Edward pose une assiette de pâtes fumantes devant Isabella, accompagné d'un morceau de pain grillé. Il s'installe en face d'elle, attrapant son verre de vin.
- « Alors, qu'est-ce que tu en penses ? » demande-t-il avec un sourire en coin, observant sa réaction tandis qu'elle prend une première bouchée.
Isabella lève les yeux vers lui, un éclat malicieux dans le regard.
- « Honnêtement ? C'est excellent. Je ne savais pas que tu pouvais cuisiner comme ça. »
Edward hoche la tête, satisfait, mais légèrement amusé.
- « Je suis plein de surprises. »
Le repas continue dans une atmosphère détendue, mais Isabella remarque qu'Edward est plus pensif que d'habitude. Il joue avec son verre, traçant des cercles sur la table, comme s'il hésitait à dire quelque chose.
- « À quoi tu penses ? » demande-t-elle doucement, posant sa fourchette.
Edward reste silencieux un instant, puis inspire profondément.
- « Tu as traversé tout ça avec une force que peu de gens auraient eue. Mais… » Il s'interrompt, cherchant ses mots. « Tu sais, ce n'est pas la première fois que je suis impliqué dans quelque chose de… compliqué. »
Isabella le regarde avec attention, sentant qu'il s'apprête à lui confier quelque chose de personnel.
- « Avant tout ça, il y a eu une autre situation. Une autre personne. » Il croise son regard, l'air plus vulnérable qu'elle ne l'a jamais vu. « Je pensais qu'on était partenaires, qu'on travaillait pour le même but. Mais cette personne… elle m'a trahi. Elle m'a vendu pour son propre bénéfice. »
Isabella reste silencieuse, absorbant ses paroles.
- « Ça a changé ma façon de voir les gens, » continue-t-il, sa voix grave mais posée. « Je suis devenu plus prudent, plus calculateur. Peut-être trop. Je ne fais confiance à presque personne. Jusqu'à toi. »
Isabella sent son cœur se serrer. Elle comprend maintenant que son pragmatisme et son calme froid sont issus de blessures qu'il cache bien.
- « Je suis désolée que tu aies vécu ça, » dit-elle, sincère. « Mais tu sais, Edward, tu n'es pas aussi distant que tu veux le faire croire. Tu te soucies des gens, même si tu fais tout pour que ça n'apparaisse pas évident. »
Edward esquisse un sourire, un sourire empreint de gratitude.
- « Peut-être que c'est toi qui me rappelles que c'est possible, » admet-il. « De faire confiance à nouveau. »
Leurs regards se croisent, et un moment de silence s'installe, lourd de signification. Ce n'est pas seulement une connexion stratégique ou un partenariat. C'est quelque chose de plus profond, quelque chose qui les rapproche encore davantage.
- « Merci de partager ça avec moi, » murmure Isabella, touchée.
- « Merci de rester, » répond Edward simplement.
Ils reprennent leur repas, mais une nouvelle chaleur, une nouvelle compréhension mutuelle, s'installe entre eux. La soirée, pourtant ordinaire en apparence, devient un tournant dans leur relation.
Isabella se réveille avec les premières lueurs du jour qui filtrent à travers les rideaux. Elle reste allongée quelques instants, observant le plafond pour se donner du courage pour cette nouvelle journée, puis décide de se lever. Elle a beaucoup à faire.
Dans la cuisine moderne et épurée, elle fouille les placards à la recherche de quelque chose de simple mais spécial. Elle tombe sur des œufs frais, un avocat mûr et du pain complet. Inspirée, elle décide de préparer des œufs à la coque accompagnés de tartines d'avocat citronnées.
Isabella travaille silencieusement, savourant ce moment de calme. Et surtout laisse Edward endormi dans le salon. Lorsqu'elle termine, elle dresse soigneusement deux assiettes et prépare du café. Juste au moment où elle pose les couverts, Edward entre dans la cuisine, les cheveux légèrement ébouriffés et torse nu.
- « Qu'est-ce qui sent aussi bon ? » demande-t-il d'une voix encore rauque de sommeil, un sourire intrigué sur les lèvres.
Isabella se retourne, un sourire malicieux sur le visage.
- « Je me suis dit que c'était à mon tour de te chouchouter un peu. »
Edward s'approche de la table et regarde les assiettes avec admiration.
