Bonjour à tous.

Oui, je sais... Je suis en retard : honte à moi.

J'espère que le chapitre d'aujourd'hui vous plaira !


— Non ! Je t'interdis formellement de faire ça ! Tu m'as compris ? Tu n'as pas le droit de me faire ça !

Pour la cinquième fois ce matin, après avoir essayé de mettre sa moto en route, celle-ci ne voulait pas démarrer. Et elle allait devoir la faire réparer. Pestant encore une fois contre le véhicule inutilisable pour le moment, elle la laissa finalement tranquille, se dirigeant vers un garage un peu plus loin. Elle ouvrit la grande porte, un sourire apparaissant face à la vue.

Souriant face à sa Ford GT bleue nuit, qu'elle ne prenait de toute façon pas assez le temps pour faire rouler. La moto était bien plus simple pour se déplacer en ville, bien plus passe-partout et surtout elle ne voulait absolument pas risquer d'abîmer la voiture lors d'une quelconque intervention. C'était un cadeau que lui avait fait Costia avant sa mort, et elle adorait l'engin et ne voulait rien lui voir arriver.

Elle déposa donc son équipement de moto dans le garage, récupérant seulement sa veste avant de se mettre derrière le volant. Elle huma avec plaisir l'odeur du cuir légèrement patiné des sièges et passa sa main sur le tableau de bord, avant de faire ronronner le moteur et de prendre la route vers le poste. Elle s'occuperait de la moto plus tard, elle était déjà en retard par rapport à son heure d'arrivée habituelle.

Quand elle arriva dans le parking du poste, sa coéquipière venait tout juste de garer la Dodge et Lexa n'hésita pas à prendre la place juste à ses côtés, sous son sifflement approbateur.

— Wow, ça fait un bon moment que tu n'étais pas venue avec elle. Tu fais une petite infidélité à ta Ducati ?

— Non, dit-elle en verrouillant la voiture. C'est elle qui m'a lâché ce matin. D'ailleurs, la prochaine fois qu'elle le fait, je la change. Ça va toi ?

— Fraîche comme un gardon ! Tu me laisse conduire cette beauté ?

— Dans tes rêves, lui dit la Lieutenant amusée avant de prendre la direction de l'ascenseur, sa coéquipière sur ses talons.

— Lexa, s'il te plait… L'implora-t-elle avec des yeux de chien battu, au maximum de ce qu'elle pouvait faire.

— Non, répliqua-t-elle un peu plus fermement, cachant un léger sourire. Tu sais très bien pourquoi. Et je te laisserais encore moins y toucher avec tout l'alcool que tu as ingurgité hier soir.

Ne disant plus rien face à la réponse de son amie et se sentant certainement mal vis-à-vis de son comportement de la veille, la moins gradé prit place à son bureau, la Wood en faisant de même de son côté avec un sourire fin.

— Au fait, je te dois un merci pour hier Lex', lui dit-elle sincèrement.

Elle se contenta de balayer les paroles de la main, faisant comprendre à la Blake que c'était normal et qu'elle n'avait pas à s'excuser.

— Et aussi, finalement, t'as passé la nuit avec ta belle blonde ?

Ne lui répondant que par un regard qu'elle voulut noir, la Lieutenant reporta son attention sur ce qu'elle faisait.

— Tu sais à qui elle m'a fait penser ? Ajouta-t-elle avec un sourire narquois. Non, Lexa, tu n'es pas Supergirl et tu ne peux pas me brûler avec tes yeux. Pas la peine d'essayer de le faire. Elle m'a fait penser à Clarke Griffin ! Blonde, les yeux bleus, assez canon…

— Octavia, j'ai vu Clarke en tout et pour tout trois fois. Et je bosse avec elle. Arrête d'essayer de me casser avec tout le monde, par pitié. Surtout quand tu sais que ce n'est absolument pas ce que je recherche.

La Wood se leva pour aller se chercher un café. Elle n'en voulait pas vraiment à sa coéquipière, mais elle ne voulait plus l'entendre parler pour l'instant. Et autant la Blake savait se taire quand il le fallait, autant des fois elle débitait un nombre plus qu'impressionnant de mots à la minute. Du jamais vu. Et Lexa avait parfois besoin de ses moments de calmes, même si elle l'adorait.

