Chapitre 33 : Le Double Jeu
La nuit était tombée sur Washington D.C., et Damien Thorn observait silencieusement la ville depuis les fenêtres de son luxueux bureau. Ses yeux, sombres et perçants, brillaient d'une colère contenue. Quelques jours auparavant, il avait appris la défaite de Valak, l'un des démons les plus redoutables, en Roumanie. Ce n'était pas une simple défaite — c'était une humiliation. Et derrière cette défaite, un nom revenait toujours : Gabriel Belmont, celui que certains appelaient Dracula.
"Dracula..." murmura Thorn, un sourire sarcastique déformant ses traits. "Tu deviens un obstacle... Mais je ne laisserai pas cela perdurer."
Damien Thorn, l'Antéchrist dissimulé derrière une façade d'homme d'affaires influent, savait que la destruction de Valak n'était pas un simple hasard. Il voyait en Dracula une menace potentielle à ses plans futurs, une figure qui pourrait perturber l'équilibre des forces qu'il manipulait depuis des années. Mais Thorn était aussi un stratège rusé. Au lieu de s'attaquer directement à Dracula, il avait élaboré un plan plus subtil, une attaque sur plusieurs fronts, espérant diviser les forces de son ennemi et le submerger.
Assis à son bureau, Thorn appela l'un de ses nombreux subordonnés. Un homme en costume noir entra silencieusement dans la pièce.
"Nous allons entamer la première phase du plan. Il est temps d'activer Margaret White", déclara Thorn en croisant les doigts devant lui.
Margaret White, la mère de Carrie, était une femme profondément ancrée dans ses convictions religieuses extrêmes. Elle croyait fermement que sa fille était l'incarnation du péché, un outil du diable, et qu'elle devait la "sauver" à tout prix. Thorn voyait en elle une marionnette parfaite à manipuler.
"Contactez l'avocat que nous avons préparé. Assurez-vous que le dossier soit solide. Margaret doit récupérer sa fille à tout prix."
L'avocat en question était l'un des meilleurs, un maître de la manipulation légale, capable de tordre les faits à son avantage et de jouer avec les émotions du tribunal. Thorn savait que Carrie était fragile, qu'elle n'était pas encore prête à affronter les horreurs qui pourraient découler de ce procès. Il savait aussi que Dracula, malgré ses pouvoirs, ne pourrait pas résoudre ce conflit avec la force seule.
Thorn se leva, un éclat sombre dans les yeux.
"Mais ce n'est pas tout... Il faut aussi une distraction. Une menace plus grande pour détourner leur attention de ce procès."
Son sourire s'élargit alors qu'il se dirigeait vers un autel occulte, soigneusement dissimulé derrière une bibliothèque. Un grimoire ancien reposait sur l'autel, recouvert de symboles obscurs. Il ouvrit le livre à une page précise, ses doigts caressant les runes gravées dans le parchemin.
"Warlock..." murmura-t-il en invoquant mentalement le nom du sorcier qu'il avait décidé de libérer.
Le Warlock était une entité redoutée, un sorcier maléfique capable de puiser dans les forces les plus sombres pour provoquer le chaos. Thorn l'avait tenu en réserve, sachant que le moment viendrait où il aurait besoin de cette arme.
En prononçant les mots rituels, Thorn sentit l'énergie occulte envahir la pièce. Une ombre sembla s'élever du sol, prenant la forme éthérée du Warlock, vêtu de noir, son visage caché sous une capuche.
"Je t'attendais," dit le Warlock d'une voix sifflante. "Qu'attends-tu de moi, Antéchrist ?"
"Semer le chaos," répondit Thorn avec un calme glacé. "Je veux que tu détournes l'attention de Dracula et de ses alliés. Inonde les États-Unis de terreur. Fais en sorte qu'ils ne sachent plus où frapper."
Le Warlock sourit. "Le chaos, c'est ma spécialité."
Alors que l'ombre du Warlock disparaissait, Thorn retourna à son bureau, satisfait. Son plan était en marche. Entre la bataille légale pour la garde de Carrie et le chaos que le Warlock s'apprêtait à semer, Dracula serait pris au piège. Thorn savait que cette double attaque toucherait à la fois le cœur et l'esprit de ses ennemis.
