Vivre au Présent

Résumé : "Quel que soit ce que le moment présent contient, acceptez-le comme si vous l'aviez choisi. – Eckhart Tolle" Un an s'est écoulé depuis qu'ils ont tous brisé leurs chaînes, venez découvrir leurs nouvelles aventures... Suite de "Liberté d'Avenir" (lien dans mon profil)

NDLA : Bonjour tout le monde, une suite pas trop (trop) éloignée de ma dernière publication ! Hourra ! Un clin d'œil à Full Metal Alchemist dans ce chapitre. C'est ma brillante Tuberculose qui m'a donné l'idée, allez lire sa fic « La Dame et l'As » un pur bijou !

La correction de ce chapitre n'est pas encore faite ! Trop hâte de publier ! Alors n'hésitez pas si un truc cloche !

Merci à Caro-hearts et Tisha X (ma fane absolue ! Que je ne veux absolument pas décevoir ! ^^ ) pour leurs reviews ! Je vous adore !

Bonne lecture à tous !


Chapitre 2 : Que l'aventure commence !

Malgré tous les arguments et les protestations d'Ace, Lîn avait accepté de parler avec son frère. Elle ne redoutait pas de se retrouver seule dans une pièce avec lui, ou du moins essayait de s'en persuader. Alors quand son jumeau lui avait proposé d'aller sur le pont, au calme et en même temps entourés de l'équipage de La Chimère, elle avait trouvé que c'était une bonne idée.

Accoudée au garde-corps, le regard plongé dans l'écume de l'océan créée par le passage du bateau, la jeune femme attendait qu'Akio commence la discussion. Celui-ci la fixait, cherchant comment amorcer la conversation, chose qui lui semblait plus compliquée qu'il n'y avait cru face au silence de sa sœur. Un éclat attira son regard sur l'avant du navire. De sa place, il pouvait apercevoir Le scintillement rougeâtre des "yeux" de la proue qui luisaient dans la nuit tombante et, accessoirement, le regard mauvais que lui lançait Ace appuyé bras croisés contre un des murs du bateau.

- Cette proue est magnifique, Lorkarn aurait...

- De quoi voulais-tu me parler ? le coupa Lîn. Il y avait bien une chose qu'elle ne voulait pas, s'était entendre son frère parler de son protecteur.

- De ton comportement que je ne comprends pas... annonça Akio de but en blanc.

Pas de réponse de la part de Lîn, mais elle se tourna vers lui pour lui donner toute son attention. Il continua sur sa lancée :

- Je savais qu'Ace ne m'aurait jamais accueilli à bras ouverts, mais je ne m'attendais pas vraiment à ce que toi tu... me repousses. Surtout avec toutes tes lettres et ce que j'en déduisais en les lisant. Je croyais retrouver ma sœur, que tout serait comme avant... ce que je t'ai fait.

- Tu veux savoir quelle image de toi j'avais en écrivant ces courriers ? murmura Lîn.

Son frère acquiesça silencieusement, se pensant prêt à tout entendre venant de sa jumelle, eux qui se confiaient "presque" tout autrefois.

- Pour moi, c'était celle d'un homme presque mort, immobilisé par des blessures dont je ne savais pas qu'il était possible de s'en remettre en aussi peu de temps. Quand j'ai vu cette main métallique... Je me suis dit qu'elle te faciliterait la vie.

- Lîn, je...

Mais sa jumelle leva la main, lui intimant par ce geste de la laisser continuer.

- Et voilà que tu débarques ici, en pleine possession de tes moyens. J'avoue, j'étais sincèrement heureuse de voir que tu allais bien et puis je me suis rappelée ce que tu m'avais fait, ce que tu avais failli me faire. Et ça été plus fort que moi, je t'ai pardonné mais…

- Tu voudrais m'oublier… finit par souffler Akio pour terminer la tirade de la jeune femme.

Quiconque aurait vu cette scène aurait pensé qu'il gardait son calme, mais Lîn le connaissait mieux que personne. Elle voyait très bien dans son regard et son visage figé qu'elle venait de le blesser. Le lien n'était pas nécessaire pour déduire cela. Elle allait reprendre, s'expliquer un peu plus, quand Akio l'attira brusquement vers lui en l'attrapant à bras le corps. Il la serra si fort, l'empêchant d'effectuer le moindre geste, que Lîn perdit ses moyens de défense face à la prise ferme de son jumeau. La peur commençait à l'envahir quand elle sentit le souffle d'Akio à son oreille. Elle chercha Ace du regard, le pirate avait déjà commencé à se diriger en courant vers eux.

- Tu sais, avant tout ça je croyais que si tu ressentais de la pitié, de la peur ou du dégoût en connaissant les sentiments que j'avais pour toi, je l'aurais préféré à de l'indifférence.

La bouche d'Akio devint sèche, il déglutit difficilement. La panique qu'il ressentait de sa soeur l'obligea à inspirer calmement pour finir sa phrase.

- Mais je me trompais, ce que tu viens de me dire me fait plus mal que toutes les mutilations qu'aura subit mon corps. Pardonne-moi Lîn, je n'aurais pas dû venir ici...

