Bonjour à tous !
Vous avez émit des hypothèses bien intéressante sur ce qui se passe.
Je vous laisse le loisir d'avoir, peut-être, la réponse.
Quand Lexa ouvrit finalement les yeux avec difficulté, elle ne put pas en croire ses yeux.
Elle les cligna d'ailleurs plusieurs fois, n'arrivant pas vraiment à comprendre ce qu'elle voyait.
C'était complètement incroyable et tout bonnement impossible.
Ce qu'elle voyait ne pouvait pas être réel. Dans aucun monde.
— Bonjour, mon amour, fut elle directement accueillie avec un sourire.
Ses yeux abîmés et fatigués devaient se jouer d'elle, c'était la seule explication probable à la personne qui se trouvait en face d'elle. Il ne pouvait pas en être autrement.
— Cos… Costia… ? Demanda finalement la brune en déglutissant, n'y croyant pas et fronçant légèrement les sourcils.
Elle avait la bouche grande ouverte face au choc et elle pouvait déjà sentir ses yeux s'emplir doucement de larmes malgré elle. Mais qu'est-ce qu'Ontari avait bien pu lui faire prendre comme drogue cette fois ? Ce qui était certain, c'est que ce devait être fort. Assez pour la faire complétement halluciner et voir la femme qu'elle avait perdu, dont elle avait vu le cadavre brûler et finir entièrement carbonisé.
— Oui, lui répondit la jeune femme avec un sourire. Je suis désolée d'avoir dû te faire croire à ma propre mort.
— Que…
La brune ne fut pas capable d'en dire plus, à peine un semblant de mots. Elle avait la gorge complètement serrée, comme prise dans un étau. Ce n'était pas possible, ce ne devait qu'être un horrible cauchemar. Horrible ou beau, elle ne savait même pas vraiment quoi en penser. Mais ce dont elle était absolument certaine, c'est que quand elle verrait Ontari, la Wood lui ferait comprendre à quel point elle lui en voulait.
S'approchant doucement d'elle, la rousse en face d'elle posa délicatement la main sur sa joue. Au touché, Lexa ne savait plus du tout ce qui pouvait bien se passer. Comment pouvait-elle sentir la chaleur et la douceur de sa peau, alors que Costia était morte depuis plus de cinq longues années. Il était impossible que l'hallucination ne soit aussi poussée, pas sans qu'elle ait des graves séquelles en tout cas.
Puis elle ferma les yeux et prit un instant pour réfléchir, se rappelant de ce que sa fiancée qu'elle avait pensé morte venait de lui dire à peine quelques secondes auparavant. Les mots exacts qu'elle avait entendu sortir de sa bouche. Était-ce vraiment simplement un rêve ou une hallucination ? Celle qui était assise et attachée bougea brusquement la tête pour ne pas qu'elle ne puisse la toucher plus longtemps. Comme si le contact avait férocement brûlé sa peau comme l'aurait fait du fer rouge.
— Comment ça ? Fut finalement capable de demander cette dernière sèchement. Comment ça, « tu as dû me faire croire à ta mort » ?
Passé la surprise et le choc ressentie, sa tête et son esprit reprenaient enfin le dessus sur son cœur. Cœur qui n'avait eu de cesse pendant ces dernières années, dans un espoir fou et vain, d'imaginer Costia de retour près d'elle. Refusant d'aimer qui que ce soit d'autre, comme s'il attendait en quelque sort le retour de la rousse auprès de lui. Même si contre toute attente, Clarke avait été capable de briser un son armure, son cœur la laissant un peu entrer. Maintenant à cet instant, elle pouvait penser plus clairement et vivement, même si une part d'elle restait complètement perdue.
— Et bien j'ai simulé ma mort, mon amour. C'était la seule et unique façon pour que tu ne puisses pas remonter jusqu'à moi dans ton enquête.
— Tu as simulé ta mort ? Commença-t-elle doucement d'une voix blanche et les yeux écarquillés face à ce que ça impliquait, avant de perdre son calme et de se mettre à hurler. J'ai passé six ans à me sentir tous les jours coupable pour ta mort ! A me dire chaque jour qui passait que c'était entièrement de ma faute ! A me dire que si je n'avais pas été qui j'étais, tu n'aurais jamais perdu la vie par ma faute !
