Vivre au Présent
Résumé : "Quel que soit ce que le moment présent contient, acceptez-le comme si vous l'aviez choisi. – Eckhart Tolle" Un an s'est écoulé depuis qu'ils ont tous brisé leur chaînes, venez découvrir leurs nouvelles aventures... Suite de "Liberté d'Avenir" (lien dans mon profil)
NDLA : Bonjour tout le monde ! Bon je n'ai aucune excuse valable pour le temps que j'ai mis pour publier ce chapitre. Et j'ai encore plus honte, car je n'ai pas répondu aux rewiews aussi…
J'embrasse donc très fort : Guest, Tisha X (Pardon ! j'ose faire ça à l'une des plus grands fans de LDA !) et caro-hearts. Merci pour vos commentaires !
Pas encore de beta lecture pour ce chapitre, non contente de vous avoir frustré (du moins je l'espère) pour le retard, je vais peut-être blesser vos yeux avec des fautes… Je corrigerais quand j'aurais des nouvelles de ma beta.
Sans plus attendre (car vous avez déjà bien attendu…) La suite !
Bonne Lecture !
DG
Chapitre 2 : Bonne ou mauvaise nouvelle ?
La mer bordant l'île du Dragon était calme, une chance pour Anita qui était au bord de l'évanouissement quand Jake l'aida à rejoindre la surface après leur fuite par le passage du tunnel immergé. La jeune fille prit une grosse goulée d'air quand sa tête perça la surface de l'eau, directement suivit d'une quinte de toux qui envoya des piques de douleur dans toute sa poitrine.
- Ça va ? s'enquit Jake de l'état d'Anita en essayant de la maintenir à la surface.
- Oui, répondit la jeune fille entre deux quintes de toux.
Ils n'eurent pas le temps d'échanger plus. Un courant les fit bouger et un sous-marin fit surface devant eux. Ses canons se déployèrent dans la même seconde et les visèrent. Jake retint un juron et Anita lui envoya un regard inquiet, peu rassurée par la suite des événements.
- Je m'en occupe... tenta de l'apaiser Jake en pressant l'épaule de la jeune fille.
- Ne bougez pas ! hurla un garde armé qui était sorti de l'entrée du submersible situé sur le toit.
Jake et Anita restèrent immobiles pendant qu'un second homme habillé de noir avec une cape rejoignit le premier garde. La jeune fille fit le rapprochement avec la tenue de Jake. Le blond était-il un ancien soldat ?
- Montez à bord ! ordonna-t-il.
Jake et Anita obéirent. La petite fut attrapée par le bras par le soldat qui la tira sans ménagement sur le toit du sous-marin où elle tomba à genoux devant lui. Jake profita de son inattention pour dégrafer sa cape trempée qui le ralentirait et dégaina son poignard. Il agrippa le dernier barreau et d'une pulsion de son pied, sauta en avant et effectua une roulade. Il fut tout aussi rapide pour lancer sa lame dans la poitrine de l'homme en noir qui bascula à l'eau. Le second relâcha Anita et voulut tirer avec son fusil mais Jake avait déjà empoigné le canon de l'arme pour le diriger vers le menton de l'homme. Il appuya sur la gâchette dans le même mouvement.
Anita s'attrapa la tête et se replia sur elle-même au sol en hurlant. Le coup de feu lui avait vrillé les tympans, la vision de la cervelle de l'homme s'éparpillant dans les airs et l'odeur de la poudre lui donnèrent la nausée. Jake ne perdit pas de temps pour sauter dans le sous-marin. Il restait le conducteur à éliminer.
Un long silence se posa autour d'Anita. Elle entendit le blond respirer sous l'effort quand il ressortit avec un cadavre sur les épaules, au cou tordu dans un angle peu naturel. Jake jeta les deux corps à l'eau qui était encore sur le sous-marin. Au troisième bruit d'éclaboussures, elle vit que c'était le blond qui avait sauté dans l'eau devant elle, il s'affairait à retourner l'homme en noir qu'il avait tué pour récupérer son poignard en le tirant de sa poitrine. Il fouilla aussi le corps, prenant un second poignard au rubis rouge et une dague en argent. Il agrippa sa cape qui commençait à être emportée par le courant avant de remonter à bord.
Une minute plus tard, il avait posé un genou à terre devant Anita et posa une main sur l'épaule de sa protégée qui fixait toujours les trois morts devant elle qui commençaient à dériver doucement, emportés par les flots.
- Anita... viens à l'intérieur... lui murmura Jake en la relevant avec attention.
Clairement en état de choc, la petite le laissa faire. Jake la devança dans le sous-marin et l'aida à descendre. Anita agissait mécaniquement. Jake l'emmena à l'arrière où se trouvait une pièce munie de quatre couchettes superposées. Il l'assit sur l'une d'elles et passa la couverture qu'il trouva sur le lit sur ses épaules.
L'étreinte que Jake lui donna ensuite acheva de la réveiller et Anita se mit à pleurer. Le blond crispa la mâchoire, jamais il n'avait voulu qu'Anita apprenne de quoi Yumiko et lui étaient capables aussi brusquement.
- Anita, je vais aller prendre les commandes du sous-marin. Il faut que nous partions.
Jake la sentit hocher la tête contre son épaule et elle renifla bruyamment. L'assassin se leva et elle l'interpella avant qu'il ne passe la porte.
- Jake...
L'homme se retourna vers elle.
- Tu me diras tout ? demanda-t-elle d'une petite voix en fixant le sol de la cabine, les bras serrés autour d'elle, son corps agité de tremblements.
- Oui... mais pour le moment il faut vite partir avant que des renforts n'arrivent.
Anita acquiesça silencieusement, puis sa vue se brouilla. Elle entendit juste les pas précipités de Jake et sentit ses mains la rattraper quand elle tomba dans l'inconscience.
Suite à l'intrusion de Jake dans le palais et au vol du sous-marin, le roi avait pris la décision de fermer les portes de l'île jusqu'à nouvel ordre. Les souterrains avaient été fouillés, et dans certaines parties, comblés par les restants des gravats laissés par le combat d'Ace et d'Akio.
Ce remue-ménage n'avait pas été du goût de la tête d'Akio, déjà malmenée par le coup qu'elle avait reçu. Le prince avait donc rejoint sa chambre pour le restant de la journée, dans l'espoir de faire taire cette migraine lancinante. L'effet de son cachet fut instantané et il put se reposer un peu. Installé à son secrétaire, il jouait distraitement avec sa plume, la faisant glisser entre ses doigts, savourant la caresse du duvet sur sa paume de chair. Toutes ses pensées finissaient inlassablement par le mener vers la même chose : Lîn.
La visite de Jake au palais lui faisait penser qu'il pourrait aller rejoindre sa sœur pour la prévenir du danger que représentait la quête du blond, avant de changer d'avis en pensant qu'un simple courrier suffirait. Mais sa première envie ne cessait de revenir au galop, l'empêchant de se concentrer sur autre chose.
Son père allait finalement mettre fin à ce dilemme. Le monarque toqua un bref coup à la porte avant d'entrer, une lettre à la main. Il s'étonna de voir son fils à la même place qu'il l'avait laissé en fin de matinée.