Durant tout cet échange, l'étreinte d'Akio sur sa soeur s'était relâchée. Lîn n'osait pas tourner la tête vers lui, vers son visage qui était encore si proche du sien et il en profita pour poser un rapide baiser sur sa joue balafrée. Son frère la relâcha soudainement et se détourna, la tête baissée vers le sol, ses cheveux cachant son regard, si bien que Lîn se demandait d'où provenait le dégoût qu'elle ressentait, d'elle-même ou de son frère ?

Le cœur lourd, Akio réalisait qu'il n'aurait jamais dû demander à parler à sa jumelle, il aurait mieux fait de continuer à vivre dans ses illusions. Il sentit à peine le coup d'épaule que lui envoya Ace en passant à côté de lui, ni n'entendit le cri de Lîn qui appelait son prénom. Il voulait juste retrouver la paix et la solitude de sa cabine.


- C'est ça le navire des pirates du Phénix ? Ouah ! Quelle bête ! s'extasiait Anita en observant le monstre de bois du périscope du sous-marin qui apportait l'image sur un écran sur le tableau de bord principal.

- Oui, c'est l'idée. La proue représente la forme originelle de la chimère de Lîn, expliqua Jake en jetant un coup d'œil vers le fond du sous-marin.

Le cliquetis métallique qu'il avait entendu venait de Yumiko et des exercices qu'elle réalisait avec sa nouvelle prothèse. Elle agita de nouveau ses doigts, les ouvrant largement pendant que sa dague tournait en lévitation au-dessus de sa paume. Le détour par Balgimoa avait été productif. Une lettre de Mama Odie pour une certaine Pinako Rockbell et l'affaire s'était jouée en vingt-quatre heures, même si les gémissements de douleur de Yumiko avait rendu ce laps de temps beaucoup plus long pour Jake. Anita n'était pas restée dans la maison, la vieille prothésiste avait demandé à sa petite fille, Winry s'il se rappelait bien, de lui faire visiter la petite ville de Resembool.

C'était donc l'ex-assassin qui avait secondé Pinako... Ses entraînement l'avait habitué à l'exécution des séances de torture, mais voir la femme qu'il aimait souffrir pendant l'installation de cette prothèse sans qu'il ne puisse rien faire lui avait brisé le cœur.

La main de fer de Yumiko qui se finissait au milieu de l'avant-bras de la brune, se posa sur son épaule, il ne l'avait même pas entendu claudiquer difficilement vers lui... Depuis quelques jours elle s'était mise en tête de ne plus utiliser ses béquilles, chose compliquée avec les remous de l'océan qui avaient tendance à la faire trébucher contre les murs ou parfois tomber au sol. Dans ces cas-là, et selon les ordres qu'avait donnés la brune, Jake et Anita la laissaient se débrouiller. Elle l'interrogea du regard, il devait sans doute s'être plongé dans ses pensées plus longtemps qu'il ne l'avait cru. Il posa sa main sur celle de métal de sa compagne et lui lança un sourire.

- Eh ! s'exclama Anita le nez toujours posé sur son écran, attirant l'attention du couple. C'est elle la princesse Lîn ?

- Oui, confirma le blond en vérifiant rapidement puis il vit au même moment Akio pas loin de son amie.

- Akio, siffla Yumiko entre ses dents.

Un silence se fit dans la cabine, le trio observant attentivement l'échange entre les jumeaux. Mais quand Akio attrapa Lîn, Jake ne put s'empêcher de se redresser brusquement dans son siège, mué par l'instinct de protection qu'il ressentait encore pour la jeune femme. Yumiko tapa rageusement du doigt l'autre bout de l'écran où l'on voyait Ace qui intervenait déjà pour rejoindre sa femme.

- C'est bon, elle ne risque rien ta princesse ! lâcha Yumiko avec animosité avant de se détourner.

- Yumiko ! l'appela Anita mais Jake lui fit signe de laisser tomber.

Anita le regarda se lever pour rejoindre sa compagne, elle reprit son observation du monstre de bois qui protégeait le fameux remède. Le plan devait marcher. Il n'y avait pas d'autre choix.


Les nerfs d'Akio étaient en train de lâcher, sans parler de la pression que ressentait son cœur. Il ne pouvait pas en vouloir à Lîn. Il était seul responsable de ses actes et il continuerait à les assumer. Sa profonde tristesse était en train de se transformer en colère contre lui-même. Il avait été si naïf de croire que tout s'était arrangé, "l'espoir fait vivre" mais dans son cas, c'était le plus grand mensonge qu'il s'était fait à lui-même.

Le prince rejoignit sa cabine sans attendre, ignorant les hommes qu'il croisa dans les méandres du navire. Il ne fit pas plus attention à Mya qui sortait de sa propre cabine, au fond du couloir. Il ouvrit un peu trop brusquement sa porte et se dirigea directement vers son sac. Vers la seule source de tranquillité qu'il contenait. Pour le coup, il avala deux de ses comprimés et se demanda si un troisième ne lui permettait pas de s'endormir plus vite.

- Qu'est-ce que c'est ?

La présence de Mya le fit brutalement sursauter. Il venait de se faire surprendre par l'infirmière, chose qui ne se serait jamais passée s'il avait été dans son état normal.

- Rien qui ne te regarde ! Je te prierais de partir ! s'écria le prince alors qu'il aurait seulement voulu être ferme mais calme.

