Bonne lecture !
Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy 7 à Square Enix.
Chapitre 19 :
Bienvenue à Costa del Sol
Sept ans après le festival de la cueillette de Banora
Lowen était assise à son bureau, en train de relire une pièce de théâtre, quand on frappa à la porte.
Dès qu'elle eut dit « Entrez ! », Kadaj apparut. Comme elle, son frère adoptif avait bien grandi.
C'était un beau jeune homme, musclé, mais sans excès. Ses cheveux étaient toujours argentés, avec des mèches s'arrêtant au menton. Une partie ne cessait de couvrir la moitié de son visage.
« Tu es prête ? On doit aller à la salle de simulation. »
« Pas de problème ! Mais faut que je grignote un truc, avant d'y aller. »
Kadaj haussa un sourcil surpris. Lowen était végétarienne et elle mangeait à chaque repas, mais elle n'était pas une grande gourmande. Ce rôle-là revenait plutôt à Loz, mais c'était compréhensible vu la force incroyable qu'il possédait. Lui aussi avait pris du muscle en grandissant.
Lowen savait que sa requête sortait de l'ordinaire, mais depuis deux jours, elle ressentait des crampes d'estomac.
Elle trouvait ça bizarre, mais pas trop alarmant. Elle grandissait, comme ses frères.
Yazoo aussi avait gagné en centimètres et, même s'il n'était pas aussi musclé que Loz, il avait une force et une adresse qui égalaient celles de ses frères.
Lowen et Kadaj prirent le chemin de la cuisine. Haneki était devant la table occupant le milieu de la pièce, en train de pétrir une pâte à gâteau.
« Vous ne partez pas au bâtiment Shinra ? » demanda le domestique.
« Dans quelques minutes, Haneki », le rassura Lowen. « Je prends juste un truc à grignoter pour la route. »
« Encore ? Ça fait trois jours que vous grignotez entre les repas. Vous allez bien, jeune maîtresse ? »
« Oui, ça va. C'est sûrement lié à ma croissance, rien de plus. »
Kadaj et Haneki échangèrent un regard sceptique. Pourtant, tandis qu'ils regardaient Lowen choisir une pomme dans un saladier, ils ne virent rien d'alarmant.
Elle avait un joli teint rose, ses longs cheveux bruns étaient volumineux et propres. Elle bougeait naturellement, avec une grâce acquise après des années d'entraînement à l'escrime, la lutte et l'autodéfense.
C'est peut-être lié à sa croissance, comme elle dit, pensa Kadaj.
Tout en finissant sa pomme, Lowen remonta dans sa chambre avec son frère.
Tandis qu'elle préparait son sac, Kadaj examina son bureau. Il y avait une petite pile d'enveloppes dans un coin.
« Tu as reçu du courrier ? » demanda le jeune homme.
« Oh, ça ? Oui, ce sont des lettres de fils de familles aisées, mais je… Hé ! »
Kadaj venait de saisir les lettres et d'activer sa matéria Feu pour les réduire en cendres.
« Rien qu'en lisant le nom des expéditeurs, on voit que c'est un piège. Les parents de ces gosses espèrent juste s'attirer un peu de célébrité en te fréquentant. Laisse tomber ! »
Lowen réfléchit. En effet, elle avait entendu parler de deux des familles ayant expédié ces courriers, et ils avaient des soucis financiers.
C'est vrai que j'ai seize ans, maintenant. Depuis mes quinze ans, les demandes se font plus insistantes…
Lowen avait continué de grandir. Néanmoins, elle était fière d'avoir enfin plus de treize ans et surtout, d'avoir traversé la puberté de avec dignité.
Déjà, l'entraînement au combat que Sephiroth avait exigé qu'elle suive l'avait aidée à se muscler et ne pas prendre du poids. Faire de l'exercice signifiait suer, et suer signifiait éliminer des toxines, ce qui lui avait permis d'éviter les cheveux gras et l'acné. Bien sûr, elle avait aussi veillé à faire le plein de vitamine C et même tester des lotions de ce monde pour la peau, ce qui avait bien aidé.
Faire attention à son apparence était d'autant plus important que, en grandissant, elle avait découvert que les gens, principalement des enfants et des adolescents, avaient créé un fan-club la ciblant comme modèle : la Fleur du Plateau. Elle ignorait qui avait choisi ce nom et ne comprenait pas pourquoi elle avait des fans. Beaucoup copiaient son style vestimentaire, sa coiffure, les cosmétiques qu'elle utilisait… Certains se payaient même des lentilles pour avoir ses yeux vairons !
