Chapitre 15: Deuxième sortie à Pré-au-Lard, et celle-là je ne suis pas près de l'oublier! (1)
Le dimanche de la deuxième sortie à Pré-au-Lard, j'étais bien trop occupé pour songer à suivre qui que ce soit. J'escortai Delphini Black chez Hagrid en écoutant d'une oreille peu attentive son projet d'aider son professeur de Soins aux créatures magiques à concocter un emplâtre pour soigner sa licorne qui avait attrapé un mauvais rhume. Je me contentai de vérifier que la licorne malade était bien couchée dans un grand panier près de lacheminée. Cette situation me convenait parfaitement, car l'adolescente n'aurait pas le moindre prétexte pour s'aventurer dehors. Je retournai à pied vers l'école juste à temps pour croiser le reste de la bande se dirigeant vers le village, emmitouflés dans des capes d'hiver et des écharpes, car le froid s'était installé.
Je redescendis dans mon bureau où m'attendaient des piles de parchemins remplis d'inepties que les élèves osaient appeler leurs devoirs. Au bout d'une heure et demi de corrections et pour résister à l'envie de mettre le feu au restant de tous ces torchons, je décidai d'aller voir si McGonagall serait d'humeur à m'offrir le thé. En remontant des cachots, j'eus la grande surprise de voir Albus et ses complices revenir en courant bien avant l'heure limite, s'engouffrer par la grande porte, puis se séparer dans le hall. Albus et Rose Granger-Weasley se précipitèrent vers la Tour de Gryffondor, pendant que les autres faisaient demi-tour pour repartir en direction de la cabane d'Hagrid sous le regard d'un Rusard manifestement choqué par un tel comportement, surtout de la part des deux préfets.
J'hésitai un bref instant à suivre Albus pour obtenir une explication. Mais j'y renonçai, bien trop tenté par un thé tranquille pour que cette explication me semble urgente. Quand j'arrivai dans le bureau directorial, McGonagall et Lupin discutaient des affaires de l'école, je me serais bien dispensé de la présence du loup garou, mais pas au point de renoncer aux délicieux biscuits au gingembre qui accompagnaient toujours le thé chez notre Directrice.
«Un problème, Severus ?» s'enquit McGonagall «Ou seriez-vous venu partager une tasse de thé avec nous?»
«Aucun problème, Minerva. Mais, j'accepte bien volontiers votre proposition d'une tasse de thé.» répondis-je.
Aucun problème, c'était à voir. A peine étions nous assis une tasse de thé à la main que la cheminée du bureau directorial s'anima.
«Vous attendez quelqu'un, Minerva?» demanda le loup-garou.
McGonagall n'avait pas encore eu le temps de lui assurer que non que le Directeur du département des Mystères, Wolfgang Boswell, était sorti de la cheminée d'un pas déterminé suivi d'une dizaine de ses Langues-de-plomb.
Nous nous étions levés d'un bon, Lupin et moi, dans un fracas que porcelaine, pendant que McGonagall interpelait les intrus sur un ton sévère:
«Mais qu'est-ce qui vous autorise à pénétrer dans mon bureau de cette façon?»
«Les nécessités de ma fonction, Madame la Directrice!» répliqua avec hauteur le chef des Langues-de-Plomb.
«Je ne vois pas quelles nécessités pourraient justifier que vous veniez envahir mon bureau avec une telle armada! C'est une école ici, pas un repaire de malfaiteurs.» s'insurgea notre Directrice.
«Ça, c'est vite dit!» rétorqua Boswell. «Sachez, Madame la Directrice, que certains de vos élèves se sont livrés à de graves dégradations à Pré-au-Lard.»
«Des dégradations!Je ne saurais le croire.» s'exclama McGonagall.
«Eh bien, je vous l'affirme.» répondit fermement le chef des Langues-de-Plomb. «Il ont été vus sur les lieux.»
«Par qui?» demanda Lupin.
«Par deux de mes hommes. Et pour être tout à fait précis, un qui les a surpris sur place et un qui les a vus quitter les lieux en courant pour venir se réfugier dans l'école.» asséna Boswell sur un ton définitif.
«Et de qui s'agirait-il selon vous?» interrogea McGonagall sur un ton où perçait le doute.