Mya leva un sourcil et fit demi-tour, mais pour seulement refermer la porte, y compris à clé, et se posta devant en croisant les bras, le regard déterminé. Devant le manque de réaction du jeune homme, la blonde se décida à s'avancer vers lui et s'arrêta à moins d'un mètre de lui qui n'avait pas bougé.

- Comme tu le sais, j'ai été infirmière, et je reconnais très bien les signes du manque. Tremblements, bouffées de chaleur, pupilles dilatées et c'est sans parler de ton emportement.

- La discussion avec Lîn ne s'est pas passée comme prévu.

- Soit, ça excuse en partie ton excès de mauvaise humeur... et pour le reste ?

- Ça ne te regarde pas ! Laisse-moi ! s'emporta de nouveau le prince.

- Pas avant que tu me dises ce que sont ces cachets, reprit sans faillir l'ancienne infirmière.

- Juste des antidouleurs, maintenant tu peux partir... supplia presque Akio en se détournant pour aller vers la salle d'eau de la pièce.

- Oh, où as-tu mal ? lui demanda de nouveau Mya en attrapant son bras pour l'obliger à lui faire face.

Akio se dégagea d'un mouvement brusque, repoussant la blonde mais pas assez pour qu'elle abandonne son interrogatoire.

- Je répète donc ma question : qu'est-ce que c'est ?

- Un mélange de belladone, de feuilles de coca raffinées et de pavot, répondit le prince en massant ses tempes et fermant ses yeux, sa vue commençait à se brouiller.

Le silence s'installa entre eux, Mya comprenant toute la mesure de ce que le prince avalait. La belladone était un antidouleur à faible dose mais pouvait s'avérer mortelle mal préparée, la cocaïne et l'opium rendaient complètement dépendant à une sensation de plénitude qui mal dosée, tuait également. Qu'est-ce qu'il pouvait se passer dans la tête du prince pour qu'il en arrive à de telles extrémités ? La blonde soupira fortement et amorça le premier geste. Elle fit quelques pas pour supprimer la distance qui la séparait du prince et sans prévenir le prit dans ses bras. Akio se tendit immédiatement, il ne s'attendait pas vraiment à ce genre de "réprimande" puis il se laissa finalement faire, se persuadant que ce n'était pas parce qu'il en avait envie, que parce que depuis un an il se sentait affreusement seul, et que c'était juste ses cachets qui commençaient à faire leur effet sur lui. Ses mains tombèrent le long de son corps puis mu par un réflexe, il enlaça la jeune femme à son tour.

Mya ne disait toujours rien, perdue dans ses propres pensées. Elle sentit le prince se relâcher et voulut s'éloigner mais il lui rendit son étreinte. Elle ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi. Elle eut tout le loisir de réfléchir à ce qu'elle allait lui dire et d'assimiler l'odeur de menthe poivrée qui émanait de lui. Elle remarqua également qu'elle était aussi grande que lui avec ses talons. Elle commença doucement à le repousser et il se laissa tomber en arrière pour s'asseoir sur le lit. Mya se redressa devant lui, Akio ne quittait pas le sol des yeux, honteux et commençant à réellement se sentir déconnecté de la réalité.

- Je dois passer pour encore plus minable que j'en ai l'air, murmura-t-il les yeux dans le vague.

- N'imagine pas ça, répliqua la blonde. Mais comme cela t'intéresse, je vais te dire ce que je pense de toi.

Après ce que venait de lui avouer Lîn, le prince pouvait tout encaisser. Mya continua sur sa lancée, voyant qu'il ne réagissait pas. Elle se doutait que c'était à cause de ce qu'il venait d'avaler. Elle bascula la tête en arrière et fixa les lattes de bois du plafond pour se concentrer et choisir ses mots, exercice qu'elle ne maîtrisait pas trop, elle qui avait tendance à utiliser la franchise pour s'exprimer.

- Tu as confiance en tes capacités, tu es très peu patient sauf avec quelques personnes, tu es capable de tout, du mal comme du meilleur pour arriver à tes fins Tu es manipulateur et pourtant je me doute que tu as bon cœur. L'honneur est une chose importante à tes yeux… et tu aimes les roses, souffla-t-elle avec un sourire en ayant fini de compter sur ses doigts ce qu'elle savait du prince.

Akio, qui avait décidé de lui accorder le peu de concentration qu'il lui restait releva la tête vers elle qui le surplombait.

- Et d'où viennent toutes ces constatations ? ne put s'empêcher de demander Akio, sa curiosité prenant le dessus.

- Tu dois deviner que c'est Lîn qui en est la source. C'est ce que j'ai conclu de ce qu'elle m'a dit à ton sujet. Tu sais, elle me parle régulièrement des bons souvenirs qu'elle a avec toi... Ce qui prouve que tu lui manques. Et c'est là où je ne la comprends pas... Elle voudrait te retrouver mais te fuit en même temps...

- C'est pour ça que je voulais lui parler...

- Et ? Bien sûr que c'est seulement le résultat de sa séquestration par tes soins mais...

- Je... Je n'arrivais plus à réfléchir... J'étais frustré, en colère parce qu'elle me rejetait... Je me rappelle très bien qu'elle se débattait... et le son qu'a fait sa robe quand je l'ai déchirée.

Akio se releva brusquement pour s'éloigner de Mya, celle-ci le fixait intensément encaissant toute la valeur de cet horrible aveu. Lîn ne lui avait jamais parlé de ça et Mya était sûre qu'Ace non plus n'était pas courant.

