Chapitre 11 : Ponza

La mer Tyrrhénienne scintillait sous le soleil couchant alors que l'île de Ponza se révélait à l'horizon, un joyau isolé au milieu des vagues. Pour Circé, cette île représentait bien plus qu'un simple morceau de terre. C'était son refuge, un lieu où le temps semblait figé, loin du chaos des villes humaines et des luttes incessantes pour le pouvoir. Mais malgré la beauté des lieux, un sentiment de mélancolie l'avait gagnée. Elle avait voulu revenir ici, sur cette terre ancienne, pour apaiser ses pensées et offrir à Gabriel un nouveau départ.

Gabriel Dracula, debout à la proue du petit bateau qui les emmenait vers Ponza, observait les falaises escarpées et les maisons blanches qui se détachaient des collines. L'air était pur, loin des rues polluées de Gotham, et une sérénité enveloppait l'île. Pourtant, quelque chose clochait. Malgré son désir d'une vie plus tranquille avec Circé, il sentait déjà l'ombre d'un malaise, comme si les ténèbres avaient déjà infiltré cet endroit.

Le couple débarqua au port de Ponza, accueilli par un silence paisible. Circé souriait légèrement, son regard perdu dans des souvenirs anciens. Gabriel posa une main rassurante sur son épaule, sachant combien cette île comptait pour elle. Ils avaient choisi de s'installer ici, loin des responsabilités de Gotham, espérant trouver la paix qu'ils cherchaient.

Circé se tourna vers lui. « Cela te plaît ? » demanda-t-elle doucement, ses yeux verts brillant sous la lumière dorée du soleil couchant.

Gabriel acquiesça, son regard scrutant l'horizon. « C'est un lieu magnifique... Un peu trop tranquille, peut-être. Mais c'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? »

Elle hocha la tête. « J'ai besoin de calme, Gabriel. Nous avons tous les deux assez combattu pour plusieurs vies. »

Ils marchèrent ensemble vers leur nouvelle demeure, une maison modeste mais charmante perchée au sommet d'une colline, offrant une vue imprenable sur la mer. Là-bas, ils espéraient mener une vie simple, loin des ombres qui les poursuivaient.

Le soir venu, Gabriel et Circé s'installèrent sur la terrasse, un verre de vin à la main. Ils savouraient ce moment rare de tranquillité. Circé, son regard perdu dans les étoiles, se pencha doucement contre Gabriel. Elle avait toujours été la plus pragmatique des deux, mais à cet instant, elle laissait son cœur parler.

« Cette île… elle m'a manqué, » murmura-t-elle. « C'est ici que tout a commencé pour moi. Un lieu où les dieux et les mortels se croisent sans le savoir. »

Gabriel hocha la tête, ses pensées ailleurs. Il ressentait déjà une tension sous-jacente dans l'air. Le calme de Ponza était trompeur, et son instinct le poussait à rester vigilant.

« Tu as pris une décision concernant le travail ? » demanda Circé, rompant le silence.

Gabriel réfléchit un instant. Initialement, il avait envisagé de reprendre une place au sein des forces de l'ordre locales, mais il sentait que ce ne serait pas nécessaire. Ponza n'était pas Gotham. Ici, il pourrait se concentrer sur une vie plus discrète, plus tranquille.

« Je pense que je vais rester ici, avec toi, » répondit-il finalement. « La vie policière ne me manque pas autant que je l'avais imaginé. »

Circé lui sourit, reconnaissante. Elle savait qu'il ne renoncerait jamais totalement à sa nature protectrice, mais l'idée qu'il puisse enfin se détendre à ses côtés la réconfortait.

Malgré cette apparence de sérénité, Gabriel ne put s'empêcher de remarquer des signes discrets d'injustice parmi les habitants. Des regards fuyants, des murmures à peine audibles lorsqu'il passait, des visages marqués par la crainte. Il sentait que quelque chose d'insidieux se cachait sous la surface.

Un soir, alors qu'il traversait les ruelles étroites de Ponza, une conversation lui parvint. Deux hommes, habillés sobrement mais portant une aura de menace, parlaient en italiens avec des accents rugueux, trahissant leur appartenance à un groupe plus organisé qu'il n'y paraissait.

