L'aube perçait à travers les lourds rideaux verts du dortoir de Serpentard, projetant une lueur verdâtre qui surprit Harry dès son réveil. Il ouvrit les yeux, encore un peu groggy de cette première nuit hors de tout ce qu'il avait connu auparavant. Le lit à baldaquin, les draperies de soie… tout lui rappelait qu'il n'était plus chez les Dursley, et que, malgré lui, il appartenait désormais à la maison Serpentard.
Harry se redressa, passant une main dans ses cheveux ébouriffés. Autour de lui, quelques garçons de Serpentard s'agitaient déjà: ils enfilaient leurs robes, parlaient à voix basse, l'air sûr d'eux. Draco Malfoy n'était pas encore levé (ou peut-être déjà parti, Harry ne savait pas), et Harry préféra se dépêcher de se préparer en évitant toute confrontation.
Une fois habillé, il attrapa son sac et gravit les marches sombres qui le menèrent hors de la salle commune, puis hors des cachots. Le château s'éveillait doucement, des tableaux bâillant encore de sommeil, et des armures qui s'étiraient sur leurs socles.
La faim au ventre, Harry se laissa guider par l'odeur appétissante qui flottait dans l'air, espérant trouver la Grande Salle pour son premier petit déjeuner.
Le hall d'entrée s'ouvrit devant lui, imposant. De nombreux élèves, encore engourdis par la courte nuit, gagnaient déjà la Grande Salle. Certains baillaient, d'autres riaient à la perspective de ce premier jour.
En franchissant la porte monumentale, Harry jeta un regard émerveillé autour de lui: la Grande Salle était encore plus belle le matin, baignée d'une lumière dorée qui traversait le plafond magique. Les tables des quatre maisons étaient dressées avec des corbeilles de pain, de fruits, et des plats fumants chargés de bacon, d'œufs, de saucisses.
Un murmure parcourut l'assemblée lorsque Harry s'approcha de la table de Serpentard. Il entendait son nom chuchoté çà et là, «Harry Potter…» Malgré la gêne que cela lui causait, il tenta de ne pas y prêter attention.
En s'asseyant, il réalisa qu'il n'avait aucune idée de là où s'installer vraiment. Des Serpentard lui jetaient des regards froidement curieux, et il ne se sentait pas le bienvenu. Heureusement, il y avait de la place au bout de la table, un peu à l'écart. Il s'y assit sans trop réfléchir, attrapant distraitement un toast.
Alors qu'il grignotait d'un air un peu perdu, Harry remarqua Ron et Hermione à la table de Gryffondor, plus loin dans la salle. Ron, l'air encore boudeur et les bras croisés, lançait des regards en biais, tandis qu'Hermione, déjà en pleine discussion, semblait soucieuse de quelque chose. Harry se dit qu'il devait aller leur parler, ou du moins se manifester, mais le courage lui manquait. Il se contenta de surveiller la scène de loin.
Justement, à cet instant, Hermione leva les yeux, et son regard croisa celui de Harry. Elle lui fit un petit geste de la main, comme un bonjour discret. Harry, surpris, lui répondit d'un même signe un peu mal assuré, espérant que Ron ne le prenne pas mal.
Ron, effectivement, ne paraissait pas ravi: il remarqua l'échange et détourna la tête, la mâchoire serrée, préférant se focaliser sur son assiette.
Au même moment, Draco Malfoy s'installa non loin de Harry, faisant crisser le banc comme pour attirer son attention. Il toisa Harry d'un regard à la fois amusé et condescendant.
Draco (d'un ton léger)
« Alors, Potter, on traîne déjà l'oreille vers Gryffondor? Tu n'as pas encore compris que tu es ici, à Serpentard, maintenant? »
Harry haussa les épaules, tentant de paraître calme.
Harry
« J'ai des amis là-bas. »
Draco (ricanant)
« Des amis? C'est un bien grand mot. »
Il lança un bref regard à Ron, constatant son air renfrogné, puis revint à Harry. «Si tu es malin, tu comprendras vite où est ta place.»
Harry ne répondit pas, préférant se resservir un morceau de pain et détourner les yeux. Cette première matinée commençait déjà sous le signe de la tension. Il jeta un dernier regard vers la table de Gryffondor: Ron bafouillait quelque chose à Hermione, mais celle-ci, ignorant les airs grognons du garçon, se leva de table, ajusta sa robe, et s'avança vers la sortie.
La Grande Salle se vida peu à peu, chaque élève vérifiant son emploi du temps, prêt pour le premier cours. Harry, ses affaires sous le bras, se dirigea vers la sortie à son tour, dans l'idée de retrouver Hermione et, peut-être, d'échanger un mot avec Ron. Son cœur était partagé entre la curiosité de découvrir la magie et la nervosité d'être un Serpentard, séparé de ceux qu'il considérait déjà comme ses amis.
En sortant de la salle, il sentit une main légère frôler son bras. Hermione venait de le rattraper, son visage plus déterminé que jamais.
Hermione (doucement)
« Harry, ça va? Tu… tu veux faire un bout de chemin ensemble? »
Harry acquiesça, reconnaissant.
Harry
« Oui, merci. Je suis un peu perdu. »
Dans son dos, Ron, encore assis à la table des Gryffondor, les observa avec un mélange de déception et d'incompréhension. L'aventure de cette première journée pouvait commencer, mais l'ambiance restait mitigée: entre la distance qu'avaient imposée les maisons et la présence de Draco Malfoy à la table de Serpentard, Harry sentait déjà que cette journée serait tout sauf ordinaire.
Après le petit-déjeuner, Harry et Hermione remontèrent le vaste escalier en pierre pour se rendre à leur premier cours en commun: le cours de Sortilèges. La lumière matinale baignait les couloirs, déjà animés par le va-et-vient des élèves. Hermione, qui semblait connaître l'emplacement des salles malgré le dédale de couloirs, guidait Harry à travers des escaliers et des passages, tandis qu'il restait silencieux, encore un peu intimidé par l'immensité de Poudlard.
Ils entrèrent finalement dans la salle de Sortilèges, une pièce lumineuse au plafond haut, équipée de rangées de bureaux devant un petit estrade, où trônait un bureau surélevé. Plusieurs élèves de Gryffondor et de Serpentard étaient déjà présents, chuchotant et se jetant parfois des regards suspicieux ou curieux.
Harry et Hermione s'installèrent côte à côte, au milieu de la salle, loin du brouhaha des autres. De temps en temps, Harry apercevait Draco Malfoy, assis plus loin avec d'autres Serpentard, la tête haute et le regard condescendant. Il préféra se concentrer sur ses notes, sans relever ses provocations.
Soudain, une petite silhouette jaillit de derrière le bureau: Flitwick, le professeur de Sortilèges, se hissa sur un épais coussin pour être à la hauteur de ses élèves. Son visage rayonnait d'un enthousiasme contagieux.
Flitwick (chantant presque)
« Bonjour, bonjour à tous! J'espère que vous êtes prêts pour votre tout premier cours de Sortilèges. Aujourd'hui, nous allons découvrir un sort particulier, un classique: Léviosa, le Sort de Lévitation! »
Un frémissement parcourut la salle. Certains Serpentard échangèrent des sourires supérieurs, tandis que plusieurs Gryffondor piaffaient déjà d'impatience.
Flitwick (exalté)
« Léviosa est un sort simple en apparence, mais qui nécessite une articulation précise et un mouvement de baguette impeccable. Je veux entendre chaque syllabe, et voir un geste net et confiant. »
Hermione pianota discrètement sur son livre de sortilèges, déjà en train de repérer le chapitre dédié, tandis que Harry l'observait avec un mélange d'admiration et de nervosité.
Flitwick s'approcha d'un pupitre où était posée une plume en démonstration.
Flitwick
« Pour réussir Léviosa, vous devez prononcer la formule avec exactitude: Lé-vi-o-sa, et non "Le-vi-ô-sa" ou "Le-vi-o-sé". C'est très important. De plus, le mouvement de baguette se fait en deux temps: un petit coup sec vers le bas, puis on l'élève doucement en prononçant la fin de la formule. »
Il agita sa petite baguette avec une élégance remarquable, et la plume s'éleva aussitôt à quelques centimètres de la table, oscillant dans l'air devant les élèves ébahis.
