Hello hello !
Comment promis me voici de retour avec une nouvelle histoire après quelques semaines de pause =)
Sans grande surprise, il s'agit de nouveau d'un Severus-Hermione (bien que je cogite fortement à propos d'un futur Charlie-Hermione, que j'aime beaucoup aussi xD ).
Petite présentation rapide : Rating K+, pour ne pas changer (un jour, promis ;) ). Comme d'habitude, l'histoire est déjà entièrement écrite et relue, donc pas de blague sur la fin, elle arrivera bien au terme des publications ;) Il y a en tout 150 pages Word, découpées en 15 chapitres en tout, postés deux fois par semaine (Jeudi et Dimanche/Lundi en fonction de mon planning).
Voilà voilà, que dire d'autre ? Pour ceux que cela intéresse, l'histoire m'est venue un jour où je me suis retrouvée confrontée au caractère légèrement schizophrène de l'un de mes chats, qui sait être adorable quand elle veut et garce l'instant d'après, au point que parfois je me demande s'ils ne sont pas plusieurs dans sa tête ! L'idée est partie de là, vous comprendrez pourquoi au fil des chapitres ;) Mon autre chat étant une petite panthère toute gentille et toute noire, je me suis dit qu'elle collerait bien pour l'inspiration du personnage principal =) Quant au titre, "Nom d'un Chat Noir", c'est une expression que j'emploie souvent dans mes écrits, j'aime beaucoup le clin d'œil à la sorcellerie qui y est lié.
Bref, voilà pour le racontage de vie ! Comme quoi je ne vais pas chercher l'inspiration bien loin parfois ! xD
Comme toujours, je prends les reviews, en une ou en plusieurs fois ;) Je réponds à tous les commentaires en message privé si vous avez un compte ou en début de chapitre si c'est en invité, n'hésitez pas à me laisser vos retours, ponctuels ou réguliers, c'est toujours un plaisir de lire vos ressentis tout au long de la publication.
Allez, bonne lecture à vous, et dîtes vous que lorsque cette fiction sera finie, on sera presque au printemps ! =D Après la "fiction calendrier de l'avent" pour les fêtes, voici celle des beaux jours ;)
Bonne lecture à vous !
De lourdes volutes de fumée s'échappaient du chaudron qui chauffait dans le laboratoire privé qui jouxtait le bureau du Directeur de Serpentard, dans l'ancestrale école de magie écossaise. Le maître des lieux, concentré comme jamais, allait et venait entre le plan de travail chargé d'ingrédients aussi rares qu'incongrus, comme les dents de fléreur juvénile ou la poudre de mue d'ectoplasme.
Il régnait dans la pièce une atmosphère étouffante, que la chaleur écrasante du soleil d'été qui tapait à l'extérieur n'arrangeait pas. Il en fallait toutefois plus que cela pour perturber l'alchimiste qui œuvrait là, entièrement consacré à la concoction d'une potion censée lui assurer, sinon la tranquillité, du moins la reconduction du budget de sa matière lors de la prochaine rentrée.
C'était bien là toute l'ironie de ce début de vacances d'été !
Le Ministère de la Magie _ comme tous les Ministères moldus, semblait-il _ se heurtait lui aussi à une crise économique majeure, et avait besoin de faire des économies. De fait, le conseiller du Ministre chargé de l'éducation avait prévenu Minerva que si le nombre d'ASPICS obtenus par les petits sorciers anglais n'augmentait pas à l'issue de l'année scolaire à venir, le budget allégué au fonctionnement du château se verrait réduit en conséquence. Il n'en avait pas fallu plus à la directrice de l'école pour faire une crise d'urticaire, et décréter, sitôt rentrée de Londres, qu'elle diminuerait en premier lieu les budgets des matières qui attiraient le moins de monde, passée l'obtention des BUSES.
Severus, qui avait repris son poste en potions, et qui avait toujours fait montre de l'exigence la plus haute quant à la sélection des élèves qu'il gardait en sixième et septième année, était donc directement visé par une menace de coupe de budget. Autant dire que l'idée de devoir se creuser les méninges pour attirer plus d'élèves dans ses cours, lui qui avait toujours eu en horreur les écervelés qui se succédaient sur les bancs de sa classe, n'avait pas été pour le ravir, mais les choses étaient ainsi. S'il ne voulait pas être réduit à ne disposer que d'un budget limité qui le pousserait bientôt à faire mélanger aux premières années du sel dans de l'eau, il allait devoir trouver un moyen d'attirer des élèves.