Bien sûr, c'était normal pour Sephiroth et ses amis, ils avaient de nombreux fan-clubs.
Celui de Sephiroth se nommait l'Élite d'Argent.
Le fan-club d'Angeal avait pour nom les Gardiens de l'honneur.
Genesis en avait deux qui se disputaient la première place : le Groupe d'études de Loveless et Cuir rouge.
Kadaj, Loz et Yazoo avaient aussi des fans, il arrivait que des ados imitent leur coiffure ou leur style vestimentaire.
Et Lowen… Elle n'était pas du Soldat et avait l'intention d'éviter ce métier à tout prix. Lorsqu'elle l'avait avoué à Sephiroth à l'âge de douze ans, elle avait eu peur qu'il se vexe, mais il lui avait assuré qu'au contraire, il validait son choix.
Les fans de Lowen lui envoyaient souvent des messages, principalement des commentaires ou des suggestions au sujet des pièces qu'elle écrivait pour l'équipe de théâtre de Jessie, ou bien des dessins, puisqu'elle-même dessinait.
Malgré sa « célébrité », Lowen espérait avoir une vie normale, du moins aussi normale que possible… Même si elle ignorait quel métier cibler dans cette vie-ci, lorsqu'elle serait assez grande. À partir de treize ans, elle avait commencé à faire des petits boulots sur son temps libre : baby-sitting et gardes d'animaux. Après… Elle verrait lorsqu'elle aurait obtenu son diplôme.
D'autant qu'avec le théâtre, où elle tenait le rôle de scénariste et assistante aux coulisses pour l'équipe de Jessie, sans oublier les cours d'escrime et d'arts martiaux fournis par Cissnei, une Turk choisie par Sephiroth, la jeune fille n'avait pas le temps de s'ennuyer.
Une fois arrivés au bâtiment Shinra, Kadaj et Lowen prirent l'ascenseur jusqu'au 63e étage, à l'aire de rafraîchissement des employés Shinra. Comme on n'était qu'en début de matinée, il y avait peu de monde dans la salle de repos.
Du coin de l'œil, Kadaj vit Lowen se masser le dos en grimaçant.
« Ça va ? »
« Oui… T'inquiète, c'est rien. »
Elle ignorait pourquoi son corps présentait des changements aussi perturbants, surtout aujourd'hui. C'était une journée importante, bon sang !
Une fois la porte de l'ascenseur ouverte, Kadaj et Lowen virent Genesis assis sur un banc contre le mur, devant eux.
« Ah, vous voilà ! Vous avez failli arriver en retard », dit le Soldat en se levant.
« Désolée », dit Lowen.
Le Soldat guida les jeunes gens jusque devant une espèce de grand igloo faite de barres métalliques et de néons. Yazoo, Loz et Cissnei les attendaient devant l'entrée.
Comme tous les Turks, la jeune femme rousse portait le traditionnel costume de bureau noir. Pour Lowen, c'était troublant au début, cet uniforme lui faisait penser aux Men in Black. Bien sûr, elle n'en avait jamais parlé à la Turk, mais elle avait demandé à Sephiroth si son groupe traquait les extraterrestres. Le Soldat avait paru surpris et répondu que non, mais que les Turks trempaient dans toutes sortes d'activités louches : espionnage, kidnappings, meurtres…
Et bien que Cissnei fut d'un naturel amical, Lowen s'était suffisamment entraînée avec elle pour comprendre que c'était une guerrière impitoyable.
Pour elle, en revanche… cela avait été dur au début. Les trois premiers jours, chaque fois qu'elle faisait une erreur ou que Cissnei s'approchait pour corriger sa posture, elle avait eu un mouvement de recul et craint de recevoir des coups. La Turk n'avait reçu aucun renseignement sur le passé de l'enfant, mais elle s'était doutée qu'il n'était pas rose. Elle lui avait confié qu'elle la comprenait. Elle-même était une orpheline élevée par la Shinra dès son plus jeune âge. La vie n'avait pas été rose non plus, mais elle avait réussi à se bâtir une vie et elle était fière de ses cicatrices du passé.
« Elles m'ont rendue plus forte », avait-elle affirmé.
Cette idée avait plu à Lowen, qui avait pris sur elle et réussi à surmonter ses vieilles peurs pour poursuivre l'entraînement.
Et aujourd'hui, elle devait passer un test pour que Cissnei évalue ses progrès.