C'est pourquoi elle prit donc le temps de savourer l'arôme amer du café en silence, observant les hommes et femmes du poste travailler. Elle aimait cet endroit, peut-être autant que son travail. Elle ne pourrait pas le quitter sans le regretter, même si elle obtenait une promotion. C'était peut-être aussi l'une des raisons pour laquelle elle n'essayait pas d'accéder au grade de Capitaine pour le moment. Indra était à ce poste, si elle le voulait elle devrait partir dans un autre poste. Quand Indra aurait pris sa retraite, elle déciderait peut-être à ce moment de le faire.

Elle aimait vraiment pouvoir travailler avec la lumière naturelle passant à travers les grandes baies vitrées, qui rendait l'endroit clair. Des fois, elle en oubliait même par moment que c'était un poste de police, tellement l'endroit semblait calme. La plupart du temps du moins. Il arrivait pour de grande opération que cet étage pullule de monde et ne devienne bruyant. Mais c'était les règles du jeu et les acceptait.

— Hey O', dit-elle en revenant aux côtés de sa coéquipière un petit moment plus tard, est-ce que ça te dirais d'aller faire un tour au stand de tir ? Tu as l'air bien trop préoccupé par ton affaire pour ta santé mentale et moi je fais clairement du sur-place pour le moment. Ça pourrait nous changer nous permettre de se changer un peu les idées.

— Oui ! Cria-t-elle, s'attirant quelques regards surpris de ses collègues avant de se lever. Je veux dire, c'est carrément une bonne idée. Et peut-être même que cette fois-ci je pourrais battre ton record !

— Si c'est ce que tu crois… Lui répondit-elle avec un soupir las mais néanmoins un sourire amusé, en se dirigeant vers l'ascenseur.

Lexa avait certains records depuis ses dernières années et sa coéquipière était une bien mauvaise joueuse. Pas seulement mauvaise perdante, non. Car même quand elle parvenait à battre quelqu'un ou quelque chose, ils en entendaient parler pendant des jours et des jours sans arrêt. Et elle ne manquait aucun moment pour rabaisser les perdants. Comme lors de la dernière simulation tactique sur terrain, où elle s'était moquée de l'équipe adverse jusqu'à ce qu'ils finissent par partir complètement dépités.

— Dis, est-ce qu'on peut prendre ta voiture ? Lui demanda la jeune femme, sautillant presque sur place d'impatience.

Sans un regard pour elle, se contentant de lever les yeux au ciel, la Wood déverrouilla sa voiture et la plus jeune vint prendre la place du côté passager.

— Je ne peux toujours pas la conduire, j'imagine ?

— C'est bien imaginé. Toujours non, Octavia.

Elles discutèrent sur le chemin du stand de chose et d'autres, ce dernier n'étant pas très loin. Saluant le gérant, elles passèrent par la suite à l'arrière de la salle, où se trouvait la partie la plus intéressante : le pas de tir et les coffres où étaient stockées les armes.

— Allez, pour la peine je te laisse choisir par quoi on commence, déclara Lexa à son amie avec un sourire en coin.

Bien qu'elle en viendrait peut-être un peu à regretter d'avoir emmené sa co-équipière avec elle quand cette dernière se mettrait finalement à geindre, quand elle aurait fait moins bien. Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au plafond quand elle la vit se diriger vers les fusils à pompes et d'en choisir un. D'accord, si ça pouvait la détendre pour le moment…

Venant prendre une arme à son tour, la Wood vint se placer dans son carré avant de mettre en place les lunettes et le casque anti-bruit. Puis les premiers tirs prirent place, raisonnants et éclatants peu à peu les différentes cibles. Changeant de types d'armes régulièrement, elles passèrent un bonne partie de l'après-midi à s'exercer.

Soudain, alors qu'elle était en train de recharger sa mitraillette, Lexa entendit un grand cri de joie provenant de sa co-équipière. Haussant un sourcil, elle veilla à ce que la sécurité soit bien en place avant de déposer l'arme et d'aller voir son amie. Celle-ci se retourna vers elle avec un grand sourire et les yeux brillants.

— J'ai battu ton record de tir avec la mitraillette !

Ricanant en secouant la tête, la brune aux yeux verts retourna dans son box. Elle pouvait bien lui laisser cette victoire pour l'instant, après tout. C'était le seul qu'Octavia avait pu battre jusqu'à maintenant. La Wood le récupérerait la prochaine fois qu'elle viendrait.

Elles restèrent encore un moment au stand, Lexa laissant échapper un sourire quand elle vit que sa coéquipière paraissait un peu plus détendue qu'avant d'y aller. Puis elles retournèrent au poste, retrouvant de la simple paperasse pour le reste de la journée.

