Hello hello !
Voici le chapitre dix, et avec lui son lot de sale caractère typiquement roguien ;)
Bonne lecture !
Rar :
Guest (1) : Merci pour ta fidélité, ravie que la suite te plaise toujours =) Bonne lecture à toi !
Guest (2) : Et en même temps, on trouverait moins palpitant un Severus Rogue au caractère facile et affable, non ? ;) A voir si elle fait usage du prénom, vu le froid polaire qui s'est installé entre eux :p Ah tout espoir n'est pas perdu pour moi alors, mon chat de 9 ans devient de plus en plus aigri avec l'âge, c'est dodo, croquettes mais griffes plutôt que câlins ! Bonne lecture à toi !
Hermione avait beau avoir toujours su que Severus Rogue était sans doute le sorcier doté du plus mauvais caractère de toute l'Angleterre, elle était néanmoins tombée des nues en se confrontant à sa susceptibilité et à sa rancune les jours suivant leur excursion à Poudlard.
Pour faire simple, Severus Rogue boudait.
Severus Rogue boudait, nom de Dieu !
Pour une raison complètement idiote et si stupide qu'à chaque fois qu'elle y repensait, elle ne pouvait s'empêcher de secouer la tête avec incrédulité, sidérée qu'une si petite pique les ait menés à une telle situation de froid.
Elle n'avait pourtant rien dit de mal, Pardi !
Lorsqu'elle avait réalisé que le flacon censé contenir les poils de Caméléon Angora de Tranistrie que le Serpentard avait utilisés dans sa préparation était en réalité marqué d'une étiquette exposant le dessin d'un chat, elle avait levé un regard atterré vers le sorcier.
- Ce ne sont pas des poils de Caméléon Angora, avait-elle dit, énonçant l'évidence qui s'étalait sous leurs yeux médusés. Ce sont des poils de Salem, le chat noir le plus célèbre du monde sorcier !
Évidemment, Rogue n'y avait pas cru, et elle avait dû lui mettre l'étiquette sous le nez pour qu'il constate par lui-même l'erreur qui expliquait sans nul doute le résultat impromptu de sa potion.
- Comment avez-vous pu ne pas vous en rendre compte ? Avait-elle demandé, saisie de cette erreur.
Évidemment, Rogue l'avait mal pris, comment aurait-il pu en être autrement ? Il était si susceptible ! Il s'était répandu en une pluie de jurons, maudissant Hermione et «ses questions idiotes qu'elle pouvait se garder», son apothicaire habituel qui était en vacances, et Mme Khimiya chez qui il avait passé la commande erronée, certain d'avoir demandé des poils de Caméléon Angora et non des poils de Salem.
- Voyez le bon côté des choses, avait tenté Hermione dans une vaine tentative de tempérer sa colère. Cela coûte une petite fortune, et il y en a une quantité considérable, sachant qu'une infime dose suffit en général à chaque utilisation, puisqu'ils sont dotés d'un pouvoir conséquent.
- Oh vraiment ? Avait cinglé Rogue en retour, doucereux, avant de changer brusquement de ton. Bien sûr que leur effet est puissant, pourquoi diable pensez-vous que je sois toujours coincé sous cette forme après tout ce temps, sombre idiote !? S'était époumoné le félin, hors de lui.
S'il avait été un véritable chat, d'aucun aurait pensé qu'il avait la rage, tant il transpirait la colère par chaque de ses pores. Ses yeux sombres lançaient des éclairs et il écumait presque, en proie à une ire sans nom. Quelques années plus tôt, sans doute qu'Hermione se serait laissée impressionner par une telle démonstration de rage. A présent qu'elle avait grandi, et gagné en assurance, elle ne s'était pas démontée, toutefois. Sans compter qu'elle hébergeait le Serpentard depuis le début de l'été, quand même, et qu'il était entièrement dépendant d'elle pour le moment, ce qu'il aurait été bien avisé de ne pas oublier !
- Inutile de vous en prendre à moi, avait-elle donc répliqué, vexée. C'est vous le professionnel dans l'histoire, pas moi. Quant à l'erreur de produit… M'est d'avis que vous vous êtes rendu à l'herboristerie un jeudi aux alentours de quinze heures, non ? C'est Sidonie qui tient l'échoppe les jeudis après-midi, en général. Sidonie, l'apprentie de Mme Khimiya ! Avait-elle précisé comme le Serpentard ne semblait pas comprendre de qui elle parlait.
Elle avait levé les yeux au ciel, exaspérée. Par Merlin, l'apothicaire de Pré-Au-Lard était installée depuis des années, et son apprentie était là depuis deux ans déjà. Même elle savait cela, alors qu'elle n'était à la boutique de George que depuis quelques mois. Rogue vivait à Poudlard et tant qu'Alchimiste du château, il lui semblait tout à fait logique qu'il entretienne de bons rapports avec les commerçants du village voisin. Ne sortait-il donc jamais de ses cachots, nom d'une chouette ?
- Bref, avait-elle poursuivi, désireuse d'achever ses explications avant qu'il ne lui coupe la parole, ce qu'il semblait évident qu'il ferait, à en voir son air absolument contrarié. Mme Khimiya est très… amie, avec le gérant de Scribenpenne, qui en général est en repos le jeudi après-midi puisque son employé à mi-temps travaille du jeudi au samedi. Quoi, cela aussi vous l'ignoriez ? Avait-elle demandé, sidérée. Bon sang mais ne sortez-vous donc jamais de l'école ?
- Venez-en aux faits, avait grincé l'ancien espion, au bord de l'explosion.
- Eh bien il n'est pas rare _ pour ne pas dire très fréquent _ que Mme Khimiya laisse les rênes de la boutique à son apprentie le jeudi après-midi pour aller… euh…. Rendre visite à son euh… ami, avait-elle achevé maladroitement, incapable de parler de sexe devant son ancien professeur de potions, fantasme de sa dernière année d'étude qui plus est.
