Pourquoi et à qui la Forêt Interdite l'était-elle ?

De toute évidence, les centaures, les botrucs, les elfes, les humains, les acromentules, les géants, les sombrals, les écureuils, les licornes, les loups, les taupes, les détraqueurs et les hippogriffes comprenaient mal le concept de l'interdiction.

Pattenrond, lui – de par son esprit supérieur – avait parfaitement saisi le sens du mot, merci bien. Mais d'une, il n'acceptait d'ordre de personne, et de deux, il était curieux.

Il trottinait dans les congères à la recherche de rien du tout, puisqu'il n'avait besoin de rien ni de personne.

De trois, il avait pourchassé une mouche et s'était perdu.

La nuit était tombée et ce n'était pas une promenade très agréable : la terre était humide sous ses coussinets et les ronces arrachaient des touffes immenses de son poil soyeux. Ça manquait de coussins, de cheminée, de croquettes, de distractions et de sa Sorcière. La lumière de la lune teintait à peine la couverture nuageuse, et sa lueur diaphane ne parvenait à percer la frondaison des arbres que pour souligner leur toute-puissance. Heureusement, il n'avait pas le moins du monde besoin qu'on éclaire son chemin. Ses yeux jaunes brillaient dans l'obscurité et annonçaient sa venue.

Il renifla le sol en quête d'une odeur familière, mais il ne reconnut rien. Il regarda autour de lui, ses pupilles largement dilatées pour ne pas en perdre une miette, mais il n'y avait que des arbres noirs et immobiles partout.

Dans un sens, mieux valait ça que les acromentules, les loups ou les ours. Avec ceux-là, était toujours difficile de faire comprendre qui était le phénix des hôtes de ces bois sans s'abîmer les griffes. Les acromentules, en particulier, étaient capables de lui donner du fil à retordre, et les lambeaux de toile accrochés à sa fourrure pouvaient en témoigner. Elles possédaient un squelette externe presque assez solide pour le repousser. Mais pas partout. Oh non, pas partout, songea-t-il avec un ronronnement satisfait et cruel.

Un nouveau morceau d'oreille avait dû être sacrifié, il empestait le venin et sa fourrure était amalgamée en épis poisseux. Il avait hâte de se toiletter et anticipait déjà avec satisfaction la grosseur et l'odeur de la boule de poil qu'il parviendrait à régurgiter. Restait à décider qui méritait cette délicate humiliation.

Oui, dès son retour à Poudlard, entre la sieste, la toilette et le vomi, le programme promettait d'être chargé. Il ne saurait plus où donner de la tête. Autant profiter de ce calme dont il avait perdu l'habitude. Ici, il n'y avait rien à faire, rien à voir, rien d'intéressant et…

— Le chat ?!

Pattenrond sursauta et bondit sur le côté, poil dressé et babines retroussées, pour remarquer la présence de…

— Sérieux ? Tu m'as même pas senti ? T'es encore plus vexant que tous les autres réunis !

Theodore Nott.

Il oubliait toujours son existence, à celui-là.