Flitwick (ravi)
« Voilà! Vous voyez comme c'est simple quand on connaît la bonne méthode. À vous de jouer maintenant! »
D'une voix enjouée, Flitwick expliqua qu'il souhaitait que les élèves travaillent par deux pour mieux s'entraider. Harry, soulagé, se tourna vers Hermione. Elle lui sourit, ravie de pouvoir réviser avec quelqu'un qui avait besoin d'aide et avec qui elle s'entendait déjà bien.
Hermione
« On reste ensemble, d'accord? Pas question que tu laisses Draco te décourager. »
Harry (souriant)
« Merci, Hermione. J'avoue que j'aurais besoin de ton aide. Je ne veux pas tout faire exploser. »
Pendant ce temps, Draco Malfoy observait la scène depuis le fond de la salle, les bras croisés, l'air de dire que ce sort n'était qu'une formalité, tandis que Ron, installé avec un autre Gryffondor, continuait de jeter des regards ambigus en direction de Harry et Hermione.
Chaque duo disposait d'une plume blanche posée devant eux. Flitwick passait parmi les tables pour s'assurer que chacun adopte la bonne technique.
Hermione fit la démonstration :
Mouvement de baguette précis,
Articulation claire : « Lé-vi-o-sa ! »
La plume s'éleva aussitôt, sous le regard admiratif de Harry.
Harry (impressionné)
« C'est dingue, tu y arrives dès le premier coup! »
Hermione (un peu gênée, mais fière)
« J'ai lu le chapitre en entier, et je me suis entraînée à bouger la baguette dans ma chambre… Mais tu vas y arriver aussi. Essaye. »
Harry :
Il ferma brièvement les yeux, se concentra, et énonça : « Lé-vi-o-sa… »
Son geste fut hésitant, la plume vibra à peine avant de retomber.
Hermione (encourageante)
« Bien ! C'est presque ça. Essaie de détendre le poignet et de donner un petit coup sec. »
Après quelques tentatives, la plume de Harry s'éleva finalement de quelques centimètres. Il sentit son cœur s'emballer, un sourire éclaira son visage.
Hermione (ravie)
« Tu vois, c'est déjà mieux! Ne perds pas ta concentration. »
Autour d'eux, certains Serpentard affichaient des airs supérieurs, lançant des piques aux Gryffondor qui peinaient à faire léviter leur plume. Malfoy, quant à lui, prétendait que c'était « trop facile » pour lui, tout en jetant des coups d'œil dédaigneux à Harry.
Du côté Gryffondor, on entendait parfois Ron pester contre sa plume qui refusait de bouger, et marmonner que « c'est plus difficile qu'il n'y paraît ». Il prenait également soin de ne pas regarder dans la direction de Harry et Hermione ensemble.
Le professeur Flitwick, virevoltant de table en table, arriva près de Harry et Hermione. Ses yeux pétillèrent de joie :
Flitwick (tapotant des mains)
« Oh, très beau geste, Miss Granger ! M. Potter, c'est très bien aussi pour un début. Continuez à vous entraîner, vous allez vite vous perfectionner. »
Harry, fier de ne pas être humilié, échangea un regard complice avec Hermione. Elle lui sourit, contente de voir qu'il gagnait en assurance.
Lorsque Flitwick annonça la fin de la séance, en rappelant qu'ils devaient « continuer de pratiquer la prononciation », les élèves rangèrent leurs affaires en discutant de leurs performances. Harry, soulagé, se rendit compte qu'il venait de survivre à son premier cours de Sortilèges et qu'il n'avait ni fait exploser sa plume, ni provoqué le ridicule général.
En quittant la salle, Hermione et Harry restèrent naturellement côte à côte. Hermione rangeait ses notes de manière méthodique, tandis que Harry fermait son manuel en se promettant de lire le chapitre conseillé.
Hermione
« Tu vois, c'était moins terrible que tu ne le pensais, non ? Tu progresses vite. »
Harry (sourire aux lèvres)
« Tout ça, c'est grâce à tes conseils… Et au professeur Flitwick»
Les couloirs s'emplissaient à nouveau du flot d'élèves rejoignant leur cours suivant. Harry, malgré un pincement au cœur en repensant au dédain de Ron, se sentait étrangement bien: il avait trouvé un soutien chez Hermione, et ce petit succès en Sortilèges lui avait redonné confiance. La journée ne faisait que commencer, mais un premier cap avait été franchi avec succès.
Les jours qui suivirent la répartition se déroulèrent dans une étonnante routine pour Harry. Chaque matin, il se réveillait dans le dortoir vert et argent de Serpentard, entouré de visages qui lui étaient encore à moitié inconnus. Il découvrait petit à petit les habitudes de ses camarades: Draco Malfoy, sûr de lui, entouré de Crabbe et Goyle; Blaise Zabini, plus discret; Pansy Parkinson, moqueuse et condescendante…
Harry, quant à lui, préférait rester en retrait, évitant d'entrer dans leurs intrigues ou leurs bavardages vantards. Il apprit à trouver tout seul son chemin jusqu'aux salles de classe, souvent aidé par Hermione, qu'il croisait dans les couloirs ou juste avant les cours communs. Elle avait beau être chez Gryffondor, ils conservaient une complicité naissante, chaque échange renforçant leur amitié. Ils révisaient parfois ensemble, surtout les sortilèges et les notes de cours qu'Hermione consignait avec une rigueur impressionnante.
Ron, de son côté, restait distant envers Harry. S'il saluait parfois Hermione, il se montrait bourru, voire désagréable lorsque la conversation dérivait sur «Harry, le Serpentard». Peu importait l'explication, Ron semblait ne pas pardonner au Choixpeau d'avoir placé Harry dans une maison qu'il considérait comme «mauvaise». Cette friction planait dans l'air, rendant les rencontres à trois rares et gênantes.
En parallèle, Malfoy s'amusait à rappeler à Harry qu'il «appartenait» désormais à Serpentard, glissant de temps à autre des remarques destinées à le rallier à ses projets ou à l'éloigner de Hermione. Sans être ouvertement hostile, Draco affichait une ironie constante lorsqu'il évoquait les Gryffondor, histoire de tester la loyauté de Harry ou d'attiser son malaise.
Durant ces quelques jours, Harry suivit différents cours:
Les Sortilèges, auprès du professeur Flitwick, où il s'entraînait avec enthousiasme grâce aux conseils précieux de Hermione.
Les cours de Botanique, dans les serres, où il apprit à manipuler des plantes magiques en compagnie d'autres Serpentard et Gryffondor, sans trop de heurts cette fois.
La Métamorphose, avec le professeur McGonagall, stricte mais juste, qui remarqua la concentration de Harry autant que son trac.
Bien qu'il se sente toujours un peu seul dans sa maison, Harry arrivait à surnager grâce à ces moments d'apprentissages passionnants. L'émerveillement devant la magie primait, et chaque soir, il s'endormait avec la tête pleine de nouvelles connaissances… et de doutes, aussi, concernant sa place chez les Serpentard.
Enfin arriva le matin où Harry lut sur son emploi du temps : « Potions — Serpentard et Gryffondor (prof. Rogue) ». Son estomac se noua. Il avait déjà entendu parler du professeur Rogue, maître des potions, d'un caractère légendaire pour sa sévérité. Il sentait que ce cours serait un test décisif: non seulement parce qu'il était Serpentard, mais parce qu'il ignorait comment Rogue réagirait à sa présence. Les murmures disaient qu'il n'était pas tendre, même avec les élèves de sa propre maison, lorsque ceux-ci osaient lui déplaire.
Ce matin-là, Harry rejoignit la Grande Salle pour le petit-déjeuner, sans trop d'appétit. Hermione l'attendait près de l'entrée. Elle avait l'air un peu inquiète pour lui.
Hermione (ton doux)
« Alors, prêt pour Potions ? J'ai entendu dire que le professeur Rogue est… exigeant. »
Harry haussa les épaules, tentant un sourire maladroit.
Harry
« Je ne sais pas si on peut être prêt à ça… On verra bien. »
Ron passa près d'eux, l'air renfrogné, marmonnant un vague «Salut» à Hermione, tout en évitant de croiser Harry du regard. Hermione, désolée, jeta un coup d'œil à son ami Serpentard avant de soupirer.
Hermione
« On se retrouve en bas, dans les cachots. Tâche de ne pas trop stresser, d'accord ? »
Harry acquiesça, essayant de cacher son anxiété. Après avoir avalé un bout de toast, il quitta la Grande Salle, suivant le flot d'élèves qui descendaient vers les couloirs sombres menant à la salle des Potions.