Il n'y avait pour cela pas cinquante solutions. Baisser les notes d'admission n'était pas une option pour le sorcier qui n'avait jamais toléré la médiocrité, aussi ne lui restait il plus qu'à élaborer un programme suffisamment intéressant pour inciter les cinquièmes années à se dépasser pour obtenir leur BUSES avec la note voulue, et ainsi rester en sixième année.
Il n'était toutefois pas le seul à vouloir défendre ses plates-bandes. Darius, le successeur de Minerva en métamorphose, avait réussi à négocier avec le ministère pour réinstaurer le programme animagus, ce qui ne manquerait pas de faire des émules dans sa matière. Filius planchait actuellement sur une version simplifiée de l'enchantement des balais pour apprendre aux élèves à enchanter temporairement un balai non magique, et même Hagrid avait entrepris de débourrer officiellement les Sombrals qui servaient à tracter les calèches pour organiser des cours d'équitation.
Bref, chacun y allait de son idée, et Severus était bien décidé à ne pas laisser son budget fondre comme neige au soleil.
Le Félix Féliciti étant toujours strictement réglementé _ et l'intelligence moyenne des petits sorciers ne permettant de toute façon pas d'espérer qu'ils puissent le concocter, même dans sa version la plus diluée _ il n'avait pu utiliser cette potion comme source de motivation, malgré le succès que le produit avait suscité lors du concours interne d'Horace, quelques années plus tôt.
De fait, il s'était décidé pour une potion d'animalité éphémère, qui lui permettrait de détourner les élèves de la matière de Darius, vers laquelle beaucoup souhaitaient s'orienter. Outre l'enthousiasme suscité par la perspective de devenir animagus, beaucoup d'élèves appréciaient le jeune professeur pour son caractère avenant et, il fallait le dire, pour son sourire enjôleur, car le bellâtre avait été plutôt bien doté par la nature. Son physique d'athlète, ancien joueur de Quidditch qu'il était, faisait se pâmer les élèves sur son passage _ et pas que, au plus grand damne de Severus qui ne fréquentait plus la salle des professeurs que lorsque son collègue ne s'y trouvait pas.
S'il pouvait s'assurer son budget pour l'année à venir tout en participant à la baisse de celui de la matière de Darius et de Minerva, il n'allait pas s'en priver !
De fait, les vacances d'été n'en étaient qu'à la première semaine qu'il était déjà plongé dans ses préparations, profitant du calme et de la tranquillité qui régnait au château en l'absence des habituels cornichons qui en arpentaient les couloirs. Que l'été soit chaud ou ensoleillé lui importerait bien peu, une fois de plus. Enfermé dans son laboratoire ou perdu dans ses recherches dans la réserve de la bibliothèque, il ne comptait pas mettre le nez dehors ou presque de toutes les vacances scolaires.
Réussir à stabiliser ce philtre d'animalité était sa priorité numéro une de l'été.
OoOoO
Hermione s'était redressée un court instant, étirant son dos endolori avant de renouer en queue de cheval rapide les boucles brunes qui s'étaient échappées de leur lien. La légère brise d'été qui s'était engouffrée par la fenêtre au même moment avait caressé sa nuque brûlante et moite de sueur, lui arrachant un soupir d'aise. Elle avait considéré avec envie le soleil estival qui illuminait la vallée en contrebas, songeant une fois de plus à quel point George avait bien choisi l'emplacement de sa deuxième boutique de Farces et Attrapes.
Le bâtiment qui avait accueilli le nouveau point de vente du fils Weasley était situé à l'extrémité de la rue commerçante de Pré-Au-Lard, et offrait un point de vue magnifique sur la campagne qui s'étirait à perte de vue autour du village sorcier. Lorsqu'il lui avait proposé de travailler pour lui à mi-temps, George lui avait dit qu'elle pouvait choisir d'établir son espace de travail sur la boutique du Chemin de Traverse, si elle préférait rester à proximité du ministère où se déroulait sa formation, et où elle serait également plus proche de ses amis qui habitaient, pour nombre d'entre eux, près de l'artère centrale du Londres Sorcier.
