Bonjour, l'hiver approche, il fait de plus en plus froid…

Merci à Nemerof91 pour la review sur le chapitre précédent.

Disclaimer : Le Seigneur des Anneaux appartient à J.R.R. Tolkien. Et Final Fantasy7 à Square Enix.


Chapitre 10 :

Le spectre ailé

Lorsqu'Asfaloth eut franchi la Porte des Elfes, Lowen ouvrit de grands yeux éblouis.

Devant elle s'étendaient de grandes collines verdoyantes. L'air était bien plus frais et respirable que dans la forêt. Et le ciel bleu, moucheté de nuages, était immense !

L'enfant inspira l'air à pleins poumons. Jamais encore elle n'avait quitté Mirkwood. Enfin, elle découvrait une autre partie de la Terre du Milieu !

Le cheval se mit en route à un pas ample. Tandis qu'ils avançaient, Lowen admira d'immenses champs de fleurs. Elle aurait aimé s'arrêter pour les humer, voire en cueillir, mais elle n'oubliait pas qu'ils devaient s'éloigner de Mirkwood.

Tandis qu'ils avançaient, elle pensa à Faelwen. Que raconterait-on à la guérisseuse ? Ses fils lui diraient-ils qu'elle avait été dévorée par une araignée géante ? Elle les voyait bien faire semblant de s'en vouloir. Et la jeune femme ressentirait-elle de la tristesse à son égard ?

Et Legolas ! Comment prendrait-il la nouvelle ? Mais peut-être qu'elle pourrait s'arranger pour lui écrire?

Le soir, ils avaient quitté les collines et s'étaient arrêtés dans un petit bois bordant des montagnes.

« Nous allons nous arrêter là pour la nuit », dit Glorfindel.

L'enfant glissa de la selle et s'étala de tout son long par terre. Ses jambes étaient tellement fourbues qu'elle pouvait à peine tenir debout.

Devant une telle attitude, Glorfindel émit un éclat de rire mélodieux, mais se garda d'émettre le moindre commentaire moqueur.

Maudissant son corps jeune et maladroit, Lowen se remit debout tant bien que mal.

« Je déteste être petite ! Autrefois, je n'étais pas si maladroite. »

« C'est un des inconvénients lorsqu'on renaît. Notre esprit se souvient, mais notre corps doit tout réapprendre », dit Glorfindel.

En le voyant se déplacer avec grâce et souplesse pour ramasser du bois, Lowen se demanda s'il pensait vraiment ce qu'il disait. Il était un Elfe, il n'avait sûrement pas rencontré les mêmes problèmes qu'elle dans son enfance.

Lorsque la nuit fut tombée, le duo de voyageurs resta un moment silencieux, à contempler le feu de camp qu'avait préparé l'Elfe.

Lowen jouait avec son pendentif, regardant le métal briller à la lueur des flammes. Le feu faisait étinceler la fleur du bijou, comme si elle buvait la lumière.

Silencieux, Glorfindel considéra l'enfant. Son œil doré semblait briller plus fort à la lumière des flammes, mais le sourire admiratif sur son visage d'enfant lui donnait un air attendrissant. Il se demanda pourquoi Thranduil avait été si dur avec elle. Bien sûr, lui-même était conscient du danger que représentait l'Ombre et il n'avait aucune pitié pour ses serviteurs. Mais il avait passé assez de temps avec Lowen pour voir qu'elle n'avait pas une once de malveillance. Certes, elle avait un regard trop âgé qui contrastait avec la jeunesse de son corps, mais rien qui ne le mit vraiment mal à l'aise.

Le comportement du roi était inexcusable. Lorsque Lowen serait en sécurité, il verrait s'il n'y aurait pas moyen d'en parler à Legolas. D'autant que le prince voudrait sûrement avoir des nouvelles de la petite.

Un bâillement de Lowen le tira de ses songes. Il sortit une couverture d'un des sacs de voyage et aida l'enfant à s'installer pour dormir.

Vigilant, l'Elfe entreprit de monter la garde pendant son sommeil.

XxXxXxXxXxXxXxX

Lowen était si fatiguée qu'elle s'attendit à dormir d'un sommeil de plomb.

Pourtant, son esprit se retrouva dans cette obscurité familière où elle avait déjà discuté avec Galadriel.

Sauf qu'au lieu de la Belle Dame de la Lothlorien, elle vit apparaître Sauron.

