Chapitre 18

La Volière

Ron marcha avec prudence. Il longeait le mur en ayant son champ de vision à la fois devant et derrière lui. Il s'attendait à voir surgir un membre de la Résistance et non un serviteur du mal. Il était optimiste après tout, c'était comme ça qu'il allait se surpasser en sachant qu'il allait réussir. Il y croyait.

Il avançait seul dans se couloir vide de tout. Il y avait simplement des briques formant les murs, le sol et le plafond. Le reste était vide. Normal, cette partie de l'école n'était presque jamais visitée. Bien que le rouquin soit déjà allé une voir deux fois dans la volière, il ne connaissait pas du tout les lieux et il stressait. La tour Ouest était son objectif. D'après Viktor, il pourrait y trouver des élèves.

Sa baguette en main gauche faisait jaillir de la lumière éclairant les lieux. Ses cheveux roux étaient en bataille sur sa tête mais il ne l'avait pas remarqué. Ses chaussures étaient trouées ainsi que certaines parties de son pantalon et de sa veste, pourtant, il ne savait pas comment cela c'était produit.

Hermione, Luna et Viktor avaient accompagné les deux survivants qu'ils avaient trouvés au Q.G de la Résistance. Et maintenant, Ron regrettait que le Bulgare ne soit pas venu avec lui. Il jouait les héros en solitaire, avoir un compagnon comme Viktor ne l'aurait surement pas dérangé, il se serait sentit même plus confiant qu'à l'instant même.

- N'ai pas peur Ron, il ne peut rien t'arriver, fit-il à lui-même.

Il pensait au pire et il avait tort de se faire peur pour un rien. Il regarda derrière lui, ayant cru voir une ombre. C'était seulement son esprit qui lui jouait un tour, rien d'autre. Il secoua la tête, pensant à quelque chose de plus gaie et ça ne fonctionna pas. Il était toujours sous tension.

Un courant d'air se fit ressentir léchant de la tête aux pieds les habits du jeune homme. Les poiles de sa nuque furent dressés ainsi que ceux de ses bras et de ses jambes. Il eut un petit sursaut. Il n'aimait pas cette sensation et ça lui faisait toujours ce petit effet.

- Tu n'as aucune chance de rencontrer un adversaire, après tout, qui irait faire un tour dans la Volière pour rien faire, à part envoyer un courrier ?

Heureusement pour lui qu'il n'y avait pas Hermione, Luna et Viktor à ses côtés. Quand il était seul, il pouvait se lâcher, mais il avait également peur. Peur d'être pris au piège, peur de perdre ses amis, et surtout peur du noir et de ses mille et une chose dont il ne pouvait voir, en passant par les araignées. Pour le moment, il redoutait plus sa phobie. Ses yeux le trahissaient en partant tous les sens à la recherche d'une quelconque toile d'araignée, quelle que soit sa taille.

Un cri résonna dans le long couloir. Les murs de ce dernier se rapprochaient au fur et à mesure de l'arrivée. Ron perçut en écho ce cri ressemblant plus à un hurlement inhumain. Il s'arrêta net. Il hésita à continuer comme un héros ou à rebrousser chemin, comme un peureux. Il savait que l'être qui venait de crier se trouvait non loin de lui, peut-être quelques mètres. L'imbécilité eut raison de lui et il décida de poursuivre ce qu'il avait commencé.

Très vite, des marches qui montaient en colimaçon se firent percevoir et le jeune compris qu'il était au pied de la Tour Ouest. Il souffla et regarda vers le haut, il ne vit rien d'autre que le dessous plat des marches.

- Allez courage, se dit-il.

Sa voix partit en résonance et semblait ébranler les murs, il ne se soucia pas de ce tremblement qu'il pensait en être la cause et mit le pied gauche sur la première marche. Voilà, il était partit pour la Volière. Il croisa les doigts pour que tout son chemin solitaire qu'il avait fait pour arriver là ne soit pas fait en vain.

Marche par marche, il monta aussi lentement que possible, essayant de faire le moindre bruit. Il sentit bien le courant d'air face à lui et il se rapprocha de plus en plus de la Volière. Un bruit se fit entendre, ça ressemblait à quelque chose de mouillé qui craquait et ça provenait de l'oisellerie.

Surement de la paille écrasée par des hiboux ou mieux, des élèves de la Résistance, pensa Ron avec un sourire aux lèvres.

Il était sûr qu'il y avait quelqu'un grâce au son qu'il perçut et cela lui donna courage. Il allait avertir les personnes qui étaient dans la Volière qu'ils n'étaient pas seuls et qu'ils allaient combattre les Mangemorts et créatures hostiles en compagnie de la poche de la Résistance. Pour une fois, il allait faire quelque chose de bien et il en était déjà fier. Il voyait en lui le visage d'Hermione illuminé de tout et rien. Il serait un héros pour elle et beaucoup de personnes et il serait à la taille de Viktor Krum, le grand. Il ne passerait pas pour un bon à rien concernant ces évènements qui pourraient être inscrits dans l'histoire.

