Chapitre 32 : Le Monastère de Saint Carta
Le ciel au-dessus du Vatican était enveloppé d'un noir d'encre, la lune cachée derrière un épais voile de nuages. Gabriel, marchant d'un pas sûr sous l'ombre de sa capuche, traversa les couloirs silencieux de la Cité Sainte. Les rares gardes présents inclinaient légèrement la tête à son passage, sans dire un mot. L'atmosphère de la nuit était pesante, presque suffocante, une tension invisible imprégnant l'air.
Arrivé aux portes massives du Palais Apostolique, Gabriel fut conduit jusqu'à la salle privée du Pape. La pièce était faiblement éclairée par des chandelles, projetant des ombres vacillantes sur les murs ornés de fresques anciennes. Le Pape François, assis à une table simple, leva les yeux lorsque Gabriel entra. Son visage, habituellement calme et bienveillant, était cette nuit-là empreint de gravité.
« Gabriel », commença le Pape d'une voix douce mais chargée de poids, « votre succès dans l'affaire Pazuzu a prouvé votre valeur. C'est pourquoi je vous appelle de nouveau. » Il fit une pause, fixant Gabriel avec une intensité palpable. « Il y a une nouvelle menace qui pèse sur le sanctuaire sacré du monastère de Saint-Carta en Roumanie. Ce lieu autrefois consacré est désormais un théâtre de terreur. Les sœurs parlent d'une nonne qui n'en est pas une. »
Gabriel resta silencieux, observant les moindres mouvements du Pape, tandis que ce dernier continuait son récit. « Nous craignons qu'un démon ait pris forme humaine, trompant les sœurs avec une apparence pieuse. Les premiers prêtres envoyés n'ont jamais donné de nouvelles. Le monastère est désormais isolé, et les rares messages que nous recevons parlent de visions effrayantes, de prières sans réponses. »
Le Pape se leva doucement de sa chaise et se rapprocha de Gabriel. « Je ne connais pas l'identité de ce démon, mais les ténèbres qu'il apporte sont claires. Votre tâche est simple, mais périlleuse : découvrir la véritable nature de cet être et, si possible, le renvoyer d'où il vient. »
Gabriel croisa les bras, son visage demeurant impassible. Les démons qui se dissimulaient derrière une façade d'innocence et de piété étaient souvent les plus dangereux. Ils utilisaient la foi et la peur contre leurs victimes, manipulant les esprits les plus purs pour semer le chaos. Affronter un tel ennemi exigerait une grande prudence et une maîtrise de ses propres ombres intérieures.
« Ce démon se cache derrière un masque de foi, » dit Gabriel d'une voix grave. « Il tentera d'exploiter la peur et la confiance des sœurs pour se renforcer. »
Le Pape hocha la tête, un léger soupir s'échappant de ses lèvres. « C'est pourquoi nous avons besoin de vous, Gabriel. Votre expérience des ténèbres et de la lumière est unique. Vous seul êtes capable de faire face à ce genre d'adversaire. »
Gabriel acquiesça sans un mot. Il savait que cet affrontement exigerait non seulement sa force vampirique mais aussi les connaissances occultes qu'il avait accumulées au fil des siècles. Ce n'était pas la première fois qu'il affrontait un démon, mais chaque bataille présentait ses propres défis.
Le Pape s'approcha de Gabriel, plaçant une main sur son épaule. « Que Dieu vous protège dans cette mission, Gabriel. Nous prions pour que ce démon ne soit pas trop puissant, mais je sais que vous ferez face à cette épreuve avec courage et sagesse. »
« Je le ferai, » répondit Gabriel calmement. « Peu importe la nature de ce démon, je le trouverai et je le détruirai. »
Le Pape le regarda une dernière fois avec une certaine solennité avant de retourner à son bureau. « Allez, Gabriel, et que la lumière divine vous guide. Le mal ne peut pas triompher là où vous marchez. »
Sans un autre mot, Gabriel tourna les talons, quittant la pièce aussi silencieusement qu'il était venu. L'obscurité extérieure semblait s'étendre plus loin que les murs du Vatican. Le chemin qui l'attendait serait jonché d'embûches, mais Gabriel était prêt à affronter une nouvelle fois les forces des ténèbres.