"Dracula, tu ne pourras pas être partout à la fois," murmura Thorn en contemplant la ville sous ses pieds. "Et c'est ainsi que je gagnerai."
Sur l'île de Ponza, la vie avait retrouvé un semblant de tranquillité. Le soleil se couchait lentement, baignant l'horizon d'une lueur dorée tandis que Gabriel, Circé, et Carrie profitaient des moments de calme que leur offrait ce refuge loin des batailles récentes. Carrie, sous la tutelle attentive de Circé, s'entraînait dans les jardins verdoyants, apprenant à contrôler et canaliser ses pouvoirs. Ses capacités avaient grandi, mais avec elles, ses craintes revenaient parfois en surface, une ombre menaçant de submerger sa nouvelle vie.
Circé, toujours observatrice, surveillait ses progrès avec bienveillance. Gabriel, quant à lui, se tenait un peu à l'écart, les yeux scrutant l'horizon, profitant de la quiétude de ces instants. Mais il savait que cette paix ne serait pas éternelle. Il avait vu trop de batailles et senti trop de présages pour ne pas savoir que le calme précédait souvent la tempête.
Alors que l'air de la fin d'après-midi se rafraîchissait, un messager fit son apparition sur le chemin de pierre menant à la maison. Vêtu de manière sobre, il portait une enveloppe officielle. Gabriel tourna son regard vers lui, immédiatement méfiant. Une simple lettre pouvait parfois porter les pires nouvelles.
«C'est pour vous, Maître Gabriel, une missive urgente de Washington D.C. », annonça le messager en s'inclinant légèrement.
Gabriel prit l'enveloppe, remerciant d'un signe de tête avant de la tendre à Circé. Il savait que si quelque chose d'aussi sérieux nécessitait un courrier officiel, cela n'augurait rien de bon. Circé ouvrit l'enveloppe et, en lisant les premières lignes, son visage se ferma, marquant l'ombre d'une inquiétude profonde.
«Qu'est-ce que c'est ?» demanda Carrie en s'approchant timidement, sentant l'angoisse grandir en elle.
Circé leva les yeux de la lettre, son regard chargé de gravité. «Carrie... c'est une citation à comparaître. Ta mère, Margaret White, a entamé une procédure judiciaire pour te récupérer. Elle affirme que tu as été enlevée contre ton gré.»
Les mots résonnèrent dans l'air comme un coup de tonnerre. Carrie recula d'un pas, le souffle coupé. Les souvenirs de son enfance difficile, sous la domination de sa mère, revinrent en masse. Elle se mit à trembler, ses pouvoirs vacillant légèrement autour d'elle.
«Elle ne peut pas faire ça... Je ne veux pas retourner avec elle ! Elle va me détruire à nouveau !» La voix de Carrie était brisée, emplie de terreur.
Gabriel s'approcha d'elle, posant une main rassurante sur son épaule. «Personne ne te forcera à faire quoi que ce soit, Carrie. Tu es en sécurité ici. Nous trouverons une solution.»
Circé, après avoir apaisé Carrie, se retira dans son bureau pour mener des recherches sur l'avocat mentionné dans la citation. Son nom, Jonathan Blake, lui était inconnu, mais en tant qu'experte en manipulations occultes, elle savait qu'un avocat d'une telle réputation ne travaillait pas pour une cause perdue. Elle parcourut les archives légales et les forums spécialisés, cherchant des informations sur cet homme. Très vite, elle découvrit que Maître William Porter était l'un des meilleurs avocats en droit familial aux États-Unis, connu pour ses victoires éclatantes dans des affaires impossibles à gagner. Pourtant, ce qui l'inquiétait davantage, c'était la révélation que Margaret White n'avait clairement pas les moyens de s'offrir les services d'un avocat aussi réputé.
«C'est étrange...» murmura Circé pour elle-même.
Curieuse, elle continua ses recherches, s'intéressant à qui pouvait financer une telle campagne légale. Elle creusa dans les fonds derrière les services de Porter, mais à chaque clic, elle se heurtait à des murs numériques, des sociétés-écrans et des pistes volontairement brouillées. Les seules informations qu'elle put obtenir pointaient vers un fonds occulte, un réseau de comptes offshore et d'investissements anonymes. Aucun nom, aucun visage derrière le financement.