Arrivée devant la porte de la salle de simulation, la jeune fille sortit son arme de la housse qu'elle portait en bandoulière. C'était un katana dont le manche était orné d'un ruban vert wutaïen. Un cadeau de Sephiroth et ses frères, pour son treizième anniversaire.
« Bonne chance », dit Kadaj.
Loz et Yazoo appuyèrent sa déclaration d'un signe de tête.
Lowen leur sourit, puis elle entra dans la salle.
C'était une pièce circulaire, avec des marches menant à un panneau de contrôle. Cissnei l'attendait, occupée à pianoter sur les touches.
« Ah, te voilà ! Prête pour ton évaluation ? » demanda la Turk.
« Prête ! » dit Lowen.
Cissnei entra une série de données. Les néons et les projecteurs de la pièce s'éteignirent, puis un décor artificiel apparut autour des filles.
Il s'agissait d'un paysage de montagne enneigée. Des bourrasques enneigées se mirent à souffler autour d'elles.
Curieuse, Lowen s'agenouilla et prit une poignée de neige. Elle hésita… puis la porta à sa bouche. Elle la recracha aussitôt. Ça avait un goût de sciure humide ! Son geste fit rire Cissnei.
« Moi aussi j'ai fait ça, la première fois qu'on m'a mise dans ce décor enneigé. Allez, maintenant, concentre-toi ! »
Acquiesçant, Lowen remua les bras et les jambes pour éviter que ses membres s'engourdissent. Elle n'ignorait pas que si Cissnei avait choisi un paysage avec un climat aussi rude, c'était pour mettre sa résistance à l'épreuve.
Lowen avait vite découvert, en apprenant à utiliser les matérias, que celle de Glace avait un étrange effet léthargique sur elle. C'était pareil chaque hiver, que ce soit sur Gaïa ou Arda : le froid avait un effet affaiblissant sur elle, ce qui lui donnait envie de dormir. Sans doute était-ce dû à son ADN de plante, qui faisait qu'en hiver, elle avait envie d'imiter les végétaux et de s'endormir en attendant le retour de la belle saison.
Un monstre apparut. Lowen l'identifia comme un Bandersnatch, une espèce de loup des neiges. Enfin, il n'avait pas grand-chose en commun avec un loup, si ce n'était la tête et la queue. Le reste de son corps était long et fin, avec des courbes rappelant un félin sauvage d'Afrique.
Se mettant en garde, la jeune fille regarda la créature avec attention. Son regard fixé sur elle, le fauve se mit à décrire de lents cercles, cherchant une faille pour atteindre sa proie.
Lowen se félicita d'avoir mis des matérias dans la garde de son arme. Elle avait une matéria Soin et une autre de Feu. Ce serait parfait contre ce monstre des neiges.
Soudain, la bête fléchit les pattes et bondit en avant. Lowen bondit sur le côté tout en lui portant un coup au flanc avec son katana.
Le monstre effectua une roulade et se tourna vers elle en grognant, découvrant de longs crocs acérés. Lowen fut heureuse de voir qu'il saignait au flanc, mais cette blessure ne suffirait pas. Il était plus en rogne qu'affaibli.
Elle se dépêcha de jeter un sort de Feu qui le toucha à la tête, puis elle profita de l'effet de surprise pour lui foncer dessus en brandissant son katana.
Son arme le toucha à l'épaule, mais le monstre pivota brusquement, ce qui lui valut un coup de sa queue dans la figure.
Étourdie, Lowen recula en chancelant, quand le monstre chargea. Il la percuta de plein fouet, la faisant rouler dans la neige.
La jeune fille releva vivement la tête et eut le bon réflexe de continuer de rouler pour s'éloigner du monstre qui approchait.
Elle réalisa que le coup lui avait fait perdre son katana. Il reposait dans la neige, quelques mètres plus loin.
Maudissant son étourderie, Lowen continua de rouler jusqu'à atteindre son arme, puis elle voulut se relever, mais déjà le monstre bondissait vers elle.
Fermant les yeux, Lowen tendit son arme devant elle. La jeune fille sentit le corps du monstre heurter durement le sien… et plus rien. Il ne l'avait pas mordue, il reposait sur elle de tout son poids.
Risquant un coup d'œil, elle vit qu'en lui sautant dessus, il s'était empalé sur son sabre. La jeune fille le regarda avec horreur. Même s'il était faux et ne saignait pas, croiser son regard éteint lui faisait un choc. C'était la première fois dans cette vie-ci qu'elle tuait un être vivant !
