Hello tout le monde !

Ce douzième chapitre est le début de la deuxième partie de cette fanfiction.

Aux guests,

marie110 : c'est touchant ce que tu dis, merci :')

Muguet : ce n'est pas la fin de la fic. Merci beaucoup, ça fait vraiment plaisir !

anniela : voilà un chapitre tout frais :D

Guest : oui on n'attend que ça… :D A suivre donc…

Et bienvenue aux nouveaux followers ^^ J'espère que la fic est à votre goût. En tout cas, sachez que je suis toujours ouverte à vos remarques.

Merci à tous !


Deuxième partie

Chapitre 12 : Retour à la normale

Le lendemain de l'accident de Lizzie, la milice du colonel Forster quitta définitivement la région pour aller à Brighton. S'il y avait eu une certaine tristesse causée par ce départ, cela fut vite oubliée pour Mme Bennet. Cette nouvelle était tellement insignifiante en comparaison aux fiançailles de Jane.

Mais ce ne fut pas le cas pour les deux benjamines de la famille qui se languissaient déjà des officiers. De plus, Lydia était fâchée que sa mère ne l'ait pas autorisée à aller à Brighton, suite à l'invitation de sa très bonne amie, la jeune Mme Forster, pour l'accompagner. Kitty, au contraire était soulagée ; la jalousie et l'indignation ayant eu raison d'elle, que sa cadette ait été invitée alors qu'elle, l'aînée, on l'ait complètement ignorée.

Les raisons du refus de Mme Bennet étaient les suivantes : Lydia ne pouvait s'éloigner pendant longtemps alors qu'un événement plus important se produira sous peu chez les Bennet. La maîtresse de Longbourn prévoyait déjà toutes les préparations et les évolutions que le mariage de sa fille aînée impliquerait pour la famille. Elle se trouvait en effet dans un état d'esprit fort optimiste : l'union de Jane à Mr Bingley ouvrira la voie à d'autres gentlemen fortunés pour ses autres filles. Ils apporteraient quelque chose de durable et mille fois mieux que les flirts passagers avec les officiers, c'est-à-dire le mariage. Lydia se réjouit à cette joyeuse perspective, s'imaginant déjà sillonner les bals de la haute société avec de séduisants jeunes hommes. Suivie de près par Kitty, elle se pavanait dans le salon sous les regards désapprobateurs de Jane et Elizabeth.

Le médecin venu plus tôt contrôler l'état de santé de cette dernière était stupéfait par la vitesse avec laquelle la jeune femme guérissait. Toutefois, il lui ordonna de faire un ou deux jours de repos supplémentaires malgré les réticences de Lizzie. La vérité sur la guérison de celle-ci était que le phénomène survenu la veille avait opéré en sa faveur. Elle s'en était déjà doutée, ayant du mal à croire qu'elle fut sortie pratiquement indemne de cet accident.

Des bruits de sabot de cheval se faisaient entendre. Ce visiteur était probablement Mr Bingley. Elizabeth sentit son pouls s'accélérer à la pensée qu'il pourrait être accompagné de Mr Darcy. Mais la personne qui s'introduit dans la maison un instant après ne s'avérait être que seulement M. Bingley.


Plus de quatre jours passèrent sans que Lizzie ne vit M. Darcy. Néanmoins, elle savait par les dires du meilleur ami de ce dernier qu'il séjournait toujours à Netherfield Park avec sa sœur. Quatre jours que la vie était revenue à la normale, dans sa vie oisive de jeune fille. Elle devait l'admettre que depuis, elle avait vraiment espéré jusqu'à y croire vainement que M. Darcy allait venir avec Bingley pour passer à Longbourn.

Presque tous les matins lors des visites de Mr Bingley, elle s'était surprise à guetter son arrivée pour voir si Mr Darcy l'avait accompagné mais à chaque fois, elle se retrouva déçue.

