Chapitre 16 : Le Prisonnier

En l'absence des membres du Désespoir Ultime, la prison n'était pas aussi lugubre. Accompagné d'un unique garde robotique, Naegi approcha de nouveau le prisonnier qui lui avait adressé la parole un peu plus tôt. Il ne pouvait pas distinguer beaucoup de détails dans la pénombre. La lueur du feu se promenait sur le visage de l'homme, dansant autour de sa peau flasque et s'attardant au-dessus de ses yeux caves. S'ils étaient nourris, ce n'était pas régulièrement. Le prisonnier n'avait pas bougé depuis la dernière fois que Naegi l'avait vu ; sa main pendait toujours hors de la cellule.

« Hé », dit Naegi à mi-voix. Il déglutit, la gorge sèche.

La tête du prisonnier roula sur son cou. « Où... tu es seul ?

-Ouais. Je pense qu'ils se fichent de ce que je fais du moment que je n'essaie pas de partir. » Il s'assit en tailleur juste au-delà de la portée du prisonnier. L'ours robot demeurait debout, ses yeux fixés sur lui. C'était à donner la chair de poule, mais dès que la sueur menaçait de recouvrir ses paumes, il se rappelait la vue pitoyable du Monokuma en train de lutter pour se redresser après avoir été renversé par Soda.

« Même s'ils s'en fichent, ils t'ont quand même capturé, dit le prisonnier. Pourquoi ? Qu'est-ce qu'ils vont te faire ?

-J'aimerais le savoir. Comment vous appelez-vous ?

-Iwata Torio. »

Dans une conversation normale, ce serait le moment d'échanger des civilités. Mais ce serait un mensonge grossier de dire quelque chose comme « Ravi de vous rencontrer » quand, dans ces circonstances, il aurait été préférable qu'ils ne se soient pas rencontrés du tout. Toutes les réponses aimables ou réconfortantes qui lui venaient en tête seraient équivalentes à des railleries. Ils avaient à peine des choses en commun. Ils étaient peut-être tous deux prisonniers, mais Naegi restait dans une chambre chauffée et meublée tout en étant gavé de repas et Iwata était coincé dans une cellule crasseuse.

Au final, il ne trouva qu'une seule chose à dire.

« Je suis désolé.

-Je connaissais les risques, dit Iwata. Je regrette seulement de ne pas avoir pu te sauver. »

Naegi détourna le regard. « Vous n'auriez pas dû... Pourquoi ? Pourquoi moi ? »

Il y eut un bruissement dans les cellules environnantes. Iwata tendit sa main maigre à travers les barreaux et serra celle de Naegi. Sa voix trembla quand il parla, mais ses mots étaient animés d'une force que Naegi ne comprit pas.

« Tu as été à l'extérieur. Tu as vu le monde. Maintenant, imagine ça partout. Chaque cité, ville, village... tous comme ça. » La voix d'Iwata se fit distante. « Pendant des mois, c'était tout ce que nous voyions. La destruction aussi loin que porte le regard. Un monde de ténèbres et de désespoir, avec rien à attendre à part une mort insignifiante. Puis, le Killing Game a commencé. Le Désespoir Ultime a installé des télévisions partout pour s'assurer que tout le monde regarde. C'était censé être leur coup de grâce, le coup final qui éliminerait toute chance que le monde se relève.

« Mais tu étais là. Tu as refusé de succomber au désespoir. Et quand le désespoir n'a pas pu te consumer, il y eut de l'espoir à nouveau. Ton don au monde... tu nous a donné une chance pour un futur. C'est pour cela que j'ai risqué ma vie pour te sauver. Je le referais sans hésitation.

-Tout le monde passe son temps à dire que je suis spécial, mais c'est faux. Je suis juste quelqu'un d'ordinaire », dit Naegi. La frustration l'envahit, mais il ne comprit pas vraiment ce qui le contrariait.

« Tu es l'Espoir Ultime, Naegi-kun. » Pour la première fois, il y avait une lueur dans les yeux d'Iwata.

Devrait-il se sentir flatté ? Peut-être, mais ce n'était pas le cas. Parce que c'était là le problème. Apparemment, deux mots, deux mots lâchés dans l'émotion d'un moment intense (du moins pensait-il qu'il l'était), maintenant le définissaient. Il n'était plus Naegi Makoto, mais l'Espoir Ultime et... ce n'était pas qui il était. Rien n'avait changé en lui. Il était toujours la même personne. Et pourtant, soudainement, les gens insistaient pour le kidnapper et risquer leur vie pour lui et... ce n'était pas normal.

