Vivre au Présent
Résumé : "Quel que soit ce que le moment présent contient, acceptez-le comme si vous l'aviez choisi. – Eckhart Tolle" Un an s'est écoulé depuis qu'ils ont tous brisé leur chaînes, venez découvrir leurs nouvelles aventures... Suite de "Liberté d'Avenir" (lien dans mon profil)
NDLA :Bien le bonjour/Bonsoir ! Voilà la suite tant attendue (j'espère… ^^) Comme je le précise dans ma réponse ci-dessous, je n'ai pas de rythme de publication et je ne veux pas me stresser (ainsi que ma beta) avec des délais. Et puis comme ça vous aurez la surprise de voir la publication dans vos alertes ! ^^
Merci à beta Armenius, pour tout le temps qu'elle m'accorde et pour la découverte des nombreuses fonctionnalités qu'offre Word ! Sans elle, vous n'auriez pas ces chapitres de qualité !
Bonne lecture à tous !
DeathGothika
Réponse aux guests :
Bambou :Merci pour ton commentaire ! J'espère que la suite te conviendra aussi bien ! Et pour répondre à ta question… et bien, je n'ai pas de rythme de publication. Je sais ça ne t'avance pas trop, sache juste que mon temps libre ne va plus exclusivement à l'écriture, mais j'ai quand même quelques chapitre d'avance que j'aimerais publier tous les deux mois au maximum ! En espérant que ça ne te refroidisse pas trop ! à bientôt ! DG
Chapitre 1 : Un retour en douceur… ou pas !
Une profonde joie et une réelle satisfaction envahissaient le cœur du prince, Lîn était heureuse. Quand elle avait quitté leur île, le lien qui l'unissait à Akio était faible, voir inexistant. Puis le temps avait passé et maintenant il retrouvait les sentiments de sa sœur plus souvent et avec plaisir et tristesse. Il en avait émis une théorie, leur relation était devenue mauvaise à cause de ce qu'il éprouvait pour elle. Lîn avait peut-être réussi à se protéger en inhibant inconsciemment le lien. Puis le temps et un peu d'aide morale et chimique avaient aidé le prince à contrôler ses pulsions, lui permettant de retrouver la proximité qu'il possédait avec sa jumelle.
Akio s'installa à son secrétaire dans le bureau de son appartement – appartement qu'il avait complètement investi quelques mois après le départ de sa jumelle. Son cabinet de travail était encombré par de nombreux papiers qui concernaient l'administration de l'île. Il attrapa la clé qu'il portait autour du cou pour ouvrir un tiroir. Sa main d'acier commença à trembler, faisant cliqueter le métal de sa prothèse avec celui de la clé et il eut du mal à la tourner. Dans le tiroir se trouvaient les nombreuses correspondances qu'il avait eues avec Lîn. Ces échanges n'auraient jamais eu lieu si son père n'avait pas décidé de pousser son fils à écrire.
Lîn était partie. Akio, assis dans un fauteuil, était encore enfermé dans sa chambre, la chaîne de granit marin avait été remplacée par un bracelet cadenassé afin qu'il ne puisse pas l'enlever. Le prince fixait l'océan, ou plutôt le navire où se trouvait sa moitié et qui s'éloignait de plus en plus, devenant un point à l'horizon. Quelques instants après, il avait disparu et Akio s'était sentit vidé de tout sentiment.
L'attelle qui enserrait la jambe du prince le gênait, accentuant par sa pression la douleur qui irradiait dans son membre brisé. Sans parler des douleurs fantômes de sa main tranchée, comme si celle-ci était toujours bien accrochée à son bras. Seule sa cage thoracique semblait vouloir lui laisser un peu de répit, du moins tant qu'il mesurait sa respiration.
Un léger coup à sa porte le sortit de sa léthargie et il tourna son regard vers l'entrée de sa chambre quand son père fit son apparition après avoir ouvert délicatement le battant. Le monarque referma tout aussi silencieusement la porte derrière lui et Akio remarqua qu'il portait une lettre à la main. Il s'installa dans le fauteuil en face de son fils, claudiquant avec l'aide d'une béquille pour venir le rejoindre, sa jambe elle aussi cassée à cause du prince lui permettait beaucoup plus de mouvements que celle broyée de son fils.