Devant la porte en bois massif, un attroupement de Gryffondor et de Serpentard s'était formé. On chuchotait, on s'interrogeait sur la manière dont Rogue — directeur de Serpentard — traiterait Harry, ce fameux «garçon qui a survécu» placé dans sa maison. Draco Malfoy, appuyé contre le mur, observa Harry avec un demi-sourire.
Draco (d'un ton faussement amical)
« Tu ferais mieux de bien écouter Rogue, Potter. Ici, c'est son domaine, et il ne manque jamais d'écraser ceux qui se ridiculisent. »
Harry serra les poings, sentant l'angoisse remonter. Il aperçut Hermione, qui lui adressa un discret signe de la main depuis le groupe des Gryffondor, lui souhaitant silencieusement bonne chance. Ron, à côté d'elle, affichait une grimace qui montrait son peu d'enthousiasme à partager un cours avec des Serpentard, en particulier Harry.
À cet instant, la porte s'ouvrit, et la silhouette longiligne du professeur Rogue apparut. Son regard sombre balaya l'assemblée en silence. Les conversations s'éteignirent, et chacun retint son souffle.
Rogue (voix basse mais parfaitement audible)
« Entrez. Ne faites pas attendre vos chaudrons. »
Un frisson parcourut la foule d'élèves qui, obéissants, pénétrèrent dans la salle de Potions. Harry, la gorge serrée, s'installa en essayant d'éviter le regard perçant de Rogue. Le moment tant redouté était arrivé : le premier cours de Potions en commun, qui scellerait sans doute bien des réputations, et peut-être l'avenir de Harry au sein de Serpentard.
Ainsi commençait la matinée dans les profondeurs de Poudlard…
Le cachot où se déroulait le cours de potions était un endroit froid et faiblement éclairé, situé dans les profondeurs de Poudlard. Les torches accrochées aux murs projetaient des ombres vacillantes, et un léger courant d'air froid rappelait à tous qu'ils étaient loin de la chaleur de la Grande Salle. De grandes étagères couraient le long des murs, remplies de bocaux renfermant des ingrédients étranges: tentacules marins, yeux troubles flottant dans un liquide verdâtre, racines tordues, ou encore organes à l'aspect peu ragoûtant.
Au centre, on distinguait plusieurs rangées de tables, chacune équipée d'un lourd chaudron, de balances et de petits couteaux pour la découpe. Harry, intrigué et un peu nerveux, jeta un coup d'œil furtif à l'ensemble: la pièce exsudait un mélange d'effroi et de fascination.
Arrivée des élèvesLes Gryffondor entrèrent en premier, menés par Hermione, qui scrutait déjà les étagères comme si elle s'attendait à y trouver un indice crucial. Ron la suivait, l'air renfrogné, traînant à contrecœur. Quelques-uns d'entre eux, comme Neville Londubat, paraissaient totalement perdus, tandis que d'autres, plus confiants, chuchotaient leurs impressions.
Les Serpentard arrivèrent derrière, en rang plus ou moins ordonné. Draco Malfoy menait la marche, arborant son éternel sourire supérieur, flanqué de Crabbe et Goyle. Harry, au milieu, tâchait de se faire discret, mais sentait déjà les regards converger vers lui: après tout, il était «Harry Potter, à Serpentard», un phénomène pour beaucoup.
En s'installant, chacun cherchait une place qui lui conviendrait. Rogue, déjà présent, demeurait immobile derrière son bureau, les bras croisés, observant le manège avec un calme inquiétant. Son regard sombre passa de Harry à Hermione, puis s'attarda brièvement sur Ron, qui évitait ostensiblement de le regarder.
Lorsque le dernier élève eut franchi la porte, Rogue la referma d'un geste sec, et un silence tomba. Dans ce silence quasi-total, sa voix résonna, basse et contrôlée :
Rogue (ton soyeux, presque murmuré)
« Bien… Vous voici dans mon cours de potions. Une matière subtile, délicate, et certainement pas à la portée de n'importe qui. Ici, je ne tolérerai aucune approximation… et je ne distribuerai pas les éloges à la légère. »
Il laissa planer un instant d'attente, les élèves retenant leur souffle. Certains Serpentard, Draco en tête, avaient un air presque satisfait, comme s'ils approuvaient cet élitisme. Du côté des Gryffondor, l'atmosphère était plus tendue.
Rogue se déplaça entre les tables, sa cape effleurant parfois les pieds de chaudrons. Son regard s'arrêta une seconde sur Harry, puis poursuivit sa route comme s'il cherchait un élève à interroger.
Revenant face à la classe, Rogue ouvrit un épais registre dans lequel figuraient les noms des élèves et leur maison.
Rogue
« Aujourd'hui, nous allons commencer par une potion basique : l'Infusion apaisante. Basique, oui… mais tellement de premières années parviennent à la rater, incapable de suivre la moindre directive. »
Il balaya l'assistance d'un œil dédaigneux. On entendit deux ou trois ricanements discrets chez certains Serpentard.
Rogue (voix glaciale)
« Ouvrez vos manuels page 14, et notez bien chaque étape. La moindre erreur de découpe, de température ou de temps d'infusion conduira à un désastre. »
Un frisson parcourut Harry. Il sentait que ce cours n'allait pas être une simple formalité. Hermione, elle, s'était déjà penchée sur son livre, prenant des notes à toute vitesse. Ron, de l'autre côté, feuilletait rageusement les pages, pestant dans sa barbe.
Harry se retrouvait en binôme avec un élève de Serpentard peu bavard — un certain Nott — tandis qu'Hermione se tenait un peu plus loin, associée à une Gryffondor qu'elle ne connaissait pas très bien. Harry jeta un coup d'œil à Hermione, qui lui adressa un discret signe d'encouragement. Mais il ne pouvait ignorer la présence de Draco, quelques tables derrière, dont le sourire narquois semblait attendre l'erreur de Harry.
Harry (pensées)
« Calme-toi, Harry. Lis les instructions pas à pas, surtout. »
Préparation des ingrédients
Harry lut : "Émincez trois racines d'asphodèle en lamelles fines".
Il commença à découper, les mains un peu tremblantes.
Nott, à côté, resta silencieux, se contentant de préparer d'autres ingrédients.
Les élèves commencèrent à s'affairer, préparant leurs ingrédients. Hermione, ultra-concentrée, avait déjà lu la recette en entier. Harry, installé non loin, tentait de suivre chaque étape. Plusieurs fois, Hermione jetait des coups d'œil pour s'assurer qu'il ne commettait pas d'erreur.
À un moment critique de la recette, Harry se trompa dans l'orientation de sa lame pour découper la racine d'asphodèle. Hermione, remarquant sa difficulté, s'approcha légèrement et chuchota :
Hermione (voix très basse)
« Attention, tu dois faire des tranches plus fines, sinon elles ne vont pas infuser correctement. »
Harry hocha la tête, la remerciant du regard, et corrigea son geste. La potion prit alors une teinte plus correcte. Pourtant, ce simple murmure n'échappa pas à l'œil exercé de Rogue.
Ayant repéré le manège, Rogue s'approcha d'eux, son regard noir glissant sur Hermione. Il s'adressa aux élèves d'une voix encore plus froide qu'à l'accoutumée :
Rogue
« Granger, si vous pensez que votre rôle ici est de dispenser vos "conseils" à la moindre occasion, vous vous trompez lourdement. »
Hermione blêmit, serrant sa plume contre elle. Harry, inquiet, sentit son estomac se nouer.
Rogue
« Il semble que vous préfériez vous mêler de la potion de… Potter, plutôt que de vous concentrer sur la vôtre. »
Les yeux de Hermione papillonnèrent, et elle tenta de protester, les joues en feu :
Hermione (balbutiant)
« Je… je voulais juste l'aider à ne pas…»
Rogue la coupa d'un geste sec :
Rogue
« J'ai bien saisi. Dix points de moins pour Gryffondor, Mademoiselle. Peut-être cela vous fera retenir que chacun doit travailler par lui-même. »
Un murmure indigné parcourut la salle, surtout côté Gryffondor. Ron, qui n'était pas trop loin, secoua la tête, l'air furieux, mais n'osa pas intervenir. Hermione, la gorge nouée, baissa les yeux, honteuse.
Harry, quant à lui, sentit un élan de colère : c'était injuste de punir Hermione simplement pour un conseil innocent. Rogue, cependant, se contenta de faire volte-face, reparti vérifier d'autres chaudrons.
