Depuis qu'elle était entrée en contact avec Ontari, Lexa avait déjà fait quatre ramassages supplémentaires à l'hôpital qu'elle avait déposé à l'entrepôt. Un par semaine pour le moment. Chaque fois qu'elle l'avait vu, la jeune femme brune avait essayé d'être un peu plus entreprenante. Mais elle avait pu éviter que ça n'aille plus loin et avait eut, miraculeusement, beaucoup de chance d'être dérangée à chaque fois.

Elle n'avait plus vraiment l'impression d'être suivie, et la jeune femme lui avait dit que ce n'était plus le cas il y a une semaine environ. Mais elle préférait encore être prudente pour le moment. Lexa avait été plus qu'irréprochable dans ses livraisons, les couvrants déjà plusieurs fois et faisant même sortir une partie du Green Bone qui avait été récupéré au poste.

Elle se détestait pour ce qu'elle devait faire, mais c'était la seule manière pour elle d'acquérir une certaine confiance de leur part. Puis de détruire complètement et irrémédiablement une bonne fois pour toute l'organisation, et de faire tomber leur tête.

Elle n'avait donc pour le moment pas pu retourner voir la Griffin, qu'elle avait pu croiser encore une fois à l'hôpital cette semaine. Mais Octavia avait pu lui parler à la blonde et l'avait rassuré. Clarke allait bien et elle venait à son tour de rentrer au sein du trafic à l'hôpital. Elle avait fait en sorte de calquer ses agissements sur ceux qu'elle pensait en faire partie. Puis elle avait appuyé sur le fait qu'elle avait vraiment besoin d'argent depuis la mort de Finn. Et ça avait fonctionné, Dante Wallace lui ayant déjà donné quelques missions et droits. Comme par exemple l'accès aux salles de stockage des blocs ainsi que le transport des sachets de drogue dans la chambre de Kyra.

En parallèle, la Wood avait essayé d'en apprendre un peu plus au sujet d'Ontari et de son frère, Roan, qu'elle n'avait toujours pas vu. Ou du moins, Ontari lui avait dit qu'il était son frère. Leurs prénoms n'étant pourtant pas commun, elle ne retrouva rien sur eux. Elle trouva un Roan Azplana, propriétaire d'un club de strip-tease en ville, mais rien de suspect sur lui. En tout cas, rien qui ne pourrait le relier directement et étroitement à un trafic de drogue.

Le reste de la semaine passa et il était de nouveau temps pour elle de se rende à l'hôpital. La responsable de l'entrepôt l'avait prévenu que ce qu'elle allait réceptionner cette fois était un peu plus pressé, qu'il y en aurait plus et que c'était pour une livraison spécial. Comme d'habitude depuis quelques temps, elle stationna sa voiture dans le box que Dante Wallace avait mis à sa disposition personnelle. Elle ne récupéra pas le sac de sport dans son coffre, Ontari l'ayant prévenu que ce ne serait pas utile cette fois. Alors elle se contenta de se rendre dans la chambre de sa « cousine » Kyra.

Elle retint sa surprise au dernier moment, heureusement qu'elle avait toujours eu un grand contrôle sur ses émotions. Dans la chambre étaient présents Cage Wallace, mais ce qui l'avait le plus surpris, c'était la présence de Clarke .

— Lieutenant Lexa Wood, si je ne m'abuse ? Lui demanda l'homme avec un sourire charmeur avant de venir prendre sa main. Je suis le Docteur Cage Wallace. Le fils du Directeur de l'hôpital.

Le simple fait qu'il lui touche la main et qu'en plus il précise qu'il était le petit enfant chéri de son père, et donc de l'hôpital, lui causa une violente nausée. Mais elle se contenta de lui sourire en lui répondant positivement.

— Bien, la quantité d'aujourd'hui étant plus conséquente, nous ne pouvons pas nous contenter d'un simple sac. C'est pourquoi le Docteur Griffin ici présente va vous aider à faire sortir tout ça sur un chariot.

Faisant comme si elles ne se connaissaient absolument pas, les deux jeunes femmes se firent un signe de tête.

— Lieutenant, je compte sur vous pour garder un œil sur le Docteur Griffin, lui dit-il doucement sans que cette dernière ne l'entende.

— Ne vous en faite pas, Docteur Wallace. J'ai géré des gens bien plus dangereux qu'elle et je sais quoi faire en cas de doute, répondit-elle avec un sourire qu'elle voulut légèrement mauvais.