Décidant finalement de ne pas emmener la moto au garage, la Lieutenant appela plutôt celui-ci pour qu'il vienne à elle. Demandant à celle qui s'occupait de ses véhicules de la rejoindre chez elle après le travail, puisque cette dernière avait de toute façon le bip pour accéder au garage de son immeuble. Ça ne la dérangerait pas et elle la connaissait depuis des années, surtout qu'elle ne l'avait pas vue depuis un bon moment. C'était une manière de faire d'une pierre deux coups.

Quand elle arriva enfin dans le parking sous-terrain de son appartement, la jeune femme brune qu'elle avait contactée été adossée au mur au côté de la moto et lui fit signe, le temps qu'elle gare la voiture et n'en sorte.

— Holà Lexa, lui dit celle qui était sa garagiste.

— Salut, je te prendrais bien dans mes bras si tu n'étais pas pleine de cambouis, lui dit-elle avec un sourire.

— Hey ! C'est comme ça que tu me remercie d'avoir complètement réparé ta bécane ? Se plaignit-elle faussement. Tout est bon, elle roule parfaitement. J'ai bidouillé un peu pour pouvoir la démarrer sans les clés, mais tout va bien.

— T'es vraiment géniale, Raven Reyes. Viens, on monte et je t'offre un verre pour te remercier.

Elles passèrent un moment à rattraper les semaines où elles n'avaient pas pu se voir, discutant de tout et de rien. Raven aussi avait eu une place très importante dans sa vie, dans sa jeunesse. Quand la Wood avait commencé à faire des courses de rue pour pouvoir gagner de l'argent, elle l'avait rencontré. Elle aussi conduisait, mais plus que d'être une adversaire, c'était avant tout devenue une véritable amie.

L'hispanique avait un vrai don pour la mécanique, tout ce qu'elle touchait devenait de l'or. Elle montait déjà à l'époque sa propre voiture elle-même et en fit bientôt de même pour celle de Lexa. Elles se comprenaient, tout simplement, toute les deux aillant une famille comme elles le disaient à l'époque « merdique ». Le père de Lexa était alcoolique, tout comme la mère de son amie. Le père de Raven l'avait abandonné quand elle était très jeune, la mère de la Wood l'avait abandonné en se suicidant.

— Tu te souviens de cette vieille Toyota Supra que tu avais ? Lui demanda la mécanicienne avec les yeux brillants.

— Ouais, elle était vraiment géniale, répondit la Lieutenant avec une once de nostalgie.

— Tellement que t'as failli te tuer avec ! Et que t'as tué cette beauté ! J'avais passé des heures et des heures à la bichonner, je t'en voudrais à jamais Wood ! Toi d'accord, mais pas la voiture Madre de Dios !

— Sympa… C'était la première et je te rappelle que je n'avais pas encore énormément d'expérience à ce moment-là. Tu en as eu des biens plus belles à modifier par la suite et je n'en ai plus détruites aucune. Pas autant détruite, on peu dire en tout cas.

— Ouais… Et finalement, on a arrêté à notre apogée…

— Tu sais très bien qu'il le fallait, Rav'. On devait s'en sortir autrement qu'en restant des hors-la-loi toute notre vie.

Son amie baissa la tête, se rappelant des bons moments qu'elles avaient quand même pu passer à cette époque là, avant de la tête en regardant son amie, avant de détourner le regard.

— En parlant de ça, Lexa… Je pense que cet abruti de Murphy magouille des trucs louches au garage.

— Tu sais que tu peux me parler. Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Je sais pas vraiment… Wick m'a dit qu'il voit souvent un mec débarquer en camionnette et lui déposer des choses avant de se barrer. Au moins une fois par semaine, en général le soir. Mais aussi des fois en pleine journée. Murphy va de temps en temps avec lui. Mais il ne vient jamais pour demander une réparation, il passe et il se contente de repartir. J'ai quand même posé la question à cet abruti et John m'a confirmé que ce n'était pas un client du garage. Juste un soit disant ami. Mais il avait l'air encore plus suspect que d'habitude, c'est dire.

— Tu as des infos sur lui ? Demanda la Wood en fronçant les sourcils. L'homme qui vient, je veux dire.

— Pas vraiment... Mais je peux te le décrire physiquement, je l'ai vu plusieurs fois. Brun les cheveux mi- longs, les yeux marrons foncés. Plutôt bel homme si tu veux mon avis.

— Tu connais son nom ?