Lizzie se faisait ces réflexions sur le chemin du retour de Oakham Mount à Longbourn. Elle commença à lire la lettre reçue de sa tante pour se changer les idées. Les Gardiner l'invitaient à voyager dans le Lake District après le mariage de Jane, un charmant projet qui ravissait Elizabeth.

Pendant ce temps, Georgiana et Darcy chevauchaient silencieusement dans un sentier de bois non loin de là, avec le bruit des chevaux et les chants des oiseaux comme fonds sonores. Darcy avait l'air d'être absorbé par ses pensées pendant que sa sœur se réjouissait du paysage, et du vent léger de la campagne.

— Tiens, et moi qui croyais que nous étions les seuls à nous promener dans les parages, remarqua Georgiana dont la voix fit sortir son frère de sa méditation.

Il regarda vers la direction de la personne à qui sa sœur faisait allusion lorsqu'à sa plus grande surprise, il reconnut la jeune femme, de loin, à quelques mètres devant eux. Cette démarche, cette frimousse, ce style d'accoutrement, il les reconnaîtrait parmi des milliers. Mr Darcy pâlit. Il ne s'était pas préparé à la voir si tôt. Inconsciemment, le jeune homme fit un bref mouvement de recul avec son cheval, comme s'il voulut faire demi-tour et partir pour fuir.

Georgiana, intriguée, ne put s'empêcher de le questionner :

— Mais qui est cette personne ? La connaissez-vous ?

— En effet oui… Je ne le crains...

Georgiana se demanda si cette personne qu'ils allaient croiser d'une minute à l'autre était une de ces femmes intéressées qui tournaient autour de lui et dont il cherchait à s'en éloigner le plus loin possible. Elle ne savait pas alors à cet instant à quel point elle était loin de la vérité. L'inconnue, quant à elle, était vraisemblablement plongée dans une lettre et ne les avait toujours pas remarqués.

Lizzie finit par lever les yeux, les vit, marqua un temps d'arrêt en les reconnaissant immédiatement. Son cœur fit un bond, en le voyant surgir de nulle part au moment où elle n'y croyait plus. Dire qu'elle était surprise était un euphémisme.

Après les premières secondes de surprise, elle remarqua à quel point les Darcy formaient un très joli tableau de son point de vue, en plus du beau décor verdâtre qui les entourait. Avec leurs tenues de haute couture et leur classe naturelle, la fratrie Darcy était l'élégance même.

Lizzie se remit de sa contemplation, reprit contenance et inspira avant de remarcher. Lorsqu'elle fut assez près pour mieux les distinguer, ses yeux rencontrèrent ceux de Mr Darcy, ce qui ne manqua pas d'intriguer la jeune femme.

— Quelle agréable surprise ! s'exclama-t-elle d'un ton qu'elle voulut détaché pour masquer son embarras.

Elle en profita habilement pour se détourner du regard du jeune homme et reporter son attention sur Georgiana dans une révérence.

— Mlle Elizabeth..., l'accueillit Mr Darcy. Il mit un instant à la dévisager songeusement, jusqu'à ce qu'il se rendit compte que des présentations s'imposaient.

Pardonnez-moi, commença-t-il en se raclant la gorge. Georgiana, je vous présente Mlle Elizabeth Bennet.

— Je suis heureuse de faire votre connaissance, mademoiselle, dit poliment la jeune blonde avec un timide sourire, ravie de mettre enfin un visage sur ce nom qu'elle avait entendu à certaines occasions.

Elizabeth, elle, était contente de la revoir. Georgiana était loin de se douter qu'elle la considérait déjà comme une amie. C'était donc non sans une certaine émotion que Lizzie fut officiellement introduite à la jeune Miss Darcy. Celle-ci était bien sûr, nettement plus réservée et moins souriante que lors de la dernière fois où Elizabeth l'avait vue. A ses yeux, Elizabeth n'était encore qu'une nouvelle connaissance.