Hermione n'avait pas hésité une seconde avant de se décider pour la nouvelle échoppe qu'il avait à peine fini d'installer à Pré-Au-Lard. Si George avait eu besoin de s'éloigner du magasin qu'il avait fondé avec son jumeau disparu, incapable de poursuivre dans ce lieu empli de souvenirs, la jeune femme avait pour sa part préféré fuir le Chemin de Traverse où elle avait partagé son premier appartement avec son petit-ami, dont elle s'était séparée quelques mois plus tôt. Cette rupture ne s'était pas faite sans heurt, Ron lui ayant reprochée d'être plus investie dans ses études que dans leur couple, et ayant de fait trouvé du réconfort dans les bras de son ex petite-amie Lavande. Hermione en gardait une amertume certaine.
De fait, la proposition de George de le suivre à la campagne était tombée à point nommé, même si elle savait qu'elle n'était pas due qu'à une coïncidence de timing. Ils n'en avaient jamais réellement parlé, mais Hermione savait que sa peine n'avait pas échappé au jeune homme, qui ne s'était jamais vraiment remis de la perte de son double utérin, cinq ans plus tôt, même s'il s'efforçait de donner le change.
Ainsi avait commencé cette association incongrue. Molly avait manqué tomber de sa chaise quand George avait annoncé le début de leur coopération, Arthur s'était réjoui des connaissances en gadgets moldus qu'Hermione pourrait apporter à son fils, et Percy avait fait une remarque sarcastique sur le fait qu'un peu d'ordre et de cadre ne ferait pas de mal à son petit frère. Ginny, lorsqu'elle avait appris la nouvelle, s'était réjouie que son grand frère et sa meilleure amie trouvent ainsi un moyen de se soutenir mutuellement, et avait donné un coup de coude à Harry qui avait demandé si quelqu'un avait prévenu Ron, juste au cas où.
Au final, Hermione n'avait jamais su comment Ron avait été mis au courant, mais il l'avait été, et avait débarqué à la boutique peu de temps après que la Gryffondor s'y soit installée avec George, puisque l'échoppe disposant d'un logement de fonction au dessus de la surface de vente, les deux sorciers avaient naturellement décidé d'y vivre en colocation.
Autant dire que le cadet de la fratrie avait été reçu, surtout lorsqu'il avait commencé à accuser son ancienne compagne d'avoir fricoté avec son frère déjà du temps où ils étaient ensemble. Le sang de la brunette n'avait fait qu'un tour à ces mots, et Ron avait eu tôt fait de se rappeler que son ex petite-amie n'était pas peu douée avec une baguette magique. Il avait rapidement repassé la porte en sens inverse, poursuivi par un maléfice de flammes bleues qui ne s'était estompé que lorsqu'il avait bondi dans la fontaine située à la sortie du village quelques mètres plus loin.
George avait enfoncé le clou en lui envoyant par hibou un échantillon de sa nouvelle invention, de la poudre Instinct Animal, qui l'avait affublé des oreilles et d'une queue de lapin pendant plusieurs jours lorsque la beuglante lui avait explosé à la figure. La note jointe lui signifiant qu'il n'était pas la peine de refaire une apparition dans l'une ou l'autre de ses boutiques avait sans doute était superflue, mais connaissant la lenteur d'esprit de son frère, le nouveau colocataire d'Hermione avait jugé bon de renforcer le message.
Depuis, ni l'un ni l'autre n'avait de nouvelles de Ron, et contre toute attente, leur colocation se passait à merveilles, déjouant tous les pronostics que leurs proches avaient fait dans leur dos. Chacun y trouvait son compte. La jeune femme se dégageait un petit salaire tout en se forgeant une première expérience professionnelle, et George avait de l'aide pour la gérance de la boutique. Pour la gérance, et pour le réapprovisionnement de celle-ci, puisque Hermione s'était étonnement prise au jeu de la confection des produits, même si elle n'en cautionnait pas toujours l'usage.