— Pas vraiment, lui répondit-elle avec une grimace. Floyd, Fred, Flynn … Un truc dans le style.

— Je vais voir ça Raven et je te tiens au courant, la prévint Lexa d'une voix assurée. Mais sincèrement… Tu vaux bien mieux que tout ça, tu pourrais déjà être ailleurs… Je sais que pour ton rêve de travailler à la NASA c'est peut-être un peu tard, mais vraiment tu mérites mieux que cette bande de bras cassés… Peut-être de travailler dans un garage d'une plus grande envergure, si c'est vraiment ce que tu veux continuer à faire.

— Bon... Je ne voulais pas te le dire pour l'instant, tant que ce n'était pas encore officiel, commença-t-elle cette fois avec un sourire. Mais je pense que si je te le dis, ça te rassurera. Je suis en train d'acheter des locaux, pour ouvrir mon propre garage ! Wick est d'accord pour s'associer avec moi pour l'instant, au moins le temps de tout lancer. Il me revendra ses parts dès que je pourrais les racheter.

— C'est génial, je suis vraiment contente pour toi. Tu n'hésites surtout pas si tu as besoin. Et tu as déjà une cliente, si tu te poses la question.

— J'espère bien, Lexa, que j'ai une cliente ! Rétorqua-t-elle avec un sourire en lui mettant un petit coup sur l'épaule. Je pense que je peux aussi compter sur Lincoln et Octavia.

— Bien sûr, je ne vois même pas pourquoi tu te poses la question. D'ailleurs, tu nous as manqué au barbecue. J'ai été obligé de faire la conversation un moment avec le Blake…

— Tu abuses, il n'est pas si inintéressant quand tu le connais. Peut-être un peu trop imbus de sa personne, d'accord, mais ça reste supportable. Et Echo est sympa aussi, même si elle n'arrête pas de me regarder de travers quand je suis là. Tu crois qu'elle va un jour arriver à passer au dessus du fait que j'ai couché avec Bellamy ? C'est arrivé une seule fois et ce n'était même pas le top, en plus !

— Aucune idée, ricana la Wood. Mais tu sais qui pourrait peut-être vouloir te revoir un peu plus souvent ? Anya.

L'hispanique lui fit un sourire en coin, rougissant légèrement. Lexa ne put s'empêcher de se moquer encore une fois d'elle, il était rare que Raven réagisse de cette manière-là. Mais quand c'était l'avocate qui été le sujet de la conversation…

Sur cette note un peu plus positive, Lexa se força à ne penser à rien d'autre concernant son travail pour le moment. Elles finirent par commander des pizzas et la soirée se termina assez tard, plus qu'elles le l'avaient prévues. Au moment où l'hispanique décida de rentrer chez elle, Lexa ne pu s'empêcher de repenser à ce qu'elle avait dit concernant le garage et Murphy.

Il semblait à la Lieutenant qu'elle avait vu récemment quelqu'un qui pourrait correspondre à la description et au nom qu'elle lui avait donné. Mais elle ne souvenait plus où, ni dans quelles circonstances. Pourtant son instinct lui disait que c'était encore plus important que simplement le garage. Elle le sentait.

— Réfléchis, réfléchis… Se dit-elle en se tenant la tête entre les mains, avant de se relever subitement du canapé en pensant avoir clairement compris. Et merde...

La brune se dirigea rapidement vers la copie d'un dossier qu'elle avait ramené chez elle par précaution, avant de chercher rapidement ce qu'elle vouloir voir. Les fiches des employés qu'elle avait pu obtenir. Elle ne pouvait pas croire ce dont elle était pourtant déjà sûre depuis maintenant quelques instants, mais qu'elle avait tout de même voulu vérifier.

Description physique exacte, prénom assez similaire à ce que Raven lui avait donné : Finn Collins, le mari de Clarke Griffin. Qui selon l'hispanique semblait être impliqué dans une affaire de assez louche. Sans trop avoir à chercher très loin, il lui était possible de relier tout ça avec le trafic de drogue qui se passait actuellement à l'hôpital.

Mais la question qu'elle se posait par dessus tout à ce moment-là et à laquelle Lexa n'avait absolument pas de réponse : la blonde était-elle au courant de ce détail ? Qui était clairement très loin d'en être un ?