— Comment allez-vous… depuis l'autre jour ? demanda Darcy, d'une voix légèrement mal assurée. A peine il avait fini de parler qu'il se maudit aussitôt, prenant conscience que c'était assez maladroit de sa part de ne s'enquérir de la santé de la jeune femme que bien des jours après.

Mais sur le moment, il n'avait pas trouvé autre chose à dire, ce qui ne fit qu'accroître son embarras. Il s'était rassuré auprès de Bingley de la santé d'Elizabeth qu'il savait, se portait mieux. Étant donné que c'était en partie sa faute si elle avait eu son accident, il voulait s'excuser avant tout. Mais les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Le jeune homme avait appréhendé son éventuelle rencontre avec Elizabeth, et se retrouver en face d'elle au moment le plus inattendu ne l'aidait pas.

— Comme vous le pouvez le voir, j'ai retrouvé ma forme et reprit mes vieilles habitudes, répondit-t-elle.

— J'en suis ravi…

Il se turent dans un silence gênant.

— Et vous, comment allez-vous M. Darcy ? demanda Elizabeth doucement, avec une sincère sollicitude qu'il lut dans ses yeux et qui le surprit.

— Fort bien. Merci…

A ce rythme, cet échange de banalités n'allait pas durer longtemps. Elizabeth se sentait inconfortable. Heureusement, elle trouvait son salut en la personne de Georgiana.

— Comment vous plaisez-vous dans la région ? Resterez-vous encore longtemps ? demanda Elizabeth en dirigeant son regard vers Miss Darcy, bien qu'en vérité, la dernière question était indirectement adressée à M. Darcy.

— Cela dépend des projets de mon frère, car je l'accompagne. Et pour l'instant, cela me fait un peu de vacances en ce lieu que je découvre pour la première fois.

Elizabeth jeta un bref coup d'œil à Darcy qui se contenta de hocher la tête et n'en dit pas plus. Repartiraient-ils donc dans le Derbyshire bientôt ? Elle soupira. Il était taciturne. Lui aussi avait apparemment renoué avec ses vieilles habitudes du Hertfordshire. Ce n'était pas vraiment ainsi qu'elle avait imaginé leur rencontre après les événements des dernières semaines.

— Bon, je ne vais pas vous déranger longtemps. Je vais reprendre mon chemin et vous laisser continuer votre promenade. Mr Darcy, Miss Darcy.

Cette dernière adressa un regard plein d'interrogations à son frère avant de répondre à Elizabeth qu'elle était heureuse d'avoir fait sa rencontre.

Darcy inclina légèrement la tête tandis qu'Elizabeth commença à marcher. Georgiana entreprit une communication non verbale avec son frère lui faisant comprendre que s'il était d'accord, elle était pour le fait de raccourcir leur promenade afin de raccompagner Miss Elizabeth chez elle.

Devant l'hésitation de son frère, Georgiana lui adressa un regard insistant. Mais il savait que cette dernière ne pouvait pas comprendre ce qu'il ressentait depuis quatre jours. En fait, personne à part lui ne pouvait comprendre…

— Miss Elizabeth ? l'appela-t-il finalement en pivotant vers sa direction avec son cheval.

— Oui ? dit-elle en se retournant.

Il remarqua aussitôt ses yeux qui brillaient, ce qui les rendait encore plus jolis que d'habitude. Il ne se rendait même pas compte qu'il ne disait rien, juste planté là à la fixer, pendant qu'Elizabeth leva son sourcil gauche d'étonnement.

— Pardonnez-moi, dit-il, se sentant soudainement un peu hébété. Je voulais juste vous dire de faire attention en chemin et…de bien vous porter...

— Oh…répondit-t-elle, non sans une déception dans le ton de sa voix. Je vous remercie. Je ferai plus qu'attention. Au revoir ! sourit-elle tristement en s'en allant pour de bon.

— On reprend notre route ? lança Darcy à sa sœur, l'air de rien.

