Chapitre 3: Le Vampire et le Chevalier Noir
Dans les bas-fonds de Gotham, Gabriel Belmont, sous une apparence plus humaine, errait parmi les âmes perdues de la ville. Contrairement à sa forme vampirique, sa peau n'était pas pâle et glaciale, mais d'un teint légèrement hâlé, témoignant de son humanité retrouvée. Ses cheveux, désormais plus longs, tombaient sur ses épaules, et ses yeux, d'un brun profond, reflétaient une souffrance qu'il tentait de dissimuler. Pourtant, malgré son apparence humaine, quelque chose en lui semblait différent, plus imposant, plus marqué par les épreuves.
Il avait choisi cette vie d'errance pour observer sans attirer l'attention. Il ne pouvait pas encore révéler sa véritable nature, ni la raison de son retour. Le poids de son existence vampirique pesait sur lui, mais ici, parmi les marginaux, il pouvait se mêler aux ombres sans être questionné. Il n'avait pas besoin de nourriture ni d'abri, mais il observait, intervenant parfois pour aider discrètement ceux qui en avaient besoin.
Un jour, alors qu'il traversait les ruelles dévastées par la pauvreté et le crime, Gabriel croisa par hasard un visage familier. L'inspecteur James Gordon. Celui-ci marchait rapidement, le regard concentré sur ses pensées. Mais lorsqu'il aperçut Gabriel, il s'arrêta net, figé par l'incrédulité.
— Gabriel ? murmura-t-il, ses yeux écarquillés, incapable de croire ce qu'il voyait.
L'image de son subordonné, qu'il avait cru mort dans l'explosion orchestrée par le Joker, se tenait là, devant lui, vivant mais marqué par la misère. Gordon, généralement maître de ses émotions, laissa cette fois transparaître un choc immense. Il s'avança rapidement, posant une main sur l'épaule de Gabriel.
— C'est bien toi ? Gabriel... mais comment ?
Gabriel, fidèle à son plan, baissa les yeux et murmura faiblement :
— Je... je ne me souviens pas de grand-chose. Je... ne sais pas ce qui m'est arrivé.
Ses paroles étaient choisies avec soin. Il jouait le rôle de l'homme perdu, incapable de se rappeler les événements qui l'avaient mené là. Gordon, ébranlé mais pragmatique, prit immédiatement la situation en main.
— Viens, on va te sortir de là, Gabriel. Je vais appeler une ambulance. On va s'occuper de toi.
Gabriel hocha la tête doucement, feignant la confusion. Quelques minutes plus tard, une ambulance arriva et le conduisit à l'hôpital. À partir de ce moment, la nouvelle se répandit comme une traînée de poudre : Gabriel Belmont, l'un des policiers disparus lors de l'explosion causée par le Joker, était vivant.
À l'hôpital, Gabriel continua de jouer son rôle à la perfection. Les médecins, intrigués par son état, le soumirent à de nombreux examens, cherchant à comprendre comment il avait survécu à une explosion si dévastatrice. Pendant ce temps, Gabriel feignit de recouvrer la mémoire peu à peu, offrant de vagues détails sur son passé, mais restant toujours prudent pour ne pas éveiller de soupçons.
Gordon vint le voir régulièrement, accompagné parfois de collègues du commissariat. Tous étaient soulagés de le revoir vivant, mais ils étaient également perplexes devant l'étendue de son amnésie apparente.
— Tu sais, Gabriel, on pensait vraiment t'avoir perdu, lui dit Gordon un jour, en s'asseyant près de son lit. Mais te revoir là, ça nous redonne de l'espoir. Prends ton temps pour te rétablir. Tout le monde est impatient de te revoir parmi nous.
Gabriel acquiesça, affichant un léger sourire. Il savait que son plan fonctionnait. En se montrant comme un homme brisé mais déterminé à reprendre pied, il suscitait la sympathie et l'admiration de ses collègues. Pourtant, il n'avait aucunement l'intention de révéler sa véritable nature. Il devait continuer à incarner l'homme qu'il avait été, Gabriel Belmont, et cacher celui qu'il était devenu : Dracula.
Trois mois plus tard, Gabriel retourna au commissariat. Il garda ses cheveux longs, mais d'apparence plus soignée, et bien qu'il portait encore les traces de son errance, il semblait prêt à reprendre sa vie d'avant. L'accueil fut chaleureux. Ses collègues, qui l'avaient cru mort, le considérèrent comme un miraculé.
— Belmont ! Ça fait plaisir de te revoir parmi nous, lança un inspecteur en lui tendant une clé. Ton appartement est toujours là, avec tes affaires. Tout est intact.
Gabriel prit la clé avec un sourire sincère. Ses collègues le regardaient avec admiration. Pour eux, il était un héros revenu d'entre les morts, un symbole de résilience dans une ville plongée dans le chaos.
De retour dans son appartement, Gabriel retrouva ses anciennes affaires. Des souvenirs d'une vie passée qu'il avait autrefois menée avec une relative normalité. Pourtant, il savait qu'il ne serait plus jamais cet homme. La nuit, lorsque la ville plongeait dans l'obscurité, il redevenait Dracula, rôdant dans les rues, surveillant Batman, et planifiant ses prochains mouvements.
