Réponse aux commentaires guest :

Guest : Merci, je vais essayer d'être le plus rapide possible dans la publication de chapitres.

Lys-Rose : Bonjour, ravie de te voir. En effet c'est vrai que dans le livre Mrs Gardiner avait invité (si je ne me trompe pas...) Elizabeth à voyager avant sa venue dans le Kent mais dans cette version, les Gardiner n'ont pas encore annoncé leur voyage et encore moins invité Elizabeth... On verra bien si ils vont faire ce voyage ensemble... Et merci pour tes propositions, ça me donne de nouvelles idées. Je crois qu'on a pensé plus ou moins la même chose... et on verra bien ce qui va se passer...

Marie110, Muguet : Merci pour vos messages :)

Felicity Mamoo : Je t'ai déjà répondu en MP et merci encore


Chapitre 7 : Longbourn

Mrs Gardiner était assise dans le salon de Longbourn accompagnée de Jane et de Mary. Le silence dans la salle avec les deux jeunes filles qui se montraient peu bavardes accentuait encore plus à ses yeux, l'ambiance mélancolique ajoutée par la mine triste qu'avait pris Jane depuis son séjour à Londres. Les Gardiner avaient pris la bonne décision en ramenant leur nièce chez elle il y a quelques jours de cela. Le retour de Lizzie attendu ce jour ne pouvait que mieux tomber, Mrs Gardiner espérant qu'elle pourrait apporter un quelconque réconfort à sa sœur aînée.

« Elizabeth » arriva environ une heure après le dîner avec l'accueil chaleureuse de Jane et de Mrs Gardiner dans le salon. Darcy, caché à l'intérieur du corps de la jeune femme, était dépassé par les évènements. Il n'avait même pas eu le temps de s'éloigner que Jane Bennet et Mrs Gardiner, l'une après l'autre, lui firent des accolades, il restait figé, le corps et les bras bien droits.

— Nous avons ramené Jane pour l'éviter de rester à Londres plus longtemps, murmura Mrs Gardiner aux oreilles de « sa nièce » lorsqu'elle la prit dans ses bras.

Elle se fourvoyait si elle croyait que « sa nièce » avait compris et capté instantanément ce qu'elle voulait que « celle-ci » comprenne.

Il ne fallut pas longtemps à Darcy pour deviner que l'homme et la femme qui étaient les seuls qui lui étaient inconnus dans la demeure jusqu'à maintenant, étaient l'oncle et la tante d'Elizabeth : Mr et Mrs Gardiner, dont il avait déjà entendu en parler. Apparemment, ils logeaient à Gracechurch Street.

On proposa à « Elizabeth » de se ménager un peu après son voyage. Darcy s'empressa d'accepter la proposition. Il sortit pour se dégourdir les jambes en abandonnant le thé et les pains beurrés qu'on avait préparés pour « Elizabeth ».

Darcy ne revint de sa promenade que lorsque le soleil commença à se coucher. Être ainsi désœuvré alors qu'il y avait tant à régler à Pemberley le contrariait au plus haut point.

Les femmes étaient probablement dans le salon en train de tricoter, de lire ou de papoter… Et c'était le dernier endroit de la maison où il voulait aller. Il entreprit d'entrer dans la première pièce qu'il vit et qu'il avait deviné être la bibliothèque en apercevant à travers la porte entrouverte des étagères pleine de livres.

Il poussa la porte et y vit aussitôt Mr Gardiner et Mr Bennet qui l'accueillirent avec des sourires paternels et affectueux. Mr Bennet dit qu' « Elizabeth » lui avait manqué et « l »'invita à s'installer si « elle » le souhaitait.

Entre les occupants du salon et de la bibliothèque, mieux valait choisir la compagnie tranquille de ces deux hommes. Après avoir demandé si « Elizabeth » souhaitait quelque chose, Mr Bennet émit le plaisir de retrouver sa fille pour avoir de nouveau des conversations d'esprit, car à part Jane, Elizabeth était la seule personne intéressante des femmes de la famille.

A ce même moment, des exclamations et des rires de quelques-unes de ces dernières retentissaient dans le couloir. Mr Bennet, par un geste de la main, non sans grimacer légèrement, pria à « sa fille cadette » de fermer entièrement la porte. Darcy s'exécuta et Mr Gardiner commenta comme il en avait l'habitude :

— Je vous félicite mon beau-frère d'arriver à tenir le coup avec exclusivement six présences féminines à la maison ! Je ne dis pas cela pour vous ennuyer Lizzie. Et juste entre nous, heureusement que vous êtes là, on ne sait ce qui adviendra à ce pauvre Mr Bennet dans le cas contraire.

