Bonjour, je republie l'histoire, car je ne sais pas ce qui c'est passé... Je l'ai publié avec mon téléphone, pire bêtise à ne jamais reproduire ! Car tantôt il apparait en ligne tantôt ça met qu'il a disparu (Je ne sais pas par quel tour de passe passe). Bref je ne ferai plus jamais cette erreur, mieux vaut l'ordinateur. Bonne Lecture !


Seattle, janvier.

L'air glacial de la patinoire me saisit dès que je franchis les portes de l'arène. Une fine brume flotte légèrement au-dessus de la glace, signe que le système de réfrigération tourne à plein régime. L'odeur du caoutchouc et du métal des équipements se mêle à celle, plus subtile, du gel chauffant que les joueurs utilisent avant de s'entraîner.

Je resserre mon manteau autour de moi tout en observant la scène qui se déroule sous mes yeux. Sur la glace, les joueurs s'échauffent en enchaînant des passes précises, sous le regard attentif de leur entraîneuse en chef, Emma Swan.

Je n'ai encore jamais eu l'occasion d'échanger avec elle. J'ai bien sûr entendu parler d'elle avant même de rejoindre l'équipe. Première femme à la tête d'une équipe masculine de hockey professionnel, une réputation sulfureuse alimentée par la presse, un caractère bien trempé d'après ce que certains membres du staff m'ont laissé entendre. Elle intrigue autant qu'elle divise.

Mais ce qui attire réellement mon attention en cet instant, c'est la façon dont elle évolue sur la glace.

Vêtue d'un long manteau noir ajusté, d'un tailleur impeccablement coupé et de patin à glaces chaussés aux pieds, elle se déplace avec une aisance déconcertante sur la surface glacée. Je l'observe, fascinée, alors qu'elle esquisse une manœuvre avant de s'arrêter net devant un joueur, apparemment pour lui expliquer un mouvement qu'il a du mal à exécuter.

Je n'ai jamais vu quelqu'un manier la glace avec autant d'assurance tout en étant aussi… élégamment habillé.

— Impressionnant, n'est-ce pas ?

Je tourne la tête pour voir un membre du staff, un kiné de l'équipe, sourire en regardant la scène.

J'hoche simplement la tête.

Il rit doucement.

—Elle pourrait donner une leçon de patinage à la moitié des gars ici.

Je reporte mon regard sur elle. Elle a désormais croisé les bras sur sa poitrine, écoutant attentivement l'un des joueurs qui lui parle. Je note la détermination qui se lit sur son visage, la façon dont elle scrute les moindres détails du jeu.

- Bien. Tant mieux. Il vaut mieux travailler avec des gens compétents, peu importe leur réputation.

Je jette un coup d'œil à ma montre avant de me diriger vers mon bureau. Aujourd'hui, je dois effectuer une série de tests physiques sur certains joueurs. Des tests d'effort, de flexibilité, quelques examens préventifs… Rien de particulièrement excitant, mais essentiel pour éviter les blessures inutiles.


À peine ai-je eu le temps d'installer mon matériel qu'un joueur entre dans l'infirmerie. Un jeune ailier droit, visiblement nerveux.

— Bonjour, docteur Mills.

— Bonjour. Installez-vous, on va commencer.

Je note sa posture légèrement crispée. Il est grand, athlétique, mais il semble hésitant.

— Vous avez un problème en particulier ?

Il secoue la tête.

— Non, c'est juste un contrôle… Mais… j'ai du mal avec mon endurance en ce moment.

— D'accord. On va regarder ça.

Je commence l'examen, posant des questions méthodiques pendant que je prends ses constantes. Tout se passe bien, jusqu'à ce que la porte s'ouvre brusquement, laissant entrer une bouffée d'air froid.

— Vous comptez le garder combien de temps ?

Je relève la tête et croise, pour la première fois, le regard perçant d'Emma Swan.

Ses yeux verts brillent d'une impatience mal contenue.

— Autant que nécessaire, répliqué-je calmement.

Elle arque un sourcil, visiblement peu habituée à ce qu'on lui tienne tête.

— Il doit retourner sur la glace.

— Il reviendra quand j'aurai terminé.

Un silence s'installe. Je devine que les joueurs ne sont pas habitués à voir quelqu'un résister à leur entraîneuse en chef.

Emma me détaille un instant, comme si elle évaluait si j'étais un obstacle ou une alliée. Finalement, elle se contente de hocher légèrement la tête avant de lancer au joueur :

— Dépêche-toi.

Puis, sans un mot de plus, elle tourne les talons et sort de l'infirmerie.

Je laisse échapper un soupir discret.

La tension que cette femme dégage est presque palpable.

Et pourtant, une chose est certaine : nous allons devoir apprendre à travailler ensemble. Que cela lui plaise… ou non.

La porte de l'infirmerie se referme derrière Emma Swan, laissant derrière elle un frisson d'électricité statique dans l'air. Je me retiens de soupirer en reportant mon attention sur le joueur toujours assis devant moi, visiblement mal à l'aise après cet échange.

— Elle est toujours comme ça ? demandais je, feignant l'indifférence.

— Coach Swan ? Euh… disons qu'elle est… exigeante.

Un sourire amusé effleure mes lèvres. Exigeante. Un mot poli pour dire qu'elle a un tempérament explosif et ne tolère pas qu'on lui résiste.

— Je vois. Dans ce cas, terminons rapidement votre examen avant qu'elle ne décide de revenir me faire la leçon.

Le jeune homme rit, un peu plus détendu, et je me remets au travail.