Les montagnes de la Roumanie se dressaient comme des sentinelles silencieuses, leurs sommets cachés par un épais manteau de nuages sombres. Gabriel avançait à travers les chemins sinueux et rocailleux, ses pas résonnant dans le silence oppressant de la région. L'air lui-même semblait lourd, saturé d'une énergie obscure. Chaque pas qu'il faisait vers le monastère renforçait cette sensation d'être observé, comme si les ombres elles-mêmes avaient des yeux.
Enfin, au détour d'un chemin escarpé, il aperçut l'abbaye de Saint-Carta, nichée dans une vallée entourée de montagnes. L'édifice, autrefois imposant et majestueux, avait maintenant l'air d'un bastion assiégé. Les murs de pierre autrefois lisses étaient rongés par la mousse et les fissures. Les grandes fenêtres, autrefois symboles d'une foi vibrante, étaient en partie brisées, laissant passer le souffle glacial de la nuit. Une étrange brume flottait autour du bâtiment, comme si les ténèbres refusaient de se dissiper même en plein jour.
Gabriel ressentit immédiatement l'aura de corruption qui enveloppait l'endroit. C'était comme si le mal avait pris racine dans chaque pierre du monastère, transformant ce lieu sacré en un royaume de peur. Il pouvait presque entendre les murmures dans le vent, des voix lointaines et effrayées, échos des âmes tourmentées qui résidaient ici.
En s'approchant des portes massives du monastère, Gabriel les poussa sans effort, malgré leur poids. À l'intérieur, l'atmosphère n'était pas différente. Les longs couloirs étaient plongés dans une pénombre inquiétante, éclairés uniquement par des bougies vacillantes, projetant des ombres mouvantes sur les murs. L'odeur d'encens mêlée à celle de la peur humaine imprégnait l'air.
Bientôt, il fut accueilli par un groupe de sœurs. Leurs visages étaient marqués par l'épuisement, leurs yeux cernés de peur et de privation de sommeil. Elles avaient toutes l'air de porter un fardeau invisible, comme si le poids du mal les écrasait progressivement.
L'une d'entre elles, Sœur Béatrice, s'approcha de Gabriel. Sa voix était tremblante, mais elle cherchait à maintenir un certain calme. « Vous êtes l'envoyé du Vatican, n'est-ce pas ? Nous avons prié pour que quelqu'un vienne nous sauver. »
Gabriel hocha lentement la tête, son regard perçant analysant les lieux. « Que se passe-t-il ici ? »
Sœur Béatrice baissa la tête, incapable de soutenir son regard. « Une nonne... ou du moins, ce qui ressemble à une nonne. Elle est apparue il y a quelques semaines. D'abord discrète, elle a commencé à hanter nos prières, nos rêves, nos pensées. Les nuits sont devenues des cauchemars. Elle nous regarde... toujours. Nous sentons sa présence, même quand nous fermons les yeux. »
Une autre sœur, plus jeune, éclata en sanglots nerveux. « Elle... elle parle dans une langue que nous ne comprenons pas. Elle joue avec nos esprits. Nous avons essayé de prier, mais nos prières ne l'atteignent plus. »
Gabriel fixa la jeune sœur, son visage impassible. « Je suis ici pour mettre fin à cette terreur. Conduisez-moi là où tout a commencé. »
Les sœurs, pleines d'espoir mais toujours terrifiées, le guidèrent à travers les couloirs silencieux du monastère, l'amenant au cœur même de la corruption.
Gabriel avançait dans les couloirs sombres du monastère, chaque pas résonnant sur le sol de pierre froide. L'atmosphère autour de lui s'épaississait, comme si l'air était saturé d'une énergie maléfique, pesant sur ses épaules. La froideur surnaturelle qu'il ressentait n'était pas simplement celle des murs humides et des courants d'air perçants ; elle provenait de quelque chose de plus ancien et de plus vicieux, une présence qui imprégnait chaque pierre, chaque recoin.