- Tiens Akio, c'est de la part de Lîn, lui expliqua le roi en faisant glisser le courrier sur la petite table à côté du prince.
Akio regarda l'enveloppe un instant mais ne fit pas mine de vouloir la prendre. Son père lâcha un soupir.
- "Les mots soignent les maux", récita-t-il d'une manière un peu trop solennelle.
- Qui est l'idiot qui a dit ça ? ne put s'empêcher de répliquer le prince, sa voix remplie d'amertume, accablé par sa situation.
- L'idiote, tu veux dire... C'était ta mère qui disait souvent ça. Quand quelque chose la contrariait, et c'était souvent la guilde, elle pouvait passer des heures à son cabinet à écrire des lettres qu'elle finissait par brûler.
- Pourquoi continuez-vous de venir me voir ? J'ai tué votre femme, essayé de vous assassiner et fait endurer des choses horribles à Lîn, alors pourquoi ? questionna Akio avec énervement, l'attitude de son père lui semblant stupide.
- Parce que tu es mon fils et que mon devoir de père est de t'aider, même après tout ce que tu as fait. Je ne peux pas changer le passé mais je peux t'offrir un avenir. Akio... S'il te plait, n'hésite pas à répondre à ta soeur, Lîn en a besoin autant que toi, mais surtout fais le point avec toi-même. Je ne sais pas si ta mère avait la bonne technique, mais si une plume et du papier peuvent t'aider, alors écris. Allez, il est temps pour toi de te reposer, déclara le roi en lui tendant la main pour aider Akio à se relever pour le mener vers son lit.
Il aida son fils à s'installer et quitta la pièce avec un simple « bonne nuit ».
Le vieil adage disant que "la nuit porte conseil" alla à la perfection au prince cette nuit-là, et au petit matin il mit toutes ses dernières forces pour rejoindre son secrétaire, la lettre de Lîn à la main.
Depuis, les courriers s'étaient accumulés. Les premiers qu'Akio avait écrits à sa soeur étaient distants et très courts, pourtant Lîn lui renvoyait des lettres avec plusieurs feuillets, racontant sa nouvelle vie à bord du navire pirate, avec Ace. Akio avait chiffonné les premiers échanges, le bonheur de sa sœur avec ce pirate l'emplissait de jalousie. Alors il s'était mis à écrire à lui-même, comme son père lui avait conseillé et le lien l'unissant à sa sœur avait repris, lentement, de la force, lui permettant de ressentir le bonheur de sa jumelle. Bonheur dont il ne faisait pas partie...
Las, le prince sortit une petite pochette de son tiroir. Il l'ouvrit et en laissa tomber un comprimé blanchâtre sur le bois de son bureau. Il finit par le récupérer, la main tremblante et le porta à sa bouche. Sa langue joua un instant avec le comprimé, le faisant rouler contre son palais. Il le croqua et le goût âcre du remède envahit sa bouche mais ne lui arracha pas une grimace, il s'y était habitué. Les tremblements de ses mains s'estompèrent au bout de quelques minutes ainsi que la sensation de froid et de manque qui commençait à l'envahir.
Akio se laissa aller contre sa chaise de bureau et fixa le plafond d'un regard vide. Perdu dans ses pensées, ce fut les premières lueurs de l'aube filtrant à travers ses rideaux qui lui rappelèrent qu'il était temps pour lui d'aller se reposer.
Le premier boulet de canon heurta la coque du navire de plein fouet. D'autres suivirent, mais mal ajustés, ils tombèrent devant le bateau de l'équipage du Phénix, éclaboussant de gerbes d'eaux les pirates qui s'affairaient à préparer la réplique.
