Et encore un nouveau chapitre aujourd'hui ! Ils sont courts, alors ça se lit vite et j'ai pas envie que vous restiez sur votre faim ! A plus tard !
« Ron ? »
La voix de Harry semblait déformée, comme si elle était passée à travers un mur d'eau. Ron ne pouvait pas répondre, ne pouvait même pas se tourner pour le regarder. Tout ce qu'il pouvait voir, c'était les chaussures brillantes de Jedusor, faiblissant parfois comme s'il n'était pas vraiment là. Il devait juste attendre calmement les instructions du Seigneur des Ténèbres.
« Que lui as-tu fait ? » demanda Harry.
« Rien, dit fièrement Jedusor. Peut-être que tes amis ne sont pas vraiment ceux que tu penses, Harry. »
Harry ne répondit pas et Ron espérait que Harry savait qu'il ne pouvait pas s'en empêcher, qu'il n'était pas vraiment un traître.
« Et pose ta baguette. Elle ne te servira à rien. »
Ron ne pouvait pas voir si Harry l'avait écouté.
« Ron ? »
Cette fois, c'était la voix de Ginny, faible, vacillante et confuse.
« Non- Ron, tu ne peux pas- »
Ron voulait dire quelque chose, faire quelque chose, mais il n'en était pas capable. Attendre calmement les instructions du Seigneur des Ténèbres.
Va te faire voir, dit-il à la voix, même si ça n'avait aucun intérêt.
« Oh, elle n'aime pas ça. » dit Jedusor avec une voix satisfaite.
Ses chaussures semblèrent prendre une teinte un peu plus solide et Ron entendit du mouvement à l'endroit où se trouvaient Harry et Ginny.
« Laisse-la, pour qu'on puisse discuter- »
« Finite Incantatem ! »
Jedusor renifla.
« Et c'était censé faire quoi, Harry ? L'aider ? Me faire disparaître ? »
Il renifla à nouveau. Mais le sort avait éclairci l'esprit de Ron. La voix avait disparu et il bougea ses orteils dans ses chaussures – ce que Jedusor ne pouvait voir – pour s'assurer qu'il avait repris le contrôle. Soulagé, son premier instinct était de se lever et de sortir sa baguette, mais il s'en empêcha.
Réfléchis, se dit-il. Te lever et te lancer dans la bataille ne va pas aider. Il vaut mieux attendre. Il resta où il se trouvait, agenouillé, mais fut capable de lever les yeux.
Harry ne le regardait pas. Il ne voulait pas être repéré, mais une partie de la tension perceptible dans l'expression de Harry disparut quand Ron hocha légèrement la tête. Ginny était allongée aux pieds la statue de Serpentard, immobile. L'estomac de Ron se serra douloureusement, mais il pensait avoir réussi à garder un visage impassible.
« Dire que tu m'as déjà battu, pouffa Jedusor. Et deux fois. »
Il laissa échapper un grognement révolté.
« Et bien, ta chance a tourné, Harry. Il n'y aura pas de troisième fois. »
« Nous verrons bien. » répondit sèchement Harry.
« Toi, un garçon moyen de douze ans, contre moi ? Je suis le plus grand sorcier que Poudlard n'ait jamais vu et le Basilic viendra dès que je l'appellerais, alors que toi, tu resteras seul, dit Jedusor. A moins, bien sûr, que tu comptes sur Ginny qui est presque morte, ou sur mon nouveau serviteur. »
Ron sentit le regard de Jedusor se poser sur lui.
« Mon Maître. » murmura-t-il.
Les mots étaient amers, mais ils semblèrent contenter Jedusor, qui se mit à sourire.
« Tu ne l'es pas. » dit lentement Harry.
« Pas quoi ? »
Le sourire de Jedusor se figea dans la seconde.
