Chapitre 5: Le temple
Un midi, le colonel Fitzwilliam accompagné de « Darcy », ainsi que de Anne et de Mrs. Jenkison étaient installés au salon de Rosings. Lady Catherine était dehors pour traiter des affaires. Anne observait à la dérobée ses deux cousins, nostalgique des périodes de leur enfance et de leur adolescence. Étant fille unique, Darcy et le Colonel étaient parmi les cousins avec qui elle était le plus intime. A une certaine période, elle avait même fini par tomber en amour avec l'un deux… Mais plus ils avaient atteint l'âge adulte, et plus ils s'étaient éloignés, leur complicité s'étant de plus en plus atténuée. Pour Anne, s'il y avait eu une certaine inclination dans le passé, c'était plus un penchant banal et éphémère que le genre d'amour profond qu'on ressent toute une vie, à partir du moment où on a commencé à le ressentir… Elle fut soulagée que ça n'a été juste qu'une inclination passagère d'adolescence car elle ne pouvait qu'imaginer la douleur qui s'en serait suivie dans le cas contraire; son cousin était tout sauf enclin à ce genre de sentiments à son égard. Au fond, l'éloignement n'était pas une si mauvaise chose.
Pour Lady Catherine, ce qui était ancré dans sa tête depuis leurs naissances, c'était que Darcy et Anne se marieront lorsqu'ils seront en âge de le faire; Lady Catherine ne s'étant jamais vraiment demandé les avis des principaux concernés sur le sujet si cela les rendrait vraiment heureux. L'amour lui était un paramètre secondaire voire inconnue, tout se résumait à l'honneur, au rang et aux richesses matérielles.
En plus s'il avait bien voulu d'elle, à cet instant même Anne devrait avoir la bague au doigt dans le cas où elle aurait accepté … Et cette maladie qui l'habitait ne lui avait pas facilité la vie. Ils avaient toujours ce respect et cette affection mutuels en tant que membres d'une même famille mais quelque part, tout n'était plus comme avant. Comme elle voulait revenir à ces heureuses années d'avant où elle était encore une jeune fille pleine de fraîcheur et qui avait tout son avenir devant elle !
Et depuis que cette cruelle maladie l'avait attrapée en plein envol, elle était devenue cette femme maladive incapable que ses cousins ne voyaient plus que comme une cousine fragile. Elle avait beau être une riche héritière mais elle était une « handicapée » qui restait sous l'emprise de sa mère qui voulait tout contrôler. Cette envie de tout contrôler de Lady Catherine s'était renforcée depuis que sa fille était tombée malade.
Pourquoi le destin lui a-t-elle réservé ce triste sort ? Pourquoi ne pouvait-elle pas être une femme vraiment vivante et être comme ce genre de jeune femme pleine de charme, de fraîcheur de vivre et attrayante… comme ces femmes de la trempe d'Elizabeth Bennet à qui ses deux cousins paraissaient s'être entichés … avec cette façon qu'a le Colonel de toujours sourire à presque tout ce qu'elle disait. Oui le colonel Fitzwilliam était de nature enjouée et personne ne lui en voudrait cet agréable caractère mais n'était-il pas fatigué de toujours sourire ainsi… Et Darcy, avec cette façon dont il regarde et admire Elizabeth… Anne aurait-elle la félicitée de rencontrer un jour l'homme qui la regarderait comme Darcy le faisait avec Elizabeth… Rencontrera-t-elle un charmant prétendant qui n'aura pas d'yeux que pour son héritage…
Anne savait que le colonel Fitzwilliam prenait plaisir à la compagnie d'Elizabeth mais sans plus. Il devait trouver une riche héritière avec qui se marier, celle-ci ne sera sûrement pas Elizabeth.
Et qu'en est-il de Darcy ? Quel qu'en soit l'avis d'Anne sur la question, Darcy ne semblait pas être prêt à demander Anne en mariage… mais malgré l'assurance de sa mère cela paraissait improbable à Anne. Sa mère pourtant semblait penser que ce n'était qu'une question de temps. Elle était aveugle au fait que son neveu aurait plutôt tendance à porter sa préférence à Elizabeth Bennet.