Marco n'avait pas prévu d'affronter la Marine sur cette partie du Nouveau Monde, mais il ne s'en inquiétait pas plus que ça. Il n'y avait que deux bateaux ennemis face à eux. Ils auraient tôt fait de les envoyer par le fond et pourraient ensuite continuer leur route vers l'île de DarkFog (1) du moins si aucun autre boulet ne venait abîmer son précieux bateau.
Après la destruction du MobyDick, il avait fallu acquérir une nouvelle embarcation capable d'accueillir le restant de l'équipage d'Edward Newgate, bien que fortement diminué après la guerre de Marineford. Outre les nombreux morts, une bonne partie des équipages alliés de Barbe Blanche avait rompu leur alliance avec eux pour naviguer de leur côté ou pour rejoindre l'un des trois derniers Empereurs restants.
C'est donc avec un nombre de camarades clairement inférieur que Marco avait guidé le restant de ses hommes à WaterSeven. Lîn avait adoré cette île et malgré leur obligation de rester discrets, elle l'avait explorée en long, en large et en travers, accompagnée à tout instant par le fils de Gol D Roger. Puis le navire fut terminé et il ne manqua alors qu'un détail qu'Iceburg, dirigeant de Galley-la-Compagny leur avait fait remarquer.
- Quel est son nom ?
- Son nom ? avait répété Marco, ne comprenant pas immédiatement le sens de la question du Charpentier.
- Le nom du bateau, il va falloir en trouver un si vous voulez prendre la mer avec. Et je ne pense pas que "Mobydick second" soit envisageable...
S'en était suivi une longue journée de réflexion, Marco ayant invité ses hommes à donner leur avis. Mais rien de ce qu'il avait pu entendre ne l'avait charmé. Jusqu'à ce que Lîn décide de donner son idée lors d'un repas peu animé, les hommes encore écrasés par le deuil.
- Chimère... avait soufflé la jeune femme avant de porter son verre à sa bouche pour en boire une gorgée.
- Qu'est-ce que tu dis ? demanda Ace en croquant dans un bon morceau de viande et en vidant sa chope de bière d'un trait.
La jeune femme avait alors fixé Marco du regard un instant, hésitant car incertaine de l'idée.
-"La Chimère"... Pour le nom du nouveau bateau.
Marco avait alors posé son propre verre et porté sa main à son visage, se caressant le menton distraitement pendant qu'il réfléchissait à cette idée. Lîn détourna le regard vers Ace quand celui-ci posa une main sur sa cuisse en souriant de toutes ses dents, la bouche pleine de nourriture... Pour ensuite s'écrouler l'instant d'après sur la table, la jeune femme ayant eu le réflexe de tirer son assiette.
- Moi ça me plaît beaucoup ! Alors capitaine ? demanda Mya en levant son verre d'eau.
Le silence se fit à la table des anciens commandants de Barbe Blanche, le calme ne dura pas plus de quelques secondes avant qu'ils ne donnent tous leur avis.
- Moi aussi je trouve ça cool ! approuva Curiel de son ton enjoué.
- De même ! continua Haruta en levant lui aussi son verre.
- Alors capitaine ? demanda Fossa. Adjugé ?
Devant le regard que leur lança Marco, Lîn et les commandants retinrent leur souffle. Puis le sourire de Marco les éclaira sur la réponse du capitaine, leur permettant de respirer de nouveau.
- C'est parfait, Lîn. Tiens. Tu le baptiseras toi-même. Ordre du capitaine, termina Marco avec un clin d'œil et en lui tendant la bouteille de rhum sur la table.
La princesse répondit avec un grand sourire avant de se lever prestement en réveillant Ace, râlant qu'il n'avait pas fini son repas quand elle le tira derrière elle, vite suivie du restant de l'équipage.
La "Chimère" avait donc pris la route dès le surlendemain, Marco ayant demandé à Iceburg de modifier la proue, pour qu'elle corresponde mieux à son nouveau patronyme.
Alors après tous ces efforts, il n'était pas question qu'un groupe de Marines n'abîme leur nouveau chez eux.