- Akio ? Tout va bien ? Je pensais te trouver sur le départ, constata le roi.
- Pour aller où ? ne put s'empêcher de demander le prince en reposant sa plume sur son support.
- Rejoindre La Chimère. Il faut aller faire part de ce qu'a fait Jake.
- Rien qu'un courrier ne puisse pas expliquer. De plus ma présence là-haut ne serait pas tolérée...
- Par Ace, cela est sûr, l'interrompit le roi. Lîn serait heureuse de te revoir.
- Ou mal à l'aise, répondit Akio si bas et en baissant la tête vers son bureau que son père eut du mal à l'entendre.
- Si tu ne le vérifies pas, tu ne le sauras pas...
Le prince ne répondit pas et préféra se lever pour aller sur son balcon. Le roi l'encourageait à revoir sa sœur... C'était la pleine lune ce soir et Akio ne ratait rien de l'agitation du palais pendant que les serviteurs allumaient les nombreuses torches. Paracelse ramassait des herbes dans son jardin, accompagné de Dukes qui avait définitivement laissé tomber le masque. Son père le rejoignit bien vite.
- Akio, rien ne nous dit que Jake s'en prendra à Lîn, mais je préférerais qu'elle comprenne tout l'enjeu que pourrait être cette menace. Et je crois que tu es le mieux placé pour lui faire comprendre que quand il s'agit de Yumiko, Jake est prêt à tout.
La main métallique du prince se resserra sur le garde-corps en pierre, le faisant crisser sous ses doigts.
- Et si je n'ai pas le temps de lui expliquer ? S'ils ne me permettent pas de monter sur le bateau ?
- C'est là où mon courrier intervient. Si tu es d'accord pour y aller, il part dès ce soir pour annoncer ta prochaine visite. Akio, promets-moi juste que cette année écoulée a fini par changer ce qui se passait ici, demanda le roi en appuyant sur le torse de son fils à l'emplacement de son cœur.
- Oui, répondit sans hésitation le prince.
- Très bien, alors prépare-toi. Tu quittes l'île demain.
- Mais si je réduis la distance qu'il y a entre moi et Lîn, le lien...
- J'ai confiance en toi, répondit le roi avec un sourire, avant de finalement ébouriffer les cheveux de son fils qui ne put s'empêcher de lâcher une expression de douleur.
- Pardon ! J'avais oublié ! s'excusa le monarque en riant.
Akio leva les yeux au ciel et laissa son père de remettre de son hilarité. Le simple respect que le prince éprouvait pour le roi autrefois, s'était maintenant mué en une réelle affection. Sans la Guilde qui contrôlait leurs moindre faits et gestes, le roi avait au début de l'année commencé à faire réellement connaissance avec son fils. Et Akio avait découvert le véritable côté paternel, et parfois maternel, de son père. Ils avaient développé une réelle complicité qui avait permis au prince d'aller de l'avant.
Alors peut être qu'en un an, Lîn aurait aussi mis de côté ce que son frère lui avait fait...
- Allons la brunette ! Viens donc goûter à mon gombo ! Avant que p'tit Louis ne mange tout !
- Comment pouvez-vous savoir que je suis brune ! Vous êtes aveugle ! rétorqua un peu brusquement Yumiko.
- Fais confiance à Mama Odie ! Mama Odie voit tout ! Et je sais aussi que t'es dans le genre canon ! Je t'ai assez tripotée en t'examinant pour le savoir, répondit la sorcière en portant la cuillère de bois de son chaudron à sa bouche.
Oh ça oui, la vieille avait examiné Yumiko sous toutes les coutures, l'obligeant à se lever et à réaliser des gestes douloureux avec ses jambes et le bas de son dos. Mais ces manipulations lui avait permis d'en savoir plus sur son infirmité et une lueur d'espoir lui avait redonné de l'énergie. La vieille lui avait supprimé son fauteuil. Yumiko était tout à fait capable de marcher avec ses béquilles, ce qui musclerait ses jambes.
Des pas sur le chemin attirèrent l'attention du crocodile qui se dirigea en dansant, autant que pouvait donner cette impression dans la démarche du saurien, vers Jake et Anita qui rentraient enfin.
- Eh les p'tits loups ! Vous voilà ! Oh... t'es pas très en forme toi... réalisa Mama Odie devant les traits tirés d'Anita et sa chevelure en bataille.
La brune constata l'état de ses deux amis. Yumiko envoya un regard inquiet à Jake qui lui articula sans bruit : "Je vais t'expliquer." L'instant d'après, Anita courut vers la brune, elle plongea son visage contre son torse et l'enlaça dans une forte étreinte. Le silence s'installa entre eux trois, avant que Mama Odie ne décide de s'occuper de Jake.
- Fais voir ta joue blondinet sexy ! ordonna la sorcière et attrapant Jake par son col pour lui faire courber l'échine. Tiens ! Ça va éviter l'infection !
Et la vieille déposa un mélange visqueux et nauséabond sur l'estafilade que Jake avait sur la joue. Le blond ne put retenir une grimace quand Mama Odie se détourna. Yumiko aurait pu trouver ça drôle si Anita avait été en pleine forme. Et là, vu son attitude elle était loin de l'être.
- Qui t'as blessé ? demanda la brune à Jake quand il s'approcha pour déposer un baiser sur sa joue. Yumiko fronça le nez. C'est vrai que cette pommade puait...
- Akio, répondit Jake avec neutralité. Ce n'était pas la peine que Yumiko s'énerve ou s'inquiète davantage.
Les pupilles de la brune s'étrécirent et elle serra plus fort Anita contre elle. Anita la sentit se tendre et pourtant elle ne bougea pas.
- Anita s'en est sortie comme une cheffe ! reprit le jeune homme. Elle l'a assommé.
- Et Jake a tué trois hommes, exposa l'adolescente en s'écartant brusquement pour se diriger vers le feu sur lequel trônait un imposant chaudron. Elle s'arrêta et passa ses mains autour de son corps, leur tournant le dos.
Yumiko envoya un regard de reproche au blond. Un "je te l'avais dit" silencieux passa la barrière de ses lèvres et Jake soupira.
- Anita, appela Yumiko pour la faire revenir auprès d'eux.
- C'est bon, Jake m'a expliqué.
- Tout ?
- Oui, tout, lui confirma le blond. La guilde et Akio qui t'a jetée de cette falaise pour venger Rika.
Il reprit en murmurant:
- Tout, mais sans les détails de ce qui t'est arrivée dans la cellule après la tentative de fuite de Lîn.
La brune lui envoya un regard reconnaissant qui se voila en repensant à ce moment et Jake s'approcha pour la prendre dans ses bras. Mama Odie avait repris sa cuisine et affichait un air grave. Sans doute parce qu'elle avait vu une souffrance reconnaissable dans les yeux bleues de la jeune femme. Celle-ci appela doucement Anita.
- Anita, je me doute que tu ne t'attendais pas à tout ça. Mais Jake n'aurait jamais fait ça si le danger n'avait pas été imminent, exposa-t-elle en s'écartant du blond.