La nuit s'était installée sur Gotham, enveloppant la ville dans un voile d'obscurité que seuls les plus aguerris osaient affronter. À la lisière de la ville, le Manoir Wayne, imposant et mystérieux, se tenait comme une forteresse silencieuse. Devant les portes du domaine, un homme, ou plutôt une figure imposante, se tenait droit. Gabriel Belmont, désormais Dracula, était venu pour une rencontre qu'il savait inévitable. Ses yeux, d'un rouge incandescent, fixaient le portail, tandis que son aura sombre semblait absorber la lumière autour de lui.
Il leva lentement la main et sonna à l'entrée. Quelques instants plus tard, les lourdes portes de fer s'ouvrirent partiellement, et une silhouette élégante mais ferme apparut dans l'entrebâillement : Alfred Pennyworth, le majordome de la famille Wayne. D'un regard rapide, Alfred jaugea l'individu qui se tenait devant lui. Gabriel ne connaissait pas cet homme, mais il devina qu'il s'agissait d'un proche de Bruce Wayne, celui qu'il était venu rencontrer.
— Bonsoir, puis-je vous aider ? demanda Alfred d'une voix polie mais distante, son regard plein de curiosité, bien qu'il reste impassible.
Gabriel fixa l'homme devant lui, et après un bref silence, il s'avança légèrement, dévoilant plus clairement son visage marqué par la souffrance et la puissance.
— Je suis Dracula, le Seigneur des Ténèbres, dit Gabriel d'une voix grave, résonnant dans l'air nocturne. Je suis ici pour m'entretenir avec Bruce Wayne.
À l'entente de ce nom, Alfred haussa légèrement les sourcils. Il connaissait bien les légendes autour du personnage de Dracula, celles racontées dans des livres comme celui de Bram Stoker. Pourtant, l'homme qui se tenait devant lui n'avait rien d'une simple fiction. Il émanait de lui une présence singulière, presque écrasante, mais Alfred, en professionnel aguerri, ne laissa rien transparaître de sa surprise.
— Monsieur Wayne n'a pas pour habitude de recevoir des visiteurs à cette heure, et encore moins... des visiteurs de cette nature, répondit Alfred d'un ton toujours aussi calme. Puis-je savoir la raison de votre visite ?
Gabriel le regarda un instant, jaugeant à son tour cet homme qui ne semblait pas se laisser impressionner par sa présence. Il décida de rester direct.
— Ce que j'ai à dire ne peut être discuté qu'avec lui. Cela concerne la protection de cette ville, et bien plus encore, expliqua Gabriel, sa voix teintée de gravité. Laissez-moi m'entretenir avec Bruce Wayne. Il doit m'entendre.
Alfred resta un moment silencieux, pesant la situation. Il savait qu'il ne pouvait ignorer une telle demande, mais la prudence s'imposait.
— Très bien, monsieur... Dracula, dit-il enfin. Je vais informer Monsieur Wayne de votre présence. Je vous prie d'attendre ici.
D'un pas rapide et maîtrisé, Alfred referma les portes derrière lui et se dirigea vers l'intérieur du manoir. Alors qu'il avançait dans les vastes couloirs, un léger pli de réflexion marquait son front. Il n'était pas souvent surpris, mais cette rencontre sortait de l'ordinaire. Arrivé devant le bureau de Bruce, il frappa légèrement à la porte avant d'entrer.
Bruce Wayne, en pleine réflexion devant une pile de dossiers, leva les yeux vers Alfred. Habitué à recevoir des rapports, il se contenta d'un regard interrogateur.
— Monsieur Wayne, commença Alfred, un... visiteur assez particulier attend à l'entrée.
Bruce fronça les sourcils, fermant le dossier qu'il tenait.
— Particulier ? demanda-t-il.
— En effet, répondit Alfred avec la précision qui le caractérisait. Cet individu se présente comme... Dracula. Le Seigneur des Ténèbres, pour être exact. Il a insisté pour vous parler personnellement.
Bruce resta silencieux un moment, analysant les paroles d'Alfred. Il n'était pas homme à se laisser déstabiliser facilement, mais cette annonce était pour le moins inattendue. Dracula ? Le Seigneur des Ténèbres ? Les mythes de vampires n'avaient jamais été au centre de ses préoccupations, mais il savait mieux que quiconque que les légendes pouvaient parfois prendre une forme bien réelle.
— Dracula, hein ? dit Bruce en se levant lentement de son siège. Ce n'est pas le genre de visite que je reçois tous les jours.
Il s'avança vers la fenêtre, regardant un instant les vastes terres entourant le manoir, plongées dans l'obscurité.
— Vous l'avez vu ? demanda Bruce, toujours tourné vers la fenêtre.
— En effet, répondit Alfred, mesuré. Il est... impressionnant. Sombre, mais courtois. Sa présence ne semble pas purement théâtrale, si je puis me permettre.
Bruce se tourna enfin vers Alfred, croisant les bras, l'air pensif.
— Vous pensez qu'il dit vrai ? Que c'est vraiment... Dracula ?
Alfred resta silencieux un instant avant de répondre.
— Il émane de lui une aura particulière, je ne saurais dire avec certitude, mais il ne ressemble pas à un simple imposteur. Je crois qu'il serait judicieux de l'écouter, Monsieur.
Bruce, toujours sceptique mais conscient de l'importance de cette rencontre, hocha la tête. Il s'approcha de la porte et se tourna vers Alfred avant de sortir.
— Faites-le entrer. Nous allons voir ce que cet homme, ou cette créature, a à dire.
Alfred s'inclina légèrement et retourna à l'entrée du manoir. Lorsqu'il ouvrit à nouveau les portes, Gabriel était toujours là, immobile comme une statue, son regard rouge fixé sur l'horizon. À son approche, Alfred ouvrit grand les portes.
