Ah ce chapitre... Avertissement : un peu de torture. Bon, ça ne va pas trop loin, mais je préfère l'indiquer.

Partie 3 : Le couperet tombe

Chapitre 22 : Le Yakuza

La lumière s'alluma. Immédiatement, Pekoyama et son épée ensanglantée apparurent à la vue de tous. Elle se mouvait machinalement, laissant traîner le bout de son épée alors qu'elle prenait la place qui était la sienne aux côtés de Kuzuryu. Elle avait laissé derrière elle trois captifs, tous les trois menottés et enchaînés au sol. Kuzuryu les observait, la tête inclinée d'un air presque intrigué et les doigts entrelacés. Le Yakuza était assis à un bureau de bois de belle facture qui semblait trop grand pour lui. Pekoyama inclina la tête en signe de respect pour son maître, puis parut se fondre dans le décor.

Kuzuryu examina négligemment sa chemise. « Ça ne va pas être une mince affaire d'enlever le sang de ces vêtements. Heureusement pour vous, enfoirés, je suis du genre accommodant et je suis prêt à laisser passer ce désagrément. »

Les trois prisonniers restèrent silencieux. Leurs regard emplis de haine en disaient long.

Kuzuryu eut un petit rire et se pencha par-dessus le bureau. « Mais on s'en fiche de mes problèmes, là maintenant. On est ici pour parler de vous. Ecoutez, nous savons déjà que vous appartenez à la Fondation du Futur. Nous savons que vous vouliez éliminer Naegi Makoto. Alors vous voyez, on sait déjà tout ce qu'on a besoin de savoir. Tout ce qu'on vous demande en plus est juste par pure curiosité. Vous êtes vraiment prêts à endurer tout ça juste pour quelques réponses qui ne changeront rien ? »

Encore une fois, il n'y eut aucune réponse. Mais Kuzuryu semblait s'y être attendu, car son rictus s'agrandit. Il claqua des doigts et l'unique porte de la pièce s'ouvrit. Soda entra, un casque Monokuma sous chaque bras. Kuzuryu tapota le bureau et Soda y plaça l'un des deux casques.

« Celle du milieu, dit le Yakuza. Voyons ce qu'elle a à dire. »

Avec des chaînes au cou et autour de ses membres, la captive ne put pas faire grand-chose pour résister. Soda n'eut aucun mal à lui enfoncer le casque sur la tête. Il y eut un bruit sec, comme une étincelle, puis les deux yeux rouges du visage de l'ours s'illuminèrent.

« Alors, Personne Dont Je Me Fiche Complètement, quelle était ta mission ?

-Notre objectif principal était de récupérer Naegi Makoto et de le ramener à la Fondation du Futur », dit immédiatement la femme. Ses deux partenaires la fixèrent avec sidération, écarquillant les yeux quand elle continua. « Cependant, si notre mission venait à échouer, alors nous devions l'éliminer pour empêcher son exploitation par le Désespoir Ultime. »

Kuzuryu se renfonça dans son fauteuil et laissa planer ces mots pendant un moment.

« Vous voyez ? dit-il ensuite. Votre entêtement n'a aucune importance. Nous pouvons obtenir toutes les infos dont nous avons besoin. La seule raison pour laquelle je vous offre un choix c'est parce que je suis d'humeur généreuse. Alors qu'est-ce que ce sera : vous allez coopérer ou pas ? »

Les deux captifs restants échangèrent un regard. Ils n'acquiescèrent pas mais ils ne refusèrent pas non plus.

« Bonne décision. Peko ? »

Pekoyama s'avança à grands pas et arracha le casque de la tête de la femme. Alors qu'elle reprenait ses esprits, elle tressaillit violemment et blêmit.