L'adolescente ne répondit pas, mais Yumiko vit ses épaules se détendre un peu. Elle alla même jusqu'à caresser le crocodile qui vint se frotter contre ses jambes en grognant.
- Pour ce qui est du reste, il n'y a plus de Sang de Dragon au palais... mais il en existe encore une dose, s'empressa de rajouter le blond devant la mine défaite de sa compagne.
Le regard de Yumiko s'illumina d'une lueur d'espoir qui fit sourire Jake.
- Mais elle se trouve sur La Chimère.
- Et on va aller la chercher ! s'exclama brusquement Anita, faisant sursauter les deux adultes qui ne s'attendaient pas à ce brusque élan de volonté.
Mama Odie lui tendit deux bols fumants qu'elle amena au couple.
- Mama ! Yumiko peut guérir ?!
- Oui ma petite, les nerfs sont juste abîmés, et j'ai déjà vu le remède de l'île du Dragon réveiller un mort ! Alors ça, c'est du pipi de cabri à côté ! rit la sorcière en levant sa cuillère au ciel comme un trophée.
- Et on va aussi te trouver la même main métallique que le prince.
- Main métallique ? l'interrogea la brune.
- Oui, affirma Jake. Une prothèse qui a l'air de fonctionner parfaitement.
- Et je sais où elles sont fabriquées et qui peut vous l'installer ! s'exclama Mama Odie. Mais avant il faut manger mes têtards ! Car y a encore un peu de boulot !
Yumiko leva les yeux au ciel. Un peu de boulot... c'était vite dit...
La salle d'entraînement de "La Chimère" était d'une taille bien inférieure à celle du Mobydick, mais elle était tout aussi bien agencée. D'un côté : des appareils de musculation, des sacs de frappe et un ring délimité par un marquage au sol et des cordes rouges, permettaient de travailler le corps. L'autre côté regroupait des armes blanches, des armes à feu de tout calibre, ainsi qu'un champ de tir aux parois renforcées pour que les balles qui manquaient leur cible ne finissent pas par faire chuter les panneaux de bois. Curiel, responsable des armes à feu et des réserves de poudre à bord, tirait depuis de longues minutes mais jusqu'ici, il ratait sa cible. Un comble pour le meilleur sniper de l'équipage, mais il avait une excellente excuse : Mya.
Celle-ci s'entraînait avec Vista et Haruta au maniement de l'épée, mais pas vraiment dans une tenue adaptée pour l'escrime. Les deux commandants, qui s'étaient habitués depuis que Mya leur avait demandé de l'aide pour l'entraîner au maniement des armes, arrivaient maintenant à ignorer le short très court et le débardeur bien moulant qui ne cachait rien de ses formes et qui s'arrêtait au-dessus de son nombril. Et c''était sans mentionner les bottes en cuir et à talons hauts qui lui arrivaient un au-dessus du genou. Étrangement, quand elle venait s'entraîner, la salle était tout de suite plus peuplée. Curiel tira à nouveau et jeta un coup d'œil en même temps à l'ancienne infirmière. Sa balle rata sa cible d'au moins un bon mètre.
Le rire d'Ace le tira de sa contemplation de la blonde en train d'essayer de piquer le torse d' Haruta. Parade qui lui faisait ouvrir largement les jambes quand elle prenait appui sur son pied d'appel et qui lui faisait dévoiler l'intérieur de ses cuisses fines et musclées.
- Bah alors Curiel ! Tu devrais avoir l'habitude depuis le temps qu'elle vient ici ! se moqua gentiment le brun en frappant l'épaule de son ami.
- Que veux-tu... On ne résiste pas aux sirènes, souffla de dépit le commandant. Puis un large sourire plein de dents en direction de l'entrée attira l'attention de Poings Ardents qui manqua faire une syncope en voyant Lîn entrer dans la salle.
Celle-ci portait le même short que Mya mais avec une veste de survêtement. Elle était pieds nus et avait enroulé des bandes autour de ses chevilles et de ses mains jusqu'au poignet pour protéger ses articulations. Mais là où Ace laissa sa mâchoire tomber au sol fut de voir le débardeur, un peu plus long que celui de Mya mais qui serrait la poitrine de sa femme, quand celle-ci retira sa veste.
- Lîn ! l'interpella Mya, tu es prête pour notre entraînement au corps à corps ? demanda la brune en délaissant ses deux professeurs pour la rejoindre.
Lîn leva le pouce en posant sa veste sur l'un des bancs de musculation et ce fut le saignement de nez de Curiel qui imaginait très bien l'entraînement des filles qui réveilla Ace.
- Quoi ?! Quel entraînement ?!
- Un problème mon chéri ? demanda Lîn en toute innocence mais qui fit comprendre à Ace qu'il n'aurait pas son mot à dire.
- Euh, je veux dire... Je... Tu... Bon ok ! Je veux plus voir un mec dans cette pièce jusqu'à nouvel ordre ! se reprit le commandant en commençant à pousser Curiel, qui objectait qu'il n'avait pas fini son propre entraînement, vers la sortie.
Un "Oh" de déception résonna dans la salle qui venait d'accueillir un groupe de quinze hommes. Le poing enflammé que dirigea Ace vers eux les incita à quitter la pièce plus rapidement. Ace les suivit en maugréant contre la présence de femmes sur les bateaux et la leur en particulier. Tout cela devant Lîn et Mya qui faisait leur maximum pour garder leur sérieux. Haruta et Curiel, tirés par le col par un Vista hilare, le suivirent et il ferma la porte derrière lui. Le signal pour que les filles puissent enfin éclater de rire.
- Tout de même, je trouve qu'Ace gère encore bien la situation après tout ce que l'on a mis en œuvre pour le faire craquer. Tu comptes te venger de ses visites en maison close encore longtemps ? Je dois dire que je m'éclate !
- Je pense que je vais arrêter là, répondit Lîn dans un sourire, sinon il va finir par faire une crise cardiaque, et je t'avoue que je ne suis pas vraiment à l'aise dans cette tenue...
- Dommage... c'était bien le temps que ça a duré... Quant à ça, reprit la blonde en désignant du menton le corps de son amie, tu sais bien que tu ne devrais pas être complexée Lîn chérie. Allez ! On s'y met ?! s''exclama Mya en frappant son poing dans sa paume.
Le trajet jusqu'à La Chimère n'avait pris que deux semaines. Le paradoxe pour Akio qui l'avait trouvé long et trop court à la fois. Il avait fini par retrouver la trace du navire grâce à la lecture des journaux qui relataient les combats des anciens pirates de Barbe Blanche face à la Marine. Il ne lui avait suffi qu'à recouper ses informations avec la direction qui mènerait le bateau pirate à l'île de Lorkarn et aidé de son fruit du démon, son voyage n'avait été que plus rapide.
Dukes, qui avait apprécié la technologie du Striker d'Ace et qui maintenant démontrait un vrai talent pour la mécanique, avait conçu le même type d'embarcation pour le prince. Restait à savoir ce que penserait Poings Ardent de cette copie. Akio grimaça, car c'était lui qui se trouvait en première ligne, et non l'ancien sage.