Anne soupira… Elle se sentait seule, éloignée du monde, enfermée dans ce domaine et avait l'impression de passer à côté de sa vie, ses compagnies se résumant principalement par sa mère et sa dame de compagnie…
Elle n'avait pas réalisé que son soupir eût été assez fort pour que l'homme de ses pensées assis non loin de là l'ait entendu. Il interrompit ce qu'il était en train de faire et dirigea ses yeux vers Anne avec un visage soucieux :
— Est-ce que tout va bien comme vous le voulez ? s'enquit-il.
Elle rougit ne s'attendant pas à cette attention subite de sa part.
— Non. Rien ne va comme je l'aurai souhaité. Plus rien ne va. Ce n'était pas ainsi que j'aurai aimé vivre...
Néanmoins c'était ce qu'elle avait sur le cœur mais s'abstint de l'exprimer, elle se contenta de répondre, prenant le soin de ne rien transparaître de ses émotions :
— Je vais bien je vous remercie. J'ai juste envie de sortir prendre l'air… Mrs. Jenkinson, vous m'accompagnez ?
Elle se dirigea vers le jardin pendant que Mrs. Jenkinson alla chercher ses affaires pour la promenade. Anne laissa échapper quelques gouttes de larme qu'elle s'empressa d'effacer rapidement avec sa main lorsqu'elle aperçut Mrs. Jenkinson la rejoindre… Elle se reprit et esquissa un sourire à sa dame de compagnie. Après tout, il lui fallait prendre la vie du bon côté, et sa consolation était qu'au moins elle était riche et hériterait des richesses de ses parents, il y avait bien des jeunes filles qui se trouvaient dans de bien plus pire situations.
Vers l'après-midi, Elizabeth erra dans les lieux aux alentours du domaine de Rosings Park profitant du bien-être de la chaleur que le soleil lui prodiguait, ni trop chaude, ni trop fraîche. La température était parfaite. Elle regretta simplement de devoir porter ces veste et pantalon sombres au lieu de sa robe de printemps. Cela ferait presque une semaine qu'elle occupait le corps de Darcy. Et pendant cette période, elle avait déjà expérimenté de choses nouvelles qu'elle n'avait pas vues auparavant mais du moins des choses pas forcément plaisantes. Elle vivait dans la peau d'un homme, jouait au billard, faisait des jeux de chasse, buvait de la bière, avait pris de l'alcool malgré elle, et elle avait même appris l'habitude de faire certains besoins debout..., et aussi, elle avait découvert que l'intimité de l'homme pouvait prendre différentes formes… Elle avait eu le malheur de le découvrir la première fois un matin alors qu'elle s'était réveillée… Mieux valait oublier certaines expériences…
Elle traversa le lac et ses pieds l'emmenèrent devant le temple où Darcy lui avait demandé en mariage. Le schéma de la scène lui revint instantanément à l'esprit. Avec tout ce qu'elle avait vécu depuis, avec ou sans lui, elle avait l'impression que cet événement-là s'était passé il y a longtemps alors que cela s'était produit pas plus tard que la semaine passée. Elle n'avait pas remarqué que le temple était ouvert jusqu'à ce qu'elle ne se retrouva devant son entrée, l'endroit exact où elle et Darcy s'étaient confrontés. Un homme était en train de passer le balai.
— Bonjour Mr. Darcy ! l'accueillit ce dernier.
— Bonjour…, monsieur... ?
— Robin. On s'était déjà parlé deux ou trois fois. J'assiste Mr. Collins dans l'entretien des lieux de prière.
Elle jeta un œil curieux à l'intérieur du temple.
— Souhaiteriez-vous quelque chose Mr. Darcy ?
— Pas spécialement, je me promenais …
— Excusez-moi il y a pleine de poussières.
— Oh non je vous en prie, il n'y a pas de mal.
L'intérieur du temple était classique, similaire à celui de toutes les chapelles mais il ne pouvait contenir qu'environ trente personnes au maximum et se différenciait par sa forme ronde.
— Je ne savais pas que ce temple servait, commenta Elizabeth. Organise-t-on la messe ici ?