- « Des œufs à la coque et des tartines d'avocat… Tu sais vraiment comment parler à un homme, Isabella. »
Elle rit doucement et lui tend une tasse de café.
- « Assieds-toi et profite. »
Edward s'exécute, prenant une bouchée. Son expression s'illumine presque immédiatement.
- « C'est parfait. Merci. » Il lève son regard vers elle, sincèrement touché. « Tu n'étais pas obligée de faire ça, mais ça veut dire beaucoup. »
- « Je voulais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi, » répond-elle en s'asseyant en face de lui. « Et puis, il faut bien que je prouve que je peux être utile aussi. »
Edward secoue doucement la tête, un sourire en coin.
- « Tu es bien plus que "utile", Isabella. Mais je vais savourer ça sans protester. »
Après le petit-déjeuner, Edward accompagne Isabella jusqu'à son bureau. Dans la voiture, ils discutent des petites banalités du quotidien, savourant un rare moment de normalité.
Une fois arrivés, Edward se penche légèrement pour lui souhaiter une bonne journée.
- « 19h. Je serai là pour te récupérer, » promet-il avec un sourire.
Isabella descend de la voiture, lui lançant un dernier regard avant d'entrer dans le bâtiment. Alors qu'il démarre pour partir, elle se surprend à sourire, sentant que, malgré les complications de sa vie, elle est exactement là où elle doit être.
En entrant dans le bureau, Isabella salue distraitement ses collègues, son esprit encore embué par la tension des derniers jours. Les sourires polis et les salutations habituelles sont échangés, mais elle perçoit les regards curieux et les murmures. Tout le monde semble marcher sur des œufs autour d'elle.
Alors qu'elle se dirige vers son espace de travail, elle s'arrête net, son souffle coupé. Là, dans son bureau vitré, assis calmement sur sa chaise avec une tasse de café à la main, se trouve le père d'Emmett. Le Premier ministre.
Il est impeccablement habillé dans un costume sombre, son allure imposante et sa posture détendue tranchant avec la froideur de son regard. Il lève les yeux vers elle à travers la vitre et lui adresse un sourire qui n'a rien de chaleureux.
Isabella, figée sur place, sent son cœur s'accélérer. Pourquoi est-il là ? Et surtout, comment est-il entré ?
Un de ses collègues passe près d'elle et murmure discrètement :
- « Qu'est-ce qu'il fait là ? »
Elle secoue la tête légèrement, incapable de répondre, avant de reprendre son calme apparent et d'entrer dans son bureau.
- « Monsieur le Premier ministre, » dit-elle en refermant la porte derrière elle, sa voix plus ferme qu'elle ne l'aurait cru. « Que faites-vous ici ? »
Il pose lentement sa tasse de café sur le bureau, ses mouvements mesurés.
- « Bonjour, Isabella. Je voulais avoir une conversation privée avec toi, loin de l'agitation médiatique et des distractions extérieures. »
Isabella croise les bras, essayant de masquer son inconfort.
- « Vous avez une manière… inhabituelle de demander une conversation privée. Vous n'avez pas répondu à ma question : que voulez-vous ? »
Son sourire disparaît, laissant place à une expression plus sérieuse.
- « Je veux comprendre pourquoi tu fais tout ça, » dit-il, sa voix basse et autoritaire. « Pourquoi tu t'acharnes à détruire ce que ma famille a construit. »
Elle soutient son regard, bien qu'intimidée.
- « Ce que votre famille a construit repose sur des mensonges et des abus. Je ne fais que révéler la vérité. Si cela détruit quelque chose, ce n'est pas de ma faute. »
Le Premier ministre se penche légèrement en avant, ses mains jointes sur le bureau.
- « Tu es jeune, Isabella. Tu ne comprends pas encore comment ce monde fonctionne. Les idéaux et la justice ne mènent nulle part. Ce que tu fais ne profitera à personne, et cela te causera plus de tort qu'à nous. »
Elle serre les poings, sentant la colère monter.
- « Si vous êtes venu ici pour me menacer, vous perdez votre temps. Je ne reculerai pas. »
Il se redresse, une lueur de défi dans ses yeux.
- « Ce n'est pas une menace, Isabella. C'est un avertissement. Les gens comme toi, idéalistes et imprudents, finissent toujours par se brûler les ailes. »
Il se lève, ajustant son costume avec une nonchalance calculée.