Alors que Pekoyama plaçait le second casque sur le bureau à côté du premier, Kuzuryu reprit la parole : « Vous avez de la chance, bande d'enfoirés, que je ne lui ai pas ordonné de vous trucider. Vous voyez, ce que votre amie vient de dire ? Ça me dérange. Peut-être que vous n'avez pas vu de dictionnaire depuis longtemps, mais ramener quelque chose sous-entend que c'était à vous avant. Mettons ça au clair. Il n'est pas à vous. Il n'a jamais appartenu et n'appartiendra jamais à la Fondation du Futur. Alors je ne veux plus entendre de conneries comme quoi on vous l'aurait volé ou je vais me mettre en colère. »

Il parut toucher une corde sensible. Le captif de droite s'agita, levant le menton. « Le Désespoir Ultime ne... »

Un coup de feu retentit dans la pièce.

Les dents serrées pour s'empêcher de hurler, le captif se tut. Du sang coulait d'une longue entaille sur le côté de la tête. La balle était passée assez prêt pour faire souffrir, assez prêt pour brûler, mais pas assez pour tuer.

Kuzuryu posa sur le bureau le pistolet qu'il avait dissimulé jusqu'à présent. « On devrait sans doute arrêter de parler dans le dos du gamin. Peko, amène l'invité d'honneur. »

Pekoyama quitta la pièce. Elle ne partit que quelques secondes. Quand elle revint, la petite silhouette brune de Naegi Makoto se traînait derrière elle. Komaeda et Tsumiki, le tenant tous deux par le bras, le flanquaient de chaque côté. Quelqu'un ignorant l'étrange relation qui les unissait aurait facilement cru que Naegi était dans la même situation que les trois captifs.

Sur un signe de tête de Kuzuryu, Pekoyama se retira au fond de la pièce et attrapa une chaise. Elle la plaça juste derrière Naegi et la garda immobile quand Komaeda le poussa dedans. Il prit ensuite la place de Pekoyama derrière Naegi. Tsumiki demeura à ses côtés.

« Qu... qu'est-ce qui se passe ? demanda Naegi. Qu'est-ce que vous leur faites ? »

Personne ne lui répondit.

« Naegi. » Le sourire de Kuzuryu aurait été à sa place sur un clown maléfique. « Bienvenue parmi nous. Tu connais ces enfoirés ?

-N... non », bégaya Naegi, figé sur place alors qu'il essayait de donner du sens aux chaînes, aux captifs et au sol imbibé de sang. Il ne pouvait pas dire combien en était frais. Tant de sang avait coulé ici et irréversiblement teint le bois.

« Non ? Aucune raison pour laquelle ces gars pourraient avoir une dent contre toi ? » Quand Naegi secoua la tête, Kuzuryu se tourna vers les prisonniers. « Donc vous avez essayé de tuer un gamin que vous ne connaissez même pas. C'est cruel, putain. »

La rage se grava sur le visage de deux des captifs. La femme prit la parole, presque en crachant. « Vous pouvez parler. »

Kuzuryu arma son pistolet.

Quelque chose hurlait dans sa tête. Naegi tenta immédiatement de se lever et de se précipiter entre les captifs et le pistolet, mais Komaeda le tenait fermement par les épaules et ne lâchait pas prise. Il essaya quand même, ses jambes agitées d'un mouvement convulsif comme s'il était en train de courir.

La femme hésita, puis déglutit perceptiblement et s'adressa ensuite directement à Naegi : « Ce sont des monstres. Ils ne connaissent pas la pitié. Ils... »

Pekoyama fut extraordinairement rapide. Dans un autre contexte, Naegi en aurait été impressionné. Mais ici, ses entrailles se tordirent alors qu'elle rejoignait sa cible et abattait son arme sur le dos de la femme. Ce n'était pas son épée que Pekoyama maniait cette fois, mais un chat à neuf queues et ils purent entendre se déchirer la peau du dos de la femme.

La femme ne parlait plus. Elle respirait avec difficulté, des sanglots distinctement cachés derrière ses halètements. Naegi la fixa. Ses mains tremblaient. Est-ce qu'il sentait vraiment l'odeur de sang depuis son siège ou était-ce juste son imagination ?