Il fallait dire que ses études en Droit Sorcier, bien que passionnantes et enrichissantes, n'étaient guère composées que de théorie, et qu'après toutes ces années d'action et d'adrénaline, Hermione s'ennuyait un peu à potasser toute la journée. On aurait pourtant pu croire que cette vie de textes et de lecture lui conviendrait parfaitement, à elle qui avait toujours trouvé refuge dans les bibliothèques, mais en réalité, l'imagination de la jeune femme se trouvait quelque peu bridée par tous ces textes de loi qui ne laissaient que peu de place à la créativité.
De fait, elle avait apprécié ressortir son nécessaire à potions en rejoignant l'entreprise Weasley, et s'était même surprise à en profiter pour faire quelques recherches sur certaines préparations, redécouvrant cette branche de la magie qu'elle n'avait jamais réellement explorée, quelque peu refroidie par l'ambiance glaciale qui avait toujours régné en cours, hormis peut-être lors de l'année qu'avait dispensée le professeur Slughorn.
George, qui espérait bien que la demoiselle poursuive leur collaboration même une fois ses études achevées, se découvrant peut-être une vocation dans les Farces et Attrapes, l'encourageait dans cette voie. D'autant que certains de ses échecs en matière de mélanges faisaient parfois les choux gras du jeune inventeur, qui s'en servait pour développer de nouvelles bases de bonbons piégés ou d'objets insolites.
Malheureusement, cette fois, la jeune femme butait sur un os.
Cela faisait plusieurs fois qu'elle essayait de mettre au point une solution du durabilité pour prolonger les effets de certaines créations déjà existantes ou d'autres à venir dont les effets étaient trop courts pour être commercialisés, et malgré toutes ses recherches et ses nombreux essais, elle n'arrivait à rien. Même pas à quelque chose qui aurait pu être recyclé pour servir de base à une autre idée tirée par les cheveux de George.
Elle avait beau avoir essayé de coupler la potion à un sortilège de stase, et tenté de remplacer l'Obsidienne par de la Jaspe Rouge, censée favoriser l'ancrage, rien n'y avait fait. Cela faisait déjà presque trois semaines qu'elle planchait sur cette mixture et à ce rythme, elle allait finir par devenir folle, ou par faire exploser l'arrière boutique de George, car sa dernière tentative avait déjà repeint une partie de l'atelier en rouge écrevisse qui, même pour deux Gryffondor pur souche, était un peu trop agressif à l'œil.
Cette fois encore, même si le risque de débordement était mince, celui pour que les nerfs de la jeune femme lâche était considérable. Face à tant d'échecs, elle qui habituellement n'en supportait pas l'ombre d'un début, la sorcière commençait à désespérer. Et aussi à repenser à une petite phrase innocente que lui avait lancé George après qu'ils aient essayé d'estomper le rouge écrevisse pendant deux heures avec tous les produits moldus et magiques de leur connaissance, en vain.
«C'est dommage que Slughorn ait pris sa retraite définitive, cette fois. Peut-être qu'il aurait accepté de nous filer un conseil ou deux. Rogue a repris son poste en potions», avait-il précisé quand Hermione lui avait demandé qui remplaçait Horace pour les cours l'alchimie, de fait.
Elle avait déchanté aussi sec, bien sûr. Aller frapper à la porte d'un professeur inconnu pour demander de l'aide ne l'aurait pas dérangée le moins du monde, bien-sûr. Demander à Severus Rogue, en revanche, n'était même pas envisageable.
Néanmoins, face à l'évidence de l'échec, son esprit commençait à se dire que cela n'était peut-être pas si insurmontable. Et puis, elle n'était peut-être pas obligée de lui demander directement… Elle pouvait simplement lui demander conseil pour de la littérature qui l'aiderait en ce sens, puisqu'elle ne doutait pas qu'il avait une bibliothèque personnelle sans doute bien plus fournie en la matière que la sienne, ou de ce qu'elle pourrait trouver en librairie.
Alors, comme sa potion prenait de nouveau une couleur et une texture bien différentes du résultat escompté, et clairement irrécupérable, et que la jeune femme savait pertinemment que son ego ne supporterait pas deux semaines supplémentaires sans avancée, la Gryffondor avait pris cinq minutes pour faire quelques exercices de respirations, avant d'attraper son sac pour se rendre dans l'Antre du Serpent.