Il hocha la tête avec un sourire, semblant satisfait avant de sortir de la chambre. Clarke ouvrit la bouche pour lui parler, mais elle la coupa d'un seul regard. Elles traversèrent donc les couloirs en silence avant de descendre jusqu'au parking. Ouvrant son box et faisant discrètement le tour pour être certaine qu'aucun moyen de les entendre n'ait été ajouté, elle retourna vers la blonde en soupirant, malgré tout heureuse de la voir.

— Tu vas bien ? Lui demanda-t-elle en encrant le vert dans le bleu. Octavia m'a dit que oui, mais je préfère m'en assurer maintenant que tu es face à moi…

— Je vais bien Lexa, ne t'en fais pas. Mais nous avons un plus gros problème, dit-elle en enlevant la bâche du chariot.

La brune ouvrit les yeux sous la surprise, il devait y avoir pas moins de quinze kilo de Green Bone à vue d'œil.

— j'ai entendu Cage en parler quand je n'étais pas loin, apparemment c'est destiné à un festival étudiant. Ça va être un carnage, Lexa…

— Merde… Soupira-t-elle longuement en posant une main sur son front. C'est celui qui commence ce soir et qui dure tout le week-end… C'est pour ça qu'Ontari m'a précisé que c'était urgent.

— Oui ! Il faut se débrouiller pour empêcher la livraison ! Déclara la blonde avec aplomb.

— Non.

— Quoi « non » ? Qu'est-ce que tu veux dire, Lexa ? Fronçât-t-elle les sourcils.

— Si on fait ça, ils seront qu'ils sont sous le coup d'une enquête, déclara fermement la jeune femme.

— Peut-être pas.

— Il y a de grandes chances que oui. Et nous ne pouvons pas le risquer. Cage m'a demandé de garder un œil sur toi, Clarke, avant qu'on ne quitte la chambre. Il ne m'a peut-être pas dit ça devant toi sans arrière-pensée !

— Qu'elle est l'intérêt que nous ayons intégré leur organisation alors ? Si l'on ne peut pas sauver des dizaines de vies, voir plus ?

— Pour l'instant nous n'avons rien pu faire de vraiment utile, Clarke. Est-ce qu'on a pu remonter l'organisation jusqu'à leurs dirigeants ? Sans ça, le trafic continuera et nous n'aurions servi à rien… Tout ça n'aura servi à rien.

— Alors quoi ? Demanda Clarke en perdant un peu plus patience. On les laisse faire ? Ce qui conduira peut-être à la mort de dizaine, voir centaines de jeunes ? Cette drogue est plus que dangereuse, tu l'as dit toi-même !

— Je sais, reconnu Lexa avec difficulté mais faisant le maximum pour le cacher à la chirurgienne. Mais nous pourrons par la suite en sauver des milliers, voire même plus.

— Mais… Je ne sais pas... On pourrait…

— Clarke, la coupa-t-elle fermement. Parfois, pour gagner la guerre il faut concéder quelques batailles. Même si ça résulte à la mort de personnes. Je sais que ça ne te plais pas, mais il le faut. Tu te souviens de ce que je t'ai dit quand tu as voulu les infiltrer aussi ?

— Oui… « Il vous faudra faire des choses terribles »… Je m'en souviens. Réfléchir avec le cerveau avant le cœur…

— Et c'est ce que je te demande en cet instant présent, Clarke, lui dit Lexa en la regardant fixement.

Les yeux verts toujours dans le regard de sa coéquipière sur cette mission, elle put voir dans le bleu azur que la blonde laissait finalement tomber les armes. Que malgré tout, elle lui faisait confiance. Qu'elle concédait de laisser passer une opportunité de sauver des vies. Et c'était encore plus important pour la Wood.

— Je veux que tu fasses très attention à toi, Clarke. Si Cage, ou même un autre, a le moindre de doute il ne laissera pas passer. Je sais que ce n'est pas toi, mais il faut que tu suives tous leurs ordres à la lettre. Est-ce que c'est bien compris ?

La blonde hocha la tête, se forçant à ravaler les mots qu'elle voulait dire. Lexa avait raison et elle ne pouvait pas le nier. Après tout, c'était elle qui avait voulu infiltrer le trafic, contre l'avis premier de la brune. Elle devait l'écouter. Et si cela devait lui obliger à faire des choses qui la dégouttaient, elle devrait tout de même le faire.