Mais au fond, ses pensées ne cessèrent de le tourmenter. Bien sûr qu'il avait voulu la rendre visite le lendemain de l'accident. Son inquiétude avait atteint son paroxysme. Mais il n'avait plus pointé le bout de son nez à Longbourn. Le fait est qu'il avait l'impression d'avoir heurté l'honneur d'Elizabeth après leur inexplicable échange de corps. En situation normale, il se devait de l'épouser, ce qui était bien ironique étant donnée la situation. De un, ce n'était pas ce qu'il souhaitait, et de deux, il était le dernier homme au monde avec qui elle accepterait de se marier. Et de plus, rien de tout ce qui se passait n'était normal.

L'image d'Elizabeth inconsciente dans ses bras réapparut dans son esprit. Malgré le drame de la situation, il se souvenait très bien de la vision qu'elle donnait à travers ses vêtements trempés. Il l'avait même embrassée sur le front. Il secoua la tête pour chasser ces images. Depuis les derniers jours, il s'était dévoué corps et âme à des activités physiques et intellectuels pour tenter d'oublier cette impasse où il s'était retrouvé, et dont il ne pouvait expliquer à personne.

Après moins d'une heure de promenade, Les Darcy revinrent à Netherfield Park vers quinze heures trente. Ils prirent leur déjeuner vers seize heures, comme ils en avaient l'habitude depuis leur séjour dans la région. A table, la conversation était animée.

— Miss Elizabeth est donc la sœur de la fiancée de Mr Bingley ? demanda Georgiana à son frère.

— Effectivement.

— Vous et cousin Richard, vous l'aviez déjà mentionnée dans vos lettres. J'ai cru comprendre que c'était une personne plaisante. Elle est donc votre amie ?

Il se passa sa serviette de table sur les lèvres avant de répondre.

— Amie, c'est un bien grand mot. Et je ne pense pas qu'elle soit ravie de l'être si elle l'était.

— Mais pourquoi ? demanda innocemment la jeune fille, visiblement étonnée.

— Parce que… (Il mit une brève pause avant d'ajouter :) Disons juste qu'elle ne me supporte que moyennement.

— Vous plaisantez, n'est-ce-pas ? Je ne vous crois pas.

— C'est pourtant vrai.

— Si c'est vrai comme vous le dites, c'est qu'elle ne vous connaît pas.

Darcy se contenta de hocher les épaules tandis que sa sœur se posa des questions.

— Puis-je vous donner mes propres impressions ? continua-t-elle. Lorsque nous l'avions vue tout à l'heure, elle avait l'air très ravie de vous revoir. Je n'ai remarqué aucune quelconque hostilité de sa part. C'était votre attitude quelque peu distante qui l'a finalement retenue, à mon humble avis.

— …Ma chère sœur...C'est plus compliqué que cela ne paraît... (Beaucoup trop, que même moi, je n'arrive pas à y voir clair, ajouta-t-il intérieurement) Mais dites-moi, depuis quand êtes-vous devenue experte en matière de relations humaines ? sourit-il.

— Je le ne suis pas. Je ne fais que vous donner mes points de vue.

— Que me conseillerez-vous donc pour améliorer ma relation avec cette femme ?

— La courtoisie ? J'avais vraiment cru que vous alliez nous proposer d'aller l'escorter jusqu'à chez elle lorsqu'on l'avait rencontrée ce matin.

Un des avantages qu'avait les personnes du genre de Georgiana était qu'en général, les gens réservés avec un minimum d'intelligence étaient moins bavardes mais en contrepartie, elles étaient très observatrices si elles prêtaient attention à ce qui les entourait.

— Georgiana, je ne me sentais pas prêt pour… susurra Darcy avant de s'interrompre. Enfin... peu importe.