Les torches accrochées aux murs vacillaient sans cesse, comme effrayées elles-mêmes par ce qui rôdait dans l'ombre. Le silence du monastère était entrecoupé de chuchotements indistincts, de murmures lointains qui résonnaient dans les couloirs déserts. Gabriel savait que ces voix n'étaient pas des résidus de la vie des nonnes, mais des manifestations d'une entité qui cherchait à semer la peur.
Il progressait prudemment, chaque sens en alerte. Son esprit, forgé par des siècles de lutte contre les forces des ténèbres, était une forteresse. Il avait déjà combattu des entités démoniaques, et il savait que ce démon, quel qu'il soit, utiliserait tous les subterfuges pour briser sa volonté avant d'attaquer.
Soudain, une silhouette apparut au détour d'un couloir. C'était une nonne, immobile, le visage dissimulé sous son voile. Elle semblait réciter une prière, mais ses mots étaient distordus, comme si elle chantait à l'envers. L'obscurité autour d'elle semblait vibrer, et une lueur sinistre illuminait ses yeux cachés.
Gabriel s'arrêta net, observant la scène avec attention. Quelque chose n'allait pas. L'aura qu'elle dégageait était empreinte d'une malice subtile. Il connaissait cette sensation, ce frisson familier qui précède un affrontement avec l'au-delà.
« Sœur... » appela-t-il doucement, espérant provoquer une réaction.
La nonne leva lentement la tête, ses yeux désormais visibles, des orbites noires et vides, sans éclat. Puis, d'un mouvement saccadé, elle se tourna entièrement vers Gabriel, son visage se tordant soudainement en un rictus monstrueux. Son corps, auparavant figé, se mit à bouger d'une manière inhumaine, comme une marionnette tirée par des fils invisibles.
Sans attendre, elle bondit vers Gabriel avec une rapidité effrayante, ses mains tordues et griffues visant son cou. Mais Gabriel, grâce à sa force vampirique, réagit en une fraction de seconde. Il esquiva l'attaque avec une agilité surhumaine, ses mouvements précis et calculés. D'un geste fluide, il fit apparaître son fouet d'ombre, le Shadow Whip, qu'il utilisa pour repousser la nonne possédée, l'envoyant violemment contre le mur.
Elle s'écrasa avec un cri inhumain, mais au lieu de s'effondrer, elle se redressa presque instantanément, comme si une force invisible la maintenait debout. Ses membres se disloquaient, ses os craquant dans une symphonie macabre.
Gabriel fit un pas en arrière, comprenant que cette nonne n'était pas qu'une simple victime de possession. Quelque chose de bien plus puissant la contrôlait. Il se concentra, ses sens perçant l'illusion, cherchant la source de cette corruption. C'est alors qu'il entendit un rire lointain, un murmure moqueur résonnant dans les murs. Une voix sifflante, douce et cruelle à la fois, s'adressa à lui.
« Oh, Gabriel... est-ce ainsi que tu comptes me chasser ? Tu penses vraiment que tu peux me toucher ? » Le rire résonna à nouveau, emplissant le monastère d'un écho oppressant.
Gabriel resserra sa prise sur son fouet, prêt à attaquer. Mais au lieu de frapper, il plongea dans l'obscurité, cherchant à localiser la véritable origine de cette voix. Il savait que le démon jouait avec son esprit, cherchant à le désorienter. Ce n'était qu'un jeu pour lui, un prélude à une confrontation plus directe.
La nonne possédée se redressa encore, son corps se tordant dans une danse grotesque. Mais cette fois, Gabriel ne se laissa pas distraire. Il savait que chaque illusion était un piège pour l'attirer plus profondément dans l'emprise de ce démon. Avec calme, il leva la main, invoquant une lumière sacrée, issue des reliques bénies du Vatican.
La lumière envahit le couloir, éclatant en une lueur purificatrice qui fit reculer l'ombre maléfique. La nonne hurla, son corps se consumant sous l'éclat sacré, avant de disparaître dans un tourbillon de poussière. Mais ce n'était pas une victoire. Ce n'était qu'un avertissement, une mise en garde.