« Le vieux Marco ne paie plus ses dettes. » dit l'un des hommes, un sourire sadique aux lèvres.

« Il sait ce qui l'attend, » répondit l'autre. « Personne ne défie la famille. »

Gabriel sentit une colère sourde monter en lui. Il savait ce que cela signifiait. Ponza n'était pas épargnée par la main de fer de la mafia. Les familles locales faisaient régner la peur et l'intimidation, contrôlant les commerces, les habitants, et probablement même les autorités. C'était un scénario qui lui était trop familier.

De retour à la maison, il partagea ses inquiétudes avec Circé. « L'île est gangrenée par la mafia, » déclara-t-il sombrement. « Je ne peux pas rester sans agir. »

Circé, adossée contre le cadre de la porte, le regarda avec une certaine tendresse. « Fais ce que tu dois faire, Gabriel. Cette île a besoin d'un protecteur. »

La nuit était tombée sur Ponza, enveloppant l'île d'un calme presque oppressant. Gabriel restait pensif sur la terrasse, son regard fixé sur l'obscurité environnante. Ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à une forme d'oppression, mais cette fois, il y avait un poids supplémentaire. Il ne voulait plus être cet être de vengeance et de mort qu'il avait été pendant tant de siècles. Pourtant, ici, sur cette île, la justice et la protection semblaient encore avoir besoin d'une figure capable de frapper dans l'ombre.

Le lendemain, Gabriel décida de s'informer davantage. Avec sa vitesse surhumaine et sa capacité à se fondre dans l'obscurité, il parcourut les rues de Ponza la nuit, observant les habitants, écoutant leurs conversations, notant les lieux où la peur semblait la plus palpable. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il découvre le cœur du problème.

Il ne fallut pas longtemps avant que Gabriel identifie l'homme qui tirait les ficelles : le chef de la mafia locale, un certain Matteo Greco. Greco, à la tête d'un petit réseau, était connu pour contrôler les commerces de l'île, prélevant des taxes illégales et infligeant des punitions brutales à ceux qui tentaient de résister. Il utilisait également l'intimidation pour s'assurer que personne ne parle. Pour Gabriel, cela devait cesser.

Ce soir-là, Gabriel décida d'agir. Sous le couvert de la nuit, il revêtit sa véritable forme, celle de Dracula. Sa peau pâle se fondait dans les ténèbres, ses yeux rougeoyants perçaient l'obscurité. Utilisant ses pouvoirs de manipulation des ombres, il glissa dans les ruelles de Ponza, une brume sombre enveloppant son passage.

Il pénétra sans difficulté le repaire de Greco, une villa opulente en périphérie de l'île, protégée par des gardes armés. Mais pour Dracula, ces hommes n'étaient qu'une formalité. Sans un bruit, il les neutralisa, les plongeant dans un sommeil profond grâce à sa domination mentale. Il ne tuerait personne, pas cette fois. Il s'était promis de suivre un chemin différent. Ce soir, la terreur suffirait.

Lorsqu'il atteignit la pièce principale, où Matteo Greco comptait ses gains entouré de ses acolytes, Dracula se matérialisa dans l'ombre, sa voix résonnant comme un murmure sinistre dans l'air.

« Greco… tu as profité de la peur des innocents pendant trop longtemps. Ce soir, c'est toi qui vas connaître la terreur. »

Greco, déconcerté par l'apparition soudaine de cet être effrayant, se leva brusquement, renversant ses papiers. Ses hommes de main dégainèrent leurs armes, mais avant qu'ils ne puissent tirer, Dracula se transforma en une nuée de chauves-souris, traversant la pièce à une vitesse incroyable. Les balles sifflèrent dans l'air sans jamais toucher leur cible.

En un instant, Dracula réapparut derrière les hommes, projetant ses Chaos Claws enflammés dans le sol pour les désarmer, les forçant à lâcher leurs armes dans un cri de douleur. Greco recula, ses yeux écarquillés d'horreur.

« Qui… qui es-tu ?! »

Dracula s'avança lentement, ses pas lourds résonnant dans la pièce. Ses yeux rouges fixèrent Greco, qui semblait s'effondrer sous la pression de cette présence terrifiante. « Je suis la justice que tu crains. Tu ne peux plus fuir. Quitte cette île, ou subis les conséquences. »

Terrifié, Greco hocha frénétiquement la tête. Il savait qu'il ne pourrait jamais affronter un tel adversaire. Ses années de règne sur l'île touchaient à leur fin. Dans un ultime geste de soumission, il tomba à genoux.