L'endroit avait changé depuis qu'il était parti une nuit après avoir laissé le prince Akio presque mort. La grande barrière de l'île du Dragon était ouverte mais pas complètement, de telle manière à pouvoir vite la refermer si quelqu'un de non amical tentait de passer la muraille. Un petit poste flottant avait été monté devant et quelques bateaux stationnaient en attendant l'autorisation d'entrée. Deux sous-marins de surveillance encadraient la plateforme et Jake devina que d'autres devaient patrouiller le long de la barrière de protection de l'île. Anita pouvait tenter d'entrer par la grande porte, par contre lui... Il eut une pensée pour Yumiko restée sur l'île de Voodou en compagnie de la guérisseuse farfelue de l'île.
- Et si Mama Odie arrive à la soigner ? Ce que nous faisons est inutile.
- Jake... Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu as la trouille...
Le blond répondit d'une pichenette derrière la tête de l'adolescente et celle-ci répliqua par un coup bien placé dans les côtes de son aîné, le faisant tomber à l'eau. Anita paniqua instantanément et se pencha à tel point sur le bord de l'embarcation que son nez touchait presque la surface de l'eau. Elle n'eut pas le temps d'hurler le prénom de Jake que celui-ci remonta pour l'éclabousser. La jeune fille râla pour la forme, comprenant que ce n'était pas son simple coup qui aurait pu faire tomber l'ex-assassin.
- J'ai l'impression que c'est toi qui panique le plus ici, se moqua Jake avec un sourire.
- Ha ha... Très drôle... Alors c'est quoi le plan déjà ?
- Je vais vérifier le souterrain donnant sur l'océan. S'il a été condamné, je trouverai un autre moyen de pénétrer sur l'île. Pendant que toi tu passes par la grande porte pour proposer ta marchandise à vendre.
- Et si on ne me laisse pas entrer ?
- Tu attends au large que je revienne.
- Et si tu ne reviens pas ? Je commence réellement à me dire que je n'ai pas eu une bonne idée...
- Anita, cesse d'envisager le pire. Tu te rappelles du plan ?
- Tu vérifies s'il y a du sang de Dragon dans le laboratoire pendant que j'occuperai Para-machin avec mes herbes médicinales à vendre. Et on repart tranquille sans bobo !
- C'est l'idée ! Allez, c'est parti. À tout à l'heure.
Le blond sortit son poing hors de l'eau et l'adolescente le frappa de son propre poing fermé avec une boule au ventre. L'instant d'après, Jake avait plongé et disparu de la surface de l'eau. La jeune fille décida de ne plus y penser pour le moment et s'attela à manœuvrer sa voile pour pouvoir se diriger vers l'île du Dragon.
- Espérons y trouver ce que nous cherchons... marmonna l'adolescente.
L'heure du thé était passée bien vite, trop au goût du roi qui devait déjà reprendre son activité de souverain légitime de l'île. Mais même si cette tâche semblait lourde à porter, il n'en était que plus heureux. De plus, il pouvait ainsi enseigner à Akio la gestion d'un royaume, bien plus important maintenant que l'entraînement d'assassin qui avait marqué ses deux enfants. Akio le suivait sans mot dire, plongé dans la feuille qu'il avait à la main, récapitulant ce qu'il allait entendre pour la prochaine audience : une ferme qui avait brûlé en grande partie dans le nord de l'île et qui demandait de l'aide pour sa reconstruction, des marchands qui voulaient commercer avec eux, ou bien encore l'orphelinat du village qui aimerait que sa toiture soit réparée et qui ne pouvait payer le charpentier qui s'en chargerait. Finalement, le monde était histoire d'argent dans tous les domaines.
Tellement absorbé, il ne vit pas son père s'arrêter au détour d'un couloir et il faillit lui rentrer dedans.
- Tu es perdu ? demanda le roi à la personne encore invisible au prince. Celui-ci se décala pour pouvoir apercevoir leur visiteur.
Une jeune fille aux beaux cheveux bruns bouclés plongea le nez dans le feuillet bleu, la couleur qui caractérisait les laisser-passer, qu'elle tenait à la main.