Le silence se réinstallant, elles chargèrent la drogue dans le coffre avec précaution. Essayant toutes deux de ne pas penser à ce qui pourrait arriver. Aux nombres de mort que ce qu'elles étaient en train de déposer dans la voiture pourrait causer. Mais rien ne pouvait être fait pour le moment, pas si elles devaient remonter jusqu'aux dirigeantes.

La seule chose qu'elles pouvaient faire, c'était espérer une catastrophe naturelle ou n'importe quoi qui pourrait annuler le festival… Elles auraient pu trouver un moyen de faire annuler l'événement d'une manière ou d'une autre elles-même, mais ça aurait semblé bien trop suspicieux. Surtout maintenant que Cage avait dit exactement où la drogue devait atterrir.

La brune referma son coffre avant de se retourner vers la chirurgienne dont les yeux étaient emplis de culpabilité.

— Clarke, peu importe ce qui arrivera ce week-end, ce n'est pas de ta faute, lui dit-elle avec sincérité en lui prenant la main. Tout le monde ne peut pas être sauvé… Tu es médecin, tu le sais autant que moi. Je sais ce qu'il t'en coûte. Mais si tu dois considérer quelqu'un comme coupable, ce n'est pas toi. Si tu dois le faire, c'est moi que tu dois considérer comme coupable.

— Je ne pourrais jamais penser quelque chose comme ça, Lexa, soupira-t-elle. Je sais que tu fais le maximum pour mettre fin à tout ça...

Serrant un peu plus la main de la blonde, la Wood la relâcha finalement avant de venir se mettre devant son volant.

— Clarke ? Fait attention à toi, lui redit-elle avant de quitter l'hôpital.

Comme Ontari le lui avait dit, elle prit directement la direction de l'entrepôt. Garant la voiture et ouvrant le coffre pour que les paquets soient récupérés par les hommes.

— Ah, voilà la plus belle ! Entendit-elle sans avoir à se retourner pour savoir qui avait parlé.

— Salut Ontari, répondit-elle avec un sourire. Livraison terminée.

— Pas vraiment terminée, la contredit la jeune femme. J'aurais besoin de toi pour amener tout ça à l'endroit prévu.

— Oh ? S'étonna Lexa.

Jusqu'à présent, elle s'était contentée de faire les livraisons de l'hôpital jusqu'à ici. Jamais plus que ça.

— Oui, vu les quantités la boss a décidé que ce serait mieux que tu y aille toi. Tu sais, le badge, tout ça. J'espère que ça ne pose aucun problème ?

— Bien sûr que non, sourit-elle. Où est-ce que je dois amener tout ça ?

— Le club Arkadia ! Un festival est organisé ce week-end à partir de ce soir et on nous a demandé de les fournir. Mais tu n'y va pas seule, première grosse livraison, tu comprends ?

L'autre brune hocha la tête, l'accompagnant d'un sourire.

— Ah, voilà ! Laisse-moi te présenter mon frère, Roan, dit-elle quand l'homme arriva.

Celui-ci tandis la main. Lexa ne dut pas réfléchir longtemps avant de le reconnaître comme Roan Azplana, le propriétaire de la boite de strip-tease. Si elle n'était pas qui elle était, la Wood aurait pu se sentir mal à l'aise et intimidé. Il était très grand et imposant et ne semblait pas lésiner sur la musculation. Ses longs cheveux bruns et sa barbes lui donnait une allure encore plus froide et dangereuse.

— Alors c'est toi, la Lexa Wood dont ne cesse de me parler ma petite sœur ? Demanda-t-il avec un sourire qui cassa complètement l'effet de froideur.

— C'est moi, répondit-elle de la même manière. J'imagine que c'est avec toi que je livre ce soir ?

— Il faut que nous partions à 18 heures, le temps de tout déposer, ajouta-t-il en hochant la tête avant de se diriger plus loin.

— Cela veut dire que l'on a quelques heures à tuer Lexa, lui dit Ontari en ne cachant aucunement ses intentions envers elle.

Mais avant que la Lieutenant ne puisse ouvrir la bouche pour répondre, son téléphone sonna et elle s'excusa avant de le regarder le message.

— Malheureusement, je dois y aller. C'est le boulot. Mais je serais à l'heure pour la livraison.

Heureusement hurla-t-elle dans sa tête, ce n'était pas pour rien qu'elle avait demandé à Octavia de l'appeler au maximum vingt minutes juste avant d'entrer dans l'entrepôt, via son deuxième téléphone.