« Ah ! Pas mal », dit la Turk en apparaissant près d'elle.
La jeune femme sortit son PHS et tapa un code au clavier. Les pixels du décor et du monstre tombèrent en poussière, révélant à nouveau la salle de simulation.
Soulagée du poids de la fausse créature, Lowen se leva et regarda son katana. Même pas une goutte de sang… Pourtant, le poids du monstre avait été considérable. Comment fonctionnait cette technologie ?
Lorsqu'elle sortit avec Cissnei de la salle, elle vit ses frères et Genesis, mais aussi Angeal et Sephiroth. Elle regarda la Turk et vit qu'elle n'était nullement surprise. Ils avaient donc prévu d'être tenus au courant dès que possible !
Refusant d'écouter Cissnei leur faire un rapport, elle s'excusa en disant qu'elle allait se rafraîchir aux toilettes.
Une fois dans la salle de bains, elle se mit devant un lavabo et se passa de l'eau sur le visage. Elle était fatiguée, ses bras et son dos lui faisaient mal, mais au moins elle n'était pas aussi fatiguée ni en sueur qu'à ses débuts.
Elle se regarda dans le miroir. Sa peau brillait, mais ce n'était rien comparé à ses yeux. Toujours les mêmes : l'un vert et l'autre doré.
Sauron ne s'était plus manifesté depuis l'épisode de Banora. Sans doute ces échecs à répétition avaient-ils fini par le lasser.
La jeune fille glissa la main sous le col de son T-shirt et en retira son collier. Le cadeau de Galadriel ne l'avait jamais quittée. Mais comme Sauron, la Dame du Bois Doré ne s'était plus manifestée dans son esprit. Parfois, cela l'attristait. Plus le temps passait, plus sa vie en Terre du Milieu lui apparaissait comme un rêve lointain, sans oublier la Terre, son ancien monde !
Finalement, elle sortit des toilettes… et vit que Sephiroth l'attendait. Ses frères se tenaient en retrait avec l'air inquiet.
Aïe ! Ça ne présage rien de bon.
Elle essaya de déchiffrer l'expression de Sephiroth, mais il avait de nouveau ce maudit masque impassible qu'il maîtrisait si bien. Elle n'avait jamais eu de crainte à lui montrer ses bulletins de notes puisqu'ils étaient toujours parfaits (elle avait déjà étudié toutes les matières dans son ancienne vie). Mais quand il était question des examens de combat, c'était différent.
Tout en s'efforçant de rester calme, elle s'approcha de lui. D'un simple signe de tête, il lui ordonna de la suivre.
Elle lança un regard de regret aux garçons. Elle aurait aimé assister à leur examen dans la salle de simulation, mais le fait que Sephiroth veuille lui parler en privé n'était pas bon signe.
Pleine d'appréhension, elle le suivit hors du bâtiment Shinra, jusqu'à sa voiture.
Sephiroth alluma le moteur et se mit à circuler à travers les routes de Midgar.
Bientôt, Lowen n'y tint plus, tant ce silence était insupportable.
« Qu'a dit Cissnei ? »
« … Que tu as tenu plus longtemps que la dernière fois et que tu as réussi à tuer le monstre malgré le froid. »
Lowen fut surprise par ce compte-rendu. Il sonnait plutôt positif.
« Néanmoins, ce n'est pas suffisant », poursuivit le Soldat.
Ah, nous y voilà ! pensa la jeune fille.
« Il faudra continuer l'entraînement cet été. »
« Mais… avec les garçons, on croyait qu'on aurait des vacances à nous, cet été ! »
En effet, ils avaient prévu de se joindre à Jessie et Iruka pour se rendre à Costa del Sol, afin de fêter une réussite de Jessie. Cette dernière avait décroché le premier rôle dans la pièce de Loveless au Gold Saucer.
« Modifiez votre emploi du temps. Il faut que tu continues de travailler ta technique. »
Lowen le fusilla du regard. Non, il ne pouvait pas lui faire ça ! Il avait donné son accord pour ce voyage il y a des semaines. S'ils annulaient tout à cause d'elle, personne ne lui pardonnerait ! La jeune fille s'était cotisée avec ses frères et ses amies, elle avait effectué plusieurs petits boulots en plus de ses études…
« Mais… »
« Ce n'est pas négociable », trancha le Soldat.
Avec un profond soupir déçu, Lowen tourna la tête vers les boutiques qui défilaient sous ses yeux.