Le vent s'engouffrait dans les couloirs déserts du monastère, porteur d'un murmure ancien. Gabriel progressait dans les entrailles du bâtiment, son regard sondant les ombres. Il savait que quelque chose de plus grand se dissimulait dans ces murs, un pouvoir qu'il devait encore comprendre avant de l'affronter directement. Chaque pas le rapprochait de la vérité.
Au fond de la bibliothèque, dissimulée derrière une lourde porte en bois recouverte de symboles religieux, il trouva un passage. Ce lieu, qui semblait autrefois sacré, était maintenant envahi par une corruption subtile. Les rangées de livres poussiéreux semblaient respirer, comme si les ombres qui y dansaient portaient la marque du démon. Gabriel sentait que le cœur de l'obscurité était proche.
Il parcourait les étagères, effleurant du doigt les reliures anciennes jusqu'à ce qu'il tombe sur un grimoire. Ce livre en particulier dégageait une aura sinistre, son cuir usé portant des symboles démoniaques gravés à même la peau. Le titre, écrit en latin ancien, mentionnait des noms interdits, et Gabriel fronça les sourcils. Il savait qu'il avait entre les mains la clé de l'énigme.
En feuilletant les pages, Gabriel s'arrêta brusquement sur une illustration glaçante : une figure démoniaque portant le voile d'une nonne, son visage grotesque déformé par la malice. Le nom de Valak, l'un des plus anciens démons connus pour son art de la manipulation, était inscrit à côté de l'image.
« Valak... » murmura Gabriel, sa voix résonnant dans la pièce silencieuse. « Un démon preneur de formes, manipulateur, et rusé. Voilà donc ton vrai visage. »
Valak était célèbre pour sa capacité à se dissimuler sous des apparences pieuses et innocentes, corrompant les lieux les plus sacrés en semant la terreur. C'était lui qui avait envahi ce monastère, prenant l'apparence d'une nonne pour tromper et tourmenter les sœurs.
À cet instant, un frisson glacial parcourut la pièce. Le silence fut brisé par un rire lent et inquiétant qui résonnait dans l'air. Gabriel se tourna, ses yeux balayant la pièce, mais l'origine du son semblait omniprésente, comme si elle venait de partout et nulle part à la fois.
« Alors, tu m'as trouvé, Gabriel... » murmura une voix douce et sifflante.
Gabriel resserra sa prise sur le grimoire, ses sens en alerte. Il savait que Valak l'observait depuis le début, jouant avec lui comme un chat jouerait avec une souris avant de l'achever.
« Montre-toi, démon, » ordonna Gabriel, sa voix forte et imposante. « Je ne suis pas ici pour jouer à tes jeux. »
Un mouvement attira son regard. Les ombres dans la pièce semblaient prendre forme, se rassemblant pour se fondre en une silhouette familière. Peu à peu, une nonne se matérialisa devant lui, ses traits grotesques et déformés par un sourire maléfique. Ses yeux, sombres et vides, brillaient d'une lueur malsaine, et ses mains squelettiques se tendaient vers lui avec une lenteur inquiétante.
« Tu ne sais pas dans quoi tu t'es engagé, Gabriel... » dit-elle, sa voix suintant de mépris. « J'ai vu des hommes comme toi tomber bien avant que ton existence ne commence. »
Gabriel, imperturbable, observa la créature. Il savait qu'elle tenterait de le briser mentalement avant toute attaque physique. C'était le jeu de Valak : semer la terreur, percer l'esprit de ses victimes et les corrompre de l'intérieur.
« Tu te caches derrière une façade de pureté, mais ton masque tombe, Valak. » Gabriel croisa les bras, sa voix calme et posée. « Tu ne m'atteindras pas avec tes illusions. »
Valak sourit, dévoilant des dents pointues et irrégulières. « Ah, mais tous les hommes ont des failles. Même toi, l'Élu de Dieu, tu n'es pas différent. Je sens tes doutes, tes regrets... et je sais comment te faire tomber. »
Gabriel sentit l'énergie maléfique se densifier autour de lui, comme si Valak essayait de pénétrer son esprit, cherchant à découvrir ses faiblesses. Le démon jouait un jeu dangereux, se croyant supérieur par ses manipulations, mais Gabriel avait combattu bien pire dans son existence millénaire.