— Tu ne peux pas leur dire que tu n'es pas disponible ? Lui demanda l'autre femme en battant des cils. On pourrait utiliser bien mieux ce temps…

— A ton avis, Ontari, comment j'arrive à garder ma couverture et être ripou depuis des années ?

— Dit comme ça… Mais on dirait que le monde ne veut pas nous laisser seul. Mais je te promets, ça finira par arriver...

Face au sourire carnassier de la brune, Lexa se dépêcha de retourner prestement dans sa voiture et de sortir de cet endroit avant de se rendre au poste. A peine arrivée, elle se débrouilla pour se retrouver seule avec Indra Johnson, sa Capitaine. Fermant la porte du bureau et les stores, celle-ci lui fit signe de s'asseoir. Elle connaissait assez sa Lieutenant pour voir que quelque chose la tracassait, même si elle faisait le maximum pour ne pas le montrer.

— Une quinzaine de kilos de Green Bone va être livré à l'Arkadia tout à l'heure pour le festival de ce weekend.

— Quoi ? Tu es sûre que ce soit une quantité aussi importante ?

La Wood hocha la tête pour confirmer ses dires, sa Capitaine l'ayant tutoyé cela voulait dire qu'elle était aussi perturbée qu'elle.

— Oui et c'est moi qui vais la livrer. Ça va faire beaucoup de dégâts.

La plus jeune baissa la tête, se pinçant les lèvres et passant une main sur sa nuque.

— Indra… J'ai dit à Clarke qu'il fallait laisser les choses se faire et ne rien empêcher…

Se taisant une nouvelle fois et l'autre femme ne disant rien, elle releva les yeux. Incertaine de ce qu'elle allait pouvoir lire dans ceux de la femme qui avait en partie complètement fait changer sa vie. Si attendant à voir de la honte, du dégoût même, peut-être. Mais il n'en fut rien, bien au contraire.

— Tu as fait ce qu'il fallait, Lexa. Parfois, pour gagner la guerre…

— Il faut savoir concéder une bataille, la coupa Lexa étonnée de voir dans ses yeux ce qui se rapprochait de la fierté.

— Je suis heureuse de voir que tu te souviens de ce qu'on t'a appris.

— Anya et toi me l'avait répété bien assez… Mais tu penses que ce soit la bonne chose à faire ?

— Oui, même si je sais que tu ne fais pas ça de gaieté de cœur, déclara la plus vieille en posant sa main sur l'épaule de la brune. C'est la meilleure chose à faire. Tu es l'une des personnes que je connais qui a le meilleur instinct, Lexa. Et ça depuis ta jeunesse. Alors fais lui confiance, même si je sais que parfois c'est compliqué...

— Tu aurais vu le regard de Clarke… Elle m'a dit que non, mais j'ai eu l'impression qu'elle pensait que je n'étais qu'un monstre… Un monstre qui a en plus tué son mari…

La jeune femme secoua la tête avant de se mettre les deux mains sur le visage, dans un geste de honte.

— Tu n'as pas à t'en vouloir, Lexa. Pas quand ce que tu fais pourrais sauver des milliers voir peut-être des millions de vies. Tu fais ce qu'il faut, je le pense vraiment. Regarde-moi.

Elle fit ce qui lui était demandé, relevant ses yeux verts pour croiser le regard de celle qui était son mentor depuis des années.

— Le rôle d'un leader, c'est d'être prêt et capable à faire des sacrifices pour sauver le plus grand nombre. Quoi qui lui en coûte. Et c'est ce que tu es Lexa, un bon leader.

La Wood entendait tout ce que lui disait Indra. Chacun de ses mots. Oui, elle avait déjà fait des choses comme ça. Mais jamais dans des proportions aussi grandes. Malgré tout, elle savait que ces vies resteraient pour toujours sur sa conscience. Elle ne pouvait faire autrement que se détester. Elle était si loin de qui elle était, de qui elle voulait être… Lexa ne pouvait faire autrement que de se demander ce qu'aurait pensé Costia en la voyant aujourd'hui. A quel point elle aurait très certainement été déçue d'elle...

Mais Indra avait raison et elle devait se reprendre. Alors laissant ce moment de doute et de faiblesse derrière elle presque comme s'il n'avait jamais existé, elle releva la tête avec détermination. L'heure n'était pas aux sentiments, elle devait réfléchir froidement et clairement pour réussir.

— Merci, Capitaine, dit-elle avant de sortir de la pièce avec un signe de tête.