- Tu l'as...

- Non ! l'arrêta le prince. Je me suis repris à temps mais...

- Stop, n'en dis pas plus, l'arrêta Mya un peu sèchement. Et la raison pour laquelle tu as besoin de ça ? le questionna la blonde en montrant la pochette noire du menton.

- Pour oublier que je suis un monstre, pour retrouver la confiance que Lîn avait en moi.

- Crois-moi quand je te dis que cette merde ne t'aidera pas. Qui te l'a fournie ?

- Paracelse, quand j'avais trop mal, expliqua le prince en faisant jouer les doigts de sa prothèse. Puis j'ai appris à les confectionner.

- Il n'a pas surveillé les effets secondaires ? Bizarre pour un Médecin...

- Un maître empoisonneur avant tout, et je crois qu'il se fiche de ce qu'il pourrait m'arriver. Je ne peux pas l'en blâmer, après tout, j'ai voulu le tuer.

- Et tu ne comptes pas arrêter ?

- Pas maintenant. Je le déciderai le moment venu.

- Toute ta volonté ne servira à rien sans aide.

- Je n'ai pas besoin d'aide ! s'emporta de nouveau le prince.

- C'est ce que tu crois, puis viendra le moment de non-retour. Dis, est-ce que tu connais la différence entre toi et les drogués que j'ai rencontrés dans la rue ?

- Non, répondit Akio en tiquant sur le mot "drogués".

- C'est simplement qu'eux feront leur overdose dans la crasse d'une ruelle, la tête dans un caniveau maculé de vomi, alors que toi tu la feras dans les draps de soie de ton lit dans ton palais.

Le regard du prince se voila mais il ne réagit pas plus. Mya soupira en croisant les bras. Elle savait qu'Akio ne pouvait pas être plus réceptif dans son état et pourtant elle était frustrée. Elle marmonna quelque chose en se détournant. Akio toujours debout ne réagit pas plus quand elle se tourna une dernière fois vers lui, les bras croisés.

- Akio, je sais très bien que tu n'arrêteras pas cette saloperie pour toi-même, alors fais-le pour Lîn et pour ton père. Car pour eux, tu restes l'un des membres à part entière de leur famille. Je te promets de ne pas en parler à Lîn… Pour le moment.

Tandis qu'elle s'éloignait et ouvrait la porte pour sortir, l'ex-infirmière entendit Akio murmurer quelques mots.

Akio saisit sa pochette dans ses mains, hésitant. Puis il repensa aux paroles de Mya, se persuada qu'elle se trompait et prit un dernier comprimé avant de se laisser tomber sur son lit pour une nuit sans rêve.


Mya ne savait pas si son sermon avait fonctionné, après tout Barbe Blanche ne l'écoutait jamais, mais elle se donna pour mission d'en reparler quand Akio serait de nouveau plus réceptif et il ne fallait pas qu'elle loupe le coche. Le plus judicieux serait de le réveiller une heure avant qu'il ne quitte le navire, la nuit allait être courte si elle devait surveiller qu'il ne parte pas en douce...

Elle poussa un long soupir et se dirigea vers sa cabine, à peine une dizaine de mètres plus loin. Elle vit immédiatement qu'elle était entrouverte. La jeune femme leva les yeux au ciel en trouvant Lîn allongée sur son lit, serrant contre elle l'oreiller de Mya. Bon, eh bien si c'était aussi le moment pour faire le point avec la princesse, elle ne raccrocherait pas encore sa casquette de psy pour ce soir...


- Où est Lîn ? demanda Marco à Ace qui arrivait en distribuant les cartes à jouer qu'il avait à la main.

- Avec Mya... répondit le brun en s'installant à la table où se disputait une partie animée de poker.

- J'espère que t'as de la monnaie bébé commandant ! s'exclama Vista en montrant le tas de Berry qu'il avait devant lui.

- Rêve pas Vista ! se moqua Izou en vérifiant son maquillage avec son petit miroir de poche, oublie pas qu'il a payé une main toute neuve à son beau-frère !

Un grommèlement provenant du fils de Roger répondit à l'homme Geisha. Il tira des billets de sa poche de pantalon et les plaqua sur la table.

- Allez les mecs ! Vous allez voir qui est l'as à bord ! se vanta le fils de Roger.

- Joli jeu de mots bébé commandant ! Mais je persiste à dire que c'est Lîn la plus douée d'entre nous ! Tu ne veux pas aller la chercher histoire de corser la partie ? demanda Izou en s'attirant les regards réprobateurs de l'ensemble de la table.

- Si Lîn se joint à la partie, je jette l'éponge ! Je préfère allez pêcher ! déclara Namyul en récupérant sa mise sur la table.

Ace réfléchissait sérieusement à la question... un grand sourire apparut sur son visage alors qu'il réalisait que la somme que sa femme gagnerait, car elle gagnait toujours, à la régulière ou non - mais sur ce dernier point ses adversaires n'avaient jamais pu le prouver -, irait au final dans sa poche. De plus ça changerait les idées de sa princesse après le coup que lui avait fait Akio tout à l'heure. Il se leva brusquement de sa chaise, presque à la renverser.

- Je vais la chercher ! Préparez-vous à la raclée de votre vie les vieux ! s'exclama le brun en rejoignant rapidement la sortie sous les cris outrés de ses aînés.