«Quelqu'un de très puissant se cache derrière cette affaire. Ils ne veulent pas qu'on sache qui ils sont...» dit-elle en fronçant les sourcils, avant de retourner informer Gabriel et Carrie.
Circé déclara à son retour «Cet avocat... il est bien plus qu'un simple représentant légal. Il semble être financé par un fond étrange, quelque chose d'occulte, mais je n'arrive pas à identifier la source. Il y a une manipulation derrière cette affaire, bien plus qu'une bataille légale. Quelqu'un tire les ficelles.»
Gabriel fronça les sourcils. «Cela pourrait être une diversion, un moyen de nous affaiblir ou de détourner notre attention. Nous devons être prudents.»
Carrie, encore bouleversée, releva les yeux vers eux. «Je ne veux pas retourner avec elle... Je ne veux pas revivre ça.»
Circé s'approcha et prit doucement les mains de Carrie dans les siennes. «Nous ne te laisserons pas seule, Carrie. Cette bataille est la nôtre aussi, et nous nous battrons pour toi. Mais il va falloir être forts, tous les trois.»
Gabriel hocha la tête. «C'est bien plus qu'un simple procès. Ils veulent te ramener dans l'ombre. Mais nous ne les laisserons pas faire. Nous allons préparer une défense, et nous découvrirons qui est derrière tout ça.»
La tension s'intensifiait, mais une certitude les unissait. Ils étaient une famille, et ensemble, ils se battraient contre cette nouvelle menace, qu'elle soit légale ou surnaturelle.
Alors que Circé approfondissait ses recherches sur l'avocat et ses mystérieux financements, Gabriel, de son côté, sentait que l'atmosphère devenait lourde. Quelque chose d'autre se préparait, un mal ancien et familier. Le calme trompeur de l'île de Ponza était souvent interrompu par des signes subtils que Gabriel seul pouvait percevoir : des courants d'air glacés qui s'insinuaient dans la nuit, des murmures qui semblaient venir de l'ombre. Ce genre de signes, il les avait connus avant, et il savait qu'ils annonçaient une nouvelle menace.
Un matin, alors qu'il méditait sur la falaise face à la mer, Gabriel fut interrompu par une corneille portant une missive enroulée autour de sa patte. Ce message, en provenance de ses contacts dans le monde occulte aux États-Unis, portait des nouvelles inquiétantes. Le Warlock, un puissant sorcier , avait été repéré à plusieurs endroits, semant le chaos par des rituels sombres et des sacrifices. Chaque apparition était accompagnée de phénomènes inexplicables : des morts mystérieuses, des catastrophes naturelles, des marques démoniaques laissées sur les murs des villes.
Gabriel serra la lettre entre ses mains et fronça les sourcils. Le Warlock en question ne semblait pas agir de manière désordonnée. Ses mouvements suivaient un schéma, et Gabriel comprit rapidement que le sorcier maléfique préparait quelque chose de beaucoup plus grand, quelque chose de calculé. Le nom de l'église abandonnée revenait sans cesse dans les rapports : Saint Benedict, une ancienne structure désormais en ruine, nichée au cœur des forêts américaines. Un lieu autrefois sacré, aujourd'hui corrompu par les forces occultes.
Après quelques heures passées à analyser les signes et à interroger ses contacts, Gabriel réalisa que le Warlock n'était pas un simple serviteur du mal, mais une entité avec ses propres ambitions. Il avait été invoqué, probablement par des forces plus grandes, mais il agissait désormais seul, sans maître pour le guider. Pire encore, il préparait un rituel majeur qui pourrait déclencher un chaos incontrôlable non seulement aux États-Unis, mais à l'échelle mondiale.
Cette nouvelle complexité pesait sur Gabriel. D'un côté, il devait assurer la protection de Carrie et contrer l'attaque judiciaire orchestrée par l'avocat de Margaret White. De l'autre, il devait se préparer à affronter ce Warlock avant que ce dernier n'accomplisse son rituel destructeur.
Réfléchissant à voix haute, Gabriel murmura : « Ils veulent que je sois distrait, que je me concentre sur cette affaire légale pendant que le véritable danger se prépare ailleurs. »
Circé, qui l'avait rejoint après avoir perçu son trouble, s'assit à ses côtés. « Que proposes-tu ? », demanda-t-elle en observant les signes d'inquiétude sur son visage.