Les élèves continuèrent la potion dans un silence encore plus tendu. Hermione, troublée par la sanction infligée à sa maison, ne pipa plus mot. Harry, bouillonnant d'injustice, s'efforçait de finir sa mixture. Il aperçut Draco Malfoy au loin, qui affichait un sourire en coin, probablement ravi de cette scène.
Lorsqu'il fallut apporter un échantillon de la potion au bureau de Rogue, Harry le fit sans un mot. Rogue jugea d'un regard critique le résultat de l'élève de Serpentard que Harry était, et lâcha un laconique :
Rogue (froid)
« À peine acceptable… Potter. »
Avant de poser le flacon sans ménagement dans le bac de collecte. Aucun compliment, pas la moindre reconnaissance. Juste une hostilité qui planait toujours.
Lorsque la cloche sonna la fin du cours, les élèves se ruèrent dehors, désireux de quitter cet endroit glacial. Hermione ramassa ses livres machinalement, la tête basse. Harry l'attendit à la porte :
Harry
« Hé… c'est pas juste, cette punition. Merci de m'avoir aidé, en tout cas. »
Hermione esquissa un faible sourire, son regard trahissant une grande déception :
Hermione
« Ce… c'est pas grave. Mais ça fait de la peine de faire perdre des points à ma maison dès le début… »
Harry serra les dents. Il ressentait pour la première fois à quel point cette rivalité entre maisons, et ce professeur partial, pouvaient semer la discorde. Il posa une main sur l'épaule d'Hermione et la guida hors du cachot, déterminé à trouver un moyen de rattraper ces points injustement ôtés.
Ainsi se termina le premier cours de potions, entaché de l'intransigeance de Rogue, et de la sanction infligée à Hermione pour avoir osé aider Harry. Les tensions entre Gryffondor et Serpentard, déjà élevées, ne risquaient pas de s'apaiser de sitôt.
Les semaines défilèrent à Poudlard, et le mois d'octobre s'installa, recouvrant peu à peu le parc d'un léger tapis de feuilles orangées. Les cours se succédèrent à un rythme effréné, et Harry s'accoutuma petit à petit à la vie à Serpentard, même s'il se sentait souvent en décalage avec l'attitude hautaine de certains de ses camarades. Draco Malfoy persistait à vouloir attirer Harry dans son cercle, tout en critiquant Hermione dès qu'il en avait l'occasion.
Au fil des jours, tout le monde avait fini par remarquer l'étonnante amitié qui s'était nouée entre Harry Potter, le célèbre Serpentard à la cicatrice en forme d'éclair, et Hermione Granger, la Gryffondor studieuse et passionnée de livres. Les rumeurs couraient dans les couloirs: certains trouvaient cela « mignon », d'autres « étrange », et beaucoup n'y comprenaient rien. Mais ce qui ne faisait aucun doute, c'est que leur complicité s'affirmait: on les voyait souvent sortir d'un cours ensemble, plancher sur des devoirs ou marcher côte à côte dans les couloirs.
La réputation de «Survivant» et le fait d'avoir atterri chez Serpentard tenaient à distance les plus téméraires : si Draco lançait bien des piques, la majorité des élèves rechignaient à provoquer ouvertement Harry Potter, de peur de s'attirer des ennuis ou de froisser un destin qui paraissait exceptionnel. Ce statut de célébrité donnait à Harry une forme de protection tacite: on hésitait à l'attaquer directement, même si l'on pouvait le juger.
En revanche, Hermione ne bénéficiait d'aucun bouclier. Sa manie de lever la main en classe et ses interventions passionnées exaspéraient nombre de ses camarades de Gryffondor, sans compter qu'on la voyait de plus en plus souvent discuter avec un Serpentard, ce qui alimentait les ragots. Ron, toujours vexé par la situation de Harry, était loin d'être son allié; beaucoup de Gryffondor la traitaient de «miss je-sais-tout» sans état d'âme, et peu pensaient à lui adresser la parole en dehors des cours.
Peu à peu, Hermione se retrouvait isolée même chez elle, dans la tour de Gryffondor, où elle préférait se plonger dans ses manuels plutôt que de subir des remarques désobligeantes. Elle le dissimulait généralement en affichant un visage studieux et en prétendant que seule la réussite scolaire comptait, mais cela la blessait plus qu'elle ne voulait l'avouer.
Les jours s'écoulèrent ainsi jusqu'au 31 octobre, jour d'Halloween, une date particulière à Poudlard: citrouilles géantes flottant dans la Grande Salle, bougies orangées, lanternes grimaçantes, tout était prêt pour la fête. Toute l'école était en effervescence, et dès le matin, on ressentait une excitation inhabituelle.
Le malaise d'Hermione avait grandi au point qu'elle se sentait de plus en plus seule. Ses efforts pour s'intégrer chez les Gryffondor se heurtaient à l'indifférence, voire à la moquerie. Les rares moments où elle se sentait un peu appréciée, c'était quand Harry cherchait sa compagnie, pour un cours ou un devoir, mais il était souvent accaparé par ses propres problèmes à Serpentard, ou par les approches incessantes de Draco Malfoy.
En cette fin de journée, alors que tout le monde se préparait au repas d'Halloween dans la Grande Salle, un événement de trop semble avoir brisé la carapace de Hermione. Peut-être une remarque méchante, ou un chuchotis qu'elle avait surpris dans un couloir. Toujours est-il qu'au lieu de rejoindre la foule bigarrée pressée de festoyer, Hermione disparut subitement.
Dans les toilettes des filles, situées non loin de la Grande Salle, Hermione s'était réfugiée, la gorge serrée, les larmes roulant sur ses joues. Personne ne se trouvait là pour la consoler, et le silence résonnait dans cette pièce froide éclairée par une unique lanterne. L'écho de la fête qui battait son plein parvenait à peine jusqu'à elle, comme un rappel ironique de sa solitude.
Elle se laissa glisser contre le mur, se demandant pourquoi elle restait à Poudlard si tout le monde la dénigrait. « Miss je-sais-tout », « lèche-bottes », « prétentieuse »… Les mots blessants tournaient en boucle dans sa tête. Si Harry avait été là, il l'aurait peut-être réconfortée, mais elle ne voulait pas l'embarrasser davantage auprès des Serpentard, ni aggraver son propre cas.
Pendant ce temps, Harry, comme tous les autres, s'était rendu dans la Grande Salle pour le banquet d'Halloween. Les tables se couvraient de mets délicieux, de citrouilles flottantes, de friandises sucrées. La décoration festive, avec des chauves-souris virevoltantes, faisait scintiller un plafond étoilé d'un air lugubrement magnifique.
Harry, encore novice dans les relations sociales de Poudlard, ne remarqua pas immédiatement l'absence d'Hermione. Il s'assit à la table des Serpentard, subissant les remarques mi-provocatrices, mi-ombrageuses de Draco Malfoy, et tâchant de paraître normal. Son esprit vagabondait, son regard cherchant vaguement Hermione ou Ron, mais il ne vit pas Hermione nulle part, et ne fit pas le lien. Il pensa qu'elle était peut-être déjà installée plus loin, ou qu'elle discutait avec d'autres Gryffondor.
La fête battait son plein, les élèves riaient, la musique flottait dans l'air, et Harry, partagé entre la gêne d'être à Serpentard et la curiosité pour cette première célébration d'Halloween à Poudlard, ne s'aperçut pas de la détresse de son amie. Il ignorait totalement qu'au même moment, Hermione pleurait dans les toilettes, se sentant isolée du monde.
Ainsi s'acheva le début de cette soirée d'Halloween, sans que Harry sache que Hermione vivait l'un de ses pires instants depuis son arrivée. Les festivités se poursuivraient, et il ne tarderait pas à apprendre que tout ne se passait pas aussi bien pour tout le monde. Harry, installé à la table des Serpentard, piquait distraitement dans son assiette. Il cherchait des yeux Hermione, qu'il n'apercevait nulle part. Or, depuis plusieurs jours déjà, Hermione se sentait isolée ; peut-être avait-elle tout simplement préféré s'asseoir plus loin ou bouder la fête ?