- Patient numéro deux ! Allons-y ! Exposez-moi votre problème... plaisanta Mya en refermant sa porte derrière elle.

L'ancienne infirmière sut que sa blague n'avait pas marché sur Lîn quand elle vit le regard terriblement perdu de la jumelle d'Akio. La blonde se pinça l'arête du nez en fermant les yeux et se lança. Plus vite Lîn irait mieux, plus vite elle s'accorderait une sieste.

- Je viens de la cabine attribuée à ton frère... expliqua-t-elle en s'asseyant sur le bord de son lit.

- Et ? demanda Lîn en se tournant sur le côté, serrant le coussin contre elle.

- Il pense qu'il n'est qu'un monstre... exposa doucement Mya en caressant l'épaule tatouée de sa "petite sœur".

Lîn avait voulu transformer ce dragon agressif, mais quand le Gouvernement Mondial lui avait attribué l'épithète du "Dragon Noir", elle avait renoncé. Ace avait sauté au plafond en voyant qu'elle avait obtenu une prime. D'une parce qu'il était fier d'elle, de deux parce qu'il se rendait compte que c'était sûrement sa relation avec Lîn qui pouvait la mettre en danger et il avait brusquement eu l'envie de l'enfermer dans sa cabine. Lîn l'avait envoyé paître, elle était parfaitement capable de se défendre seule. Voyant le regard perdu dans le vague de la princesse, Mya continua :

- Mais toi, penses-tu réellement ça ? questionna Mya en se relevant vers sa penderie.

- Non, enfin... Je ne sais pas... déclara enfin Lîn en la regardant sortir un coffret de son armoire.

Les armoiries qui ornaient le devant de la boite interpellèrent immédiatement Lîn qui s'assit au bord du lit, tout de suite plus attentive.

- Le Sang de Dragon... C'est ta cabine sa cachette secrète, constata Lîn un peu incrédule. Pourquoi me le montres-tu ?

- Oui, répondit Mya en posant le coffret sur son bureau. Et parce finalement il vaut mieux être deux à savoir où il se trouve, répondit la blonde à la question de son amie.

Elle l'ouvrit, vérifia que son contenu était bien à l'intérieur avant de le refermer en douceur, réfléchissant à la suite de sa discussion.

- Akio m'a dit qu'il avait tenté de te violer, lâcha Mya de but en blanc.

La respiration de Lîn qui se coupa interpella l'ex-infirmière qui se tourna vers elle. La princesse était devenue blême, ce souvenir horrible la frappant de plein fouet et elle ne put s'empêcher de vérifier que son haut était intact.

- C'est de là que viennent tes crises d'angoisse, continua Mya.

- Je me rappelle chaque geste que je faisais pour lui échapper, puis cette impression d'impuissance avant que je n'abandonne... murmura Lîn.

- Je repose ma question : est-ce que tu penses qu'il est un montre?

- Non, parce qu'il regrette ce geste et tout ce qu'il m'a fait. Mais...

Lîn se jeta en arrière sur lit, couvrant de nouveau son visage avec l'oreiller et garda le silence. L'ex-infirmière eut un petit sourire. Tout n'était pas perdu entre les jumeaux. Tous deux avaient la volonté d'aller de l'avant, restait à savoir combien de temps cela prendrait. Mya pensa que c'était le moment d'alléger l'atmosphère, ou Lîn allait finir par mal dormir.

- Tu sais, si un jour je dois enfiler la combinaison de demoiselle en détresse, avoir un prince genre "héros ténébreux" comme ton frère ne me gênerait pas ! Imagine le tableau : je rendrais les bourgeoises folles de jalousie !

Pas de réponse, Mya soupira et reporta son attention sur le coffret alors que sa porte s'ouvrait avec douceur.

Le bruit de la porte qui s'ouvrit ne fit pas plus réagir Lîn. Un instant la jeune femme pensa que Mya avait quitté la pièce mais sa présence était toujours là. Le bruit du mobilier se renversant interpella brusquement Lîn qui se releva pour croiser un regard émeraude qu'elle ne connaissait que trop bien. Jake maintenait Mya contre lui, sa dague appuyée contre la gorge de l'infirmière qui n'osait faire un geste. Elle sentait que la chair tendre de son cou était déjà entaillée, sa mâchoire se crispa, malgré ses entraînements, elle n'avait aucune idée de quoi faire pour se dégager. Lîn était debout face à eux sur ses gardes.

- Jake ! l'interpella Lîn.

- Bonsoir Lîn. Je suis heureux de te revoir, la salua Jake avec un sourire sincère.

- Le bonheur sera partagé quand tu lâcheras Mya.

- Je crains bien que je ne puisse pas faire ça... si j'avais su que trouver le Sang de Dragon serait si simple, je serais venu plus tôt, exposa le blond. Mya, ouvrez le coffret s'il vous plaît.

- Va te faire... grommela la blonde en tentant de s'écarter mais la lame appuya plus sur sa gorge et elle sentit un liquide chaud couler le long de son cou.