Dites-moi Georgiana. Maintenant que j'y pense, que diriez-vous d'étendre un peu votre cercle de relations dans la région ? Je pense que, comme vous l'avez déjà rencontrée, Miss Elizabeth pourrait être justement une bonne fréquentation pour vous. Cela vous changera un peu de la compagnie de Mme Annesley et d'un vieux célibataire comme moi.

— Grand frère, ne dites pas cela. Vous savez bien que c'est pour passer du temps avec vous que je suis venue ici. Mais je comprends ce que vous dites, et je ne suis pas contre votre proposition. L'une n'empêche pas l'autre, sourit-t-elle.


Le lendemain matin, Bingley informa Darcy des préparations du mariage, dont il avait parlé avec Jane et ses parents ces derniers temps. Il lui parla aussi de ses projets à venir pour les prochains jours. Avant de partir pour Longbourn, il termina la conversation en demandant à son ami de l'accompagner pour cette fois.

— Je ne vois pas pourquoi je le ferai. Contrairement à vous, je n'ai aucune jolie fiancée qui m'attend là-bas, répondit Darcy le plus sérieusement possible, en se laissant aller sur un fauteuil.

M. Bingley partit d'un rire avant de répondre.

— Mon cher ami, pourquoi faut-il toujours que vous soyez si rabat-joie ? A Longbourn, on me demande assez souvent de vos nouvelles. Vous êtes leur héros du moment. Alors, venez-vous ? Je dois vous rappeler qu'officiellement, vous n'avez pas encore présenté vos hommages à Mr et Mrs Bennet depuis votre arrivée dans la région.

— Bingley, ne vous souciez pas de moi et allez plutôt vous occuper de votre future femme.

— Vous savez que j'ai sollicité votre présence ici pour avoir un quelconque soutien de votre part.

— J'ai encore des choses à faire. Je vous rejoindrai plus tard.

— J'ai donc votre parole. Et ne me faites pas faux bond.

Lorsque le jeune homme fut parti, M. Darcy émit un soupir. En vérité, l'intervention de Bingley n'était pas nécessaire. De toute façon, il avait prévu de passer à Longbourn en ce jour.


Plus tard, après l'heure du déjeuner, ce fut donc avec une joie plus qu'évidente que Mrs Bennet le reçut chez elle, au seuil de la porte.

— Mr Darcy !

— Mrs Bennet.

— Quel plaisir de vous revoir ! Avant tout, je tiens à vous rassurer ! Elizabeth va bien ! Et ce, grâce à vous !

— Justement, hier j'ai…

Mais son hôtesse ne lui laissa pas le temps de poursuivre sa phrase en l'invitant de suite vers la salle de séjour où elle s'exclama aussitôt à sa cadette.

— Regardez qui est là mon enfant. Votre héros ! Et il est venu voir comment vous allez ! C'est si attentionné de sa part !

Darcy, embarrassé, hésita avant de prendre la parole.

— Comment allez-vous depuis la dernière fois Miss Elizabeth ? s'inclina-t-il.

— Je vais de mieux en mieux Monsieur, l'accueillit-elle poliment, avec un sourire réticent.

Faudrait-il qu'à chaque fois qu'ils se rencontraient, leurs conversations se limitaient par l'enquerement de l'état de leur santé ?

Darcy salua le reste des occupants de la pièce ; Jane et Mary, avant de s'installer pour qu'on lui serve le thé.

Un long moment se passa où plus de la moitié du temps, c'était Mrs Bennet qui parlait. Elle annonçait entre autre un grand souper à trois services qui se déroulera sous peu à Longbourn et où Mr Bingley sera l'invité d'honneur. Elle ne manqua pas aussi de convier Mr Darcy. Lorsque Mrs Bennet daigna enfin à se taire un moment, Mr Darcy en profita pour s'adresser discrètement à Elizabeth, assise non loin de lui.

— Miss Elizabeth. Je vous demande pardon d'avoir mis votre vie en danger. Si vous aviez eu cet accident, c'est entièrement ma faute.