« Pitié… je partirai… je te le jure. »

Dracula n'avait plus rien à dire. Son regard brûlant de puissance planta la peur dans le cœur du mafieux. Sans un mot de plus, il disparut dans une volute de brume noire, laissant derrière lui une scène de chaos où ses ennemis venaient de comprendre que leur règne de terreur s'achevait.

De retour à la maison, Circé l'attendait, calmement assise près de la cheminée. Elle sourit en voyant Gabriel entrer.

« Tu as réglé la situation, je suppose ? »

Gabriel hocha la tête. « Greco ne posera plus de problèmes. Il quittera l'île demain matin. »

Circé se leva, s'approchant de lui. « Tu n'es plus cet être de vengeance, Gabriel. Tu as trouvé une nouvelle voie. »

Il la regarda, son regard apaisé, mais conscient que la paix ne durerait pas éternellement. « J'ai changé, Circé. Mais il reste toujours des ténèbres qui attendent de surgir. »

Le départ précipité de Matteo Greco n'avait pas résolu tous les problèmes de Ponza. Bien que l'île eût retrouvé une certaine tranquillité, une ombre plus sombre planait à l'horizon. Gabriel savait que la mafia locale n'était qu'un pion, une façade pour quelque chose de bien plus dangereux. Ses soupçons furent rapidement confirmés.

Quelques jours après la fuite de Greco, des rumeurs circulèrent sur l'arrivée imminente d'une faction encore plus puissante : la 'Ndrangheta. Cette organisation, connue pour son réseau international de crimes et son implacabilité, n'aimait pas qu'on se mêle de ses affaires. Et Gabriel le savait : ils ne tarderaient pas à venir réclamer des comptes.

Un soir, alors que la brume s'épaississait sur l'île, un bateau accosta discrètement dans un port isolé de Ponza. À bord, des hommes vêtus de manteaux sombres et de chapeaux bas descendirent, leurs visages dissimulés par la pénombre. Au centre de ce groupe se trouvait Salvatore Mancini, le chef de la 'Ndrangheta, un homme réputé pour sa cruauté, son intelligence stratégique, et son charisme glacial. Son arrivée sur l'île n'était pas passée inaperçue pour Gabriel, qui observait tout depuis les hauteurs.

Le lendemain matin, Gabriel se leva avec une détermination tranquille. Il savait que ce jour marquerait le début d'une nouvelle confrontation, bien plus dangereuse que la précédente. Circé, préparant un thé dans la cuisine, lui lança un regard calme mais inquiet.

« Ils sont là, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle sans se retourner.

Gabriel hocha la tête. « Oui. Mancini et ses hommes. Ils ne perdront pas de temps pour essayer de reprendre ce qu'ils estiment être leur territoire. »

Circé prit une gorgée de son thé avant de tourner son regard vers Gabriel. « Cette île nous appartient désormais, Gabriel. Nous ne laisserons personne la prendre. »

Gabriel esquissa un sourire en coin, touché par la manière dont Circé s'était attachée à Ponza. Elle avait peut-être pris l'apparence d'une mortelle, mais en elle brûlait toujours l'âme indomptable d'une sorcière puissante. Toutefois, cette bataille serait la sienne. Il ne voulait pas impliquer Circé dans cette guerre, bien que sa présence fût toujours réconfortante.

« Je m'occuperai de Mancini et de ses hommes. Ce n'est pas la première fois que je fais face à ce genre de menace. »

Circé l'observa un moment, puis acquiesça. Elle savait que Gabriel ne reculait jamais devant le danger. Elle glissa cependant un conseil, presque sous forme d'avertissement : « Ne les sous-estime pas. La 'Ndrangheta est bien plus organisée que ce que tu as combattu jusqu'à présent. »

Gabriel s'approcha d'elle, ses yeux sombres mais pleins de détermination. « Je ne les sous-estime pas. Mais ils ne savent pas à qui ils ont affaire. »

La tension dans l'air de Ponza était palpable. Gabriel sentait le changement, comme un prédateur qui attend son heure. Mancini et la 'Ndrangheta étaient arrivés sur l'île, prêts à semer la terreur comme l'avait fait la mafia locale avant eux. Mais cette fois, Gabriel n'avait aucune intention de jouer à cache-cache. Il avait déjà utilisé son apparence de Dracula pour chasser Matteo Greco et ses hommes de l'île, et il ferait de même avec Mancini.