La prise sur son corps se modifia et elle comprit que Jake venait d'ouvrir le coffret et de récupérer le remède dans le même mouvement. Lîn n'osait pas intervenir, ayant trop peur que son "ami" ne mette à exécution sa menace. Elle observa Jake qui se dirigeait silencieusement à reculons, Mya devant lui, vers la fenêtre. Il l'ouvrit après avoir rangé avec précaution le remède dans sa cape, et coinça un tissu blanc dans l'encadrement. Il s'écarta prestement dans le coin le plus proche d'eux et voulut dire à Lîn de reculer mais n'eut pas le temps de le faire que la paroi éclatait déjà dans un vacarme assourdissant, alors que son ancienne amie s'était avancée vers le hublot.

Les oreilles bourdonnantes, Jake se redressa vite et se mordit l'intérieur de la joue quand il vit la jeune femme au sol, Mya se débattait pour la rejoindre et il raffermit sa prise quand il vit que Lîn tentait de se relever.

- Lîn ! Réponds-moi : ça va ? hurla Mya complétement inquiète.

Un râle de douleur lui répondit et l'ancienne infirmière vit du sang couler du visage de son amie et son bras lacéré par les éclats de bois et de verre. La princesse attrapa son épaule douloureuse en envoyant un regard perdu au blond qui avait un air de déjà-vu, sauf que cette fois, c'était sa faute si Lîn avait été blessée.

- Désolé Lîn... s'empressa-t-il de s'excuser sincèrement. Mais j'emmène ton amie, j'ai besoin de ses compétences. Tu pourras la retrouver en bonne santé sur l'île de Darkfog. À dans quelques jours, salua Jake d'un signe de tête en sautant par le trou de la paroi, Mya hurlant encore des insultes pour qu'il la lâche.


L'explosion réveilla Akio de son état semi-comateux. L'adrénaline de ce brusque réveil le sortit quelque peu de sa transe. Il se leva de son lit d'un bond alors que de nombreux cris et des signaux d'alertes commençaient à résonner dans les couloirs. Il ouvrit la porte de sa cabine difficilement et repéra immédiatement la fumée qui s'échappait de la chambre de Mya, dix mètres plus loin que la sienne. Sans attendre, il courut en titubant vers l'entrée, poussant la porte de la blonde qui ne tenait plus que par un seul gond. Son sang ne fit qu'un tour quand il vit Lîn, à quatre pattes au sol et qui tentait de se relever. Du sang coulait d'une entaille sur son front pour goutter sur le sol de bois, son bras gauche était couvert d'entailles avec des éclats enfoncés plus ou moins profondément dans sa chair. C'était donc ça les picotements qu'il sentait dans son propre bras.

- Lîn ! paniqua son frère en se mettant à genoux à côté d'elle.

- Jake... il a Mya et le Sang de Dragon... murmura la jeune femme en se raccrochant à lui.

Sa jumelle vacilla et il la maintint contre lui en l'aidant à se relever, le poids de la jeune femme contrant son déséquilibre. Des pirates apparurent dans l'ouverture de la porte. Akio les entendit appeler à l'aide et demander de l'eau. C'est alors que le prince se rendit compte qu'une partie de la pièce commençait à brûler. Sans réfléchir, il lança une gerbe de feu glacial sur les flammes de l'incendie. Son pouvoir les absorba et le feu s'éteignit de lui-même. Le temps qu'il se concentre de nouveau sur sa jumelle, un "sale connard" hurlé par une voix bien connue et un poing enflammé le repoussa durement de Lîn et le fit passer par le trou de la paroi du bateau, directement dans l'océan.


- Lîn ! Est-ce que ça va ? C'est cet enfoiré qui... s'exclama Ace en l'attrapant pour éviter qu'elle ne tombe au sol.

- C'est Jake...

Ace, qui allait essuyer le sang de Lîn qui lui coulait dans les yeux, suspendit brièvement son geste. Avant de se reprendre et de se dire que de toute façon, Akio l'avait bien mérité après la peur qu'il avait faite à Lîn sur le pont. Le brun aida sa princesse à s'asseoir sur le lit de Mya qui avait été repoussé au bout de la cabine. Il attrapa un bout du drap pour le mettre sur la blessure de Lîn qui ne semblait pas vouloir s'arrêter de couler. La jeune femme était complètement groggy, le contrecoup du choc qu'elle venait de subir. Marco fit soudainement son entrée et avisa les dégâts et Lîn qui était blessée. Il aboya des ordres pour que le bateau reste en état d'alerte et que quelqu'un aille chercher le Médecin de bord et Mya.

- Jake, il l'a emmenée... murmura Lîn en accrochant le bras d'Ace pour tenter de se relever.

- Ne bouge pas ! On va gérer... lui répondit le brun en jetant un regard à Marco qui avait tout entendu.

- Il doit savoir que c'est elle qui sait où se trouve le Sang de Dragon !

- La fiole était ici, il l'a déjà prise... Akio...

- Je vais dire à Namyul de le repêcher si ce n'est déjà fait, précisa Marco en coulant un regard de biais à Ace qui lâcha un "quoi ?!" muet.

Ce n'était pas sa faute si les apparences étaient parfois trompeuses...


- Voilà miss, j'ai terminé de bander ton bras. J'ai enlevé tous les corps étrangers, mais n'hésite pas à me faire part de quoi que ce soit. Tiens, ça va t'aider à te remettre d'aplomb, mais il faut maintenant à tout prix que tu ailles te coucher, précisa le médecin en lui tendant un morceau de sucre.