« La Fondation du Futur, dit brusquement Iwata. C'est le nom de l'organisation qui m'a envoyé. Si tu t'échappes d'ici, cherche-les. Ils te protégeront.

-Merci, dit Naegi. Est-ce qu'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour vous ? »

Iwata secoua la tête. Sa main se rétracta dans la cellule ; l'air froid embrassa l'endroit où elle avait été.

« Survis, lui dit Iwata. Juste... survis. »

Cette réponse le perturba. Il se recula et regarda autour de lui. Mais à part les autres prisonniers, la seule chose présente était le robot, qui le regardait en silence. Il paraissait inoffensif mais il savait qu'ils l'espionnaient pour le compte de Kamukura. Il ne pouvait s'attendre à ce que le reste du Désespoir n'en fasse pas de même. Est-ce que ça les dérangerait qu'il soit là à fraterniser avec les prisonniers ? Il l'ignorait. Et si c'était le cas, ce ne serait probablement pas lui qui en payerait le prix.

« Quand est-ce qu'ils vous ont eu ? » demanda Naegi. C'était une question cruelle. Naegi lui-même n'aimait pas se demander depuis combien de temps durait sa captivité. Mais il ne put s'en empêcher. Si Iwata avait été capturé après son enlèvement, alors peut-être avait-il des informations sur ses amis.

« Deux semaines après ta victoire », dit Iwata.

Oh. Alors il ne savait rien. Naegi hocha la tête, puis se leva. Il s'attarda sur place, ne sachant que dire.

« Je vais vous faire sortir d'ici, déclara-t-il finalement. Je ne sais pas vraiment comment, mais je vais trouver quelque chose.

-Non. Contente-toi de t'échapper, toi », dit Iwata.

Cela n'arriverait pas. Il ne serait pas un vrai Espoir Ultime s'il ignorait leur détresse. Mais il décida de ne pas le dire à haute voix.

« Allez viens, dit-il au robot en quittant la prison, il y a une autre raison pour laquelle je suis venu ici. »

Deux ou trois courts trajets plus tard, Naegi avait un crayon et du papier dans une main et un casque Monokuma coincé sous l'autre. Komaeda avait été suffisamment secoué par le dernier incident pour ordonner aux Monokumas d'immédiatement lui retirer le casque s'ils repéraient Naegi en train de le porter. Et c'était exactement ce sur quoi il comptait.

Une fois qu'il eut déniché un couloir désert, Naegi posa les papiers et le crayon à ses pieds et jeta un coup d'œil au robot qui le suivait. Ce dernier le regardait, sa bouche figée en ce sourire sinistre.

« C'est parti », murmura-t-il.

Il enfila le casque.

Cette fois, il s'attendait au choc et en dépit de sa volonté, son esprit tenta quand même de résister. Cela ne fit que renforcer le flux qui le traversait, devenant plus tranchant alors qu'il perçait ses défenses et creusait à travers...

« Utilisation interdite du casque ! »

Et l'électricité disparut. Le Monokuma dut se dresser sur la pointe des pieds pour l'atteindre, mais il arracha tout de même le casque. Naegi grimaça. Ça … ça n'avait pas été agréable. Les yeux clos, il se repassa toutes les informations...

Ah. Il ne l'avait pas porté assez longtemps.

Il se tourna vers le Monokuma. « Reste là. »

Il descendit le couloir. Tant que l'ours pouvait le voir et ainsi respecter l'ordre de le surveiller, il devrait obéir à son injonction. Quand il se fut éloigné autant que possible, il enfila à nouveau le casque.

C'était mieux. Cette fois, quand le casque fut retiré, la connaissance qui lui avait été accordée pulsait toujours dans l'esprit de Naegi. Une carte en deux dimensions gravée de lignes argentées brillait derrière ses paupières. Son propre emplacement y palpitait comme un point sur un radar. Avant que l'image ne s'efface, il attrapa le papier et dessina tout ce qu'il pouvait. Quand il eut terminé, il le plaqua contre le mur, se recula et admira son travail.

« C'est bon pour ce secteur », dit-il à haute voix. La carte qui s'était gravée au fer rouge dans son esprit avait été centrée autour de sa position actuelle, c'était donc ce qu'il avait dessiné.