Tandis qu'il roulait, Sephiroth la regarda du coin de l'œil. Comme il le craignait, elle lui en voulait. Il savait combien elle avait attendu ce voyage. Depuis Banora, ses frères et elle n'avaient plus quitté Midgar, sauf pour un séjour d'une semaine à Junon il y a deux ans, où il avait dû les emmener à cause de son travail. Il devait diriger un groupe de Soldats lors d'une parade présidentielle.
Il savait qu'il était dur, mais sa sécurité importait plus que tout. Elle avait survécu à son examen de combat de justesse, mais ce qu'il avait vu montrait que face à plusieurs monstres dans un environnement rude, elle risquait de mourir. Il fallait donc qu'elle continue l'entraînement.
Si seulement la vie dans ce monde ne nécessitait pas des mesures aussi dures…
Pour lui, c'était plutôt facile, il était fort, même s'il avait travaillé dur pour y parvenir. Il ne se faisait pas autant de soucis pour ses frères, ils avaient toujours d'excellents résultats. Nul doute qu'en poursuivant ainsi, ils atteindraient rapidement son niveau. Mais Lowen… Ce n'était pas seulement le fait qu'elle n'ait pas reçu un entraînement de Soldat dès l'enfance qui l'inquiétait. Sa condition végétale la rendait plus fragile que la normale. Elle ne mangeait pas de viande, ce qui rendait le développement de ses muscles plus lent. Et elle était très sensible au froid.
Il pensa ensuite à un autre problème : les gens de la Shinra. Comme Genesis, il avait remarqué l'intérêt croissant des familles influentes pour elle. Tous espéraient lui arracher un peu de sa gloire à travers elle. Sans parler d'Hojo, qui avait approché Cissnei à de nombreuses reprises pour lui arracher des informations sur les capacités de Lowen.
Heureusement, la Turk était douée pour garder des secrets. Et elle s'était attachée à son élève. Sephiroth savait qu'il avait bien choisi son professeur $. Toutes deux étaient orphelines et élevées par la Shinra, même si la Turk avait eu une vie plus dure. Et Cissnei avait plus de cœur que ses collègues, Sephiroth se doutait qu'avec elle, il serait plus facile de négocier si jamais on lui ordonnait de faire du mal à Lowen.
Mais tout ça ne suffit pas. Je veux qu'elle soit vraiment hors de danger.
Il pensa à ses frères. Kadaj était très populaire, il semblait doté d'un charisme de leader. Il avait eu pas mal de petites copines depuis l'âge de treize ans. Jamais rien de sérieux, mais il semblait conscient de l'effet qu'il avait sur les autres et appréciait l'attention qu'on lui portait.
Loz avait une force qui avait vite fait de lui le champion sportif de leur école. Tous les membres de son équipe l'appréciaient.
Yazoo était d'un naturel beaucoup plus distant, il n'avait jamais noué de liens en dehors de sa famille, sauf avec Jessie et Iruka, puisqu'elles étaient les amies de Lowen.
Arrivée à la maison, Lowen se dirigea dans sa chambre et posa son katana sur son lit. Avec un soupir, elle sortit son téléphone et se prépara à envoyer un message à Jessie et Iruka pour leur annoncer la triste nouvelle… quand des éclats de voix lui parvinrent du couloir. Ses frères revenaient !
Inquiète, elle se demanda comment leur annoncer la nouvelle.
Lentement, elle quitta sa chambre et descendit les escaliers pour les rejoindre dans le hall.
« Les Tomberry étaient trop faciles à battre », dit Kadaj en se massant l'épaule gauche.
« T'as eu des Tomberry ? Moi, c'était trois Lévrikon. Ces machins empestent ! » grimaça Loz.
« Eh, Lowen ! T'as eu quoi comme monstre ? » demanda Yazoo.
« Un Bandersnatch. Mais… »
Elle hésita. Comment leur dire qu'à cause d'elle, les vacances étaient fichues ?
Soudain, la voix de Sephiroth retentit dans son dos. Lowen se retourna pour lui faire face avec ses frères.
« Vous pouvez aller à Costa del Sol », dit le jeune homme. « Mais une fois rentré, je veux que vous vous assuriez que Lowen continue sérieusement l'entraînement. »
« Pourquoi ? » demanda Kadaj.
« Je viens de recevoir un message de Lazard. Wutaï vient officiellement de déclarer la guerre à la Shinra. »
Lowen écarquilla les yeux. Cela faisait plusieurs mois que la rumeur courait que la Shinra n'arrivait pas à convaincre ce pays de les laisser installer des réacteurs Mako chez eux. Apparemment, le président avait perdu patience.