Rogue l'avait regardée comme s'il lui était poussé deux cornes de minotaure de chaque côté du front, si ahuri que cela en aurait été comique si cela n'avait pas été suivi d'une nouvelle salve de jurons et d'un regain de fureur de sa part, qu'il avait eu vite fait de rediriger contre elle, l'accusant de se moquer de lui comme elle n'avait pas su retenir un petit rire devant sa mine atterrée.
Bref, toujours était-il qu'il avait vite paru évident que Severus Rogue avait été mortellement vexé dans son ego démesuré de directeur de Serpentard bourré d'orgueil, qu'il était extrêmement susceptible, en plus d'être démesurément rancunier, comme le lui avait rappelé Minerva une heure plus tôt.
Cela faisait à présent presque trois jours que Monsieur Le Grand Alchimiste Même Pas Foutu De Revérifier Sa Commande faisait la gueule, restant claquemuré dans un silence buté et hautain dont il ne sortait que pour faire des remarques acerbes, insistant pour qu'Hermione fasse pression sur l'apothicaire pour avoir la commande d'ingrédients plus vite ou pour lui dire de baisser le son lorsqu'elle avait le malheur d'écouter de la musique pendant les interminables siestes de Môsieur.
Hermione, qui avait tenté d'arranger les choses à leur retour de Poudlard, ainsi que le lendemain, avait fini par se vexer elle aussi de son entêtement à faire la tête pour si peu, décrétant à un George hilare le soir venu qu'elle ne ferait rien pour lui être agréable tant qu'il ne ferait pas l'effort de revenir vers elle.
- Non mais c'est vrai quoi, cela fait des semaines que je fais tout pour qu'il soit le mieux possible, et c'est comme ça qu'il me remercie ? S'était-elle exclamée, scandalisée. Je veux bien être gentille, mais il ne faut pas abuser non plus ! J'ai autre chose à faire que de me plier en quatre pour sa Seigneurie de Serpentard ! J'ai tous mes cours à réviser pour la rentrée, et le réassort de la boutique à finir !
Lorsqu'elle avait relevé les yeux sur son colocataire étonnement silencieux, cela avait été pour remarquer que ce dernier l'observait avec intérêt, le menton posé sur l'une de ses mains tout en sirotant le milkshake au lait d'hippogriffe de chez Honeydukes. Il semblait captivé par son récit, les yeux animé de cet éclat rieur qui faisait tourner la tête de nombreuses clientes, les lèvres étirées d'un sourire moqueur qu'Hermione n'avait pas été certaine d'apprécier.
- Tu es d'accord ou pas ? Avait-elle demandé, un peu brusque, sans trop savoir si George l'écoutait ou s'il se payait sa tête.
- Absolument ! Avait assuré le jeune homme, son sourire s'étirant davantage. Dis-moi, petite question subsidiaire par pure curiosité. Tu t'embrouillais comme ça avec Ronny à l'époque où vous viviez ensemble ?
Hermione avait froncé les sourcils, interdite.
- Quoi ?
- Non parce que, quand je vous vois vous crêper ainsi le chignon, le Prof et toi, je ne peux m'empêcher de me demander si ton quotidien avec Ronny était aussi piquant ou non. Si c'est le cas, mon frère est décidément bien idiot d'être parti pour cette insipide Lavande Brown ! C'est quand même bien plus amusant de vivre avec toi qu'avec cette greluche superficielle !
La jeune femme avait fixé son colocataire avec stupéfaction, tâchant de déterminer s'il était sérieux ou non. Le problème, avec George, était qu'il était à prendre au sérieux lorsqu'il ne l'était pas, justement.
- En fait tu n'en as rien à faire de ce que je te raconte ! S'était-elle exclamée, indignée, en lui lançant sa serviette de table, faussement outrée. Tu t'amuses seulement de voir Rogue me mener la vie dure !
- Tu n'as pas idée à quel point c'est plaisant à regarder ! Avait ricané le rouquin en se protégeant de ses bras, hilare. Et toi tu en redemandes !
- N'importe quoi ! Avait protesté Hermione, les joues en feu.
- Bien sûr que si, regarde: cela fait trois jours que vous vous êtes embrouillés et tu en parles encore ! Ignore le et tu verras qu'il ne fera plus la gueule bien longtemps. Le prof' est orgueilleux et crois-moi, s'il y a bien une chose que les orgueilleux détestent, c'est d'être ignorés !
Hermione avait froncé les sourcils, méfiante.
- Comment tu sais cela toi ?
George avait pris le temps de croquer dans la pomme qu'il venait de saisir sur la corbeille de fruits avant de répondre, désinvolte.
- C'est ce que j'ai toujours fait avec Percy et cela a toujours fonctionné ! Avait-il assuré, nonchalant, et Hermione n'avait pu retenir un sourire à ces mots.
Suite à cette conversation, la jeune femme avait mis en pratique le conseil de George _ Par Merlin, si on lui avait dit cela un jour ! _ et avait purement et simplement ignoré le Serpentard et sa mauvaise humeur, qui irradiait de lui chaque fois qu'il croisait son chemin. De toute façon, il allait bien falloir qu'il revienne vers elle à un moment ou à un autre, étant donné qu'il avait besoin d'elle pour son fichu antidote. Hermione trouvait simplement navrant de devoir attendre d'être utile pour qu'il daigne lui adresser la parole et pour dire vrai, l'idée de ne pas l'aider le moment venu lui avait effleuré l'esprit, mais elle n'était pas assez revancharde pour agir ainsi.