Kuzuryu se contenta de froncer les sourcils. « Peko, je crois qu'elle a pas tout ressenti. Fais en sorte que si. »

Pekoyama se pencha et déchira le dos de la chemise de la femme en son milieu. Sa peau meurtrie et ensanglantée se retrouva exposée au monde et à un autre coup cinglant du chat à neuf queues.

« Arrêtez ! » cria Naegi. Le bruit d'éclaboussure du chat à neuf queues s'abattant dans le sang résonnait dans sa tête. « Ne lui faites plus de mal ! Je... Ce n'est pas ce que je veux ! Je leur pardonne ! Je me fiche qu'ils ont essayé de me tuer. Je ne suis pas en colère, alors s'il vous plaît arrêtez. Arrêtez ! »

Kuzuryu lui lança un regard indéchiffrable.

« Nous ne pouvons pas les laisser essayer d'assassiner des gens. On laisse ceux-là s'en aller, et la prochaine fois, le bâtiment entier grouillera des sbires de la Fondation du Futur. On doit faire un exemple avec eux, dit le Yakuza.

-Non ! » s'écria Naegi. Une nuée de mots bouillonnait dans sa gorge, cascadant et s'entrechoquant. « Ça ne sert à rien. La Fondation du Futur n'est pas en train de regarder, alors vous ne faites même pas un exemple. C'est juste... c'est juste de la torture ! »

Mais Kuzuryu se contenta de rire.

« On va leur envoyer les corps, Naegi. Ils comprendront bien assez. » Cependant, Kuzuryu fit signe à Pekoyama qui revint à ses côtés.

Son visage était constellé de gouttes de sang.

Le duo sinistre de Pekoyama et de son Maître avait capté toute son attention. Il ne se souvenait même pas de la présence de Tsumiki jusqu'à ce qu'elle se penche vers lui et lui murmure à l'oreille.

« Tu n'as pas à être gêné, Makoto, dit l'Infirmière. Nous savons tous ce que tu ressens. »

Il dut se forcer à détourner le regard. « Alors pourquoi vous les laissez faire ? »

Tsumiki le regardait en souriant et Naegi commença à s'alarmer parce que ce n'était pas l'expression appropriée si elle parlait sérieusement.

« C'est parfaitement naturel, Makoto, murmura-t-elle, les joues étrangement rougies et un drôle de rythme dans la voix. Nous ressentons tous ça. Je sais que moi, oui.

-Continuons, disait Kuzuryu. Et si vous nous disiez qui exactement dans la Fondation du Futur vous a envoyés ? Nous mourons d'envie de savoir. »

Même maintenant, les prisonniers ne voulaient pas parler. Kuzuryu eut un soupir irrité, puis fit signe à Pekoyama de s'avancer. Elle ne tenait pas le chat à neuf queues cette fois-ci, mais ce qui ressemblait à une pince. L'Epéiste saisit la main du prisonnier de gauche et attrapa l'ongle central avec l'outil.

Bien qu'ils puissent clairement l'entendre essayer, l'homme ne put retenir son cri.

Tsumiki gloussa juste à côté de lui. « Toi aussi tu les ressens, n'est-ce pas, Makoto ? Toutes ces merveilleuses sensations... »

Son estomac eut un soubresaut. Le fond de sa gorge se couvrit d'acide.

« K... Kyosuke, dit l'homme. Munakata Kyosuke.

-Et qui c'est au juste ? interrogea Kuzuryu.

-C'est... le commandant en second de la Fondation du Futur.

-T'as entendu ça, Naegi ? La fine fleur des hauts gradés eux-mêmes essayent de t'éliminer ! »

Son estomac lui paraissait rempli de plomb. Il ne les blâmait pas. Il ne jouerait pas le jeu de Kuzuryu. Il ne pouvait pas les blâmer. Peut-être qu'ils pensaient qu'il était comme Togami.