- « Mais je suis un homme raisonnable. Si tu veux éviter les conséquences de tes choix, il n'est pas trop tard. »
Elle ouvre la porte pour lui, son visage fermé.
- « Je n'ai pas besoin de vos conseils. Bonne journée, Monsieur le Premier ministre. »
Il la fixe un instant, son expression indéchiffrable, avant de quitter la pièce sans un mot de plus.
Isabella referme la porte derrière lui, ses mains légèrement tremblantes. Elle sait que cette rencontre est un signe que les choses ne vont que devenir plus difficiles. Mais au fond d'elle, une flamme de détermination continue de brûler.
Isabella s'installe a son bureau et ne bouge pas durant plusieurs minutes. Incapable d'analyser l'information. Sa premier pensée fut d'appeler Edward. Mais, se ravisa. Elle était forte, se souvient t-elle. Isabella souffle un grand coup puis, se lève et sort précipitamment de son bureau, l'air lourd et oppressant de la confrontation avec le Premier ministre pesant sur ses épaules. Les rues de la ville, animées et bruyantes, lui donnent l'impression de marcher dans un tunnel, les sons et les images flous autour d'elle.
Elle finit par s'arrêter dans un parc tranquille, où la verdure et le murmure apaisant des fontaines offrent un semblant de répit. Elle s'assoit sur un banc, tenant sa tête entre ses mains, tentant de calmer le tourbillon de pensées dans son esprit.
Alors qu'elle fixe distraitement les feuilles qui dansent sous le vent, une voix douce interrompt ses réflexions.
- « Isabella ? C'est bien toi ? »
Elle relève la tête, son regard tombant sur une femme d'âge moyen au sourire chaleureux. Jane, une autrice qu'Isabella avait aidée à publier son premier roman quelques années auparavant.
- « Jane, » murmure-t-elle, surprise mais sincèrement heureuse de revoir une figure familière.
Jane s'assied à côté d'elle, ses yeux pleins d'une gratitude encore intacte malgré le temps écoulé.
- « Ça fait tellement plaisir de te revoir. Je ne sais pas si je te l'ai dit assez, mais ce que tu as fait pour moi… ça a changé ma vie. Mon livre, les retours des lecteurs… tout ça, c'est grâce à toi. »
Isabella esquisse un sourire, bien que faible.
- « Merci, Jane. C'est gentil de dire ça, mais j'ai juste fait mon travail. »
Jane secoue la tête, son expression pleine de conviction.
- « Non, tu as fait bien plus que ça. Tu as cru en moi quand moi-même je n'y croyais plus. Tu as vu quelque chose en moi que j'avais oublié. Ce n'est pas juste du travail, Isabella. C'est un don. »
Ces paroles résonnent profondément en elle. Pendant un moment, elle oublie les menaces, les scandales et les tensions qui l'entourent. Elle se souvient de pourquoi elle a choisi ce métier, de ce qu'elle aimait vraiment : aider les gens à raconter leurs histoires, à se redécouvrir à travers les mots.
Jane poursuit, remarquant la fatigue sur le visage d'Isabella.
- « Tu as l'air d'avoir beaucoup sur les épaules. Je ne sais pas ce que tu traverses, mais je suis sûre que tu trouveras un moyen de t'en sortir. Tu as cette force en toi. Tu l'as toujours eue. »
Isabella sent une chaleur inattendue envahir son cœur. Elle n'a pas souvent pensé à elle-même comme forte. Pas depuis longtemps.
- « Merci, Jane, » dit-elle, une sincérité nouvelle dans sa voix. « Tu ne peux pas savoir à quel point ça compte pour moi en ce moment. »
Elles échangent encore quelques mots, Jane parlant avec passion de son prochain projet, avant de se séparer. En quittant le parc, Isabella sent une étincelle d'espoir ravivée en elle.
Elle se dit que, même si sa vie est en plein chaos, elle peut trouver un moyen de transformer cette douleur et cette expérience en quelque chose de significatif. Peut-être que cette épreuve n'est pas une fin, mais un nouveau départ.
Isabella retourne à son bureau avec une énergie renouvelée. Le souvenir de sa conversation avec Jane flotte encore dans son esprit, une petite lueur d'inspiration allumant ses pensées. Elle s'installe à son poste, déterminée à transformer cette journée en quelque chose de constructif.