C'est sous le regard étonné de sa partenaire et avec toujours autant de détermination qu'elle se remit à son bureau et commença à travailler. Puis l'heure de rejoindre l'entrepôt arriva.

— C'est bon ? Tout est dans le coffre ? Demanda-t-elle à Athol qui s'était chargé de tout embarquer.

Celui-ci fit un signe positif, alors elle se retourna vers Roan qui discutait un peu plus loin avec sa sœur pour l'appeler.

— Tout est bon, on y va ? Je ne veux pas faire attendre le client, déclara-t-elle avec assurance.

— Allons-y, dit-il en se rapprochant avec l'autre femme. Il n'aime pas vraiment attendre, c'est vrai.

Ils montèrent tous les deux dans la Ford GT de Lexa, Ontari se rapprocha de la fenêtre de la conductrice avant que la voiture ne démarra.

— A plus tard ma belle, lui dit-elle avec son sourire habituel.

La Wood se contenta de sourire avant de démarrer avec un crissement de pneu et de sortir de l'entrepôt pour prendre la direction du club.

— C'est une voiture sympa que tu as là, lui dit le brun. A ce que j'ai compris, ce n'est pas la seule ?

— Non, j'en ai une autre mais elle est un peu trop voyante pour faire ce type de transport. Celle-ci est un cadeau qui m'a été fait il y a des années.

Après ça, tous les deux se gardèrent de parler, restant un silence qui n'était pas tendu. Puis ils arrivèrent finalement au club Arkadia. Roan lui donna la direction de l'endroit où elle pourrait se garer.

— Ah, Roan Azplana ! Je ne pensais pas que tu viendras, l'accueilli un homme basané au visage fermé. Encore moins que tu puisses arriver à l'heure.

— Charles, se contenta de dire le brun en serrant légèrement la mâchoire. J'ai simplement accompagnée une de mes nouvelles… Collaboratrices.

— Charles Pike, mais vous devez savoir qui je suis, dit-il avec un air hautain en la fixant.

— Lexa Wood, se contenta-t-elle de répondre d'une voix calme et assurée.

Il se figea et pâlit instantanément, Roan à ses côtés ne pouvant s'empêcher d'éclater de rire.

— Je… Vous… Mais vous faite parti des stups ! Murmura-t-il fortement, toujours autant perdu. Azplana, qu'est-ce que ça veut dire tout ça ? Qu'est-ce que tu fout !

— Cela veut dire que je viens de vous livrer plus de quinze kilo de drogue, M. Pike, répondit Lexa elle-même avant que Roan n'ouvre la bouche. Et j'aimerais bien que tout ça sorte de ma voiture rapidement pour rentrer chez moi, alors allez chercher quelqu'un.

— Ne t'en fait pas Pike, elle a plus que prouvé sa valeur. Alors fait gentiment ce que la dame a demandé.

Sortant de son état de torpeur, il se dirigea rapidement vers l'entrée presque au pas de course, l'autre homme éclatant encore une fois d'un rire caverneux.

— Je ne regrette absolument pas d'être venu avec toi, Lexa… C'est la meilleure chose à laquelle j'ai assisté depuis plus d'une semaine.

La brune lui fit un sourire qu'elle ne força presque pas, voir le visage choqué de cet abruti de Pike lui avait le même effet. Même si elle n'était pas vraiment elle-même.

Une fois la voiture déchargée, ils reprirent la route. Pike avait payé par avance, donc ils n'avaient pas à s'en soucier.

— Je te ramène à l'entrepôt, Roan ?

— Non, si c'est possible dans mon club de strip-tease.

— Un club de strip-tease ? Demanda-t-elle avec un faux air étonné. J'imagine que c'est l'une des plaques tournantes pour le Green Bone.

— Aucun risque ! Déclara-t-il rapidement. Je ne veux pas de cette merde dans mon club. Il y a d'autres drogues, bien sûr, puisque les clients sont demandeurs, mais pas ça. Je trouve que c'est trop dangereux pour le distribuer dans mon établissement.

— Ta sœur ne dois prend tout ça très bien, j'imagine ? Lui demanda-t-elle étonnée de ce qu'elle venait d'apprendre.

— Ma sœur n'est pas le problème. C'est plutôt ma mère qui ne veut pas le comprendre, grogna-t-il. Elle ne comprend pas pourquoi son détritus de fils qui a ouvert un club de strip-tease ne veut pas au moins vendre sa drogue dedans. Enfin, tu sais, les parents…

— Je comprends, lui dit-elle en le pensant sincèrement. Mais je ne suis pas entièrement convaincue que ta sœur va être réellement ravie d'apprendre que tu m'as en quelque sorte dis que ta mère était reliée au trafic.