Il fit un signe de tête au Monokuma. « Continuons. »

Le robot n'avait peut-être pas été programmé pour répondre correctement, mais ça l'enjouait de prétendre qu'il avait quelqu'un à qui parler. Comme personne ne s'était pointé pour l'arrêter, il était pratiquement sûr que personne à part Kamukura ne les utilisait pour l'espionner. Et Kamukura se fichait probablement de ce qu'il faisait. Il se dirigea vers un coude du couloir...

Le Monokuma sauta devant lui. « Zone interdite ! »

« Une zone rouge, hein ? » dit Naegi alors que le Monokuma battait furieusement des pattes. Il l'inscrivit sur sa carte. Selon Kuzuryu, les zones rouges étaient des zones qui seraient envahies en premier – en d'autres termes, des zones qui devaient mener vers l'extérieur. C'était sans aucun doute quelque chose dont il devait se souvenir.

Il poursuivit sa route. Le Monokuma avançait en se dandinant derrière lui, s'arrêtant en même temps que lui, vacillant quand il le faisait rapidement. À un moment, il commença à danser et Naegi ne put absolument pas en deviner la raison.

Ouaip. Enoshima l'avait complètement conçu.

Dans l'ensemble, cela se déroula plus souplement que ce à quoi il s'était attendu. Surtout en considérant sa chance. Il laissa le Monokuma porter le casque ; la vue du robot transportant ce qui ressemblait à la tête décapitée d'un de ses pairs était assez comique. Secteur par secteur, sa carte s'élargit. Après la quatrième tentative, il se sentait affreusement fier de lui.

Si bien que naturellement, ce fut alors que sa malchance dut pointer sa tête.

… Ou peut-être pas. Il y avait des destins bien, bien pires qu'avoir son casque retiré pour voir Kamukura à l'autre bout du couloir.

« Hum, salut, dit Naegi, ses mains toujours dans la même position que lorsqu'il avait enfilé le casque. Depuis quand tu regardes ?

-Depuis la dernière fois », dit Kamukura.

Oh. Naegi n'avait pas remarqué que Kamukura le filait. En y pensant, ce n'était pas si surprenant ou embarrassant. Kamukura avait probablement un Espion Ultime ou Chasseur Ultime ou Creepy Stalker Ultime mixés en lui.

« Pourquoi le remets-tu ? demanda Kamukura. Tu as vu la carte.

-Oui, mais ce n'est pas comme si je pouvais bien m'en souvenir.

-Tu ne pourrais pas ?

-Hé bien non. » Naegi dévisagea longuement Kamukura. « La plupart des gens ne peuvent pas. »

Sa réponse sembla déconcerter Kamukura. C'était probablement difficile pour un génie comme lui de comprendre les capacités limitées des gens normaux. Comme Kamukura ne paraissait pas vouloir ajouter quelque chose, Naegi retourna à sa carte et réfléchit à la prochaine partie qu'il voulait esquisser...

Et il se la fit habilement ôter des mains par Kamukura. Naegi ne prit même pas la peine de se demander comment Kamukura l'avait rejoint aussi rapidement.

Kamukura tendit sa main. « Donne-moi le crayon. »

Naegi obéit. Kamukura plaqua le papier contre le mur et se mit au travail dans une rafale de lignes et de courbes. Il bougeait si rapidement qu'il était impossible de suivre sa main des yeux. Le dessin sembla se former d'un coup, comme une image apparaissant lentement.

Il inclina la main vers Naegi. Ce dernier reprit le papier et le crayon.

« Ma carte, murmura-t-il, tu l'as terminée. Je... pourquoi ?

-La répétition est très ennuyeuse. Tu aurais obtenu le même résultat », dit Kamukura d'un ton monotone. Maintenant que Naegi regardait de plus près, il remarquait que Kamukura avait même imité ses propres compétences artistiques médiocres.

« Merci. »

Kamukura le considéra d'un air froid et inexpressif. Naegi n'en fut pas du tout dérangé. C'était apparemment l'expression par défaut de Kamukura, comme le masque stoïque de Kirigiri ou le rictus méprisant de Togami. Cela ne signifiait pas que Kamukura était en fait en colère contre lui.