Elle commence par répondre à des courriels en retard, puis parcourt les manuscrits en attente avec une attention qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps. L'un d'eux retient particulièrement son intérêt : une histoire sur la résilience et les secondes chances. Elle se surprend à s'y plonger, oubliant presque le reste du bureau.
Quelques collègues passent près de son bureau, hésitant à l'interrompre, mais Isabella, dans un élan de bienveillance, leur demande si elle peut les aider. Elle passe ainsi une partie de la matinée à relire des documents, à donner des conseils sur des campagnes marketing et même à partager son café avec une assistante stressée.
À midi, elle commande chinois pour tout le bureau, surprenant tout le monde par son geste généreux. Les employés s'attroupent autour de la table commune, des boîtes de nouilles et de rouleaux de printemps en main, échangeant des rires et des conversations légères.
Isabella, assise parmi eux, sourit en regardant la scène. Pour la première fois depuis des semaines, elle se sent connectée, ancrée dans quelque chose de positif.
Alors que l'après-midi avance, une idée germe dans son esprit : elle pourrait commander également chinois pour eux ce soir. Avec Edward. Cette pensée la fait sourire malgré elle. L'image de lui, toujours calme et pragmatique, acceptant un simple dîner à emporter avec un mélange de surprise et de gratitude, l'émeut plus qu'elle ne veut l'admettre.
"Il mérite bien ça," murmure-t-elle en relisant un manuscrit.
Elle ne peut nier que ses pensées se tournent de plus en plus souvent vers Edward. Il est devenu une présence constante et rassurante dans sa vie, un ancrage dans la tempête qu'elle traverse. Et maintenant que tout est terminé avec Emmett, elle commence à se demander s'il pourrait y avoir plus entre eux.
Une petite voix dans sa tête lui rappelle de ne pas se précipiter, mais son cœur, lui, semble déjà pencher vers cette possibilité.
Lorsque l'horloge sonne la fin de la journée, Isabella range son bureau, attrape son sac, et se dirige vers l'extérieur, un sourire naissant sur ses lèvres.
Isabella attend sur le trottoir alors que le soleil commence à se coucher, baignant la ville dans une lueur dorée. Elle jette un coup d'œil à son téléphone, impatiente mais étrangement sereine. Quelques minutes plus tard, une berline noire aux vitres teintées ralentit et se gare devant elle.
Edward sort avec une élégance naturelle, vêtu d'une chemise légèrement déboutonnée et d'un pantalon parfaitement taillé. Il contourne la voiture pour lui ouvrir la portière côté passager.
- « Mademoiselle Swan » dit-il en lui tendant la main avec un sourire en coin.
Isabella ne peut s'empêcher de sourire. Ce petit geste, si attentionné et pourtant si naturel pour lui, lui réchauffe le cœur. Elle accepte sa main, monte dans la voiture, et s'installe confortablement dans le siège en cuir.
Autour d'eux, quelques regards curieux se tournent, accompagnés de chuchotements à peine discrets. Isabella sent leur attention, mais elle choisit de l'ignorer. Elle est trop absorbée par ce moment partagé avec Edward pour se laisser troubler par les murmures.
Edward retourne à son poste de conduite, ajustant son siège avec la précision d'un homme habitué à avoir tout sous contrôle. Il jette un bref coup d'œil à Isabella avant de démarrer.
- « Une journée productive ? » demande-t-il, ses yeux pétillants.
« Oui, plutôt. Et toi ? »
- « Intense. Mais te retrouver adoucit la fin de journée, » répond-il avec une sincérité qui la fait rougir légèrement.
Alors qu'ils s'engagent sur une grande avenue bordée d'arbres, Isabella propose, sur un ton léger.
- « Et si on prenait chinois ce soir ? »
Edward sourit en coin, un sourire qui semble promettre bien plus que ce qu'il ne dit à voix haute.
- « J'ai mieux pour nous ce soir, » répond-il calmement, ses mains parfaitement détendues sur le volant.
Intriguée, Isabella le regarde, mais il garde les yeux sur la route, son expression mystérieuse.
- « Tu veux m'en dire plus ou je dois deviner ? » demande-t-elle, taquine.