— C'est vrai… Dit-il en soupirant. Mais de toute façon, si tu continues sur ta lancée tu la rencontreras rapidement. Donc, ce n'est pas comme si j'avais pris beaucoup de risque…

Ils venaient d'arriver sur le parking du club de strip-tease. Roan se retourna vers elle avant d'ouvrir la portière.

— Tu veux venir ? J'ai bien vu votre petit jeu avec Ontari, donc j'imagine que potentiellement tu peux apprécier ce genre d'endroit, déclara-t-il avec un sourire en coin.

— Ça a été le cas, fut un temps mais… Commença-t-elle avant d'arrêter subitement. Tu sais quoi ? Oui, un verre ou deux ne pourrons pas me faire de mal, après tout !

— Tu ne cesses d'être de plus en plus intéressante, Lexa Wood, dit-il avec le même sourire que précédemment.

Quittant la voiture tous les deux, la jeune femme suivie le propriétaire. Elle n'avait vraiment pas eu l'intention d'y entrer, mais si avec ça elle pouvait se permettre de mettre Roan également dans sa poche… Et il était loin désagréable, si elle mettait de côté tout ce qui avait un rapport avec le trafic de drogue.

Quand elle entra dans l'endroit derrière lui, elle se sentie immédiatement mal à l'aise mais fit de son mieux pour ne pas le montrer. L'endroit était propre et très luxueux, loin de ce à quoi elle s'était attendu. Loin de ce dont elle se souvenait.

Parce que malgré tout ce qu'elle pouvait dire, il est vrai qu'elle avait beaucoup fréquenté ce type d'établissements après la mort de Costia, surtout quand il y avait un bar. Oui, elle avait fait beaucoup de choses qu'elle regrettait après la mort de sa fiancée. Mais aujourd'hui, ça se trouvait en quelque sorte être un avantage pour elle. Alors elle fit en sorte de montrer à Roan qu'elle connaissait le fonctionnement de ces endroits, pour se rapprocher de lui.

Quelques heures plus tard et après deux verres elle décida tout de même de partir, saluant son « ami », avant de rentrer chez elle. Même si c'était le weekend et qu'elle n'était pas censée travailler demain, elle savait que ce serait un long moment à passer. Que les répercussions de ce qu'elle avait fait à peine quelques heures avant seraient lourdes. Et elle voulait aussi en profiter pour faire des recherches sur Ontari et Roan maintenant qu'elle était certaine de qui il était. Ainsi que de leur mère.

Elle se leva le lendemain avec comme optique d'en savoir plus sur cette famille, alors elle commença ses recherches. Regardant les informations concernant le festival se déroulant à Arkadia toutes les dix minutes. Au bout d'une vingtaine de fois sans résultats et n'étant que frustré et inquiète, elle décida de le laisser de côté pour le moment et de se concentrer uniquement sur ses recherches.

Comme elle l'avait déjà vu, Roan Azplana était effectivement propriétaire et gérant de son club et ne semblait jusqu'à présent pas avoir été impliqué dans un quelconque trafic de drogue. Quelques amendes concernant un problème sur son autorisation de vente d'alcool, certaines plaintes de client contre lui car il avait voulu protéger ses employés. Rien d'autre. Blanc comme neige.

Quand elle se pencha sur le cas d'Ontari Azplana, elle ne trouva rien du tout. Comme si elle n'avait même jamais existé. Par contre, un extrait de naissance de Roan lui apprit que son père était mort il y a quinze ans. Et sa mère semblait être Nia Azplana. Mais dans un premier temps elle ne trouva rien sur cette dernière, après des heures à avoir cherché.

Lexa ne comprenait pas, car le brun lui avait clairement parlé de sa mère comme étant vivante. Puis en cherchant un peu plus elle eut finalement sa réponse. Sa mère avait changé de nom, devenant Nia Queen. Et tout lui parut plus clair puisque c'était le nom qu'avait utilisé Finn quand il avait parlé de supérieurs. Et que dans une ancienne langue nordique, Azplana voulait dire Queen.

Nia avait semble-t-il cherché à américaniser son nom à la mort de son mari, avant de récupérer la gestion de son cabinet d'avocat. Et il n'était pas étonnant que cette femme n'ait jamais été liée à ces trafics. Elle était une avocate connue et reconnue pour être absolument implacable. Peu importe qui étaient ses clients, ils finissaient toujours libres ou dans le pire des cas avec le moins de peine possible.