La princesse le remercia d'un signe de tête en grimaçant. Elle s'empara du morceau de sucre et le croqua. Le mouvement de sa mâchoire attisa son mal de tête et elle porta la main sur le pansement qui lui barrait le front. L'entaille était peu profonde et serait vite refermée. Ace était assis à ses côtés sur le lit de l'infirmerie. De sa place, il vit Akio entrer dans la pièce, dégoulinant d'eau de mer. Il se releva pour lui faire face et Akio ne lui laissa pas le temps d'en faire plus. Le coup de tête qu'il envoya au pirate fit reculer Ace de plusieurs pas. Points Ardents se pencha en avant pour attraper son nez douloureux dans ses mains. Le prince avait manqué de force, sûrement parce qu'il était encore couvert d'eau de mer ce qui devait l'engourdir à cause de son fruit du démon, mais le coup n'en resta pas moins douloureux. Le pirate allait répliquer, quand Lîn attrapa la ceinture de son frère. Akio n'émit aucune résistance quand il tomba assis à ses côtés. Celle-ci tendit un doigt menaçant, bien que tremblant, vers Ace.

- Tu as commencé et maintenant ça suffit, ordonna la princesse. Akio, ça va ? lui demanda-t-elle plus doucement alors que le prince s'ébrouait les cheveux de sa main pour chasser le restant d'eau qui lui coulait dans les yeux.

- Hhhmmm... grommela-t-il en lançant un regard noir à Ace qui se massait l'arête du nez, pour le plus grand plaisir du prince. Mais et toi ? s'inquiéta l'héritier de l'île du Dragon pour sa jumelle., Et Mya ?

- Mes blessures ne sont que superficielles. Pour Mya, Jake l'a emmenée en me précisant qu'il avait besoin d'elle. Il a dit qu'il ne lui ferait pas de mal et que nous pourrions la récupérer sur…

- sur Darkfog, finit Ace en croisant les bras.

- Je viens avec vous, annonça Akio d'un ton qui ne laissait pas la place à un refus.

Lîn l'observa à travers sa frange, les paroles dites sur le ton de l'humour par Mya lui revinrent à l'esprit. Peut-être que le destin lui envoyait un signe, assez douloureux elle en convenait, pour se rapprocher de son frère.

- Très bien, répondit Lîn en chassant de la main les objections qu'Ace commençait à vouloir lui dire.

- Je vais lancer les ordres pour que nous arrivions le plus tôt possible sur l'île, déclara Marco.

- Lîn, je t'emmène jusqu'à notre cabine, il faut que tu te reposes, clôtura Ace.

La jeune femme envoya un regard reconnaissant à Ace qui l'aida à se lever du lit. Il la souleva de terre pour la prendre dans ses bras sans qu'elle ne puisse protester. Elle envoya un dernier regard à son frère qui la salua d'un signe de tête, et le couple quitta les lieux suivi de Marco.

Le prince se releva pour s'approcher du hublot de la pièce. L'ambiance électrique provoquée par l'attaque du sous-marin était retombée et un étrange silence s'était installé. Akio serra les poings. Il se fit la promesse qu'il arriverait à complétement se racheter auprès de Lîn. Il venait d'avoir une seconde chance et il ne la laisserait pas passer.


- Salaud ! Lîn est blessée et peut-être gravement par ta faute ! cria Mya dans le sous-marin.

Jake l'avait poussée vers le fond de la cabine de contrôle. Il se tenait droit devant elle, prêt à l'éventualité d'en venir aux mains mais l'infirmière ne faisait que s'époumoner, l'insultant depuis qu'ils avaient atteint le sous-marin.

- Je suis désolée... s'excusa Anita d'une petite voix et voir cette gamine s'excuser sincèrement interrompit Mya dans son élan.

Anita reprit la parole :

- C'est moi qui ai tiré. Je ne savais pas que la princesse était si proche. Pardon...

- Ce n'est rien Anita. Elle est entre de bonnes mains.

- Elle le serait si tu ne m'avais pas kidnappée espèce de...

Une lame en forme de boomerang sortie de la porte du fond siffla un instant en volant dans la pièce avant de revenir et de se planter dans la paroi métallique à deux doigts de la tête de la blonde.

Pour le coup celle-ci se calma aussitôt alors que Yumiko sortait à son tour de la pièce de repos du sous-marin. Elle marchait difficilement et Mya aurait continué de s'énerver si le regard bleu laser de la brune ne lui avait pas intimé l'ordre de se taire. La lame fichée dans le mur s'envola soudain, frôla le visage de Mya et alla retrouver sa place dans la main métallique de l'ex-assassin.

- Tu la fermes maintenant. Et tu reprends ton calme. Lîn a la peau solide, je suis bien placée pour le savoir. Et maintenant tu vas m'injecter le Sang de Dragon et garder le silence ou je te jette en pâture aux monstres marins, ta carcasse noyée fera une pièce de choix. Est-ce clair ?

- Pique-toi toi-même !

- Aucun de nous ne peut le faire, expliqua Anita. Il faut injecter le produit entre deux vertèbres et nous n'avons pas les connaissances médicales pour le faire. Ensuite tu seras libre, promis.

Mya avisa la petite qui finissait ses explications d'un ton calme et suppliant. La blonde grommela quand Jake lui tendit le remède, mais elle ne fit pas mine de le prendre. L'aura de Yumiko devint plus meurtrière et Mya s'empressa de s'expliquer.