Plus tard dans l'après-midi, je décide de me rendre sur la glace après mes consultations. Non pas que j'en ressente l'envie, mais il est essentiel que je m'habitue à l'environnement dans lequel évolue l'équipe.

L'entraînement bat son plein lorsque j'arrive en bord de patinoire. Les joueurs filent sur la glace avec une rapidité impressionnante, enchaînant des passes précises et des tirs puissants. L'intensité de leur effort est palpable.

Et au milieu d'eux, comme une ombre fluide et indomptable, Emma Swan.

Elle patine sans casque ni protection, uniquement vêtue d'un manteau ouvert sur un tailleur ajusté. Ses patins fendent la glace avec une aisance presque surnaturelle tandis qu'elle se faufile entre les joueurs, démontrant une technique qui force l'admiration. Même moi, qui ne suis pas une spécialiste du hockey, je peux voir qu'elle est douée.

— Ça vous impressionne, hein ?

Je me retourne pour voir Ruby, l'une des préparatrices physiques de l'équipe, me lancer un regard amusé.

— Impressionnée ? C'est un grand mot.

Ruby rit, hochant la tête.

— Oh, elle est redoutable. Ancienne joueuse de haut niveau, elle aurait pu aller encore plus loin si elle ne s'était pas blessée au genou il y a quelques années. Depuis, elle entraîne, et elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, je peux vous le garantir.

Je hoche la tête, détournant à nouveau le regard vers la glace. À ce moment précis, Emma s'arrête brusquement devant un joueur qui semble avoir du mal à maîtriser un mouvement. Elle parle rapidement, accompagnant ses explications de gestes précis, puis lui montre comment s'y prendre.

Un mélange d'admiration et d'agacement monte en moi. Cette femme a une présence indéniable. Elle capte l'attention, la retient, la maîtrise, mais elle dégage aussi une arrogance à peine dissimulée qui me donne envie de lui prouver que tout ne tourne pas autour d'elle.

Soudain, elle tourne la tête et nos regards se croisent.

Une fraction de seconde suspendue.

Je m'attends à ce qu'elle détourne les yeux, mais elle soutient mon regard avec cette intensité provocante qui semble être sa marque de fabrique, puis, lentement, elle esquisse un sourire en coin avant de se détourner et de reprendre son explication auprès du joueur.

Je ressens une vague de frustration sans bien en comprendre la raison.

Ruby éclate de rire à mes côtés.

— Ah, vous allez vous amuser toutes les deux.

Je lui lance un regard en biais.

— Je ne vois pas ce qu'il y a d'amusant.

Elle hausse les épaules.

— Vous êtes toutes les deux des femmes fortes, intelligentes et indépendantes. Autant dire que ça va faire des étincelles.

Je fronce les sourcils et croise les bras.

— Tant qu'elle respecte mon travail, tout ira bien.

— Vous devriez lui dire ça en face, ça serait drôle.

— Croyez-moi, si elle m'interrompt encore une fois dans mon travail, elle le saura très vite.

Ruby me fixe avec un sourire en coin.

— Je vais chercher du pop-corn.

Je secoue la tête avant de reporter mon attention sur la glace. Emma Swan, quant à elle, continue de patiner avec assurance, ignorant complètement la tension qu'elle a laissée derrière elle.


La semaine passe rapidement, rythmée par les consultations médicales et les entraînements quotidiens. J'ai eu l'occasion d'observer Emma Swan à plusieurs reprises, et chaque interaction entre nous se solde par une joute verbale plus ou moins subtile. Rien de bien méchant, mais suffisamment pour que je ressente une montée d'adrénaline chaque fois que nos regards se croisent.

Aujourd'hui, je me rends plus tôt que prévu à la patinoire pour réaliser des tests d'effort sur certains joueurs. Le vestiaire médical est encore calme lorsque je m'installe avec mon matériel. J'apprécie ces moments matinaux, avant que l'agitation de l'équipe n'envahisse les lieux.

J'attrape mon dossier et commence à examiner les résultats des tests déjà réalisés cette semaine. Certains joueurs montrent des signes de fatigue musculaire, d'autres ont un léger déséquilibre dans leur endurance. Rien d'alarmant, mais je note quelques recommandations à faire à l'équipe d'entraîneurs.

Puis, comme une perturbation calculée, la voix d'Emma Swan résonne dans le couloir.

— Sérieusement, Jefferson ? On a un match dans trois jours, et tu me dis que trois de mes meilleurs joueurs ne sont pas en état de tenir un match complet ?

Elle n'a pas encore passé la porte que je ressens déjà la tension qui l'accompagne.

Le diététicien de l'équipe, Jefferson, tente de la raisonner, mais il ne semble pas avoir beaucoup d'impact.

— Je dis simplement qu'ils ont besoin d'un ajustement alimentaire et d'un meilleur suivi pour éviter la fatigue sur le long terme.

Je me lève et m'avance vers la porte, croisant les bras sur ma poitrine alors qu'Emma entre dans mon bureau comme une tempête hivernale.

— Docteur Mills, vous avez un avis sur la question ? demande-t-elle en me lançant un regard incisif.

— Je ne donne pas d'avis à la demande, répliqué-je calmement. Mais si vous voulez un rapport détaillé sur l'état physique de votre équipe, j'ai justement des résultats à vous transmettre.

Elle s'arrête un instant, m'observant avec cet air d'évaluation qui commence à m'agacer. Puis elle avance, attrape le dossier que je lui tends et l'ouvre d'un geste brusque.