Ce dernier adressa un sourire affectueux à « sa fille ». Darcy le vit sous un autre jour. Mr Bennet semblait être plus fin qu'on pouvait se laisser croire et apparemment très attaché à Elizabeth. Il était vrai qu'avec le tempérament de Mrs Bennet ajouté à celui de certaines de ses autres filles, la vie quotidienne de ce vieil homme devait n'être pas toujours une partie de plaisir. Ces quatre murs qui les entouraient semblaient être devenus son refuge au quotidien.

Quelques instants s'écoulèrent avant qu'on entendit de nouveaux bruits dans le couloir; une voix criant à tue-tête le nom de Lizzie.

— Elizabeth, épargnez-moi ce chahut et allez voir rapidement ce que vos sœurs vous veulent, réagit Mr Bennet.

A contrecœur, Darcy sortit et à peine il franchit le seuil de la porte que Lydia alla vers lui; suivie de ses autres sœurs. La benjamine de la famille s'exclama :

— Lizzie ! Vous voilà enfin ! Vous ne devinerez jamais jamais ce que Tante Phillips vient de nous apprendre !

Darcy pensa que cette soi-disant fameuse nouvelle devait être aussi frivole que cette fille devant lui l'était. N'y tenant plus, elle continua :

— Mr Wickham s'est fiancé ! Avec Mary King … Vous savez cette fille laide et niaise que nous avons vue lors de ces soirées chez Tante Phillips, ajouta Lydia dédaigneusement. Pauvre Mr Wickham… !

— C'est le moins qu'on puisse dire, plussoya Kitty. Toutes les jeunes filles de la région sont bouleversées par la nouvelle. Apparemment, Mr Wickham était beaucoup apprécié.

Mrs Hill annonça que le souper était servi. Darcy en profita pour rejoindre la salle à manger et faire comme s'il n'avait rien entendu.

Il n'en fut pas moins curieux de savoir qui était cette Miss King car on ne pouvait pas entièrement se fier au jugement de Lydia. Il souhaita bien du courage à celle qui sera la future femme de Wickham.

Sa curiosité fut assouvie car Jane le rejoignit en lui disant qu'apparemment, Miss King avait eu la bonne fortune de se voir hériter dix mille livres. Les motivations de Wickham étaient plus qu'évidentes et Miss King - apparemment - ne voyait pas plus loin que le bout de son nez, ne considérant que le côté superficiel de Mr Wickham. Pour elle, il était le beau charmant fiancé idéal que les autres filles rêvaient d'avoir, et que seule elle était arrivée à obtenir. Mrs Gardiner commenta que dans sa peu favorable situation, cela ne l'étonnait guère que le jeune homme ait cherché une femme fortunée à épouser. Mrs Bennet conclut la conversation en leur souhaitant de trouver la félicitée dans leur mariage car une fois que le confort matériel était acquis dans le ménage, le bonheur était à portée de main.

Quelque part, Mr Darcy remercia la Providence qu'Elizabeth n'ait pas adopté les mêmes principes que sa mère. Et même si elle l'avait repoussé, cela l'a permis de pouvoir se remettre en question lui-même car il devait l'admettre, certains propos d'Elizabeth durant leur dispute dans le Kent l'avaient affecté plus qu'il ne voulut le reconnaître.

A l'heure du souper, la conversation se faisait dans la bonne humeur, presque comme d'habitude chez les Bennet. On posait des questions sur le ménage de Charlotte ainsi que sur Lady Catherine Bourgh et sa demeure, dont Mr Collins avait fait tant d'éloges lors de son passage à Longbourn. Le souper était très animé. Et toute cette ambiance chaleureuse et familiale ne tardait pas à rendre Darcy mal à l'aise.

Si on omettait les réunions d'affaire et de famille, la plupart du temps, il était habitué à prendre ses repas quotidiens seul ou avec Georgiana. Et même du vivant de leurs parents, les déjeuners, voire la vie en générale, n'étaient pas toujours aussi joyeux, entre leur mère qui était malade et dont l'état s'était de de plus en plus aggravé au fil du temps, et leur père qui était inquiet en permanence. Il ne sut ce qui était la pire entre la période qui avait suivi la mort de sa mère, puis de son père des années plus tard, ou celle après la tentative de Wickham pour enlever Georgiana. L'atmosphère était pesante à ces périodes-là, si ce n'était pas son père pendant la première période, c'était Georgiana pendant la deuxième, qui se montrait taciturne et anéanti par le chagrin. Lui de son côté ne savait comment les réconforter, les consoler. Ni mère, ni sœur aînée, ni épouse n'existaient à Pemberley a ces moments-là…