C'est en entendant des Gryffondor murmurer non loin de lui qu'il saisit soudain la vérité :
Un élève de Gryffondor (voix chuchotée)
« … Elle est partie en pleurs dans les toilettes des filles… Elle ne voulait même pas venir au banquet. »
Un autre
« Bah, elle va rater le festin. C'est pas son genre, pourtant… »
Les mots « en pleurs » et « toilettes » résonnèrent dans l'esprit de Harry. Un sentiment de culpabilité l'envahit : il aurait dû remarquer qu'Hermione n'était pas là. Il s'apprêta à se lever pour la chercher, mais à cet instant…
Les portes de la Grande Salle s'ouvrirent à la volée, et le professeur Quirrell fit irruption, haletant, le regard affolé. Ses vêtements t en désordre. D'une voix stridente, il lança, sans préambule :
Quirrell (hurlant)
« Un… un t-troll ! Un troll dans… le donjon ! Je… je pensais… que vous… deviez… savoir ! »
Il vacilla puis s'affala sur le sol, inconscient. Un bref silence tomba dans la salle, avant qu'une vague de panique ne commence à monter parmi les élèves. Dumbledore se leva d'un bond pour ramener le calme, tandis que les professeurs tentaient de prendre la situation en main.
Harry, stupéfait, sentit son cœur s'emballer. Un troll ? Dans le château ? Puis l'image d'Hermione, seule, lui traversa l'esprit. Elle ignorait tout de ce qui se passait, enfermée dans les toilettes. Au même moment, des cris s'élevaient alors que les préfets essayaient de guider les élèves.
Harry, sans réfléchir, quitta la table des Serpentard. Il se faufila discrètement dans la cohue, décidé à sauver Hermione. S'il y avait un troll dans les parages, il ne pouvait pas la laisser en danger.
Dans les couloirs à peine éclairés, Harry courait à perdre haleine. Son esprit oscillait entre peur et détermination. Un troll, c'était énorme, féroce, et il n'avait pas la moindre idée de la façon de l'arrêter. Mais il fallait au moins prévenir Hermione, la sortir de ces toilettes…
Le tumulte général faisait écho à l'alerte de Quirrell ; certains élèves, affolés, se précipitaient vers leurs salles communes, encadrés par des préfets, tandis que d'autres, plus téméraires, semblaient vouloir jouer les héros. Harry, lui, filait seul, les mains moites et le cœur battant, en direction des toilettes que Hermione avait choisies pour pleurer, selon les ragots de Gryffondor.
Lorsqu'il poussa la porte des toilettes, l'endroit résonnait d'un étrange silence. Il appela d'une voix tremblante :
Harry
« Hermione ? T'es là ? C'est Harry… Il y a un troll dans le château, tu dois… »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase : un grondement sourd ébranla la pièce. Dans un recoin, une masse gigantesque s'agitait, brandissant un gourdin épais comme un tronc d'arbre. C'était le troll. Son visage bestial, ses narines dilatées, ses yeux injectés de sang… La créature avait déjà bousculé plusieurs lavabos, et l'eau coulait sur le sol en flots.
Hermione, recroquevillée au fond des toilettes, les larmes aux yeux, se tenait derrière un lavabo renversé. Elle leva la tête en voyant Harry débouler. Ses sanglots s'étranglèrent, la peur la paralysant : elle n'avait même pas compris que l'alerte au troll la concernait.
Hermione (voix tremblante)
« Ha… Harry ? Qu'est-ce que… qu'est-ce qu'il fait là ? »
Le troll, attiré par la voix, poussa un grognement furieux et se tourna vers la jeune fille. D'un geste violent, il balaya l'air de son gourdin, fracassant un autre lavabo.
Harry sentit son courage vaciller, mais il ne pouvait reculer. Hermione était sans défense, terrorisée. Il s'interposa comme il put, brandissant sa baguette d'une main fébrile :
Harry (hurlant)
« Hé ! Ici, espèce de… euh… troll ! Ne la touche pas ! »
Le monstre se tourna vers lui, le considérant d'un œil stupide, puis leva son gourdin. Harry chercha à se souvenir du moindre sort utile… Malheureusement, il n'avait pratiquement rien appris pour combattre un troll de cette taille. Pourtant, il devait faire gagner du temps à Hermione.
Harry (tremblant)
« Couche-toi ! Protège-toi ! »
Hermione se colla au mur, accroupie, incapable de sortir. Le troll, grognant, s'avança d'un pas lourd en direction de Harry, l'air de plus en plus furieux.
Serrant sa baguette, Harry tenta un sort de diversion… quelque chose, n'importe quoi pour détourner l'attention du troll. Un jet d'étincelles jaillit de sa baguette, illuminant brièvement la pièce, mais la créature, quoique surprise, abattit son gourdin. Harry plongea, l'esquivant de justesse : le bois heurta la paroi, faisant voler des morceaux de carrelage.
Hermione, secouée, parvint à se redresser légèrement, cherchant dans sa mémoire un sortilège pour aider. Harry, quant à lui, vit une opportunité : le gourdin du troll était coincé un instant dans le mur. Il se rua vers Hermione, lui saisit la main, l'aidant à se mettre à l'abri derrière un bloc de pierre brisé.
Harry
« Tu vas bien ? Tu peux courir ? »
Elle hocha la tête, encore sous le choc, les yeux embués. Le troll, de son côté, rageait en tirant sur son gourdin planté dans le mur.
Le grondement du troll résonnait encore dans les toilettes des filles. De la vapeur s'échappait du tuyau brisé, et l'eau ruisselait sur le sol en y dessinant de grandes flaques. Hermione, recroquevillée derrière un lavabo renversé, levait des yeux effarés vers la créature gigantesque qui venait de décoincer son gourdin du mur. Harry, tremblant d'anxiété, lui faisait face, la baguette serrée à s'en faire blanchir les jointures.
Harry (pensée fulgurante) :
Je dois faire quelque chose. Personne ne viendra à temps…
Le troll, de sa démarche bancale, se tourna à nouveau vers Hermione, grognant tel un bœuf enragé. Son gourdin, dégoulinant de débris, se leva dangereusement.
Harry eut un éclair de lucidité : il avait appris quelques jours plus tôt un sort de lévitation—Léviosa—d'apparence simple, mais potentiellement efficace s'il s'en servait avec ruse.
Harry bondit pour se positionner entre Hermione et le monstre, soulevant sa baguette d'une main plus sûre qu'il ne l'aurait cru.
D'une voix qu'il tenta de rendre ferme, il cria la formule qu'il avait tant répétée avec Hermione :
« Léviosa ! »
Il visa non pas le troll lui-même, mais le gourdin, massive arme de bois que la bête brandissait.
Un léger halo scintillant enveloppa le gourdin.
Sous l'effet du sort, celui-ci s'arracha brusquement des mains du troll, s'élevant dans les airs. Le troll, surpris, écarquilla ses yeux bestiaux, battant l'air de ses bras.
Hermione (depuis sa cachette, retenant son souffle)
« Harry… tu as réussi… »
Harry, les jambes flageolantes, maintenait la concentration nécessaire pour garder l'objet en l'air. Cependant, la créature, furieuse, balaya devant elle en cherchant à retrouver son gourdin. D'un mouvement imprévu, elle heurta Harry, l'envoyant rouler au sol sur quelques mètres. Hermione poussa un cri, couvrant sa bouche de ses deux mains.
Le coup finalMalgré la douleur, Harry ne lâcha pas sa baguette. Avec le peu de sang-froid qui lui restait, il pointa à nouveau sa baguette sur le gourdin en lévitation, puis relâcha le sort dans un mouvement sec, visant la tête du troll.
Le gourdin, soudain libéré, retomba avec fracas sur le crâne de la créature, émettant un bruit sourd.
Le troll vacilla, ses yeux semblant se renverser, avant de s'écrouler lourdement sur le sol carrelé, inerte.
Harry (à bout de souffle)
« C-c'est… fini ? »
Un profond silence s'installa, hormis les gouttes qui continuaient de s'écouler des canalisations brisées. Hermione, pétrifiée, sortit de sa cachette, les larmes encore visibles sur ses joues. Elle s'approcha de Harry, l'aida à se relever du mieux qu'elle put.
Hermione
« Harry, tu l'as fait… Tu as neutralisé le troll… »
C'est alors que des bruits de pas précipités se firent entendre dans le couloir. La porte s'ouvrit avec fracas : le professeur McGonagall, le professeur Rogue et le professeur Quirrell, encore tout tremblant, firent irruption. Le spectacle était pour le moins sidérant : le troll, assommé, gisait au centre des toilettes en morceaux de lavabos et flaques d'eau ; Harry, couvert de poussière et d'eau, tenait sa baguette, et Hermione, tremblante, se tenait à côté de lui.
McGonagall, la première à réagir, porta une main à sa bouche, partagée entre horreur et soulagement.