Je la regarde parcourir les résultats, et je remarque la façon dont son sourcil se fronce légèrement à la lecture des indicateurs de fatigue.

— Vous étiez au courant que certains joueurs montraient des signes de surmenage ? demandais je, plus pour la tester que par réelle curiosité.

Elle relève les yeux vers moi, et je lis une lueur de défi dans son regard.

— Je connais mon équipe, docteur, mais je les pousse parce que je sais de quoi ils sont capables.

— Et moi, je suis ici pour m'assurer qu'ils restent capables de tenir toute une saison sans risquer des blessures inutiles.

Un silence s'installe entre nous, tendu et électrique.

Emma claque le dossier fermé et le pose sur mon bureau avant de croiser les bras, adoptant une posture presque arrogante.

— Très bien. Vous proposez quoi ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me laisse une ouverture aussi rapidement. Je me redresse légèrement et pose mes mains sur mon bureau.

— Une modification du programme d'entraînement pour certains joueurs. Des sessions de récupération active plus longues, une surveillance accrue des indicateurs de fatigue.

— Et vous pensez vraiment que ça va suffire ?

— Je pense que c'est mon métier de le savoir, rétorqué-je en haussant un sourcil.

Son sourire en coin se dessine lentement.

— Vous aimez toujours avoir raison, hein ?

Je soutiens son regard sans ciller.

— Je préfère être certaine que les joueurs ne finiront pas à l'hôpital.

Emma semble peser mes mots, puis elle hoche la tête lentement.

— Très bien, docteur Mills. On fera à votre façon… pour cette fois.

Elle pivote sur ses talons et s'éloigne sans attendre de réponse.

Je lâche un souffle que je ne réalisais pas retenir.

Cette femme va être une épreuve.

Et pourtant, alors que je reprends mes notes, un léger sourire flotte sur mes lèvres.

Je crois bien que j'aime ça.


L'équipe se prépare pour son prochain match, et la tension est palpable. Les entraînements sont plus intenses, les joueurs plus concentrés, et Emma Swan… toujours aussi agaçante.

Depuis notre dernière discussion sur l'état physique des joueurs, elle n'a pas cherché à contester mes décisions, mais je sens bien qu'elle garde un œil sur moi. Comme si elle évaluait mes compétences, testait ma résistance. J'ai l'habitude de travailler avec des entraîneurs exigeants, mais Emma a cette manière bien à elle d'exercer son autorité.

Et surtout, elle me pousse à réagir.

Aujourd'hui, l'entraînement est ouvert à quelques journalistes, ce qui ajoute un niveau de pression supplémentaire. L'équipe doit montrer qu'elle est prête pour son premier match à domicile.

Je me tiens près du banc, observant attentivement les mouvements des joueurs, scrutant les moindres signes de fatigue ou de blessure potentielle.

Emma est sur la glace, comme toujours, sans protection, en manteau et tailleur ajusté, ses patins glissant avec une fluidité déconcertante.

Elle siffle un arrêt de jeu et s'approche d'un des attaquants, lui parlant avec une intensité qui me fait comprendre qu'il n'a pas respecté ses consignes. Les joueurs la respectent. Ils ne discutent pas ses ordres.

Soudain, un mouvement attire mon attention.

Un joueur perd l'équilibre et tombe lourdement sur la glace. Je réagis immédiatement et descends sur la patinoire en attrapant mon kit médical.

Emma est déjà près du joueur quand j'arrive.

— Ça va ? demande-t-elle en s'accroupissant.

Il grimace et secoue la tête.

— Cheville… J'ai senti un craquement.

Je me place à côté d'Emma et lève un regard vers elle.

— Vous pouvez reculer ?

Elle fronce les sourcils.

— Je veux voir ce qu'il a.

— Et moi, je veux faire mon travail.

Un duel silencieux s'engage entre nous, mais je ne me laisse pas impressionner. Finalement, elle se relève et recule légèrement, me laissant l'espace nécessaire pour examiner la cheville du joueur.

Après quelques tests rapides, je soupire de soulagement.

— Ce n'est pas une fracture. Mais vous ne jouez pas ce week-end, dis-je au joueur avant de me tourner vers Emma.

Elle serre la mâchoire.

— Vous en êtes certaine ?

— À moins que vous soyez également médecin, je vous assure que oui.

Un rictus s'étire sur ses lèvres.

— Vous aimez avoir le dernier mot, Mills.

— J'aime que les joueurs restent en état de jouer toute la saison.

Elle me scrute un instant, puis hoche lentement la tête.

— D'accord. On le met en repos.

L'échange est rapide, mais il signifie une chose essentielle : elle m'accorde sa confiance sur ce point.

Je relève les yeux vers les tribunes où quelques journalistes ont tout observé. L'un d'eux note quelque chose dans son carnet en jetant un regard vers Emma et moi.

Génial. Comme si cette équipe avait besoin de plus de rumeurs.

Quelques heures plus tard, je finis ma journée dans mon bureau, finalisant le rapport médical du jour. Une série de coups à la porte me fait lever les yeux.

— Entrez.

Emma Swan passe la porte, referme derrière elle et croise les bras.

— Je voulais juste dire… merci d'avoir réagi aussi vite.

Je lève un sourcil, un peu surprise.

— Vous vous habituez déjà à me faire confiance ?

Elle ricane légèrement.

— Ne poussez pas, Mills. Disons que je reconnais le travail bien fait quand je le vois.

Je soutiens son regard. Il y a quelque chose chez elle… un mélange de provocation et d'honnêteté brute.