L'air dans le monastère devint lourd, comme chargé d'une énergie oppressante, alors que Valak se dressait devant Gabriel, son visage grotesque tordu par un sourire malsain. Les murs, autrefois silencieux, semblaient vibrer avec une vie propre, réagissant à la présence démoniaque. Soudain, sans prévenir, Valak se jeta sur Gabriel avec une vitesse surnaturelle, ses mains griffues tendues vers lui.
Gabriel, fort de ses réflexes vampiriques, esquiva l'attaque avec agilité. Il invoqua immédiatement son fouet d'ombre, une extension de sa volonté, matérialisée en une chaîne sombre, qui claqua dans l'air avec une violence surnaturelle. Le fouet frappa Valak, projetant le démon en arrière, mais elle se redressa aussitôt, plus furieuse que jamais.
« Tu crois pouvoir me vaincre avec des ombres, Seigneur des Ténèbres ? Je suis les ombres ! » siffla Valak en se redressant.
Le sol se mit à trembler, et soudain, le carrelage en pierre se fissura sous leurs pieds. Un cri déchirant monta des profondeurs de la terre, et une brume noire s'échappa des fissures, se répandant dans la pièce. Valak recula dans les ténèbres, disparaissant complètement à la vue de Gabriel, tandis que la brume semblait prendre vie, s'enroulant autour de lui.
Soudain, des formes grotesques commencèrent à émerger de la brume : des créatures cauchemardesques, des entités démoniaques faites d'ombre et de terreur. Leurs visages se tordaient dans des rictus malsains, leurs griffes acérées prêtes à déchirer la chair.
Gabriel, les muscles tendus, sentait les ténèbres tenter de l'envelopper. Mais il ne cèderait pas à l'horreur. Il leva les mains, invoquant une lumière divine, pure et éclatante, qui émanait de ses paumes. Les ombres reculèrent instantanément, brûlées par l'intensité de la lumière. Les créatures démoniaques hurlèrent en se dissipant dans l'air, comme si elles avaient été consumées par une flamme invisible.
« Tu utilises la lumière pour te protéger, mais combien de temps crois-tu pouvoir résister ? » La voix de Valak résonnait dans les couloirs du monastère.
Sans perdre un instant, Gabriel s'élança à la poursuite du démon. Ses pas résonnaient contre la pierre froide alors qu'il traversait les longs couloirs sombres. Chaque virage semblait déformé, comme si l'espace se pliait à la volonté de Valak. Le monastère, autrefois un lieu sacré, était désormais un labyrinthe hanté par la perversion démoniaque.
Gabriel s'arrêta devant une grande porte de bois gravée de symboles religieux. Derrière elle, il sentait l'aura de Valak. Il entra dans la pièce, une vaste chapelle aux murs décorés de fresques anciennes. Les bancs étaient renversés, les chandeliers brisés, et au centre de la pièce, Valak l'attendait.
« Bienvenue dans ton tombeau, Gabriel. » Valak souriait, ses dents acérées étincelant dans l'obscurité.
D'un geste brusque, Valak invoqua des chaînes d'ombre qui jaillirent du sol et s'enroulèrent autour des poignets et des chevilles de Gabriel, cherchant à l'immobiliser. Les liens démoniaques étaient puissants, se resserrant de plus en plus à chaque mouvement. Valak s'approcha lentement, savourant la scène.
« Voilà ce qui arrive à ceux qui osent défier un démon ancien. »
Gabriel, malgré la douleur des chaînes, ferma les yeux et se concentra. Il sentait la lumière en lui, ce pouvoir divin qu'il avait appris à canaliser. Lentement, une lueur douce commença à émaner de son corps. Les chaînes d'ombre, incapables de supporter cette lumière, commencèrent à se craqueler, puis explosèrent dans un éclat aveuglant.
« Je ne tomberai pas sous tes chaînes, Valak. Je ne suis pas ton prisonnier ! » cria Gabriel en se libérant.