— Monsieur Wayne vous attend, annonça Alfred.
Gabriel hocha doucement la tête et s'avança, traversant les portes du manoir Wayne pour la première fois. Chaque pas résonnait dans les vastes couloirs du domaine, et à chaque instant, Gabriel sentait l'importance du moment. Il allait enfin se confronter à Bruce Wayne, cet homme qu'il respectait tant, et lui dévoiler une vérité qu'il avait longtemps gardée secrète.
Gabriel avançait dans les couloirs sombres du Manoir Wayne, son regard se portant sur les imposantes décorations et les pièces remplies d'histoire. Chaque pas qu'il faisait semblait lourd de sens, comme si la demeure elle-même observait avec attention cet étrange visiteur. Alfred le guida silencieusement jusqu'à une grande porte en bois massif. Derrière cette porte se trouvait Bruce Wayne, celui que Gabriel était venu rencontrer.
Alfred s'arrêta et tourna la poignée avec une élégance maîtrisée. La porte s'ouvrit en douceur, dévoilant Bruce Wayne, debout près d'une large fenêtre qui offrait une vue sur la nuit gothamienne. La lumière tamisée de la pièce jetait des ombres autour de Bruce, accentuant sa silhouette puissante. Il se retourna lentement, ses yeux perçant immédiatement ceux de Gabriel.
Bruce n'était pas un homme facile à impressionner, mais l'aura que Gabriel dégageait était indéniablement différente de tout ce qu'il avait rencontré auparavant. L'homme qui se tenait devant lui n'était pas simplement grand et musclé ; il irradiait une présence sombre et écrasante, une force qui transcendait l'humanité.
— Dracula, n'est-ce pas ? dit Bruce, sa voix calme, mais teintée d'une légère méfiance. Alfred m'a informé de votre arrivée.
Gabriel hocha lentement la tête, son regard rougeoyant fixé sur Bruce.
— En effet, répondit-il d'une voix grave et imposante. Mais vous pouvez m'appeler Gabriel. Gabriel Belmont, ajouta-t-il, révélant son véritable nom pour la première fois dans cet échange.
Bruce arqua légèrement un sourcil à l'entente de ce nom. Il connaissait bien ce nom, et pourtant, cela ne faisait que rendre la situation plus énigmatique.
— Gabriel Belmont... C'est un nom que j'ai déjà entendu, dit Bruce en s'avançant légèrement. Vous faisiez partie de la police de Gotham, vous avez disparu il y a plusieurs mois, après une explosion. Vous étiez présumé mort.
— J'étais mort, répondit Gabriel sans la moindre hésitation. Ou plutôt, j'ai cessé d'être l'homme que j'étais ce jour-là.
Bruce observa Gabriel attentivement, cherchant à comprendre qui ou ce qu'il était réellement. Son esprit analytique tournait à plein régime, tentant de rassembler les pièces du puzzle.
— Je suis devenu autre chose, reprit Gabriel, sa voix résonnant dans la pièce. Le Seigneur des Ténèbres, comme vous l'a dit Alfred. Mais je ne suis pas ici pour vous menacer, ni pour semer la destruction.
Bruce croisa les bras, restant silencieux. Il attendait que Gabriel développe, préférant ne pas interrompre cet étrange discours.
— Batman... Bruce Wayne... Vous avez toujours été un exemple pour moi, continua Gabriel, ses yeux ne quittant pas ceux de Bruce. Avant que je ne devienne ce que je suis aujourd'hui, j'étais un homme qui croyait en la justice. Vous, vous incarnez cette justice, même face aux ténèbres les plus sombres. C'est pour cela que je suis ici.
Bruce ne répondit pas immédiatement. Il n'était pas facilement flatté, mais il savait reconnaître quand un adversaire ou un interlocuteur choisissait soigneusement ses mots. Gabriel, malgré son apparence imposante et son titre de Seigneur des Ténèbres, semblait sincère.
— Je suis ici pour me racheter, déclara Gabriel, la gravité de ses paroles résonnant dans chaque coin de la pièce. Je suis devenu ce que je suis par nécessité, mais cela ne signifie pas que j'ai renoncé à mes idéaux. Je ne tuerai aucun mortel, jamais. Et je veux protéger Gotham, tout comme vous.
Bruce haussa légèrement un sourcil, mais ne répondit pas. Il scrutait Gabriel, cherchant à comprendre la motivation derrière ses paroles. Son scepticisme naturel ne l'abandonnait jamais, mais il sentait que cet homme, ou plutôt cette créature, disait la vérité.
— Vous dites vouloir protéger Gotham, répondit finalement Bruce, son ton toujours mesuré. Mais pourquoi devrais-je vous croire ? Vous vous présentez comme Dracula, une figure légendaire de terreur et de mort. Vous me dites que vous ne tuerez aucun mortel, mais comment puis-je être sûr de cela ?
Gabriel inspira profondément, sachant que cette question était inévitable. Il plongea son regard dans celui de Bruce, ses yeux rouges brillants d'une sincérité rare.
— Parce que, malgré ce que je suis devenu, je n'ai pas oublié qui j'étais, dit Gabriel. Gabriel Belmont, un homme qui croyait en la justice, qui se battait pour elle. Ces valeurs, je les porte encore en moi, même si les ténèbres m'habitent désormais.
Il marqua une pause, observant la réaction de Bruce.