La jeune fille pensa à Iruka. Bien que résidente officielle de Midgar depuis la naissance, elle avait des origines wutaïennes. Comment allait-elle prendre la nouvelle ?
Pourtant, elle ne put s'empêcher de sourire. Les vacances n'étaient pas fichues, tout compte fait !
Heureux de pouvoir enfin projeter leurs vacances, Kadaj, Loz, Yazoo et Lowen se mirent à discuter de ce qu'ils feraient en premier en arrivant à Costa del Sol : profiter du Jacuzzi de l'hôtel, trouver le meilleur spot de surf ou bronzer au soleil ?
En les voyant si heureux à la simple idée de partir à la plage, Sephiroth eut un sourire amusé. Ah, les jeunes… Toutefois, il avait accepté qu'ils partent pour une autre raison.
Puisque ses amis et lui seraient sur le front, il ne resterait personne pour veiller sur les quatre jeunes gens. Hojo pourrait tenter un sale coup.
Mieux valait donc qu'ils s'éloignent avec des amis, jusqu'à ce qu'il trouve un moyen de veiller sur eux efficacement tout en faisant son travail de Soldat.
XxXxXxXxXxXxXxX
Trois jours plus tard…
Lowen avait l'impression de vivre un rêve.
Après tout ce temps passé dans la grise et monotone Midgar, le voyage en bateau depuis Junon était gé-nial ! Leur bateau, le Shinra-Cinq, était immense !
Dans son ancienne vie sur Terre, Lowen était déjà montée sur un ferry pour visionner les chutes du Niagara, mais ce n'était rien comparé à l'immense paquebot sur lequel elle voyageait avec ses frères et ses amies.
La coque du bateau portait les initiales de la Shinra, mais on avait aussi peint des étoiles colorées et des fleurs tropicales.
Le pont principal comportait même un grand kiosque où l'on vendait des articles réservés à la plage : planches de surf, vêtements d'été, maillots de bain, crèmes solaires…
Appuyée contre le bastingage, la jeune fille respirait l'air marin avec délice. Yazoo se tenait également là, admirant l'horizon. Loz, lui, était penché par-dessus la rambarde avec le teint vert. Jessie lui tapotait gentiment le dos, tandis que Kadaj et Iruka étaient assis sur des chaises longues derrière eux.
« Ça nous change de l'air de Midgar », sourit Yazoo.
« Tu l'as dit ! » renchérit Jessie. « Et on a de la chance de faire le voyage tous les six. »
Lowen acquiesça d'un mouvement de tête. En effet, même si les nouvelles concernant Wutaï n'étaient guère réjouissantes, elle était heureuse de pouvoir partir en vacances avec ses amies et ses frères adoptifs.
« Oh oui… De la chance… » maugréa Loz entre deux haut-le-cœur.
« Et en plus, on va passer une semaine dans un hôtel hanté ! » se réjouit Iruka.
Kadaj leva les yeux au ciel.
« Oh non, arrête avec ça ! L'hôtel Léviathan n'est pas hanté. »
« Bien sûr que si, il l'est ! J'ai lu plein de trucs dessus. »
Lowen sourit. De ses deux amies, Iruka était la plus branchée paranormal. C'était l'une des raisons pour lesquelles Lowen l'appréciait. Son amie croyait aux fantômes et aux planètes peuplées d'autres formes de vie intelligentes. Si elle avait su qu'elle était une vraie alien, comment aurait-elle réagi ?
« J'aurais préféré le Costa del Sol Resort, mais il a fallu que tu choisisses l'hôtel pour nous ! » soupira Kadaj.
« Peu importe l'hôtel, au fond, car on y va pour se détendre, pas pour chasser les fantômes », dit Jessie avec un mouvement désinvolte de la main.
« Dixit celle qui s'est rongé les sangs pendant presque tout le voyage à cause du tournoi de Queen's Blood », ricana Yazoo.
« Oh, ça va ! J'avais envie de tenter ma chance », dit Jessie sur un ton boudeur.
Leur amie avait remporté deux manches, mais à la troisième, elle avait perdu contre une certaine Régina Königin, une gamine qui avait la réputation d'être très douée à ce jeu.
Soudain, le paquebot émit un bruit de trompette. Les six jeunes gens se tournèrent vers l'horizon et aperçurent Costa del Sol au loin.