Le prince apercevait enfin au loin le bateau des pirates du Phénix. Il était encore plus imposant et beau qu'il ne l'avait imaginé grâce aux descriptions qu'en avait faites Lîn dans ses lettres.
La figure de proue était d'un noir cobalt qui réfléchissait les rayons de soleil de cette fin de journée. Akio reconnut aisément la silhouette de la tête de Lorkarn dans sa forme originelle. Celle-ci avait été sculptée la gueule ouverte d'où l'on pouvait discerner de loin des dents blanches et aiguisées. Des fenêtres composées de verre rouge représentaient les yeux de l'animal, des torches y implantaient une lueur de vie. Sous la tête se trouvaient des formations de cobalt qui faisaient penser à des volutes de fumée noire. Sur le côté gauche du navire, attachée au niveau de l'endroit où auraient dû se trouver les épaules de la sculpture, se déployait une aile de chauve-souris, alors que sur le côté droit était représentée une aile de plumes.
La proue du navire était vraiment magnifique. Lîn ne pouvait rêver mieux pour mettre son ancien protecteur à l'honneur. Toutefois Akio ne put s'approcher plus près pour mieux l'admirer, car un boulet de canon s'écrasa dans l'eau juste devant lui, l'obligeant à un freinage assez brutal. Le prince reconnut, malgré la centaine de mètres les séparant encore, la couleur d'un chapeau orange qui était loin de lui être inconnu.
- Eh bah ! On peut dire que quand Lîn a une idée en tête, on ne peut pas l'arrêter ! Ha ha ha ! se moqua gentiment Vista en frappant sans douceur le dos d'Ace qui boudait assis sur une caisse, les bras et les jambes croisés.
- Que se passe-t-il ? questionna Marco qui avait vu ses amis complètement hilares débarquer sur le pont, précédés par une quinzaine d'hommes qui râlaient car ils ne pouvaient pas s'entraîner.
- Lîn et Mya s'entraînent et pas dans le genre en tenue du désert Alabastien ! Plutôt le modèle danseuse exotique ! expliqua Haruta avec un grand sourire.
Marco se contenta de dodeliner de la tête. Passé la première surprise de voir Lîn nettoyer en paréo court et maillot de bain le Striker de fond en comble avec l'aide de Mya qui avait eu l'initiative de démarrer une bataille d'eau et de mousse entre les deux filles, sans parler de leur nouvelle lubie de bronzer sur le pont du navire, Lîn avait encore trouvé une idée pour faire craquer sa tête brûlée de pirate en se baladant en tenue plus sexy que ce qu'elle portait habituellement.
- Ouais, ouais... bah je crois que je vais finir par l'enfermer dans notre cabine si elle continue à vouloir me faire tourner en bourrique, bougonna le fils de Roger.
Mais Ace aurait beau faire ce qu'il voulait, il n'arriverait pas à empêcher sa femme de continuer sa petite vendetta personnelle. La cloche d'alerte de la vigie les fit reprendre leur sérieux à tous immédiatement.
- Striker en vue ! hurla l'homme qui occupait le nid de pie.
- Quoi ? s'exclama Ace quand ses compagnons se tournèrent d'un seul mouvement vers lui. Je vous jure qu'il est encore accroché à l'arrière du bateau !
- Tu es sûr de ce que tu vois ? hurla Marco en direction de la vigie.
- Sûr capitaine... attendez ! Les flammes qui le propulsent et la coque sont noires !
L'information fit l'effet d'une douche froide à Ace. Attrapant la longue vue que venait d'apporter Curiel pour observer le large, il la dirigea sans attendre dans la direction que lui indiquait l'homme de garde. Pas de doute, c'était bien lui...
- Akio... précisa le brun en crispant la mâchoire! Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?!
Ace dirigea alors son attention sur l'un des canons postés sur le pont et qui pointait dans la bonne direction, canon qu'il savait toujours chargé. L'instant d'après, ses flammes allumèrent la mèche et le coup partit presque immédiatement. Les hommes d'équipage qui se demandaient ce qu'il se passait, virent le boulet arriver juste devant l'embarcation qui s'arrêta net alors qu'elle n'était plus qu'à cent mètres d'eux.
- Ace... le réprimanda Curiel, avant d'être coupé par Vista.
- Allons bébé commandant ! C'est que ton beau-frère qui vient nous rendre visite !
Hormis Marco, Mya et bien sûr Ace, personne à bord ne connaissait la véritable raison de la séquestration de Lîn par son frère une année auparavant. Les hommes du Phénix prenaient Akio pour un frère un peu trop protecteur et non un amoureux obsessionnel. Et Lîn préférait que les hommes qui étaient maintenant ses "frères" eux aussi, croient la première version. C'était ainsi beaucoup plus simple pour elle d'oublier ce qui s'était passé sur son île.
Le bateau d'Akio ne bougeait plus au large attendant la suite des événements. Ace coula un regard de biais à Marco quand celui-ci ordonna que l'on envoie un signal qui autoriserait le prince à avancer.
La vigie cassa alors une fusée de détresse qui ressortirait mieux dans la pénombre du début de la nuit, et l'agita au-dessus de lui. Le prince dût comprendre le message car les flammes sombres se rallumèrent, permettant à son bateau de continuer sa route. Un nouveau coup de canon, dont le boulet arriva bien plus loin de lui que la première fois, ne le fit pas s'arrêter.
- Ace ! gronda Curiel, arrête de gâcher les boulets et la poudre !
Quand Lîn et Mya entendirent le premier coup de canon, elles se contentèrent de hausser les épaules. Un seul coup ne voulait rien dire, et aucun cri prévenant une attaque imminente ne les avait alertées. Mya maintint de nouveau le sac de frappe pour que Lîn puisse finir sa session de coups de pied. Puis un second coup de canon les arrêta complètement cette fois.
- Mais que font ces idiots ?! s'agaçait Mya. J'espère qu'ils ne se sont pas lancés dans une beuverie ! Le soleil se couche à peine... Lîn, tu... Lîn-chérie ? Ça va ?
- Je... voulut répondre la jeune femme mais un nouveau pincement au cœur l'arrêta, mélange d'inquiétude et de mauvaise humeur.
- Lîn, c'est Akio ? la question de Mya eut une affirmation en voyant son amie poser sa main sur son cœur.
- Oui, mais c'est comme s'il était... proche.
Le visage de Lîn perdit toutes ses couleurs et se décomposa en réalisant ce qu'elle venait de dire. Une seconde plus tard elle quittait la salle en courant, suivie de Mya qui fit finalement rapidement demi-tour pour prendre la veste de survêtement de la princesse avec elle.
Akio savait très bien qu'Ace l'avait reconnu. Le pirate ouvrait juste les hostilités. Restait à savoir si Marco Le Phénix soutiendrait Ace si celui-ci décidait de le renvoyer d'où il venait. Maintenant que son embarcation était prête à s'amarrer au géant qu'était La Chimère, l'inquiétude envahissait Akio. Et si Lîn aussi lui demandait de repartir ? Impossible, elle devait déjà avoir reçu la lettre de leur père.