Kamukura inclina légèrement la tête de côté. « Pour des gens ordinaires, combien de fois faudrait-il regarder cette carte pour la mémoriser ? »

Naegi haussa les épaules, la parcourant lui-même du regard. « Je ne pense pas qu'ils puissent y arriver, honnêtement. »

Kamukura sembla réfléchir à sa réponse. Puis il s'éloigna soudainement, laissant Naegi au milieu d'une question.

Naegi n'avait toujours pas refermé la bouche quand le Yakuza Ultime et sa garde du corps tombèrent sur lui. Heureusement, il avait eu le bon sens de fourrer la carte dans la capuche de son sweat dès qu'il avait entendu les bruits de pas qui s'approchaient. Kuzuryu parut légèrement pris de court en le voyant traîner dans le couloir. Mais très vite, les lèvres du Yakuza se retroussèrent en un sourire suffisant, contraste frappant avec Pekoyama qui s'était légèrement renfrognée.

« Hé, Naegi. » Kuzuryu se dirigea vers lui d'un pas altier. Il avait une démarche rappelant quelqu'un de presque deux mètres de haut. « T'es occupé ?

-Non », dit Naegi d'un ton incertain.

Le sourire de Kuzuryu s'agrandit. « Tu peux venir avec nous, alors.

-Euh, je... »

Il recula. Tout droit dans Pekoyama qui s'était silencieusement placée derrière lui. Elle l'attrapa sous le bras et l'entraîna à la suite de son maître. Le poids de Naegi ne ralentissait même pas son allure.

Il n'en était pas sûr à cent pour cent, mais il semblait qu'ils l'avaient traîné dans la chambre de Kuzuryu. Bien qu'elle ait le même design Hope's Peakien général que les deux autres chambres qu'il avait vues, celle-ci était d'un style moderne, noire et blanche. L'édredon était beaucoup plus épais que les deux autres – on aurait presque dit qu'on pouvait suffoquer dessous. A la place d'un bureau, une table de verre occupait le centre de cette chambre. D'un côté de la table était placé un fauteuil noir imposant. De l'autre côté se trouvait un canapé plus bas, de couleur similaire. Kuzuryu retira la veste de son costume et s'assit dans le fauteuil, croisant une jambe sur l'autre. Pekoyama poussa Naegi dans le canapé, puis alla se placer aux côtés de Kuzuryu.

« Euh, tu ne t'assieds pas ? » lui demanda Naegi.

Kuzuryu gloussa. « Comme une égale ? Elle est bonne celle-là, Naegi ! Peko, qu'est-ce que tu réponds ?

-Je n'ai pas mérité le droit de m'asseoir », dit-elle machinalement. Son expression maussade ne tressaillit même pas.

« Brave fille. »

Naegi serra les poings. « Pourquoi tu la traites comme ça ?

-Parce que c'est comme ça qu'elle mérite d'être traitée, siffla Kuzuryu. Elle n'est qu'un outil à utiliser comme bon me semble. Elle peut s'estimer chanceuse que je lui ai au moins donné un nom ! »

Une lueur sinistre dansait dans les yeux du Yakuza. Il l'avait déjà vue, non ? Oui, chez Soda après qu'il avait regardé Naegi détruire son robot ; chez Tsumiki après qu'elle avait juré auprès de l'Enoshima digitale de prendre soin de lui. Même chez Enoshima elle-même quand elle s'était préparée à appuyer sur le bouton qui allait la conduire à la mort. Oui... c'était le désespoir.

« T'as soif ? » Kuzuryu claqua des doigts et un Monokuma qui avait passé inaperçu jusqu'à présent (et qui portait un smoking) sortit du coin de la pièce et salua.

« … Non merci. »

Kuzuryu ordonna au robot de lui apporter du thé, puis reporta son attention sur Naegi. Ses doigts s'entrelacèrent sur son genou relevé. Il se pencha légèrement en avant, adoptant une pose rappelant un rapace. Il avait vraiment l'air du chef des Yakuza à cet instant.

« Écoute, je sais que nous avons pris un mauvais départ, dit Kuzuryu, mais tu ne peux pas me le reprocher. Comment j'étais censé savoir que tu avais un lien familial tordu avec elle ? » (Naegi se mordit la langue ; la dernière chose qu'il voulait était retirer la raison de Kuzuryu de ne pas lui faire de mal) « Ça ne va pas se reproduire, d'accord ? Parole d'honneur de Yakuza.

-Est-ce que l'honneur d'un Yakuza vaut vraiment quelque chose ? » Cela lui échappa avant qu'il ait pu se retenir.