— J'y étais obligé, Lexa. D'une certaine manière, c'est même toi qui m'a obligé à agir de cette manière. Tu aurais remonté la piste jusqu'à moi et à ce moment-là tu m'aurais mis en prison. Peu importe tes sentiments pour moi, tu sais que tu l'aurais fait. Je ne voulais pas y aller, c'était donc la seule chose à faire. Mais je ne peux pas être plus heureuse que maintenant, de savoir que tu es de mon côté et que je n'ai plus à rester loin de toi.
— Comment ça de ton côté ?! De quelle piste tu parles ?!
Lexa ne comprenait plus rien de ce que lui disait la jeune femme face à elle même si elle essayé de suivre, seule la peine et la rage l'animaient en cet instant. Rien d'autre. Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle entendait, elle voulait encore moins le comprendre au fond d'elle. Pourquoi était-elle là ? Avant de perdre connaissance, elle était supposée allé rencontrer les responsables du trafic de Green Bone. Elle devait voir Kristen Green et Nia Queen.
— Tu n'as toujours pas compris ? Je suis étonnée Lexa, Lui dit la rousse en riant. Mon amour, c'est moi Kristen Green. Ça a toujours été moi. Depuis le tout début.
Bien sur, elle savait, au fond d'elle. Mais son cœur n'avait pas voulu le reconnaitre ni l'admettre. Mais maintenant, avec la confirmation de la jeune femme c'était devenu complètement et définitivement indéniable.
— Et Nia Queen ? C'est elle qui t'as fait faire tout ça ? Demanda-t-elle en gardant au maximum son calme d'une voix blanche.
— Oh, Nia est en effet celle qui m'a fait entrer dans le premier trafic et m'a aidé à tout organiser. Mais elle sait que j'ai bien plus l'esprit pour faire perdurer tout ça. Elle se contente de gérer l'aspect financier pour moi. C'est moi qui en suit la dirigeante, Lexa. Ça l'a toujours été depuis le début.
La jeune brune ne pouvait toujours pas complétement y croire. Et son visage complètement perdu aurait pu le confirmer à n'importe qui posant les yeux sur elle. Celle qu'elle avait cherché des années durant, depuis plus de dix ans, toute une partie de sa vie, avait été devant elle tout ce temps.
Elle avait été la personne qui avait partagé sa vie. Elle avait été la personne qu'elle avait chassé sans résultats. Elle avait été la personne dont la perte l'avait entièrement détruite et brisée. La personne dont elle s'était sentie coupable de la mort depuis des années sans pouvoir rien y faire. La personne à cause de laquelle Lexa avait passé ces dernières années à se dire que l'amour n'était qu'une faiblesse.
Et subitement sans avoir pu s'y préparer ni s'y attendre, la Wood venait d'apprendre que c'était tout le long la même personne. Costia, dont elle ne s'était jamais entièrement remise de la mort. Costia, qui avait commencé ses trafics quand elles étaient encore ensemble. Sans qu'elle ne s'en rende compte une seule seconde. La jeune femme qu'elle aimait se jouant d'elle de la pire des manières, la trompant complètement. Elle, Lexa Wood, qui était pourtant parmi les meilleurs agents de son service. Ses yeux refusant peut-être à l'époque de voir les preuves, les réfutant inconsciemment, par amour.
Sous le choc, elle pouvait sentir le sang pulser avec plus de vivacité que jamais dans sa tête. Lui faisant l'effet d'un écho qu'elle aurait voulu faire taire. « Ça a toujours été moi », put elle entendre résonner dans son esprit avec violence. Avec l'accumulation, Lexa se senti perdre connaissance en ayant tout juste le temps de remarquer Clarke à quelques pas d'elle, toujours inconsciente pour sa part.
La brune se réveillât quelques temps plus tard, perdue avant que tout ne lui revienne en entendant la voix de Costia. Elle ne saurait dire combien de temps elle avait été inconsciente, mais quand elle balaya la pièce du regard, elle aperçut justement cette dernière. La jeune femme était non loin, parlant avec la blonde qui avait également reprit conscience et qui faisait tout son possible pour ne pas laisser transparaître la moindre peur. Mais la Wood la connaissant, elle put sentir son trouble.
— Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de toi, Griffin ? Tu as beaucoup trop fourrée ta jolie petite tête dans mes affaires. Je n'aurais jamais dû laisser ton lâche de mari essayé de te calmer, mais te tuer tout de suite comme c'était prévu. Est-ce que c'est toi qui l'as tué, d'ailleurs ? Bref, en tout cas tu en sais beaucoup trop maintenant. J'ai laissé trainer en te pensant utile, donc c'est un peu de ma faute, je dois le reconnaître… Fini en soupirant celle que Lexa savait maintenant être à la tête de tout le trafic.
Ce qu'elle entendit lui avait glacé le sang avant que celui-ci ne fasse qu'un tour. Il ne manquait plus que ça. Elle ne pouvait rien laisser arriver à Clarke. Elle ne devait rien laisser arriver à Clarke, encore moins par sa faute. En définitive, c'était en quelque sorte redevenu entièrement son problème. Et ce qu'elle voulait le plus au monde en cet instant c'était que la blonde soit en sécurité. Loin de celle qui avait été sa fiancée.
Elle ne savait même plus ce qu'elle devait éprouver pour cette dernière : de la culpabilité, de la honte, du dégoût, de l'espoir… de l'amour ? Mais ce dont elle était complètement certaine c'est que son attachement à Clarke était très fort, qu'elle ferait tout pour la sauver. Quitte à elle-même se mettre en danger, s'il le fallait.
— Tu peux la relâcher, Costia, dit la brune toujours attachée avec le plus de calme qui lui fut possible malgré son inquiétude et sa fureur. Je la pensais avec nous, mais même si ce n'est pas le cas elle ne dira rien à qui que ce soit, ne t'en fait pas. Et même si elle venait à le faire, personne ne la croira jamais. Je suis un Lieutenant de police faisait partie du service des Stups, je réfuterais tout en bloc. La Capitaine me croira sans soucis. Et elle n'a absolument aucune preuve de ce qu'elle avance.
Le regard de la rousse passa plusieurs fois sur les deux femmes, s'attardant sur chacune d'entre elles, avant qu'elle ne se rapproche de Lexa.
— Tu as raison, mon amour, répondit-elle avant de poser sa main sur la joue de jeune femme avant de l'embrasser. Avec toi à mes côtés, je serais vraiment intouchable maintenant. Tu as d'ailleurs déjà fait beaucoup pour m'aider.
La responsable du trafic recula pour aller chercher un couteau, avant de se rapprocher de nouveau de la brune. D'un coup vif, elle la détacha de ses liens.
Pendant ce laps de temps assez court où elle détourna le dos, les yeux verts émeraudes croisèrent le bleu azur de ceux de Clarke. Cette dernière semblait perdue également et même si elle faisait tout pour se montrer forte, Lexa la connaissait maintenant assez pour voir qu'au fond, elle était très inquiète. Elle essaya donc de lui faire passer tout ce qu'elle voulait lui dire durant ce très bref contact, le maximum de calme possible et de réconfort. De lui faire comprendre qu'elle ne laisserait rien lui arriver et qu'elle pouvait avoir confiance.
Costia la fit se relever doucement en passant son bras autant de sa taille, faisant signe à l'un des gardes qu'elle avait fait entrer d'en faire de même avec la blonde. Mais il fut nettement moins doux et la traîna presque derrière lui, ne le lui laissant presque pas le temps de se relever.
La dernière chose que pu voir la Wood avant que la porte ne se referme derrière la chirurgienne, fut le regard de détresse que lui envoya cette dernière. Avec un très léger et discret signe de tête, la policière lui fit comprendre de se laisser faire et de ne surtout pas répliquer ni de se battre.
— Tu vas la laisser partir Costia, nous sommes d'accord sur ça ? Redemanda la brune pour en être certaine.
— Bien sûr ! Répondit-elle avec une voix guillerette. C'est ce que tu m'as demandé, mon amour. Même si je ne sais pas vraiment pourquoi. On aurait aussi pu s'amuser un peu avec elle avant de laisser partir, mais bon…
Lexa détourna discrètement mais rapidement la tête en serrant la mâchoire, faisant faussement mine d'observer ce qui l'entourait dans la pièce. Elle ne pouvait pas laisser Costia apercevoir le regard plein de rage qu'elle savait très bien avoir eu au moment où la rousse avait parlé de cette manière-là de Clarke. Elles marchèrent encore un moment en silence, retournant dans ce qui semblait être une très grande villa.