— Dans ce cas, vous êtes la bienvenue, Swan.

Elle esquisse un sourire en coin avant de faire demi-tour.

— Bonne soirée, docteur.

Je l'observe s'éloigner, et je ressens à nouveau cette tension étrange.

Cette femme…

Elle va me donner du fil à retordre.


Le lendemain matin, j'arrive plus tôt que d'habitude à la patinoire. La blessure d'un des attaquants la veille m'a rappelé à quel point le hockey est un sport exigeant, où la moindre faiblesse peut être exploitée. Mon rôle est de minimiser ces risques autant que possible.

Alors que j'entre dans mon bureau pour préparer la journée, je trouve une tasse de café encore fumante posée sur mon bureau.

Je fronce les sourcils.

— Ruby ?

Ma collègue passe la tête dans l'encadrement de la porte avec un sourire innocent.

— Ce n'est pas moi.

— Alors c'est qui ?

Elle hausse les épaules.

— Aucune idée. Peut-être une tentative de corruption de la part de l'équipe ?

Je lève les yeux au ciel et prends une gorgée du café, savourant la chaleur qui me réveille complètement.

Ruby m'observe en silence avant de finalement s'adosser au mur, les bras croisés.

— Alors, toi et la coach Swan…

Je soupire déjà.

— Non.

Elle rit.

— J'ai rien dit.

— Tu allais dire quelque chose.

— Juste que c'est drôle de vous voir vous battre pour le contrôle à chaque conversation.

Je repose ma tasse et la fixe.

— Il n'y a pas de bataille pour le contrôle.

— Oh, si, il y en a une. Et franchement, c'est divertissant.

Je secoue la tête avant de me concentrer à nouveau sur mes dossiers.

— Ce n'est pas un jeu, Ruby. C'est mon travail.

— C'est aussi le sien, et pourtant, elle semble apprécier vous provoquer.

Je ne réponds pas. Parce que Ruby n'a pas tort. Emma Swan aime la confrontation, c'est un fait. Et ce qui m'agace le plus, c'est que je ressens un certain plaisir à lui tenir tête.

L'entraînement de l'après-midi se déroule sans accroc. Je reste près du banc, observant attentivement les mouvements des joueurs, guettant le moindre signe de fatigue.

Emma est, comme toujours, sur la glace avec eux. Aujourd'hui, elle porte un manteau beige, un tailleur ajusté et, bien sûr, ses talons aiguilles.

Je ne comprends toujours pas comment elle parvient à marcher avec autant d'aisance depuis les bancs de l'équipe ainsi vêtue. C'est presque… irritant.

— Allez, les gars, encore cinq minutes ! hurle-t-elle en tapant dans ses mains.

Les joueurs redoublent d'efforts, mais je vois déjà que certains commencent à accuser le coup.

Je décide d'intervenir.

— Swan !

Elle se tourne vers moi, l'air surpris.

— Quoi ?

— Ils ont besoin d'une pause.

Elle fronce les sourcils.

— Ils peuvent tenir cinq minutes de plus.

Je m'avance d'un pas, croisant les bras.

— Et risquer une blessure musculaire avant le match de demain ? Mauvaise idée.

Elle me fixe un instant, puis lève les yeux au ciel avant de souffler.

— D'accord, d'accord. Pause de deux minutes !

Les joueurs échangent des regards surpris avant de s'éloigner en direction du banc, certains s'essuyant déjà le front.

Emma s'approche lentement de moi, un sourire en coin.

— Vous commencez à prendre vos aises, docteur.

Je soutiens son regard.

— Mon travail est de m'assurer que votre équipe arrive en forme au match. Et votre travail est de m'écouter quand je vous dis qu'ils ont besoin de repos.

Son sourire s'élargit légèrement.

— Et si je ne suis pas d'accord ?

— Alors vous aurez tort.

Elle rit doucement avant de secouer la tête.

— Vous êtes impossible, Mills.

— Je pourrais dire la même chose de vous.

Elle ouvre la bouche pour répliquer, mais un joueur l'appelle pour lui poser une question sur une stratégie de jeu.

Avant de s'éloigner, elle me lance un dernier regard.

— Ce n'est pas fini.

Je souris en coin.

— Je n'en attendais pas moins.


Le jour du match arrive enfin. La patinoire est en effervescence. Les tribunes se remplissent peu à peu, l'éclairage des projecteurs se reflète sur la glace, et l'adrénaline est presque palpable dans l'air.

Dans les vestiaires, l'équipe termine son échauffement pendant qu'Emma Swan donne ses dernières consignes. Je me tiens en retrait, appuyée contre le mur, observant la scène avec attention.

— On joue intelligemment, pas dans la précipitation ! s'exclame-t-elle en faisant les cents pas devant ses joueurs.

Son charisme est indéniable. Lorsqu'elle parle, tout le monde écoute. Son autorité est naturelle, sa confiance inébranlable.

— Mills.

Je lève les yeux vers elle. Elle s'est approchée, les bras croisés sur sa poitrine.

— Aucun joueur blessé ce soir, compris ?

Je hausse un sourcil.

— Si ça ne tenait qu'à moi, ce serait toujours le cas, mais c'est vous qui les envoyez se battre sur la glace, pas moi.

Elle esquisse un sourire en coin.

— Toujours aussi mordante.

— Toujours aussi arrogante, rétorqué-je du tac au tac.

Elle ricane légèrement avant de secouer la tête.

— Faites juste votre boulot, Mills.