— Ne vous sentez pas coupable, personne n'a prévu ce qui allait se passer... Oublions. L'important est que tous les deux nous allons bien, et que les choses soient pratiquement revenues à la normale. Et puis, cela fait plaisir de les voir heureux, sourit-elle en dirigeant son regard vers Jane et Bingley, en train de discuter en tête-à-tête non loin de là, oublieux de leur entourage.

Darcy observa la jeune femme un moment avant de se mettre lui-même à contempler les fiancés. Quelques secondes s'écoulèrent avant qu'elle ne brise le silence.

— Merci pour eux..., chuchota-t-elle en esquissant un sourire attendri à son interlocuteur qui se tourna aussitôt vers elle.

Elle ne sut l'effet qu'elle produisit chez Mr Darcy qui en fut instantanément perturbé. Ce simple sourire, naturel mais ô combien empoignant pour le jeune homme était loin des sourires railleurs, d'embarras, ou de simple politesse qu'elle lui avait adressé par le passé. Pour la première fois, il le perçut ; c'était différent : ce sourire sincère, tendre et adorable qui l'embellissait. Mr Darcy sentit un frisson le parcourir. S'il n'avait pas détourné son regard pour cacher son trouble, il aurait remarqué la lueur de passion évidente à travers les pupilles dilatées de la jeune femme.

— Je n'ai fait que remettre la situation dans l'ordre des choses..., bredouilla-t-il, déconcerté, tout en passant une main dans ses cheveux.

Il toussota et reprit contenance. C'était avec soulagement qu'à cet instant, il se souvint de son but en venant à Longbourn. Il reprit la parole, avec un petit sourire en coin :

— J'ai appris que Mlle Bennet ira à Netherfield Park demain. Que diriez-vous de l'accompagner pour prendre le thé avec ma sœur si votre temps vous le permet ?

Elizabeth remarqua à quel point un visage détendu allait bien avec les beaux traits de son interlocuteur, lui donnant un charme à lequel on ne pourrait résister. Elizabeth pensa qu'une fois le malaise des premières minutes de la première rencontre avec Mr Darcy passée, tout irait désormais mieux, mais elle réalisa qu'elle s'était trompée. L'homme devant elle lui faisait des effets troublants qu'elle ne pouvait ignorer.

— Vous l'avez peut-être remarqué à Londres mais elle est assez timide en public. Comme elle vous a déjà vue et que vous la connaissez déjà un peu... Mais bien sûr rien ne vous y oblige... Miss Elizabeth... ?

— Oui ? Oh pardonnez-moi, je veux dire... Je serai heureuse de rendre visite à votre sœur.

Darcy, qui se demanda si son interlocutrice avait accepté cette rencontre plus par politesse que par simple plaisir, organisa donc le rendez-vous pour le lendemain.

— Je ne crains de ne devoir casser cette jolie ambiance ! s'exclama Bingley un moment après, en se levant. Je me dois de m'en aller afin de faire préparer le domaine pour accueillir Miss Bennet demain !

— Mr Bingley, ne vous dérangez surtout pas trop pour moi, dit Jane en rosissant.

— Ne dites pas cela. Pour votre première venue en tant que ma fiancée, je veux que tout soit impeccable. Darcy, vous venez ?

Mrs Bennet, Jane et Elizabeth se levèrent à leur tour pour raccompagner les deux gentlemen à la sortie.

— Lizzie, j'espère que vous n'avez pas oublié de remercier Mr Darcy. S'il n'avait pas été là pour vous sauver à temps, peut-être en ce moment même, vous ne seriez plus de ce monde, glissa Mme Bennet.

— En effet, bien sûr...

— Miss Elizabeth, ce n'est vraiment pas la peine de me remercier...

— Comment cela « ce n'est vraiment pas la peine » ! le coupa Mme Bennet. Oh ! Mr Darcy, vous êtes trop humble !