A travers Jane et Kitty qui se parlaient en face de lui, Darcy vit Elizabeth et Georgiana qui conversaient joyeusement. Combien de fois avait-il imaginé Elizabeth maîtresse de Pemberley, dans la serre, dans la chambre de sa feue mère, à table avec leurs enfants réunis tout autour, formant une famille unie et heureuse…

Darcy secoua la tête pour se remettre de ses rêveries et les éclats de rire des sœurs Bennet finirent à le réveiller pleinement et à le faire remettre les pieds sur terre.

Après le repas, la famille - à l'exception de Darcy - quitta table. Perdu dans ses réflexions, il entendit d'une oreille discrète Mary qui exerçait un morceau au piano avant d'aller se coucher. Ces airs de piano lui rappelèrent Georgiana qui lui manquait. Quand tout fut plus calme quelques instants plus tard et que presque tout le monde ait fini par rejoindre leur chambre, Darcy monta à son tour et désespéra de reconnaître la chambre d'Elizabeth parmi toutes ces pièces.

Mrs Gardiner qui monta à son tour vit « sa nièce » qui avait l'air d'être en pleine détresse faire des allers-retours dans le couloir et.

— Lizzie, que faites-vous ?

Il sursauta avant de répondre :

— J'allais rejoindre ma chambre…

— Mais votre chambre est juste ici…

Mrs Gardiner lui montra la pièce où il avait aperçu Jane tout à l'heure et en avait déduit que ce n'était pas la chambre d'Elizabeth. Il s'était trompé. Mrs Gardiner ouvrit la porte et laissa « sa nièce » entrer.

— Regardez, Jane vous attend… Bonne nuit mes chères enfants.

La brave femme ferma la porte et disparut dans le couloir. Darcy resta figé sur place en voyant Jane à la lueur des bougies, en chemise de nuit et assise sur le côté gauche du lit en lui souriant. Elle attendait visiblement que « sa sœur » la rejoigne.

Ainsi les deux sœurs ne se contentaient pas de partager la même pièce mais apparemment, elles partageaient aussi le même lit. Situation extrêmement gênante, il allait dormir aux côtés de Jane Bennet. Bingley le tuerait s'il le savait.

Jane se laissa aller sur le lit, heureuse de retrouver son lit avec un soupir satisfait.

— Je suis contente que vous soyez revenue Lizzie !

Pour toute réponse, non sans l'étonnement de Jane, Darcy s'excusa sous prétexte de ne pas avoir sommeil, pour s'échapper au rez-de-chaussée. Il s'introduit dans la bibliothèque éclaircie par une chandelle. Il prit un livre à lire et se laissa aller sur le sofa de Mr Bennet en soupirant : « Quelle situation embarrassante… »


Le lendemain matin, Mr Bennet fut surpris de voir sa fille cadette endormie profondément sur son fauteuil avec les pieds assoupis sur une chaise.

C'était à cet instant que Mrs Bennet fit son entrée dans la bibliothèque :

— Mr Bennet, je voulais vous demander …Lizzie !? Que faites-vous ?

— Ne voyez-vous pas, votre fille dort. Et ne faites pas de bruit, vous la réveillerez chuchota-t-il amusé.

Les voix de Mr et Mrs Bennet retentissaient comme un bruit flou dans l'esprit endormi de Darcy. Finalement il sortit de son sommeil petit à petit et ouvrit les yeux lentement. Il eut du mal à se repérer et à se souvenir de la pièce et de l'endroit où il était. Visiblement, il était loin des appartements luxueux de Pemberley et de Darcy House.

— Alors mon enfant, avez-vous bien dormi ? lui demanda une voix vers qui il se tourna par réflexe.

Darcy vit un homme aux cheveux blancs et à côté de lui, il aperçut Mrs Bennet. Lorsqu'il retrouva sa mémoire et toute sa lucidité, il sursauta.

Il s'excusa avant de sortir de la pièce.

Darcy aurait préféré rester dans la bibliothèque s'il avait su un peu plus tôt ce qui l'attendait à l'étage. Jane était préparée pour la journée mais Catherine et Lydia encore en tenue de nuit avaient rejoint la chambre et couraient en se poursuivant tout en riant dans toute la pièce. Comme s'il n'était jamais venu, il se retourna et sortit. Il était loin de se rendre compte de la peine qu'il causait à l'aînée des demoiselles Bennet.