Était-elle dans la combine et se jouait-t-elle de la brune et de la police ? Non, elle ne pensait pas que ce soit le cas. La chirurgienne ne lui aurait pas dit tout ça si elle avait été impliquée. Ou alors, elle l'aurait fait seulement après avoir négocié un accord, ce qu'elle n'avait pas fait. De plus, elle prenait beaucoup de risques à fouiner dans l'hôpital. Non, pour elle Clarke n'était pas impliquée, elle ne devait certainement pas savoir que son mari lui-même l'était.

Il fallait maintenant que la Lieutenant enquête un peu plus sur les actions de Collins. C'était peut-être ce qui allait lui permettre de faire avancer les choses, étant peut-être le maillon faible du groupe à l'hôpital. Mais comment elle allait annoncer tout ça à Clarke Griffin par la suite, c'était une très bonne question à laquelle Lexa n'avait pour le moment pas la moindre réponse.

Finissant son verre qu'elle avait abandonné sur la table basse après le départ de la Reyes, la brune rangea son appartement avant d'aller se coucher. Elle repensa avant de s'endormir au fait qu'elle avait entraîné la mort de Costia à cause de son enquête il y a des années. Et elle avait mis Clarke en garde contre ça, pour ne pas que ça risque d'arriver à son mari. Mais finalement, il semblait que c'était plutôt ce dernier qui pourrait finalement la mettre en danger.

Le lendemain elle ne perdit pas de temps et se prépara rapidement afin de se rendre au poste assez tôt. Elle voulait refaire ses recherche sur Finn Collins, voir si elle avait pu passer à côté de certaines choses. Peut-être qu'elle avait laissé des éléments importants de côté sans plus les étudier, le pensant innocent puisqu'il était avec celle qui avait en quelque sorte fait ouvrir l'enquête.

Mais elle avait beau avoir repassé tout ce qui pouvait se trouver dans son dossier au peigne fin, d'un œil nouveau, elle n'en trouva pas plus et rien de nouveau. Quelques procès-verbaux de stationnement gênants, pour vitesse trop élevée, ainsi qu'une poursuite pour ne pas avoir payé l'une de celle-ci dans les temps. Mais rien qui ne pourrait le rattacher à un trafic de drogue. Pas de dettes, du moins de ce qu'elle en vit.

Quand sa coéquipière arriva deux heures plus tard elle la retrouva le front posé contre son bureau sans bouger.

— Un problème sur ton enquête partenaire ? Et tu es là depuis qu'elle heure d'ailleurs ? Demanda-t-elle en fronçant les sourcils en voyant tous les documents entassés sur le bureau en métal et qui n'y étaient pas la veille.

— Depuis deux heures, lui répondit la jeune femme en soupirant avant de relever la tête. Je peux peut-être avoir un moyen d'avancer sur mon enquête, mais je n'ai pas vraiment de piste à suivre. Et c'est un peu problématique pour Mme Griffin.

— Comment ça ? Lui demanda-t-elle ne comprenant pas vraiment.

— Je pense que son mari est impliqué, il a même probablement les mains complètement dedans. Mais je ne voulais rien faire avant d'avoir de vraies infos sur lesquelles m'appuyer. Mais rien pour l'instant. Il semble qu'il soit blanc comme neige et n'ait rien à se reprocher selon nos dossiers…

— Dur…

Lexa lui raconta donc ce que Raven lui avait rapporté concernant le garage, qu'elle avait presque tout de suite rapproché avec Finn.

— Je ne pense pas que ton contact soit dans ça. Réfléchis Lex', y'a absolument aucune raison qu'elle vienne nous en parler si elle est impliqué. Encore moins directement en passant par le Capitaine. Et puis tu l'as dit, si c'était le cas et qu'elle avait voulu négocier, ce serait déjà fait. A mon avis, demande-le-lui clairement.

La Lieutenant fronça légèrement les sourcils, laissant ses yeux divaguer sous la réflexion, avant de reprendre la parole.

— Non, je ne vais pas lui demander clairement. Tu me vois lui dire « Je crois que votre mari est impliqué dans le trafic dont vous nous avez averti » ? Mauvaise idée. Par contre, tu as raison sur une chose. Je vais demander clairement à Clarke à quels moments Collins n'est pas là, avec comme excuse qu'on puisse potentiellement se rencontrer et parler de l'affaire.

— Et si elle ne sait pas quand il s'absente ? Lui demanda la Blake.

— Elle saura. Je ne pense pas qu'il la prévienne au dernier moment s'il doit « sortir avec ses amis ». Et j'en profiterais par la suite pour voir ce qu'il fait. Au moment où j'aurais de vraies certitudes, voir des preuves, je lui en parlerai.