- « Un peu de patience, Isabella. Crois-moi, ça vaut la peine d'attendre. »
Le ton de sa voix, bas et rassurant, lui donne envie de faire exactement cela : attendre et lui faire confiance. Elle s'enfonce un peu plus dans son siège, un sourire aux lèvres, tandis que la voiture continue sa route vers une destination qu'elle ignore encore.
La voiture s'engage sur une petite route bordée d'arbres, à l'écart des lumières bruyantes de New York. Edward jette un coup d'œil vers Isabella, qui fixe le paysage, intriguée.
- « On va où ? » demande-t-elle doucement, une pointe de curiosité dans la voix.
Edward esquisse un sourire énigmatique.
- « Patience. Ce n'est plus très loin. »
Après quelques minutes, il gare la voiture près d'un petit chemin piétonnier. Il sort rapidement, contourne la voiture, et lui ouvre la portière avec une élégance qui semble innée.
- « Suis-moi, » dit-il simplement en lui tendant la main.
Isabella, curieuse, accepte sa main. Ils empruntent ensemble un sentier éclairé par des lanternes discrètes, les bruits de la ville remplacés par le murmure des arbres et le léger clapotis de l'eau. Lorsqu'ils débouchent sur une petite clairière, elle s'arrête net, les yeux écarquillés.
Devant eux, un ponton en bois surplombe un petit lac, entouré de lumières douces suspendues aux branches des arbres. Une table a été dressée sur le ponton, avec des chandeliers, des fleurs, et deux couverts délicatement posés.
Isabella reste sans voix, ses yeux brillant d'émotion.
- « Edward… C'est… magnifique. »
Il se tourne vers elle, visiblement satisfait de sa réaction.
- « Tu mérites ce qu'il y a de plus beau, Isabella. Ce lieu est un secret bien gardé. Peu de gens le connaissent. J'avais envie de le partager avec toi. »
Elle pose une main sur sa bouche, submergée par l'attention et la tendresse de ce geste.
- « Je ne sais pas quoi dire. Merci… vraiment. »
Edward s'approche doucement, ses yeux plongeant dans les siens.
- « Il n'y a rien à dire. Ce moment, c'est pour toi. »
Ils s'assoient à la table, et un serveur discret apparaît pour leur apporter des plats soigneusement préparés. Isabella rit doucement.
- « Tu as pensé à tout, n'est-ce pas ? »
Edward sourit, amusé.
- « Peut-être. Je voulais que tu te sentes spéciale. »
La lumière tamisée des chandeliers joue sur le visage d'Edward tandis qu'il fixe pensivement son verre. Isabella, curieuse mais respectueuse, brise doucement le silence.
- « Tu parle jamais de ta sœur, » dit-elle, sa voix douce mais attentive. « Je peux comprendre si c'est difficile… mais j'aimerais savoir ce qui s'est passé. »
Edward lève les yeux vers elle, une ombre de douleur traversant son regard. Il pose son verre et inspire profondément.
- « Rosalie… elle était tout pour moi. » commence-t-il, sa voix grave mais posée. « Nous étions très proches, bien plus que des frères et sœurs ordinaires. Elle était brillante, belle, et elle avait cette lumière en elle… cette capacité à voir le meilleur chez les autres, même quand ils ne le méritaient pas. »
Isabella reste silencieuse, ses yeux ancrés dans les siens, l'encourageant à continuer.
- « Quand elle a rencontré Emmett, j'étais sceptique. » Il esquisse un sourire amer. « Je savais ce dont il était capable, ce que sa famille représentait. Mais Rosalie… elle était amoureuse. Aveuglément. »
Un léger tremblement traverse sa voix, mais il garde son calme.
- « J'ai essayé de la mettre en garde, de lui ouvrir les yeux, mais elle refusait de m'écouter. Et quand elle a découvert… » Il s'interrompt, serrant la mâchoire comme pour contenir une émotion trop vive.
Isabella, les larmes aux yeux, murmure :
- « Découvert quoi ? »
Edward détourne légèrement le regard avant de reprendre, sa voix plus basse.
« Elle a découvert des choses sur lui. Des affaires, des mensonges… Je pense qu'elle voulait partir, mais Emmett ne l'a pas laissé. »
Il inspire profondément, ses poings se crispant légèrement sur la table.