La distance mélangée avec un certain détachement qu'« Elizabeth » mettait entre elles depuis son arrivée causa une légère frustration à Jane qui se demanda d'ailleurs où sa sœur avait bien pu passer la nuit.

A l'heure du petit déjeuner, Mrs Bennet questionna « Elizabeth » à propos du fait qu'elle avait passé la nuit à dormir dans la bibliothèque. Darcy répondit qu'il avait voulu lire et s'était endormi malgré lui.

— Je vois… Si vous avez accepté la demande en mariage de Mr. Collins, vous auriez eu une pièce et un lit à vous toute seule Lizzie. Vous aurez pu garder la chambre que vous avez occupée à Hunsford, et vous auriez eu tout le confort et l'intimité que vous souhaitez. Mais à quoi bon regretter, à la mort de votre père, Charlotte Collins se fera un plaisir de toutes nous chasser de cette demeure et on se retrouvera toutes à la rue et vous finirez toutes vieilles filles ! reprocha Mrs Bennet à sa seconde fille.

— Mrs Bennet, s'il vous plaît épargnez nous vos plaintes de bon matin, dit Mr Bennet en commençant à lire son journal.

Darcy dévisagea Mrs Bennet qui prenait loisir à ignorer royalement le regard de « sa fille ». Comment Mrs Bennet pouvait-elle penser que si son geste était vraiment dicté par la recherche d'un endroit plus confortable, il avait choisi pour dormir un restreint vieux fauteuil de bibliothèque avec un odeur douteux de vieux livres à un lit bien chaud parfumé à la lavande, à moins que ce n'était qu'un prétexte pour Mrs Bennet se plaindre de sa fille. Ainsi donc, cet héritier de malheur a été aussi un prétendant pour Elizabeth… Malgré lui, rien que l'idée d'Elizabeth avec Mr Collins le répugna.

Il connaissait assez Elizabeth pour ne pas accepter de se marier avec un homme tel que Mr Collins, et Mrs Bennet prête à sacrifier sa fille pour la faire marier à un tel homme, ainsi Longbourn reviendra à l'une de ses filles. Il se demanda comment elle avait fait pour résister aux pressions de sa famille et évité la catastrophe. Même si le choix de Mr Collins était compréhensible, il ne le supportait que modérément, malgré son effort de ne pas être trop dur avec la famille d'Elizabeth. Mais la tâche était plus aisée si la famille de celle-ci n'était pas justement Mrs Bennet et Mr Collins.

Tout cela était ajouté plus tard par les propos des deux benjamines de la famille parlant d'aller à Meryton et à l'occasion, de surprendre un militaire de leur connaissance dans son bain, en ricanant. Mr. Bennet répliqua qu'elles étaient les jeunes filles les plus sottes que ce dernier ait jamais vues avant de se replonger dans son journal. Mr Bennet sembla délaisser l'éducation de ses plus jeunes filles aux dépens de Mrs Bennet. Celle-ci fit écho aux rires de ses filles en s'exclamant que la période où elle aussi était attirée par les costumes de militaire lui manquait. Avant d'avoir décidé de demander la main d'Elizabeth, Darcy s'était déjà préparé mentalement à ce genre de schéma mais pas à ce point-là…

Il se demanda si Elizabeth n'était pas une fille adoptée mais en apercevant Mr et Mrs Gardiner, il se dit que toute la branche de la famille n'était pas ainsi. Ce couple, à première vue, avait l'air d'être correct.

Quand le repas fut terminé, la famille s'éparpilla un peu partout dans la maison. Darcy et Jane étaient les derniers restés à table tandis que Mrs Gardiner s'affaira à dégager la table avec une servante, et aidée de Mrs Bennet. Tout à son œuvre, elle continua à se plaindre :

— … Et Mr Bingley qui a fait faux bond à Jane à Londres… soupira-t-elle. Vous n'imaginez pas la terrible affliction où nous nous retrouvons ma chère belle-sœur. Ce serait mieux pour tout le monde si ce monsieur n'avait jamais pointé son nez à Hertfordshire…

— Je comprends votre déception ma chère mais au moins épargnez à Jane de toujours entendre parler de ce gentleman.

Pour toute réponse, Mrs Bennet fit une geste de la main comme pour retirer ses derniers propos et refouler sa frustration, avant de disparaître dans l'autre pièce, les mains pleines d'assiettes.

— Détrompez-vous ma tante, parlez de lui si vous le voulez, cela ne me fait aucun effet, répliqua la douce Jane.