La mère d'Elizabeth était toujours autant douée pour rendre une situation embarrassante encore plus gênante qu'elle ne l'était déjà. Sa fille était partagée entre la perplexité, l'amusement et l'incrédulité. Il n'y avait pas si longtemps, sa mère avait trouvé que Mr Darcy était l'homme le plus orgueilleux qui n'ait jamais existé, et maintenant, elle le trouvait trop humble. Était-ce le monde à l'envers ?

Ils arrivèrent au couloir attenant à la porte de sortie tandis que Mrs Bennet, au grand soulagement de sa fille, disparut dans le bureau de son mari qui se trouvait à gauche. Elle allait probablement lui annoncer le grand souper qu'elle prévoyait d'organiser.

— Mr Darcy, quoi qu'il y avait pu se passer, d'une façon ou d'une autre, vous m'avez sauvée la vie et je vous en suis reconnaissante, dit Elizabeth.

— Mais je vous en prie, souffla-t-il tendrement. Vous savez que pour une femme comme vous, je ferai tout…

Aussitôt, un ange passa dans la bibliothèque dont la porte était légèrement entrebâillée, et d'où Mr et Mrs Bennet étaient sur le point de sortir. Ils s'interrompirent brusquement dans leurs activités du moment et écarquillèrent les yeux, choqués par ce qu'ils venaient d'entendre. Mrs Bennet resta plantée sur place. Mr Bennet fronça les sourcils comme jamais et retourna s'asseoir à son bureau, bien décidé à ne pas interrompre cet échange fascinant entre les deux jeunes gens.

Jane considéra Mr Darcy avec un étonnement bienveillant. Personne ne devina le tressaillement qu'Elizabeth ressentit au fond d'elle, en contradiction avec l'attitude faussement sereine qu'elle adoptait de l'extérieur.

— Cela s'entend. Quel genre d'être humain monstrueux ne viendrait pas secourir une demoiselle en danger sous ses yeux ? retentit la voix amusée de Bingley, en tapotant amicalement l'épaule de son ami. Bingley était apparemment la seule personne de l'assistance qui ne trouvait pas anormal que Mr Darcy sache dire des paroles avenantes de temps en temps.

Mr Bingley prit la main de sa fiancée pour y déposer un baiser avant de quitter les lieux avec son compagnon. Jane resta appuyée à l'embrasure de la porte le temps à le regarder s'éloigner.

— Vous avez entendu ce qu'il a dit ? Mais je croyais qu'il la trouvait tout juste passable ! s'exclama Mrs Bennet à haute voix plus pour elle-même que pour son mari, en se rapprochant de ce dernier.

Au moment où Mrs Bennet avait parlé, Elizabeth venait justement d'entrer dans la pièce et ne manqua pas d'entendre les propos de sa mère.

— Merci de me l'avoir rappelé chère mère, intervint-t-elle sarcastiquement.

Elle prit l'ouvrage qu'elle cherchait avant de quitter la pièce pour monter dans sa chambre, quelque peu vexée.

— Voulez-vous dire Mrs Bennet, que les personnes qui ont eu « le malheur d'être nées pas assez belles au goût de Mr Darcy » ne mériteraient pas d'être sauvées des dangers de l'orage ? reprit Mr Bennet avec une once d'amusement dans la voix.

— Je sais ce que j'ai entendu.

Et ce que j'ai vu… ajouta-t-elle mystérieusement, en sortant du bureau à son tour, laissant Mr Bennet plongé dans ses pensées. Derrière son air badin, il n'était pas moins intrigué par l'inhabituel comportement de Mr Darcy.

Ce fut aussi le cas pour Elizabeth lorsqu'elle y repensa la nuit venue dans son lit. Il était vraisemblablement devenu plus avenant. La seule réticence qu'elle éprouvait à la perspective du rendez-vous avec Georgiana le lendemain était la présence de Mr Darcy lui- même. Elle se demandait comment elle pourrait survivre à une rencontre avec lui si le moindre regard, le moindre sourire, la moindre parole et de marque d'attention de la part du jeune homme arrivaient à la troubler profondément ainsi.