En réalité, pour la demoiselle qui était d'une nature gentille et qui n'aimait guère les conflits, ignorer l'ancien espion avait déjà relevé du challenge. Elle qui avait pour habitude de vouloir toujours arrondir les angles pour éviter les prises de tête, se sentait presque coupable de ne rien faire pour tenter de rattraper le coup avec le professeur de potions. Sa simple absence dans la boutique où il avait pris l'habitude de l'accompagner lorsqu'elle travaillait en magasin lui pesait plus qu'elle ne l'aurait pensé, et mêmes ses remarques sarcastiques lui manquaient chaque fois qu'elle faisait quelque chose qui, elle en était sûr, aurait suscité une réaction de sa part s'il s'était trouvé là.
Elle avait beau se rappeler qu'elle n'avait rien à se reprocher et que cette embrouille était du seul fait du Serpentard et de son ego démesuré, l'envie de faire le premier pas vers le sorcier ne cessait de la tirailler, et nul doute qu'elle aurait flanché une bonne dizaine de fois si George n'avait pas veillé à ce qu'elle ne se trahisse pas. Il allait vraiment falloir qu'elle touche deux mots de cette stratégie à Percy, histoire de sonder le ressenti de quelqu'un qui avait subi cette méthode de l'indifférence.
OoOoO
Regrettait-il d'avoir pris la mouche quand Granger s'était moquée de lui quant à l'erreur d'ingrédients qui avait mené à sa transformation en chat ?
Bien sûr que non. Cette gamine n'avait que ce qu'elle méritait…
Néanmoins… il commençait à trouver le temps long, après cinq jours passés à faire la gueule. C'est qu'il avait pris ses habitudes, au sein du foyer de la demoiselle, et qu'à présent que son orgueil le tenait à distance de toute activité de la Gryffondor, il s'ennuyait ferme.
Et puis, à la réflexion… peut-être Granger ne s'était-elle pas réellement moquée de lui. Sa voix s'était chargée d'un ton railleur, bien-sûr, et il était à peu près certain de l'avoir vue sourire furtivement lorsqu'elle lui avait expliqué l'impair qu'il avait commis en se rendant chez l'apothicaire un jeudi après-midi. Ses yeux avaient trahi son amusement, par cet éclat malicieux qu'il y avait souvent vu briller, au cours des dernières semaines, mais qui n'était pas empreint d'une once de méchanceté ou de volonté d'être blessante.
Bon d'accord, peut-être avait-il surréagi à ses remarques, sous l'effet de la surprise d'apprendre qu'il s'était trompé d'ingrédient, et de la colère qui s'était emparée de lui en constatant cette négligence de la part de l'apothicaire _ et de la sienne, car comme n'avait pas manqué de le lui faire remarquer la demoiselle, il n'avait pas revérifié le contenu du bocal avant de s'en servir.
Néanmoins, il avait quand même raison de snober la jeune femme, non ? Elle s'était quand même montrée d'une insolence considérable, qu'il n'aurait jamais admise d'un autre élève…
…
Soit, elle n'était plus son élève, mais tout de même ! Cela n'enlevait rien à l'insolence de ses réflexions... Réflexions qui lui avaient au moins permis de savoir pourquoi ses poils de Caméléon Angora avaient été remplacé par des poils de Salem.
Oh, ce que toute cette situation pouvait l'agacer ! Pourquoi était-ce si difficile de continuer à snober la jeune femme alors que cela faisait vingt ans qu'il faisait la gueule au monde entier sans que cela ne l'empêche de dormir ?
Malheureusement, si son orgueil l'avait poussé à s'enfermer ainsi dans un silence buté et un brin condescendant, il l'avait également empêché de faire quoique ce soit pour améliorer les choses. Il aurait pour cela fallut qu'il s'excuse, et «s'excuser» n'était pas là un comportement dont il était coutumier. Il n'allait tout de même pas s'abaisser à demander pardon à une ancienne élève, Gryffondor de surcroît, du nom d'Hermione Granger pour couronner le tout ! Son amour propre avait des limites, et elles étaient plutôt hautes !
Bien sûr, il y avait aussi cette petite voix dans sa tête qui lui avait insidieusement soufflé que la dernière fois qu'il avait présenté des excuses à quelqu'un _ quelqu'un qui avait également été à Gryffondor, et avec qui il avait surréagi _ cela ne s'était pas passé comme il l'avait espéré. Mais il avait fait taire cette petite voix avant même que l'image d'une rouquine qu'il avait bien connue, et fort apprécier, ne s'immisce avec trop de précisions dans son esprit.
Toujours était-il que la situation semblait sans issue, puisque de son côté Granger avait pris le partir de le traiter comme il la traitait, avec indifférence, ne lui accordant plus un mot ni un regard, et cet état de faits l'avait troublé plus que de raison, en plus de réduire à néant ses efforts pour lui faire comprendre qu'il lui en voulait toujours _ ou presque. Car après tout, était-il pertinent d'ignorer quelqu'un qui l'ignorait également ? Il s'était retrouvé pris à son propre piège, tel l'arroseur arrosé, et cela n'avait pas ménagé son orgueil déjà bien mis à mal en début de semaine.
Toute cette affaire commençait à l'irriter fortement, en plus de lui apparaître finalement bien puérile, tout juste digne des querelles de bas étage qu'il surprenait parfois dans les couloirs, et qui ne lui avaient jamais inspiré que du mépris envers les belligérants impliqués.
Au soir du cinquième jour, Granger était rentrée de sa journée à la boutique toujours sans mot dire. Sans prendre le temps de lui dire bonjour, de s'enquérir du bon déroulé de sa journée, ou de lui raconter la sienne. Elle avait cessé ces petites attentions depuis leur retour de Poudlard en milieu de semaine, et cela aurait été mentir que de prétendre que cela l'indifférait. Les conversations avec la demoiselle lui manquaient _ autant les plus futiles que celles plus érudites sur des sujets de magie avancée qui n'intéressaient en général par grand monde. Le regard malicieux qu'elle posait sur lui lors de leurs échanges lui manquait également, et aussi, même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde, ces délicieuses caresses qu'elle lui accordait à la faveur d'une distraction, oubliant pour quelques secondes qu'il était ce redoutable professeur qui l'avait rabrouée pendant sa scolarité.