Rogue, quant à lui, arborait une expression indéchiffrable — mélange de contrariété et d'incrédulité.
Quirrell, encore sous le choc, chancela contre le mur.
McGonagall (stupéfaite)
« M-monsieur Potter, Mademoiselle Granger… Qu'est-ce que… vous avez… fait ? »
Hermione voulut prendre la parole, mais sa voix se brisa. Harry, rassemblant son courage, murmura :
Harry
« Le troll… il allait attaquer Hermione… je… j'ai… j'ai utilisé Léviosa pour lui prendre son gourdin, et… »
Les professeurs échangèrent des regards rapides. Le professeur Rogue, plissant les yeux, laissa échapper un commentaire laconique :
Rogue (glacial)
« Une prise d'initiative… téméraire. Vous auriez pu y laisser la vie. »
McGonagall, redressant ses lunettes, s'éclaircit la gorge :
McGonagall
« Ça reste… prodigieux, Harry. Vous avez sauvé Mademoiselle Granger. Je suppose que… vous deux avez agi avant que nous n'arrivions. »
Hermione, retenant encore quelques sanglots, ne put qu'acquiescer. Elle jeta un regard reconnaissant à Harry, pleine d'émotion. Quirrell, blême, n'ajouta rien, n'osant pas s'approcher du troll inconscient.
Une fois les premiers secours assurés, Harry et Hermione furent escortés hors des toilettes, encore sous le choc de leur confrontation héroïque. Dans le couloir, à l'écart de l'agitation, Hermione s'arrêta pour regarder Harry droit dans les yeux :
Hermione (voix tremblante, mais sincère)
« Tu m'as sauvée la vie… Je… Je ne sais pas comment te remercier. »
Harry, les joues rougies, haussa les épaules, un peu gêné :
Harry
« Tu aurais fait pareil pour moi… et, euh, j'étais trop inquiet pour te laisser toute seule. »
Un silence pudique s'installa. Hermione, qui quelques minutes plus tôt s'effondrait en larmes, trouva finalement un ami véritable dans ce moment de crise. Leur amitié, née dans la différence de leurs maisons, venait de se consolider dans une épreuve qu'ils n'oublieraient pas de sitôt.
Ainsi s'acheva la soirée d'Halloween, marquée par la peur et la bravoure : Harry, seul, avait vaincu le troll et sauvé Hermione, juste avant l'arrivée des professeurs. Une leçon pour tous : parfois, le courage naît dans les moments les plus inattendus, et l'amitié se révèle plus forte que les conventions.
Les jours qui suivirent l'épisode du troll de Halloween furent marqués par une nouvelle rumeur, à la fois sensationnelle et dérangeante : Harry Potter, seul, aurait neutralisé un troll adulte dans les toilettes des filles et sauvé Hermione Granger. La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre, dépassant largement la sphère de Serpentard et de Gryffondor. Si certains élèves (notamment chez les Serpentard) trouvaient cela exagéré, beaucoup en parlaient avec admiration :
« C'est le Survivant… normal qu'il sache vaincre un troll ! »
« Moi j'y crois à moitié, mais si c'est vrai, c'est dingue ! »
Harry, pris dans cette vague de curiosité, oscillait entre gêne et gratitude. Il tenait surtout à ce qu'on cesse de le regarder comme un héros : il avait simplement voulu sauver Hermione. Quant à Hermione, elle lui était plus reconnaissante que jamais, et leur amitié se renforça au fil des jours. Ron restait partagé, plus ou moins rabougri selon les instants, toujours piqué au vif par la maison de Harry, mais forcé de reconnaître que l'exploit du troll était réel. Quant à Draco, il ne cessait de lancer des piques ou des compliments empoisonnés, comme s'il cherchait à comprendre si Harry était susceptible de rejoindre son "clan".
Un matin ensoleillé, les élèves de première année se rassemblèrent sur le terrain de Quidditch, non pas pour un match, mais pour leur toute première leçon de vol. Des rangées de balais scolaires usés étaient alignées sur l'herbe, lustrant à peine sous la lumière dorée du matin.
Madame Bibine, professeure de vol, se tenait droite, les lunettes sur le nez, observant avec un mélange de sévérité et d'impatience ceux qui s'agitaient bruyamment. Certains Serpentard jubilaient déjà à l'idée de montrer leur supériorité, tandis que d'autres, chez Gryffondor, arboraient une certaine nervosité.
Harry, encore peu habitué à son statut de "Serpentard atypique", se tenait à côté de Draco Malfoy, qui bomba le torse, prétendant avoir déjà volé maintes fois. Hermione Granger, de son côté, répétait à mi-voix les instructions d'un livre sur la théorie du vol, manifestement nerveuse.
D'une voix ferme, Madame Bibine donna ses directives:
Madame Bibine
« Debout à côté de votre balai ! Tendez la main au-dessus de celui-ci et dites : "Envole-toi !" (Up!). Regardez-moi, je veux un geste vif, pas de flottement ! »
Les élèves obéirent, un mélange de curiosité et de tension dans le regard.
Draco Malfoy, sûr de lui, obtint immédiatement que son balai bondisse dans sa main.
Hermione ne parvint qu'à le faire rouler timidement sur le sol.
Harry, un peu stressé, adopta le geste qu'il avait vaguement repéré chez d'autres. À sa grande surprise, son balai lui sauta aussitôt dans la paume, comme s'il n'attendait que lui.
Madame Bibine s'approcha d'Harry avec un regard approbateur, sans pour autant s'étendre en compliments. Elle invita ensuite la classe à monter sur leurs balais, à s'élever de quelques centimètres, puis à se reposer en douceur. Les plus craintifs, dont Hermione, eurent du mal, tandis que Draco se targuait de grimper plus haut que nécessaire.
Madame Bibine venait à peine d'expliquer comment se maintenir en altitude stable quand un incident se produisit : Crabbe ou Goyle bousculèrent Hermione par inadvertance, et un objet ( le manuel de Sortilèges de Hermione) tomba à terre. Draco, amusé, s'en saisit avant que la victime ne puisse le récupérer.
Draco (narquois)
« Voyons, Potter, c'est ta petite copine la Miss je-sais-tout qui a encore fait tomber quelque chose ? Granger, c'est à toi ? »
Hermione rougit, outrée. Madame Bibine, occupée plus loin avec un autre élève, ne remarqua rien. Draco, profitant de la confusion, lança un regard de défi à Harry, puis donna un coup de talon pour s'élever davantage sur son balai.
Draco (criant à Harry)
« Viens le chercher si tu l'oses ! »
Harry hésita, sentant la colère monter. Hermione l'implorait du regard de ne pas se faire avoir, mais avant même de réfléchir, il s'élança à son tour dans les airs pour tenter de récupérer l'objet.
À peine Harry eut-il décollé qu'il se découvrit étrangement à l'aise. Le vent dans les cheveux, la vue panoramique sur le terrain… c'était grisant. Il visa Draco qui flottait un peu plus loin, brandissant le livre moqueusement. D'un geste instinctif, Harry inclina son balai et fonça à une vitesse surprenante :
Manœuvre d'évitement : Draco lança le livre en l'air pour provoquer Harry. Harry, sans hésiter, piqua brusquement.
Rattrapage : Au moment où le livre commençait sa chute, Harry se pencha sur son balai, tendit la main et l'attrapa au vol, à quelques mètres du sol.
Réception parfaite : Dans un réflexe qu'il ne s'expliquait pas, il freina sa descente et exécuta un demi-tour serré pour atterrir sans encombre, le cœur battant la chamade.
La scène avait été si rapide que la plupart des élèves n'avaient eu que le temps de lever le nez. Hermione, la bouche ouverte, n'en revenait pas qu'Harry eût réussi un tel exploit. Draco, de son côté, flottait plus haut, le visage figé par la surprise, vexé que son défi se soit retourné contre lui.
C'est alors que Marcus Flint, capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard, qui passait par là pour récupérer du matériel ou surveiller les nouveaux, remarqua la performance d'Harry. Il était arrivé juste à temps pour voir cette incroyable manœuvre aérienne.