- Euh... Je cherche Paracelse... Je vends des herbes médicinales qui viennent de mon île et d'après les hommes de l'entrée, ça pourrait l'intéresser, précisa l'adolescente en montrant la poterie de forme allongée qu'elle tenait de son autre main.
- Oh, je vois.
Anita releva le nez de sa feuille pour observer la personne qui s'intéressait à elle. La première depuis qu'elle avait pénétré ce château qu'elle qualifiait de palais de conte de fée avec ses jolies toitures de couleur. Même si elle se sentait observée, personne n'avait daigné lui proposer de l'aide, alors qu'elle était sûre d'être déjà passée au moins trois fois dans ce couloir.
En détaillant son interlocuteur, un homme au regard doux, une couronne posée sur ses cheveux noirs avec les tempes poivre et sel, elle comprit enfin à qui elle avait à faire.
- Vous êtes le roi ? ne put-elle s'empêcher de demander.
- Très observatrice, répondit celui-ci en riant. Les quartiers de Paracelse sont dans les sous-sols. Tu ne risquais pas de trouver sans passer par l'escalier derrière nous.
C'est en cherchant l'escalier en question qu'Anita croisa le regard d'Akio. Celui-ci ne réagit pas laissant la petite baisser le regard, face à son air froid et intimidant.
- Akio va t'y emmener. Je dois y aller : du travail m'attend. Bienvenue sur l'île du Dragon... salua le roi en tendant sa main, attendant que la jeune fille réagisse et se présente.
- Anita ! répondit-elle un peu brusquement en tendant la main pour serrer celle du roi.
- Et bien Anita, bonne journée. Akio, rejoins-moi dès que possible.
- Très bien père.
Akio tendit la feuille des audiences au roi qui la récupéra et partit avec un dernier au revoir de la main à la petite.
- Père... réalisa soudainement Anita. Alors vous êtes un prince ?!
- Pourquoi ? Cela t'étonne ? ne put s'empêcher de demander Akio avec un micro sourire, amusé de la réaction d'Anita.
- Euh… Vous ne vous vexerez pas si je réponds « pas la tête de l'emploi » ?
Le prince se contenta d'hausser les épaules et se décala pour la laisser passer, lui indiquant le chemin de sa main métallique. Anita poussa un discret soupir et hésita un instant pour finir par prendre les devants. Cinq minutes plus tard, ils se retrouvaient déjà dans les sous-sols, peu éclairés et un peu plus glauques. Du moins c'est ce que réalisera plus tard Anita en repensant à sa rencontre avec le prince. Pour le moment, elle mourait d'envie de poser la question qui la taraudait depuis qu'elle avait vu la prothèse d'Akio. Ses pensées dérivèrent d'elles-mêmes vers Jake et Yumiko.
La confiance qu'Anita leur portait était totale, même si les deux adultes avaient gardé une grande partie de leur passé secrète, hormis le fait qu'ils étaient originaires ce cette île où existait le précieux remède qui avait soigné Jake de sa blessure quand elle l'avait rencontré, et qu'ils avaient dû s'enfuir. Elle ignorait donc pourquoi le blond était si doué au combat, du moins de ce qu'elle avait pu observer de Jake quand il s'entraînait seul dans la forêt, et d'où pouvaient venir les innombrables cicatrices qu'elle avait vues sur le corps de Yumiko en l'aidant à prendre un bain. Ou encore ce que symbolisait le dragon tatoué sur leur corps et qu'elle avait pris au début comme la lubie de deux amoureux. Elle avait bien posé quelques questions mais les deux amants avaient toujours été évasifs, sauf un jour où Jake lui avait dit avoir rendu la monnaie de sa pièce à la personne qui avait tranchée la main de Yumiko. Les mots sortirent avant que l'adolescente n'ait pu les empêcher.
- Qu'est-ce qui est arrivé à votre main ?
Akio stoppa dans le couloir quand Anita se tourna vers lui. Il répondit de but en blanc, ayant envie de taquiner cette adolescente curieuse.