« Je vois que tu as quitté Mirkwood. Pourquoi t'es-tu éloignée ? »

« Vous savez très bien pourquoi… Sauron ! » cracha l'enfant avec tout le mépris possible.

Le sourire affable de l'homme disparut pour un autre plus dur.

« Depuis quand le sais-tu ? »

« On s'en fiche ! Pourquoi vous êtes là ? Si c'est pour me convaincre de vous rejoindre, vous perdez votre temps ! »

« Oh, vraiment? Et pourquoi refuses-tu de me rejoindre ? Qu'ai-je fait pour mériter tant de haine ? »

« Vous voulez la liste ? »

Cette réponse parut surprendre un bref instant Sauron. Lowen reprit :

« Vous m'avez menti sur votre nom et vous m'avez piégée de façon à ce que le roi me surprenne dans son bureau. Vous saviez que je serais punie. Et je parie que vous vous doutiez qu'ils allaient m'emmener dans la forêt ! Vous espériez que je m'enfuie et que le seul endroit où j'irais, ce serait Dol Guldur. »

« J'avoue avoir misé là-dessus. Mais je ne comprends pas pourquoi tu t'obstines à rester fidèles à ces gens. Ils ont voulu se débarrasser de toi. Ils ont tenté de t'éliminer ! »

« Ils ne sont pas tous méchants », rétorqua Lowen avec calme.

Devant son air assuré, Sauron secoua négativement la tête.

« Tu n'es qu'une fillette naïve. Un jour, tu comprendras que ta place n'est pas parmi les Elfes, ni les Hommes ni aucun autre peuple de la Terre du Milieu. Toi et moi avons trop de choses en commun pour que tu puisses l'ignorer. »

« Nous n'avons rien en commun ! Fichez-moi la paix, j'en ai marre ! Sortez de ma tête. »

Avec un rictus narquois, Sauron se mit à lui tourner autour, avant de se pencher pour lui murmurer : « Tu ne peux pas m'échapper ! »

Sa main se posa sur son épaule. Lowen eut un frisson et voulut se dégager, quand sa poigne lui parut plus lourde et brûlante.

Elle se retourna et vit qu'au lieu d'un homme blond, Sauron avait pris la forme d'une espèce d'œil enflammé. Il était gigantesque !

Soufflée par la chaleur qu'il dégageait, elle tomba sur les fesses et se mit à reculer sur les mains.

« Je te vois ! » clama l'œil incandescent d'une voix rauque.

Affolée, Lowen leva les bras devant son visage et cria.

Lorsqu'une nouvelle poigne se fit sentir sur ses épaules, elle tenta de se dégager, mais la voix de Glorfindel lui parvint.

« LOWEN ! »

Haletante, en nage, Lowen ouvrit les yeux et vit le beau visage de l'Elfe penché au-dessus du sien.

« Tu as fait un cauchemar », dit Glorfindel.

Lowen regarda autour d'elle. Ils étaient toujours à l'orée du bois, il faisait encore nuit. Asfaloth broutait paisiblement de l'herbe.

L'enfant agrippa son médaillon et se sentit aussitôt mieux.

« C'était… juste un cauchemar ! » dit-elle pour se rassurer.

Soudain, Glorfindel se tendit, puis il saisit son arc et une flèche. Il regarda autour de lui, le visage levé vers le ciel.

Lowen ne comprit pas ce qui pouvait l'inquiéter, quand un cri aigu et atroce lui déchira les tympans. Asfaloth parut s'affoler. L'Elfe lui saisit la bride d'une main, puis fit signe à Lowen de s'enfoncer sous le couvert des arbres.

L'enfant lui obéit et s'allongea de tout son long dans les buissons. Là, elle perçut un puissant battement d'ailes.

« C'est quoi ? » dit-elle dans un souffle.

« Chut ! » souffla l'Elfe.

Lentement, Lowen leva la tête et discerna une énorme silhouette ailée passer au-dessus des frondaisons.

Glorfindel regarda autour de lui et parut contrarié. Ils étaient isolés, avec de grandes étendues à découvert autour d'eux. Mais ils ne pouvaient rester ici, ou la créature qui les avait repérés finirait par descendre pour rejoindre leur cachette.

Lowen sentit la panique la gagner. Quoi que fût la chose dans le ciel, elle semblait vraiment inquiéter Glorfindel. L'Elfe avait du mal à calmer son cheval tout en restant aux aguets.