Gabriel soupira. « Il est évident que nous devons nous diviser. Tu as une meilleure compréhension des systèmes judiciaires et de la ruse nécessaire pour contrecarrer cet avocat. Je dois, quant à moi, affronter ce sorcier. Le Warlock n'attendra pas que nous soyons prêts, et s'il réussit son rituel, les conséquences seront catastrophiques. »
Circé acquiesça. « Très bien. Mais sois prudent, Gabriel. Ce Warlock ne ressemble à aucun autre. »
Gabriel, se levant, répondit avec détermination : « Je le sais. Mais il ne sait pas non plus qui je suis. »
Il savait que ce double front était une tactique délibérée. L'entité à l'origine de ces attaques voulait affaiblir leur unité, les disperser pour frapper quand ils seraient vulnérables. Mais Gabriel n'était pas du genre à se laisser prendre dans un piège aussi facilement.
Le tribunal était un lieu austère, baigné d'une lumière froide qui semblait exacerber la tension palpable dans l'air. Circé et Carrie entrèrent dans la salle d'audience, chacune portant le poids de la bataille à venir. Pour Carrie, la peur de revoir sa mère, Margaret White, était presque paralysante. Elle serra les poings pour calmer les tremblements qui la parcouraient, tandis que Circé, à ses côtés, gardait une expression stoïque. Elle savait que cette bataille ne se jouerait pas uniquement sur le terrain juridique, mais sur celui de la manipulation émotionnelle.
Face à elles, un homme à l'allure impeccable se tenait déjà debout, les observant d'un regard perçant. Maître William Porter, l'avocat redoutable engagé par Margaret, était reconnu pour sa capacité à retourner les situations en sa faveur, à manipuler la vérité avec une habilité presque surnaturelle. Il n'avait pas besoin de magie pour convaincre un tribunal ; ses mots suffisaient à plier la réalité au gré de ses intérêts.
Carrie sentit son cœur s'accélérer lorsqu'elle vit sa mère entrer à son tour, une Bible serrée contre sa poitrine. Margaret White, vêtue de sa robe austère, semblait humble, presque bienveillante dans son expression, mais Carrie savait que derrière ce masque pieux, se cachait la fanatique qui l'avait persécutée pendant des années.
Le procès commença rapidement. Le juge, un homme sévère et impassible, fit signe à Porter de commencer. L'avocat ne perdit pas de temps à planter le décor. D'une voix douce mais ferme, il traça un tableau tragique où Carrie avait été, selon lui, "arrachée" à sa mère, enlevée par des forces maléfiques. Il la décrivit comme une jeune fille fragile, influencée par des puissances occultes représentées par Circé et Gabriel, qu'il présenta habilement comme des figures d'autorité dangereuses et manipulateurs.
« Votre Honneur, ce n'est pas simplement une question de garde d'enfant », déclara Porter avec une gravité mesurée. « Il s'agit de sauver une âme innocente, une jeune fille qui a été enlevée et endoctrinée par des individus aux intentions plus que douteuses. Ma cliente, Margaret White, a toujours cherché à protéger sa fille, à la guider vers la lumière de Dieu. Mais aujourd'hui, Carrie est retenue captive par ces... entités qui prétendent vouloir son bien. »
Les mots de Porter étaient comme des lames. Chaque phrase était conçue pour discréditer non seulement Circé et Gabriel, mais aussi Carrie elle-même, en la peignant comme une victime de forces surnaturelles, une marionnette manipulée par des mains invisibles.
Carrie sentit son estomac se nouer en entendant son propre nom transformé en arme contre elle. Mais Circé, qui restait calme, posa doucement sa main sur celle de la jeune fille. « Ne t'inquiète pas », murmura-t-elle. « Nous sommes préparées. »
Lorsque vint le tour de Circé de parler, elle se leva avec grâce, ses yeux brillant d'une intelligence froide. Elle savait que la ruse et la logique seraient ses meilleures armes dans ce combat.