Les deux colocataires avaient opté pour une soirée film, et si Severus avait d'abord considéré avec un mépris certain la télévision moldue qui trônait dans leur salon, et le plateau-télé qu'ils s'étaient préparés en début de soirée, force avait été pour lui d'admettre que ce programme n'était pas déplaisant. Bien-sûr, il l'aurait été d'autant plus s'il s'était autorisé à commenter le film choisi par Granger, comme l'avait fait Weasley, ne se privant pas de lui faire part avec amusement de ce qu'il pensait de cette comédie romantique à l'eau de rose qui se déroulait dans le quartier de Nothing Hills. Mais comme il était toujours censé ignorer la jeune femme suite à leur confrontation dans son laboratoire, cinq jours plus tôt, il n'en avait rien fait, alors même qu'il avait repris du Chanabis en allant boire un peu d'eau quelques instants plus tôt.
Le film achevé, Granger avait embrassé son colocataire sur la joue pour lui souhaiter bonne nuit, dans cette étrange habitude qui continuait d'interpeler Severus alors même que cela faisait presque sept semaines qu'il vivait avec les deux sorciers, dont il s'étonnait toujours de la complicité qui les liait. Il avait surpris son regard sur lui alors qu'elle se levait, mais elle avait bien vite détourné la tête, même si la rougeur qui avait gagné ses joues avait trahi son embarras.
Severus l'avait suivie du regard alors qu'elle s'éloignait vers sa chambre, le cœur étonnement lourd alors qu'il était pourtant toujours décidé à ne rien faire pour sortir de cette situation qui semblait partie pour durer. Puis, reportant son attention sur Weasley qui se levait à son tour, il avait surpris le regard pétillant du rouquin sur lui tandis que ce dernier l'observait tout en étirant sa grande carcasse surmontée de cette indéfectible tignasse rousse propre à son ascendance.
- Vous êtes encore pire que Percy ! S'était exclamé le jeune homme sans plus de précisions, avant de rejoindre sa chambre lui aussi.
Severus était resté seul dans le salon obscur, devinant aisément que ces derniers mots n'étaient pas un compliment, sans toutefois parvenir à déterminer jusqu'à quel point ils constituaient un reproche. Il somnolait sur le canapé lorsque les premiers éclairs d'un orage en approche avaient illuminaient la pièce de leur fugace lumière blafarde. Il n'avait pas régi immédiatement, lui qui n'avait jamais craint l'orage de quelque manière que ce fut. Et puis il avait repensé à cette nuit passée dans la forêt, seul et vulnérable, à la merci de tous les prédateurs embusqués dans les fourrés, et une appréhension étonnante avait commencé à sourdre en lui. Il l'avait bien vite balayée, puisqu'il se savait à l'abri, cette fois.
Malheureusement, son subconscient en avait décidé autrement. Ou peut-être était-ce la personnalité de Charbon sous-jacente à la sienne qui avait fait de la résistance. Toujours était-il qu'au premier coup de tonnerre, il avait vivement sursauté, les poils de son dos se hérissant par réflexe de sa nuque jusqu'à la base de sa queue. Lorsqu'une pluie fracassante n'avait pas tardé à s'abattre sur la maison, bientôt accompagnée par les roulements de tonnerres réguliers, il avait bondi hors du canapé pour trouver refuge sous-celui, son petit cœur de chat battant à toute allure.
Il n'avait pas pu vérifier, puisqu'il ne portait pas de montre à ses petites papattes noires, mais il lui semblait avoir tenu presque une minute complète avant que la panique ne le submerge tout à fait. Un coup de tonnerre plus tonitruant que les précédents avait raisonné dans le ciel tourmenté, une bourrasque de vent avait arraché une branche près du cerisier dans le jardin, et celle-ci avait fini sa course dans la fenêtre, cognant rudement contre la vitre. Le sang de Severus n'avait fait qu'un tour, et son instinct de survie prenant le dessus, il avait fui, se précipitant vers le seul endroit qui lui était apparu comme sécurisant et rassurant dans cet appartement qui n'était pas le sien.
La chambre de Granger.
OoOoO
Heureusement pour lui, la jeune femme ne fermait pas sa porte à clef. Elle ne fermait même pas du tout sa porte, se contentant de repousser celle-ci simplement, si bien qu'il n'avait eu qu'à gratter légèrement contre le battant pour pouvoir entrer.
Dans la chambre aux volets clos, les éclats incandescents des éclairs n'étaient plus réduits qu'à de brefs flashs lumineux, et si le grondement furieux de la pluie sur le toit était toujours aussi fort, il avait néanmoins semblé plus tolérable à Severus, à présent qu'il se trouvait dans cette pièce familière où il avait dormi les quatre premières semaines suivant sa transformation. Peut-être l'espace réduit des lieux lui semblait-il plus rassurant, ou était-ce le parfum de la jeune femme qui baignait la pièce qui lui donnait cette impression. Toujours était-il que les battements de son cœur s'étaient calmés, un peu, tandis qu'il se faufilait sous le lit de la Gryffondor.
Il s'était blotti comme il avait pu contre le pied de la tête de lit, regrettant presque que la jeune femme ait déménagé son panier dans le salon, ce qui allait l'obliger à dormir sur le parquet dur et inconfortable de la chambre. Sans compter que la respiration paisible de la jeune femme endormie au dessus de sa tête ne cessait de le narguer, lui rappelant à quel point son angoisse était grande quand elle-même dormait en toute sérénité.