Ce soir-là, la brume recouvrait l'île, créant une atmosphère mystique et presque surnaturelle. Gabriel marchait lentement dans les rues désertes, enveloppé dans les ombres qui semblaient l'accompagner, attiré vers la zone industrielle abandonnée où Mancini et ses hommes se trouvaient.

Lorsqu'il arriva à proximité de leur repaire, les gardes postés à l'entrée échangèrent des regards incertains. L'un d'eux leva son arme, nerveux. Mais Gabriel, sans dire un mot, leva simplement la main. En un instant, son visage se métamorphosa. Ses traits humains laissèrent place à ceux de Dracula, le vampire millénaire : sa peau devint plus pâle, ses yeux rouges brillèrent d'une lueur sinistre, et des crocs acérés se révélèrent sous ses lèvres.

Les gardes tremblèrent, figés de terreur. Gabriel s'avança calmement, chaque pas résonnant comme un écho dans la nuit silencieuse. Les hommes armés ne bougèrent plus, hypnotisés par la vision cauchemardesque qui s'avançait vers eux. Il ne leur fallut que quelques secondes pour se précipiter hors de son chemin, leurs esprits dominés par la peur que Gabriel leur inspirait.

À l'intérieur de l'entrepôt, Mancini et ses lieutenants attendaient déjà leur mystérieux adversaire. Mais aucun d'eux ne s'attendait à ce qu'ils allaient voir. Gabriel entra dans le bâtiment, son apparence entièrement transformée en Dracula. La pièce semblait se refroidir à son approche, comme si l'air même se glaçait sous l'aura de la créature légendaire.

Mancini, un homme habitué à l'intimidation et à la manipulation, leva les yeux sur Gabriel. Il avait entendu des rumeurs sur un justicier mystérieux qui avait déjà chassé la mafia de l'île, mais il ne s'attendait pas à voir cela. Un sourire forcé s'étira sur ses lèvres, mais il trahissait son inquiétude.

« Alors, c'est toi, le monstre qui a fait fuir mes hommes ? » demanda-t-il, feignant une assurance qu'il ne ressentait plus vraiment.

Gabriel ne répondit pas immédiatement. Ses yeux rougeoyants scrutèrent Mancini et ses lieutenants avec une froideur implacable. Ses crocs étaient légèrement visibles lorsqu'il ouvrit enfin la bouche pour parler, sa voix résonnant comme un grondement lointain, emplie de menace.

« J'ai offert une chance à ceux qui sont venus avant toi. Ils ont écouté. Aujourd'hui, cette chance t'es accordée. Quitte cette île, ou tu découvriras la terreur véritable. »

Les lieutenants de Mancini échangèrent des regards incertains. Certains commencèrent à reculer, sentant le danger imminent. Mais Mancini, refusant de perdre la face devant ses hommes, se leva brusquement et tenta de garder son sang-froid.

« Je ne crains pas les monstres, » lança-t-il avec arrogance, avant d'ordonner à ses hommes de tirer.

Mais avant même qu'ils ne puissent lever leurs armes, Gabriel s'éclipsa dans une brume noire, se déplaçant si vite qu'il en devenait presque invisible. Ses mouvements étaient rapides et fluides, le laissant apparaître derrière l'un des hommes armés. Avec une force surhumaine, il les désarma un à un, les laissant impuissants sans les tuer.

Mancini, réalisant qu'il était en train de perdre le contrôle, chercha à fuir. Mais Gabriel apparut devant lui, ses yeux flamboyant de colère. L'aura sombre du vampire enveloppait toute la pièce, éteignant toute volonté de résistance.