« Votre Honneur, Maître Porter a dressé un portrait dramatique, mais éloigné de la réalité. La vérité est bien plus sombre que ce qu'il veut vous faire croire. Carrie n'a pas été enlevée, elle a été sauvée. Sauvée d'un environnement où elle a été maltraitée, contrôlée, et endoctrinée par sa propre mère, Margaret White. Nous avons ici des témoignages, des documents, et des preuves de cette maltraitance. Des abus que Maître Porter omet commodément de mentionner. »
Circé brandit des documents prouvant l'historique des abus de Margaret White envers sa fille : des témoignages de voisins, des rapports médicaux démontrant les blessures de Carrie causées par des punitions religieuses violentes, et même des extraits de journaux intimes de Carrie, où elle avait exprimé sa peur de sa mère.
Porter ne broncha pas. Au contraire, il sourit doucement, comme s'il attendait cette réponse. Il se leva lentement, écartant les documents sur la table devant lui.
« Bien sûr, des preuves peuvent être manipulées. Des témoignages peuvent être influencés. Ce que je vous demande, Votre Honneur, c'est de regarder au-delà de ces papiers froids. Regardez cette mère dévouée, Margaret White, qui n'a jamais voulu que protéger sa fille des dangers du monde. Est-ce là l'attitude d'une femme malveillante ? Non. Elle a fait ce qu'elle croyait juste, en suivant ses convictions religieuses. Et c'est cela qui est en jeu ici : la foi et la protection d'une enfant contre des forces bien plus grandes. »
Porter se tourna vers Carrie, son regard perçant fixant la jeune fille. « Carrie, si tu peux entendre ma voix... Sais-tu que ta mère prie pour toi chaque jour ? Sais-tu qu'elle a traversé des épreuves terribles pour essayer de te retrouver ? Elle ne veut que ton bien. Tout ce qu'elle souhaite, c'est te sauver. »
Carrie, assise à côté de Circé, sentit les larmes lui monter aux yeux. Les souvenirs des moments passés avec sa mère, où elle avait effectivement cru qu'elle la protégeait, ressurgirent avec violence. Mais elle ne pouvait pas oublier la douleur, les cris, et la peur constante de ne jamais être assez pure pour satisfaire la foi déformée de Margaret.
Circé, voyant l'émotion submerger Carrie, se leva à nouveau. Elle savait qu'il était temps de contre-attaquer avec finesse.
« Vous jouez sur les émotions, Maître Porter. Mais ici, nous ne devons pas juger sur les apparences. Oui, ma cliente, Carrie White, a été maltraitée. Oui, sa mère a utilisé la religion pour justifier ses actions, mais cela ne change pas les faits : Carrie a été en danger dans cet environnement. »
L'église abandonnée se dressait au milieu d'un paysage dévasté, une silhouette sinistre sous un ciel chargé de nuages lourds, presque apocalyptiques. Ses murs, autrefois ornés de vitraux éclatants, étaient maintenant noircis par la corruption, et des symboles occultes gravés à même la pierre émettaient une énergie maléfique. Dracula se tenait à l'entrée, les yeux plissés, son souffle se mêlant à l'air glacial qui régnait autour du bâtiment. Il pouvait sentir la présence du Warlock, une force sombre et pernicieuse, quelque part à l'intérieur.
Il entra sans hésiter, ses pas résonnant sur le sol de marbre craquelé. Chaque fibre de son être était tendue, prête pour le combat. Le Warlock n'était pas un adversaire ordinaire. Gabriel savait que cet ennemi était capable de manipuler des forces anciennes, et qu'il devait agir rapidement avant que le rituel ne soit achevé.
L'intérieur de l'église était encore plus sinistre que son apparence extérieure. Des chandelles noires étaient disposées en cercle autour d'un autel ancien, rongé par des glyphes démoniaques qui pulsaient d'une énergie rougeâtre. Devant cet autel se tenait le Warlock, vêtu d'une robe sombre, ses yeux brillants d'une lueur démente alors qu'il récitait une incantation dans une langue ancienne.
Sans même se retourner, le Warlock sentit la présence de Dracula. Il sourit, un sourire glacial, avant de poser lentement ses mains sur l'autel, comme s'il prenait un plaisir sadique à savourer chaque seconde.
"Ah... Dracula. J'espérais que tu viendrais," murmura-t-il d'une voix mielleuse. "Tu arrives juste à temps pour assister à ma montée en puissance."