— Oh non, répondit Robin en continuant son nettoyage. Il est absolument trop petit pour contenir tous les chrétiens du comté !
— Vous le nettoyez juste ?
— Il y aura un mariage prochainement que Mr. Collins sanctifiera dans ce temple. On l'aère et j'en profite pour nettoyer.
— Pourquoi les mariages s'organisent ici mais pas à la paroisse ?
— Parce que cet endroit est assez romantique, ne trouvez-vous pas ? rit le jeune homme.
Elizabeth lui répondit par un sourire.
— Non, cela dépend de ce que les mariés désirent, reprit-il. En quelque sorte c'est pour les couples qui souhaitent des cérémonies intimes, juste les parents, les témoins et quelques proches, vous voyez. Et d'un autre côté, il paraîtrait que ce temple serait enchanté et que ceux qui s'y marieraient assureraient leur félicité et leur bonheur marital durant toute leur vie, ainsi que de leurs descendants. C'est pour cela qu'il y a des jeunes gens qui préfèrent se marier ici plutôt qu'à la chapelle.
— Vraiment, répondit Elizabeth sans conviction. Au fond il n'y a vraiment pas de grande différence. Je ne vois pas pourquoi un mariage ne serait pas béni des cieux qu'il soit organisé ici ou dans n'importe quelle autre chapelle.
— Moi non plus je dois dire. Se marier dans ce temple est juste une question d'esthétisme et d'originalité à mon avis. Si un jour je me marie je le ferai ici, je n'ai rien à perdre. Ce temple sera beau lorsqu'il sera décoré pour l'événement. Ne trouvez-vous pas ?
Elizabeth contempla le temple de haut en bas :
— En effet oui, j'imagine que ce sera joli…
Elle regarda les deux statues qui entouraient de chaque côté l'entrée du temple, l'une représentait la Sainte Marie et elle ne reconnut pas l'autre qu'elle demanda au jeune homme.
— C'est le Saint François, symbole de la paix et de l'amour, expliqua t-il.
Elle considéra ladite statue un instant. L'espace d'une seconde, elle crut voir les yeux de celle-ci virer en jaune entraînant un réflexe de recul chez Elizabeth.
— Mr. Darcy, est-ce que tout va bien ?
— J'ai cru voir les yeux de cette statue changer de couleur ? expliqua-t-elle aussi confuse qu'étonnée.
— Vraiment ? réagit Robin en considérant la statue à son tour.
— Non…, oubliez cela. C'était peut-être le reflet du soleil qui me joue des tours.
Robin finit de nettoyer l'extérieur du temple et commença à astiquer la statue mystérieuse avec un chiffon.
— L'origine de la légende du pouvoir enchanteresse du temple est basé sur la présence de cette statue qui en est, en quelque sorte le gardien en fait, commenta-t-il.
Elizabeth se remit à fixer la statue comme pour la défier.
— Tout ceci me parait invraisemblable… et pourtant au point où on en est…, réfléchit-elle pour elle-même.
Mr. Robin… reprit-elle, sortant de son monologue.
— Je vous en prie appelez-moi Robin, je n'ai pas encore dix-huit ans, sourit-il.
— Bien. Robin… Pensiez-vous que… qu'il soit possible que le temple… la statue… ou quoi que ce soit, pourrait jeter un sort de nature disons … pas toujours bienveillante ?
Il réfléchit un instant avant de répondre.
— … Je ne m'attendais pas à ce genre de question de votre part. Et j'avoue que je ne saurais vous répondre. Entre nous, je n'imagine pas vraiment cette statue avoir de tels pouvoirs… Après tout ce n'est qu'une représentation.
— J'aurai pensé à peu près comme vous mais…
Elizabeth s'interrompit cherchant à trouver des fondements à sa question mais au risque de se faire passer pour un fou, elle n'allait pas avouer à cet homme qu'elle avait échangé son corps avec Mr. Darcy et qu'elle doutait cette statue en être l'origine.
— J'admets que cette légende que vous m'avez raconté a piqué ma curiosité… continua-t-elle.
Pour toute réponse, Robin haussa les épaules et se déplaça vers l'autre statue représentant la Sainte Marie pour l'astiquer à son tour.