Une corde d'amarrage apparut dans son champ de vision et il attacha le petit bateau. Le prince prit une longue inspiration, récupéra son sac à dos contenant ses affaires et grimpa lentement à l'échelle de corde qui venait aussi de lui être lancée. Une minute plus tard et il était sur le pont, face à environ une cinquantaine d'hommes qui l'observaient. Mais aucun signe de Lîn.
- T'as intérêt à avoir une véritable raison de te trouver ici ! l'interpella furieusement Ace en s'approchant dans une attitude agressive et les poings contractés.
Bon apparemment, le martin-facteur qui desservait en courrier l'équipage de La Chimère n'était pas aussi rapide que ne l'avait espéré le prince.
- Et elle ne te regarde pas directement Portgas, répondit sèchement le prince avec une assurance qu'il n'avait pas retrouvée depuis longtemps.
Le temps sembla comme suspendu. Akio voyait bien qu'Ace, qui continuait à faire diminuer la distance qu'il y avait entre eux, hésitait à clairement répondre à coups de poing. Akio se détourna de lui quand il repéra un mouvement au milieu de la foule et Lîn apparut après s'être glissée entre ses camarades, accompagnée d'une femme blonde. Les deux filles portaient la même tenue et Akio se demanda si elles étaient obligées de s'habiller ainsi. Puis le stress lui retourna l'estomac. Et si Lîn ne voulait pas de lui et le renvoyait illico ?
- Akio ! s'exclama la jeune femme.
L'instant d'après il se retrouva dans les bras de sa sœur qui s'était empressée de le rejoindre. D'abord complètement surpris par ce geste, Akio et Ace restèrent complètement immobiles.
Les nombreuses conversations qu'Ace avaient eues avec Lîn à propos d'une future rencontre avec son frère lui revinrent en mémoire. « Je ne sais pas ce que je ferais quand je retrouverais Akio... ».Apparemment, l'émotion de la princesse avait pris le pas sur sa rationalité.
Encore figé par un tel accueil, Akio mit quelques secondes avant de prendre la décision de la serrer à son tour dans ses bras.
La peur de sa sœur, qu'il reçut directement dans le cœur, l'arrêta net. Celle-ci se dégagea brusquement, saisissant ses poignets dans le même mouvement pour les maintenir devant elle et empêcher le prince de faire un nouveau geste. Marco estima que c'était le moment de reprendre les choses en main sur son navire.
- Bon ! Fin de la pause ! Allez tous reprendre vos postes ! Le bateau ne va pas naviguer seul ! Mettez-vous au travail !
Les mains d'Akio toujours immobilisées dans les siennes, Lîn tentait de retrouver son calme. Son cœur battait la chamade. Sincèrement heureuse de le revoir, elle n'avait pas réfléchit et l'avait pris dans ses bras. Mais quand son frère avait voulu faire de même, le souvenir du cauchemar qu'il lui avait fait vivre l'avait frappée de plein fouet. Elle entendit à peine Marco hurler ses ordres.
Ace ne savait pas quoi faire. Écarter Lîn fermement ou la laisser gérer ? Il se décida pour la première solution quand Mya le devança.
- Lîn, tu peux le lâcher maintenant, murmura la blonde en s'approchant des jumeaux. Elle posa la veste de survêtement sur les épaules de la princesse.
Lîn la remercia d'un signe de tête et relâcha enfin sa prise sur son frère pour enfiler sa veste. Elle prit une longue inspiration pour finir de se calmer. Elle détailla vite fait la tenue d'Akio. Un t-shirt cintré qui faisait ressortir sa musculature, même si elle était moins prononcée qu'avant, et un pantalon de toile bleu foncé. Rien à voir avec la tenue de "sortie" qu'il portait quand il partait en mission pour la guilde.
- Je suppose que tu n'as pas reçu le courrier de père, constata Akio devant le manque de réaction de sa sœur.
Le cri d'un Martin-facteur résonna tout à coup dans les airs. Tout le monde leva la tête pendant que l'animal lâcha une lettre qui tomba directement dans les mains de Marco. Ace râla sur la ponctualité de ses animaux qui avaient tendance ces derniers temps à livrer leur courrier au dernier moment, oubliant vite que la dernière fois cela lui avait été profitable. Le capitaine se contenta d'amener la missive à Lîn.
- S'est-il passé quelque chose de grave ? demanda Lîn en récupérant le courrier.
- Je te laisse en juger par toi-même, annonça Akio en la laissant décacheter l'enveloppe.
Le silence s'installa entre eux, seulement perturbé par l'agitation des pirates qui manœuvraient le navire. Lîn lisait le courrier, un air de totale incompréhension sur le visage, ce que remarqua Akio.
- Euh, je crois que tu vas devoir m'en dire plus... constata Lîn en tendant la lettre à son frère.
Akio s'empara du papier, ne comprenant pas non plus où Lîn voulait en venir. Son père avait-il été si peu précis ?
« Ma chère Lîn, ce court courrier pour t'annoncer la venue de ton frère d'ici les prochains jours. Il sera plus à même que moi de te raconter ce qu'il s'est passé au palais. Prends soin de toi, ton père qui t'aime »
Sachant que son sourire serait malvenu, Akio fit un maximum pour rester impassible. Leur père avait tout prévu pour que Lîn soit obligée d'au moins accueillir Akio une ou deux heures, voire plus, à bord. Pour le coup, le prince imaginait très bien son père faire le V de la victoire avec ses doigts.
Ace grommela quelque chose du genre "Ah le petit malin !". Le pirate avait bien compris la manœuvre du roi. Mya en profita pour intervenir. Ils n'allaient quand même pas régler cette histoire sur le pont...
- Ok, je crois qu'il est temps de se poser pour discuter. Lîn-chérie, si nous allions prendre une douche et nous changer. Ace, tu conduis le prince dans l'une des chambres individuelles de l'infirmerie... Enfin, si vous êtes d'accord capitaine ?
- Oui, répondit Marco en hochant la tête, retrouvons-nous dans une demi-heure dans la salle de réunion des commandants.
- Et pourquoi c'est moi qui l'emmène ? s'offusqua Ace.
- Oui, c'est vrai, minauda Mya. Lîn-chérie, tu veux t'en charger ?
- Ok c'est bon ! Ramène-toi le manchot ! s'exclama Ace qui ne voulait aucunement laisser Lîn seule avec son jumeau.
Ace passa derrière Akio pour l'obliger à avancer, presque en le poussant. Lîn pinça l'épaule d'Ace quand il passa à sa portée, pour lui faire comprendre d'y aller plus doucement. Celui-ci l'ignora et quelques minutes plus tard, ils disparurent dans les entrailles du bateau.
- Je sens que la cohabitation va être compliquée... remarqua Mya et Marco approuva silencieusement de la tête. On y va Lîn ?
L'infirmière se retourna vers son amie mais Lîn avait déjà disparu.