— Vous êtes un exemple, Batman, un modèle de ce que la justice doit être. Je ne peux vous demander de me faire confiance tout de suite, mais je peux vous promettre ceci : je ne tuerai pas. Je me battrai aux côtés de ceux qui protègent cette ville, et je défendrai la Terre contre les véritables menaces qui pèsent sur elle. Tout ce que je demande, c'est une chance de prouver ma loyauté.
Bruce ne bougea pas, son visage toujours impassible. Mais derrière cette façade, il réfléchissait intensément. Il avait déjà affronté des créatures du surnaturel, des êtres bien au-delà de la compréhension humaine. Mais jamais encore il n'avait été confronté à quelqu'un comme Gabriel, un être immortel en quête de rédemption.
— Vous voulez prouver votre loyauté ? Très bien, répondit Bruce d'une voix froide. Mais vous savez que je ne juge que par les actions. Je ne vous ferai pas confiance simplement parce que vous me le demandez.
Gabriel acquiesça, s'attendant à cette réponse.
— Je comprends, dit-il. Et vous avez raison de ne pas me faire confiance. Je ne demande pas votre confiance immédiate, seulement une chance de prouver que je suis digne de combattre à vos côtés.
Le silence retomba dans la pièce, lourd et chargé de tension. Bruce, toujours sceptique, ne quittait pas Gabriel des yeux. Mais malgré cette méfiance, il voyait une opportunité. Gabriel Dracula n'était pas un simple ennemi à abattre ; c'était une force qui, bien utilisée, pourrait apporter un nouvel équilibre à Gotham.
— Je vais vous observer, déclara Bruce enfin. Si vos actions prouvent que vous êtes sincère, alors peut-être aurons-nous un accord. Mais sachez une chose : si vous trahissez cette ville, je n'hésiterai pas à vous arrêter, quel que soit votre pouvoir.
Gabriel hocha doucement la tête, acceptant ces conditions sans résistance.
— Vous ne serez pas déçu, conclut-il.
Le silence retomba dans la pièce après les dernières paroles de Gabriel. Les deux hommes se tenaient là, face à face, chacun mesurant les conséquences de cette rencontre. Gabriel savait que Bruce Wayne ne lui accorderait pas sa confiance facilement. Mais il avait planté une graine, un espoir qu'il pourrait un jour se racheter, qu'il pourrait prouver que les ténèbres en lui ne dictaient pas ses actions.
Sans un mot de plus, Gabriel fit un léger signe de tête en direction de Bruce, une forme de salut respectueux. Il se retourna lentement et quitta la pièce avec une dignité froide, ses pas résonnant faiblement dans les couloirs du Manoir Wayne. Il savait que le chemin qu'il devait emprunter serait long et semé d'embûches, mais cette première étape venait d'être franchie.
Bruce resta immobile, les bras croisés, fixant la porte par laquelle Gabriel venait de partir. Ses pensées tourbillonnaient autour de cette rencontre improbable. Dracula, un mythe, une légende, s'était présenté devant lui, mais cet être avait parlé avec des mots empreints de rédemption, non de menace. Bruce ne pouvait pas ignorer la puissance que Gabriel dégageait, ni la sincérité qu'il avait ressentie dans ses paroles. Mais il ne pouvait non plus écarter la possibilité que tout cela ne soit qu'une ruse, une manipulation destinée à infiltrer Gotham et ses protecteurs.
— Monsieur Wayne ? interrompit Alfred, entrant dans la pièce après avoir raccompagné Gabriel à la sortie.
Bruce sortit de ses réflexions, jetant un coup d'œil vers Alfred.
— Oui, Alfred ?
— Dois-je me préparer à un nouvel invité permanent, ou dois-je renforcer les défenses contre... les Seigneurs des Ténèbres ? demanda-t-il avec une pointe d'ironie dans la voix, bien que son ton soit parfaitement courtois.
Bruce esquissa un léger sourire, mais ses yeux restaient sérieux.
— Pas encore, Alfred. Mais reste sur tes gardes. Cet homme, ou quoi qu'il soit devenu, est bien plus qu'une simple menace. S'il dit vrai, et s'il tient sa promesse de ne pas tuer... il pourrait être un allié puissant. Mais je veux être sûr avant de baisser la garde.
Alfred acquiesça, toujours aussi calme.
— Comme toujours, monsieur, répondit-il.
Bruce se tourna vers la fenêtre, regardant à nouveau la ville de Gotham qui s'étendait à l'horizon. Chaque soir, il veillait sur cette ville, en combattant les criminels, les fous et parfois même les forces de la nature et du surnaturel. Mais cette rencontre avec Gabriel ouvrait une nouvelle dimension de son combat. S'il pouvait compter sur une force comme celle de Dracula, cela pourrait changer l'équilibre des forces à Gotham. Mais à quel prix ?
Gabriel Belmont, cet homme devenu légende, marchait maintenant sur la ligne ténue entre l'ombre et la lumière. Et pour Bruce, qui avait fait de cette lutte contre l'obscurité le combat de sa vie, il n'y avait rien de plus dangereux que ceux qui prétendaient être rédimés.
Gabriel quitta le manoir, la fraîcheur de la nuit l'enveloppant alors qu'il traversait les vastes jardins entourant la demeure. Ses pensées tournaient autour de la rencontre avec Bruce. Ce n'était que le début d'un long processus de confiance, il le savait. Batman n'était pas un homme à accorder sa foi à la légère, mais Gabriel avait dit tout ce qu'il pouvait pour le moment.