- Je ne peux pas faire ça ici. Les mouvements du sous-marin risquent de me faire déraper et de provoquer plus de dégâts qu'autre chose. Je vous aiderai dès que nous serons à terre. C'est ça ou rien.

Jake échangea un regard avec sa compagne tandis qu'Anita acquiesçait déjà. Yumiko laissa échapper un grognement avant de se diriger difficilement vers le poste de commande. Jake la rejoignit et s'assit sur le deuxième siège. Anita désigna la porte de la pièce des couchettes à Mya. La blonde comprit le message et entra à l'intérieur pendant qu'Anita refermait la porte derrière elle.

Mya analysa vite fait ce que contenait la pièce. Rien d'intéressant ne l'interpella alors elle se laissa tomber sur l'un des lits pour s'allonger avant de ramener ses jambes contre elle.

Le contrecoup émotionnel s'abattit sur elle d'un seul coup ainsi qu'un sentiment d'impuissance quand elle réalisa qu'elle ne pourrait pas aider Lîn et Akio comme elle l'avait prévu.


La Chimère était restée en alerte toute la nuit, jusqu'à ce que Marco juge bon de relever le plan "vigie pirate" comme l'avait appelé Curiel avec humour. Il était midi passé, Ace et Lîn n'avaient pas réapparu depuis l'attaque de Jake. Contrairement à Akio qui avait voulu se rendre utile. Marco s'était montré un peu réticent puis s'était laissé convaincre par Rakuyou, qui lui précisait que s'ils devaient encore voguer deux jours avec ce rythme et manœuvrer avec ferveur les voiles, avoir un homme de plus ne serait pas du luxe. Alors le commandant de la septième division lui avait proposé de former le prince et celui-ci se débrouillait avec talent, Marco devait bien l'avouer.


Dans leur cabine, Lîn émergeait doucement du sommeil. Son instinct et le soleil visible à travers son hublot lui confirmaient que la journée était bien avancée. Ace bougea contre elle et la renferma avec force et délicatesse dans ses bras. Lîn se blottit plus contre lui et frotta son nez contre le torse du brun.

- Ça va mieux ? chuchota Ace à son oreille.

- Oui, il est tard. Nous ne devrions pas être à notre poste ?

- Mais je suis à mon poste, et toi aussi. Notre préféré en plus, contra le pirate en baissant la tête pour mordiller le cou de Lîn, juste sous son oreille.

La jeune femme rit en le repoussant et Ace la força à se mettre sur le dos pendant qu'il se redressait au-dessus d'elle. Lîn voulut lever les bras pour attraper ses épaules et se soulever vers lui pour l'embrasser mais la douleur de son bras blessé se rappela à elle et elle ne retint pas une grimace. Ace se recula avec une moue inquiète. Lîn le rassura d'un regard et il lui répondit d'un sourire avant de se relever pour descendre du lit.

- Et mon baiser du matin ? réclama la princesse.

- Après...

- Après quoi ? grommela la jeune femme.

- Que nous ayons bien mis les choses au clair tous les deux.

- Dans cette tenue ? ne put s'empêcher de demander Lîn alors qu'ils étaient nus.

Devant son air plus que sérieux, Lîn se leva rapidement, ignorant ses blessures et son cœur qui battait la chamade. Elle tira le drap sur sa poitrine pour se couvrir et attendit la suite. Ace ramena la chaise de son bureau et s'assit dessus pour lui faire face.

- Lîn, je sais que malgré ce qu'Akio t'a fait, il te manque. Je ne dis rien quand tu lui écris, quand tu souris devant ses propres courriers. Je n'ai pas commenté sa visite surprise et le fait de t'avoir retrouvée complètement perdue sous la douche. Mais accepter qu'il vienne avec nous sur DarkFog, là, je dois protester.

Lîn voulut prendre la parole, mais Ace posa ses doigts sur sa bouche et elle n'eut que le réflexe de caresser la pulpe des doigts du brun avec ses lèvres. Ace retint un sourire attendri, il devait aller jusqu'au bout.

- Alors promets-moi que dès que l'on a retrouvé Mya, il repart illico. Je ne sais pas si je supporterai sa présence et je ne veux plus te voir en alerte dès qu'il fait un geste. Je veux te voir profiter de la visite de DarkFog, OK ?

La jeune femme hocha la tête. Elle comprenait Ace. Il s'était donné du mal pour faire sa surprise, Jake avait déjà bien malmené ses plans, alors si Lîn rajoutait la présence d'Akio à l'équation... Ace avait vraiment une compréhension qui s'avérait exceptionnelle parfois, mais il ne fallait pas pousser.

Sans plus attendre, elle se leva pour s'installer rapidement à califourchon sur Ace qui attrapa sa taille pour la maintenir contre lui, un sourire en coin et le regard brillant d'envie devant le corps nu de sa femme.

- Finalement, je veux plus qu'un baiser ce matin, réclama Lîn en caressant les lèvres d'Ace avec les siennes.

- Vos désirs sont des ordres ! répondit Ace en la portant pour la rallonger sur le lit, son geste accompagné par le rire de Lîn.

Après tout, il fallait bien profiter à fond de leur grasse matinée...

"La vie est une aventure audacieuse ou elle n'est rien."

Helen Keller

À suivre...