Mais ses craintes s'avèrent être infondées le jour suivant lorsque, avec Jane, elle arriva à Netherfield Park. Georgiana lui apprit que son frère était parti pour Londres, afin d'assister au mariage d'une de ses connaissances le surlendemain.

Pas moins de trente minutes de discussion autour d'un bon thé s'écoulèrent pour Georgiana et Lizzie lorsque cette dernière exprima son regret de devoir partir.

— J'avais failli manqué que c'est aujourd'hui que moi et mes jeunes sœurs étaient prévues d'aller chez notre modiste pour faire coudre de nouvelles robes à porter pour le mariage de Jane. Heureusement que ma mère me l'a rappelé ce matin en me voyant partir, sinon j'ai failli complètement oublié. J'ai fait en sorte de m'arranger pour ne pas faillir à mes engagements envers vous. Mais j'ai bien peur d'être obligée de prendre congé maintenant. J'aurai bien reporté ces projets de chiffon si les jours prochains n'étaient pas fériés. Je crains de ne pas être prête à temps si je reporte mon rendez-vous la semaine prochaine.

— Ne vous en faites pas, mademoiselle. Je comprends parfaitement.

— C'est dommage. Nous avons à peine échangé quelques phrases.

— Vous allez donc à Meryton ? Pour ma part, je n'ai pas encore eu l'occasion d'y aller depuis mon arrivée.

— Dans ce cas, pourquoi ne pas venir m'accompagner ? Ce sera une occasion pour vous de voir la ville.

— Je n'en suis pas sûre, hésita Georgiana. Je ne voudrais pas déranger…

— Vous ne dérangez aucunement. Ce ne sera pas long et je pourrais vous faire visiter la ville si vous le souhaitez. Bien sûr, elle est loin d'égaler Londres mais elle reste néanmoins une ville agréable.

Georgiana finit par accepter et quinze minutes plus tard, accompagnées de Mrs Annesley, les deux jeunes femmes prirent la voiture des Bennet pour partir à Meryton.

Arrivées chez Mrs White, la modiste, Elizabeth effectua sa commande de robes avant que la femme lui prit ses mesures.

Quand ce fut fini, Elizabeth et Georgiana, suivies de Mrs Annesley firent la marche dans le village. Elizabeth montra à sa jeune compagne certains endroits, dont la salle de bal de Meryton et la maison de sa tante Phillips. Pas moins de vingt minutes s'écoulèrent lorsqu'elles se décidèrent à rejoindre enfin le lieu où la voiture était garée pour retourner au domaine.

En chemin, elles passèrent par la boutique de Mr Barton qui était de l'autre côté de la rue. C'était l'endroit où les sœurs Bennet avaient l'habitude de s'acheter des rubans. Elizabeth exprima son souhait de vouloir en profiter pour y faire un saut afin de s'octroyer quelques-uns.

Elles s'apprêtèrent à traverser lorsqu'Elizabeth sentit Georgiana s'arrêter brusquement et se raidir, les yeux écarquillés et fixés à un point précis de l'autre côté. C'était avec une horreur indescriptible qu'Elizabeth, à son tour, reconnut la personne à l'origine de ce changement de la part de la jeune fille. Juste en face d'elles, un homme familier était debout non loin de l'entrée de la boutique et regardait vers leur direction. Elizabeth, l'espace d'un instant, avait l'impression d'avoir cerné de l'aigreur dans les yeux de l'homme, avant qu'ils ne reprennent leur état impassible. Georgiana et Elizabeth l'avaient toutes les deux reconnues à l'instant : Georges Wickham.


(J'espère que ce chapitre ne contient pas des passages trop à l'eau de rose x) )

Quelles seraient les réactions de Georgiana et Lizzie face à cette rencontre des plus malencontreuses selon vous ?