Du moins était-ce qu'il avait cru, car quelques minutes plus tard, alors que tout son corps tremblait d'entendre les éléments se déchaîner au dehors, il avait entendu la Gryffondor s'agiter dans son lit. Le matelas avait ondulé au dessus de lui et une seconde plus tard, la tête de la jeune femme était apparue par dessus le bord du lit, à l'envers évidemment, le faisant sursauter si violemment qu'il avait manquer se cogner la tête contre le sommier.
Une lumière s'était allumée quelque part près du chevet, et il avait vu la jeune femme sonder le dessous de son lit en clignant des yeux, le temps de réussir à percer l'obscurité qui régnait sous son couchage. Lorsque enfin elle l'avait repéré, pauvre petite chose tremblante ratatinée sur elle-même, elle avait étiré un sourire en coin. Severus était toutefois trop anxieux pour s'en offusquer.
- J'ignorais que vous aviez peur de l'orage, avait-elle raillé à voix basse, de peur sans doute de réveiller Weasley qui dormait dans la chambre voisine.
A l'évidence, il restait assez d'esprit à Severus pour saisir la nature moqueuse de cette remarque, car il avait senti son ego se froisser de nouveau à ces mots.
- On voit bien que ce n'est pas vous qui avez passé une nuit dans la forêt livrée à vous-même et…
La potion de Chanabis qu'il avait avalée une demi-heure plus tôt avait choisi cet instant pour se dissiper, et sa phrase s'était achevée dans un miaulement indigné et un brin accusateur. Il avait pesté, excédé par cette déconvenue, et une autre série de miaulements agacés était sortie de sa bouche.
Le rire doux et discret de la jeune femme était monté dans la chambre obscure. Il l'avait sentie bouger davantage au dessus de lui, et la seconde suivante, elle s'était penchée davantage par dessus le rebord du lit, tendant un bras tâtonnant dans sa direction, mal aidée par sa fourrure noire qui l'empêchait de discerner avec précision les contours de son corps sur le parquet tout aussi sombre.
- Allez, venez, vous n'allez pas passer la nuit là-dessous ! S'était-elle exclamée, un brin amusée.
Severus avait grondé, vexé qu'elle se moque de nouveau de lui et de sa situation. Toutefois, lorsque la main de la jeune femme avait effleuré sa fourrure sombre, ce contact l'avait incité à s'approcher davantage, comme si son corps tremblant cherchait coûte que coûte à se rassurer par la proximité d'un autre être vivant, susceptible de le protéger de la tempête qui faisait rage au dehors. Le Serpentard avait maudit ce misérable instinct de grégarité, mais n'avait pas protesté lorsque la Gryffondor l'avait finalement attiré hors de sa cachette.
Elle l'avait aisément soulevé jusqu'à sa hauteur, et avait pris soin de le dépoussiérer de quelques effleurements aussi légers que la caresse d'une plume, qui avaient chargé la fourrure de Severus d'électricité statique, avant de le déposer dans son lit.
Dans son lit, par Merlin !
Severus aurait aimé pouvoir dire qu'il s'en était horrifié tout à fait, et avait finalement rassemblé son courage pour aller passer la nuit seul dans le canapé, mais cela aurait été mentir. Lorsque la jeune femme avait rabattu la couverture sur lui, l'enveloppant du tissu doux et chaud de sa propre chaleur corporelle, un soulagement sans précédent l'avait envahi. Il s'était laissé happer par la sensation de quiétude qui était montée du tréfonds de son petit corps couvert de fourrure, expirant un souffle qu'il n'avait pas eu conscience de retenir tandis que l'étau d'angoisse autour de son cœur se relâchait enfin.
Granger s'était penchée sur son chevet afin d'éteindre la lumière, replongeant la pièce dans une obscurité quasi totale. Elle avait tâtonné de nouveau pour le localiser, et il l'avait entendue s'esclaffer lorsqu'elle avait réalisé qu'il n'avait pas bougé de l'endroit où elle l'avait posé, se tenant toujours debout, quelque peu sidéré par la situation. Avant qu'il n'ait eu le temps de miauler quoique ce soit, elle l'avait ramené tout contre elle, lui offrant le cocon chaleureux de ses bras comme protection contre l'orage qui grondait dans le ciel écossais.
Le souffle de Severus s'était suspendu, et il était à peu près certain que cela n'avait plus rien à voir avec la panique qui l'avait saisi quelques minutes plus tôt. Ainsi blotti contre le corps doux et chaud de la jeune femme, il avait perçu très distinctement les battements calmes et réguliers de son cœur, qui avaient remplacé les grondements sourds et inquiétants du tonnerre dans ses oreilles. Son souffle chaud et apaisant effleurait sa tête entre ses oreilles à chacune de ses expirations, tel une chaude brise d'été, bien loin des vents rageurs qui malmenaient les volets au dehors.
Un étrange sentiment de sécurité et de réconfort avait envahi Severus, mêlé à une sensation plus forte encore, qu'il avait mis quelques instants à identifier comme de la reconnaissance. Cela faisait une semaine qu'il se montrait infect avec la Gryffondor, refusant de lui parler alors qu'elle avait pourtant tout fait pour l'aider, et malgré cela, elle n'avait pas hésité un seul instant avant de lui offrir l'hospitalité de sa chambre _ et même de son lit _ en cet épisode d'orage terrifiant.
- Meoww, avait-il murmuré doucement, mais ses piètres remerciements n'étaient sortis que sous la forme de ce petit miaulement navré.
Granger s'était esclaffée contre lui, envoyant un nouveau souffle d'air chaud entre ses oreilles, et avait fait jouer ses doigts dans sa fourrure sombre.
- Ne vous en faîtes pas, je ne dirais rien, l'avait-elle assuré, se méprenant sur la nature de ce miaulement.