- On me l'a coupée car j'ai fait une bêtise.
Satisfait de sa répartie en voyant Anita écarquiller grand les yeux, il reprit sa marche en passant devant elle qui ne bougeait toujours pas. Il s'arrêta en l'entendant enfin se reprendre :
- J'y ai presque cru... Avec votre air sérieux, vous devez berner pas mal de personnes, ajouta Anita qui hésita à chercher plus loin pour ne pas vexer la tête couronnée.
- Hmmm... Allez viens, le labo est ici, conclut le prince en désignant la porte d'un signe de menton.
Anita courut la petite distance qui le séparait du prince. Il allait ouvrir la porte quand sa main resta en suspend au-dessus de la poignée, arrêtée par la présence qu'il venait de reconnaître et qui se trouvait derrière la porte.
Pénétrer l'île du Dragon avait finalement été beaucoup plus simple que ne l'avait pensé Jake. La vigilance des gardes de l'île, que ce soit des assassins ou des membres de l'armée, n'était vraiment plus aussi haute qu'avant. Le blond avait retrouvé sans problème l'entrée secrète sous l'océan et avait remonté les longs boyaux des couloirs secrets que Yumiko lui avait parfaitement redessinés de mémoire quand elle avait étudié les plans de Rika, après l'avoir tuée. Jake avait alors constaté l'absence de remords de la brune. Quand il le lui avait fait remarquer, elle avait simplement répondu qu'il ne devait pas oublier qu'ils avaient été entraînés ainsi. Aucune pitié, aucun remords.
Et maintenant il était dans les sous-sols du palais, se glissant d'ombre en ombre, se cachant derrière les rideaux quand un garde ou un serviteur passait devant lui. Il se demandait alors à chacun de ses moments de partie de cache-cache, si Anita était parvenue jusqu'ici sans encombre.
La porte d'entrée du laboratoire de Paracelse apparut enfin dans son champ de vision, il pénétra rapidement à l'intérieur. L'odeur familière de l'endroit lui arracha un pincement au cœur. Si la guilde et ses règles ne lui manquaient pas, il n'en allait pas de même pour Paracesle. Le sage avait été vraiment comme un père pour chacun des assassins de l'île.
Le blond chassa son malaise d'un battement de paupières, il était ici pour trouver du sang de dragon. Il espérait juste que l'année écoulée avait suffi à l'arbre centenaire pour fournir de nouveau l'incroyable remède. Et il allait rapidement en avoir le cœur net.
Délaissant les nombreux flacons qui se trouvaient dans les rayons des imposants meubles de la pièce, l'ex-assassin se dirigea directement vers la bibliothèque qui rassemblait de nombreux ouvrages, autant de protocoles de confection de poisons ou de remèdes, mais surtout le "cahier de laboratoire" du maître des poisons. Le blond tira le livret de l'étagère et commença une lecture rapide.
Un tableau bien organisé et dessiné sur chaque page permettait de connaître le type de remède fabriqué, le nombre d'ingrédients nécessaires et pour qui il était destiné. Des noms qui ne disaient rien à Jake, sûrement pour les habitants de l'île ou pour le commerce qu'avait ouvert le roi. Il remonta alors les pages. De temps en temps apparaissait une ligne réservée au sang de dragon, avec toujours la même annotation : échec.
Un bruit derrière la porte du laboratoire attira son attention et il reposa rapidement l'ouvrage. En quelques pas silencieux, il rejoignit les lourdes tentures noires et se cacha entre elles.
Paracelse passa à moins d'un mètre de lui. Le vieux sage s'avança dans la pièce et il remarqua immédiatement que son livre avait bougé. Jake, qui ignorait que l'ancien sage avait déjà détecté sa présence, le détailla rapidement du regard.
Son ancien mentor ne portait plus sa tunique symbole de la Guilde, juste des vêtements confortables, un pantalon de toile et une chemise et par-dessus une simple blouse blanche.
Sans prévenir, Paracelse fit volte-face vers Jake en croisant les bras.