Il accéléra son allure et tomba directement sur une porte en bois qui claquait. Il put voir des griffes dessus ainsi que du sang. Il se sentit soudainement mal. Un point au cœur lui fit mal. Il entendait toujours ce bruit de craquement mais ce qui l'inquiétait le plus c'était l'obscurité totale et le froid qui régnait dans la salle aérée. Ron décida d'arrêter son Lumos afin d'être plus prudent.

Il poussa la porte, celle-ci émit un grincement désagréable et bruyant. Une fois poussée jusqu'au bout, il vit une flaque contenant un liquide rouge et épais couler vers ses pieds. Il redressa au fur et à mesure la tête pour voir de la paille imbibée de sang. Il voyait cela grâce aux rayons de lumière que provoquaient la lune à travers les fenêtres sans carreaux. C'était une grande pièce circulaire aux murs de pierre. Au sol, jonchaient de la paille couleur rouge sang, de fientes de Hiboux et même des cadavres de rongeurs, ainsi que... d'adolescents.

Ronald eut un petit sursaut en voyant des corps démembrés d'élèves de Poudlard. Il y avait des bras, mains, pieds, jambes, doigts et autres qui se trouvaient partout sur le sol. La chair pendait encore et le sang fut toujours rejeté. Le massacre devait être récent. Le Gryffondor ne pouvait les reconnaître et savoir s'ils étaient de son côté ou non. Il eut un mal de ventre et ne put se retenir de vomir son déjeuner qu'il avait toujours dans l'estomac.

Une dizaine d'étudiants avait péri dans d'atroces souffrances. Qui étaient les coupables ? Quels qu'ils soient, c'étaient des barbares.

L'adolescent passa une main sur sa bouche et n'osa plus regarder la scène qui se présentait devant lui. Il détourna le regard et mit du temps à reprendre ses esprits. Des larmes montèrent aux yeux, et l'odeur commençait à devenir épouvantable. Il se pencha en avant et vomit de nouveau. Son crachat ne fit qu'un avec le sang qui coulait à présent entre ses pieds. Une fois fait, il s'essuya de nouveau la bouche et se redressa, fermant les yeux. Il essaya de se concentrer sur autre chose. Sa gorge était devenue sèche et elle fut irritée. Il fit un pas en arrière puis un second quand le bruit de tout à l'heure refit surface. Celui de la paille qui semblait mouillé se faire écraser. Il ouvrit les yeux, se demandant s'il avait marché sur une paille mais se rendit compte qu'il y avait une ombre devant lui qui semblait être en mouvement. Un craquement plus fort se produit, puis un autre et encore un dernier.

Curieux, Ron leva sa baguette et murmura Lumos. La lumière jaillit et illumina entièrement la salle. Il pouvait voir qu'il y avait plus de corps et de sang sur les murs. Mais face à lui, à huit mètres tout au plus, se tenait un grand être velu qui semblait être accroupi sur quelque chose. Il voyait la bête de dos et ne put savoir réellement ce que c'était mais il s'en douta...

… un Loup Garou.

La créature en question semblait user de ses pattes avant pour quelque chose. Ron resta sur place, pétrifié. Il ne contrôlait plus ses jambes, la peur s'était emparée de lui et il ne pouvait plus rien faire.

Soudain, des bruits de pas résonnèrent dans les escaliers menant à la volière. Quelqu'un montait en courant et en soufflant. Le Gryffondor voulait se retourner, pour savoir si c'était un allié ou un ennemi qui montait mais il n'y parvenait pas. Soudain, une main fut posée sur son épaule et se fut le déverrouillage. De nouveau, Ron sursauta mais il n'eut pas la force de détourner son regard du Loup Garou. Une voix familière retentit.

- Alors, pourquoi tu es si...

Viktor venait de faire son apparition et avait posé sa main sur l'épaule de Ron avant de se mettre à ses côtés et voir le massacre. Mais ce qui attira son attention était l'animal qui avait entendu le Bulgare parler. Il avait donc levé la tête vers eux pour montrer ses yeux jaunes remplit de plaisir de manger. Sa bouche ouverte, il y avait entre les dents des morceaux de chair. Du sang avait tâché son pelage au niveau du ventre et des pattes. Il se releva et les deux adolescents purent apercevoir un cadavre qui à première vue semblait normal sauf qu'il avait un gros trou au niveau de l'abdomen. Des os dépassaient ainsi que des organes vitaux. La personne était une adolescente de septième année, elle avait les yeux ouverts laissant penser qu'elle était toujours vivante. Sauf que c'était le cas, ses pieds se mirent à bouger et ils froissèrent de la paille. Elle venait de se faire manger vivante.

Le Loup Garou montra ses crocs et lança un grognement des plus hostiles avant de se mettre à hurler. Et Ron savait parfaitement qu'il signalait leurs présences dans l'école...