— Maintenant que nous sommes seulement toutes les deux, se rapprocha d'une manière féline celle qu'elle avait tant pleuré par le passé, avant de venir se coller à elle. Je te propose d'aller profiter de fêter nos retrouvailles dans ma chambre…
— Je… J'ai besoin d'un peu de temps, Costia, dit la Lieutenant en la repoussant doucement, sans aucun doute sur ce que venait de lui proposer la jeune femme. Le temps d'analyser tout ça et de m'y faire, tu comprends ? C'est beaucoup d'un seul coup…
— Je comprends, ne t'en fais pas. Nous avons tout le temps pour ça maintenant.
Souriant grandement, Lexa lui rendit un sourire plus faible, s'y obligeant presque. Elle regarda donc par la suite sa montre, qui lui confirma ce que le ciel lui avait déjà fait comprendre, c'était le beau milieu de la nuit. Elle avait un besoin presque vital de prendre l'air et de quitter cet endroit. Elle remarqua que sa Ford GT était garée dans le terrain et que ses clés se trouvaient à l'entrée du bâtiment. Alors elle se mit en route et démarra le véhicule en partant sur les chapeaux de roues.
La lune n'était pas entièrement pleine mais sa brillance et celle des étoiles étaient suffisantes pour allumer assez loin, peut-être même plus clairement que ne l'aurait fait de la lumière artificielle. Se rapprochant de plus en plus du but de sa venue à cet endroit si calme et seulement perturbée par le son de ses pas résonnant dans la nuit déjà bien avancée, elle s'arrêta finalement.
Son regard était emplit d'émotions en tout genre et toutes plus différentes que les autres. Mais elle ne pouvait pas dire celle qui surpassait les autres à ce moment précis. La tristesse, la colère, la trahison, tous les sentiments qui avaient refait leur apparition si tôt qu'elle avait pu voir son visage… Ce malgré les nouveaux sentiments qu'elle avait pourtant commencé à développer bien malgré elle pour Clarke…
Lexa n'avait jamais été entièrement et totalement remise de la perte de sa fiancée, Octavia avait raison quand elle le lui disait. Elle n'avait jamais tourné la page mais seulement enfermé dans une boite bien hermétique toute cette partie de son passé et ses émotions. Toutes ses années, elle n'avait fait qu'apparaitre un masque, masquant entièrement le moindre de ses sentiments ou presque. Aux autres bien sûr dans un premier temps, mais également à elle.
Et cette même boite si parfaitement hermétique venait de subitement voler en éclat.
Se répercutant sur toute sa vie. En seulement quelques minutes.
Sans qu'elle ne puisse rien y faire. Absolument rien.
Une véritable boite de Pandore.
Son travail était de faire cesser les trafics de drogues pour protéger le peuple, d'arrêter les criminels à leur tête. C'était l'une des choses qui avait principalement régit presque toute sa vie entière. Elle avait fait des sacrifices terribles pour pouvoir réduire ce mal et sauver le plus grand nombre.
Et elle venait subitement, non pas juste de découvrir que sa fiancée était en vie, mais de découvrir qu'elle avait été l'une des dirigeantes de ce qu'elle avait combattu tout ce temps. Qu'elle était actuellement ce qu'elle avait toujours combattu.
D'un côté, ce que son cœur n'avait eu de cesse de prier avait été exhaussé, comme un miracle inattendu. Ma sa tête était en désaccord total. Elle était en plein dans une enquête et cette fois, Costia n'en était plus la victime collatérale, mais elle se tenait avec une fierté non dissimulée bien installé sur le siège du coupable. Coupable qui avait conduit un nombre immense de personne à perdre la vie.
Et malgré tout le dégoût et le sentiment de trahison qu'elle pouvait ressentir envers celle qui avait fait partie de sa vie pendant autant de temps, elle ne pouvait empêcher son cœur de ne battre plus fort en pensant à Costia. Elle ne pouvait pas s'empêcher de voir défiler devant ses yeux tous les moments qu'elle avait passée avec elle. Tous les moments de joie qu'elles avaient échangée.
Mais une partie d'elle ne pouvait pas non plus s'empêcher de penser à Clarke et de s'inquiéter pour elle. Elle ne pouvait s'empêcher de repenser au soir précédent et au matin qui avait suivi, il y a peine quelques heures. Au moment qu'elles avaient échangé. A ce que la blonde avait bien pu penser quand elle l'avait entendu parler à Costia. Quand elle avait finalement dû réaliser et comprendre. Parce qu'il n'y avait aucun moyen que Clarke n'ait pas pu comprendre, elle était bien trop intelligente.