Sans doute pensait-elle qu'il craignait qu'elle ne rende public sa phobie soudaine de l'orage. Ce qui l'inquiétait aussi, bien-sûr, mais étonnement, il doutait que Granger soit du genre à profiter de cette faiblesse pour aller rire de lui avec ses amis. Après tout, elle n'avait parlé à personne d'autre qu'à Weasley de sa métamorphose. Nul doute que Potter ou tout autre ancien élève ayant appris la nouvelle n'aurait pas manqué accourir pour voir de ses propres yeux leur ancien bourreau de potions réduit à l'état de boule de poils à moustaches !
Il avait senti le tonus musculaire de la Gryffondor se relâcher tandis qu'elle succombait à la fatigue, s'abandonnant aux affres du sommeil. Sa conscience avait rendu les armes pour la soirée, du moins était-ce la seule explication rationnelle qui était venue à l'esprit de Severus lorsque la jeune femme avait plongé son visage dans sa fourrure sombre, frottant son nez contre son cou avec un soupir d'aise, comme elle l'aurait fait avec un doudou en peluche.
Oh, Doux Merlin !
- Bonne nuit, Severus, avait-elle soufflé quelques minutes plus tard, dans un sursaut de conscience, avant de s'abandonner définitivement aux bras de Morphée.
Le Serpentard n'avait pas répondu. D'une part parce que le Chanabis ne faisait plus effet, mais aussi parce qu'il ne l'aurait pas pu, même s'il l'avait voulu, troublé par le son étonnement doux de son prénom ainsi murmuré par la demoiselle.
OoOoO
Hermione n'aurait su dire si la stratégie de George avait porté ses fruits, ou si c'était la nuit d'orage qui avait eu raison du sale caractère de Severus Rogue, toujours était-il que ce dernier avait cessé de faire la tête, au lendemain de la tempête orageuse qui s'était abattue sur la région. La chaleur étouffante qui régnait depuis quelques jours était retombée, rendant l'air plus respirable, surtout dans l'arrière boutique où le chaudron chauffait toute la journée, puisque la jeune femme était en plein réassort de stock pour la rentrée.
Évidemment, il aurait été utopique de penser que le Serpentard était soudainement devenu un petit chaton inoffensif, au lendemain de cet orage qui l'avait amené à trouver refuge dans sa chambre _ et même dans son lit, puisque c'est là qu'Hermione lui avait fait passer la nuit, incapable de se résoudre à le laisser trembler sur le parquet toute la nuit. Lorsqu'elle s'était réveillée au petit matin de cette nuit singulière, le félin dormait en boule sur l'oreiller voisin au sien. Elle s'était levée sans faire de bruit, prenant le parti de le laisser dormir, autant parce qu'il en avait sans doute besoin que parce qu'elle ne se sentait pas l'aplomb de se confronter à son regard onyx, à présent qu'il faisait jour et qu'elle était pleinement consciente d'avoir passé la nuit dans le même lit que son ancien professeur de potions.
Le matou avait encore dormi une demi-heure avant d'émerger, et lorsqu'il était repassé dans la pièce de vie à l'heure du petit-déjeuner, sans doute réveillé par les odeurs de café et de toasts grillés, son regard avait directement cherché celui d'Hermione, qui s'était empourprée sans pouvoir s'en empêcher. Elle avait bien vite détourné les yeux, incapable de soutenir son regard d'obsidienne plus longtemps, pour réaliser que George, qui déjeunait avec elle, observait leur échange avec une expression grandement amusée. De fait, elle avait rougi davantage, et avait fini par plonger dans son verre d'eau, ne sachant plus où se mettre pour éviter le regard des deux hommes qui l'entouraient.
- Bonjour, Severus, avait-elle murmuré lorsqu'il était passé près d'eux pour gagner la cuisine où se trouvait l'eau et le Chanabis à disposition.
Hermione avait senti plus qu'elle ne l'avait vu le regard insistant de George posé sur elle, alors que le chat disparaissait dans la cuisine après les avoir salués d'un hochement de tête.
- J'ai loupé un épisode ou bien ? C'est Severus maintenant ? Avait minaudé le jeune homme, moqueur. Vous seriez-vous réconciliés pendant la nuit ?
- Je t'expliquerai, avait bredouillé Hermione, au comble de l'embarras, alors que la chaleur sur ses joues s'intensifiait.
- Je meurs d'impatience de connaître tous les détails de cette réconciliation nocturne ! Avait renchéri George avec un sourire carnassier, lui faisant ainsi bien comprendre qu'elle n'échapperait pas aux explications.
Heureusement, la journée au magasin avait été suffisamment chargée pour empêcher le jeune homme de trouver le temps de cuisiner sa colocataire, qui s'était pour sa part affairée dans l'arrière boutique, supervisant la préparation de plusieurs créations déjà en vente dont il fallait refaire les stocks.
Rogue _ enfin Severus, puisqu'il lui avait demandé de l'appeler ainsi quelques jours plus tôt _ l'avait rejoint en début d'après-midi, se glissant silencieusement par l'entrebâillement de la porte qui donnait sur l'escalier. Hermione avait d'abord cru qu'il voulait simplement aller prendre l'air, puisqu'il était sorti dans le jardin sans mot dire. Avait-il trouvé l'herbe fraîchement arrosée trop humide pour ses petits coussinets douillets, ou n'était-ce là qu'une simple excuse pour qu'elle ne pense pas qu'il était réellement descendue la voir, toujours était-il qu'il n'était pas resté trois minutes dans le jardin, revenant dans l'arrière boutique aussitôt après en être sorti. Ou alors, avait-elle songé en observant ses allers et venus sans grande logique, peut-être s'était-il de nouveau laissé submerger par la personnalité de Charbon, et s'amusait-il de ne faire que rentrer et de sortir pour la rendre folle !