Gabriel ne répondit pas immédiatement, ses yeux évaluant rapidement la scène. Il savait que cet autel était le cœur du rituel. Si le Warlock parvenait à canaliser suffisamment d'énergie, il pourrait invoquer une puissance destructrice capable de plonger le monde dans le chaos. Dracula resserra son emprise sur la réalité, se préparant à un combat aussi bien physique que mystique.
"Tu ne seras rien d'autre qu'un souvenir dans la poussière," déclara finalement Gabriel, sa voix calme mais remplie de menace.
Le Warlock éclata d'un rire sinistre. "Tu ne comprends pas, n'est-ce pas ? Je cherche à m'élever au-dessus des mortels, à transcender cette misérable existence. Ce rituel me donnera accès à des pouvoirs que même toi, Seigneur des Ténèbres, ne pourrais imaginer."
Avant que Gabriel ne puisse répondre, le Warlock leva les bras et acheva son incantation. L'autel éclata de lumière, une énergie noire s'échappant des glyphes et envahissant la pièce. Le sol trembla violemment alors que des créatures démoniaques émergeaient des ombres, leurs corps tordus et grotesques prenant forme autour de Dracula.
Le combat débuta sans avertissement. Les créatures se jetèrent sur Gabriel, leurs griffes acérées visant sa chair. Mais Dracula, fort de ses siècles d'expérience, se déplaça avec une rapidité inhumaine. Ses pouvoirs vampiriques lui permettaient de contrôler les ombres, et celles-ci se dressèrent autour de lui comme un bouclier vivant, déviant les attaques des créatures démoniaques.
D'un geste fluide, Dracula se libéra des griffes de ses ennemis et les attaqua avec une férocité qui fit reculer le Warlock. Le combat était brutal. Gabriel utilisait sa force, sa régénération et sa maîtrise des ombres pour contrer chaque assaut des créatures. À chaque coup porté, il se rapprochait du Warlock, sachant que son véritable ennemi n'était pas ces démons, mais celui qui les contrôlait.
Mais le Warlock était loin d'être impuissant. Voyant que ses invocations ne suffisaient pas, il déchaîna une vague de magie noire, des éclairs de pure énergie sombre frappant le sol autour de Dracula. Gabriel esquiva la plupart des projectiles, mais quelques-uns le touchèrent, déchirant sa peau et laissant des marques brûlantes. Cependant, ses pouvoirs de régénération agissaient rapidement, refermant ses blessures presque instantanément.
"Ton pouvoir est impressionnant," murmura Gabriel, essuyant une traînée de sang de sa lèvre. "Mais il est mal dirigé. Tu ne pourras jamais me vaincre."
Le Warlock, pourtant, ne semblait pas inquiet. Il se tenait à distance, un sourire narquois sur les lèvres, observant Gabriel avec l'air de quelqu'un qui avait déjà gagné. Il leva à nouveau les bras, invoquant des runes magiques autour de lui.
"C'est ce que nous allons voir," ricana-t-il. "Tu n'es qu'une relique du passé, Dracula. Une créature des ténèbres qui croit encore pouvoir s'imposer. Mais moi, je vais m'élever au-dessus de ce monde."
Gabriel comprit alors que la véritable clé de cette bataille n'était pas seulement le Warlock, mais l'autel lui-même. Tant que le rituel restait intact, le Warlock puisait dans une source infinie de pouvoir. Le vampire se concentra alors sur sa véritable cible.
Profitant d'une seconde d'inattention du Warlock, Gabriel se précipita vers l'autel. L'énergie maléfique pulsait à chaque pas, essayant de le repousser, mais Gabriel invoqua toute la puissance de son contrôle des ombres pour dissiper les défenses. Il arriva devant l'autel, prêt à le détruire.
"NON !" hurla le Warlock, sentant le danger imminent. Il lança un dernier sort pour stopper Gabriel, mais il était trop tard.
D'un coup puissant, Gabriel brisa l'autel en deux, dispersant l'énergie accumulée dans un cri déchirant. Les runes s'éteignirent immédiatement, et le lien entre le Warlock et ses pouvoirs se rompit dans une explosion d'énergie pure. Le sol trembla, l'église semblant sur le point de s'effondrer sous l'intensité du choc.