XxXxXxXxXxXxXxX
Lowen pensait que le voyage en bateau à lui seul était génial.
Mais à peine arrivée, elle avait découvert avec ravissement l'ambiance ensoleillée et festive de la ville.
Bâties sur les falaises et les dunes bordant la mer, des maisons de différents styles les accueillaient.
Certaines étaient en bois avec un toit de chaume, d'autres modernes avec des murs en pierre et des toits couverts de tuiles. Certaines, plus rares, avaient des murs métalliques. Lowen les soupçonnait d'être des entrepôts pour le commerce et le matériel de secours, en cas de tempête ou de problème maritime.
Les passagers avaient débarqué pour être accueillis par des musiciens et des danseuses dont les mouvements lui évoquaient beaucoup ceux des vahinés. On leur avait même donné des colliers de fleurs tropicales.
« Ooooooh, j'adooooore cet endroit ! » dit Jessie en tournoyant sur elle-même, sa valise dans les mains.
« Oui, c'est super ! » admit Lowen.
Elle voyait des palmiers qui l'intriguaient. Il faudrait qu'elle essaie d'en approcher discrètement un, pour voir s'il parlait…
Voyant son intérêt pour les arbres, Kadaj lui donna un coup de coude et fit signe que non. La jeune fille esquissa une moue boudeuse, mais son frère n'en démordit pas. Sephiroth lui avait personnellement demandé de veiller sur elle pendant les vacances, et il comptait bien remplir sa mission.
Les jeunes gens traversèrent les rues ensoleillées en jetant des regards enthousiastes. Tout le monde portait une tenue d'été légère ou un maillot de bain. Certains étaient pieds nus, d'autres en tongs.
Lowen se félicita de s'être changée avant de débarquer. Elle portait des tongs, un short bleu, un T-shirt noué au-dessus du nombril et un gilet en toile blanche trouée. Ses longs cheveux étaient tressés en nattes.
Ses amis s'étaient changés aussi.
Kadaj et Yazoo portaient jeans et des chemises d'été. Loz avait aussi une chemise, mais il avait opté pour un bermuda.
Jessie avait tressé sa longue chevelure brune en queue de cheval brune. Elle portait une robe d'été rouge et des sandales en toile.
Ses longs cheveux noirs cascadant dans son dos, Iruka portait une jupe courte verte et un haut de bikini jaune. Elle marchait pieds nus, sentant avec délice le sable chaud sous ses orteils.
« On s'achète une glace ? » proposa Jessie, avisant un marchand itinérant.
« Pas tout de suite », dit Kadaj.
« On va d'abord poser nos affaires à l'hôtel et prendre une douche », dit Yazoo.
« En plus, j'aimerais boire un bon cocktail bien frais », dit Lowen.
« Oh oui, bonne idée ! » dit Iruka.
Enfin, ils arrivèrent devant l'hôtel. Isolé en banlieue de la ville, il avait tout de même une vue impressionnante sur la plage.
Bâti dans un type d'architecture hawaïen, ses murs en bois étaient soutenus par des colonnes où étaient sculptées des figures grimaçantes de tikis.
« Ouuuuuh… Impressionnant ! » dit Iruka en regardant les sculptures.
« Mouais, pas mal… » dit Kadaj.
Lowen s'arrêta pour examiner le bâtiment. Il y avait deux étages. Toutes les fenêtres étaient ouvertes… sauf une. Elle voyait un rideau s'agiter derrière une vitre. Quelqu'un avait-il froid au point de fermer sa fenêtre ? Par cette chaleur, ce serait surprenant. Il lui sembla voir une silhouette derrière le tissu… avant qu'elle disparaisse.
Bizarre…
Les jeunes gens grimpèrent les marches et traversèrent le hall. Il était vaste et bondé. De nombreux clients se tenaient là, certains attendant qu'on vienne prendre leurs bagages, d'autres discutant ou prenant des photos avec leur téléphone.
Le réceptionniste à l'accueil était un homme vêtu d'un costume blanc et aux cheveux noirs soigneusement gominés. En voyant sa tenue, Lowen eut un léger rire. Il lui rappelait Mr Roarke, dans L'Île fantastique.
« Bonjour, nous avons une réservation au nom d'Iruka Akazugi », dit la Wutaïenne.
« Oh oui ! Nous vous avons réservé la suite Paradise. »
Lowen haussa les sourcils. Cela ne dépassait-il pas leur budget ?
« Relax ! Mon père a usé de ses relations pour qu'on ait cette suite », dit Iruka avec un clin d'œil.