— Faites le vôtre correctement, et je n'aurai pas à intervenir.

Nos regards s'accrochent une seconde de trop, mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle pivote sur ses talons et claque des mains.

— Allez, les gars, sur la glace !

L'équipe se lève dans un bruit de frottement de patins et de claquement d'épaulettes.

Je les suis du regard avant de me tourner vers Ruby, qui m'observe avec un sourire beaucoup trop malicieux.

— Quoi ?

— Vous flirtez.

Je roule des yeux.

— Je ne flirte pas.

— Ah non ? Et ce regard de défi que vous échangez toutes les cinq minutes ?

— Ce n'est pas du flirt, c'est une guerre froide.

Ruby rit avant de me donner une tape sur l'épaule.

— C'est ce que tu crois, Mills.

Je soupire avant de quitter les vestiaires et de prendre ma place sur le banc médical, non loin du staff technique. De là, je peux suivre le match tout en surveillant l'état physique des joueurs.

Le premier tiers-temps est intense. L'équipe d'Emma joue avec agressivité et stratégie, et je ne peux nier son talent de coach. Elle donne des directives précises, ajuste les lignes avec intelligence et ne laisse aucun répit à l'équipe adverse.

Je surprends plusieurs fois son regard croiser le mien au fil du jeu, comme si elle s'assurait que je sois toujours là, en observation.

Puis, à quelques minutes de la fin du deuxième tiers-temps, tout bascule.

Un joueur adverse plaque l'un de nos attaquants violemment contre la bande. L'impact résonne dans toute la patinoire, suivi d'un silence de plomb.

Je me lève d'un bond, attrapant mon matériel médical avant de me précipiter sur la glace.

Emma est déjà là, agenouillée près du joueur, son visage fermé par une inquiétude qu'elle masque difficilement.

— Il a perdu connaissance une seconde, murmure-t-elle en me laissant la place.

Je fais rapidement un examen initial. Son regard est vitreux, ses pupilles légèrement dilatées.

— Probable commotion cérébrale, dis-je en levant les yeux vers Emma. Il ne peut pas continuer.

Elle serre la mâchoire, visiblement frustrée, mais elle hoche la tête.

— D'accord. On le sort de là.

Avec l'aide du staff, on l'emmène hors de la glace. Je le conduis immédiatement en salle d'examen pour des tests plus poussés.

Emma nous suit, son regard rivé sur son joueur blessé.

Lorsqu'on termine l'examen et que je confirme le diagnostic, elle pousse un long soupir.

— Il va devoir être mis en repos plusieurs jours, explique-je.

Elle passe une main dans ses cheveux, visiblement contrariée.

— Merde…

Je croise les bras.

— Vous voulez que je vous dise que c'est un coup dur ? Vous le savez déjà, mais il faut penser à sa santé avant tout.

Elle me fixe un instant avant de finalement hocher la tête.

— Ouais. Vous avez raison.

Je note l'effort qu'elle fait pour l'admettre, et un léger sourire me vient malgré moi.

— Vous voyez, ce n'est pas si difficile de reconnaître que j'ai raison.

Elle ricane doucement.

— Ne prenez pas trop la confiance, Mills.

— Trop tard.

Nos regards s'accrochent une nouvelle fois, et cette fois, je perçois quelque chose de différent.

Moins de provocation, plus de… reconnaissance ?

Elle finit par détourner les yeux et souffle un bon coup.

— Bon. J'ai un match à terminer.

— Allez-y, coach.

Elle s'éloigne, et je la regarde disparaître dans le couloir.

Pour la première fois depuis mon arrivée, j'ai la sensation que nous venons de franchir un cap.

Peut-être qu'on ne sera pas toujours en opposition.

Peut-être que, d'une certaine manière… on commence à se comprendre.


La victoire est éclatante.

L'équipe d'Emma l'emporte 4-2 après un dernier tiers-temps mené avec brio. Malgré la blessure de leur coéquipier, les joueurs se sont battus jusqu'à la dernière seconde, et le public est en délire.

Je reste en retrait, observant la scène. L'adrénaline du match flotte encore dans l'air. Les joueurs s'embrassent, se tapent dans les mains, et les cris de joie résonnent dans la patinoire.

Emma est au centre de tout cela.

Un sourire éclaire son visage tandis qu'elle échange des accolades avec ses joueurs, les félicitant un à un. Elle est dans son élément, totalement maîtresse de la situation.

Je me surprends à l'admirer.

Il y a chez elle une passion brute, une intensité qui force le respect.

Mais très vite, la presse envahit la glace et l'instant de célébration est interrompu.

Les projecteurs se braquent sur Emma, les caméras s'agitent, les journalistes se pressent pour obtenir ses premières réactions.

— Coach Swan, un mot sur ce match ?

— Comment avez-vous vécu cette rencontre ?

— Une réponse aux critiques qui doutaient de votre capacité à gérer une équipe masculine ?

Emma garde son sang-froid, répondant avec assurance et une pointe de provocation qui semble lui être naturelle.

— Une victoire, c'est toujours une victoire. Que je sois une femme ou non, ça ne change rien à la stratégie. Mes joueurs ont fait un excellent travail, et c'est tout ce qui compte.

Elle esquive habilement les questions trop personnelles, mais je vois bien que certains journalistes cherchent à appuyer là où ça fait mal.

Puis, une question fuse :

— Coach, un commentaire sur votre réputation dans la presse ? Certains vous décrivent comme une femme fatale insaisissable…

Je vois son sourire s'effacer légèrement, et une lueur glaciale traverser son regard.