Le trajet jusqu'à l'infirmerie se fit dans un silence de plomb, seulement coupé par les invectives d'Ace qui indiquait la direction au prince, n'ayant nullement l'intention de passer devant lui et de lui tourner le dos. Les deux bruns s'arrêtèrent finalement devant une porte et Ace l'ouvrit pour laisser entrer Akio. Le prince marcha jusqu'au centre de la pièce et posa son sac sur une desserte qui devait servir pour les soins en temps normal. Le claquement un peu fort de la porte derrière lui l'interpella. Il se retourna prestement et arrêta de sa poigne d'acier le poing d'Ace qui visait sa mâchoire.
- Alors ? se moqua Akio. Pas si manchot que ça on dirait... et il raffermit sa prise métallique sur la main d'Ace.
Ce que le prince ne prévit pas fut l'uppercut qui lui coupa la respiration quand Ace lui envoya en plein dans son flanc gauche. Celui-ci se recula en massant son poing fermé, satisfait de voir le prince se plier en deux de douleur devant lui.
- T'as raison c'est mieux, comme ça Lîn ne verra pas de marque… Écoute-moi un peu…
Le fils de Gol D Roger redressa sans douceur le prince en l'attrapant par le col de son t-shirt :
- Tu fais un geste, une parole ou un seul regard de travers envers Lîn et malgré tout l'amour que j'ai pour elle, je ne l'écouterai pas quand elle me demandera de ne pas te jeter par-dessus bord. Est-ce clair ?
Ace n'attendit pas de réponse, repoussa le prince qui lâcha un grognement et se détourna. Akio le fusilla du regard en se massant les côtes jusqu'à ce que Poings Ardents quitte la chambre en claquant la porte derrière lui.
Le jeune homme se força à reprendre une longue inspiration pour se calmer. Il savait très bien que sa présence ici ne plairait pas à Ace, mais il eut tout de même un petit sourire en pensant à Lîn. Sa sœur l'avait serré dans ses bras, même si elle l'avait repoussé par la suite, il était tout de même heureux d'entrevoir une chance de se racheter.
Un coup frappé à la porte le ramena à la réalité et Marco entra avant même d'y être invité. Cette fois-ci Akio resta sur ses gardes, mais le capitaine ne fit pas mine d'approcher. Marco se redressa, croisa les bras et planta son regard perçant dans celui du prince. Akio soupira, ignorant la légère douleur qui résonnait encore en provenance de ses côtes malmenées, et croisa les bras à son tour, attendant la suite.
- Je suppose qu'Ace t'a déjà imposé quelques règles, plus ou moins violemment selon ses méthodes. Je vais juste enfoncer un peu plus le clou dans ton crâne : Lîn fait partie de cet équipage, et si mes hommes ignorent encore tout ce que tu lui as fait il y a un an, je n'hésiterai pas au premier écart de ta part à le leur apprendre et crois-moi quand je te dis qu'ils aideront Ace avec plaisir à te régler ton compte. Lîn a maintenant une centaine de "frères" pour la protéger. Alors évite de les mettre en rogne.
Et Marco repartit lui aussi sans attendre de réponse de la part du prince. Akio se laissa tomber assis sur le lit et se passa la main sur le front pour la laisser dans ses cheveux, las. Il sentait ses membres trembler légèrement, il était peut-être temps pour lui de prendre un cachet pour se calmer. Avec leur mise en garde, c'étaient ces fichus pirates qui le mettaient à fleur de peau.
Un coup à la porte résonna quand il enleva son t-shirt pour se changer après avoir pris son traitement. Mais cette fois-ci personne n'entra. Il fixa la porte un moment, comme s'il tentait de voir à travers, et finit par donner l'autorisation à son visiteur de pénétrer la pièce.
La femme blonde qu'il avait vue en présence de Lîn entra. Elle s'était changée et portait ses bottes avec sa jupe courte, un débardeur blanc et un boléro rouge sang qui mettait en valeur sa poitrine. Ses cheveux étaient lâchés et humides, leur longueur s'arrêtant au milieu du dos.
-Vous aussi, vous venez me faire part des "règles" ? soupira Akio en se retournant pour prendre sa chemise qu'il avait posée sur le lit.
- Je préfère le tutoiement. Et non, je pense qu'Ace s'en est très bien chargé et j'ai aussi croisé Marco en venant. J'imagine que l'un comme l'autre ne t'ont pas présenté leurs amitiés, exposa Mya en détaillant son dos et le tatouage de Dragon que le prince avait sur son omoplate.
- Vous imaginez bien... répondit Akio en enfilant son vêtement.
- Pour la seconde fois c'est "Tu". Ensuite je vais quand même rajouter quelque chose...
- M'aurait étonné... maugréa Akio en se tournant vers elle et Mya l'ignora pour continuer :
- Gâche pas ta chance, t'en auras pas d'autre pour retrouver ta sœur.
Surpris par cette marque d'encouragement, chose qu'il ne s'attendait pas à trouver sur ce navire, Akio en arrêta de boutonner sa chemise et hocha lentement la tête.
- Allez viens, on va manger un morceau, annonça Mya en le sortant de sa torpeur. Et finis de t'habiller, pas que ça me déplaise, mais il vaut mieux donner dans le style enfant sage.
Cette fille avait un franc parlé qui déstabilisa le prince encore quelques secondes. Il se reprit et ferma sa chemise prenant son temps pour retrouver sa contenance.
- Je vous suis...
- Stop ! C'est...
- Je ne tutoie pas les inconnus... expliqua-t-il, complètement sérieux.
- Mya, ex-infirmière de Barbe-Blanche, répondit-elle en tendant la main.
- Akio, prince de l'île du Dragon, répondit-il en serrant sa main.
- Et bien Akio, j'espère que ton histoire va retenir l'attention de ton auditoire. Allons-y.
Fier de lui, c'est d'un pas léger qu'Ace retourna à sa cabine pour y retrouver Lîn. Il entra dans leur chambre et se figea en entendant la douche couler. Quel idiot ! Il se dirigea prestement vers la salle d'eau, enlevant son pantacourt dans le même mouvement et sans tomber au sol. Il fit voler son chapeau en ouvrant la porte et un épais nuage de vapeur s'échappa de la pièce quand il y entra, témoignage de la température élevée de l'eau.
Lîn laissait le jet de la douche couler sur l'arrière de sa tête, le front appuyé contre la paroi. Elle portait encore ses bandes de protection et essayait d'enlever celle de son poignet gauche sans grand résultat. Sans hésiter Ace entra en boxer avec elle dans la douche et éteignit l'eau. La jeune femme se colla immédiatement contre lui et il augmenta au maximum la température de son corps, seul chose réellement capable de la calmer quand elle faisait ses crises d'angoisse.
Le bruit d'eau qui coulait sur la ville de Waterseven réveilla Ace qui se tourna dans son demi-sommeil pour prendre Lîn dans ses bras. Tâtonnant à côté de lui, il remarqua tout de suite que la place était vide et froide ce qui acheva de le réveiller complètement.
Aucune lumière ne filtrait par les persiennes de la fenêtre, signe évident qu'il faisait encore nuit. Par contre, la lumière était allumée dans la salle de bain et le bruit d'eau qui coulait était simplement celui de la douche.