- Vous allez bien ? Avait-elle fini par demander, alors qu'il rentrait pour la troisième fois en moins de dix minutes.
Au léger sursaut qu'il avait fait en entendant le son de sa voix, elle avait deviné que la dernière option était la bonne, et le regard quelque peu hagard qu'il avait lancé autour de lui, semblant se demander ce qu'il faisait là, l'avait confortée dans cette idée.
Avait-elle ressenti un léger pincement au cœur à l'idée qu'il n'était en réalité pas descendue pour lui tenir compagnie ? Non, bien-sûr que non, quelle idée !… Ou alors, juste un petit, tout petit pincement de rien du tout.
- Oui. Avez-vous reçu ma commande ? Avait-il demandé en sautant sur le plan de travail qu'elle venait de débarrasser en vue de commencer une nouvelle préparation.
Une petite pointe d'agacement avait titillé la Gryffondor à ces mots, sans qu'elle ne réussie exactement à en déterminer la raison. Il n'y avait pourtant rien d'inapproprié dans les mots du Serpentard, et le ton n'était ni agressif ni tranchant. Il n'y avait là aucune raison d'être agacée et pourtant, elle s'était sentie le devenir inexorablement.
- Non, je n'ai pas reçu votre commande, avait-elle répondu en posant sans douceur plusieurs pots d'ingrédients sur la table.
Sans doute la brusquerie de ses gestes avait-elle interpelé le Serpentard, car ce dernier avait arqué un sourcil _ du moins était-ce qu'il lui avait semblé, car sa fourrure sombre rendait difficile de distinguer toutes ses expressions faciales. Son regard onyx l'avait suivie sans mot dire alors qu'elle sortait de l'armoire de stase le début inachevée de sa potion de durabilité, sur laquelle elle n'avait pas repris le temps de travailler depuis plus de quinze jours déjà. Depuis qu'elle avait découvert ce qu'il en était réellement de Charbon, en réalité.
- Vous êtes en colère, avait finalement lâché le Serpentard, laconique.
- Non, je ne le suis pas.
- Si, vous l'êtes, avait affirmé l'ancien espion avec suffisance. La question est de savoir pourquoi…
- J'ai dit que je n'étais pas en colère ! Avait sifflé Hermione, excédée par son insistance.
De fait, si, quelques secondes auparavant, elle n'était effectivement pas en colère, elle commençait sérieusement à l'être, désormais.
Imperturbable, Rogue _ qui ne s'appelait déjà plus Severus, de fait _ avait porté une patte à sa bouche, léchant paresseusement le dessus de celle-ci comme si toute cette conversation l'ennuyait profondément.
- Pas à moi, je vous prie. Je connais parfaitement ce regard accusateur et cet air renfrogné, pour la simple et bonne raison qu'ils sont monnaie courante dans ma salle de classe, voyez-vous.
Hermione n'avait pas répondu, se contentant de lui jeter un sombre coup d'œil alors qu'elle achevait de sortir ses ustensiles. Sans doute le Serpentard avait-il pris son silence renfrogné pour une confirmation de son hypothèse, car il avait enchaîné, d'un ton impatient nuancé d'un soupçon d'agacement qui avait fini d'énerver la demoiselle.
- Qu'est-ce que vous avez, encore ? Je pensais que vous seriez mieux disposée, à présent que le dialogue n'est plus rompu entre…
- Mieux disposée ?! L'avait vivement coupé Hermione, effarée. Non mais vous êtes sacrément gonflé ! S'était-elle exclamée, sidérée par le culot dont il faisait preuve. Alors premièrement, ce n'est pas moi qui ait passé la semaine à bouder comme une gamine, au cas où vous l'auriez oublié, et tout ça pour quoi en plus ? Parce que j'ai eu le malheur de trouver d'où venait l'erreur de votre potion !
Le regard sombre du Serpentard s'était aussitôt aiguisé tandis qu'il braquait ses yeux d'encre sur elle, mais Hermione était bien trop énervée pour s'en préoccuper. L'agacement fugace qui s'était emparée d'elle un instant plus tôt s'était mué en une véritable colère grondante, qu'elle n'était plus capable de contenir à présent que les vannes étaient ouvertes, et tant pis si cela signifiait repartir dans un nouveau conflit avec le sorcier.
- Deuxièmement ! avait-elle poursuivi sans lui laisser l'occasion d'en placer une. Mieux disposée parce que vous me parlez de nouveau ? Elle est bien bonne celle-ci ! Vous ne descendez que pour vous enquérir de l'arrivée de votre précieuse commande. Je ne suis pas votre larbin, voyez-vous ! Vous auriez pu commencer par vous excuser d'avoir agi comme un gamin puéril cette semaine, ou au moins pu me remercier pour cette nuit ! J'aurais mieux fait de vous laisser dormir sur le plancher, tiens ! Avait-elle conclu avec une rancœur évidente en se détournant pour se saisir d'une racine de pin Bristlecone.
Ah, c'était donc cela alors, la raison de cet agacement montant qui l'avait étreint quelques instants plus tôt. La manifestation évidente de sa déception à l'idée que le Serpentard n'avait même pas fait mention de leur querelle du début de semaine dans son laboratoire, ni même évoqué cette nuit orageuse qui leur avait permis de faire la paix à la faveur d'une proximité sans précédent.
Elle ne l'avait pas vraiment vue venir, celle-là ! Mince alors, voilà qu'elle commençait à prendre un peu trop à cœur toute cette histoire de cohabitation, et à prêter un peu trop d'humanité à un sorcier qui ne s'était pourtant jamais montré affable à son égard. Elle n'avait pas prévu que cela sorte de façon si tranchante non plus, malheureusement, même si ce n'était pas une surprise en soi. Elle ne pouvait pas se targuer d'avoir le même self control que le Serpentard, après tout !