Elle quitta la table un instant pour prendre une vase afin de la remettre à sa place sur la table à manger.

— Jane est convaincue que Mr Bingley lui est indiffèrent, expliqua Mrs Gardiner entre temps, tout bas à Elizabeth d'un air désolé, tout en pliant la nappe de table. Allez lui parler, la divertir un peu. C'est déjà bien que vous soyez là. Votre compagnie l'aidera beaucoup Lizzie. Je vais accompagner Kitty et Lydia à Meryton pour garder un œil sur elles.

Joignant le geste à la parole, Mrs Gardiner quitta la pièce afin de se préparer pour sortir.

Pour toute réponse, Darcy se tourna vers Jane qui avait repris sa place pour coudre et l'examina. Elle croyait que Bingley ne l'aimait pas, ce sentiment était si familier à Darcy depuis le rejet haineux d'Elizabeth et il comprenait à quel point ce pouvait être douloureux de ne pas être aimé en retour. Mais seulement dans ce cas-ci, elle se trompait. Il savait parfaitement la nature des sentiments de son ami envers la jeune femme, il ne pouvait la laisser souffrir en silence ainsi.

Jane croisa le regard de « sa soeur », et comme si elle devina le cours de ses réflexions, elle lui dit :

— Il n'occupe plus mes pensées, si je le croisais dans la rue c'est à peine si je le remarquerais.

Cette femme pensait-elle vraiment ce qu'elle disait ou ces paroles étaient juste une sorte de bouclier qu'elle utilisait pour masquer sa frustration. Il avait eu une réaction similaire juste après le rejet d'Elizabeth, il s'était décidé de l'oublier, même si au fond il l'appréciait encore malgré tout…, et n'était pas arrivé à lui en vouloir longtemps…

Darcy se leva ayant l'intention de quitter la pièce tandis que Jane lui demanda où il allait.

— Faire ce que j'aurai dû faire il y a longtemps, répondit-il tout bas.

Jane questionna sa sœur du regard.

— Je vais enlever cette mine abattue de votre visage, continua-t-il.

— Je vais parfaitement bien Lizzie, qu'allez-vous imaginer…

— Pensez à votre sœur, elle serait attristée si elle vous voit ainsi noyée dans la mélancolie, je vous ai toujours connu étant une jeune fille souriante…

— Je peux autant dire de vous la taquina-t-elle, en esquissant un sourire. Depuis votre retour, vous m'avez l'air d'être… comment dire… un peu pensive et désorientée…

Darcy alla répondre lorsque Lydia, accompagnée de Kitty, surgit de nulle part pour s'exclamer :

— Jane ! Lizzie ! Vous devez venir avec nous, il fait si beau dehors !

Jane déclina poliment son invitation en répondant qu'elles allaient rester à la maison. Lydia continua de parler à Kitty de nouveaux rubans qu'elle comptait acheter tandis que Jane reprit sa conversation interrompue avec sa sœur cadette.

— Vous m'avez manqué Lizzie. Et je suis contente de vous avoir retrouvée, et qu'on se parle comme on en a l'habitude... Je me sens mieux quand vous êtes là…

Au grand dam de Darcy, ce dernier vit Jane s'approcher dangereusement de lui ayant visiblement l'intention de lui donner un baiser sur le front. C'en était trop de contacts physiques avec Miss Bennet, il était plus que temps de l'éloigner rapidement.

— Et pour continuer sur cette voie, n'est-il pas mieux pour vous de suivre les conseils de vos jeunes sœurs et de faire une petite promenade avec elles ? Je suis sûre que sortir un peu vous changera les idées, dit-il en la bloquant habilement avec ses mains, puis la fit retourner vers la direction opposée faisant face à la porte.

Sous l'étonnement de Jane, il la repoussa jusqu'à la porte où Lydia et Kitty les attendaient.

— Je ne suis pas contre…, répondit Jane en avançant sous la pression de sa sœur. Mais… Lizzie ? Ne venez-vous pas aussi ?

— Non merci, j'ai des choses à faire…

— Si vous n'y allez pas, je peux tout autant rester aussi…

— Mais si, allez-y vous dis-je…

— … Bon, si vous insistez…

Après un sourire, Jane monta dans sa chambre avant de sortir dehors rejoindre les autres pour aller à Meryton. Darcy les regarda s'éloigner à travers la fenêtre. Puis il appuya le dos sur le mur et émit un soupir de soulagement; enfin un peu de solitude qui lui permettrait de pouvoir se concentrer sur ce qu'il projetait de faire...