« Il ne l'a pas frappée ni menacée directement. Mais il l'a enfermée dans une toile d'intimidation et de manipulation si serrée qu'elle n'a vu aucune échappatoire. Elle s'est éteinte à petit feu. Jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus supporter de vivre comme ça. »
Un silence pesant s'installe. Isabella sent son cœur se serrer.
- « Je suis désolée, Edward, » dit-elle, sa voix brisée. « Tu as dû porter ça tout seul, tout ce temps… »
Edward secoue doucement la tête, son regard revenant sur elle, plus intense.
- « Ce n'est pas ta faute, Isabella. Mais c'est pour ça que je voulais t'aider. Parce que je ne pouvais pas sauver Rosalie. Mais toi, tu avais encore une chance de te libérer. »
Les larmes roulent maintenant sur les joues d'Isabella, et elle ne fait aucun effort pour les cacher.
- « Merci, » murmure-t-elle, sa voix tremblante mais sincère. « Merci de ne pas avoir abandonné. »
Edward tend la main à travers la table et prend la sienne dans une étreinte réconfortante.
- « Tu n'es pas seule, Isabella, » dit-il doucement. « Tu ne le seras plus jamais. »
Le moment est intime, chargé d'une émotion brute et vraie. Ils reprennent le repas, mais une nouvelle compréhension les unit, une reconnaissance silencieuse du poids qu'ils portent chacun, et de la force qu'ils trouvent maintenant l'un dans l'autre.
Edward, jouant avec la serviette en lin posée sur ses genoux, relève les yeux vers Isabella avec un léger sourire.
- « Je me rends compte que je ne t'ai jamais demandé ça, » dit-il calmement. « Tu t'entends bien avec tes parents ? »
Isabella, surprise par la question, prend une gorgée de son verre d'eau avant de répondre, son expression se teintant de mélancolie.
- « Mes parents… » Elle réfléchit un instant. « Disons que ma relation avec eux a toujours été un peu compliquée. Ma mère, Renée, est un esprit libre, toujours en mouvement, et elle n'a jamais vraiment compris pourquoi je voulais une vie plus stable. Mon père, Charlie… il est l'opposé. Silencieux, réservé, mais toujours là d'une manière qui compte. »
Edward hoche la tête, intrigué.
- « Tu es plus proche de ton père, alors ? »
Isabella acquiesce avec un sourire tendre.
- « Oui, même si on ne parle pas beaucoup, il me comprend d'une manière que ma mère n'a jamais pu. Mais il est inquiet pour moi… surtout après tout ce qui s'est passé avec Emmett. Je ne lui ai pas tout raconté, bien sûr, mais je sais qu'il sent que quelque chose cloche. »
Edward observe son expression, lisant entre les lignes de ce qu'elle dit.
- « Et ta meilleure amie ? Alice, c'est ça ? »
À l'évocation d'Alice, Isabella sourit enfin, son visage s'éclairant.
- « Alice, c'est comme ma sœur de cœur. Elle a toujours été là, quoi qu'il arrive. » Elle rit doucement. « Elle est un peu excentrique, toujours pleine d'énergie et d'idées folles. Mais elle a un instinct incroyable, et elle m'a soutenue à chaque étape, même quand j'étais trop fière pour demander de l'aide. »
Edward sourit, un éclat de curiosité dans les yeux.
- « Elle sait tout ce qui se passe avec Emmett et moi ? »
Isabella hoche la tête.
- « Oui, je ne peux rien lui cacher. Alice a toujours détesté Emmett, pour être honnête. Elle disait qu'il y avait quelque chose chez lui qui sonnait faux. Maintenant, je me rends compte qu'elle avait raison depuis le début. »
Edward penche légèrement la tête, son sourire devenant plus doux.
- « Elle semble être quelqu'un de précieux. Je suis content que tu aies quelqu'un comme elle dans ta vie. »
Isabella, touchée par la sincérité de ses paroles, serre un peu plus fort sa serviette dans ses mains.
- « Oui, Alice est ma boussole. Mais… » Elle relève les yeux vers lui, un éclat de gratitude dans son regard. « Depuis que je t'ai rencontré, je me sens comme si j'avais trouvé une nouvelle ancre. »
Un silence doux s'installe entre eux, et Edward tend doucement la main vers elle, l'effleurant légèrement du bout des doigts.