Ace se sortit des draps en souriant et en s'étirant. Sa princesse avait envie d'un "bain de minuit" ? Il se dirigea complètement nu vers la salle d'eau et ouvrit doucement la porte. Ce qu'il vit le refroidit complètement malgré la température élevée de la pièce où régnait un nuage épais de vapeur. Lîn était bien sous la douche mais assise au sol, ses bras entourant ses jambes repliées contre elle et encore habillée de sa chemise de nuit.
En quelques pas Ace fut prêt d'elle et il arrêta l'eau. Lîn, qui ne l'avait pas entendu arriver, releva la tête vers lui. Des larmes coulèrent de ses yeux pour se perdre sur ses joues humides d'eau.
- Lîn, qu'est-ce qu'il y a? demanda Ace en s'accroupissant devant elle, ne sachant pas vraiment quoi faire tant qu'il n'en saurait pas plus.
- Juste un... cauchemar. J'ai pris peur et je voulais juste... essayait d'expliquer la jeune femme en s'essuyant le visage.
- Oui ? murmura Ace, l'encourageant à continuer.
- J'avais juste envie de chaleur.
- Tu dors avec un feu ambulant et tu préfères une douche bouillante ?
- Je voulais juste une chaleur plus forte que celle que tu dégages en dormant, beaucoup plus forte. Je sais que tu peux augmenter ta température, mais je ne voulais pas te réveiller. Je suis désolée, je...
Ace l'interrompit en posant un doigt sur ses lèvres humides et le pirate la releva pour la serrer contre lui. Sa chaleur augmenta d'un coup et Lîn plongea son visage contre son torse. Ses mains passèrent dans le dos du brun qui raffermit sa prise sur les épaules de sa princesse. De longues minutes s'écoulèrent et Ace se demanda la teneur des cauchemars de Lîn. Au final, il savait qu'elle ne lui avait pas tout raconté de ce qu'Akio lui avait fait...
- Promets-moi de venir me voir à chaque fois que tu te sentiras mal. Que je sois en train de dormir, de corvée ou même en réunion avec les autres commandants. Je n'ai pas envie de me faire remplacer par une douche ! argumenta le brun pour alléger l'atmosphère et chasser la boule qu'il avait au ventre.
- Promis, murmura Lîn en frottant le bout de son nez contre le creux de l'épaule du pirate. Ace la sentit inspirer plus fortement. Son expiration beaucoup plus fraîche que son torse envoya une décharge dans le corps du pirate, lui fit oublier son inquiétude par l'envie beaucoup plus charnelle qu'il avait eu en rentrant dans la salle de bain.
- Dis, rajouta-t-il avec une voix beaucoup plus grave. Vu que maintenant nous sommes réveillés, si nous profitions ensemble de cette douche ?
- Excuse-moi, j'ai pris un peu trop mon temps... Attends, je vais t'aider.
Ace retourna Lîn pour qu'elle soit dos à lui et passa ses bras par-dessus elle pour attraper ses poignets bandés. Quelques minutes plus tard, les bandes furent jetées sur le sol de la salle de bain.
- Merci... Je vais pouvoir finir de me doucher, annonça enfin sa princesse.
- Tu veux de l'aide ? demanda le brun en toute innocence.
- Ace... mais malgré son ton de reproche, le léger sourire de Lîn rassura le brun.
- Quoi ? Tu te balades limite nue et je ne devrais pas en profiter ? s'offusqua Ace.
- Malheureusement pour toi, j'ai décidé de mettre fin à ma vengeance pour le "je suis un bel homme, regardez les filles ! "
Le brun grommela un "Cette histoire va me suivre longtemps" et Lîn s'écarta de lui. Ace sortit de la douche et s'appuya sur le lavabo en croisant les bras, observant sa femme finir de rincer ses longs cheveux. Des volutes de vapeurs se détachaient de sa peau et il avait retrouvé tout son sérieux.
- Lîn, si tu veux que je le fasse dégager, tu n'as qu'un mot à dire.
- Ça va aller... répondit elle en s'essorant les cheveux. Le premier... choc est passé. Mais... J'aimerais tout de même qu'il reparte demain matin...
La salle de réunion était encore vide quand Akio et Mya la rejoignirent. Mya invita le prince à attendre ici pendant qu'elle allait chercher de quoi manger à la salle commune. Akio fit le tour de la pièce en attendant. Les murs étaient recouverts d'avis de recherche et il resta figé devant celui de sa sœur. Il ne savait même pas qu'elle avait été primée... La somme, deux millions de Berry, était bien moindre que celle d'Ace. La photo la représentait dans ses habits d'assassin, sa cape déployée derrière elle alors qu'elle amorçait un geste pour lancer son poignard qu'elle avait à la main. Quant à l'épithète de la princesse : Dragon Noir, il se demanda un instant d'où il pouvait venir.
La porte d'entrée s'ouvrit, le tirant de ses pensées. Marco entra, Ace suivait de près avec Lîn. La princesse portait une robe pull noire sans manche et des leggings de même couleur. Elle était encore pieds nues, sûrement une habitude qu'elle avait prise sur le navire. Akio regretta un instant que Mya ne soit pas encore revenue avant de se reprendre. Il avait été l'un des meilleurs assassins de la Guilde, envoyant balader le conseil quand l'envie lui en prenait, ce n'était pas une simple table ronde qui allait lui faire peur !
Lîn s'installa directement, lui indiquant d'un signe de tête d'en faire de même. Ace s'installa à gauche de sa femme et Marco à sa droite. Le prince contourna la large table et se mit face à eux. Mya cogna à la porte et entra en tirant un chariot rempli de nourriture derrière elle. Elle posa le tout sur la table devant le regard d'Ace qui se frotta les mains. Il attendit tout de même que Mya ait finit de servir et qu'elle se soit installée aux côtés du prince.
- Mya, tu n'es pas obligée de rester, commença Marco vite coupé par la blonde.
- Oui, oui, je sais. C'est pour éviter l'effet "peloton d'exécution" que vous donnez tous les trois assis comme ça.
Lîn rougit un peu et détourna le regard d'Akio, Ace répondit quelque chose d'incompréhensible avec la nourriture qu'il avait dans la bouche et Marco leva les yeux au ciel. Mais aucun n'essaya de faire sortir Mya, car ils savaient qu'il ne fallait pas y compter. Il n'y avait eu que Barbe Blanche pour lui tenir tête.
- Alors, que s'est-il passé au palais ? demanda Lîn à son frère en se servant un verre d'eau.
- Jake est revenu.
- Comment ? s'étonna la princesse manquant de renverser son verre.
- Il voulait terminer ce qu'il a commencé avec toi ? questionna Marco.
- Non, le prince sentit un éclair de soulagement après le court pic d'inquiétude qui provenait de Lîn. Son but était de trouver du Sang de Dragon pour Yumiko.
- Elle est vivante... murmura Lîn et Akio ne réussit pas à identifier les sentiments confus de sa jumelle.
- Oui, mais paralysée. Quant au Sang de Dragon, l'arbre est toujours trop abîmé pour fournir quoi que ce soit...
- Et t'es là pour quoi au juste ?! demanda un peu trop brusquement Ace qui s'impatientait.