Il s'approcha lentement, laissant la peur consumer Mancini. « Tu as terrorisé ces gens bien assez longtemps, » déclara Gabriel d'une voix basse mais menaçante. « Maintenant, c'est toi qui goûteras à ta propre médecine. »

Mancini, incapable de soutenir son regard, tomba à genoux, terrifié. Gabriel se pencha vers lui, ses crocs brillants dans l'obscurité. « Quitte cette île et ne reviens jamais. Sinon, je te promets que ce que tu as vu ici ne sera qu'un avant-goût de ce qui t'attend. »

Terrifié au-delà des mots, Mancini acquiesça frénétiquement, suppliant pour sa vie. Sans un mot de plus, Gabriel recula, laissant le parrain de la 'Ndrangheta fuir, humilié et brisé. Les hommes de Mancini, témoins de la scène, abandonnèrent leurs armes et s'enfuirent à leur tour, sachant qu'ils ne pourraient rien contre cette force surnaturelle.

Gabriel, redevenu calme, se redressa et quitta l'entrepôt. Il n'avait pas eu besoin de tuer pour vaincre, la peur qu'il inspirait suffisait amplement à chasser ces hommes de l'île.

Le lendemain matin, Ponza s'éveilla dans une atmosphère étrange, comme si un poids lourd avait été soudainement levé. Les nouvelles s'étaient répandues comme une traînée de poudre. Le parrain de la 'Ndrangheta, Salvatore Mancini, ainsi que ses hommes, avaient quitté l'île. Personne ne savait exactement ce qui s'était passé la nuit précédente, mais tous ressentaient un étrange soulagement.

Dans les cafés, sur les marchés, et même au bord de la mer, les discussions allaient bon train. Certains murmuraient qu'un ange vengeur avait chassé les criminels, d'autres parlaient d'un justicier venu rétablir l'ordre. Cependant, la majorité des habitants ignorait qui était réellement derrière cet exploit. Pour eux, cela n'avait guère d'importance. Ce qui comptait, c'était que pour la première fois depuis des années, ils pouvaient respirer sans crainte, marcher dans les rues sans avoir à regarder par-dessus leurs épaules.

Gabriel, lui, n'éprouvait ni satisfaction ni fierté. Il avait fait ce qu'il devait faire, rien de plus. Sa nature vampirique l'avait une fois de plus servi pour imposer la justice, mais sans violence excessive. Circé, qui avait observé toute la scène depuis la terrasse de leur demeure, savait qu'il ne chercherait ni reconnaissance ni gratitude. Elle lui adressa un léger sourire, impressionnée par la manière dont il avait réglé la situation sans effusion de sang.

Alors qu'ils partageaient un petit déjeuner ensoleillé sur la terrasse, Gabriel restait pensif. Circé, après un moment de silence, brisa finalement l'atmosphère sereine.

« Tu as encore fait preuve d'une grande maîtrise, Gabriel. Pas un seul mort, et pourtant, tu les as chassés comme s'ils n'étaient que des enfants apeurés. »

Gabriel leva les yeux vers elle, son regard intense mais calme. « La peur peut être une arme plus puissante que la force brute. Ils ont semé la terreur ici pendant trop longtemps, il était temps qu'ils goûtent à leur propre médecine. »

Circé hocha la tête, un sourire satisfait aux lèvres. « Et maintenant, que comptes-tu faire ? Crois-tu que Mancini respectera ta menace ? »

Gabriel haussa légèrement les épaules. « Il n'a pas vraiment le choix. Ce qu'il a vu cette nuit ne pourra jamais s'effacer de son esprit. Il saura qu'à chaque retour, je serai là. Mais la paix n'est jamais garantie, Circé. » Il laissa son regard se perdre vers l'horizon. « D'autres viendront peut-être, plus puissants, plus désespérés. »

Ce matin-là, la paix régnait. Les habitants s'affairaient à remettre l'île en ordre, à reconstruire ce qui avait été brisé, à effacer les marques laissées par des années de domination criminelle. Certains osaient même afficher de petits sourires, un soulagement palpable dans leur démarche. Gabriel et Circé observaient cela de loin, tout en sachant que leur combat n'était pas vraiment terminé.

Circé, qui d'ordinaire n'interférait pas dans les affaires des mortels, se sentait toutefois liée à cette terre. Elle savait que Gabriel se battait pour plus qu'une simple justice — il voulait offrir à Ponza une chance de vivre sans peur, une chance qu'il n'avait jamais vraiment eue lui-même.