« Tu n'es pas le plus grand sorcier du monde. Dumbledore- »
« Dumbledore a été exclu de l'école parce qu'il était incapable de m'arrêter, dit Jedusor avec un air mauvais sur le visage. Je ne te tiens pas en grande estime, Harry, mais au moins toi, tu as compris. C'est futile, mais tu es là. Dumbledore est vieux, incapable, faible. »
« Tu es mal placé pour parler de faiblesse, dit Harry. Tu as besoin de voler des corps pour survivre. Ton autre toi se cache parce qu'il a perdu l'année dernière et même quand tu étais au pouvoir, tu restais loin de Dumbledore. Tu as peur de lui, c'est pour ça que tu as du attendre qu'il soit parti avant de sortir- »
« Peur ? Dumbledore est vieux et sénile et je suis là, jeune et alerte. Il ne peut même pas rêver d'accomplir ce que j'ai accompli, des choses que j'ai faite pour atteindre l'immortalité- »
« C'est parce qu'il est plus malin. » dit doucement Harry.
Ron ne savait pas ce qu'il entendait par là, mais Jedusor sembla comprendre et fronça les sourcils.
« Tu es mal placé pour parler, dit Jedusor. Tu es aussi impliqué que moi. »
Cette fois, Harry ne semblait pas savoir de quoi il parlait et le sourire de Jedusor refit son apparition. Harry le dévisagea, le visage impassible.
« Peur ? dit à nouveau Jedusor, avant de renifler. Dumbledore a été chassé de ce château par mon simple souvenir- »
« Il n'est pas aussi loin que tu le penses, dit Harry. Il sait toujours ce qui se passe- »
Et à cet instant, Harry entendit de la musique et des flammes surgirent au sommet du pilier le plus proche. Ron leva une main pour se couvrir les yeux et Jedusor fit un pas en arrière, surpris. Une fois le feu éteint, un phénix se posa sur l'épaule de Harry.
« Tu vois. Dumbledore te passe le bonjour. » dit doucement Harry.
Ron aurait pu se mettre à crier de joie, mais il garda sagement la bouche fermée.
« Il t'a envoyé un oiseau, dit Jedusor en reprenant le contrôle. Et- le Choixpeau Magique. »
Il observait un tas de tissu aux pieds de Harry et il se mit à rire soudainement.
« Tu es rassuré maintenant, Harry ? »
L'oiseau sur l'épaule de Harry gonfla ses plumes.
« Et bien, tu n'as pas essayé de nous faire de mal à moi ou à Ron, dit Harry. Donc je pense qu'on est plutôt en sécurité, ouais. »
« Pourquoi toi ? demanda Jedusor après un moment de silence. Tu es normal. Pas particulièrement doué pour quoi que ce soit, à part pour le Quidditch et pour s'occuper des affaires des autres, pas de talent particulier pour la magie, tu n'es pas lié à quelqu'un d'important … Pourquoi ? Pourquoi ai-je essayé de te tuer ? »
« Aucune idée. » dit Harry avec légèreté, mais son expression était dure.
« C'est la seule chose que je ne comprends pas, dit Jedusor. Ça et la façon dont tu as survécu, bien sûr. »
Il dévisagea Harry, essayant peut-être de le pousser à s'expliquer, mais Harry resta silencieux.
« Donc tu comptes juste attendre ici en silence ? demanda Jedusor. Qu'est-ce que c'est ennuyeux. »
« Attendre ? demanda Harry. Attendre quoi ? »
Jedusor agita la main vers lui et Ron vit les yeux de Harry se poser sur Ginny.
« C'est presque terminé, dit doucement Jedusor. Elle sera morte dans quelques minutes et je retrouverais mon corps. »
Il leva la main et la retourna en l'observant avec intérêt, avant de sortir un petit livre en cuir de sa poche. Ron reconnut le journal de Ginny.