A Poudlard, direction les cachots et le laboratoire de Severus Rogue.
Que Merlin lui vienne en aide !
OoOoO
Ses gestes étaient ceux agiles et habiles de quelqu'un qui a répété les mêmes protocoles des années durant. Trancher les racines de canis en très fines lamelles avec une précision chirurgicales, mais une rapidité époustouflante, sans s'amputer d'un doigt par la même occasion. Effeuiller les fruits de l'arbre d'Athéna sans en abîmer la chair délicate, tout en surveillant dans le même temps l'émulsion de sa potion et l'intensité du feu sous le chaudron. Verser les poils de Cameleon Angora de Transnistrie.
Ils étaient rudement foncés, d'ailleurs. Severus n'avait jamais rien lu sur un spécimen à la fourrure sombre, auparavant. Il faudrait qu'il prenne le temps de se documenter sur le sujet, à l'occasion.
Alors qu'il s'écartait du chaudron pour s'affairer autour des gousses de pois sauteurs, se sachant disposer de deux minutes et quinze secondes pour les écosser et les écraser le temps que les poils de Cameleon ne se dissolvent dans le chaudron, ce dernier s'était brusquement mis à siffler sur le feu. Severus avait aussitôt abandonné les pois qui en avaient profité pour sautiller hors du plan de travail, pour revenir près de la préparation, s'inquiétant de la voir agitée par un soudain bouillonnement alors qu'elle aurait dû s'épaissir lentement.
Il avait aussitôt baissé l'intensité du feu et s'était emparé de la cuillère de bois pour tenter de stabiliser l'émulsion, mais les bulles n'avaient pas pour autant cessé de grossir dans la marmite alors que les réactions en chaîne s'y succédaient sans qu'il ne parvienne à les interrompre. Le chaudron s'était mis à trembler sur ses pieds métalliques, et avant qu'il ne soit parvenu à contenir le mélange, la potion avait explosé, ne lui laissant que le temps d'ériger un écran de protection pour se protéger des brûlures.
Des brûlures seulement, malheureusement. Ayant pallié au plus urgent, il n'avait pas eu le temps d'établir une protection pour les éclaboussures, et si sa cape avait protégé ses vêtements de la mixture d'un noir profond qui avait jailli du chaudron, le bras qu'il avait levé devant son visage n'avait couvert qu'une partie de celui-ci. Dans un réflexe incontrôlable qu'il aurait trouvé absolument stupide chez n'importe lequel de ses élèves, il avait léché ses lèvres lorsqu'une sensation humide s'y était faite sentir, réalisant trop tard qu'il venait d'ingérer un peu de la potion ratée.
Il avait à peine eu le temps de maudire sa bêtise et de s'agacer lui-même d'avoir raté une potion dès la première semaine de ses vacances qu'il s'était senti pris de vertiges, et avait titubé jusqu'au plan de travail pour tenter de s'y appuyer le temps de retrouver son équilibre, oubliant momentanément les pois sauteurs qui avaient échappé à sa surveillance. Du moins ne s'en était-il rappelé que lorsque son pied avait glissé sur plusieurs d'entre eux et qu'il était tombé à la renverse sans pouvoir retenir un cri de surprise.
L'obscurité l'avait happé tout entier.
OoOoO
- « Bonjour Professeur Rogue, je... ». Non, j'ai dit plus de « professeur » ! Je ne suis plus son élève, Pardi ! Et il y a encore moins de chance qu'il m'aide si j'apparais comme étant toujours sa subordonnée. Bon, alors… « Bonjour, Monsieur Rogue »… C'est peut-être trop formel… « Bonjour Monsieur » suffit, non ? Quoique le connaissant, il serait encore capable de mal le prendre si je ne m'en tiens à cela ! Ooooh, quelle galère ! Avait soupiré Hermione, dépitée, en traversant le hall du château jusqu'aux escaliers menant aux sous-sol.