- « C'est réciproque, Isabella. »
Isabella dépose sa fourchette un instant, son regard parcourant le décor autour d'elle. Les lumières tamisées du restaurant se mêlent aux reflets de la ville qui scintille au loin, créant une ambiance à la fois intime et magique. Le lieu, offre une vue à couper le souffle sur l'horizon de New York, un paysage urbain qui s'étend à perte de vue sous un ciel étoilé.
Elle inspire profondément, comme pour s'imprégner de cet instant irréel.
- « C'est… magnifique, Edward. » Sa voix est presque un murmure, teintée d'émerveillement. « Comment as-tu trouvé cet endroit ? »
Edward, assis en face d'elle, observe sa réaction avec satisfaction, un sourire à peine esquissé au coin des lèvres.
- « Un ami me l'a recommandé il y a longtemps. Je n'étais jamais venu, jusqu'à ce soir. »
- « Pourquoi maintenant ? » demande-t-elle, son regard brillant se posant sur lui.
Edward s'appuie légèrement contre le dossier de sa chaise, ses doigts jouant distraitement avec le bord de son verre.
- « Parce que ce soir, je voulais que tu te sentes spéciale. Que tu oublies tout ce qui te pèse, même pour un instant. »
Les mots, prononcés avec une sincérité désarmante, touchent Isabella en plein cœur. Elle sent une chaleur douce l'envahir, une émotion qu'elle n'arrive pas tout à fait à nommer.
- « Tu as réussi, » dit-elle doucement, un sourire sincère illuminant son visage. Elle jette un coup d'œil à son assiette, une œuvre d'art culinaire composée de couleurs vives et de saveurs exquises. « Et ce repas… c'est presque trop beau pour être mangé. »
Edward rit doucement, un son grave et apaisant.
- « C'est fait pour être apprécié, pas pour être regardé. »
Isabella prend une bouchée, et ses yeux s'écarquillent légèrement en sentant la complexité des saveurs.
- « C'est délicieux, » dit-elle après avoir avalé. « Mais honnêtement, tout ici dépasse mes attentes. Je ne sais pas comment te remercier. »
Edward pose son menton sur sa main, son regard capturant le sien.
- « Ton sourire est tout ce que je voulais ce soir. Et je l'ai eu. »
Elle sent ses joues s'empourprer légèrement, mais elle ne détourne pas les yeux. Elle observe Edward un moment, remarquant les traits de son visage sous un nouvel angle, la sincérité de son regard, la douceur derrière son habituel masque de contrôle.
- « Tu es une énigme, Edward. Parfois, tu me sembles si inatteignable, et d'autres fois… » Elle marque une pause, cherchant ses mots. « Tu es la personne la plus proche que j'ai jamais connue. »
Il reste silencieux un instant, ses yeux fixés sur elle. Puis il répond doucement.
- « Peut-être parce qu'avec toi, je n'ai pas besoin de jouer un rôle. »
Un silence confortable s'installe alors qu'ils reprennent leur repas, chaque bouchée accompagnée par l'éclat des lumières autour d'eux. Isabella, émerveillée par le moment, sent une nouvelle assurance grandir en elle. Pour la première fois depuis longtemps, elle se sent vue, entendue, et, peut-être, un peu aimée.
- « C'est fou comme la vie peut changer du jour au lendemain, » dit-il. « Parfois, on pense tout avoir sous contrôle, et en une seconde, tout s'écroule. »
Isabella hoche la tête.
- « Je sais ce que c'est… Je pensais que ma vie avec Emmett était parfaite. Mais maintenant, je réalise que je vivais dans une illusion. »
Un silence chargé d'émotion s'installe, brisé par Edward.
- « Ce n'est pas une illusion que tu vis maintenant, Isabella. C'est réel. Et tu mérites de vivre quelque chose de vrai. »
Les larmes montent aux yeux d'Isabella, mais elle les retient.
- « Edward… Merci pour ça. Pour tout. Je ne sais pas si je le mérite, mais merci. »
Edward tend la main à travers la table, ses doigts frôlant les siens.
- « Tu le mérites, Isabella. Et bien plus encore. »
Ils restent ainsi, leurs regards ancrés l'un dans l'autre, tandis que la lumière des chandeliers danse doucement sur l'eau. Un moment suspendu dans le temps, empli de promesses et de sincérité.