« Toute l'année, elle m'a ouvert son âme à travers mon journal, me laissant me nourrir de ses peurs et de sa colère. Quand elle a découvert qui j'étais, c'était trop tard. Elle était à moi. »
Ron voulait frapper le visage fier de Jedusor, mais il se força à rester immobile.
« Oh, elle a essayé de lutter. La dernière fois que je l'ai laissé seule, elle et Percy ont essayé de contacter Dumbledore, mais vous savez tous les deux comment ça s'est terminé. »
Jedusor sourit à nouveau et Ron serra les poings en pensant au visage effrayé de Percy.
« Je ne l'ai plus laissé seule après ça, mais ça n'a plus d'importance maintenant. Elle a joué son rôle, volontairement ou pas. »
« Et donc, que va-t-il se passer maintenant ? demanda Harry. J'imagine que tu vas essayer de nous tuer ? »
« Toi. Je suis réticent à l'idée de voler la vedette à mon alter-ego plus âgé, dit Jedusor. Mais je ne vois pas d'autre alternative. »
Harry adressa à Jedusor un autre regard impassible. Ron était d'accord pour dire que ça n'avait aucun sens.
« Debout. »
Il fallut un moment à Ron pour réaliser que Jedusor s'adressait à lui et une autre seconde pour réfléchir à ce qu'il devait faire. Ne voyant d'autre choix, il se leva, les jambes raides, et suivit Jedusor à l'autre bout de la Chambre près de l'eau. Ron baissa les yeux, nerveusement, et se demanda pourquoi Jedusor se déplaçait.
« Alors qu'en penses-tu, Harry ? lança Jedusor en souriant largement, le journal dans la main. Es-tu prêt à mourir ? »
Harry leva sa baguette et le phénix agita ses ailes, apparemment prêt à s'envoler. Ron s'attendait à voir Jedusor sortir sa baguette, mais au lieu de ça, il commença à siffler.
Le Basilic va venir dès qu'il l'appellera, se souvient Ron. Bon, ça commence. Fais quelque chose … Il jeta un œil aux alentours. Sa baguette se trouvait dans sa poche, mais il ne connaissait aucun sort qui pourrait lui être utile – que ce soit contre Jedusor ou contre le Basilic. Ils n'arriveraient jamais à fuir – pas avec Ginny – et même s'ils réussissaient, Ron n'avait aucune idée de la façon dont il pouvait aider sa sœur.
Donc Ron fit la seule chose à laquelle il pouvait penser. Il poussa Jedusor aussi fort que possible et Jedusor était assez solide pour que cela fonctionne. Il arrêta de siffler et tomba dans l'eau. Ron entendit le bruit et le rire surpris de Harry, mais il ne regarda pas en arrière. Il se mit à courir vers la statue.
Fumseck s'élança dans les airs et plongea sur Jedusor, qui luttait pour sortir de l'eau. Harry l'entendit fulminer, mais il n'avait pas encore essayer d'appeler le Basilic, donc cela leur donnait au moins un peu de temps. Ron s'arrêta en glissant devant la statue et une nouvelle vague de soulagement parcourut Harry. Il pensait avoir mis fin à l'ensorcellement de Ron avec son Finite, mais il n'en était pas certain jusque-là. Avec difficulté, Harry prit Ginny dans ses bras et réussit à la passer à Ron.
« Il faut qu'on la fasse sortir d'ici. »
Ron peinait à tenir sa sœur, mais il réussit à prendre sur lui, et Harry sursauta.
« Petrificus totalus ! » dit-il en agitant sa baguette par-dessus l'épaule de Ron.
Jedusor, l'air aussi furieux que mouillé, essayait de repousser Fumseck d'une main et de se relever de l'autre, mais il fut forcé de plonger sous l'eau pour éviter le sort de Harry.