L'enfant agrippa son médaillon et ferma les yeux pour prier.

S'il vous plaît, Valars, aidez-nous !

L'environnement parut gagner en obscurité, comme si ce qui les avait rejoints absorbait la lumière.

Soudain, un cri aigu résonna. Lowen porta les mains à ses oreilles. Ce bruit était atroce ! Qu'est-ce qui pouvait émettre un tel son ?

Elle discerna bientôt une étrange créature dans le ciel. On aurait dit un dragon, mais sa tête évoquait plus un serpent ou une murène, avec des piquants sur son long cou. Il volait grâce à d'immenses ailes de chauve-souris noires. Et quelqu'un montait cette chose.

Une personne entièrement dissimulée sous une grande cape noire.

« Un Nazgûl ! » siffla Glorfindel.

Lowen ignorait ce qu'était un Nazgûl, mais elle était terrifiée. Son œil doré devint douloureux. Quelque chose semblait palpiter dans sa tête, comme si une part d'elle répondait à la magie obscure de ce monstre et son cavalier.

C'est Sauron, comprit l'enfant avec horreur. Il est prêt à tout pour me récupérer.

Elle regarda Glorfindel et se sentit coupable. À cause d'elle, cet Elfe si gentil et lumineux se retrouvait dans cette situation. Thranduil avait raison, ainsi que ses Elfes. Elle n'apportait que du malheur autour d'elle.

Elle serra les poings de colère. Comment aider Glorfindel ? Elle chercha en elle une solution, quand le battement d'ailes se rapprocha. Un bruit sourd et proche lui fit comprendre que la créature s'était posée !

Glorfindel prit Lowen par l'épaule et la fit reculer davantage dans les buissons.

La fillette comprit que le Nazgûl approchait ! Affolée, elle se cacha derrière un arbre. L'Elfe lui fit signe de rester silencieuse, puis la fit grimper dans les branches. Toujours en silence, il lui fit signe de rester immobile, puis il s'éloigna.

Lowen serra plus fort la branche à laquelle elle s'agrippait. L'Elfe allait-il affronter ce mystérieux ennemi ? Elle espérait que non, elle avait l'étrange pressentiment qu'il n'y survivrait pas.

Soudain, la douleur à son œil gauche revint. Elle étouffa un gémissement et plaqua une main dessus. Son unique main restante sur la branche glissa, ce qui la fit tomber.

Elle atterrit avec un cri de douleur et se pétrifia. Oh non ! L'avait-on entendue ? Un cri aigu lui parvint, puis un froissement d'herbe. Le Nazgûl approchait !

Prise de panique, Lowen resta sans bouger. Elle sentit soudain quelque chose réagir en elle, puis l'espace devint gris et brumeux.

Elle réalisa qu'elle avait réussi à se rendre invisible. Seule, sans l'aide de Sauron !

Le Nazgûl apparut devant elle, armé de son épée. Lowen fit un effort pour rester muette et immobile. Tandis qu'il approchait, l'enfant vit sa cape noire disparaître, laissant la place à un homme enveloppé d'un halo blanc laiteux. Comme Celebrimbor, il avait la peau tirée sur les os, comme un cadavre desséché. Une couronne ornait sa tête, et les lambeaux de ses vêtements évoquaient une ancienne tunique royale.

Quoi que fût ce Nazgûl, il ressemblait au fantôme d'un ancien roi.

Lowen pria pour que son invisibilité dure suffisamment longtemps, quand elle vit l'air se brouiller autour du Nazgûl. Que faisait-il ?

Elle réalisa qu'une énergie froide et malsaine émanait de lui. C'était comme s'il essayait de scanner l'environnement. Il allait la trouver !

Affolée, Lowen recula. Cela fit du bruit. Le regard du fantôme se concentra sur la zone où elle se trouvait, puis il fit un pas vers elle.

Lowen recula de plus belle et paniqua en le voyant s'avancer plus vite. Il allait l'attraper !

La peur lui fit perdre tout contrôle, elle sentit à nouveau son œil doré lui faire mal.

N'y tenant plus, elle se leva et se mit à courir.

Je veux pas qu'il m'attrape, par pitié, au secours !

L'air devant elle parut s'illuminer. L'image des buissons et des arbres autour d'elle se brouilla. Lowen sentit le sol disparaître sous ses pieds.