Et là tout de suite, la Wood aurait voulu pouvoir lui parler et s'assurer que tout allait bien de son côté. Qu'elle était bien en sécurité, probablement chez elle. Mais elle ne pouvait pas se permettre de la mettre plus en danger qu'elle ne l'avait déjà fait jusqu'à maintenant.
Lexa ne se souvenait pas d'un seul moment de toute sa vie, malgré tout ce qu'elle avait déjà traversé, s'être sentie aussi perdue qu'à cet instant précis.
D'une part, son amour perdu et contre toute attente retrouvée, mais qui représentait tout ce qu'elle combattait.
De l'autre, son devoir et celle de qui elle s'était éprise sans jamais l'avoir recherché.
Sans qu'elle ne puisse les empêcher plus longtemps, les larmes commencèrent dévaler le long de ses joues et elle balaya les environs distraitement de son regard vert en cet instant bien différent, fatigué et terne. Avant de l'arrêter sur une grosse pince en métal qui traînait sur le côté et paraissait assez solide. Comme si quelqu'un l'avait laissé ici pour elle, sachant à l'avance ce qu'elle allait faire.
Alors sans l'avoir prévu, elle récupéra l'objet et vint frapper de toutes ses forces la pierre tombale de Costia Baines, qui se fissura en deux. Elle lâchât un hurlement de rage en tapant sans s'arrêter ni se contenir. Relâchant tout son désespoir, toute sa colère, toute sa rage, toutes ses incertitudes. Dans un espoir qu'elle savait pourtant complètement vain d'y voir un peu plus clair dans cette situation.
Elle ne s'arrêta qu'au moment où la pierre fut entièrement réduite à néant et ses mains abîmées d'avoir autant serrées l'objet avec lequel elle avait réalisé le délit. Le laissant tomber au sol.
La brune observa un moment les morceaux de marbres blancs étalés contrastant avec la terre foncée et l'herbe, ravalant les dernières larmes avant de quitter l'endroit sans se retourner. Il était temps pour elle de retourner à la maison de celle qui avait été sa fiancée. Elle avait besoin de réponses et d'avancer. Mais plus que tout, elle avait besoin de savoir quoi faire et dans quelle direction aller.
La Wood n'avait pas vu le temps passer, mais quand elle arriva le soleil commençait à peine à se lever. Elle décida donc de prendre place sur l'un des fauteuils du salon de Costia, sans bouger et sans rien dire. La jeune femme n'aurait pas su dire combien de temps elle avait bien pu garder cette position. Elle voulait des réponses, mais elle ne savait même pas non plus vraiment pourquoi elle était revenue ici. Si c'était vraiment la chose à faire, la bonne chose. Ni par quoi commencer.
— J'ai appris que tu avais été détruire ma pierre tombale, déclara la rousse en la rejoignant. Je ne t'en veux pas, mon amour. Pas si ça t'as permit de relâcher la pression et d'être un peu plus calme.
Costia, Kristen, elle ne savait même plus vraiment qui elle avait en face d'elle. Non, pour Lexa c'était toujours Costia. Ce serait toujours Costia avant tout. Cette dernière se rapprocha d'elle jusqu'à poser une main sur la hanche de la brune. L'ancienne avocate et tête du trafic l'embrassa avec douceur avant de se détacher d'elle et de se relever.
— Mais je vais te laisser un peu de temps Lexa, si c'est ce que tu souhaites.
— Oui, je vais en avoir besoin. J'ai passé des années à revoir ton corps carbonisé et je te vois aujourd'hui bien vivante face à moi.
— Je sais que ça fait beaucoup, mon amour. Je comprends.
— Non, tu ne comprends pas ! J'étais complètement brisée Costia ! J'ai passé chaque jour depuis celui-là à me sentir responsable, chaque jour à revoir ton « cadavre » dans cette foutue voiture en feu, chaque jour à me forger un peu plus une carapace pour me protéger ! Hurla la brune, avant de se calmer sous la fatigue qu'elle pouvait ressentir. Alors oui, j'ai besoin de temps…
— Prends tout le temps qu'il te faudra, Lexa. Tu sauras où me trouver.