Un doigt suivit le contour de sa cuisse et il sursauta si violemment qu'il se frappa la tête contre le dossier de la chaise. Pantelant, la peau luisante de sueur, il tourna des yeux terrifiés vers Tsumiki.

« Mikan, qu'est-ce que tu fais ? »

Tsumiki lui sourit tendrement. « Tu n'as pas besoin de le cacher. Je sais comment tu te sens là-dessous. »

Sa main reposait sur l'intérieur de sa cuisse. Elle se rapprocha, envoyant des signaux tout droit vers le centre de gestion de la douleur de son cerveau. Derrière lui, Komaeda tourna la tête vers Tsumiki, la surveillant comme un chien surveillerait un ours.

« Je suis infirmière, murmura Tsumiki. J'ai tout appris là-dessus. Tu n'as pas à être timide. »

Elle caressa le devant de son jean du revers de la main. Elle était froide, si froide.

« Je peux t'aider. Je ressens la même chose, moi aussi. »

Sa main se retourna et saisit...

Il vomit.

Sa réaction arrêta net Kuzuryu en plein milieu d'une tirade enragée. Tsumiki se recula vivement tandis que Komaeda plongeait en avant pour lui attraper l'épaule et lui demander s'il allait bien. Il avait envie d'éclater de rire parce que non, il n'allait pas bien ! Rien de tout cela n'allait ! Mais quand il ouvrit la bouche, il ne put que vomir à nouveau.

« Naegi-kun, est-ce que t'as mangé quelque chose de bizarre tout à l'heure ? » demanda Soda.

Tsumiki enjoignit au Mécanicien de se taire et aida Naegi à se relever. Il s'appuya contre elle, incapable et ne disposant pas de la volonté de se tenir debout par lui-même. Komaeda était tout près de lui, lui massant des cercles dans le dos. Les trois prisonniers l'observaient ; il ne pouvait pas dire si c'était de la pitié qu'il apercevait ou du dégoût.

« Allez le nettoyer, ordonna Kuzuryu. Ramenez-le ensuite. Nous n'en avons pas fini. »

Tsumiki et Komaeda l'entraînèrent dans la pièce voisine. L'Infirmière entreprit de l'examiner, le dévisageant en plissant les yeux comme si elle portait des verres grossissants. Naegi restait debout, se servant de Komaeda comme d'une béquille. Le monde tanguait lentement autour de lui. Il se demanda s'il lui restait encore quelque chose à régurgiter.

« Il est très pâle et transpire, dit Tsumiki, mais il n'a pas de température. Je crois qu'il souffre simplement de stress. On devrait lui trouver de nouvelles chaussures, cela dit. »

Les jambes de Naegi tremblèrent. Il jeta un coup d'œil à Komaeda. Le Chanceux Ultime répéta silencieusement le mot « chaussures » en fixant les pieds chaussés de Naegi. Puis, une lueur de compréhension s'alluma dans son regard où se lut comme un sentiment de trahison.

« Je suis désolée, Makoto, dit Tsumiki. J'étais si excitée que j'en ai oublié que beaucoup de gens ont le trac sur scène. On... On peut s'occuper de ces besoins tout de suite, comme ça ils ne te dérangeront plus quand on y retournera ! »

Elle tendit à nouveau la main vers lui et Naegi ne put que rester paralysé d'horreur...

Komaeda s'interposa et sa main pâle se referma sur le poignet de Tsumiki. Pendant un moment, ses yeux lui jetèrent des éclairs.