Hagrid l'avait accueillie avec enthousiasme aux grilles de l'école, un instant plus tôt, toujours ravie de la voir. Ils avaient échangé quelques banalités tandis qu'il l'accompagnait jusqu'aux portes du bâtiment, où Rusard avait insisté pour voir le laisser-passer que lui avait remis Minerva quelques semaines plus tôt lorsqu'elle était venue lui rendre visite à l'occasion d'une sortie à Pré-Au-Lard, lui assurant qu'elle serait toujours la bienvenue si elle souhaitait consulter la bibliothèque pour ses études ou même boire un thé à l'occasion.
Hermione avait eu l'impression que l'animagus espérait surtout qu'elle choisirait de lui rendre visite pour la deuxième éventualité, et avait été soulagée lorsque le vieux gardien lui avait dit d'un ton grinçant que Minerva était absente, partie en Écosse pour l'entièreté du mois de Juillet. Il n'aurait plus fallu que son ancienne directrice de maison apprenne qu'elle était venue, non pas pour accepter son invitation masquée à devenir son amie, mais pour rendre visite au Directeur de Serpentard, celui-là même qui l'avait toujours détestée durant sa scolarité.
Elle espérait seulement que Rusard de le lui répéterait pas, ce qui n'était pas gagné, au vu de l'expression incrédule qu'avait affichée le vieux gardien lorsqu'elle lui avait demandé si le Professeur Rogue était encore au château ou si lui aussi était parti en vacances, sans trop savoir quelle réponse elle espérait réellement. Elle souhaitait réellement obtenir un conseil susceptible de l'aider à avancer dans ses recherches, bien-sûr, mais la seule idée de l'accueil odieux que ne manquerait sans doute pas de lui faire le sorcier suffisait à l'angoisser.
Elle avait frappé une première fois à la porte de son bureau, frissonnant dans le couloir sombre et frais des cachots malgré la température somme toute clémente qui régnait dans les sous-sol en cette période de fortes chaleurs. A la vérité, elle n'était pas certaine que ce frisson soit véritablement dû au contraste de température, mais bien à l'appréhension grandissante d'être reçue comme un chien dans un jeu de quilles par le maître des lieux.
Aucune réponse ne lui était parvenue, et après presque deux minutes d'attente, elle avait trouvé le courage de frapper à nouveau, plus franchement cette fois. Elle avait retenu son souffle, s'attendant presque à entendre des bruits de pas furieux et à voir la porte s'ouvrir sur le visage colérique de son ancien professeur de potions qui, même s'il ne l'avait jamais véritablement effrayée, l'intimidait néanmoins suffisamment pour qu'elle redoute sa réaction.
Comme aucune réponse n'était venue, et qu'aucun Serpentard hors de lui ne lui avait ouvert la porte non plus, la jeune femme s'était apprêtée à rebrousser chemin, se résignant à repasser plus tard, quand un bruit de verre brisé de l'autre côté de la porte lui était parvenu. Depuis le temps qu'elle travaillait chez George, elle était bien placée pour savoir que ce genre de bruit n'augurait rien de bon, d'autant plus dans un laboratoire de potions, même quand on s'appelait Severus Rogue et qu'on était sans doute le plus grand alchimiste de sa génération.
Alors, prenant son courage à deux mains, la jeune femme avait posé sa main sur la poignée de la porte et avait ouvert le laboratoire, se risquant à entrer sans y avoir été invitée.
- Professeur Rogue ? Avait-elle appelé dans un murmure hésitant, oubliant sa résolution de ne plus l'appeler par son titre. C'est… euh… Hermione Granger, votre ancienne élève, avait-elle trouvé bon de préciser avant de s'aventurer plus en avant. J'ai entendu du bruit, est-ce que euh… tout va bien ?
Personne ne lui avait répondu, mais la chaleur qui régnait dans le laboratoire l'avait frappée de plein fouet, lui coupant presque le souffle tant l'air était chaud et chargé d'humidité. Une odeur âcre de brûlé l'avait prise à la gorge, et elle s'était couvert le nez de la main pour préserver son odorat.
- Professeur Rogue ? Avait-elle réitéré en entrant complètement dans le laboratoire, cette fois.