En sortant du domaine, il s'arrêta un instant devant le portail, ses yeux rouges se perdant dans la nuit. Il pouvait sentir l'énergie de Gotham, cette ville rongée par la criminalité et les ténèbres. Pourtant, il se sentait étrangement connecté à elle, comme s'il y trouvait un écho de ce qu'il avait autrefois été.
— Je protégerai cette ville, murmura-t-il pour lui-même. Et je prouverai ma valeur, même si cela me prend des siècles.
Puis, en un instant, son corps se dématérialisa, se fondant dans une nuée de chauves-souris qui s'élança dans les airs, disparaissant dans la nuit.
Bruce Wayne resta encore un long moment face à la fenêtre, plongé dans ses pensées. Alfred s'approcha discrètement, déposant une tasse de thé sur le bureau, avant de s'éloigner sans un mot. Bruce s'appuya contre le rebord de la fenêtre, ses yeux fixés sur les lumières de Gotham.
— Dracula, murmura-t-il à lui-même, comme pour tester ce mot sur sa langue. Un Seigneur des Ténèbres en quête de rédemption...
Il ne savait pas encore quoi penser de Gabriel. Mais une chose était certaine : Gotham n'avait jamais eu de protecteur comme lui auparavant.
Il pivota lentement, prenant place dans son fauteuil, son regard toujours tourné vers l'extérieur. Il savait que cette nuit marquait le début d'une nouvelle ère à Gotham. Que Gabriel Belmont, devenu Dracula, serait soit une arme redoutable pour la justice, soit une menace mortelle. Tout dépendrait des actions que cet être choisirait d'accomplir.
Et Bruce était prêt à surveiller chacun de ses mouvements.
La nuit était avancée, et Gotham semblait être plongée dans son rythme habituel de chaos et d'agitation. Mais, dans un coin reculé de la ville, un lieu hors du commun rassemblait une faune encore plus étrange que la ville elle-même. Le cabaret, bien qu'accessible à tous, était surtout connu dans les cercles occultes pour être un point de rendez-vous des créatures de l'ombre et des magiciens. C'est ici que Batman avait donné rendez-vous à Zatanna et John Constantine.
Le Chevalier Noir pénétra dans l'établissement sans un mot, enveloppé dans son habituelle aura de mystère. Peu de regards se tournèrent vers lui. Dans ce lieu, tout le monde semblait comprendre que le silence était de mise. Au fond de la salle, Zatanna et Constantine l'attendaient à une table discrète, loin des lumières tamisées qui baignaient la scène où un spectacle étrange se déroulait.
Zatanna, élégante dans son habit de scène, sirotait un verre avec un air calme, mais son regard s'éclaira à l'approche de Batman. John Constantine, quant à lui, avait une cigarette à la main, son expression sarcastique habituelle ne cachant rien de son amusement face à cette rencontre inattendue.
— Bats, toujours aussi ponctuel, dit Constantine avec un sourire en coin.
— Constantine, Zatanna, répondit Batman en hochant légèrement la tête. Merci d'être venus.
Il prit place sans perdre de temps et entra directement dans le vif du sujet.
— J'ai rencontré quelqu'un, un être qui se fait appeler Dracula, commença Batman, sa voix basse mais assurée. Il prétend être en quête de rédemption. Il a dit qu'il s'appelle Gabriel Belmont, mais qu'il est aussi Dracula, le Seigneur des Ténèbres.
À l'évocation de ce nom, Zatanna haussa un sourcil tandis que Constantine se redressa légèrement, comme s'il était soudainement plus intéressé.
— Dracula, hein ? répéta Constantine en expirant la fumée de sa cigarette. Voilà qui est intéressant. Mais Gabriel Belmont ? Jamais entendu parler.
Zatanna croisa les bras, réfléchissant un instant.
— Dracula, c'est un nom qui circule depuis des siècles dans les cercles occultes. Mais Gabriel Belmont ? Ce n'est pas un nom qui me dit quoi que ce soit non plus.
Batman les observa tous les deux, cherchant des réponses dans leurs réactions. Mais Zatanna prit la parole, cette fois avec une note plus sérieuse.
— Il y a quelque chose de récent, pourtant, murmura-t-elle, ses yeux fixant un point invisible au loin. Dans les milieux occultes, il se murmure que Vlad Tepes, celui que l'on appelle Dracula, a été détruit il y a quelques mois. Mais personne ne sait par qui ou comment. Il y a un vide de pouvoir dans le monde des créatures de la nuit depuis cet événement.
Batman resta silencieux un instant, pesant les paroles de Zatanna.
— Et personne ne sait qui l'a détruit ? demanda-t-il, cherchant à en savoir plus.
— Personne de sûr, répondit Constantine en écrasant sa cigarette. Y a beaucoup de rumeurs, mais dans ces cercles, les vérités sont rares et les mensonges sont légion. Le fait est que Vlad Tepes, l'original, est hors course. Mais ce Gabriel Belmont, jamais entendu parler de lui. Il n'a pas croisé ma route, ni celle de beaucoup de gens dans les milieux magiques.
— Et pas de lien avec la version que nous connaissons des légendes populaires ? ajouta Batman, cherchant à écarter toute confusion avec les récits plus fictifs.
— Stoker ? Ce n'est pas de ce côté-là qu'il faut chercher, répondit Zatanna en secouant légèrement la tête. La version de Bram Stoker n'est qu'une interprétation de ce que Dracula représentait autrefois. Ce que tu as rencontré, si c'est vraiment ce qu'il prétend être, c'est autre chose, quelque chose de plus ancien, de plus dangereux.