Perdue, confuse, elle regarda son environnement changer, jusqu'à devenir un grand vide lumineux.

Elle s'arrêta de courir et regarda autour d'elle. Le Nazgûl avait disparu, tout comme les bois environnants.

Que s'était-il passé ? Elle n'aimait pas cet endroit. Il y faisait froid et elle avait la désagréable impression que des choses invisibles s'agitaient autour d'elle.

Le blanc céda la place à l'obscurité. Lowen sentit le sol revenir sous ses pieds. Des filaments de lumière verte apparurent autour d'elle.

L'enfant les regarda sans comprendre, puis se pencha pour en toucher un. Il s'écarta, comme de l'eau repoussée par son mouvement.

Lowen aperçut une lumière verte au loin. Les filaments semblaient y converger.

Avec espoir, elle se dirigea vers cette lumière. Arrivée devant elle, l'enfant eut le souffle coupé.

Une femme blonde d'une beauté incroyable se tenait devant elle. Vêtue d'une armure dorée, ses magnifiques yeux verts observèrent Lowen en silence.

L'enfant se demanda s'il s'agissait d'une Valar. Une parente de Yavanna, peut-être ?

Soudain, une lueur rouge se forma dans son dos. Lowen se retourna et entendit un grondement. Elle reconnut l'aura menaçante de Sauron. Il approchait ! Il la suivait toujours, même dans cet… endroit ?

Lowen vit la femme se pencher vers l'avant, comme si elle avait pris un coup invisible. L'enfant se sentit mal. Qui que fût cette femme, elle semblait sensible à l'aura malfaisante de Sauron qui approchait.

La petite voulut parler, lui dire qu'elle était désolée, qu'elle ne savait pas comment elle avait atterri ici, quand la femme ferma les yeux. Les rubans de lumière verts s'agitèrent de plus belle et se concentrèrent autour de Lowen.

L'enfant se sentit happée par une nouvelle vague d'énergie et bascula en arrière.

Elle se sentit tomber, tomber… jusqu'à heurter un sol dur. Des cris d'enfant résonnèrent.

À moitié sonnée, elle resta allongée par terre, à regarder un ciel de métal gris éclairé par… des néons ?!

Trois paires d'yeux verts apparurent dans son champ de vision.

« D'où tu sors, toi ? » demanda une voix de petit garçon.

Clignant des yeux, Lowen se redressa et vit qu'elle avait changé d'environnement encore une fois.

Elle se trouvait dans une pièce aux murs métalliques, avec dans un coin trois couchettes se réduisant à des oreilles et des couvertures sales.

Les occupants de la pièce étaient des petits garçons de son âge. En voyant leurs cheveux argentés et leurs yeux d'un vert brillant, Lowen crut qu'il s'agissait d'Elfes, mais leurs oreilles étaient rondes.

L'un des trois garçons écarquilla les yeux en croisant son regard.

« Je t'ai vue dans mes visions ! »

Un autre, aux cheveux hérissés sur la tête, leva les yeux au ciel.

« Oh non, pitié, Yazoo, ne recommence pas avec tes rêves ! »

« Mais Loz, je t'assure que… »

Ignorant leur discussion, le plus jeune des trois se pencha vers Lowen.

« Tu viens du dehors ? » demanda-t-il avec curiosité.

« Euh… Oui, mais… on est où, là ? »

Lowen sentit la panique la gagner en réalisant que s'il y avait des néons au plafond, alors il y avait de grandes chances pour qu'elle ait quitté Arda. Se pouvait-il qu'elle soit revenue sur Terre ?

« On ne sait pas très bien », soupira l'enfant. « Mais j'aimerais tellement sortir ! C'est horrible ici, ils… »

Soudain, les deux autres garçons cessèrent leurs chamailleries et se tournèrent vers la porte. Le troisième les imita, puis regarda autour de lui avec affolement.

« Oh non, ils arrivent ! Faut te cacher », dit-il en prenant la main de Lowen.

« Qui arrive ? »

Il l'entraîna vers une porte menant à une salle de bains et lui fit signe de se taire, avant de refermer la porte.

Tendue, Lowen entendit une autre s'ouvrir avec un bruit coulissant, puis plusieurs bruits de pas, signe que plusieurs personnes venaient d'entrer.

« Où est la fille ? » demanda une voix traînante.

« Quelle fille ? » demanda l'enfant qui lui avait dit de se cacher.