- Ace s'il te plaît, reste calme... supplia Lîn en sentant l'agacement de son jumeau augmenter.
Depuis un an, elle avait ressenti très peu d'émotions fortes provenant de son frère. Mais maintenant qu'il était à bord, elle subissait l'humeur d'Akio de plein fouet. Le prince le comprit immédiatement et se calma. Lui aussi avait un peu de mal avec toutes ses émotions et son corps commençait à légèrement trembler.
- Comment Jake a pu s'enfuir ? Je connais quelques-unes de ses capacités, mais seul face aux gardes et assassins de l'île... se demanda Marco.
La gêne que Lîn ressentit de son frère lui fit hausser un sourcil et elle risqua une question.
- Tu t'es battu contre lui et tu as perdu ?
- À vrai dire, commença le prince en passant sa main de chair à l'arrière de son crâne, j'ai été assommé avant de pouvoir faire quoi que ce soit... et pour la protection de l'île, comme nous ne méfions pas, cela nous a porté préjudice.
Mais il n'en dit pas plus sur qui l'avait assommé.
- Le plus important c'est que Jake a découvert qu'il reste une dose de Sang de Dragon et elle est...
- Sur La Chimère, le coupa Mya.
Marco avait complètement oublié ce remède. Il jeta un regard à Mya, l'infirmière savait mieux que lui ou était rangé cet incroyable antidote à presque tous les maux. Celle-ci reprit :
- Et je crois que pour le bien de tous, je resterai la seule à savoir où.
- Très bien, approuva Marco. Tu es donc venu jusqu'ici juste pour nous prévenir et nous aider, conclut le capitaine à l'adresse du prince qui hocha la tête.
- Et bah merci de t'être donné cette peine ! Maintenant tu peux rentrer chez toi et demain à la première heure !
Lîn détourna la tête pour fixer son pirate qui lui serra la main quand Akio plongea son regard dans le sien. Son jumeau sut immédiatement que c'était elle qui avait choisi ce délai.
- Très bien, répliqua Akio avec tout de même un peu d'amertume avant de se ressaisir en voyant une occasion se présenter. Je repartirai demain dès le lever du jour, mais avant Lîn, je voudrais te parler en privé.
Le brouillard qui recouvrait l'île de DarkFog était tellement épais qu'il était impossible de voir à plus de deux mètres devant soi. Pourtant un groupe d'hommes portant sur leurs vêtements le symbole des frères Chy : un unique crane avec deux paires d'oreilles, une de rat et une de chat, avait pénétré à l'intérieur des terres. Malgré l'ambiance angoissante de cette île, ils avaient préféré ça aux représailles de la part de leurs deux capitaines pour insubordination, et leur faire croire qu'ils n'avaient rien trouvé était hors de question, « Le Chat » et « Le Rat » devinaient tout. Si It était le plus patient des deux, c'était aussi celui dont les "punitions" étaient les plus craintes par ses hommes. Là où son frère Scrat exécutait vite les sentences, son frère aîné prenait plaisir à les faire durer.
Les deux capitaines avait envoyé six de leurs hommes en éclaireurs sur l'île. Il serait idiot d'après eux, de perdre du temps et de l'argent si ce qu'ils recherchaient là-bas ne s'y trouvait pas.
- Ça fait longtemps que l'on marche... et le brouillard qui ne veut pas se lever... Eh Carl ! Regarde ça !
Le dénommé Carl qui était juste derrière l'homme qui ouvrait la marche plissa des yeux pour distinguer ce que son compère avait vu devant lui. Une ombre noire se rapprochait d'eux et il entendait des bruits de pas lourds sur le sol pierreux. Quelques secondes plus tard et la masse disparut. Un bourdonnement qui faisait penser à un essaim de guêpes se mit à vibrer autour d'eux.
- On n'est pas seuls... murmura le troisième homme de leur équipée en serrant le pommeau de son épée dans sa main.
Mais à peine eût-il prononcé ces mots qu'un dard le perça de part en part et le tira dans le brouillard alors qu'il poussa un hurlement guttural. Puis plus rien. Le bourdonnement s'arrêta, remplacé par le sifflement régulier d'un serpent. Sans attendre, les cinq hommes restants se regroupèrent dos à dos et saisirent leurs armes à feu et leurs épées.
- Fils de putain ! Qu'est-ce que c'est que ce bordel ?! Et l'homme qui jura fut à son tour attrapé par la jambe par une queue fine recouverte d'écailles.
L'un de ses camarades eut le réflexe de le saisir par le bras et fut emporté avec lui. Deux autres cris résonnèrent et le silence s'installa de nouveau avant d'être interrompu par le cri d'un aigle.
- Faut que l'on se tire d'ici ! Allez ! hurla Carl pour réveiller le restant de ses compères qui commençaient à paniquer.
Ils se mirent tous à courir quand une ombre noire passa au-dessus d'eux. Une patte d'oiseau munie de serres acérées attrapa l'homme de droite à la gorge ce qui l'empêcha d'hurler et le sang gicla. Les deux hommes restants coururent plus vite et celui de gauche trébucha sur le corps de son ancien équipier quand le monstre le jeta devant lui. Une masse sombre qui poussa un feulement se jeta sur lui et une patte griffue lui laboura le torse et le visage.
Carl, le dernier de ses compagnons d'infortune, sentit d'un coup la différence de texture du sol et entendit le bruit des vagues. Il était revenu sur la plage. Il posa sa main sur ses genoux, courbé en avant pour reprendre sa respiration. Il ne fallait pas traîner et il devait prévenir les capitaines Chy.
L'homme attrapa son den den mushi dans sa poche et appela de suite ses supérieurs en reprenant sa course vers son embarcation, It décrocha au moment où le pirate montait à bord du petit navire qu'il avait utilisé pour venir jusqu'ici. Le bruit d'un plongeon lui fit hâter le pas.
- Oui, répondit le capitaine d'une voix mielleuse.
- La bête est ici capitaine ! J'suis tout seul ! Ils ont tous morts ! Elle les a butés! Et...
Mais c'était trop tard, des tentacules noirs passèrent au-dessus de l'embarcation et Carl sut que c'était la fin.
It écouta d'une oreille distraite le bruit de planches et d'os qui se brisaient, accompagné des cris de souffrance du malheureux Carl.
Le capitaine porta son verre de vin rouge à sa bouche pour en boire une gorgée. Il se tamponna délicatement les lèvres avec sa serviette blanche.
Le capitaine Scrat, pour sa part, attrapa une cuisse de dinde rôtie à pleine main et mordit dedans sans se soucier de la propreté. Sa bouche et son torse étaient maculés de graisse et de vin.
- Eh ben frangin! On dirait que ça vaut le coup d'y bouger notre cul ! s'exclama le pirate en mâchouillant son morceau de viande.
- Oui cher cadet, le temps est venu pour nous d'amorcer notre voyage vers DarkFog pour augmenter notre capital, lui répondit son frère en le saluant avec son verre de vin. A nous la fortune !
"Il vaut mieux mourir selon les règles, que de réchapper contre les règles."
Molière, L'amour Médecin.
à suivre...