Mais on ne peut pas grimper le long du tunnel, pensa Harry en observant la Chambre. S'ils partaient par là, ils n'arriveraient jamais à remonter à temps pour aider Ginny. Je ne peux pas créer de Portoloin … Je pourrais peut-être transplaner – étant donné que les professeurs ne savaient pas où se trouvait la Chambre, il doutait que l'endroit était aussi bien gardé que le reste du château – mais cela faisait longtemps qu'il n'avait pas transplané et il n'était pas assez sûr de lui pour essayer le transplanage d'escorte avec deux personnes et il ne savait pas où les emmener. Le château n'était pas une option à cause de toutes ses protections et il ne savait pas où il valait mieux emmener Ginny.
Fumseck plongea une dernière fois sur Jedusor, disparut et réapparut au-dessus de Harry, comme il l'avait fait la première fois.
« Fumseck, souffla Harry. Ron, prends Ginny et accroche-toi à Fumseck. »
La compréhension se lut sur le visage de Ron et il tendit la main vers la longue queue de plumes de Fumseck.
« Emmène-nous dans un endroit sûr. » dit Harry.
Il baissa les yeux vers Jedusor, qui avait réussi à se sortir de l'eau. Près de sa main, grand ouvert là où il était tombé quand Ron l'avait poussé, se trouvait le journal. Lorsque la chaleur commença à les envelopper, Harry lâcha Fumseck.
Contrairement aux Poufsouffles et aux Serpentards, les Serdaigles arrivèrent avec grand bruit. Sirius écouta quelques conversations.
« Tu crois que c'est qui ? »
« Non, ça ne peut pas être lui, c'était écrit 'elle'- »
« Tu crois toujours que c'est une mauvaise idée de fermer l'école ? »
Un homme plus âgé les laissa sous la surveillance du Professeur Chourave et Sirius l'observa boiter vers Rogue et McGonagall, qui discutaient. Ils échangèrent brièvement quelques mots et le Professeur – probablement Silvanus, que McGonagall avait mentionné un peu plus tôt – retourna vers les élèves en claudiquant, McGonagall à ses côtés. Près de Sirius, Marlène observait attentivement.
« Rangez-vous par niveau et par Maison, s'il vous plaît ! s'exclama Silvanus d'une voix bourrue. Et regardez autour de vous. S'il manque quelqu'un de votre classe ou de votre dortoir, je veux le savoir ! »
Des murmures parcourent les groupes d'élèves et Chourave et McGonagall passèrent dans les rangs en les comptant.
« Personne. » dit McGonagall après quelques minutes, en déglutissant bruyamment.
« Gryffondor alors. » dit sinistrement Chourave en posant la main sur le bras de McGonagall.
« Que se passe-t-il ? » demanda Sirius en s'approchant d'elles.
Yaxley et Marlène l'imitèrent et il pouvait sentir leur inquiétude. Mais avant que McGonagall ait pu répondre, Robards sortit son Sidekick.
« Brown ? » demanda-t-il, avant de lever son Sidekick pour que tous les adultes présents puissent entendre la réponse.
« Robards, dit-il, et il semblait y avoir beaucoup de bavardages derrière lui. Lockhart n'est pas là et il manque des élèves. »
Le cœur de Sirius décida de quitter sa poitrine pour se loger dans sa gorge et son estomac avait migré dans ses pieds. Il savait quel nom – ou du moins, l'un des noms – Brown allait prononcer.
Il sortit son miroir de sa poche et réussit tant bien que mal à prononcer le nom de Harry.
« Qui, M. Brown ? » demanda McGonagall, au même moment.
Brown ne répondit pas tout de suite, mais Sirius pouvait l'entendre parler à des gens – probablement les autres Gryffondors.
« Ron et Ginny Weasley, dit-il l'instant d'après. Et Harry Potter. »
Marlène se raidit près de Sirius et des paroles inquiètes parcoururent le groupe des élèves et des Aurors, mais Sirius n'y accorda aucune attention. La seule chose sur laquelle il pouvait se concentrer, c'était l'obscurité de son miroir.