En deux fois, Elizabeth revit les yeux de l'autre statue virer en jaune furtivement pour revenir à sa couleur initiale. Ce ne fut plus son imagination ni le reflet du soleil, c'était des signes explicites de ce qu'elle soupçonnait.
Elle eut comme une révélation et comme si les pièces d'un puzzle se formèrent dans son esprit : le temple, la statue, symbole de l'amour et de la paix, …la demande en mariage rejetée, leur violente altercation, l'enchantement, le mauvais sort…
— Ce n'est pas possible… murmura-t-elle.
Elle prit congé et remercia Robin en lui laissant à ses tâches.
Arrivée à Hunsford, elle se fit introduire dans le petit salon. Mais Darcy n'y était pas contrairement à ce que la servante lui avait annoncé. Son regard fut attiré par un portrait qui était sur la table près de la fenêtre. Curieuse, elle s'y approcha et reconnut agréablement surprise le dessin. Elle le prit et fut tout de suite frappée par la ressemblance car il représentait son propre visage. Elle fut émerveillée par la qualité du croquis, pas entièrement fini à quelques détails près, mais laissait visiblement entrevoir un portrait fidèle. Et ces yeux…, ses yeux et ses lèvres étaient fidèlement reproduits…
Darcy - qui entra dans la salle en buvant du café - sursauta en la voyant présente dans la pièce, la feuille à la main. Depuis ces journées passées dans le corps d'un autre, c'était toujours aussi surprenant de se découvrir soi-même le corps distinct de son esprit. De plus ne s'attendant pas à la voir dans la pièce, sa surprise se décupla.
— Miss Elizabeth… Je ne savais pas que vous étiez ici…
Ils s'accueillirent en s'inclinant.
— Comment allez-vous Mr. Darcy ? J'étais en train d'admirer …cette image…
Elizabeth reconsidéra le portrait avant de lui adresser un regard interrogateur diverti.
— C'est vous qui l'aviez fait …? questionna-t-elle.
— Non…, enfin oui… Ce n'est presque rien, juste un gribouillage ...
— … Je ne savais pas que vous aviez un tel talent…
— Ce n'est vraiment pas ce que j'appellerai une réussite, donnez-moi çela… répliqua-t-il en prenant la feuille des mains d'Elizabeth.
— Pas une réussite ? Mr Darcy, c'est un chef-d'œuvre !
— Je ne le crois pas, ce dessin a plein de défauts … Je m'excuse s'il ne fait pas justice à votre beauté, expliqua-t-il en détournant les yeux l'air de rien.
D'une part, Elizabeth voulut lui faire une plaisanterie cinglante en lui répliquant que dans ses souvenirs, il l'avait trouvé tout juste passable mais s'en abstint. Et d'une autre part, elle ne put s'empêcher de se pincer les lèvres et de rosir, doutant vraiment à croire que Mr Darcy aurait encore gardé son amour pour elle malgré toutes les horreurs qu'ils s'étaient échangées. Elle était convaincue qu'il avait dit ses derniers mots d'excuse plus par politesse et par souci de la blesser au cas où le portrait n'aurait pas plu à Elizabeth qu'autre chose.
— … Bon. Peu importe… dit-il en s'asseyant sur la chaise et en rangeant rapidement la feuille dans le tiroir. Quelles nouvelles de Rosings ?
Elle faillit oublier la raison de sa visite et en reprenant son sérieux, elle lui relata les nouvelles. Darcy l'écouta avec attention lui narrer sa promenade au temple et ce qu'elle y avait appris en rapport avec le sort qui les emprisonnait. Après mûre discussion, ils se donnèrent rendez-vous le lendemain.
De l'intérieur de sa voiture qui passait par là, Lady Catherine aperçut « Darcy » sortir du domaine d'Hunsford. Elle ordonna au cocher de s'arrêter et de héler Mr Darcy pour « le » rejoindre dans le carrosse. A contrecœur, Elizabeth dut accepter de rentrer avec Lady Catherine, regrettant déjà la promenade qu'elle avait envisagée d'effectuer.