— Je crois que vous avez un match à analyser plutôt que de vous intéresser à ma vie privée, répond-elle sèchement avant d'ignorer la suite des questions.

Je serre les mâchoires.

Ils osent encore l'attaquer sur ce sujet ?

Avant qu'Emma ne quitte la glace, elle tourne la tête dans ma direction.

Nos regards se croisent une fraction de seconde.

Puis elle détourne les yeux et disparaît dans le tunnel menant aux vestiaires.

Je la retrouve plus tard dans les couloirs, appuyée contre un mur, une bouteille d'eau à la main. Loin du bruit et des flashs des journalistes.

Elle ne me remarque pas tout de suite, les yeux fixés sur le sol, le visage plus fermé que d'habitude.

— C'était une belle victoire, dis-je en m'approchant.

Elle relève les yeux vers moi et esquisse un sourire fatigué.

— Ouais.

Je croise les bras, l'observant un instant.

— Vous allez bien ?

Elle hausse un sourcil, feignant l'étonnement.

— Vous vous inquiétez pour moi, Mills ?

Je roule des yeux.

— Je pose une question. Vous pouvez répondre ou continuer à faire semblant d'être imperméable à tout.

Elle ricane doucement et prend une gorgée d'eau avant de hausser les épaules.

— Disons que j'ai l'habitude des conneries des journalistes.

— Peut-être, mais ce n'est pas pour autant que ça ne vous agace pas.

Elle ne répond pas immédiatement.

Finalement, elle pousse un soupir et se redresse.

— Ce qui m'agace, c'est que peu importe ce que je fais, ils ramènent toujours ça à mon genre ou à ma vie privée. J'entraîne une équipe. Je gagne un match, mais ça ne leur suffit pas.

Sa voix est plus dure, plus lasse.

Je comprends mieux maintenant.

Emma Swan se bat constamment pour être prise au sérieux, et elle déteste qu'on réduise ses compétences à des rumeurs ridicules.

Je soutiens son regard et, pour une fois, je laisse tomber toute pointe de sarcasme.

— Vous avez prouvé ce soir que vous êtes une coach remarquable, et vous le ferez encore. Le reste ? C'est du bruit.

Elle me fixe un instant, comme si elle évaluait mes mots, avant d'esquisser un sourire.

— Vous êtes toujours aussi directe, hein ?

— Vous êtes toujours aussi têtue.

Elle rit doucement avant de hocher la tête.

— Vous n'avez pas tort.

Un silence s'installe, pas désagréable.

Puis elle secoue la tête, un éclat amusé dans les yeux.

— Vous voulez boire un verre avec l'équipe, Mills ?

Je la regarde, légèrement surprise.

— C'est une invitation ?

Elle hausse un sourcil.

— Oh, je vous en prie, ne commencez pas.

Je souris en coin avant d'attraper mon manteau.

— Allez, coach Swan. Faites-moi découvrir vos célébrations d'après-match.

Elle rit doucement et m'emboîte le pas.

Et pour la première fois depuis notre rencontre, je réalise que la tension entre nous…

N'est peut-être pas uniquement du défi.

Le bar où l'équipe célèbre sa victoire est un endroit bruyant et bondé, typiquement fréquenté par les joueurs de hockey et leurs supporters. L'ambiance est électrique, et l'adrénaline du match est encore palpable dans l'air.

Je suis arrivée avec Emma, ce qui, apparemment, n'a pas échappé à l'attention de plusieurs personnes. Ruby, bien sûr, a immédiatement levé un sourcil suggestif en nous voyant franchir la porte ensemble.

— Mills, je savais que tu finirais par te détendre un peu, plaisante-t-elle en me tendant une bière.

— Ne t'emballe pas, répliqué-je en prenant la bouteille.

Emma s'éloigne pour rejoindre les joueurs qui la félicitent encore pour son coaching. Je l'observe un instant, notant la façon dont elle se fond dans le groupe avec une facilité déconcertante. Elle a ce charisme naturel qui attire les gens à elle.

Ruby suit mon regard et sourit en coin.

— Alors ?

Je fronce les sourcils.

— Alors quoi ?

— Tu sais très bien de quoi je parle.

Je roule des yeux et bois une gorgée de ma bière.

— Emma Swan est agaçante, impulsive et trop sûre d'elle.

Ruby rit.

— Et pourtant, tu la regardes comme si elle était une énigme que tu voulais résoudre.

— Je l'observe parce qu'elle est intéressante d'un point de vue professionnel.

Ruby arque un sourcil, clairement sceptique.

— Bien sûr. Juste professionnel.

Je secoue la tête et décide d'ignorer ses insinuations.

Plus tard dans la soirée, alors que l'ambiance est à son apogée, je finis par m'éclipser sur la terrasse du bar pour respirer un peu d'air frais. L'endroit est calme, seulement éclairé par les lumières tamisées des lampadaires de la rue.

Je ne suis pas seule longtemps.

— Vous fuyez déjà la fête, Mills ?

La voix d'Emma me fait lever les yeux. Elle s'appuie contre la rambarde, une bière à la main, son manteau toujours impeccablement ajusté sur ses épaules.

— Juste besoin d'un peu de calme, répliquais je.

Elle hoche la tête et boit une gorgée de sa bière avant de me jeter un regard en coin.

— Vous n'êtes pas du genre à célébrer les victoires ?

— Disons que je préfère les célébrations plus… posées.

Elle sourit légèrement.

— Vous êtes toujours aussi sérieuse ?