Batman réfléchit un instant. L'homme — ou plutôt la créature — qu'il avait rencontré prétendait vouloir protéger Gotham et se tenir aux côtés de ceux qui la défendaient. Mais ces nouvelles informations rendaient la situation encore plus complexe. Si Vlad Tepes, le véritable Dracula, avait été détruit, qui était donc Gabriel Belmont, et d'où venait-il réellement ?
— Ce type, reprit Constantine, t'a dit qu'il cherchait la rédemption, c'est ça ? Méfie-toi. Ce genre de créature ne change pas aussi facilement. Le pouvoir, surtout celui des ténèbres, laisse des traces profondes. Il pourrait être sincère, ou juste jouer un jeu bien plus subtil.
Zatanna acquiesça doucement.
— Nous ne savons pas encore grand-chose sur ce Gabriel, mais il est clair que la disparition de Vlad Tepes a laissé un vide. Peut-être que ce Gabriel Belmont cherche à le combler d'une manière ou d'une autre. Mais s'il veut vraiment protéger Gotham, il te faudra observer attentivement chacun de ses mouvements.
Batman se leva lentement, réfléchissant à tout ce qu'il venait d'apprendre. Le mystère entourant Gabriel Belmont devenait plus dense, mais il était aussi plus intriguant. S'il était réellement en quête de rédemption, alors peut-être pouvait-il devenir un allié. Mais comme le disait Constantine, le chemin vers la lumière était souvent semé d'embûches.
— Merci, dit-il simplement. Je vais garder un œil sur lui.
Constantine sourit, allumant une nouvelle cigarette.
— Fais attention, Bats. Dans ce monde, on ne sait jamais ce qui se cache derrière un masque de bonne volonté.
Zatanna, toujours calme, lui adressa un sourire compatissant.
— Si tu as besoin d'aide, tu sais où nous trouver, ajouta-t-elle doucement.
Batman hocha la tête et quitta le cabaret aussi silencieusement qu'il y était entré, ses pensées tournées vers Gabriel Belmont. Ce Dracula n'était pas celui qu'il attendait, mais il était certain que cette rencontre n'était que le début de quelque chose de bien plus grand.
La nuit tombait sur Gotham, et avec elle, les ombres s'étendaient comme un voile pesant sur les ruelles malfamées de la ville. Le cœur sombre de Gotham battait toujours plus fort à la tombée du jour, lorsque les criminels, voleurs et assassins émergeaient des ténèbres pour répandre le chaos. Mais cette nuit-là, les ténèbres allaient leur réserver une surprise qu'ils n'oublieraient jamais.
Dans une ruelle, quatre hommes lourdement armés étaient en train de forcer l'entrée d'un entrepôt. Leur plan était simple : un cambriolage rapide, sans accrocs. La mafia locale leur avait confié cette tâche, une mission qu'ils considéraient presque comme une routine dans les bas-fonds de Gotham. Mais aucun d'eux ne se doutait qu'ils allaient rencontrer une force qui dépassait de loin tout ce qu'ils avaient jamais imaginé.
Alors que l'un des criminels actionnait une perceuse pour forcer une serrure, une brume épaisse et froide commença à se former autour d'eux, rendant l'atmosphère de la ruelle plus lourde et plus étouffante. L'un des hommes s'arrêta, levant la tête pour regarder autour de lui.
— C'est quoi, ce truc ? murmura-t-il, une nervosité évidente dans la voix.
La brume semblait vivante, s'épaississant de plus en plus jusqu'à envelopper la ruelle tout entière. L'un des autres criminels sortit son arme, scrutant les ombres, cherchant une explication. Mais la peur commençait déjà à s'installer dans leurs cœurs.
Soudain, un souffle glacial balaya l'endroit, et la brume s'agita comme si elle répondait à une présence invisible. Dans un mouvement fluide et rapide, elle se condensa en une silhouette imposante, presque surnaturelle. Gabriel Belmont, devenu Dracula, se matérialisa devant eux, son long manteau noir flottant légèrement dans l'air, ses yeux rouges perçant les ténèbres. Il n'avait pas besoin de parler pour imposer sa présence. Son aura seule suffisait à inspirer une terreur glaciale.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? cria l'un des hommes, son arme tremblant dans sa main.
L'un des criminels, plus courageux que les autres, pointa son pistolet vers Gabriel et tira plusieurs balles. Mais avant que les projectiles ne puissent l'atteindre, Gabriel disparut dans un tourbillon de brume, réapparaissant derrière l'homme, sa silhouette immense et effrayante.
— Vous n'avez rien à faire ici, déclara Gabriel, sa voix résonnant comme un grondement lointain. Quittez cet endroit et ne revenez jamais.
Les criminels se retournèrent brusquement, faisant face à l'incarnation même de la peur. Les yeux rouges de Gabriel brillaient d'une lueur surnaturelle, et sa stature imposante leur faisait comprendre qu'ils étaient complètement dépassés par cette force venue des ténèbres.
— Qui... qui êtes-vous ? balbutia l'un des hommes, sa voix brisée par la peur.
Gabriel avança lentement, ses pas lourds résonnant dans la ruelle. Ses yeux semblaient transpercer l'âme des criminels, et sa voix, bien que calme, portait une menace implicite.
— Je suis celui que les hommes craignent depuis des siècles, répondit-il. Mais vous n'avez rien à craindre si vous abandonnez cette voie. Retournez dans les ténèbres qui vous ont engendrés... et ne revenez plus.