« Ne fais pas l'innocent, numéro 17, nous l'avons vue sur les caméras ! D'où sort-elle ? Elle semble s'être téléportée… Elle est dans la salle de bains, c'est ça ? Allez, dégage ! »

Il y eut des bruits de lutte, puis un son évoquant un Taser. Des cris lui parvinrent, signe que les enfants souffraient.

Tremblante de peur, Lowen courut se cacher dans la cabine de douche. Elle recula jusqu'à se plaquer contre le mur, quand la porte s'ouvrit. Un homme en blouse blanche apparut.

Jamais Lowen n'avait vu un homme aussi laid. Grand, maigre, son visage évoquait plus celui d'un rat ou d'une fouine qu'un humain. Il avait des cheveux noirs mi-longs retenus en catogan. Ses yeux avaient beau être cachés derrière des lunettes, il affichait sans retenue un rictus cruel.

« Tiens, tiens ! D'où sors-tu ? Je ne me souviens pas t'avoir déjà vue, tu n'es pas l'un de mes spécimens… »

Même sa voix était horrible ! Un peu aiguë, avec un rythme traînant, comme si tout ce qui croisait son chemin était moyennement intéressant.

Des hommes portant une espèce d'uniforme militaire et un casque orné de trois lumières rouges l'encadraient.

Et derrière eux, Lowen aperçut les trois garçons, allongés par terre avec l'air de souffrir. Que leur avait-on fait ?

« Saisissez-la ! » ordonna l'homme aux cheveux noirs.

Lowen ferma les yeux, invoquant de toutes ses forces son pouvoir d'invisibilité, mais rien ne se produisit. Elle sentit un vide en elle. Son corps avait pompé sur ses dernières réserves pour la cacher aux yeux du Nazgûl, puis la faire passer d'un monde à l'autre !

Car elle en avait l'intime conviction, en cet instant : elle n'était plus sur Arda.

Ignorant les faibles protestations des garçons et celles plus fortes de Lowen, les gardes entraînèrent la petite hors de la pièce pour la conduire dans un couloir, jusqu'à une autre salle vide.

Tandis que la porte en métal se refermait, Lowen tomba à genoux en gémissant.

Comment cela avait-il pu se produire ? Elle l'ignorait, mais apparemment, la présence du Nazgûl avait activé ses pouvoirs, ou du moins ceux liés à Sauron et aux Ténèbres.

Et dans la panique, l'enfant avait maladroitement réussi à échapper à son ennemi pour tomber dans un autre pétrin !

XxXxXxXxXxXxXxX

Glorfindel ne comprenait pas ce qui s'était passé.

Il avait voulu prendre le Nazgûl à revers, quand il avait entendu Lowen tomber de son arbre et s'enfuir.

Le temps qu'il rattrape le spectre et l'enfant, il avait vu quelque chose d'étrange se produire.

D'abord, l'enfant avait réussi à se rendre invisible. Le spectre l'avait rejointe lentement, sans doute en se fiant à son odeur, quand le corps de la petite avait commencé à briller.

La lumière avait envahi les bois, arrachant un cri au Nazgûl, qui avait battu en retraite dans la prairie où sa monture l'attendait.

Tandis qu'il s'enfuyait sur le dos de son horrible monstre ailé, Glorfindel avait rejoint l'endroit où Lowen avait disparu.

Le sol était calciné, comme si un pouvoir d'une ampleur incroyable avait affecté la terre.

Mais aucune trace de l'enfant. Glorfindel dut se rendre à l'évidence. Elle avait disparu ! Mais comment était-ce possible ?

« Galadriel, pardonnez-moi, j'ai échoué ! » pensa l'elfe, mortifié.

Soudain, la voix de la Dame s'éleva dans sa tête.

« N'ayez crainte, Glorfindel. Les Valars ne l'ont pas abandonnée. Son destin l'a conduite là où nul d'entre eux ne peut la suivre, mais elle finira par nous rejoindre. »

« Que voulez-vous dire ? »

Il n'y eut aucune réponse. Glorfindel comprit que Galadriel ne lui en dirait pas plus.

Avec un soupir résigné, il fit demi-tour et engagea lentement vers sa monture. Il ne lui restait plus qu'à rejoindre Fondcombe.

Tandis qu'il repartait, il pria pour que Lowen, où qu'elle soit, ne coure aucun danger.