Hochant la tête, la brune se releva avant de se rendre mécaniquement vers sa voiture et de rentrer à son appartement. Elle ne savait même plus ce qu'elle faisait, semblant être entrée complètement en phase de pilote automatique.
Lexa passa tout le reste de la journée à taper dans son sac de frappe, jusqu'à s'en faire complétement exploser les phalanges malgré la présence des gants pourtant bien rembourrés. Mais même cette douleur, elle ne fut pas capable de la sentir.
Puis quand elle fut lassée et décida d'arrêter de se détruire les mains, elle se détourna vers son bar. Remplissant verre après verre sans prendre la peine d'y réfléchir, les descendant de la même façon.
Après tout, comme elle l'avait dit à Clarke, elle n'était peut-être pas faite pour avoir une vie parfaite et normale. Elle avait pu entre-apercevoir un mince et infime espoir avec la blonde, sincèrement et profondément, même si elle ne l'avait pas prémédité. Elle avait pu imaginer pouvoir de nouveau ressentir un minimum de bonheur. Mais ça n'avait été rien de plus qu'éphémère, même pas encore commencé ou à peine et déjà fini. Elle ne pouvait pas plus embarquer la blonde dans tout ça.
L'alcool fit peu à peu son effet, engourdissant complètement son esprit et ses membres. C'était ce qu'elle voulait de toute façon, ne plus rien ressentir. La boisson finissant par la laisser s'endormir complètement ivre sur son canapé.
Dans un moment de lucidité, elle se dit que ce qui était arrivé pourrait être une bonne chose. Elle pourrait jouer le jeu auprès de Costia pour faire tomber complètement l'organisation et arrêter le trafic. Mais est-ce que c'est ce qu'elle voulait vraiment ? En avait-elle envie ? Ne voulait-elle pas autre chose ?
Depuis le début de cette enquête, elle avait fait bien plus de choses répréhensibles qu'en toute sa carrière. Avec difficulté et en se détestant, certes. Mais elle les avait faites et ça lui avait paru plus facile qu'elle ne l'aurait pensé de laisser des gens mourir sans faire quoi que ce soit pour les tuer, surtout d'en tuer de ses propres mains. Ca n'aurait pas dû être le cas. Tuer ne devrait jamais devenir facile, même si c'était pour se protéger ou sauver d'autres personnes. Et pourtant… Est-ce que tout ça en valait vraiment la peine ? Avait-elle eu envie de faire tout ça en entrant dans la police ? L'aurait vraiment imaginer à avoir à le faire à ce point là ?
Les trois jours qui suivirent furent exactement les mêmes.
Taper jusqu'à ne plus en pouvoir.
Boire jusqu'à ne plus en pouvoir.
Puis un jour, elle fut réveillée par un immense fracas à sa porte. Quelqu'un tapait fortement et s'il continuait, la porte allait finir par se dégonder d'elle-même et tomber au sol. Elle grogna en se redressant à contre cœur sur le canapé. Elle ne savait pas l'heure qu'il était, mais les rayons de soleil traversants la pièce lui fit plisser les yeux. Se frottant la tête, elle finit son verre à moitié rempli de whisky qui était sur la table basse, avant de se diriger dans son entrée en titubant.
Ouvrant la porte, elle failli se prendre un coup de poing si la personne qui venait de taper à la porte n'avait pas eu d'aussi bon réflexes.
— Wood ! Mais qu'est-ce que tu fais, bon sang ! Ça fait plus de vingt minutes que je tape comme une malade ! J'allais finir par défoncer la porte !
Le hurlement aigu de sa coéquipière lui fit complètement vriller les oreilles.
— Parle moins fort, la supplia d'une voix faible et avec une grimace la brune en se prenant la tête entre les mains.
— Tu te fous de moi, Lexa ? Dis-moi que c'est ça.
La femme de Lincoln avait cette fois parlé calmement, se dirigeant vers le canapé et la table basse sur laquelle un nombre incroyable de bouteilles vides étaient présentes.
— Il est neuf heures du matin Wood ! Et tu bois à cette heure-là ? Tu bois depuis combien de temps au juste ?!
La plus jeune n'était maintenant plus capable de cacher sa fureur. Les bouteilles vides lui confirmaient ce qu'elle avait pensé. Elle n'avait pas pu manquer l'odeur d'alcool émanant de la bouche de son amie quand elle avait parlé. Pas plus qu'elle n'avait pu louper ses mains complètement en sang.