Le démon recula, un éclat de surprise traversant ses traits déformés. En un instant, Gabriel déploya son fouet d'ombre et attaqua Valak avec une puissance décuplée. Le démon esquiva de justesse, mais Gabriel ne s'arrêta pas là. Il plongea dans le combat, alternant entre ses attaques ténébreuses et la lumière divine qui continuait à repousser les ténèbres environnantes.
Le combat les conduisit dans plusieurs parties du monastère. Ils passèrent par une crypte, où les murs étaient recouverts de gravures anciennes et de restes de squelettes. Les tombes s'ouvrirent, des cadavres possédés par l'énergie de Valak se redressèrent, attaquant Gabriel. Mais le chasseur de monstres les balaya avec un mélange de force brute et de magie divine, repoussant les morts à leur repos éternel.
Ils montèrent ensuite dans les clochers du monastère, où Valak tenta de prendre l'avantage en le poussant vers le vide. Chaque son de cloche résonnait comme un écho funeste dans l'air, amplifiant la présence démoniaque. Mais Gabriel, toujours imperturbable, contre-attaqua avec son Rayon de Rétribution Divine, une décharge lumineuse qui frappa Valak de plein fouet, brûlant les ténèbres qui enveloppaient le démon.
Valak hurla de douleur, son corps démoniaque vacillant sous l'intensité de la lumière. Mais loin de se rendre, il se jeta dans un dernier acte désespéré, invoquant des créatures du vide pour submerger Gabriel. Des serpents d'ombre et des visages grimaçants s'élevèrent autour de lui, tentant de le déchirer.
Mais Gabriel, malgré la fatigue et la pression des ombres, se tenait droit. Il savait que la victoire était à portée de main. Prenant une profonde inspiration, il fusionna pleinement ses deux pouvoirs, l'ombre et la lumière, en un seul coup décisif.
Les créatures furent instantanément consumées par l'éclat de son attaque. Valak, affaibli et incapable de supporter une telle force, hurla de rage. L'écho de ce cri emplit le monastère, brisant les vitraux et faisant vibrer les murs. Gabriel s'approcha lentement, prêt à sceller le démon pour toujours.
« C'est ici que tu t'arrêtes, Valak. Tes ruses ne te sauveront plus. »
Soudain, des lumières faibles et vacillantes se rallumèrent, révélant une silhouette démoniaque au centre de la crypte. Valak se tenait là, mais cette fois, il n'était plus caché sous l'apparence d'une simple nonne. Sa forme véritable était effroyable : un corps tordu et gigantesque, avec des ailes membraneuses et griffues, des cornes recourbées, et des yeux d'un rouge incandescent. Une lueur maléfique semblait émaner de sa peau, et ses mains étaient des griffes d'une longueur terrifiante.
« Alors, Dracula, est-ce que tu te sens à ta place parmi les morts ? » se moqua Valak, sa voix sifflante emplissant l'espace sacré.
Gabriel fixa Valak, son esprit en alerte, prêt à affronter ce dernier défi. Il savait que cette confrontation serait décisive, un mélange de force et de foi. Alors que le démon s'élançait vers lui, Gabriel leva ses mains, invoquant à la fois les ombres et la lumière divine. Autour de lui, un champ protecteur de lumière éclatante apparut, repoussant Valak de justesse. Le démon recula en hurlant, aveuglé par la lumière sacrée.
Gabriel, sans perdre de temps, brandit la relique sacrée que le Vatican lui avait confiée : un crucifix en argent imprégné de magie divine. Il entama une prière ancienne, chaque mot résonnant dans les murs de la crypte comme une lame perçant les ténèbres.
« Ô lumière divine, chasse l'obscurité et bannis les démons de ce lieu sacré. »
Valak rugit de colère, sa forme massive vacillant sous l'effet des paroles sacrées.
« Valak, en tant que serviteur des ténèbres et de la lumière, je t'ordonne de retourner dans les abysses ! »
Gabriel leva le crucifix au-dessus de sa tête. La lumière divine qui en émanait se fit plus intense, aveuglant même les ombres de Valak. Les sœurs spectrales, libérées de l'emprise du démon, commencèrent à réciter des prières de protection, leurs voix éthérées résonnant dans toute la crypte.