Puis, son corps se détendit. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres quand il dit : « En fait, Tsumiki-san, je ne pense pas que c'était ce qui le dérangeait. Je crois que tout est en train de le rattraper et qu'il vient de réaliser ce qui a failli arriver aujourd'hui. Et puis, est-ce qu'il n'est pas un peu jeune pour ce genre de choses... ? »

Tsumiki laissa échapper une exclamation. « Oh non ! J'ai oublié qui il était vraiment. Je suis vraiment désolée, Makoto ! Pardonne-moi s'il te plaît ! »

Naegi resta silencieux, mais pas Komaeda. « Pourquoi ne vas-tu pas lui chercher de nouvelles chaussures ? Je vais rester avec lui. »

Tsumiki se précipita hors de la salle, ravie d'aider. Komaeda attendit qu'elle ait disparu, puis le sourire disparut de son visage.

« Naegi-kun, demanda-t-il, pourquoi veux-tu rester avec Kamukura-kun ? »

Il se sentit pris de vertige. « Je... Il est inoffensif. Il ne va pas me faire faire des choses que je ne veux pas faire.

-Oh. C'est ça ta raison ? » Le sourire de Komaeda s'étira tant qu'il commençait à ressembler à une citrouille d'Halloween.

Il déglutit. Cela lui laissa un goût nauséabond dans la bouche. « Il me fait penser à Kirigiri-san, aussi. J'aime bien penser à elle. Ça me … fait espérer de la revoir un jour ? »

Komaeda l'étudia intensément quelques secondes de plus, puis son expression redevint naturelle. « Alors c'est un excellent choix, Naegi-kun ! »

Naegi crut bien qu'il s'en était tiré...

« Il ne va pas t'aider, dit soudainement Komaeda. Kamukura-kun ne prend pas de risque comme ça. Essayer d'obtenir son aide est une perte de temps.

-… C'est pas grave. » Il savait des choses que Komaeda ignorait. Il savait que Kamukura était d'une plus grande utilité que ce que soupçonnait l'autre Chanceux. Cependant, il se garderait également bien de compter sur l'ancien Espoir. Kamukura n'offrait de l'aide que lorsqu'il en avait envie.

Tsumiki revint avec une paire de chaussures qui appartenait probablement à Kuzuryu. Dès qu'il les eut enfilées, ils le traînèrent à nouveau dans la première pièce et Naegi les supplia durant tout le trajet de mettre un terme à ce qui se passait à l'intérieur.

Komaeda le regarda d'un air étrange. « Naegi-kun, ils ont essayé de te tuer. »

Et Naegi sut que Komaeda ne ferait rien.

Quand ils entrèrent dans la pièce, ils virent que Kuzuryu avait quitté son bureau. Il était maintenant agenouillé devant un des prisonniers, parlant à voix basse. Curieusement, le prisonnier n'était plus enchaîné, quoique cela n'avait sans doute pas beaucoup d'importance car l'épée de Pekoyama lui transperçait la jambe. L'Epéiste gardait son arme dans sa main, prête à l'arracher et à le transpercer à nouveau en un instant. Naegi aurait fixé la scène si Komaeda ne l'avait pas poussé de nouveau dans la chaise (qui avait été écartée de la flaque de vomi).

« Juste à temps, Naegi. » Kuzuryu se releva et s'écarta. « Celui-là a quelque chose à te dire. »

Le visage du captif était blanc comme un linge. Il ne put rien faire sinon se traîner sur les mains pour faire face à Naegi.

« Nous sommes désolés pour tout, dit le prisonnier. Ta chambre, la tentative d'assassinat... nous sommes vraiment désolés. S'il te plaît, pardonne... argh ! »

Le visage de Pekoyama restait de glace alors qu'elle remuait l'épée dans la plaie.

« Désolés. Désolés ? » Kuzuryu cracha sur le sol. « Vous essayez de le tuer, vous faites exploser tout ce qu'il possède, vous le rendez malade et tu penses que réciter quelques mots dénués de sens est suffisant ? Mon œil ! Vas-y. Montre-lui à quel point tu es désolé ! »

Pekoyama avait sorti un couteau et lacéré le dos du prisonnier pendant que son Maître parlait. Elle donnait de rapides coups de couteau vers le haut, latéralement, vers le bas, mais Naegi ne vit pas quel motif elle réalisait parce que sa vision était devenue floue. Les couleurs commençaient à prendre une nuance irréelle, comme s'il était au milieu d'un rêve.