Les criminels, tétanisés par la peur, se regardèrent, leurs visages blêmes et leurs mains tremblantes. Ils comprenaient que leur seule chance de survivre était de fuir. Mais Gabriel n'avait pas fini.
— Vous n'êtes pas les bienvenus dans cette ville, reprit-il, sa voix se faisant plus grave. Gotham est sous ma protection désormais. Si vous revenez... alors les ténèbres que vous craignez tant seront votre seule compagnie.
L'un des hommes tomba à genoux, suppliant presque.
— Pitié... On... On ne reviendra plus. Je le jure !
Gabriel, toujours aussi calme, s'avança encore de quelques pas, jusqu'à se trouver juste au-dessus de l'homme. Il se pencha légèrement, plongeant ses yeux rouges dans les siens.
— Ce n'est pas à moi que vous devez prêter serment, mais à la ville que vous avez trahie, murmura-t-il d'une voix froide.
Les hommes, pris de panique, se relevèrent précipitamment et s'enfuirent en courant, leurs pas résonnant dans la nuit comme des échos lointains. Ils fuyaient pour sauver leur vie, mais ils savaient que cette nuit resterait gravée dans leur mémoire à jamais. La peur qu'ils avaient ressentie n'était pas celle qu'un simple homme pouvait inspirer. Ils avaient vu quelque chose d'au-delà du naturel, une puissance qu'ils ne voulaient jamais revoir.
Gabriel les regarda disparaître dans la nuit. Il n'avait pas eu besoin de violence pour les repousser. Sa simple présence, son aura de Seigneur des Ténèbres, suffisait à terrifier les criminels les plus aguerris de Gotham.
Pour lui, cette ville était bien plus qu'un champ de bataille. Elle représentait une chance de rédemption, une opportunité de prouver qu'il n'était pas condamné à être le monstre que les légendes racontaient. Et cette nuit, il avait choisi de ne pas verser de sang. Les ténèbres étaient ses alliées, mais il avait décidé de les utiliser pour protéger, pas pour détruire.
Dans un dernier regard vers la ruelle désormais vide, Gabriel se transforma de nouveau en brume et s'évanouit dans la nuit, disparaissant dans l'obscurité qui lui appartenait.
La ville de Gotham était calme, trop calme, comme si elle retenait son souffle en prévision d'une tempête imminente. Gabriel, dissimulé dans l'ombre, ressentait la tension qui émanait des rues. Il avait décidé de patrouiller la ville cette nuit, mais une force invisible semblait le guider vers un lieu particulier. Une partie de lui le menait là-bas, et ce n'était pas une simple curiosité. C'était une sombre nécessité.
Il arriva dans une ruelle délabrée, à peine éclairée par quelques lampadaires défectueux. Au bout de cette ruelle, un rire, démentiel et déchirant, se fit entendre. Gabriel sentit ses muscles se tendre. Ce rire, il ne l'avait pas oublié. C'était celui qui avait résonné la nuit où tout avait changé pour lui, la nuit où son ancienne vie avait pris fin. C'était le rire du Joker.
Le sourire fou du clown criminel apparut dans la pénombre, sa silhouette malingre et grotesque se détachant des ombres comme une aberration venue des profondeurs de l'esprit humain. Le Joker, entouré de quelques sbires, semblait savourer sa propre folie, indifférent à la présence qui l'observait.
Gabriel se tenait là, dans l'ombre, son regard rougeoyant fixé sur celui qui avait provoqué sa chute, celui qui l'avait détruit, puis abandonné à la mort. Une part de lui, profondément enfouie dans les ténèbres, criait vengeance. Il sentait ses mains se crisper, ses griffes invisibles prêtes à frapper. Il pouvait sentir l'obscurité en lui, cette force vampirique qui ne demandait qu'à être libérée. Tout son être lui disait de déchirer ce monstre, de l'anéantir pour toujours.
Le Joker, inconscient de la présence de Gabriel, riait de plus en plus fort, ses yeux fous se plissant de plaisir tandis qu'il jouait avec un couteau, effrayant ses propres hommes.
— Vous savez ce qu'il y a de plus amusant dans cette ville ? dit-il d'une voix aiguisée, en jetant des regards autour de lui. C'est que tout le monde pense que je suis le seul fou ici ! Ah ah ah !
Les sbires autour de lui ricanaient nerveusement, mais Gabriel, caché dans les ombres, se concentrait sur chaque mouvement du Joker. Il pouvait le tuer en un instant. Il pouvait se transformer en brume, apparaître derrière lui et briser sa nuque avant même que le clown ne comprenne ce qui lui arrivait. Il pouvait drainer la vie de cet être abject et plonger ses yeux fous dans les abysses. Chaque fibre de son être lui criait de le faire.
Mais il se retint.
Une autre force, plus subtile, le retenait. Une force née de sa promesse. La promesse qu'il avait faite à Bruce. Il s'était engagé à ne pas tuer. Pas les mortels. Pas même celui qui incarnait la folie la plus destructrice.
La nuit enveloppait encore Gotham, et dans un entrepôt abandonné, des rires déments résonnaient à travers les murs délabrés. Le Joker, prince du crime, orchestrait un nouveau plan destiné à semer la terreur dans la ville. Les cadavres de ses sbires jonchaient le sol, victimes d'une farce macabre dont seul lui avait le secret. À ses pieds, une série de bombes artisanales attendaient d'être déclenchées, tandis qu'il s'esclaffait de son génie.
— Oh, Gotham... Tu ne sais même pas ce qui t'attend ! ricana-t-il en ajustant son col de veste violette.