Marcus Flint (éberlué)
« Qu'est-ce que je viens de voir ? Potter, c'est ça ? Tu viens d'effectuer un piqué comme un vieux briscard… Tu es sûr que tu n'as jamais volé avant ? »
Harry, encore sous l'adrénaline, rendit le livre à Hermione, puis se tourna vers Flint, rougissant un peu :
Harry
« Non… je… c'est la première fois que je monte sur un balai. »
Flint examina Harry de haut en bas, perplexe mais visiblement intrigué. Il jeta un coup d'œil à Draco, dont l'expression passait du dépit à la jalousie. Puis, de sa voix bourrue, Flint lâcha :
Flint
« Si tu te débrouilles aussi bien quand tu ne fais pas l'idiot, il faudra qu'on discute, Potter. Je cherchais justement un Attrapeur pour l'équipe de Serpentard. »
Un murmure parcourut les élèves, Serpentard comme Gryffondor, sidérés que Marcus Flint lui-même, réputé intransigeant, s'intéresse à un première année. Draco, crispé, ne dit pas un mot, abattu de s'être fait coiffer au poteau. Hermione, en retrait, leva les yeux vers Harry, un air de fierté et d'inquiétude mêlées sur le visage.
Madame Bibine, alertée par le chahut, accourut alors :
Madame Bibine (furieuse)
« Qu'est-ce qui se passe ici ? Je vous avais dit de ne pas décoller avant mon signal ! »
Elle remarqua l'objet dans les mains de Hermione, le regard vexé de Draco, et l'attitude impressionnée de Marcus Flint. Sans tout comprendre, elle pointa Harry du doigt :
Madame Bibine
« Vous, Potter ! Vous avez désobéi aux consignes… »
Elle s'interrompit en voyant Flint :
Flint
« À vrai dire, Madame Bibine, le garçon vient de montrer des capacités exceptionnelles. Peut-être faudrait-il qu'il devienne notre prochain Attrapeur. On en discute plus tard. »
Harry, pas certain de la tournure des événements, sentit son ventre se tordre entre la crainte d'être puni et l'excitation de la découverte de ce potentiel. L'ellipse s'achevait sur ce constat : Harry Potter, par un pur hasard, venait de prouver qu'il avait un don pour le vol, sous les yeux de Marcus Flint, capitaine de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Rien ne serait plus pareil désormais.
Malgré la routine des cours, quelques mystères continuaient d'agiter les discussions : on murmurait que le quatrième étage, ou du moins une partie, était strictement interdit par ordre de Dumbledore. Un nouveau panneau d'avertissement avait été posé, mettant en garde les élèves :
« Couloir du quatrième étage interdit à toute personne ne souhaitant pas mourir dans d'atroces souffrances. »
Cela n'empêchait pas la curiosité de planer. Plusieurs élèves s'interrogeaient, et Hermione elle-même trouvait ce genre d'avertissement exagéré. "Que peut-il bien y avoir là-haut ?", se demandait-elle. Harry, quant à lui, préférait éviter les ennuis… jusqu'à ce qu'un hasard (ou la tentation) l'entraîne finalement vers ce couloir.
Cela faisait déjà quelques jours que l'école était en ébullition depuis qu'Harry avait révélé un talent spectaculaire pour le vol. Les couloirs bruissaient de rumeurs, et chacun se demandait d'où venait ce don hors norme. Un soir, Hermione décida de mener sa petite enquête à la bibliothèque, déterminée à trouver des indices sur l'histoire de la famille Potter à Poudlard. Au détour d'une allée poussiéreuse, elle tomba sur un vieux registre des équipes de Quidditch de Gryffondor, une reliure écarlate délavée intitulée Archives sportives du Lion. Feuilletant les pages, Hermione tombait sur des clichés animés : joueurs riant et levant leurs balais, trophées scintillants… Puis elle s'immobilisa à la vue d'un nom célèbre : James Potter — Attrapeur (Saison 19XX-19XX) Hermione, le souffle coupé, se pencha sur la photo où figurait un jeune homme mince aux cheveux noirs en bataille, un sourire espiègle aux lèvres, serrant entre ses doigts un Vif d'or qu'il exhibait fièrement. Au-dessous, quelques lignes de légende : « James Potter, Attrapeur émérite, réputé pour ses réflexes et sa rapidité hors du commun. Son jeu audacieux a souvent donné l'avantage à Gryffondor. » Les yeux de Hermione s'écarquillèrent. Elle savait que James Potter avait autrefois étudié à Poudlard et fait partie de Gryffondor, mais jamais elle n'aurait imaginé qu'il avait occupé ce poste si prestigieux d'Attrapeur. Elle ne put s'empêcher de songer à la prouesse récente d'Harry sur son balai : comme père, comme fils, se dit-elle en silence, le cœur un peu serré d'émotion. Hermione ferma doucement le registre, la tête pleine de questions. Il lui tardait de partager cette découverte avec Harry. Avait-il seulement la moindre idée que son talent venait peut-être d'une hérédité si précise ? Que, des années avant lui, son propre père arrachait déjà des victoires aériennes pour la maison Gryffondor ? Elle quitta la bibliothèque avec l'impression de porter un petit trésor de connaissance, prête à rejoindre son ami Serpentard (qui, malgré sa maison, restait un héritier de Gryffondor d'une façon inattendue). Cette révélation éclairait d'un jour nouveau l'exploit qui avait révélé Harry aux yeux de tous : il marchait, ou plutôt il volait, dans les pas de son père, James Potter, autrefois Attrapeur de génie.
Le lendemain, Hermione retrouva Harry dans un coin moins fréquenté de la bibliothèque, où il s'était réfugié pour échapper aux regards curieux. Elle avait le vieux registre de Quidditch serré contre sa poitrine, le cœur battant d'émotion. Harry, en la voyant arriver, se redressa, intrigué par l'air fébrile qui se peignait sur son visage.
Hermione (énergique, à mi-voix)
« Harry, j'ai… j'ai découvert quelque chose, hier soir, en fouillant les archives des équipes de Quidditch de Gryffondor… Tu vas vouloir voir ça. »
Sans attendre sa réponse, elle ouvrit délicatement le livre écarlate et tourna quelques pages jaunies. Là, une photo animée montrait un jeune homme mince et souriant, aux cheveux noirs en bataille, tenant un Vif d'or avec fierté. Sous la photo, on lisait :
« James Potter — Attrapeur (Saison 19XX-19XX) »
Harry écarquilla les yeux, s'approchant de l'ouvrage comme s'il craignait de le briser. C'était la première fois qu'il voyait une image de son père : un joueur de Quidditch, animé, radiant de joie, tout l'opposé de ce qu'il avait pu entendre de la bouche des Dursley. Un frisson le parcourut.
Harry (voix émue)
« C'est… c'est lui ? Mon père ? … Attrapeur ? »
Sa gorge se serra ; il cligna des paupières, retenant un souffle tremblant. Hermione, voyant la boule d'émotion dans ses yeux, referma doucement sa main sur son bras, en signe de soutien.
Hermione
« Oui. Je pensais que tu le savais déjà, mais… j'imagine que non. Il a fait partie de l'équipe de Gryffondor, et apparemment, il était vraiment doué. »
Harry eut un sourire fragile, ses doigts caressant la photo comme s'il espérait sentir la chaleur de ce père qu'il n'avait jamais connu. Un immense sentiment de gratitude l'envahit, à l'idée qu'Hermione ait farfouillé ces archives pour lui apporter la preuve d'un passé familial dont il ignorait tout.
Harry (d'une voix où transparaît sa reconnaissance)
« Je… merci, Hermione. C'est la première fois que je vois mon père en photo. Je ne savais rien de lui juste qu'il était à Gryffondor, mais… jamais personne ne m'avait montré ça. »
Hermione sentit ses propres yeux picoter, émue de le voir si touché.
Hermione
« J'ai pensé que ça te ferait plaisir… Tu as le droit de connaître ta propre histoire, Harry. »
Dans le calme feutré de la bibliothèque, alors que quelques élèves chuchotaient au loin, Harry resta encore un instant à contempler l'image de James Potter brandissant fièrement le Vif d'or. Désormais, il ne voyait plus seulement une légende ou un inconnu, mais un père jeune et plein de vie, au sourire malicieux. Et tout cela, il le devait à Hermione, qui venait de lui offrir un lien concret avec son passé.
Depuis l'épisode du troll, Harry et Hermione avaient pris l'habitude de réviser ensemble, parfois jusqu'à tard, dans les recoins tranquilles de la bibliothèque de Poudlard. Ce soir-là, alors qu'ils rangeaient enfin leurs livres, ils se dépêchèrent de gagner les couloirs pour rejoindre leurs dortoirs avant le couvre-feu.