Je hausse un sourcil.

— Vous êtes toujours aussi insupportable ?

Elle rit doucement et secoue la tête.

— Vous êtes vraiment un défi, Mills.

— Et vous êtes un mystère, Swan.

Nos regards s'accrochent dans la semi-obscurité.

La tension entre nous est là, indéniable.

Mais aucune de nous ne bouge.

Finalement, elle brise le silence en détournant les yeux vers la rue.

— Vous savez… Ce soir, c'était important pour moi, pas juste pour l'équipe, mais pour moi.

Sa voix est plus douce, plus sincère.

Je l'observe un instant avant de répondre.

— Vous avez prouvé que vous êtes à la hauteur.

Elle hoche lentement la tête.

— Ouais… mais j'ai encore beaucoup à prouver.

Je devine ce qu'elle ne dit pas.

Que peu importe combien elle gagne, il y aura toujours des sceptiques.

— Alors continuez à leur prouver qu'ils ont tort, dis-je simplement.

Elle tourne la tête vers moi, et cette fois, son regard est différent. Moins provocateur. Plus reconnaissant.

— Vous êtes surprenante, Mills.

Je souris légèrement.

— Vous aussi, Swan.

Un silence s'installe entre nous, mais ce n'est pas un silence inconfortable.

C'est un moment suspendu.

Un moment que je ne suis pas prête à analyser.

Pas encore.


Lundi matin. Retour à la réalité après l'euphorie de la victoire.

La patinoire est plus calme aujourd'hui. L'équipe a une journée d'entraînement plus légère, principalement axée sur la récupération après le match intense du week-end.

Je suis arrivée tôt pour faire le point sur l'état physique des joueurs. Certains accusent encore la fatigue, d'autres se plaignent de douleurs musculaires. Rien d'alarmant, mais suffisamment pour que je prenne le temps de vérifier chaque cas.

Alors que je termine un examen, la porte de l'infirmerie s'ouvre brusquement.

— Mills.

Emma Swan.

Je ne suis même pas surprise.

Je lève les yeux vers elle et croise ses bras sur ma poitrine.

— Swan.

Elle entre, referme la porte derrière elle et s'appuie contre le mur, les mains dans les poches de son manteau noir.

— Je voulais savoir si notre ailier droit était en état de reprendre l'entraînement cet après-midi.

— Il a encore des douleurs à l'épaule. Je préfère le laisser au repos un jour ou deux.

Elle hoche lentement la tête, mais je sens qu'elle est contrariée.

Je sais que ça vous embête, dis-je en rangeant mon matériel, mais si vous le poussez trop tôt, il risque de se blesser plus gravement.

Elle ne répond pas immédiatement, puis finit par soupirer.

— Vous avez raison.

Je lève un sourcil, étonnée par cette soudaine coopération.

— Vous admettez que j'ai raison ?

Elle esquisse un sourire en coin.

— Je peux être raisonnable.

— Vous me surprenez, Swan.

— Vous commencez à me connaître.

Nos regards s'accrochent brièvement, et comme à chaque fois, une tension imperceptible s'installe entre nous.

Puis elle détourne les yeux et change de sujet.

— Vendredi soir, il y a un dîner avec le staff et quelques sponsors. Vous venez ?

Je fronce légèrement les sourcils.

— Je ne pensais pas que ce genre d'événement était obligatoire pour moi.

— Ce ne l'est pas, mais vous devriez venir.

Je croise les bras, intriguée.

— Pourquoi ?

Elle sourit légèrement.

— Parce que je suis sûre que vous adoreriez voir à quel point les dirigeants de cette équipe sont coincés.

Je laisse échapper un petit rire.

— Je suis censée être convaincue par cet argument ?

— Mills, ça fait des semaines qu'on s'affronte sur tout et n'importe quoi. Pour une fois, prenez une soirée pour observer le champ de bataille sans y participer.

Je la fixe un instant, pesant le pour et le contre.

— Très bien.

Elle semble satisfaite de ma réponse et se redresse.

— Alors à vendredi, docteur.

Avant que je ne puisse répondre, elle quitte l'infirmerie, me laissant avec cette impression étrange qu'elle aime avoir le dernier mot.

Je secoue la tête et retourne à mes dossiers.

Vendredi promet d'être intéressant.


Vendredi soir arrive plus vite que prévu.

Je me tiens devant le restaurant où se tient le dîner avec le staff et les sponsors de l'équipe. L'établissement est chic, bien trop prétentieux à mon goût, mais je n'ai pas vraiment le choix maintenant que j'ai accepté l'invitation d'Emma Swan.

Je jette un regard à mon reflet dans la vitre. Ma robe noire, sobre mais élégante, me donne une allure professionnelle sans être trop guindée. Je n'ai aucune envie de me retrouver coincée dans des discussions superficielles sur la gestion de l'équipe, mais une part de moi est curieuse de voir Emma dans un autre contexte que celui de la patinoire.

Lorsque j'entre, le murmure des conversations m'accueille aussitôt. Des tables rondes soigneusement dressées, des coupes de champagne scintillantes sous la lumière tamisée, et un parterre d'hommes en costume discutant avec l'aisance des habitués du pouvoir.

Je repère rapidement Ruby, accoudée au bar, un sourire malicieux sur le visage.

— Mills, tu es venue. Je suis impressionnée.

Je roule des yeux et prends la coupe de champagne qu'elle me tend.

— Je ne pouvais pas refuser une invitation aussi… subtile de la part de notre chère coach.

Ruby rit.