— Vu comme ça, c'est certainement ce qu'il y a de mieux à faire.

Lexa passa donc le reste de la matinée sur ses recherches, avant d'appeler Clarke Griffin du toit. Le Capitaine l'avait dit, personne ne devait être au courant de l'affaire. Elle préférait donc prendre ses précautions. Et c'est en journée qu'elle aurait certainement le plus de chance de pouvoir la joindre sans que son mari ne soit à ses côtés et ne risque de devenir suspicieux.

Elle soupira, ça faisait maintenant deux heures qu'elle l'avait appelé, mais aucun retour de sa part. La blonde devait certainement être en pleine opération. Décidant de tout de même aller prendre l'air, elle remonta sur le toit, non sans avoir pris la peine de demander une cigarette à l'un de ses collègues et de quoi l'allumer.

S'installant donc sur le rebord du toit, elle actionna le briquet. C'était assez rare qu'elle en fume, mais le besoin de nicotine se faisait ressentir. Et elle n'avait pas à l'instant présent de cigare, donc elle devrait se contenter de cette pâle copie. Sur le point d'allumer le tube en papier, son téléphone se mit à sonner. Pestant, elle rangea les deux objets, avant de sortir le combiné, poussant un soupir de soulagement en voyant le nom de son contact.

Bonjour, Lexa. Je viens de sortir d'intervention et de voir que vous aviez cherchez à me joindre. Tout va bien ?

Lexa pouvait sentir sa voix portant une légère trace d'inquiétude à travers le combiné. Oui, c'était assez important. Mais elle ne pouvait pas le lui dire, pas pour l'instant. Préférant se contenter de lui mentir à cet instant, pour calmer son inquiétude.

— Bonjour Clarke, non rien de grave. Je voulais juste savoir comment vous alliez, mais aussi si vous aviez des moments de libres si je devais arriver à l'improviste chez vous pour parler de l'enquête. Au cas où ce serait nécessaire, vous comprenez. Je ne compte pas abuser de votre hospitalité.

Je vais bien, j'essaie de faire attention pour le moment. Ça arrive que je sois seule à la maison, oui. Finn sort en général une fois par semaine dans la soirée avec ses amis, le jeudi. Et bien sûr, en journée quand je ne travaille pas et que je suis chez moi, lui a des horaires fixes et est à l'hôpital.

— Très bien Clarke, je prends note de tout ça. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Faite attention à vous surtout. A bientôt.

— A bientôt Lexa et merci beaucoup. Je suis heureuse de savoir que vous êtes là pour moi si besoin.

— Pas de problème.

Avec un dernier salut, la brune raccrocha et déposa son téléphone où il était avant qu'elle le prendre dans ses mains. Redescendant à son bureau, elle déposa la cigarette qu'elle n'avait pas allumée et le briquet sur le bureau de celui à qui elle avait demandé.

— Alors ? Lui demanda sa coéquipière en la voyant revenir un peu plus sereine.

— J'ai une fenêtre pour le suivre, mais ce n'est pas avant la fin de la semaine.

— Tu peux attendre encore quelques jours, Lex'.

Avec un signe de tête, elle se remit au travail dans ses dossiers. Elle aurait eu bien besoin de bouger, voir même de faire une petite course poursuite pour se détendre. Mais malheureusement, elle n'en avait pour l'instant pas l'occasion. Tout d'un coup, elle releva la tête et ne bougea plus, attirant l'attention de sa voisine de bureau qui la regarda étonnée.

— O'… Tu te souviens de la manière de faire sortir la drogue de l'hôpital à laquelle j'avais pensé ? Pourquoi je n'y repense que maintenant alors que je le soupçonne, bordel !

— Euh… Non ? Tu m'en as donné plus de cinq, je ne vois pas vraiment de celle dont tu parles.

— Celle qui t'as rebuté Octavia, que j'ai aussi mis de côté puisqu'elle ne me semblait pas du tout probable.

— Attends… Oh.

La Wood aurait pu laisser échapper un rire en voyant la tête de son amie qui venait de comprendre, si le problème n'était pas aussi sérieux.

— Oui, c'est peut-être Finn qui fait sortir la drogue avec le camion de la morgue !

— Mais Clarke ne t'as pas dit qu'elle avait essayé de voir comment la drogue circulait, et qu'elle n'a rien vu dans les couloirs ?

— C'est le cas. Mais elle m'a aussi dit que les pièces fermées se situent juste à côté de certains blocs opératoires.

— Et alors ? La coupa Octavia dans sa lancée, avec les sourcils froncés.