Sur la route, Lady Catherine s'enquit de la santé de Miss Bennet puis faisait des remarques sur la situation critique des demoiselles Bennet, déshéritées de leur propre domaine.
Le discours de Lady Catherine concernant sa famille rappelait un peu à Elizabeth celui de sa propre mère mais si celle-ci prévoyait caser au moins Jane, à un homme riche, Lady Catherine était moins exigeant pour le choix du mari d'une des aînées des filles Bennet, jugeant qu'un mari modeste de leur milieu suffirait.
Faisant preuve d'une grand patience, Elizabeth soupira de soulagement lorsque la voiture s'arrêta devant le domaine de Rosings. Elle s'excusa et se réfugia à la bibliothèque comme elle en avait l'habitude. Mais elle n'était pas contre la compagnie du Colonel qui la rejoignit plus tard pour lui proposer quelques activités ensemble.
Si le Colonel et Anne soupçonnaient leur cousin d'éprouver de l'attirance pour Elizabeth, ce n'était pas le cas pour Lady Catherine. Ses airs supérieurs, sa haute opinion qu'elle a d'elle même et de sa famille mélangés avec sa grande confiance en son neveu préféré rendaient Lady Catherine absolument aveugle au fait que Darcy pourrait s'intéresser à une femme de basse condition comme Elizabeth. Pour elle, les visites à Hunsford se résumaient à des visites de courtoisie envers les voisins et de leur invitée.
Pendant le souper, Elizabeth se sentait de bonne humeur, du fait de sa découverte de la journée, imaginant que bientôt elle quitterait toute cette mascarade et pourrait retrouver sa vie normale d'antan. Mais son espoir fut atténué sur le chemin vers le temple le lendemain matin. S'ils avaient enfin découvert l'origine de leur problème, rien ne présageait pour autant que tout redeviendrait à la normale.
Elle trouva Darcy contempler avec attention cette fameuse statue de quoi Elizabeth lui avait parlé, n'arrivant pas à croire que cette sculpture qui paraissait à première vue banale était l'origine de ce bouleversement notable qui se produisait dans sa vie. A la vue de cet endroit, ils avaient tous les deux les mêmes désagréables souvenirs en mémoire mais prirent le soin de ne rien paraître de leur malaise. Ils se situèrent tous les deux faisant face à l'entrée. .
— Qu'est-ce que nous sommes censés faire maintenant…, dit Darcy.
Elizabeth marqua une pause se demandant la même question et les doutes qu'elle avait ressenties en chemin se confirmèrent.
— On peut essayer de fermer les yeux et nous concentrer… répondit-t-elle.
Ils fermèrent leurs yeux pendant un moment espérant récupérer leurs corps respectifs. Ils rouvrirent leurs yeux et rien ne se passa.
— C'est ridicule…, souffla finalement Darcy dans un soupir.
— Aussi extraordinaire que cela puisse être, comment voulez-vous que ça marche si vous n'y mettez pas un minimum de conviction et de volonté…
— Mais je…
— Chut… ! Écoutez…, chuchota Elizabeth en l'interrompant.
Des bruits similaires à des cailloux qui tombent se firent entendre. En simultané, ils ressentirent un léger tremblement du temple. Ils relevèrent la tête pour voir et aussitôt Darcy poussa légèrement Elizabeth derrière lui en s'exclamant : « Eloignez-vous ! » en se mettant devant elle, tandis que quelques cailloux de taille aléatoire se versaient venant de la partie haute du temple. La statue suivait le rythme d'ébranlement du temple en vibrant sur place tandis que l'autre statue ne bougeait pas. Le phénomène dura environ trente secondes avant que tout ne redevint normal.
— Incroyable..., murmura Darcy.
Vous n'avez rien ? s'enquit-il en se tournant vers Elizabeth.
Elle répondit négativement de la tête.
— Croyez-vous que ce fut un signe… positif ? questionna-t-elle.
— J'ose espérer que oui. Et pourtant rien n'a changé, commenta-t-il en contemplant Elizabeth à travers son corps à lui.
— Le sort se démêlera peut-être pendant la nuit, comme pour la première fois.
Darcy fixa la statue.
— Espérons-le. Il ne nous reste plus qu'à attendre demain.