«Mes hommes n'ont pas pu recueillir leurs noms, puisqu'ils se sont enfuis comme je vous l'ai dit. Mais ce que je peux vous affirmer, c'est qu'ils étaient cinq et que, parmi eux, mes hommes ont parfaitement reconnu la fille de Madame la Ministre.»
J'échangeai un regard inquiet avec le loup-garou qui ne doutait pas plus que moi de l'identité des quatre élèves qui accompagnait la «fille de Madame la Ministre». De son côté, McGonagall avait décidé de repasser à l'offensive en lançant sur un ton dubitatif:
« Même si votre histoire était vraie, j'ai du mal à comprendre qu'une bêtise faite par quelques élèves mérite la mobilisation d'une dizaine de membres du département des Mystères.»
Cette petite pique eut un effet pour le moins inattendu, quand Wolfgang Boswell commença à s'énerver au-delà du raisonnable.
«C'est à moi de juger si les moyens sont proportionnés au problème.» s'emporta-t-il sur un ton à la limite de la politesse. «Maintenant, j'exige de voir les élèves en question.»
«Avant cela, j'aimerais bien pouvoir juger de la nature du «problème» qui vos amène.» répliqua fermement McGonagall. «Donc, vous nous expliquez tout de suite de quoi il s'agit, sinon il est hors de question que vous voyiez le moindre élève.»
«Si vous insistez. J'accuse ces élèves et en particulier l'un d'entre eux d'avoir endommagé une inscription sur un mur à Pré-au-Lard.» consentit à révéler Boswell de mauvaise grâce
«Une inscription sur un mur, mais de quel endroit parlez-vous?» demanda McGonagall sur un ton suspicieux.
Boswell cita le nom d'une ruelle et notre Directrice fronça les sourcils d'un air sévère. Bien qu'habitués à de rudes affrontements dans le cadre de leurs fonctions, plusieurs des Langues-de-Plomb reculèrent d'un pas devant cette manifestation de la colère de leur ancienne Directrice.
«Mais que venez-vous me chanter là, Boswell? Je connais bien cette rue, une de mes amies y habite. Je n'y ai jamais vu la moindre inscription sur aucun mur.» gronda McGonagall.
«Eh bien, il est possible que ce soit le même groupe d'élèves qui aient fait apparaître cette inscription.» expliqua le chef des Langues-de-Plomb sur un ton embarrassé.
McGonagall poussa son avantage:
«Il faudrait savoir si vous les accusez d'avoir détruit une inscription ou de l'avoir fait apparaître. Une faute certes, si c'est bien le cas, mais pas de quoi débarquer dans mon bureau, sans vous être fait annoncer, avec la moitié des membres du département des Mystères.»
«Cette inscription est extrêmement importante pour des raisons que je ne peux pas vous révéler, mais qui sont suffisamment importantes pour justifier notre intervention.» assura Boswell. «Et maintenant, je veux voir les élèves en question, seul à seul.»
«Seul à seul, il n'en est pas question!» rétorqua McGonagall «Ce sont des esprits jeunes et impressionnables et ils sont sous ma protection.»
Impressionnable, parlait-elle vraiment de Rose Granger-Weasley?
«C'est vous qui allait venir les voir tout seul, car je ne vois pas à quoi sert la présence de vos sbires, si ce n'est à les mettre sous pression, ce qui n'est pas correct de la part de sorciers adultes vis-à-vis d'adolescents.» ajouta-t-elle d'un ton ferme.
J'avais sorti ma baguette, imité par Lupin.
«Ne soyez pas ridicules, nous ne sommes pas venus nous battre.» s'agaça le chef des Langues-de-Plomb.
«Alors renvoyez toutes les personnes qui n'ont rien à faire ici pour traiter ce petit incident!» réclama Lupin.
«Deux de mes hommes sont témoins. Ils les ont surpris sur les lieux.» avança Boswell.
«Alors qu'ils restent et que les autres repartent.» imposa McGonagall
Boswell s'inclina, renvoyant tous ses acolytes à part les deux témoins. Et McGonagall boucla ostensiblement sa cheminée derrière eux d'un sort pour empêcher toute nouvelle incursion dans son domaine. Boswell eut un mouvement d'énervement devant ce geste de défiance, mais il s'abstient du moindre commentaire. Il suivit McGonagall dans l'escalier, ces deux Langues-de-plomb derrière lui, je fermais la marche avec le loup-garou.