- Allons mon garçon, c'est comme cela que l'on salue son vieux maître ? lui demanda l'ancien sage avec un sourire en coin.
Ce fut le signal pour que Jake sorte de sa cachette, sans pouvoir empêcher un sourire d'apparaître sur son visage. En quelques pas, Paracelse fut devant lui et l'enserrait dans une forte étreinte amicale.
- Jake, mon garçon quel plaisir de te voir ! s'exclama le vieil homme.
- Paracelse... salua le blond quand son aîné l'eut relâché. Comment allez-vous ?
- Très bien, mais toi ? Un an est passé et j'ai l'impression d'avoir appris ta disparition du palais hier... Disparition précédée d'un acte bien théâtral ! Si le prince te trouve ici, tu es un homme mort.
- Paracelse j'ai besoin de votre aide. Je veux du sang de dragon, annonça Jake en ignorant la mise en garde de son ancien mentor. Que pouvait bien lui faire un manchot à la jambe broyée ?
- Malheureusement la situation n'a pas changé de ce côté-là, mais tu as dû déjà le lire, répondit l'ancien sage en désignant son livre posé sur l'étagère.
- C'est pour Yumiko, l'informa Jake.
Paracelse pourrait devenir plus complaisant en sachant cette information. Et il fournirait peut-être quelques gouttes du précieux antidote s'il se trouvait qu'il y en avait de caché dans le laboratoire. Mais malgré toute l'affection qu'il éprouvait pour le vieil homme, Jake se devait de rester tout de même méfiant, il devait neutraliser en douceur l'ancien sage.
Ce fut une réelle surprise d'apprendre cela pour Paracelse, la jeune femme était donc vivante. Jake en profita pour faire un rapide geste et un dard paralysant se ficha dans le pectoral du maître des poisons. L'instant d'après, les jambes de Paracelse lâchèrent et le blond le rattrapa avant qu'il ne tombe au sol. Jake l'installa contre le pied d'une des tables, veillant à ce qu'il reste bien assis.
- C'est une bonne nouvelle, souffla le vieillard encore maître de sa parole et ignorant sciemment l'acte de son ancien protégé. Mais j'imagine qu'elle n'est pas si bien portante... Coma ?
- Elle ne peut pas marcher sans aide et sans douleur, répondit par mécanisme le blond en reprenant le livre pour continuer sa lecture.
- Tu ne trouveras rien là-dedans. Le sang de dragon n'existe plus...
- Détrompez-vous... murmura Jake, le sourire aux lèvres, il en existe encore quelque part. Je vais devoir y aller. Le paralysant ne devrait pas être actif trop longtemps, peut être une demi-heure.
- Malheureusement pour toi, tu n'iras nulle part ! hurla une voix qu'il ne connaissait que trop bien.
Un sifflement parvint aux oreilles de Jake qui s'écarta juste à temps de la trajectoire de l'étoile de jet qui effleura sa joue, laissant une ligne sanglante. Il dégaina son poignard de granit prêt à en découdre avec Akio. Le prince avait dû repérer son aura proche et avait camouflé la sienne pour que le blond ne puisse pas la détecter. Un craquement sonore l'arrêta net, tandis que le prince tombait au sol, attrapant l'arrière de sa tête par réflexe, alors qu'Anita relâcha le restant de l'amphore qu'elle tenait à la main. Finalement, ils furent deux à être surpris par cette rencontre...
Légèrement choqué pas ce qu'elle venait de faire, Jake ne laissa pas à sa protégée le temps de se remettre, il passa à côté du prince qui grognait de douleur et tenta de saisir son pied et le blond repéra la prothèse métallique. Jake l'évita aisément et attrapa le bras d'Anita qui se laissa tirer au dehors de la pièce.
Un instant plus tard, ils disparurent dans les couloirs des sous-sols.
Le Striker fendait les flots en direction du dernier navire de la Marine qui ne sombrait pas encore. Le premier n'avait pas eu le temps d'aborder La Chimère, car détruit par des boulets explosifs bien placés.