« Je suis désolée ! Je suis désolé ! » Le captif se jeta au sol aux pieds de Naegi, les bras écartés si bien qu'on aurait dit qu'il s'inclinait devant un dieu. « Je n'aurais pas dû faire ça ! Pitié, pardonne-moi. Je t'en supplie ! »

Les supplications du prisonniers se changèrent en sanglots. Kuzuryu eut un sourire satisfait. Il dévisagea Naegi, attendant sa réponse.

« Je... Je te pardonne. » Naegi refusa de regarder directement le prisonnier. Il ne pouvait pas. « Kuzuryu-kun, s'il te plaît... »

Kuzuryu hocha la tête. Il regarda les autres prisonniers. « Et vous deux ? »

La prisonnière du milieu, brisée par la vue de son partenaire, se jeta sur le sol comme lui. Mais le dernier refusa de bouger, se mordant la lèvre si fort qu'elle saigna. Kuzuryu détailla le rebelle de la tête aux pieds.

« Peko, ça fait trois fois, n'est-ce pas ? »

L'Epéiste arracha son épée du captif libre, mais pas avant de prendre la chaine et de lui attacher le cou au sol. Elle se dirigea vers le bureau en passant devant Soda et attrapa un des casques Monokuma. Sous le regard de son Maître et du reste du Désespoir Ultime, elle l'enfonça sur la tête du rebelle.

Kuzuryu arrangea son fedora et dit à Soda : « Assurons-nous qu'il assume ses actes. »

Soda sourit. Ses dents brillèrent. Il s'avança, contourna le prisonnier contrôlé et retira un tournevis de sa ceinture porte-outils. Il attrapa le haut du casque Monokuma et enfonça le tournevis dans le métal. Il frappa quatre fois, chaque coup précis, chacun à un endroit différent. Le casque jeta des étincelles et un de ses yeux ne s'alluma qu'à moitié, mais le prisonnier demeura immobile même quand Soda relâcha les chaines.

Kuzuryu s'avança d'un pas suffisant. Il observa son prisonnier soumis à l'influence du casque, clairement amusé. Puis il tendit la main, attendant que Pekoyama laisse tomber son couteau dans sa paume. Kuzuryu passa le doigt le long de la lame puis le laissa tomber devant le prisonnier.

Naegi se débattit dans la prise de Komaeda et Tsumiki, observant ce qui allait arriver sans vraiment le voir. « Kuzuryu-kun, par pitié...

-Toi. » Kuzuryu parlait au prisonnier possédé. « Arrache-toi la peau. »

Sans aucune hésitation, le prisonnier ramassa le couteau. Il le porta à sa peau. Où ? Naegi ne pouvait le voir. Il regardait droit devant lui, paralysé.

Les deux autres prisonniers émirent des sons de détresse et révoltés. Et il y eut un autre son : celui d'une douleur atroce et d'une terreur sans nom qui résonnait entre les paroi étroites du casque. Car les coups soignés de Soda avaient laissé derrière eux un casque qui contrôlait toujours son hôte, mais lui laissait assez de conscience pour qu'il ressente et sache parfaitement ce qu'il faisait. Les cris du prisonnier s'intensifièrent jusqu'à devenir une plainte de douleur sans fin qui emplit le bâtiment tout entier. Kuzuryu et Pekoyama continuaient de regarder, imperturbables malgré le sang qui imprégnait leurs chaussures. Soda gloussa sauvagement en arrière-plan alors que Tsumiki respirait bruyamment et commençait à gémir. Komaeda eut un rictus tranquille, satisfait de ce qu'il pensait être la punition parfaite du prisonnier.

Et Naegi regardait droit devant lui, le regard vide.