Mais ce soir, il n'était pas seul. Une silhouette, tapie dans l'ombre, observait chacun de ses mouvements. Gabriel Dracula. Ses yeux rouges étincelaient dans le noir, et son cœur, s'il en avait encore un, se serrait à l'idée de l'homme qu'il avait autrefois été, un homme dont l'humanité avait été volée lors d'une explosion orchestrée par cet être fou. Gabriel n'était plus Gabriel Belmont, mais le souvenir de son passé, le visage de son bourreau, ravivait en lui des instincts qu'il croyait avoir enterrés.
Soudain, le rire du Joker s'arrêta net. Il avait senti quelque chose, une présence derrière lui. Il se tourna lentement, et son sourire s'élargit lorsqu'il aperçut la silhouette imposante de Gabriel, debout dans l'ombre, son regard rouge perçant les ténèbres.
— Eh bien, eh bien ! Qui voilà ? Une chauve-souris sous stéroïdes ? lança le Joker en ricanant, ses yeux fous scintillant d'excitation.
Gabriel s'avança, son aura sombre envahissant la pièce. Le Joker, toujours intrépide, s'approcha de lui, visiblement amusé par cette nouvelle apparition. Il ne connaissait pas Gabriel Belmont ni Dracula, mais il voyait en cet homme une nouvelle cible pour ses plaisanteries morbides.
— Alors, t'es qui, toi ? Un nouveau pote de Batou ? lança le Joker, se balançant d'un pied sur l'autre avec un sourire dérangé. Laisse-moi deviner... tu fais dans l'horreur gothique ? Faut dire que t'as la tronche pour ça !
Gabriel, les yeux toujours fixés sur lui, ne répondit pas. Il sentait le poids de la rage monter en lui. Cet homme, le Joker, avait été responsable de sa transformation. L'explosion qui avait tué l'homme qu'il était autrefois et l'avait conduit à cette nouvelle vie de ténèbres. Chaque fibre de son être vampirique lui criait de le détruire, de mettre fin à cette folie incarnée. Ses griffes se crispèrent légèrement, et pour un instant, il imagina ce qu'il serait de simplement briser cet être devant lui.
Mais une pensée le retint. Batman. Bruce Wayne, le symbole de la justice, l'exemple qu'il avait choisi de suivre malgré sa nature. Gabriel n'était pas un monstre. Pas encore.
Le Joker, inconscient du dilemme intérieur de son adversaire, continua de rire, ses mains effleurant les bombes à ses pieds.
— Ah, c'est ça ! Tu te dis que tu pourrais me tuer, hein ? Mais laisse-moi te dire une chose, mon grand... Tuer, c'est ma spécialité, ricana-t-il, un éclat de folie dans les yeux.
Gabriel s'avança rapidement, sa présence imposante faisant vaciller le Joker un instant. Sans un mot, il tendit la main, et d'un mouvement rapide, il arracha le détonateur des mains du clown avant qu'il ne puisse réagir. Le sourire du Joker disparut alors que Gabriel, avec une force surhumaine, le saisit par le col et le souleva du sol, ses yeux rouges flamboyant de colère contenue.
— Je pourrais te tuer ici et maintenant, murmura Gabriel, sa voix grondant comme un orage lointain.
Le Joker, suspendu dans les airs, éclata de rire, sans la moindre crainte.
— Vas-y ! Fais-le ! Montre à Batou à quel point tu es pareil à moi !
Gabriel serra les dents, la tension dans son corps devenant presque insupportable. Mais il relâcha finalement sa prise, laissant tomber le Joker au sol dans un bruit sourd. Le clown psychopathe roula sur le sol en riant encore plus fort, comme si la situation n'avait été qu'une immense farce.
Gabriel se redressa, dominant la scène de toute sa hauteur. Il ne tuerait pas cet homme, pas ce soir. Parce que cela signifierait qu'il avait cédé à ce que Batman s'efforçait d'éviter : la descente dans la violence aveugle.
Derrière lui, une autre silhouette apparut dans l'ombre. Batman, silencieux comme à son habitude, entra dans la pièce. Ses yeux croisèrent ceux de Gabriel, et sans un mot, il comprit ce qui s'était passé. Le Joker, toujours au sol, regarda tour à tour Batman et Gabriel avec une lueur d'amusement fou.
— Oh, regardez ! Deux pour le prix d'un ! Batou et la chauve-souris géante, ensemble pour m'arrêter ! Vous allez me faire exploser de rire !
Batman se dirigea vers le Joker, le neutralisant d'un geste rapide et efficace, le maintenant au sol. Gabriel recula lentement, laissant Batman gérer son éternel ennemi. Il n'avait plus rien à dire. Son rôle ici était terminé.
Sans un mot, Gabriel se retourna et se transforma en une nuée de chauves-souris, s'élevant dans les airs et disparaissant dans l'obscurité. Le Joker, toujours allongé, leva les yeux en direction des chauves-souris qui s'éparpillaient.
— Ah, Batou, c'est toi ou c'est lui ? Je ne sais même plus lequel de vous est le plus effrayant maintenant ! lança-t-il en riant, ses éclats de rire se répercutant sur les murs du bâtiment.
Batman resta silencieux, fixant le ciel où Gabriel avait disparu. Le Chevalier Noir savait qu'il devrait surveiller cet allié improbable, mais il ne pouvait ignorer ce qu'il venait de voir. Gabriel Dracula avait résisté à l'envie de tuer, et pour Batman, cela valait plus que toutes les promesses du monde.