Elle s'était figée en avisant le capharnaüm qui régnait dans la pièce. Un chaudron encore dégoulinant de potion était renversé sur le plan de travail, à côté du feu qui crépitait encore sur la paillasse chargée d'ingrédients en cours de préparation. Le contenu du chaudron avait coulé au sol, éclaboussant tout le périmètre sur plusieurs mètres à la ronde, couvrant les pierres d'une épaisse mixture d'aspect noirâtre et gluant qu'un moldu aurait pu confondre avec du mazout, tant cela y ressemblait. Un tas de tissu noir couvert de projections était amoncelé au milieu de la pièce, et Hermione avait froncé les sourcils en devinant les contours d'une chemise, signe que le sorcier qu'elle cherchait s'était tenu là peu de temps avant son arrivée.
Un bruit mat avait attiré son attention dans l'angle opposé de le pièce, où des éclats de verre brisés jonchaient le sol. Sans doute était-ce cela qu'elle avait entendu précédemment. Restait à savoir ce qui avait bien pu se passer dans cette pièce, et où se trouvait à présent le…
Un mouvement furtif sous le plan de travail avait fait sursauter la Gryffondor, qui avait aussitôt fait un pas en arrière, craignant de voir soudain apparaître le ténébreux sorcier qu'elle était venue trouver. Elle avait plissé les yeux, tâchant d'y voir plus clair sous les pieds du bureau et d'identifier ce qui avait pu bouger.
La silhouette fine et élancée d'un chat noir avait alors surgi de sous le plan de travail. Hermione avait relâché un souffle qu'elle n'avait pas eu conscience de retenir, soulagée qu'il ne s'agisse pas du directeur de Serpentard alors qu'elle était entrée sans permission dans son laboratoire.
- Oh bon sang, tu m'as fait une de ces peurs ! Avait-elle soufflé à voix basse en entrant plus en avant dans la pièce, à présent certaine qu'aucun directeur de Serpentard ne s'y trouvait. Qu'est-ce que tu fais là toi ? Je ne pense pas que Rogue soit du genre à avoir un animal de compagnie.
Elle s'était approchée davantage du félin, qui n'avait même pas semblé la remarquer. La Gryffondor avait arqué un sourcil en réalisant seulement alors que le petit animal semblait désorienté, et complètement perdu. Sa démarche mal assurée aurait presque pu laisser penser qu'il était saoul, tant il titubait. Il s'était même cogné dans le pied du bureau sous le regard incrédule d'Hermione, qui s'était empressée de s'approcher davantage afin de vérifier qu'il n'avait rien.
- Dis donc, tu n'as pas l'air dans ton assiette toi ! Avait-elle murmuré en tendant une main vers le chat, qui n'avait même pas réagi à son contact, se contentant de tourner un regard hagard dans sa direction.
Hormis son air confus et son sens de l'orientation qui laissait clairement à désirer, le félin était magnifique. Son pelage d'un noir profond ne présentait aucune marque blanche, et sa tête bien dessinée était flanquée de deux yeux étonnement sombres, d'une couleur peu commune qu'Hermione ne se rappelait pas avoir déjà vue sur un chat. Sans doute était-il croisé fléreur, pour présenter des caractéristiques physiques si atypiques. Ses pattes étaient pleines de potion, et la jeune femme s'était crispée en réalisant soudainement ce qui avait dû se passer.
Le chaudron renversé, les habits couverts de potions et retirés à la va-vite, le chat dans le laboratoire.
- Doux Merlin, ne me dis pas que c'est toi qui es responsable de tout ce bazar ? Avait-elle demandé en grattouillant la tête du chat du bout des doigts.
Ce dernier n'avait pas répondu, évidemment, mais sa présence dans la pièce en disait long sur ce qui était arrivé. A tous les coups, le félin avait dû se glisser dans le laboratoire alors que Rogue était en pleine préparation d'une potion et, surpris par l'apparition de l'animal, le sorcier avait sans doute perdu le contrôle de sa préparation, à moins qu'il ne l'ait renversée par mégarde en tentant de chasser l'intrus. Dans tous les cas, la potion avait dû éclabousser l'alchimiste qui, pour éviter tout effet indésirable ou pour se débarrasser des habits imbibés de mixture brûlante, avait dû abandonner ses vêtements à la va-vite et était sorti prendre une douche pour ôter les résidus qui avaient traversé le tissu.