Affaibli, le Warlock chancela, ses forces l'abandonnant peu à peu. Gabriel s'approcha de lui, ses yeux brillants d'une lueur froide.
"Tu as échoué," murmura Gabriel. "Et maintenant, je vais te renvoyer là d'où tu viens."
Dans un dernier effort, le Warlock tenta de se défendre, mais ses pouvoirs étaient trop diminués. D'un geste résolu, Gabriel invoqua toute l'étendue de ses ténèbres, enfermant le Warlock dans une prison d'ombres, une cage surnaturelle qui l'empêcherait de nuire à nouveau.
"Tu ne m'arrêteras pas..." murmura le Warlock, la voix faible.
"Je viens de le faire," répliqua Gabriel avant de resserrer la prison autour de lui.
Le Warlock disparut dans les ombres, son corps avalé par la dimension obscure que Gabriel avait invoquée. L'église, à moitié détruite, retrouva un silence morbide, alors que les dernières traces du rituel s'évaporaient.
Gabriel, désormais victorieux, savait que la bataille contre le Warlock n'était qu'une distraction, orchestrée par des forces plus grandes. Il devait maintenant retourner auprès de Circé et Carrie, afin de faire face à l'autre bataille qui continuait.
Le tribunal était plongé dans une atmosphère tendue alors que le juge écoutait les arguments finaux des deux parties. Circé, assise à côté de Carrie, observait attentivement chaque mot prononcé par l'avocat de Margaret, William Porter. Il avait jusqu'à présent mené une défense habile, jouant sur la corde sensible de la maternité et de la "protection divine". Ses arguments étaient convaincants, et son aura de charisme avait réussi à influencer le public et le juge.
Porter se leva, son allure froide et professionnelle renforçant son discours, alors qu'il reprenait la parole. "Votre Honneur, il est indéniable que ma cliente, Margaret White, a toujours cherché qu'à protéger sa fille. Elle a été arrachée à son foyer par des individus dont les intentions sont obscures, et maintenant, nous voyons Carrie plongée dans un monde de noirceur et de manipulations. Il est de votre devoir de rendre cette enfant à sa mère, à sa vraie famille."
Le juge sembla pensif, ses doigts tapotant doucement le bord de son bureau. Circé sentait la pression monter, mais elle restait stoïque, sachant que leur chance de renverser la situation n'était pas perdue. C'est à ce moment-là que la porte arrière de la salle s'ouvrit brusquement, et James Gordon, le commissaire de la police de Gotham, entra dans la salle d'audience.
Porter se retourna légèrement, mais son visage resta impassible. Cependant, Circé vit dans ses yeux un bref éclat d'inquiétude. Il savait que l'entrée de Gordon pourrait tout changer.
"Votre Honneur," dit Gordon, s'avançant vers la barre des témoins. "Je m'excuse pour mon retard, mais je suis ici pour témoigner de la véracité des faits entourant Carrie White et Gabriel Belmont, qui a servi sous mes ordres à Gotham."
Le juge leva un sourcil. "Commissaire Gordon, avez-vous quelque chose à ajouter qui pourrait éclairer cette affaire ?"
Gordon hocha la tête et jeta un regard rapide à Circé avant de poser les yeux sur le juge. "Absolument, Votre Honneur. Gabriel Belmont n'est pas un inconnu pour la loi ou pour la justice. Pendant son temps dans la police de Gotham, il a fait preuve d'un dévouement sans faille à la protection des innocents. Je suis ici pour affirmer que Carrie White, depuis qu'elle est sous la garde de Belmont et Circé, a été protégée, non manipulée. J'ai vu de mes propres yeux le chaos qui régnait dans la vie de Carrie avant son sauvetage. Sa mère, Margaret White, n'est pas une figure protectrice, mais plutôt une femme dévorée par un fanatisme qui, malheureusement, nuit à la santé mentale de sa fille."
Porter fronça les sourcils, se préparant à contre-attaquer, mais la présence de Gordon perturbait visiblement sa stratégie.
Gordon continua. "Carrie a trouvé une famille avec Belmont et Circé, une famille qui la protège et l'aide à surmonter son passé traumatisant. Renvoyer Carrie à sa mère serait une grave erreur."