Sa coéquipière se rapprocha d'elle, parlant encore plus doucement qu'avant.

— Et alors, le nombre de mort a augmenté de manière inexpliquée ces derniers temps, pour des personnes qui n'auraient en principe pas dû mourir. Et où est-ce que les morts sont amenés après les opérations d'après-toi ? A la morgue.

— Attends, une seconde. Lexa… T'es en train de dire que…

La jeune femme coupa elle-même sa phrase, l'air un peu dégoûtée et grimaçant.

— Que je crois que la drogue transite dans l'hôpital par les cadavres, lui confirma la Lieutenant. Ça expliquerait tout. Que rien ne soit apparent dans le bâtiment, que les salles à côtés des blocs soient fermées. Bien que je ne sache pas encore exactement pourquoi. Peut-être que c'est là que la drogue est fabriquée ou peut-être juste stockée. Ca explique aussi le nombre de décès qui augmente, puisque j'imagine qu'ils ont besoin de « mules » assez régulièrement. Et ça explique aussi comment elle sort de l'hôpital sans que personne ne le remarque.

— Vu comme ça, c'est clair que ce pourrait être très probable. Mais de là à décider de tuer des gens sur la table d'opération ?

— Ces gens fabriquent et vendent de la drogue, O'. A ton avis, qu'est-ce que ça représentent pour eux de tuer quelques personnes en plus pour que tout se passe bien et qu'ils ne se fassent pas prendre ? Sincèrement, si c'est vraiment ce que je crois, c'est le plan plus que parfait. Si Clarke Griffin n'avait pas suspecté quelque chose, ils auraient pu continuer encore longtemps.

— J'ai confiance en ton instinct et ça me parait probable aussi. Mais ça fait froid dans le dos, même malgré tout ce qu'on a déjà vu…

Elles restèrent silencieuses un moment, ne faisant pas vraiment quelque chose. Laissant juste l'idée retomber et s'aplanir un peu plus.

— Qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?

La Wood la regarda un moment en réfléchissant, avant de lui répondre.

— Je vais attendre pour le filer jeudi, mais entre-temps je vais aller faire un petit tour aux pompes funèbres qui reçoivent les corps de l'hôpital, l'air de rien. Si c'est ce que je pense, ils auront certainement remarqué quelque chose. Après tout, la drogue doit être retirée des corps à un moment donné. Et je verrais par la suite.

Sur ces mots, sa coéquipière acquiesça, ne trouvant rien à rajouter. Et Lexa se mit donc à chercher dans ses dossiers les pompes funèbres auxquelles étaient déposés les corps de la morgue. Trouvant finalement les informations voulue, la brune alla récupérer sa moto pour se mettre en route.

Ouvrant la porte, elle entendit un carillon sonner et se rendit devant l'accueil avec un haussement de sourcils. Elle n'aurait pas pensé entendre ça à cet endroit, mais elle ne pouvait pas se focaliser sur ça.

— Bonjour, je voudrais parler à la personne qui s'occupe des corps, dit-elle à la femme âgée derrière le bureau en montrant son insigne. Je suis le Lieutenant Wood et j'aimerais lui poser quelques questions concernant une de mes affaires en cours.

Lui indiquant de ne pas bouger, la femme se rendit dans une pièce attenante, d'où la brune pu entendre des bribes de conversation. « La police ? Mais pourquoi ? », « J'espère que t'as pas fait de bêtise ». Revenant, la personne à qui elle avait parlé lui fit signe qu'elle pouvait se rendre dans la pièce dont elle venait elle-même de sortir. Lexa le fit en la remerciant.

— Bonjour Lieutenant, lui dit un homme d'une cinquantaine d'années qui semblait l'attendre. Je suis le responsable de cet endroit et c'est moi qui supervise la gestion des corps. Mon associée m'a indiqué que vous vouliez me poser des questions par rapport à une affaire en cours. Je vous écoute, allez-y.

— Bonjour. Oui, je voudrais savoir si vous n'aviez rien vu de particulier sur les corps depuis un moment ? Nous avons peut-être un tueur en série qui agit, ajouta-t-elle au dernier moment pour brouiller les pistes au cas où. Pas de blessures similaire où autre chose d'inhabituel?

L'homme laissa passer un instant, faisant mine de réfléchir en fronçant les sourcils.

