret mais lourd de sens. Les regards se tournèrent vers son ventre, et une étincelle de compréhension traversa les visages. « Je sais que ce sera un changement pour tout le monde, mais je suis convaincue que vous continuerez à faire un travail exceptionnel. Je suis fière de ce que nous avons accompli ensemble, et je suis certaine que vous allez continuer à exceller. »
Une interne baissa les yeux, visiblement émue, tandis qu'un autre hocha la tête lentement, comme pour digérer l'information.
David, quand à lui, fixait Cameron, les sourcils légèrement froncés. Il n'avait pas bougé, mais son silence en disait long.
« Est-ce que ça a un rapport avec la visite du Docteur House hier? » Demanda finalement l'un des internes, sa voix prudente, presque hésitante.
Cameron releva légèrement le menton, s'attendant à la question. Elle remarqua l'échange de regards entre certains d'entre eux, des regards plein de sous-entendus qu'ils n'osaient pas verbaliser.
« Mon départ est lié à plusieurs facteurs, » répondit-elle prudemment. « Mais oui, le fait qu'il soit venu m'a… Poussée à réfléchir plus sérieusement à cette opportunité. »
Elle laissa sa phrase en suspens, consciente que ses internes spéculaient déjà. Certains avaient probablement remarqué cette tension palpable qu'elle n'avait jamais vraiment su dissimuler entre elle et House devant ses internes et qui allait bien au-delà du simple rapport professionnel. Et maintenant, avec sa grossesse et son départ soudain, il était presque inévitable qu'ils ne fassent pas le lien, même si personne n'osait le formuler à haute voix.
Les internes échangèrent des regards discrets, et Cameron remarqua l'ombre d'un sourire en coin sur les lèvres d'une de ses internes.
« Je sais que ce n'est pas le moment idéal, et je m'en excuse, mais je veux que vous sachiez que j'ai une immense confiance en vous tous. Vous êtes brillants, et je suis persuadée que vous allez continuer à faire un travail extraordinaire. »
David, qui avait gardé le silence finit par se lever. Il fixa Cameron, ses traits oscillant entre admiration et tristesse. « Vous allez nous manquer, Docteur Cameron. Tous autant que nous sommes.» Il hésita, puis se reprit. « Je voulais juste vous dire merci. Pour ce que vous m'avez appris, et pour la patience que vous avez eue avec moi. »
Cameron lui adressa un sourire sincère, presque maternel. « Merci, David. Votre passion et votre engagement sont vos plus grandes forces. Vous avez un avenir brillant devant vous, ne l'oubliez pas. »
Les autres approuvèrent en hochant la tête ou en lâchant quelques paroles d'encouragement. L'ambiance se détendit, et les accolades commencèrent, certains timides, d'autres plus franches.
Elle referma doucement la porte derrière elle, un sourire discret sur les lèvres. Son cœur était lourd, mais elle savait qu'elle avait fait le bon choix. Une nouvelle étape l'attendait, avec ses défis et ses incertitudes, mais aussi avec la promesse d'un avenir à construire, pour elle et son enfant. Le plus dur était passé. Princeton l'attendait, avec tout ce que cela impliquait.