De fait, elle avait attrapé sa planche à découper d'un geste vif et, sans transition, avait abattu avec force la lame acérée du couteau sur la racine, tranchant la première rondelle avec brusquerie. Émincer une racine avec un couteau si long et si tranchant n'était peut-être pas la meilleure chose à faire lorsque l'on était dans un tel état d'énervement, mais là tout de suite, cela lui faisait un bien fou de pouvoir passer ses nerfs sur quelque chose, et cela lui évitait de croiser le regard acéré du Serpentard qu'elle sentait toujours posé sur elle, alors que le sorcier persistait dans un silence étonnant. Très étonnant, même. Presque inquiétant, en réalité, quand on connaissait la susceptibilité et l'acariâtreté du personnage.
N'y tenant plus, elle avait risqué un coup d'œil dans sa direction, étonnée de ne pas s'être déjà faite engueuler comme du poisson pourri. Après tout, il venait de passer cinq jours à lui faire la gueule pour rien, alors il pouvait bien avoir décidé de lui faire la tête jusqu'à la fin de sa vie, à présent qu'elle venait de lui donner une bonne raison de le faire !
Assis bien droit à l'extrémité du plan de travail, le Serpentard ne l'avait pas quittée des yeux, en effet, et la fixait d'un air impénétrable qui n'augurait rien de bon. Sans doute devait-il être présentement entrain de réfléchir à mille façons de lui rendre la monnaie de sa pièce, et sans doute la moitié de ses idées comportaient elles un empoisonnement plus ou moins long, qui lui permettrait de s'assurer qu'elle ne mourrait qu'après avoir réalisé l'antidote dont il avait besoin, une fois cette fichue commande réceptionnée.
A la réflexion, peut-être préférait elle encore quand il lui hurlait dessus, finalement. Au moins savait-elle à quoi s'en tenir.
Nerveuse d'être ainsi observée par le regard sagace de l'alchimiste, elle avait versé ses rondelles de racine de pin dans sa préparation, avant d'y ajouter les fleurs de Belle de Nuit récoltées le matin même, encore humides de la pluie qui était tombée durant la nuit. Le Serpentard ne disait toujours rien, restant obstinément enfermé dans ce silence dérangeant qu'elle lui avait déjà connu à Poudlard, lorsqu'il passait entre les rangs pour surveiller l'avancée d'une potion, se postant juste derrière les élèves en sachant parfaitement qu'il les paralysait presque sur place.
Hermione avait beau ne plus être une de ses élèves, et ne pas attendre de note à la fin de sa préparation, le résultat avait été le même qu'à l'époque, ou presque, et elle avait dû fournir un effort considérable pour continuer de mélanger sa potion sans trembler.
Par Merlin, allait-il finir par réagir, oui ou non ? Ce silence était un véritable supplice !
Était venu le moment fatidique de tester sa potion fraîchement achevée. Autant dire que si Hermione était déjà angoissée au moment de réaliser ses préparations en temps normal, son stress habituel n'était rien comparé à celui qui l'avait envahie à la perspective de tester sa réalisation sous le regard perçant de Severus Rogue, alchimiste parmi les alchimistes. Surtout lorsque ce dernier était toujours claquemuré dans un silence aussi glacial qu'inquiétant après qu'elle lui ait répondu de manière fort peu respectueuse.
Par Gryffondor, quelle angoisse !
Tentant de ne rien laisser paraître de sa nervosité, Hermione était allée chercher un pot de basilic sur le rebord de la fenêtre, qu'elle avait posé sur le plan de travail, avant de l'arroser méticuleusement de quelques gouttes de potion de fleurissement. L'herbe aromatique s'était aussitôt ornée de petites fleurs mauves, qui devaient rester en place pendant trente secondes, selon les calculs qu'Hermione avait soigneusement préparés en amont. Elle avait attendu trente longues secondes avant d'ajouter quelques gouttes de sa potion de durabilité nouvelle formule et, le cœur battant, avait surveillé l'épanouissement des hampes florales.
A peine la potion de durabilité s'était-elle fondue dans la terre que les pétales s'étaient fanés d'un seul coup, devenant secs et flétris presque immédiatement sous le regard impuissant d'Hermione qui s'était décomposée. Un soupir mortifié lui avait échappé, d'autant plus désespérée qu'elle était de s'être ridiculisée devant le professeur le plus exigeant de tout Poudlard.
Une affreuse envie de pleurer l'avait envahie face à cette humiliation cuisante, et elle avait pincé les lèvres pour masquer son trouble, se contentant de faire disparaître d'un coup de baguette la preuve irréfutable de son échec, et la potion qu'elle venait de rater, une fois de plus.
- A l'évidence, vous allez devoir chercher quelqu'un d'autre pour réaliser votre antidote, avait-elle dit sombrement en fixant obstinément un grain de poussière sur le plan de travail, tandis que l'armoire derrière elle se verrouillait sur le chaudron vide qu'elle venait d'y ranger.
Voici pour aujourd'hui, la suite dimanche =)
Alors, est-ce que chez vous aussi c'est la débâcle à chaque orage chez vos poilus ? x) Ici c'est à celle qui trouvera la meilleure cachette en premier, puisque les deux ne se supportant pas, il est impensable qu'elles se cachent sous le même lit ! ^^' J'ai aussi deux championnes dans le fait d'ouvrir et de rentrer toutes les cinq minutes, et Merlin ce que c'est exaspérant quand on regarde un film tranquillement de devoir faire portier parce que mesdemoiselles ont décidé de nous rendre chèvres !
Pour le coup, j'avais l'inspiration sous les yeux pour les petits comportements félins de Severus ! :p
Bonne journée à vous, à dimanche ! ;)