— Oh, je suis sûre que Swan a plus d'un tour dans son sac pour t'avoir convaincue.

Je ne relève pas et balaie la salle du regard jusqu'à ce que je l'aperçoive.

Vêtue d'un tailleur-pantalon crème qui épouse parfaitement sa silhouette, une chemise légèrement entrouverte laissant entrevoir un simple collier en argent. Elle est en pleine conversation avec un dirigeant de l'équipe, mais son regard capte le mien presque immédiatement.

Un sourire en coin étire ses lèvres.

Je prends une gorgée de champagne et lève un sourcil, comme pour lui signifier que je suis là uniquement en tant qu'observatrice sceptique.

Elle ne semble pas du tout impressionnée par mon air détaché.

Au contraire, elle me fait un signe discret de la tête, m'invitant à la rejoindre.

Je soupire et m'exécute.

— Mills, vous êtes plus impressionnante en robe, plaisante-t-elle en me détaillant du regard.

— Vous êtes toujours aussi charmante, Swan.

Elle rit doucement, puis reporte son attention sur l'homme à ses côtés.

— Mills, je vous présente David Nolan, l'un des principaux investisseurs de l'équipe.

Je serre la main du dirigeant, un homme au sourire affable.

— Docteur Mills, enchanté. Emma nous a parlé de vous.

Je lance un regard en coin à Emma, qui se contente de sourire innocemment.

— En bien, j'espère.

— Vous avez un tempérament aussi solide que le sien, apparemment. Ce n'est pas une mauvaise chose, notre entraîneuse a besoin de gens qui savent lui tenir tête.

Emma secoue la tête en riant légèrement.

— Je vais finir par croire que vous adorez contredire tout ce que je dis, Mills.

Je bois une gorgée de champagne, feignant l'innocence.

— Seulement quand vous avez tort.

Nos regards s'accrochent une nouvelle fois, et pendant une fraction de seconde, la tension entre nous devient presque palpable.

David, inconscient de cette dynamique, poursuit la conversation, mais je suis étrangement consciente de la présence d'Emma à mes côtés.

Je devrais être agacée par son attitude, par ce jeu permanent entre nous.

Mais ce soir…

Je n'arrive pas à l'être.

La soirée suit son cours dans une ambiance feutrée. Les discussions oscillent entre stratégies d'équipe, enjeux financiers et anecdotes de matchs passés. Je me prête au jeu, échangeant quelques mots avec les dirigeants et le staff, mais mon attention ne cesse de dériver vers Emma.

Elle est dans son élément, parfaitement à l'aise au milieu de ces hommes en costume qui, pour la plupart, doutaient probablement d'elle lorsqu'elle a été nommée entraîneuse en chef. Pourtant, elle s'impose avec une aisance naturelle, jonglant entre diplomatie et fermeté.

Et puis, il y a ces moments où son regard croise le mien, comme si elle s'assurait que je sois toujours là.

Je me rends compte que ce jeu entre nous est devenu une habitude. Une danse subtile entre provocation et respect mutuel.

— Vous avez l'air songeuse, docteur Mills.

Sa voix me sort de mes pensées. Je tourne la tête pour la voir s'asseoir à côté de moi, un verre de whisky à la main.

— Juste fascinée par votre talent à naviguer dans ce monde, répliquais-je en feignant l'indifférence.

Elle sourit, amusée.

— Vous m'espionnez, Mills ?

— Plutôt une observation clinique.

— C'est ce que je préfère chez vous, votre objectivité absolue.

Son ton est moqueur, mais je perçois autre chose derrière son regard. Une lueur d'intérêt, peut-être même un défi.

— Et vous, Swan, vous vous amusez à charmer tout le monde ce soir ?

Elle arque un sourcil.

— Vous insinuez que je vous charme, Mills ?

Je soutiens son regard sans ciller.

— Vous voulez que je réponde honnêtement ?

Un silence s'installe entre nous.

Puis elle ricane doucement et prend une gorgée de son whisky.

— Vous êtes redoutable.

— Je fais de mon mieux.

Elle secoue la tête, un sourire toujours accroché aux lèvres.

Je devrais me lever, m'éloigner de cette tension qui devient de plus en plus évidente.

Mais je ne le fais pas.

Et elle non plus.

Plus tard dans la soirée, alors que le restaurant commence à se vider, je décide qu'il est temps pour moi de partir.

Je salue rapidement Ruby et quelques membres du staff avant de récupérer mon manteau.

Alors que je sors dans l'air froid de la nuit, une voix derrière moi m'interpelle.

— Mills.

Je me retourne pour voir Emma qui s'est aussi éclipsée du restaurant. Elle a les mains dans les poches de son manteau, son regard toujours aussi intense.

— Vous rentrez seule ? demande-t-elle.

— À moins que vous ayez prévu de me raccompagner ?

Elle sourit légèrement.

— Tentant. Mais non, je voulais juste… vous remercier d'être venue ce soir.

Je l'observe un instant. C'est rare qu'elle exprime directement ce qu'elle pense, sans détour, sans provocation.

— C'était… intéressant, dis-je finalement.

Elle hoche la tête, comme si elle comprenait ce que je ne dis pas.

— Bonne nuit, Mills.

— Bonne nuit, Swan.

Nos regards s'accrochent une dernière fois avant que je tourne les talons.

Alors que je m'éloigne, je ne peux m'empêcher de penser que cette soirée a marqué un tournant.

Et que ce jeu entre nous est en train de devenir bien plus dangereux que je ne l'avais anticipé.