Margaret White, jusqu'alors silencieuse, se leva brusquement, visiblement agitée. "C'est un mensonge ! Carrie doit être purifiée ! Ces gens l'ont corrompue ! Ils sont les serviteurs du mal, et Dieu m'a dit de la sauver ! Elle est à moi !" Sa voix tremblait d'une ferveur désespérée, ses yeux brillants d'une lueur fanatique.
La salle resta figée un instant, alors que le juge fixait Margaret avec une expression indéchiffrable. Même Porter, qui avait jusqu'alors gardé son calme, semblait légèrement déstabilisé par l'effusion incontrôlée de Margaret. La sincérité de son fanatisme était à présent exposée au grand jour.
Circé jeta un coup d'œil vers Carrie, qui, bien que visiblement bouleversée, restait droite, ses mains tremblant légèrement sur ses genoux. C'était maintenant ou jamais.
Le juge inspira profondément, son regard parcourant tour à tour Margaret, Porter, puis enfin Gordon et Circé. "Après avoir entendu les témoignages et observé le comportement de toutes les parties, je rends mon verdict. Il est évident que l'environnement dans lequel Carrie a vécu avec sa mère était non seulement instable, mais potentiellement dangereux. En conséquence, je décide en faveur de Carrie White. Elle restera sous la protection de Gabriel Belmont et Circé."
Un soupir de soulagement traversa la salle. Porter serra la mâchoire, visiblement frustré par cette défaite inattendue, mais il garda son calme, hochant la tête d'un air résigné. Quant à Margaret, elle s'effondra presque sur son siège, murmurant des prières désordonnées à voix basse.
Circé, restant digne malgré l'émotion qui montait en elle, se tourna vers Carrie et lui serra doucement l'épaule. Carrie, enfin libérée du poids du passé, offrit un sourire fragile, reconnaissant. La bataille avait été difficile, mais elle était enfin libre.
De retour sur l'île de Ponza, l'atmosphère était différente. Les vagues venaient lécher doucement le rivage, tandis que le vent caressait les falaises avec une sérénité presque surnaturelle. Gabriel, Circé, et Carrie débarquèrent sur le quai, leur présence imposante contrastant avec la tranquillité environnante. Ce lieu, qui avait longtemps été leur refuge, semblait désormais encore plus protecteur après les épreuves qu'ils venaient de surmonter.
Carrie, visiblement soulagée, inspira profondément l'air marin, un sourire timide étirant ses lèvres. Elle n'avait plus à craindre sa mère, ni les griffes du passé. Le tribunal avait tranché, et la menace que représentait Margaret White faisait désormais partie du passé. Circé, à ses côtés, lui lança un regard rassurant, pleine de fierté pour la jeune femme qu'elle voyait grandir et se libérer, peu à peu, de ses peurs.
Gabriel, lui, observait en silence. Ses yeux, perdus dans l'horizon, étaient traversés par une réflexion silencieuse. Ils avaient réussi à vaincre le Warlock et à protéger Carrie contre les manipulations de sa mère et de l'avocat. Pourtant, une ombre planait encore sur eux. Gabriel savait que la bataille n'était pas terminée. Celui qui avait orchestré ces attaques, dans l'ombre, attendait sûrement son moment pour frapper à nouveau. Mais pour l'instant, cette victoire leur permettait de respirer.
Sous la lumière dorée du crépuscule, Gabriel médita sur son propre chemin. Chaque défi relevé, chaque victoire arrachée à l'adversité, le rapprochait un peu plus de la rédemption. Mais il savait, au fond de lui, que ce chemin était sans fin. Il y aurait toujours des forces, des ténèbres, prêtes à détruire ce qu'il s'efforçait de protéger.
« Nous avons réussi aujourd'hui, » dit-il finalement, brisant le silence. « Mais nous devons rester vigilants. Quelqu'un, quelque part, continue de tirer les ficelles dans l'ombre. »
Circé posa une main rassurante sur son bras. « Nous sommes prêts. Ensemble, nous avons prouvé que rien ne pourra nous séparer ni nous détruire. »
Carrie hocha la tête, plus confiante que jamais. Le trio se dirigea vers leur maison surplombant la mer, unis par leurs épreuves, leurs victoires, et leurs liens indéfectibles. Ils savaient que d'autres défis viendraient, mais ensemble, ils les surmonteraient.