— On se fait tous un sang d'encre depuis plus de trois jours ! Mais qu'est-ce qui se passe, Lexa ? Qu'est-ce qui t'arrive ?
La Blake s'était calmée sur la fin de sa tirade, l'inquiétude qu'elle ressentait reprenant finalement le pas sur la colère.
— Rien, lui répondit froidement la Lieutenant en détournant le regard des yeux accusateurs fixés sur elle.
Son amie continua de la regarder toujours aussi fixement, absolument pas dupe. Elle ferma les yeux un instant en frissonnant, avant de les rouvrir et de reprendre doucement la parole. Peut-être que tout ça était vrai, après tout.
— Lexa… Clarke m'a contacté le jour suivant votre rencontre prévue avec Green et Queen. Et je ne sais pas exactement ce qui s'est passé là-bas, ni s'ils lui ont fait prendre de la drogue qui l'a fait complètement halluciner… Ou alors elle n'a pas vraiment compris ce qu'elle y a vu… Parce que ce n'est pas possible. Mais ce qu'elle m'a dit…
Malgré toute la situation actuelle, la Wood se surprise à laisser échapper un léger soupir de soulagement en comprenant que la Griffin allait bien. Que la rousse avait tenue sa parole et l'avait bien relâchée.
— Ce qu'elle m'a dit, Lexa… C'est que Kristen Green, la femme que tu recherches depuis des années, c'est peut-être Costia. Ta Costia. Costia Baines. Qui est censé être morte depuis six ans et qu'on a enterré.
Les yeux d'Octavia se fixèrent dans ceux émeraudes mais en ce moment plus ternes que jamai, sans y voir aucune once, même infime, de surprise. Ni même pouvoir n'y déceler aucune autre émotion. Comme si elle n'était pas vraiment présente en face d'elle. Comme si son amie était simplement éteinte. Et cela lui confirma la réponse qu'elle redoutait tant depuis des jours et qui lui glaça le sang.
— Lexa. Parle-moi s'il te plait.
Mais elle n'eut toujours absolument aucune réponse, même si elle la relança plusieurs fois.
— Tu ne peux pas continuer à suivre cette affaire, déclara-t-elle après un certain moment, toujours sans n'avoir aucune réponse.
— C'est pourtant ce que je vais faire, dit froidement la Wood. Et toi tu ne vas rien faire.
— Non, Lexa. Je vais agir, même si je dois t'en empêcher moi-même s'il le faut. Je ne peux pas te laisser dans cette situation.
La brune s'avança dangereusement vers la plus petite, ses yeux verts bien plus sombres qu'en temps normal.
— Tu ne vas rien faire, lui répéta-t-elle très lentement et avec froideur.
Jamais de sa vie elle ne lui avait parlé de cette manière. Jamais de sa vie elle ne l'avait menacé comme ça. Jamais de sa vie Octavia n'avait eu la moindre peur de son amie et coéquipière. Pas même quand elle venait tout juste de la rencontrer, malgré son aura plus qu'imposante. Pas même quand elle l'avait secoué et poussé à bout pour qu'elle réagisse et sorte de la léthargie dans laquelle elle se trouvait après la mort de Costia.
Sauf à cet instant précis, ce qui la fit légèrement trembler. Elle avait l'impression d'avoir une personne complètement différente en face d'elle. Une personne qu'elle redoutait comme elle ne l'avait jamais ressenti. Une personne qui lui était complètement inconnue. Mais malgré tout, elle ne pouvait pas l'abandonner.
— Je ne te laisserai pas te détruire encore plus que tu ne l'es déjà, Lexa. Je vais en parler à Indra et tu le sais.
— Reste en dehors de ça, dit-elle une nouvelle fois en la menaçant avant d'hausser le ton. Dégage d'ici Octavia !
Cette dernière recula doucement vers la porte en ne lâchant pas la jeune femme des yeux. Comme si c'était une bête sauvage qui pouvait lui sauter dessus à n'importe quel moment. Complètement perdue par la réaction de sa coéquipière, la marraine de son fils, son amie, probablement même sa meilleure amie. La personne en qui elle savait qu'elle pouvait avoir une confiance absolue et aveugle en toute circonstance.