Kuzuryu le fusilla du regard. De la vapeur semblait fumer de son visage...

Et il éclata de rire.

« Ok, tu m'as eu ! » Kuzuryu rit encore une fois et essuya des larmes inexistantes. « Ça avait de la valeur. Plus maintenant. Je vais reformuler : promesse entre membres du Désespoir, cela ne se reproduira plus.

-Je ne fais pas partie du Désespoir. » Encore une fois, c'était stupide de le dire, mais c'était aussi quelque chose que Naegi ne pouvait pas ne pas corriger.

Kuzuryu serra la mâchoire.

« Je croyais qu'on pourrait enfin avoir notre première conversation amicale », dit Kuzuryu. Il avait maintenant une main posée sur le menton. Son autre main reposait sur l'accoudoir, les doigts pianotant sur le cuir. « La Détective a déteint sur toi ou quoi ?

-Hein ?

-Kirigiri. Elle me détestait avant même de me rencontrer.

-Non, dit Naegi. C'est juste que je ne suis pas l'un d'entre vous...

-Ok, ça suffit. Arrête ces conneries. On repart à zéro maintenant. Je suis Kuzuryu Fuyuhiko, Yakuza Ultime. » Il tendit la main. Naegi la fixa avant d'accepter la poignée de main.

« Je m'appelle Naegi Makoto, Ultime... » Il hésita. « …. Espoir ? »

Quand il récupéra sa main, il voulut offrir une poignée de main à Pekoyama. Fuyuhiko et elle le dévisagèrent d'un drôle d'air.

« C'est Pekoyama, dit Fuyuhiko, mais tu peux l'appeler comme t'as envie. »

Naegi ouvrit la bouche pour dire bonjour, mais la referma quand Pekoyama lui retourna un regard sévère.

« J'existe pour servir le Jeune Maître, dit Pekoyama. Lui seul.

-Tu serviras Naegi si je te le dis », dit Kuzuryu.

Pekoyama courba la tête. « Bien sûr, Maître. »

Ayant suffisamment intimidé sa subalterne, Kuzuryu reporta son attention sur Naegi. « Alors, et si tu me parlais de toi ? Je ne te prêtais pas vraiment attention quand on était à l'école.

-Euh, il n'y a pas grand-chose à dire. Je suis plutôt normal en général, sauf que je suis très optimiste. C'est pour ça que tout le monde m'appelle l'Espoir Ultime. Il n'y a vraiment rien de spécial chez moi », termina-t-il avec maladresse.

Kuzuryu l'étudia pendant une bonne dizaine de secondes.

« Bon alors, qu'est-ce que tu faisais pour t'amuser ? demanda Kuzuryu. Je peux te trouver tout ce que tu veux, tu sais.

-Je, euh, je traînais surtout avec mes amis. Je jouais à des jeux vidéo, aussi. Je ne me souviens pas de ma vie à Hope's Peak, mais c'était sans doute la même chose.

-Arrête un peu de faire le garçon modèle, d'accord ? rétorqua Kuzuryu. Je suis le Yakuza Ultime. Il n'y a rien que tu puisses avoir fait que je n'ai jamais vu. Alors parle-moi de ces fêtes sauvages et petits délits.

-Mais il n'y a rien à dire, pourtant. Je n'étais pas un criminel. Je ne pense pas. Et je n'allais pas à ce genre de fêtes au collège. Peut-être au lycée, mais je ne peux pas m'en souvenir. »

Kuzuryu était silencieux, attendant une réponse que Naegi n'avait pas.

« Putain, c'est chiant, dit-il finalement. La plupart des Ultimes ont quelque chose à partager d'ici là. Pas étonnant qu'Enoshima-san t'ait choisi. Elle a dû penser que ce serait un défi de créer quelque chose à partir de rien. Ou peut-être qu'elle t'a juste choisi parce que tu étais une page blanche. »

Naegi fixa le sol sans rien dire.

Kuzuryu inclina la tête de côté. « Tu me parles plus ? C'est l'heure de ta sieste ou quoi ? Qu'importe. J'suppose qu'on en a terminé pour l'instant. Viens me voir si tu as besoin de quelque chose, quand même. Je peux te trouver n'importe quoi sans t'en faire voir de toutes les couleurs comme Komaeda. Peko, ramène-le à sa chambre.

-Oui, Jeune Maître. »