« Trop cool ! » s'écria Jessie en tapant dans ses mains.
« Avant que nous meniez à notre suite, j'ai une question : l'hôtel est-il vraiment hanté ? » demanda Iruka.
« Oh non, pitié, pas maintenant ! » dit Kadaj.
« Les gars, relax ! L'hôtel n'est pas hanté », dit Jessie.
« Si, il l'est », répondit platement le gérant. « Cet endroit grouille d'âmes errantes… comme moi ! »
Les jeunes gens le regardèrent avec des yeux ronds. Soudain, le gérant éclata de rire.
« Mais non, je rigole ! Relax, vous êtes à Costa del Sol ! »
Lowen, Jessie et les garçons eurent un rire nerveux, tandis qu'Iruka fit une moue boudeuse.
Toutefois, lorsqu'ils arrivèrent devant la porte de leur suite au deuxième étage, Iruka cessa de bouder pour entrer la clef dans la serrure de leur porte.
Ce qui les attendait à l'intérieur coupa le souffle aux six vacanciers.
La suite était immense ! Les murs étaient blancs avec des nervures grises évoquant du marbre. Des meubles rehaussés de plantes et de bouquets de fleurs tropicales remplissaient la pièce.
Lowen poussa un cri de joie en voyant qu'il y avait une table de billard, avec tout l'équipement nécessaire pour y jouer.
Jessie ouvrit la porte d'une des chambres. Il y avait un lit pour au moins quatre personnes et des chocolats sous les oreillers. Sur sa gauche, elle trouva une porte qui donnait sur un vaste dressing.
« Oh, par la Planète ! Je n'ai pas emporté assez de vêtements, ce dressing fait deux fois la taille de ma chambre ! »
Iruka ouvrit la grande baie vitrée qui donnait sur un vaste balcon. Une table avait été aménagée pour permettre de prendre le petit-déjeuner dehors, avec vue sur la plage.
« On est au paradis ! » soupira Kadaj en se laissant tomber sur le canapé.
Toutefois, il fallait reconnaître qu'il faisait chaud. Lowen chercha des yeux un panneau ou un bouton pour contrôler la climatisation. Elle finit par le trouver, près de l'entrée d'une chambre.
Elle appuya sur le bouton commandant l'air frais, puis voulut prendre sa valise pour commencer à défaire ses bagages, quand un curieux bruit lui parvint. On aurait dit un craquement de bois en train de brûler…
Elle découvrit que cela provenait d'une des grilles de climatisation. Elle s'approcha et réalisa qu'un mince filet de liquide noir s'écoulait de la grille.
Lowen fronça le nez de dégoût. En plus, une odeur d'œuf pourri semblait s'échapper de la grille. Un rat était-il mort dans le conduit ?
Il faudrait qu'elle en parle au gérant. Son téléphona bipa, l'informant qu'elle avait un SMS. Elle l'ouvrit et vit que c'était de la part d'Angeal. Il écrivait pour lui demander si leur voyage se passait bien.
Lowen lui envoya une réponse positive, puis elle rangea son téléphone et fit volte-face pour rejoindre sa valise, quand elle se sentit bizarre.
Elle porta la main à sa poitrine et eut l'impression que quelque chose s'agitait en elle.
Soudain, l'espace autour d'elle sembla se remplir d'une brume grisâtre.
Inquiète, la jeune fille regarda autour d'elle sans comprendre. D'où venait ce brouillard ?
Il lui sembla distinguer une lueur rougeoyante à l'horizon. Tandis qu'elle la regardait grandir, Lowen eut l'horrible impression de reconnaître la présence maléfique qui l'accompagnait.
Elle crut voir une silhouette nimbée de flammes devant elle… quand une main s'abattit sur son épaule.
Aussitôt, le brouillard et la figure de feu disparurent. Le salon de la suite redevint normal, et Lowen vit Loz la regarder avec inquiétude.
« Tu vas bien ? Tu es toute pâle… »
Choquée, Lowen mit un moment avant de reprendre ses esprits.
« Ce… C'est rien, juste la fatigue du voyage. Je vais prendre une douche. »
Elle courut s'enfermer dans la salle de bains. Là, elle ne put s'extasier devant la taille de l'immense baignoire en marbre ni le lavabo aux robinets en bronze massif.
Elle porta la main à son cou et serra son collier de toutes ses forces.
Valars, pitié, pas ça ! Ne laissez pas Sauron me gâcher mes vacances, pria la jeune fille.