En tant que Lieutenant et membre de la police, Lexa abhorrait profondément ce genre d'avocat. Ce genre de personne tout cours, même. Ceux qui permettaient à un coupable reconnu de s'en sortir sans rien perdre ou presque. Qui laissait les victime sans justice. Qui faisait perdre leur temps à la police. La Wood redoutait déjà le moment où elle devrait faire sa rencontre, sachant qu'elle devrait garder son calme face à elle.

Soupirant, elle se pencha de nouveau sur le cas d'Ontari, cherchant cette fois avec le nom de Queen. Et elle eut des résultats, même si toujours rien de suspect. Contrairement à Roan qui avait décidé de ne pas rejoindre le cabinet de sa mère, celle-ci avait été dans ses traces. Ontari Queen semblait être la fille parfaite et héritière légitime de Nia, même si elle n'était pas son enfant biologique mais avait été adopté.

La Wood avait ce qu'elle avait cherché, en tout cas le maximum qu'elle puisse avoir pour le moment. Cette famille avait bien trop de défense, elle n'avait pour l'instant aucun moyen de creuser plus. Seul le temps pourrait lui apprendre des choses, et peut-être directement Ontari et Roan.

Alors le reste du weekend elle décida de ne plus regarder du tout les actualités et de le passer sur sa moto en balade ou dans sa salle de sport à s'entraîner. Lexa ne voulait pas y penser maintenant. Parce qu'en plus de ça, plus elle y pensait et plus elle pensait aussi à Clarke et à comment elle pouvait se sentir face à tout ça. Alors elle essaya d'en faire abstraction pour le moment. Et son Capitaine ne la contacta pas non plus pour lui donner le coup de grâce en lui disant ce qui avait pu arriver.

Puis le lundi matin arriva et elle se prépara. Et le moment de vérité arriva finalement. Elle ne pouvait pas se voiler la face plus longtemps et devait savoir. On dénombrait soixante-trois morts par overdose au total le dimanche soir, suite au festival. C'était une des spécificités qui rendait cette drogue aussi dangereuse : l'effet de l'overdose n'était pas immédiat. Ainsi, les utilisateurs continuaient d'en prendre pendant des heures avant de tomber raide mort.

Et malgré ce qui été arrivé, personne n'avait été inquiété. Pike avait mis en place une conférence de presse où il disait ne pas savoir comment le Green Bone avait bien pu entrer au sein du le festival. Qu'il ne tolérait absolument pas l'usage de drogues, quelles qu'elles soient, encore moins de celle-ci. Qu'il allait faire des recherches pour les familles des victimes. Elle ne put s'empêcher d'envoyer la télécommande de la télé qui se brisa contre le mur avec hargne face à ses mensonges qu'il prononça de manière éhonté.

Elle n'avait qu'une envie mais elle ne pouvait le faire pour le moment. Après ce weekend, elle serait peut-être de nouveau suivie. Le nombre de morts étant élevé, il était possible que Kristen Green et Nia Queen n'aient peur qu'elle ne révèle tout, par sentiment de culpabilité peut-être.

Alors elle se contenta de descendre prendre sa moto et de se mettre en direction du poste. Se forçant à garder un visage neutre en entrant. Elle ne pouvait pas non plus aller voir son Capitaine maintenant. Prenant place à son bureau en saluant Octavia et lui disant qu'elles en parleraient plus tard, elle se mit au travail. Faisant comme si rien ne s'était passé qui aurait pu la troubler à ce point.

Plusieurs minutes plus tard, elle put s'apercevoir que Quint, l'un des officiers de police la regardait du coin de l'œil. Il était donc dans le trafic et devait certainement faire un rapport de la manière dont elle avait réagi. Elle avait donc bien fait de se méfier. Alors elle n'hésita pas une seconde avant de se mettre à rire, faisant très discrètement signe à Octavia d'en faire de même. En cet instant, elle avait juste envie d'encadrer l'homme dans le mur à coups de poings.

— O', dit-elle doucement un peu plus tard. Je dois voir Clarke, tu sais si c'est sans risque ou pas de son côté ?

— Elle n'est pas suivie, si c'est ce que tu veux savoir, précisa la Blake. J'ai vérifié plusieurs fois pour en être certaine. Je pense qu'elle ne leur fait pas assez peur pour mettre des hommes derrière elle. Donc tu peux y aller sans risque, elle est de repos à partir de midi. Mais assure toi de ne pas toi-même être suivie.