Valak, sentant que son pouvoir diminuait, tenta une dernière attaque désespérée. Il se projeta sur Gabriel avec une fureur incontrôlée, mais Gabriel invoqua alors son pouvoir ultime : le Jugement Divin. Un rayon de lumière pure et brûlante jaillit du crucifix, enveloppant Valak dans une prison de lumière. Le démon hurla alors que sa forme monstrueuse se désintégrait peu à peu, incapable de résister à la puissance sacrée.
Les sœurs, témoins de cette ultime confrontation, s'agenouillèrent, en pleurant de soulagement. La paix était enfin revenue.
Gabriel, bien que victorieux, savait que ce n'était qu'un pas de plus dans son long chemin vers la rédemption. Mais pour l'instant, il avait gagné cette bataille. Le démon Valak, si puissant et rusé, avait été banni par la force de la foi et de la lumière.
« La paix est restaurée ici. Vous êtes en sécurité maintenant », dit Gabriel, sa voix emplie de gravité.
Les sœurs le remercièrent, leurs yeux pleins de reconnaissance, et Gabriel quitta l'abbaye, sachant que la lumière l'avait une nouvelle fois guidé à travers les ténèbres.
De retour à Rome, Gabriel fut accueilli avec une gravité solennelle au Vatican. Les gardes, silencieux, le conduisirent jusqu'aux appartements du Pape François, qui l'attendait dans une salle privée, loin des regards du clergé. Le Pape leva les yeux vers Gabriel, ses traits marqués par l'inquiétude et la sagesse accumulée au fil des années.
« Vous avez affronté un grand mal une fois de plus, Gabriel. Et encore une fois, vous en êtes sorti victorieux. Je vous en remercie, au nom de l'Église et de l'humanité, » dit le Pape, d'une voix pleine d'empathie.
Gabriel inclina légèrement la tête, son regard grave et calme. « Valak était un démon rusé, Saint-Père, mais il ne pouvait pas échapper à la lumière divine. Sa ruse et ses illusions ne sont plus une menace pour ce monde. »
Le Pape François se leva lentement, faisant signe à Gabriel de s'asseoir près de lui. Il prit un moment pour réfléchir, puis il plongea son regard dans celui de Gabriel, comme s'il essayait de sonder les profondeurs de l'âme de l'ancien Seigneur des Ténèbres.
« Même les plus fervents serviteurs de Dieu peuvent parfois sombrer dans la tentation, » dit le Pape avec sagesse. « L'humanité est fragile, et nous devons tous prier pour ne pas dévier du chemin de la lumière. Vous avez été tenté, Gabriel, comme tant d'autres avant vous. Mais ce qui compte, c'est que vous avez trouvé le moyen de revenir. »
Gabriel resta silencieux un instant, puis, avec une certaine gravité, il décida d'en dire plus sur son passé.
« Autrefois, dans un autre monde, j'étais membre de la Confrérie de la Lumière. J'ai combattu pour protéger l'humanité des créatures des ténèbres. Mais les chefs de cette confrérie ont été corrompus par le mal, et j'ai dû les affronter. À mon tour, j'ai sombré dans les ténèbres... je suis devenu Dracula. »
Le Pape écouta attentivement, sa main posée sur le bras de Gabriel, un geste à la fois de réconfort et de compassion. « Vos actions passées ne définissent pas l'homme que vous êtes aujourd'hui, Gabriel. Ce n'est pas la chute qui importe, mais la manière dont vous vous relevez. Vous êtes sur le chemin de la rédemption. Votre foi, même si elle est différente, vous guide à nouveau. »
Gabriel hocha la tête, reconnaissant. « Je suis déterminé à poursuivre ce chemin, Saint-Père. »
Le Pape lui adressa un sourire bienveillant, chargé de foi. « Allez en paix, Gabriel. Votre mission est loin d'être terminée, mais sachez que vous n'êtes pas seul dans cette quête. »