Ace avait créé son mini soleil au-dessus du bateau ennemi et en son centre grossissait un autre soleil, mais formé de flammes sombres et d'un énorme bloc de glace.
Celui-ci tomba brusquement sur le bâtiment en dessous de lui, l'éventrant sur son côté gauche et permettant à Ace d'y engouffrer ses flammes directement à l'intérieur pour détruire tout sur son passage. Une brusque explosion envoya des débris autour de son embarcation et un dôme de flammes noires recouvrit le Striker en même temps que les flammes du brun, créant une barrière de glace qui le protégea des projectiles trop dangereux.
Le brun arrêta son embarcation et le dôme de glace fondit instantanément. Il se retourna vers Lîn qui était accrochée d'une main au mât et la tira vers lui pour un baiser passionné, enivré par l'adrénaline du combat. Et tout cela avec, pour fond de scène de guerre, le bâtiment Marine enflammé qu'ils avaient détruit à eux deux.
L'année écoulée leur avait permis de peaufiner leurs attaques respectives et surtout ils avaient découvert qu'avec les flammes d'Ace, celles de Lîn n'en étaient que plus puissantes. Les flammes glacées étaient plus attirées par la chaleur du feu que par celle corporelle de la jeune femme. Ainsi elle était protégée du pouvoir du fruit du démon de son frère.
Une seconde explosion les ramena à la réalité quand le Striker manqua de basculer. Le brun relança son moteur de flammes pour diriger son bateau vers La Chimère d'où ils pouvaient entendre des exclamations de joie alors que, dans leur dos, les Marines jetés à la mer par les explosions hurlaient à l'aide.
Lîn leur jeta un regard et Ace lui serra la main pour qu'elle recentre son attention sur lui et qu'elle se rappelle qu'elle ne pouvait rien faire pour eux.
Le temps que mettait Akio à revenir du laboratoire finit par interpeller le roi qui se décida à descendre pour aller voir ce que pouvait bien fabriquer son fils.
Le monarque trouva Akio assis sur un tabouret, un mince filet de sang lui coulant sur la nuque, saignement que tentait d'arrêter Paracelse.
Le son que firent les morceaux de poterie brisée sur lesquels il marcha le rendait plus perdu et inquiet pour son fils.
- Akio ! Paracelse ! Mais que s'est-il passé ? questionna le roi, une lourde inquiétude dans la voix tandis qu'il s'approchait.
- Jake nous a rendu une petite visite, expliqua Paracelse avec un sourire, Akio se contenta de grommeler devant l'enthousiasme du sage.
- Jake ? Mais que voulait-il ? Il a tenté de t'achever ?
- Non, ça c'est l'œuvre d'Anita. Je ne me suis pas méfié d'elle et il semblerait, d'après la blessure que j'ai à la tête, qu'elle soit du côté de ce traître ! s'énerva Akio avant de glapir de douleur quand le sage appuya plus fort sur sa blessure.
- C'est superficiel, prince. Il n'y a pas besoin de point.
Un grommèlement lui répondit tandis que le roi reposa sa question.
- Et que voulait-il ?
Akio haussa les épaules et l'ancien maître des poisons lui répondit après avoir vérifié une dernière fois que le saignement s'arrêtait. Il jeta son coton imbibé de sang pour en prendre un autre propre. Il releva la tête d'Akio en lui demandant de tenir le morceau d'ouate encore quelques minutes sur la plaie. Le sage se dirigea ensuite vers le fond de la pièce pour ramasser son journal de laboratoire.
- Yumiko est vivante mais elle ne pourrait plus se déplacer seule et j'ignore dans quelle mesure. Il voulait du sang de dragon pour la soigner.
- Problème réglé, il n'en reste plus, argumenta le prince.
- Eh bien, je crois que si... lui répondit le sage en retrouvant la dernière page que Jake avait lue. Et la dernière dose se trouve sur le bateau des pirates du Phénix.
"Aux grands maux, les grands remèdes!"
Proverbe Français.
À suivre...
DarkFog : Brouillard sombre