Bref, le scénario précis importait peu à Hermione, là tout de suite. Ce qui comptait surtout, c'était que, d'une manière ou d'une autre, Rogue devait être dans une colère noire, furieux d'avoir été interrompu dans son travail par le greffier. Etant donné l'état du laboratoire, cela venait d'arriver, et ce n'était qu'une question de minutes avant que le potionniste ne revienne pour nettoyer tout ce remue-ménage, et passer sa colère sur quiconque se trouverait sur son chemin. Autant dire qu'Hermione n'avait pas envie d'être le « quiconque » en question.
Reportant à plus tard son besoin impérieux d'obtenir un conseil sur l'avancée de son propre travail, elle avait battu en retraite vers la porte, désireuse de prendre la poudre d'escampette avant le retour du Serpentard. Elle avait néanmoins pris le temps d'éteindre le feu encore crépitant d'un sortilège, juste au cas où. Puis, se ravisant, elle avait lancé un regard hésitant en direction du chat, qui avait toujours l'air désorienté et, craignant soudain pour sa sécurité s'il venait lui aussi à subir les foudres du sorcier, avait fait marche arrière pour l'attraper.
- Si j'étais toi, je m'abstiendrais de croiser la route de Rogue pour les deux prochains mois ! Avait-elle soufflé en sortant du laboratoire, dont elle avait soigneusement refermé la porte derrière elle.
Elle espérait seulement que Rogue ne se rendrait pas compte que le chat n'était plus là. Elle ignorait s'il était dans son intention de l'enfermer intentionnellement dans son laboratoire, peut-être en vue de sa vengeance à venir, justement, mais n'avait pas prévu de rester suffisamment longtemps pour le savoir. Priant pour ne pas croiser le vert et argent, elle était remontée dans le hall et était sortie du château sans s'attarder. Elle avait espéré croiser Rusard à l'entrée afin de lui confier le chat, ou au moins lui demander à qui il appartenait, mais le vieux gardien n'étant visible nul part, elle avait fini par poser le greffier sous le porche du château, le laissant libre de continuer dans le parc ou de profiter de la fraîcheur de l'intérieur.
- Cela n'arrange pas mes affaires, car j'avais vraiment besoin de ce conseil, avait-elle murmuré en se redressant. Mais bon, j'imagine que je pourrais repasser. Fais attention à toi, et évite les cachots à l'avenir ! Avait-elle conseillé au chat.
Elle avait patienté le temps qu'il s'en aille, afin de s'assurer qu'il avait retrouvé ses esprits. Malheureusement, force avait été de constater qu'il n'en était rien. Le matou avait chancelé de nouveau, manqué perdre l'équilibre en s'emmêlant les pattes, avant de se redresser in extremis. Par Merlin, les vapeurs de la potion l'avaient-elles rendu confus ? Elle avait froncé les sourcils en s'accroupissant de nouveau pour être à sa hauteur, constatant entre temps qu'il ne posait que trois de ses pattes, la dernière suscitant une boiterie légère.
- Viens un peu là quand même, avait-elle dit en le soulevant de nouveau.
Elle avait grimacé en avisant le coussinet de l'une des pattes avant, dans lequel un fin éclat de verre était enfoncé. S'il avait encore persisté un doute sur le fait que le félin était responsable du désordre dans le laboratoire de Rogue, il n'y en avait dorénavant plus.
Comme il n'y avait pas âme qui vive aux alentours, et que les élèves étaient tous rentrés chez eux pour les vacances, il y avait de fortes chances pour que le félidé n'appartienne à personne, et ne soit qu'un chat errant qui avait décidé d'explorer le château à la faveur de la fraîcheur qui y régnait. De fait, Hermione n'avait pu se résoudre à le laisser ainsi livré à lui-même, avec une patte blessée d'autant plus. Elle l'avait donc de nouveau calé dans ses bras, en veillant à ne pas toucher le membre entaillé, et avait repris le chemin de Pré-Au-Lard en l'emmenant avec elle, décidée à le garder le temps de soigner sa blessure et de faire de plus amples recherches sur l'identité de son propriétaire potentiel.
Elle espérait simplement que George n'était pas allergique aux chats, et qu'il lui ferait un meilleur accueil que celui que Ron avait fait à Pattenrond, des années plus tôt.