— Non, je ne vois pas des choses telles que ça, Lieutenant. Mis à part ces incapables de l'hôpital qui font n'importe quoi, pesta-t-il. Ils ne devraient pas laisser les internes recoudre des patients décédés ! Parce qu'après nous on se retrouve avec des énormes cicatrices horribles à refaire ! Et ça nous fait perdre du temps !

Il s'arrêta de parler et soupira, mais la Wood n'avait pas perdu une miette de ce qu'il venait de dire.

— Excusez-moi, Lieutenant. Ça fait un moment que cette situation dure et je suis un peu à cran. En plus on ne peut rien leur dire… Mais ce n'est certainement pas l'information que vous attendiez de ma part.

— Ca ne l'était pas, dit la jeune femme en n'en pensant pas un mot. Mais ne vous en fait pas.

— Je vous contact si je remarque quelque choses de suspect concernant votre affaire.

Elle le remercia et le salua avant de ressortir de cet endroit et de se diriger vers sa moto. A priori, elle avait vu juste sur sa théorie. La drogue passait bien par les corps de ceux qui venaient de rendre l'âme. Elle alla en voir deux autres non loin de l'hôpital qui lui redonnèrent plus ou moins les mêmes informations.

Arrivant à son bureau, elle regarda une nouvelle fois les dossiers sur celui-ci avant de se relever rapidement pour se rendre dans le bureau de sa Capitaine.

— Wood, qu'est-ce qui se passe ?

— C'est pour l'affaire Capitaine, j'aurais besoin de votre autorisation pour récupérer une voiture pour le reste de la journée.

— Vous ne pouvez pas prendre celle de Blake ?

— Non, j'ai besoin de quelque chose d'assez discret, la Hellcat est bien trop visible. Et c'est assez pressé, Capitaine.

— Très bien, lui dit la plus vieille en décrochant son téléphone. Je contact l'armurerie pour vous donner l'autorisation. Mais vous me raconterez ça.

La remerciant, la brune repassa rapidement à son bureau pour récupérer ses affaires.

— Je repars et je ne sais pas quand je vais rentrer, à plus, dit-elle à sa coéquipière avant de prendre l'ascenseur.

S'arrêtant à l'étage de l'armurerie où étaient également stockés les clés des véhicules non attribuées, elle se rendit dans le garage. La voiture ne pouvait pas être plus banale, c'était parfait. Elle se mit au volant en route pour l'hôpital, ou elle se gara assez loin de la camionnette de la morgue pour ne pas être repérée, mais assez proche pour l'avoir sous les yeux.

Elle avait eu de la chance, aujourd'hui était l'un des deux jours de la semaine où Finn Collins devait justement emmener les cadavres chez les pompes funèbres. Lexa savait que ce serait forcément lui, étant le seul employé s'en occupant. Son collègue avait démissionné du jour au lendemain il y a quelques temps. Et la brune voulait profiter de suivre pendant son trajet, pour voir où l'extraction et le stockage pouvait se faire.

Alors dès que Finn commença à charger le véhicule, elle se tint prête à mettre le moteur en route, ce qu'elle fit quelques minutes plus tard. La brune fila le plus discrètement possible la camionnette, puis à un moment du trajet Finn prit la direction d'un endroit assez désert. Lexa arrêta la voiture un peu plus loin sur un parking où elle avait la vue dégagé sur le véhicule, ses jumelles à ses côtés au besoin.

Mais ce ne fut pas le cas, le brun se contenta d'ouvrir sa portière, avant d'entrer à l'arrière de la camionnette puis de refermer. Et il y resta un moment, en ressortant avec une grimace, un chiffon à la main sur lequel il essuya ces dernières.

Pour la forme, Lexa le suivit jusqu'au pompe funèbre où il se rendit, même si elle savait que ce n'était pas vraiment nécessaire. Elle fit ensuite le trajet inverse jusqu'à l'hôpital quand il eut transféré tous les corps. Il se gara comme si de rien n'était à la place qui lui était attribué à l'hôpital, sortant du véhicule de la même manière.

La Wood était maintenant parfaitement convaincue de ce qu'elle avait avancé un peu plus tôt. Mais elle voulait encore attendre de voir quel était le rôle du garage dans ce trafic. Et peut-être trouver des preuves concernant le jeune homme.

Clarke avait le droit de connaitre la vérité. Même si elle ne savait réellement pas comment elle allait lui dévoiler. Ni non plus à quel moment.


Alors ? Qui avait pensé que Finn était impliqué ?

Comment pensé vous que Clarke va réagir quand elle va le savoir ?

Qu'elles sont vos théories pour la suite ?