Draco Malfoy, lui, sortait à peu près au même moment d'un autre rayon de la bibliothèque. Peut-être était-il venu chercher un ouvrage rare ou, plus vraisemblablement, surveiller ce que Harry et Hermione trafiquaient. Quoi qu'il en soit, ils tombèrent nez à nez juste avant de s'engager dans le large escalier principal.
Hermione (surprise)
« Malfoy ? Qu'est-ce que tu fais là, à cette heure ? »
Draco (fausse nonchalance)
« Ça ne te regarde pas, Granger. Potter, tu devrais éviter de traîner… Les préfets rôdent. »
Harry haussa les épaules, pas désireux de se disputer. Ils étaient tous les trois pressés de rentrer, alors c'est presque sans un mot qu'ils s'engagèrent, chacun de son côté, sur l'escalier. Sauf que l'escalier décida de n'en faire qu'à sa tête.
Alors qu'ils atteignaient le palier, l'escalier pivotait lentement, déviant leur route. Un bruit de pierre coulissant retentit, et la rampe coulissa vers une volée de marches différentes.
Harry (inquiet)
« Oh non… Il change de direction. Où est-ce qu'on atterrit ? »
Draco (marmonnant)
« Génial. Vous avez le chic pour vous perdre, tous les deux. »
Hermione (examinant le palier)
« Nous sommes… au quatrième étage ? Mais c'est la zone interdite ! »
Effectivement, un écriteau gravé rappelait la mise en garde de Dumbledore. Le couloir était plongé dans une pénombre sinistre, la lumière des torches vacillant sur la pierre humide.
Draco (air blasé)
« J'ai pas l'intention de m'éterniser ici. Trouvons un autre escalier. »
En cherchant un moyen de revenir sur leurs pas, le trio parcourut le couloir. Mais toutes les portes semblaient verrouillées ou débouchaient sur des placards vides. Au détour d'un angle, ils aperçurent un battant entrouvert, d'où émanait un léger courant d'air fétide.
Hermione (en retenant sa respiration)
« D'après l'avertissement de Dumbledore, on ne devrait même pas… »
Draco (ironique)
« Tais-toi, Granger, je ne fais qu'inspecter. Toi, Potter, tu me suis ? »
Harry, serrant les dents, jugea qu'il valait mieux vérifier si cette porte menait à un escalier. Peut-être pourraient-ils enfin sortir de cette zone interdite. Ils poussèrent doucement le battant, qui grinça, révélant une vaste salle sombre.
Il ne fallut que quelques pas avant qu'un grondement sourd ne se fasse entendre dans la pénombre. Un chien gigantesque, doté de trois têtes, se dressa, toutes babines retroussées, la bave dégoulinant sur le sol. Une odeur de bête sauvage emplit l'air.
Hermione, pétrifiée, étouffa un cri.
Draco, les yeux ronds, recula, choqué malgré ses airs de bravade.
Harry se raidit, le cœur battant à toute allure.
Hermione (terrifiée)
« R-r-regardez… ce chien… à trois têtes ! »
Les trois gueules se mirent à claquer, repérant immédiatement les intrus. Ils remarquèrent aussi une trappe au sol, juste sous les pattes du monstre, comme si la bête la gardait.
Draco (réalisant trop tard)
« Par Merlin… c'est ça, l'horrible secret du quatrième étage ?! »
Le chien grogna plus fort, prêt à bondir.
Il ne leur fallut qu'une seconde pour prendre la décision de faire demi-tour. La créature chargea en avant, mais par chance, ses lourdes chaînes — ou quelque entrave invisible — semblaient le retenir. Harry et les autres eurent tout juste le temps de se glisser hors de la salle et de refermer la porte dans un claquement.
Hermione (à bout de souffle)
« C'est un véritable monstre ! Dumbledore l'a donc vraiment installé ici pour une raison ? »
Harry
« On dirait qu'il garde cette trappe… Qu'est-ce qu'il peut bien y avoir là-dessous ? »
Draco, le teint pâle, masqua sa frayeur derrière un ton hargneux :
Draco
« Vous m'avez fait perdre mon temps. La prochaine fois, Potter, évite de m'embarquer dans vos idioties. »
Mais il ne réussissait pas à cacher son choc. Sans demander leur avis, il s'éloigna rapidement dans le couloir, à la recherche d'un escalier descendu dans le bon sens.
Harry et Hermione se lancèrent un regard solidaire. En quelques minutes, ils réussirent à trouver un escalier moins capricieux, retournant vers les zones autorisées de Poudlard. Dans le silence confus, ils se demandaient déjà :
Qui avait enfermé un chien à trois têtes dans cette salle ?
Que gardait-il exactement ?
Et pourquoi Dumbledore avait-il décrété le couloir interdit ?
Hermione ouvrit la bouche :
Hermione (voix tremblante d'excitation et de peur)
« On ne peut pas en parler à tout le monde, mais… il faudra tirer ça au clair. »
Harry, encore secoué, acquiesça sans un mot, conscient que ce secret dépassait probablement tout ce qu'il imaginait sur Poudlard.
Au fil des semaines, le nom de Harry Potter résonnait de plus en plus fort dans les couloirs de Poudlard. Depuis qu'il avait vaincu un troll, prouvé sa maîtrise surprenante sur un balai, et découvert qu'il marchait dans les pas de son père, ancien Attrapeur de Gryffondor, sa réputation atteignait de nouveaux sommets. Les élèves se retournaient sur son passage, chuchotant mille hypothèses sur ce que Harry serait capable d'accomplir ensuite.
De son côté, Draco Malfoy, souvent tiraillé entre l'orgueil des Serpentard et une admiration un peu cachée, observait Harry avec un intérêt grandissant. Il se souvenait de leur première rencontre, ponctuée de provocations et de sarcasmes, mais quelque chose avait changé : Harry n'était pas qu'un «héros» ou un «acteur de sa célébrité», il se révélait sincère, parfois hésitant, parfois plus sûr de lui… et étonnamment loyal envers ceux qu'il appréciait.
Alors que Harry gagnait le respect de bien des élèves, y compris celui de Marcus Flint, Draco commença à revoir son jugement. Petit à petit, il engagea la conversation avec Harry, d'abord sous forme de remarques distantes ou de commentaires sur la vie à Serpentard. Puis, plus ils se côtoyaient, plus Draco s'aperçut qu'ils partageaient un certain goût pour la compétition, et qu'ils pouvaient s'entendre sur des sujets parfois inattendus : la rivalité entre maisons, les mystères du château, ou encore les prouesses en Quidditch.
Les autres Serpentard, d'abord perplexes, constatèrent que Draco réduisait ses moqueries acerbes envers Harry. Ils furent même surpris de voir Draco et Harry échanger des plaisanteries, débattre sur l'issue potentielle du prochain match de Quidditch, ou marcher ensemble dans un couloir sans s'insulter. Hermione, elle, regardait cette évolution d'un œil prudent, n'ayant jamais oublié le mépris dont Draco faisait preuve envers elle. Pourtant, elle devinait aussi chez Harry une sincérité désireuse de laisser sa chance à Draco.
Au fil des repas dans la Grande Salle, Draco osait parfois s'asseoir non loin de Harry, sous le regard stupéfait de leurs camarades, y compris ceux qui restaient méfiants à l'idée d'un duo si inattendu. Et si cette entente restait teintée de rivalité, elle semblait malgré tout tracer un chemin vers une certaine complicité.
Le château entier bruissait déjà du dernier «exploit» de Harry dès qu'il mettait un pied quelque part, mais cette fois, on murmurait aussi que Draco Malfoy, figure hautaine de Serpentard, s'entendait de mieux en mieux avec Harry Potter. Cette alliance improbable interpelait tout le monde : certains y voyaient un simple calcul de Draco pour profiter de la célébrité de Harry, d'autres y lisaient le signe que les clivages entre maisons pouvaient s'atténuer…
Harry, pour sa part, ne savait pas encore jusqu'où cette relation l'emmènerait. Il gardait en mémoire les piques de Draco, ses allusions méprisantes envers Hermione, ou son air condescendant. Mais il reconnaissait aussi un certain courage chez Draco, et des ambitions moins futiles qu'elles n'y paraissaient. Peut-être, au fond, avaient-ils plus en commun que le reste du monde voulait bien le croire.
Ainsi, alors que la notoriété de Harry ne cessait de grandir à Poudlard, un début d'amitié se dessinait entre lui et Draco Malfoy : une entente surprenante, encore fragile, mais semant le trouble dans les mentalités de Serpentard… et au-delà.