Mais quand elle ferma la porte et qu'elle s'appuya une instant contre celle-ci, la femme de Lincoln sentie que cette confiance venait de s'effriter comme ça n'avait jamais été le cas. Et elle n'aurait pas pu être plus inquiète pour la jeune femme, soupirant en ne sachant quoi faire. Mais après tout, en prenant en compte ce qu'elle venait tout juste d'apprendre, Lexa avait peut-être simplement besoin d'un peu de temps. Elle savait que quoi qu'il arrive, la Wood faisait toujours passer son devoir en priorité, alors elle allait se contenter de lui accorder sa confiance comme ça avait toujours été le cas.
De l'autre côté de la porte, Lexa fit le tour de son salon en fermant les poings si fort que ses ongles pénétrèrent sa peau et que ses phalanges saignèrent encore un peu plus. Elle prit la première bouteille qui lui passa sous la main avant de la jeter avec force et violence contre le mur où elle s'explosa en mille morceaux qui volèrent dans la pièce.
Elle se servit un autre verre qu'elle vida, puis un autre le suivi, jusqu'à ce qu'elle finisse une nouvelle bouteille. Avant de s'endormir une nouvelle fois complètement ivre, comme c'était le cas ces derniers jours. Elle était complètement perdue et ne savait plus ni quoi penser, ni même comment y réfléchir. Seul le désespoir et le doute l'habitaient.
Deux autres jours passèrent pendant lesquelles elle en fit de même, encore et encore. Puis ça ne lui fut plus suffisant, alors elle ravagea cette fois son appartement entier, de fond en comble.
Pendant qu'elle était en train de détruire une des armoires en bois de ses propres mains, faisant fit du sang venant de ses phalanges qu'elle laissa et qui éclaboussa la peinture blanche, une boite métallique tomba au sol dans un bruit sourd en s'ouvrant avec violence. Révélant devant ses yeux tous les souvenirs qu'elle avait gardés de Costia. Tous les souvenirs qu'elle avait enfermés, de la même manière qu'elle avait essayé d'enfermer ses sentiments. Les bijoux qui étaient restés chez elle dans leur maison, certains de ses livres préférés, toutes leurs photos qu'elle avait pu récupérer…
La Wood ne put s'empêcher de prendre l'une de ces dernières entre ses doigts et de l'observer. C'était à la fête foraine de la ville en plein été et la rousse était dans ses bras, semblant plus heureuse que jamais. Elle-même avait un sourire qu'elle n'avait pas souvenir d'avoir eu sur son visage depuis maintenant bien longtemps. Elle regarda une à une chacune des photos, qui lui renvoyèrent toutes la même image.
Peut-être était-ce là sa réponse.
La réponse qu'elle recherchait depuis qu'elle connaissait la vérité.
Elle pouvait être heureuse. Avec Costia. Comme elle l'avait été dans le passé.
Mais elle devrait laisser son devoir de côté, devoir qu'elle avait toujours mit en priorité.
Peu importe le sentiment horrible de culpabilité qui lui vrilla le ventre quand elle y pensa.
Peu importe toutes les années qu'elle avait passé à faire en sorte de devenir quelqu'un de bien.
Peu importe le mal qu'elle s'était donné pour pouvoir se regarder sans éprouver de dégoût face à son reflet.
Après tout, on était qui on était, on ne pouvait pas s'en échapper.
Notre passé finissait toujours par nous rattraper, d'une manière ou d'un autre.
Le monde était fou, elle devait peut-être simplement s'y adapter comme elle le pouvait pour survivre.
Cette boite était peut-être simplement un signe que lui donnait le destin pour pouvoir faire son choix.
C'était la chance qu'elle avait tant attendu toute sa vie durant.
Alors elle allait la saisir et redevenir celle qu'elle était vraiment.
Celle qu'elle avait toujours été mais qu'elle essayait pourtant de masquer.
La boite de Pandore était irrémédiable ouverte.
Bien sûr que je vous ai donné la réponse à la fin du chapitre dernier dans celui-ci.
La contraire aurait certainement été très frustrant, et même si c'est drôle, je ne pensa pas que vous auriez vraiment apprécié.
Nous voilà donc avec une Lexa complètement chamboulée.
Qu'elles sont vos hypothèses sur la suite ?
Va-t-elle se reprendre ? Retourner voir Clarke ? Décider de rester auprès de Costia ?
La suite au prochain chapitre, avec (peut-être) la réponse !