— Je sais. Merci O'… Soupira-t-elle de soulagement.

Le reste de la matinée passa et elle vit que Quint semblait avoir laissé tomber son observation, ou s'en être lassé. Il devait, ainsi qu'Ontari, être satisfait de ce qu'il avait pu voir. Alors quand l'heure de la pause-déjeuner arriva elle retourna à sa moto calmement.

Pour être totalement certaine de ne pas être suivi, la Wood changea plusieurs fois de directions de manière complètement aléatoire en vérifiant. Garant sa Ducati comme elle en avait l'habitude, elle se dépêcha d'aller taper à la porte de derrière. Mais personne ne lui répondit, alors elle ouvrit discrètement grâce à la clé. Avec un air de déjà vu, elle se dirigea dans un premier temps dans la cuisine, puis dans le salon. Espérant que cette fois non plus il ne serait rien arrivé à la Griffin.

La jeune femme était allongée sur le canapé et semblait dormir, sa poitrine se soulevant dans un rythme régulier pour lui prouver qu'elle respirait encore. Ses cheveux blonds étaient éparpillés sur l'accoudoir et Lexa ne put s'empêcher de souffler fortement de soulagement quand elle la vit finalement bouger. Entendant certainement son souffle, la propriétaire de l'endroit sursauta en se relevant, se tenant debout.

— C'est moi, Clarke, dit-elle en se rapprochant. Tout va bien, ce n'est que moi. Tu es en sécurité.

En la regardant, la Wood pouvait voir que son visage était neutre et ne laissait ressortir aucune émotion, mais elle pouvait aussi voir la légère rougeur autour de ses yeux lui prouvant que si elle n'avait pas pleuré, elle en avait au moins fortement ressentie l'envie. La brune avait aussi remarqué que ses yeux bleus étaient moins vifs, semblant voilés, avant que la jeune femme ne détourne le regard.

— Je voulais savoir comment tu allais… Lui dit doucement la Lieutenant. Si tu tiens le coup.

La jeune femme haussa mollement les épaules, ne sachant pas vraiment quoi répondre d'autre.

— Je te promets que si j'avais pu faire autrement, je l'aurais fait, Clarke.

Cette dernière pu sentir et entendre la sincérité de chacun des mots étant sorti de la bouche de la brune.

— Je sais que tu penses que mes méthodes sont mauvaises, ajouta-t-elle, mais c'est le seul moyen de les faire tous tomber. De sauver le plus de monde possible par la suite.

— Je sais bien que tu as fait de ton mieux, déclara finalement la Griffin. J'aurais simplement voulu que l'on puisse eux aussi les sauver… Que l'on puisse faire plus…

— C'est ce que j'aurais voulu aussi.

Leurs regards se croisèrent finalement pour la première fois de la conversation. Puis mu par une envie qu'elle n'arriva pas à contrôler, Lexa se pencha vers elle jusqu'à déposer doucement ses lèvres sur les siennes. Clarke lui répondit aussitôt, prolongeant le baiser pendant quelques secondes. Avant de finalement elle-même se reculer en fuyant une nouvelle fois le regard vert.

— Je suis désolée. Je… C'est trop tôt.

— Non, c'est moi qui le suis. Je n'aurais pas dû faire ça. A bientôt Clarke, fais attention à toi.

Sans perdre de temps, la Wood récupéra sa moto avant de partir. Pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça… A qu'elle moment s'était-t-elle dite que ce serait une bonne idée ? Surtout alors qu'elle était celle qui avait conduit à la mort du mari de la blonde à peine quelques semaines auparavant.

Mais sur le moment, c'est la seule chose qu'elle avait eu envie de faire. Alors elle avait écouté son instinct et l'avait fait. Elle devait arrêter de penser à elle, ce n'était ni la personne, ni le moment pour ça. Elle était sur une très importante d'affaire, elle ne pouvait pas laisser ses envies s'en mêler et possiblement altérer son jugement. Pas comme ça.

Lexa allait arrêter Green et Queen pour venger la mort de sa fiancée et sauver le plus de personnes possible. Le reste n'importait pas. L'amour n'était qu'une faiblesse, qu'elle se devait laisser de côté. Comme elle l'avait fait ses dernières années sans problème. Foutue Clarke qu'elle avait vu sortir de sa douche avec seulement une serviette. Foutue serviette.


J'attends avec hâte vos retours!